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06/12/2006

L’ABBE FRANCOIS-FERDINAND CHATEL

Le premier abbé à dire la messe en français.

Sans le latin, la messe nous emmerde !

Georges Brassens

FONDATEUR DE L’EGLISE CATHOLIQUE FRANCAISE.
Contre le célibat des prêtres
pour le rétablissement du divorce,
Pour l'émancipation des femmes 
Né à Gannat dans l’Allier en 1795, mort en 1857. Il entra au petit séminaire de Montferrand et reçut les ordres en 1818. Vicaire de Notre-Dame de Moulin,, curé de Montenay-sur-Loire, aumônier de la garde royale à cheval du 26° grenadier. Puis, prédicateur à Paris, se fit remarquer en 1823, en écrivant dans le journal « Le Réformateur » des articles peu orthodoxes. L’autorité ecclésiastique, prononça son interdiction. Pas très déboussolé, il ouvrit une chapelle dans sa chambre de la rue des Sept-Voies (aujourd'hui rue Valette) et y dit la messe en français ! Les chaises, l’administration des sacrements étaient gratuits, tout était gratuit, mais les assistants étaient inviter à déposer des offrandes dans un tronc !!! Après la révolution de juillet, que l’abbé Châtel accueillit avec enthousiasme, il transporta  ses pénates et sa chapelle dans un logement plus grand rue de la Sourdière où le bruit courut dans tout Paris de l’installation de la « Nouvelle église Catholique ». En 1830, il loue pour quelques mois à Chabrand le 251 rue Saint Honoré, qui deviendra plus tard "La salle Valentino"
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 MISE A SAC DE L'ÉGLISE SAINT GERMAIN L'AUXERROIS

Il eut l'idée saugrenue d'organiser une procession à l'église Saint Germain l'Auxerrois qui se termina par le sac de l'archevêché ! Au numéro 45 de la rue Grenelle Saint-Honoré, il y a une maison sans apparence, reconnaissable par un long corridor. C'est "La Redoute", les lundis, jeudis et dimanches, c'est une salle de danse; les autres jours, elle était louée pour des spectacles d'amateurs, des conférences et plus particulièrement à des sociétés appartenant à la Franc-maçonnerie, occupée aussi par l'Ordre des Templiers. Châtel que les querelles maçonniques ne gênaient pas,  fit des ouvertures au Grand Maître François de Spolette. Les abbés Auzou et Blachère qu'il avait enrôlé dans sa secte le proclamèrent Evêque-Primat de l'Eglise Universelle. Il prit son titre d'évêque très au sérieux, et chercha à le faire consacrer authentiquement. mais les autorités ecclésiastiques consultées lui refusèrent cette ordination. Depuis son arrivée à Paris, il s'était fait recevoir Franc-maçon. Il s'adressa alors au docteur Fabre-Palaprat, François de Spolette

grand maître des Templiers :

Altesse sérénissime

Très excellent seigneur,

Souverain pontife

Prince des apôtres 

Très Saint Père.  

qui prétendait avoir le pouvoir de lui conférer la qualité épiscopale,  que voulait Châtel ? Etre évêque, que voulait le grand maître ? Etre pape ! :Châtel fut sacré Evêque coadjuteur des Gaules, son disciple Auzou nommé vicaire primatial. Il fallait maintenant trouver une église assez vaste pour recevoir le siège de l'archevêché ! Le bazar de la rue de Cléry fit l'affaire et la nouvelle église put s'installer et prospérer. Mais, voilà, Châtel ne tint pas les promesses qu'il avait faite aux Templiers, il fut jugé dégradé, son nom mis au pilori, dépouillé de tous ses ornements sacerdotaux et expulsé du bazar de la rue de Cléry.

Le voici en quête d'un nouveau toit, c'est sur les écuries des Pompes funèbres de la rue du faubourg Saint-Martin qu'il jeta son dévolu. Mais l'expérience aidant, il fit payer les chaises, les baptêmes, les mariages et les enterrements. De plus, il créa une société en commandite, à charge pour les actionnaires de participer aux charges et de récolter les bénéfices du culte. Par une constitution, il distribua le territoire de la France en évêchés et cures, il fixait les dates des synodes et des conciles. Sans oublier l'habit de l'évêque qui devait être rouge comme celui d'un cardinal.

Un banquet annuel avait lieu tous les ans Chez "Ragache", le cabaretier de la Barrière du Maine, il en coûtait 1 franc 25 par personne. A ,la fin du mauvais repas, Châtel allait vers chaque convive dire un mot agréable, plaisantant avec les hommes, souriant aux dames. Puis il monta à l'orchestre avec son disciple Riboulot, alors, commença un concert d'imprécation où l'Evangile se mêlait au socialisme. Pierre-Joseph Proudon  avait écrit  à Châtel :

"Voilà ce que dit l'esprit, le génie aux ailes de flamme, qui veille aux destinées de la France (...)je t'ai fait prêtre de la canaille, afin que tu serves d'exemple aux ambitieux, aux charlatans. Tu as été la première dupe, dupe de ton orgueil et de ton ignorance (...) Tes mascarades font pitié, tes scandales soulèvent le dégout, . Tu le sais et tu t'obstine(...) plus ton coeur est abîmé, et plus je sens redoubler ma joie"
La biblithèque consultée par Champfleury contenait des ouvrages de Voltaire dépareillés, du Saint Simonnien Buchez, de Cabet, Lamenais etc... Puis il fut contraint d'abandonner à la suite d'une condamnation pour outrage aux bonnes moeurs à l'église du faubourg Saint Martin. Il obtint pour vivre un poste dans l'administration des postes.

La révolution de 1848 lui redonna un peu d'espoir, il fréquenta plusieurs clubs où son éloquence fut applaudie. Au club des femmes d'Eugénie Niboyet il prononça un vibrant discours contre le célibat des prêtres, pour le rétablissement du divorce, et pour l'émancipation des femmes.....Dans ses dernières années, il vécut d'un petit commerce d'épicerie.   

Quelques villes dans lesquelles le schisme de l'abbé Châtel fut reçu : L’église française est établie à Lannecorbin, canton de Galaut arrondissement de Tarbes(Hautes-Pyrénées) ; à la Chapelle St-Sépulcre, près Montargis (Loiret) ; à Roche-sur-Rognon et Bettaincour (Haute-Marne) ; à Villefavart près Limoges (Haute-Vienne), à Paris,  Clichy-la-Garenne et Boulogne (SeineSeine) ; à SaintprixSaintprix et Ermont dans la vallée de Montmorency Elle est demandée à Bourges à Nantes et dans d’autres départements.

Où il est question de l'Abbé Châtel dans les "Mémoires d'Alexandre Dumas" MEMOIRES_Dumas_abbe_Chatel_Casimir_Delavigne_02.pdf

MeMOIREs_d_Alexandre_Dumas_Abbe_Chatel_Chapitre_CLXXXVI.doc

AU SOLEIL D'OR

 AU SOLEIL D'OR DE LA PLACE DE Ll'ECOLE

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Par Bernard Vassor
C'est l'enseigne d'un marchand de vin qui porte ce nom "Grande rue de l'Escole Sainct-Germain-l'Aucerrois"depuis environ 1280, en raison de l'établissement d'écoles parmi lesquelles celle de chirurgie. Une partie fut transformée par Monsieur Cognac et Madame Jay pour y installer les magasins de la Samaritaine.
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Les sous-sol étaient percés de plusieurs souterrains antérieurs à la construction du Pont-Neuf dont un souterrain aménagés par HenrI IV pour se ménager une sortie du Louvre vers la Seine et quelques pieds-à-terre de plaisance 
Catherine de Médicis fit construire un établissement de bains à l'angle de la rue des Prêtres Saint-Germain l'Auxerrois qui portèrent le nom de "Bains de la Reine-mère" Un perruquier-baigneur nommé Jean Entier Dubois tint le rez-de-chaussée de la maison d'un sieur Tartarin. Ledru Rollin jeune y eut un appartement. Plusieurs dentistes héritiers du célèbre Bordet se partageaient la clientèle huppée du quartier. Les autres boutiques étaient occupées par des fripiers, des auberges, des cabarets tous plus célèbres les uns que les autres : Le Café du ParnasseDanton avait ses habitudes. Il épousa la fille du limonadier Mlle Charpentier; L'Auberge du Cheval Blanc tenu par  Mme Lequin, le cabaret de la mère Moreau qui faisait un large crédit aux poètes, et aux artistes désargentés. Les jours de fin de mois, la tenancière ajoutait une rallonge à sa table et invitait à dîner les étudiants du quartier latin. Elle avait créé un genre nouveau, un grand nombre de filles de ,comptoirs, coquettes et avenantes, versant l'eau de vie avec le sourire.Dans une cantine très modeste, un estaminet minuscule et anonyme servit une eau de vie de prune tombé d'une cargaison en patance pour l'armée de Sambre-et Meuse.  A côté, le café Manoury, le rendez-vous des joueurs de dames qui avait été ouvert par un chocolatier sous Henri IV. Les gens de lettres lassés du Procope ou du café Laurent se réunissaient là pour une partie de dame. Près de la place, à dix mètres, rue Saint Germain l'Auxerrois, se tenait "le Journal des Débats" et "le Café Momus" immortalisé par Henry Murger._
 

AU SOLEIL D'OR A LA COUR DES MIRACLES

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En plein coeur de la Cour des Miracles, cette partie de la rue est citée dès 1285 sous ce nom, qu'elle devait à l'église Saint Sauveur de la rue Saint Denis à laquelle elle conduisait. La parie ouest était la rue des "Aigoux"(1489), du Bout du monde XVI° siècle, puis du Cadran 'enseigne d'un fabricant d'horloges)  elle a été englobée en 1851 à toutes ces voies.
La belle enseigne du Soleil d'Or,* avec attributs des jeux de Paume du XVI° siècle. C'est un beau travail de menuiserie, à un seul ventail, orné d'un grand oeil de boeuf entouré d'une lourde guirlade sculptée dans le goût du XVIII° siècle. Le centre de ce motif est protégé lui-même parun motif en fer forgé.
Le petit immeuble contiguë à l'auberge du Soleil d'Or possède une corniche en staf ayant le caractère de la décoration du premier Empireet deux plafonds peints qui ne manquent pas d'un arrangement interessant. On y remarque aussi une toile peinte marouflée représentant la fontaine de Nîmes. Nous les signalons sans en demander la conservation (Commission du Vieux Paris) !!!
Le Cabaret dont il s'agit est incontestablement l'un des plus curieux que nous a laissé le XVII° siècle. C'est un long bâtiment qui n'a plus maintenant que le rez-de-chaussée, une grande grille, remontant à la restauration, protège les fenêtres et les portes.
On comptait dans cette rue deux établissements de bains Il y avait là le bureau des changes , le bureau des rentes sur les huissiers priseurs. Un asile hospitalier pour huit femmes veuves avait été fondé ou transféré rue Saint Sauveur.
Le Fermier général Letellier avait un locataire qui tenait un jeu de boules, fréquenté par Guillaume Colletet, un des membres fondateurs de l'Académie française.Il était le père de François Colletet le poète crotté, le chansonnier. Il épousa l'une après l'autre ses trois servantes. Dans une réunion chez Conrart (le premier secrétaire perpétuel de l'Académie) des dames rougirent à une question que leur posait Colletet : "Quand nous nous réveillons la nuit, Claudine et moi, que pensez-vous que nous fassions ?....Comme on se taisait, il répondit lui-même : "Mesdames, nous lisons l'Astrée...."
A quelques pas de là vers la fin du règne de Mme de Pompadour, vivait Julie Berville fille d'un marchand de tableaux de la rue du Bac. Au numéro 59 une maison vivait des jeux de l'amour et du hasard, et faisait concurence à une autre maison au 65 de la même rue. Un poète très peu connu nommé Vigier fut assassiné dans cette rue à l'angle de la rue Montmartre le 18 août 1720. C'est le Chevalier Le Craqueur, lieutenant de Cartouche qui fut reconnu coupable de ce crime. Il a été condamné à être rompu vif le 10 juin 1722. Jacques Vergié inhumé à Saint Sauveur près de Colletet, des fameux Gautier-Garguille, Gros-Guillaume, Turlupin et Raymond Poisson qui avaient probablement habité cette rue.
Un nommé Lebel enleva à l'age de 11 ans la petite Tiercelin pour la fournir au "Parc-aux-Cerfs"  où elle fut préparé et éduquée pour servir à l'honneur que lui faisait le roi LouisXV. Le roi Louis XVI en guise de retraite lui servit une pension de 30 000 livres qui lui servit de retraite.
*Communication à propos de l'enseigne du Soleil d'Or 84 rue Saint Sauveur le 8 février 1914 :
M.le Président donne lecture de la communication ci-après :
En vue de donner satisfaction à un voeu de la Commission du vieux Paris, l'administration au cours des pourparlers engagés avec M.Garnier propriétaire de l'immeuble 82-84 rue Saint Sauveur atteint par le projet d'élargissement de cette voie , a demandé à ce propriétaire qu'il consente à abandonner à la Ville de Paris l'enseigne dite "Au Soleil d'Or"
Or il n'a pas été possible d'obtenir ce consentement de M.Garnier, qui s'est refusé formellement à cet abandon et qui a déclaré vouloir conserver cette enseigne pour sa collection particulière...." 
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Cette photo prise à la même époque porte le nom de Bossant Cce en vin 
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Contrairement à ce qui est écrit en début de cet article, cette partie de la rue ne faisait pas partie de la dernière cour des miracles. C'était  dans le prolongement de la rue Saint Sauveur la rue des Aigoux pour la simple raison qu'un égout à ciel ouvert rejoignait le Grand égout de  la rue Montmartre entre l'actuelle rue des Petits Carreaux et la rue Montmartre.
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En bas à droite, nous voyons sur le plan de Truchet et Hoyau de 1550 à l'emplacement de la porte Montmarte, l'égout dans le prolongement de la rue Saint Sauveur donnant sur le collecteur de la rue Montmartre.
Une borne marque encore aujourd'hui rue Léopold Bellan l'emplacement de la deuxième porte Montmartre.medium_borne_porte_Montmartre.jpg
 Face à l'emplacement approximatif du Soleil d'Or à l'angle de la rue Montmartre.......
Aux archives de Paris une note du cadastre indique en 1854 :
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Voici le noms des propriétaires :
de 1844 à 1851, Darentière (Chef d'Hôtel)
de 1851 à 1853, Pinsoneau (marchand de vin)
de 1851 à 1859, Thénadi (marchand de vin)
de 1859 à 1869 Romeuf, (marchand de vin au détail salle de billard)
de 1860 à 1862 Guillemin, Jacob, Maziot, (associés)
 
 
 
Quand l'égout fut couvert en 1815, elle porta le nom de rue du bout du monde, venant d'une enseigne située au numéro 2 actuel de la rue Léopold Bellan, qui représentait le rébus suivant : un os, un bouc un oiseau (un duc) et un globe terrestre. Vérification faite sur place, la Commission qui avait marchandé auprès des promoteurs, la conservation du lieu en échange de l'alignement des numéros 82, 84, et 86 rue Montmartre a eu pour résultat que les spéculateurs ont eu le beurre et l'argent du beurre; l'alignement des immeubles de la rue Montmartre, et le retrait du Soleil d'Or.
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 Et voila !!!!
Ne cherchez pas aujourd'hui le 84 rue Saint Sauveur..... 

05/12/2006

LE MUSEE GREVIN

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Par Bernard Vassor

Quand vers 1880 Arthur Meyer décide de créer un musée de cire, il entreprend de monter une société anonyme au capital d’un million de francs que des amis vont compléter les fonds qui manquaient au directeur du Gaulois. C-est l’architecte Esnault-Peelterie qui sera chargé de la construction du musée et des annexes pour les ateliers de sculpture de moulage et de confection.. Ne tenant pas à donner son nom à cet établissement, le conseil d’administration décide de donner le nom d’un artiste connu du moment, pas très compétent bien sûr, mais peu importe, on lui adjoint un adjoint. Après bien des chicanes, assignations procès, une réunion de conciliation permet un accord, et le 29 août 1883, Alfred Grévin fut nommé Président de la Société du Musée

Le journal « le Moniteur » raconte : --. Le jour de l’inauguration, le Tout-Paris se presse autour d’Alfred Grévin qui pose en plastronnant, debout, un crayon à la main, appuyé sur une console, le béret enfoncé sur la tête en arrière »

Le théâtre de cire renaît. Tout le monde se souvient de Curtz anatomiste bernois dit Curtius le précurseur au Palais Royal (en 1770), puis boulevard du Temple qui s’était fait la spécialité macabre des guillotinés de la Révolution.  Sa fille adoptive Marie Gresholtz qui pendant la révolution reçu les grands hommes et moula leur visage. Ainsi, Fouqier- Tinville, Mirabeau, Robespierre Collot d'Herbois se prêtèrent de bonne grâce à ces empruntes.

Elle obtint l'autorisation de recueillir les têtes des guillotinés, dont celles de Louis XVI et de Marie-Antoinette  On lui accorde de prendre l'empreinte de Marat mort....Toutes ces figures se retouvent aujourd'hui à Londres. Curtius mort, elle hérite de tous ses biens.En 1795 elle épouse un M.Tussaud. Elle part pour Londres où elle emporte tout son matériel et ouvre dans Baker Street le musée Tussaud. Morte en 1850, sa statue de cire continue d'accueilir les visiteurs. Mais la "Maison de la figure de cire" est complètement oubliée. C'était sur les Champs-Elysées  une petite échoppe où, pour attirer le chaland, une femme cul-de-jatte, montée sur un piédestal, dansait la polka ! A l'entrée, un rideau rouge monté sur un rail métallique qu'il fallait écarter pour pouvoir pénétrer pour pouvoir regarder une femme de cire avec des yeux qui roulaient, et de l'autre côté, un criminel en habit noir tendait les bras de façon à inviter le public de pénétrer plus avant dans le bouge.  

En 1865, dans le passage de l'Opéra, un  musée de cire, le musée Hartkoff s'ouvre dans la salle Beethoven. C'était un musée géologique, ethnologique, et anatomiste, la phrénologie étant à la mode. C'est le professeur Shwartz de Stockolm qui avait opéré tous les moulages. 

Les inventeurs de la photographie

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Par Bernard Vassor 
C'est ce poète, musicien, compositeur, astronome, que les premières découvertes importantes vont conduire à la photographie. C'est en 1819 que John Herschel découvre que l'hyposulfite de sodium fait fondre les sels d'argent. C'est le principe du fixage des images photographiques. Dès 1826, les frères Niepce enregistrent la première image sur métal est fixée sur métal grâce au bitume de judée. En 1829 Daguerre s'associe aux frères Niepce pour la recherche héliographique. Les opticiens Chevalier perfectionnent les chambres obscures et seront à l'origine des relations entre Niepce et Daguerre. Ils ont raconté l'histoire suivante : Aux environs de 1825 un jeune homme timide se présenta dans leur boutique -"On m'a dit que vous construisiez une nouvelle chambre noire, quel en est le prix ?
La réponse fit pâlir le client.
-Excusez-moi, mais c'est un peu cher pour ma bourse !
--Pourriez-vous me dire ce que vous voulez faire avec un tel appareil ?
--Je suis parvenu répond l'inconnu à fixer sur papier l'image de la caméra obscura, mais je n'ai qu'un appareil grossier. Il me faudrait une chambre à prisme pour conyinuer mes reccherches.
Les deux frères un peu septiques lui firent comprendre qu'une preuve de ses affirmations serait la bienvenue.
--Qu'à cela ne tienne dit l'inconnu et tira de sa poche une vue de Paris qui n'était ni un dessin ni une peinture des toits de Paris. Voici avec quoi j'opère dit encore le jeune homme et donna aux opticiens un flacon contenant un liquide brun.
Puis il se retira, laissant les frères opticiens perplexes. Ils ne revirent jamais l'inconnu à leur grand regret quand quelques années plus tard un de leur client, Nicéphore Niepce les informa de ses recherches. C'est eux qui mirent en rapport Niepce et Daguerre. 
En 1833, Henry Fox Talbot commence à enregistrer des images sur papier grâce à l'action de la lumière.
1839 est l'année de l'annonce simultanée à Londres et Paris  de procédés pour obtenir des images positives.
Arago annonce à l'académie des Sciences l'invention de la "Daguerrotypie" 
medium_CHEVALIER_Charles_Daguerre_05.jpg
Henry Fox Talbot, de son côté, annonce à la British Royal Académy le principe de son procédé  pour reproduire des images fixées sur papier photosensible à l'intérieur d'une chambre noire.
Daguerre après la mort de Niepce en 1833 avait baptisé sans cergogne son appareil Daguéréotype et vendra "son" invention au gouvernement pour une pension annuelle de 6000 francs.
Un autre personnage se présenta à Arago, c'était dit-on le jeune homme qui s'était présenté chez les frères chevaliers plusieurs années auparavant. Arago voyant les vues de Paris que l'homme lui présenta les vues de Paris sur papier qu'il avait accumulées depuis des années
 Arago ennuyé, lui dit en ricanant : vous êtes un fameux dessinateur, je ne suis pas dupe ! Hyppolite Bayard lui expliqua le procédé qu'il utilisait, mais la qualité des images sur papier n'avaient pas la qualité des épreuves sur métal de Daguerre, et puis, il n'y a aucun avenir dans les images sur papier ! Il y eut une exposition de"dessins photogénés" d'Hyppolite en ju_in 1839. Arago invité ne vint pas. Et Bayard resta dans l'ombre jusquà aujourd'hui. Il ne pouvait pas y avoir deux places pour une invention, et l'académie ne pouvait pas avor tort.
Arago a-t-il commis des faux et des omissions pour laisser dans l'oubli l'inventeur pour ne pas faire de l'ombre à son ami Daguerre ?
C'est alors que Bayard imagina une mise en scène pour se faire une publicité sensationnelle :
Il se maquilla, se noircit les mains et le visage pour se donner un air cadavérique, se mit nu et se fit une photographie qu'il fit circuler avec l'explication suivante :medium_bayard_hyppolite_NOYE.jpg
-"Le cadavre du monsieur que vous voyez ici est celui de M.Bayard, inventeur du procédé dont vous allez voir les merveilleux résultats(.....) l'académie, le roi qui ont vu ses dessins -que lui trouvait imparfait, les ont admirés comme vous les admirez. Ceci lui fait beaucoup d'honneur et ne lui a pas valu un liard. Le gouvernement qui avait beaucoup donné à M. Daguerre, a dit ne rien pouvoir faire pour M. Bayard, et le malheureux s'est noyé."
La farce n'a pas plu, et Bayard est resté inconnu. Qui aujourd'hui encore connait son nom ? 
Une autre image, un clin d'oeil ironique peut-être ?
medium_bayard_hyppolite_JOURNAL_DES_DEBATS.jpgBayard s'est photographié lisant "le Journal des Débats" !!! 
   
 

04/12/2006

JEAN-JOSEPH VADE


L’inventeur du langage poissard

medium_VADE_front.jpg

Par Bernard Vassor 

Note de l’auteur (Vadé):

Il faut pour l’agrément de ce genre de langage,

avoir l’attention de parler d’un ton enroué,

lorsque l’on contrefait la voix des acteurs :

celle des actrices doit être imitée par une inflexion

poissarde et traînant à la fin de chaque phrase.

Jean-Joseph est né non pas en 1720 comme le prétendent toujours les historiographes, mais, comme en témoigne Le registre des actes de baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse Saint-Pierre de Ham :

-- Le 19 janvier 1719 est né de légitime mariage et le lendemain baptisé Jean-Joseph fils de Jacques Vadé et d’Anne La Carrière. Le parrain fut Joseph Gomard, la marreine Jeanne La Carrière, tante de l’enfant, lesquels ont signé et mis leurs marques les mesmes jours et  an….

Le père, Jacques Vadé était originaire d’un petit village, Villiers-Saint-Christophe, où il s’était marié. Il était venu à Ham s’établir cabaretier. Le milieu dans lequel vécu le petit Jean-Joseph, ne fut pas sans influence sur l’esprit du futur chansonnier… La famille vint s'établir à Paris vers 1725. Après de brèves études il fut pourvu d'un emploi "dans les finances" à Sois, à Laon, puis à Rouen.  Rappelé à Paris,il obtint une sinécure qui lui permit de consacrer tout son temps à l'écriture. Sa littérature grivoise , fit de lui un auteur recherché dans la bonne société parisienne, mais aussi de solides inimitiés. Voltaire qui ne lui pardonna pas son intimité avec son ennemi Fréron saisit toutes les occasions d'accabler Vadé qui fut l'inventeur du qualificatif un peu courtisan pour Louis XV de Bien-aimé.  --"Un polisson nommé Vadé, imagina ce titre (de  Bien-aimé)  que les almanachs prodiguèrent" Voltaire dans ses Mémoires
A la suite d'une maladie que l'on dit pudiquement de la vessie, un chirurgien tenta une opératin qui provoqua une hémorragie à laquelle il succomba en 1757  

LA PIPE CASSEE 

CHANT II 

Voir Paris, sans voir la Courtille,

Où le peuple joyeux fourmille,

Sans fréquenter les Porcherons,

Le rendez-vous des bons lurons,

Cest voir Rome sans voir le Pape.

Ainsi ceux à qui rien n'échappe,

Quittent souvent le Luxembourg,

Pour jouir dans quelque faubourg,

Du spectacle de la guinguette.

 

 

Courtille, Porcherons Vill,

C'est chez vous que puisant ces vers,

Je trouve des tableaux divers., 

SOIREES DE HALLES 

(petit extrait) 

Margot,-- Parle donc , hai, beau morceau, si tu nous accoste pour nous dire des sottises en magnière d'injures, ça s'gâtera Coco.

Coco-- Pernez donc garde ! Faut-y pas prendre des mitaines pampine, figure à chien, cul pourri, tête de singe, matelas d'invalide, tu voudrois m' faire aller, mais ta colle, ça prend pas.

Margot -- Ah ! hai ! r'gardez-l'donc c'tariau, comme il est bien biau l'monsieu coupe-jarret, echappé d'Bicètre, morciau d'viande mal accroché, cadavrepestiféré, coeur de citrouille, fricassé dans la neige, recureur d'puits où lon met la fricassée, t'as la gueule morte, avec ta mine de p'lure d'oignon, ton nez resemble à un cul d'jument.

Coco -- A qui r'ssembl'tu, toi, charogne échappée d'la bouch'rie d'l'écaryeux chassieux, pucelle de la rue Maubuée, magnieuse de tuyaux d'pipes, voieirie ambulante, pourriture pestiférée(..)paillasse de corps-de-garde, chiffon ramassé dans les latrines (...)

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03/12/2006

JAPONAISERIES

 BLOC NOTE :

Dans le désordre : les premiers amateurs en France

Charles Baudelaire, Philippe Burty (qui a inventé le mot japonisme) Les Goncourt, qui prétendent avoir été les premiers.

Le magasin Bing rue Martel puis 19 rue Chauchat, Hayashi Tadamassa rue de la Victoire, les Sichel rue Pigalle. Madame Langweil place Saint Georges. Champfleury, de toutes les coteries

magasin : des boutiques de produits extrême-orientaux existaient à Paris en 1855, particulièrement La Porte Chinoise, fondée sous la Restauration ; mais on n'y voit apparaître des produits japonais qu'à partir de 1860. Ce n'est pas la Porte Chinoise, mais la boutique de curiosités de M. et Mme Desoye que Champfleury évoque ici, boutique qui fut bien le lieu de réunion de la coterie dont il faisait partie. Les plus fanatiques connaissaient d'autres adresses, particulièrement celle de la Porte Chinoise, située dans le même quartier, 33 rue Vivienne. Le 8 juin 1861, le Journal des Goncourt contient cette indication : "J'ai acheté l'autre jour à la Porte Chinoise des dessins japonais, imprimés sur du papier qui ressemble à une étoffe, qui a le moelleux et l'élastique d'une laine. Je n'ai rien vu de si prestigieux, de si fantastique, de si admirable et poétique comme art...

 

LA MODE DES JAPONIAISERIES

C.-Y La Vie Parisienne, 21 novembre 1868 

    La dernière [originalité] qui doit être signalée est l'ouverture de l'atelier japonais d'un jeune peintre assez richement doté par la fortune pour s'offrir un petit hôtel dans les Champs-Elysées.      Il faut dire un mot d'abord de l'intervention japonaise en art et comment ces produits d'une civilisation singulière pénétrèrent dans Paris.
    Tout le monde ne peut connaître l'influence de Madame D... dite la Japonaise.
    Il y a une dizaine d'années fut ouverte dans les environs des Tuileries une petite boutique mais voyante pour les colorations bizarres de l'étalage.
Un poète qui par-dessus tout, avait l'amour des vives colorations, s'arrêta longuement devant la montre, jeta un coup d'oeil curieux dans la boutique, y remarqua une beauté que la solitude ne paraissait pas distraire énormément. Ce poète bizarre, l'homme du monde, avait l'art de se créer tout d'abord des sympathies dans les endroits où il posait le pied. Il entra, feuilleta les albums japonais, s'assit, entama une conversation avec la marchande ennuyée, s'éventa avec les éventails, fuma une cigarette d'horrible tabac japonais, et s'en revint en chantant le Japon sur tous les tons.
    Ce poète capricieux inventa chaque année quelques bizarrerie pour s'en amuser pendant quelques mois ; mais alors son enthousiasme prenait le caractère d'une obsession, et tout le temps que durait sa manie, il l'imposait à ses amis. Il devint ainsi la trompette de la marchande d'objets japonais ; ce fut tant que l'ennui de la dame disparut, les amis du poète ne quittant plus la petite boutique et sortant rarement de l'endroit sans en emporter quelque curiosité.
    Les après-midi s'écoulèrent en dissertations sur l'art japonais, auxquelles se mêlèrent quelques compliments pour la dame. Parmi les initiés un jeune peintre américain se faisait surtout remarquer pour ses dépenses ; il n'était pas de jour qu'il ne s'offrit quelque laque, quelque bronze, quelque riche robe japonaise.
    L'Américain avait son atelier à Londres, on le voyait chez "la japonaise" aussi souvent que s'il eût demeuré à Neuilly ; meubles et cabinets, il les expédiait en Angleterre avec la même facilité que s'il les eût confiés aux crochets d'un commissionnaire du coin de la rue.
    Les prêches du poète, les achats du peintre furent résumés en des peintures franco-américaines si bizarres qu'elles troublèrent les yeux des gens assez naïfs pour rechercher les fonctions de jurés aux expositions de peinture : comme ces colorations étaient distinguées et nouvelles, on leur ferma les portes au nez. Peut-être quelques-uns les ont-ils remarquées dans les salles des Refusés. Le résultat fut celui-ci : le Japon contesté fit école.
    De même qu'il y a eu en 1820 des avalanches de pifferaro en peinture, des déluges de Grecs et de Turcs en 1828, des Bretons en assez grande quantité vers 1840 pour peupler la Bretagne, des joueurs d'échecs si nombreux, de 1840 à 1850, qu'ils pouvaient lutter avec les bataillons de zouaves qui firent irruption aux Salons de la même époque ; aujourd'hui nous sommes menacés d'une invasion japonaise en peinture.
    L'imitation est un fauteuil commode.
    L'atelier japonais des Champs-Élysées, que les princes et princesses visitent à l'heure actuelle est "un signe du temps" dirait Prudhomme.
    Toutes sortes de jeunes dames seront attifées de robes japonaises, comme cela s'est déjà vu à la montre de l'honnête maison Giroux, qui ne croyait pas faire naître un scandale sur le boulevard par cette exhibition.
    Déjà même de prétendus peintres de la vie élégante nous fatiguent de leurs cabinets japonais, de leurs fleurs japonaises de leurs laques et de leurs bronzes japonais qui prennent la place principale sur la toile et jouent un rôle bien autrement considérable que les personnages.
    En avons-nous déjà assez vu de ces soubrettes élégantes qui, cachant un billet dans la main, se préparent à entrer dans la pièce voisine où de nombreuses précautions doivent être prises pour la remise du billet doux... Ce petit drame amoureux m'intéresse. Il y a sans doute un jaloux dans la chambre à côté. Le jaloux est une mandragore japonaise en bronze qui fait vis-à-vis à des fleurs japonaises. Il paraît que la mandragore ne doit point avoir connaissance du billet.
    Les amateurs trouvent ce drame ravissant, et l'achètent quelques billets de mille au peintre de la vie élégante.
    La vente est connue dans Paris. Cinquante peintres suivront les traces de l'heureux initiateur qui a eu l'idée d'employer des objets du Japon, comme dans les théâtres de province un dialogue vif et animé remplace la musique.

 

« Japoniaiseries »

LA DÉCOUVERTE D'HOKOUSAI
paru dans Le Musée secret de la caricature, Paris, 1888, pp.187-201

    ... Il était réservé au Paris d'il y a vingt-cinq ans de se prononcer sur l'oeuvre d'un mettre capricieux [...] que les artistes adoptèrent pour ainsi dire. Vers 1855, quelques peintres et poètes, toujours en quête de nouveautés, firent la fortune d'un magasin aussi bien fourni en étoffes et en bronzes japonais qu'en albums et en feuilles volantes aux colorations pleines de saveur. Il existera toujours dans le monde parisien un petit groupe de chercheurs d'imprévu, doués d'une vue qui pénètre plus loin que la vue de la foule... De ce petit groupe s'échappa le rayonnement d'Hokou-Saï, un véritable artiste ; d'autres, plus réservés, sourirent un peu en voyant l'admiration pour des cahiers de croquis auxquels, disaient-ils, à Tokio on n'attachait peut-être qu'une médiocre valeur... La série des divers albums d'Hokou-Saï dont personne alors ne pouvait traduire les titres non plus que les courtes et rares légendes, fut à cette époque étudiée par un esprit curieux des secrets de tous les arts, mon ami Frédéric Villot, qui dépensait sa fortune en études de toute nature, et jeune encore je fus initié à la campagne qui se préparait par la communication de romans japonais qu'un dilettante faisait traduire pour sa propre jouissance.
    Ce sont ces coteries du Paris intellectuel qu'il faut connaître pour se tenir au courant des recherches ; là je puisai les premiers renseignements qui, répondant bien à mes goûts, me permirent de donner dès 1869, sur l'oeuvre d'Hokou-Saï, quelques notes dont on me permettra de transcrire un extrait, car, quoique datés de près de vingt ans, mes sentiments ne se sont guère modifiés depuis lors.
    « La plupart des vignettes japonaises reproduites dans ce volume, disais-je, sont tirées des cahiers de croquis d'un dessinateur merveilleux qui mourut, il y a environ cinquante ans, au Japon, laissant une grande quantité d'albums dont la principale série composée de quatorze cahiers, excita lors de son introduction à Paris, une noble émulation parmi les artistes. « Ce peintre appelé Fo-Kou-Saï, et qui est plus populaire sous le nom de Hokou-Saï, a plus fait pour nous rendre facile la connaissance du Japon que les voyageurs et les professeurs de japonais qui ne savent par le japonais [... ]
    L'époque actuelle compte un certain nombre de très brillants écrivains qui veulent être admirés pour le précieux de leurs écrits. Ils se proclament volontiers des initiateurs en toutes choses et font savoir au public qu'ils ont découvert le Japon ; oui, eux tout seuls vraiment, à les en croire, ont enfoncé les portes de cet empire fermé jusque-là. J'ai montré qu'à M. Frédéric Villot et à quelques-uns de ses amis était due la popularité des peintres japonais. Depuis, il ne me coûte en rien de le reconnaître, on est entré plus avant dans l'ordre des connaissances japonaises et, pour ce qui touche plus particulièrement Hokou-Saï, on le doit en partie à M. Th. Duret, compagnon de voyage de M. Cernuschi [... ]
    À quoi bon aller au japon pour en rapporter des déconvenues d'idéal, comme il arrive souvent aux gens de trop d'imagination ? Ces croquis précis passent de l'hiver à l'été, des grands tapis de verdure aux neiges épaisses ; ils transportent le curieux au pied des plus hautes montagnes dans les ports de mer, au bord des flots agités, sous des nuages menaçants qui font trembler pour le retour des barques de pêcheurs à l'horizon. Les croyances religieuses, les superstitions du peuple japonais, y sont figurées par d'imprévues représentations de divinités bouddhiques singulières ; plus fantastiques encore, ces guerriers, ces monstres légendaires, ces princesses persécutées qui semblent appartenir au domaine de noirs mélodrames [... ]
    Veut-on voir le peuple de la ville à ses plaisirs, les populations rurales à leurs travaux ? C'est dans les croquis du peintre qu'on les surprend dans la variété de leur condition [...] Hokousai mourut à Tokio en 1849, âgé de quatre-vingt-neuf ans.
    Il avait été dans le long parcours de sa vie le contemporain de Goya, de Rowlandson, de Daumier. Ces trois noms coulent de ma plume, amenés par de secrètes analogies avec les puissants satiriques que le Japonais ne connut certainement pas. Mais de certains courants existent dans une même époque qui relient les nations et les hommes. Le Japon n'est pas entré tout à coup au demi-siècle dans les voies de la civilisation européenne sans avoir écouté antérieurement de multiples appels de lumières et de progrès.

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LA MODE DES JAPONIAISERIES
signé C.-Y. et paru dans La Vie parisienne, 21 nov. 1868, pp.862-863

    La dernière [originalité] qui doit être signalée est l'ouverture de l'atelier japonais d'un jeune peintre assez richement doté par la fortune pour s'offrir un petit hôtel dans les Champs-Elysées.

    Il faut dire un mot d'abord de l'intervention japonaise en art et comment ces produits d'une civilisation singulière pénétrèrent dans Paris.
    Tout le monde ne peut connaître l'influence de Madame D... dite la Japonaise.
    Il y a une dizaine d'années fut ouverte dans les environs des Tuileries une petite boutique mais voyante pour les colorations bizarres de l'étalage.
Un poète qui par-dessus tout, avait l'amour des vives colorations, s'arrêta longuement devant la montre, jeta un coup d'oeil curieux dans la boutique, y remarqua une beauté que la solitude ne paraissait pas distraire énormément. Ce poète bizarre, l'homme du monde, avait l'art de se créer tout d'abord des sympathies dans les endroits où il posait le pied. Il entra, feuilleta les albums japonais, s'assit, entama une conversation avec la marchande ennuyée, s'éventa avec les éventails, fuma une cigarette d'horrible tabac japonais, et s'en revint en chantant le Japon sur tous les tons.
    Ce poète capricieux inventa chaque année quelques bizarrerie pour s'en amuser pendant quelques mois ; mais alors son enthousiasme prenait le caractère d'une obsession, et tout le temps que durait sa manie, il l'imposait à ses amis. Il devint ainsi la trompette de la marchande d'objets japonais ; ce fut tant que l'ennui de la dame disparut, les amis du poète ne quittant plus la petite boutique et sortant rarement de l'endroit sans en emporter quelque curiosité.
    Les après-midi s'écoulèrent en dissertations sur l'art japonais, auxquelles se mêlèrent quelques compliments pour la dame. Parmi les initiés un jeune peintre américainse faisait surtout remarquer pour ses dépenses ; il n'était pas de jour qu'il ne s'offrit quelque laque, quelque bronze, quelque riche robe japonaise.
    L'Américain avait son atelier à Londres, on le voyait chez "la japonaise" aussi souvent que s'il eût demeuré à Neuilly ; meubles et cabinets, il les expédiait en Angleterre avec la même facilité que s'il les eût confiés aux crochets d'un commissionnaire du coin de la rue.
    Les prêches du poète, les achats du peintre furent résumés en des peintures franco-américaines si bizarres qu'elles troublèrent les yeux des gens assez naïfs pour rechercher les fonctions de jurés aux expositions de peinture : comme ces colorations étaient distinguées et nouvelles, on leur ferma les portes au nez. Peut-être quelques-uns les ont-ils remarquées dans les salles des Refusés. Le résultat fut celui-ci : le Japon contesté fit école.
    De même qu'il y a eu en 1820 des avalanches de pifferaro en peinture, des déluges de Grecs et de Turcs en 1828, des Bretons en assez grande quantité vers 1840 pour peupler la Bretagne, des joueurs d'échecs si nombreux, de 1840 à 1850, qu'ils pouvaient lutter avec les bataillons de zouaves qui firent irruption aux Salons de la même époque ; aujourd'hui nous sommes menacés d'une invasion japonaise en peinture.
    L'imitation est un fauteuil commode.
    L'atelier japonais des Champs-Élysées, que les princes et princesses visitent à l'heure actuelle est "un signe du temps" dirait Prudhomme.
    Toutes sortes de jeunes dames seront attifées de robes japonaises, comme cela s'est déjà vu à la montre de l'honnête maison Giroux, qui ne croyait pas faire naître un scandale sur le boulevard par cette exhibition.
    Déjà même de prétendus peintres de la vie élégante nous fatiguent de leurs cabinets japonais, de leurs fleurs japonaises de leurs laques et de leurs bronzes japonais qui prennent la place principale sur la toile et jouent un rôle bien autrement considérable que les personnages.
    En avons-nous déjà assez vu de ces soubrettes élégantes qui, cachant un billet dans la main, se préparent à entrer dans la pièce voisine où de nombreuses précautions doivent être prises pour la remise du billet doux... Ce petit drame amoureux m'intéresse. Il y a sans doute un jaloux dans la chambre à côté. Le jaloux est une mandragore japonaise en bronze qui fait vis-à-vis à des fleurs japonaises. Il paraît que la mandragore ne doit point avoir connaissance du billet.
    Les amateurs trouvent ce drame ravissant, et l'achètent quelques billets de mille au peintre de la vie élégante.
    La vente est connue dans Paris. Cinquante peintres suivront les traces de l'heureux initiateur qui a eu l'idée d'employer des objets du Japon, comme dans les théâtres de province un dialogue vif et animé remplace la musique. 

02/12/2006

mise à jour le 20 février 2008

Le "Journal" du 31 décembre indique : "Notre dernière pensée de cette année, en attendant tous les deux au coin de la cheminée de notre chambre d'hôtel, minuit pour nous embrasser, c'est qu'on joue dans ce moment note HENRIETTE MARECHAL à Marseille." La représentation, vue de la salle : Les académiciens venus en nombre, les amis des auteurs occupant les meilleurs places, le « petit public relégué bien au fond au poulailler, commençait à gronder. Après le prologue, on entendit des murmures et des exclamations : Ohé ! Ohé ! Tourneur de mâts de cocagne en chambre ! Abonnés de la Revue des Deux mondes ! Polichinelles de carton !Repasseurs de lames de rasoir à l’envers ! Puis on entendit après chaque réplique des sifflets stridents, qui fut repris par d’autres jeunes gens jusqu’à la fin de la pièce. L’auteur présumé de ce chahut était un étudiant à Polytechnique que dont le physique pétait à la moquerie, d’une maigreur idéale, le teint livide, blanc comme celui de Debureau, la bouche contactée par un rictus permanent, un menton en galoche, un nez de polichinelle l’avait fait surnommé Pipe-en-Bois. C’est Jules Vallès qui prétend l’avoir baptisé ainsi, mais ce sobriquet était déjà sur toutes les lèvres de ses amis du quartier latin.(Georges Cavalier s’était déjà illustré en sifflant la pièce d’ Edmond About : Gaétana trois ans auparavant.) Le lendemain son nom était dans tous les journaux, sur toutes les bouches.

On abusa de sa célébrité pour publier une brochure portant son nom intitulée :

CE QUE JE PENSE D'HENRIETTE MARECHAL

DE SA PREFACE

ET DU THEATRE DE MON TEMPS

PAR PIPE-EN-BOIS

LIBRAIRIE CENTRALE

1866

Un grand in-octavo de 27 pages  

Il désavoua publiquement cette brochure, mais d'autres placards affiches prospectus étaient proposés au public qui achetait aux crieurs, pourvu que le nom de Pipe-en-Bois figure sur l'imprimé.

Ce qui n'empêcha pas d'autres brochures comme celle-ci :

MON OPINION VRAIE

SUR

HENRIETTE MARECHAL

PAR

ACHILLE PIPE-EN-BOIS 

La carrière de Georges Cavalier ne se borna pas à siffler, Gambettiste, il joua un rôle important pendant la République du 4 septembre, puis pendant la Commune de Paris.

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30/11/2006

Une exposition insolite dans une rue et une galerie insolite.

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Un nom très zolien :

Au Bonheur du Jour

Pour une exposition Paris Interlope

11 rue Chabanais

01 42 96 58 64

75002

On peut y découvrir le Paris des cabarets, des maisons closes, des photographies en tirages originaux de Brassaï,Doisneau, Zucca, Umbo, Koruna, Serge Jacques, Jean-Marie Marcel, de Montmartre à Montparnasse en passant par Saint Germain des Prés, des archives inédites, des grands formats de trvestis célèbres dans le monde entier, les photos de la première «Rose Rouge » rue de la Harpe et la mémoire des maisons décrites par Maupassant (La Maison Tellier), les Goncourt (La Fille Elisa), Jean Lorrain dont on va célébrer  le centenaire de la mort et rééditer sous peu (avec une préface de Noëlle Benhamou) La Maison Philibert, et, plus près de nous, Francis Carco(Jésus la Caille)le proxénète homosexuel et de Raymond Queneau : (Zazie dans le métro) Bref, le Paris interdit du XIX° siècle aux années 1960.

Situé juste en  face de l'ancien lupanar célèbre "Le Chabanais "

La rue Chabanais

L’ouverture de cette rue date de 1774, ouverte aux frais de Claude-Théophile-Gilbert de Colbert, marquis de Chabanais. Cette rue formait un rectangle en partant de la rue Neuve des Petits Champs pour rejoindre la rue Sainte Anne ; mais les propriétaires riverains ouvrirent une souscription en 1838 pour subvenir à la dépense d’un percement après qu’elle fut couverte. Ainsi se prolongea jusqu’à la place Louvois, l’une des deux branches de la rue en équerre pendant que l’autre entre les rues Chabanais et Sainte-Anne prenait le nom du compositeur Chérubini. Deux architectes Delescluse et Périac ont entrepris la construction de presque toute la rue Chabanais. Au numéro 2 Marie-Joseph Chénier fréquentait madame Vestris qui fut peinte par Delescluse qui habitait alors les numéros 1 et 4 de cette rue.

Le boudoir de madame Vestris fut le cabinet de l’éditeur Ladvocat qui publia « le livre des Cent-et-Un » dont la liste des auteurs aujourd’hui immortels prendraient trop de place dans ce petit article.. Il fut aussi l’éditeur de Flora Tristan qui résida au numéro 7. Charles Fourier était même descendu là de sa mansarde du chevet de l’église Saint Pierre à Montmartre pour rencontrer la « Femme messie » qui malheureusement était absente ce jour là. C’est également à cette adresse que Sébastien-Roch-Nicholas dit Chamfort sur le point d’être arrêté, il se tira un coup de pistolet, bléssé grièvement, on le transporta à la prison des Madelonnettes où  il mourut quelques jours plus tard le 13 avril 1794.

Nous voici maintenant au numéro 11 où le général Pichegru chef de l'émigration fut arrêté le 26 février 1804. Il avait été vendu 100 000 écus par un ami qui l'hébergeait. Après un combat acharné avec les policiers venus l'interpeler, il est conduit à la prison du Temple, nu, et les pieds et poings liés. Il fut retrouvé mort le 6 avril 1804 dans sa cellule, étranglé par sa cravate de soie noire. La thèse officielle conclua au suicide...      

A suivre.... 

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29/11/2006

MARY CASSATT

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Peintre et lithographe américaine, fait partie du groupe impressionniste en France.
Fille d'un banquier, après des études aux États-Unis,  
medium_mary_cassatt_degas.jpg
  A suivre....

08:48 Publié dans Les peintres | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

28/11/2006

LE CAFE DE LA MORT

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Par Bernard Vassor

C'est l'attentat de la rue Saint Nicaise contre Bonaparte, qui avait empêché la reconstruction des maisons endomagées de l'enceinte du Louvre. Le quartier ressemblait à un fantomatique tableau d'Hubert Robert. 

medium_Place_du_Carrousel_06.2.jpg

 

"Seul, l'hôtel de Nantes resté intact, se dressait comme unequille, génait la traversée de la place et semblait narguer le roi Louis Philippe" disait le baron Haussmann. Sur la façade, on pouvait lire  :HOTEL DE NANTES MEUBLE, et sur la devanture au rez-de-chaussée, CAFE ESTAMINET. Mais il n'était connu dans Paris que sous le nom de CAFE DE LA MORT.

C'est sans doute en raison de l'impact de balles sur les murs extérieurs, résultat d'émeutes de 1830 ou 1832.

C'est là que Stendhal qui était tombé frappé d'appolexie rue Neuve des Capucines le 22 mars 1842 à 7 heures du soir fut transporté dans son appartement de l'hôtel de Nantes y trouva la mort. Il désirait être conduit directement au cimetière. Son ami Colomb le fit quand même passer par l'église de l'Assomption avant de le conduire au cimetière Montmartre. Seules trois personnes avaient suivi le cortège, Colomb, Mérimée, et...la comtesse Clara Gazul !!!

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Sur le plan, à gauche, la deuxième petite rue en partant du Haut du plan etait la rue et l'impasse du Doyenné.....

    La place du Carrousel se trouve au centre. 

 

PAUL NIQUET

PAUL NIQUET

Le repaire des "ravageurs" 

Par Bernard Vassor

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C'est derrière ces murs du charnier du cimetière des Innocents que se trouvait la rue Aux Fers

 

(article déjà publié en partie sur le site Terres d'écrivains le 5 janvier 2006)

Nous ne connaissons pas la date de naissance de Paul Niquet mort en 1863. Ce que nous savons c'est que son échoppe était déjà réputé sous l'empire pour ses cerises à l'eau de vie. Il était installé au 26 rue aux Fers :La rue aux Fers,  rue Berger aujourd'hui, commençait rue Saint-Denis, n°89, finissait aux rues de la Lingerie et rue du Marché-aux-Poirées n°2. Elle n’avait pas de numéro impair, ce côté étant bordé par l’ancien cimetière devenu le marché des Innocents. Le dernier numéro pair était le 50.

Monsieur Niquet ne vendait que très peu de vin, c'était surtout "le Casse-poitrine, la Jaune, la Blanche, le Fil-en-quatre, la Consolation, le Chien-tout-pur, l'Eau-d'aff, et le verre à un sou" 
Ce repaire, paradis des "ravageurs"  des malfaiteurs de tout poil,, de vagabonds de mendiants était le réceptacle de toute la pègre du quartier des Halles.

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Quelques "invertis" célèbres fréquentaient l'établissement, comme la célèbre Marie-Stuart, et "L'instar de Lyon", (?)le pâtissier de la rue de Richelieu. Des "femmes poivrières" des voleurs, des assassins et quelques indicateurs de policice complétaient cette joyeuse clientèle. Le tenancier qui succéda au créateur vers 1835 était un certain Etienne Salle, voyou et indicateur de police comme il se doit. Une allée ayant accès sur la rue aux Fers, étroite et mal éclairée, conduisait à l’intérieur d’une immense salle rectangulaire, garnie de tables scellées dans le sol, et tout autour des cabinets de quatre, huit ou dix consommateurs. Trois cents personnes environ fréquentaient chaque soir ce lieu de perdition. C’étaient des hommes à l’œil sanguinaire, des femmes perdues, couvertes de guenilles, cherchant à exciter, par la licence de leurs regards, l’attention des personnes à côté d’elles. Tout ce monde chantait buvait, mangeait, chantait, criait se querellait et s’injuriait.
Devenu une curiosité parisienne, le cabaret de Paul Niquet attirait une foule de gens comme il faut venus s'encanailler. Le patron avait aménagé deux ou trois cabinets pourvus d’épais rideaux, de manière que l’on puisse assister à l’abri au spectacle de la lie de Paris. 
L’ami de Baudelaire, le roi de la bohème parisienne, Privat d’Anglemont, donne dans "Les Oiseaux de Nuit" le récit suivant :  

« On pénétrait dans l’établissement par une allée étroite, longue et humide.
Son pavé était le même que celui de la rue, un grès de Fontainebleau, mais tellement piétiné par les nombreux clients, qu’il était plus boueux plus fatigué que les pavés de la rue Saint-Martin ou Saint-Denis.
Ceux des habitués qui avaient des hottes (les chiffonniers), les déposaient le long de ces murs avant de pénétrer dans la salle principale...
Cette salle était simplement un hangar sur lequel on avait posé un vitrage. 
Elle était meublée de deux comptoirs en étain où se débitait cette eau-de-vie terrible qu’on appelait « le casse poitrine ».
Ces comptoirs lourds et massifs étaient chargés de brocs, de bouteilles et de fioles de touts formes. On voyait écrit sur certaines : « Parfait Amour », la « liqueur des Braves », il y avait aussi « les délices des Dames », un breuvage à faire prendre feu avec une allumette aux lèvres des consommatrices, et surtout « Le Petit Lait d’Henri IV » un effroyable mélange de cassis et de trois-six.
Par un passage étroit, on arrivait à une petite salle derrière le comptoir ; C’était le salon de conversation, un lieu d’asile réservé uniquement aux initiés. _Trois longues tables et des bancs de bois en composaient le mobilier, les murs étaient blanchis à la chaux. L’architecture de ce bouge était bossue, tordue, renfrognée.
Dès la porte passée, on était saisi à la gorge par une odeur fade, chaude, nauséabonde, imprégné de miasmes humides qui soulevaient le cœur, c’était une puanteur qui est particulière à cette société immonde »...

Gérad de Nerval en donne la description suivante, chapitre XV "Les nuits d'octobre" :    

XV. Paul Niquet  Le souper fait, nous allâmes prendre le café et le pousse-café à l'établissement célèbre de Paul Niquet. - Il y a là évidemment moins de millionnaires que chez Baratte... Les murs, très élevés et surmontés d'un vitrage, sont entièrement nus. Les pieds posent sur des dalles humides. Un comptoir immense partage en deux la salle, et sept ou huit chiffonnières, habituées de l'endroit, font tapisserie sur un banc opposé au comptoir. Le fond est occupé par une foule assez mêlée, où les disputes ne sont pas rares. Comme on ne peut pas à tout moment aller chercher la garde, - le vieux Niquet, si célèbre sous l'Empire par ses cerises à l'eau-de-vie, avait fait établir des conduits d'eau très utiles dans le cas d'une rixe violente.

On les lâche de plusieurs points de la salle sur les combattants, et, si cela ni les calme pas, on lève un certain appareil qui bouche hermétiquement l'issue. Alors, l'eau monte, et les plus furieux demandent grâce; c'est du moins ce qui se passait autrefois.

Mon compagnon m'avertit qu'il fallait payer une tournée aux chiffonnières pour se faire un parti dans l'établissement en cas de dispute. C'est, du reste, l'usage pour les gens mis en bourgeois. Ensuite vous pouvez vous livrer sans crainte aux charmes de la société. Vous avez conquis la faveur des dames.

Une des chiffonnières demanda de l'eau-de-vie.

- Tu sais bien que ça t'est défendu! répondit le garçon limonadier.

- Eh bien, alors, un petit verjus! mon amour de Polyte! Tu es si gentil avec tes beaux yeux noirs... Ah! si j'étais encore... ce que j'ai été!

Sa main tremblante laissa échapper le petit verre plein de grains de verjus à l'eau-de-vie, que l'on ramassa aussitôt; - les petits verres chez Paul Niquet sont épais comme des bouchons de carafe: ils rebondissent, et la liqueur seule est perdue.

- Un autre verjus! dit mon ami.

- Toi, t'es bien zentil aussi, mon p'tit fy, lui dit la chiffonnière; tu me happelle le p'tit Ba'as (Barras) qu'était si zentil, si zentil, avec ses cadenettes et son Zabot d'Angueleterre... Ah! c'était z'un homme aux oiseaux, mon p'tit fy, aux oiseaux!... vrai! z'un bel homme comme toi!

Après le second verjus, elle nous dit:

- Vous ne savez pas, mes enfants que l'ai été une des merveilleuses de ce temps-là... J'ai eu des bagues à mes doigts de pieds... Il y a des mirliflores et des généraux qui se sont battus pour moi!

- Tout ça, c'est la punition du bon Dieu! dit un voisin. Où est-ce qu'il est à présent, ton phaéton?

- Le bon Dieu! dit la chiffonnière exaspérée, le bon Dieu, c'est le diable!

Un homme maigre, en habit noir râpé, qui dormait sur un banc, se leva en trébuchant:

- Si le bon Dieu, c'est le diable, alors c'est le diable qui est le bon Dieu, cela revient toujours au même. Cette brave femme fait un affreux paralogisme, dit-il en se tournant vers nous...Comme ce peuple est ignorant! Ah! l'éducation, je m'y suis livré bien longtemps. Ma philosophie me console de tout ce que j'ai perdu.

- Et un petit verre! dit mon compagnon.

- J'accepte si' vous me permettez de définir la loi divine et la loi humaine...

La tête commençait à me tourner au milieu de ce public étrange; mon ami cependant, prenait plaisir à la conversation du philosophe, et redoublait les petits verres pour l'entendre raisonner et déraisonner plus longtemps.

Si tous ces détails n'étaient exacts, et si je ne cherchais ici à daguerréotyper la vérité, que de ressources romanesques me fourniraient ces deux types du malheur et de l'abrutissement! Les hommes riches manquent trop du courage qui consiste à pénétrer dans de semblables lieux, dans ce vestibule du purgatoire, d'où il serait peut-être facile de sauver quelques âmes... Un simple écrivain ne peut que mettre les doigts sur ces plaies, sans prétendre à les fermer.

Les prêtres eux-mêmes qui songent à sauver des âmes chinoises, indiennes ou tibétaines, n'accompliraient-ils pas dans de pareils lieux de dangereuses et sublimes missions? - Pourquoi le Seigneur vivait-il avec les païens et les publicains?

Le soleil commence à percer le vitrage supérieur de la salle, la porte s'éclaire. Je m'élance de cet enfer au moment d'une arrestation, et je respire avec bonheur le parfum de fleurs entassées sur le trottoir de la rue aux Fers.

La grande enceinte du marché présente deux longues rangées de femmes dont l'aube éclaire les visages pâles. Ce sont les revendeuses des divers marchés, auxquelles on a distribué des numéros, et qui attendent leur tour pour recevoir leurs denrées d'après la mercuriale fixée.

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27/11/2006

Le "Café Laurent"

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Par Bernard Vassor
Madame de Sévigné qui n’avait pas d’estime pour notre plus grand tragédien, croyant faire un bon mot, fit cette prophétie : Racine est comme le café : il passera... Si nous connaissons tous « Le Procope », un autre café littéraire situé à deux pas de là, recevait nombre d’écrivains, de poètes et d’artistes du XVII° siècle. A l’angle de la rue Dauphine et de la rue Christine. Après la guerre 39/40, ce fut l'endroit le plus célèbre, le symbole de Saint Germain des Prés  d'ancien charcutiers de Toulouse ouvrent dans une cave de 8mX 12 : LE TABOU qui fermera ses portes dans les années 80 (?). C'est de nouveau aujourd'hui un cabaret de jazz qui a repris l'ancien nom de CAFE LAURENT
Fondé en 1690 par le sieur François Laurent, ce fut le lieu de disputes de gens de lettres. Mort en 1694, sa veuve lui succéda et fit prospérer l’établissement qui reçu entre autres (cité par Voltaire) : Fontenelle, Houdard de la Motte, Danchet, Jean-Baptiste Rousseau et bien d’autres.
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C’est là que Rousseau composa son premier ouvrage publié en 1694, intitulé : « Le Caffé », dont Voltaire dit que « cette petite pièce d’un jeune homme sans expérience, ni du monde, ni des lettres, ni du théâtre semblait n’annoncer aucun génie ». Le personnage principal de la pièce est «  Madame Jérôme », marchande de café.
La mise en scène permet de peindre l’aspect d’un café en 1694
Dans une salle, trois tables, un poète rêve à côté des joueurs de dames, un abbé dort dans le fond de la salle. Deux habitués discutent une question politique :
Oui ou non, la Turquie va-t-elle attaquer Belgrade ? -

A minuit, madame Jérôme prie ses hôtes de se retirer.
-  Et pourquoi ?
-  Parce que dit-elle, c’est l’heure où les femmes remplacent les hommes dans les cafés !


marchand de café ambulant.

Le premier endroit à Paris où l’on pu déguster du café, était, en 1643, dans un petit passage couvert et qui conduisait de la rue Saint-Jacques au Petit-Pont.
Un Levantin cherchait à vendre sous le nom de cahove ou cahouet, une décoction de café, mais la tentative n’eut aucun succès.
Dans le même temps, des arméniens apportèrent du midi des balles de café sans plus de résultat.

Les vers d’un certain Subligny révèlent le peu de cas que l’on faisait de cette boisson :
- Adieu, j’ay si mal à la teste
Que je ne sçay pas ou tourner
Et que le mal icy m’arreste :
On ordonne de me saigner,
Mais je suis peu pour la saignée ;
J’ayme mieux prendre du Kavé,
Qui guérit en moins d’un avé.
Ce mot Kavé vous surprend !
C’est une liqueur arabesque,
Ou bien si vous voulez turquesque.
Que dans le levant chacun prend.
Sa vertu n’a point de pareille,
Tout le monde s’en aperçoit,
Et surtout pour la femme elle opère merveille
Quand c’est le mary qui la boit.

L’arrivée de Soliman Aga à Paris fut l’occasion pour plusieurs boutiques de vendre publiquement du café et de faire l’éloge suivant :

LES TRES EXCELLENTES VERTUS DE LA MEURE APPELEE COFFE

Vérifications faites, l'actuel Café Laurent à l'angle de la rue Christine n'est pas le bon ! C'est de l'autre côté qu'était situé le Café de la veuve Laurent :medium_cafe_laurent_veritable_emplacement.03.jpg

A SUIVRE.....

Sources :
Docteur A Galland ( traducteur des Mille et unes nuits )
Les nouveaux voyages au Levant de Jean Thévenot
Audiger : la maison réglée
Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson Chéruel éditeur 1702


26/11/2006

Chez Dinochau, AU PETIT ROCHER

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Par Bernard Vassor
AU PETIT ROCHER 

Nouvel article en partie publié le 7 janvier 2006

Chez la mère Dinochau à l’angle des rues Bréda (Henri Monnier) et de Navarin 

Le repas complet coûte trente sous, la spécialité maison est le pot-au-feu.

Si l’on parlait du « Petit Rocher », personne ne connaissait l’endroit, mais si l’on prononçait « Dinocheau », alors, tous les boulevardiers étaient unanimes pour vanter la qualité de cet établissement. Le seul décor était une grande glace occupant tout un mur. Edouard Dinocheau, fils, reprit la succession de l’auberge maternelle.

« La salle minuscule (elle existe toujours) pouvait contenir environ douze clients. Un petit escalier menant à une salle boisée, chêne vernis et papier rouge velouté. Table en fer à cheval, le dîner est bourgeois et provincial, de la soupe grasse et du bouilli. A la fin du dîner après le café, Dinochau, mine émerillonnée, dans ce monde dînant en manches de chemises, cheveux frisés, venant se mêler de littérature et racontant des charges d’Auvergnat ».

Fréquenté par Alexandre Schanne, une vielle connaissance, le musicien peintre fabricant de jouets auteur de la Symphonie sur l’influence du bleu dans les Arts, oui, le Shaunard des « Scènes de la Bohème. » ceux qui doutaient de son identité, étaient tout de suite convaincus par cette particularité, il avait le nez camard de face, et aquilin de profil !!!

Les soirs d’affluence, on finissait par y entasser plus de quarante personne parmi lesquelles on pouvait reconnaître certains jours :Jules Noriac,  Pothey le graveur chansonnier, Quidan le pianiste, Laurent Thiboust, Ravel le comédien du Palais Royal, Armand Barthet auteur du « Moineau de Lesbie », Léo Lèspès le Thimothée Trim du Petit journal, Henry Monnier, Baudelaire accompagné parfois  de Jeanne Duval, le piéton de Paris Paul Delvau, Poulet-Malassis, Scholl, Monselet, Jules Janin qui habitait rue Bréda, Félix Nadar Tournachon et Henri Mürger, enfant du quartier depuis sa naissance rue Saint-Georges.

Une mention particulière pour ce bohème trop méconnu à mon goût :Victor Cochinat,

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ce personnage hors du commun, était noir, pas métis comme Dumas et Privat d’Anglemont (qui avaient des visages lunaires en comparaison) dont on disait qu’il aurait pu faire rêver l’inventeur du cirage « Nubian » (la pâte à chaussure la plus connue à l’époque) Il était secrétaire intermittent de son ami Dumas qui l’avait pistonné pour un poste de rédacteur au Figaro où son esprit faisait l’admiration de ses confrères. Son goût pour la mystificaztion lui valu aussi de farouches ennemis. Iil fut nommé par Victor Scoelcher premier conservateur de la bibliothèque des livres sur l’esclavage que Victor avait donné à la Martinique. Sans oublier Théodore Barrière qui devait son succès à la pièce de Murger aux Variétés, et Durandeau caricaturiste qui habitait à Asnières

Ce brave Dinochau fit faillite en 1871, la plupart de ses « clients » oubliaient parfois de le payer. Pendant le siège de Paris, il s’était entêté à maintenir ses prix bas, le conduisant ainsi à la ruine. C’est Henri de Villemessant qui, flairant une bonne affaire, rachètera le restaurant en 1871.

Portrait fielleux par Edmond de Goncourt : « le père Dinochau, un vieil abruti, la mère Dinochau, qui avait de gros yeux saillants comme des tampons de locomotive et le fils devenu célèbre plus tard : un voyoucrate intelligent ».
Un autre portrait charmant que donne Jules cette fois, au cours d’un dîner chez Dinochau à propos d'une maîtresse de Mürger : « Maîtresse de Mürger, petite créature menue, visage tout pointu, tout bridé, tout retiré. Les cheveux sur le front, petite moustache piquante. Ratatinée, venimeuse, pie-grièche frottée de mots, disant que Buloz demande de ses nouvelles ».

Le Restaurateur des Lettres, c’est ainsi que Villemessant avait baptisé l’endroit


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24/11/2006

Colloque Jean Lorrain

Centenaire de la mort de Jean Lorrain
9 août 1855- 30juin 1906

Jean Lorrain ? Ses perversions ont dérangé, ses esclandres ont choqué,
sa lucidité a vexé. Victime de sa propre légende autant que de la rancune de ceux qu'il
a malmenés et scandalisés, il est clair que Jean Lorrain n'était "pas fait pour
les canonisations"
(Thibault d'Anthonay).

Programme

ProgrammeLorrain2_02.pdf

Bulletin d'inscription :
  Organisé sous le patronage du Cérédi à Fecamp


Centre d'études et de recherche"Editer-interpréter" de l'Université de Rouen

Vous pouvez également consulter le superbe site de Noëlle BENHAMOU : Maupassantiana


Fécamp
Théâtre Le Passage

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Vendredi 1er & samedi 2 décembre 2003

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22/11/2006

La Bohème Galante de Gerard de Nerval

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Par Bernard Vassor 
Théo te souviens-tu de ces vertes saisons
Qui s'effeuillaient si vite en ces vieilles  maisons
Dont le front s'abritait sous une aile du Louvre ? 
Balzac, dans "La Cousine Bette",fait une description du quartier situé derrière la place du Carrousel :
"La cousine Bette qui demeurait rue du Doyenné et qui prétextait de la solitude de ce quartier désert pour tiujours s'en aller après le dîner. (...)Ce ne sera pas un hors d'oeuvre que de décrire ce coin de Paris actuel, plus tard, on ne pourrait pas l'imaginer; et nos neveux qui verront sans doute le Louvre achevé,se refusera   ient à croire qu'une pareille barbarie ait subsisté pendant trente six ans au coeur de Paris, en face du palais où trois dynasties ont reçu pendant ces trente-six années, ont reçu l'élite de la France et celle de l'Europe. Depuis le guichet qui mène au Carrouse, jusqu'à la rue du Musée, tout homme venu ne fut-ce que pour quelques jours à Paris, remarque une dizaine de maisons à façades ruinées où les propriétaires découragés ne aucune réparation, et qui sont le résidu d'un ancien quartier en démolition depuis le jour où Napoléon résolut de terminer le Louvre. La rue et l'impasse du Doyenné, voilà les seules voies interieures de ce pâté sombre et désert, où les habitants sont probablement des fantômes, car on n'y voit jamais personne(..)Les ténèbres le silence, le froid glacial, la profondeur caverneuse du sol concourent à faire de ces maisons des espèces de cryptes, de tombeaux à vivants"
Cet endroit se trouve aujurd'hui à l'emplacement du pavillon Mollien au Louvre, comme, parait-il, l'emplacement de la rue de la vieille Lanterne est situé au niveau du rideau de scène du théâtre Sarah Bernhardt
C'est pourtant dans cet endroit sordide qu'une dizaine de jeunes gens choisirent d'y élire domicile et de créer le cénacle le plus fameux de cette époque vers 1835.
En 1834 Gérard de Nerval s'installe chez Camille  Rogier au 3 impasse du Doyenné. Arsène Hossaye et Théophile Gautier habitent tout près rue du Doyenné. C'est ainsi que se forme "la Bohème galante" où des amis Roger de Bauvoir, Chenavard, Petrus Borel, Auguste Dupoty, Henry d'Egmond, Alphonse Karr, Allyre Bureau Eugène Piot et Victor Loubens sont voisins de palier de Gautier   
Gérard choisira de mourir dans un lieu encore plus sordide :
A suivre....
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Rue de la Vieille Lanterne 


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Annexes: 
Remerciements à Eric Buffeteau, commisaire priseur à l'étude Pierre Bergé, pour son immense érudition nervalienne, sa patience au cours d'entretiens passionnés, et la clarté de ses explications avec sa truculence légendaire.
                                                                    ---------------------------------
Marguerite, dite Jenny Colon, Boulogne-sur-Mer le 5 novembre, d'une famille de comédiens obscurs. A quatorze ans elle avait débuté au théâtre Feydau dans un opéra-comique de Dallayrac, les deux petits savoyard. En 1823 elle débuta au Vaudeville dans une pièce de Paul de Koch, La Laitière de Monfermeil. En 1824, elle avait épousé Lafond, un acteur du Vaudeville Puis aux Variétés, le 27 octobre 1828, elle joue une pièce de Dumanoir, La semaine des amours. Entre l'opéra comique et le théâtre, elle se produit en Belgique où elle jouea le rôle de Marguerite dans Les Huguenots le 6 juin 1841. Epuisée, malade, elle revint mourir à Paris le 5 juin 1842. (Paul Delvau :Gerard de Nerval)
                                                                             --------------------- 
Photographie et hallucination
  • Paul-Louis ROUBERT, "Nerval et l'expérience du daguerréotype"

Nerval fut l'un des rares hommes de lettres de son temps à s'être essayé à la pratique du daguerréotype, en 1843, lors de son voyage en Orient. Une expérience décevante, qui confère à sa critique de la photographie une portée remarquable, et constitue une marque secrète dans l'évolution de sa réflexion sur le réalisme en littérature.

A SUIVRE

18/11/2006

LA PRESIDENTE

 Par Bernard Vassor 
Une erreur de l'employé d'état civil de la mairie de Mézière indique la naissance d'un enfant de sexe féminin auquel ont été donné les prénoms d'Aglaé Joséphine le 8 avril 1822 à neuf heures du matin. La mère Marguerite Martin agée de 24 ans non mariée, née audit Mézière y demeurant faubourg du Pont de Pierre, le sieur André Sabatier (sic)  sergent au 47°régiment d'artillerie en garnison à Mézière a reconnu que l'enfant provenait de ses oeuvres.
Bien que l'erreur de nom du père qui s'appelait en réalité Savatier  fut rectifiée en 1822, Aglaé conserva plus tard le nom de Sabatier et s'octroya le prénom d'Appolonie en supprimant son deuxième patronyme Joséphine.
André Savatier et Marguerite Martin se marièrent à la mairie du VI° arrondissement de l'époque le 27 octobre 1826, afin de régulariser leur situation et celle de leurs deux enfants (un fills et Aglaé). En 1832 deux autres enfants vont agrandrir le cercle familial, un garçon, Louis Joseph, etune fille Irma Adelina en 1832. C'est cette année là que le père décède à on domicile le 27 septembre de la même année. La famille habitat alors au 29 rue du Faubourg Saint Denis où la mère avait repris son métier de lingère. La vie étant trop chère à Paris, la famille va s'installer dans le village des Batignolles, rue des Dames où Marguerite Savatier travaillait dans une blanchisserie.
La jeune Aglaé après un séjour dans un pensionnat, est engagée comme figurante à l'Opéra Le Pelletier.
Nous savons que les coulisses de cet endroit, était un lieu de passage des membres du Jockey-Club et des mères des danseuses et des figurantes. La pratique courante à l'époque était de dédomager les mères des très jeunes filles pour pouvoir profiter des très jeunes filles. "C'est ainsi qu'eut lieu un marchandage dans lequel le comte de Pourtalès "obtint les bonnes grâces de la mère et les faveurs de la fille, à si bon marché, qu'il crut avoir été trompé. Il n'en était rien. Aglaé était encore parfaitement demoiselle, à son grand étonnement, qu'il crut devoir doubler la somme qu'on lui avait demandé. Pendant près de huit mois, Aglaé se conduisit très honnêtement envers son protecteur" (Les Cancans de l'Opéra)
Aprés avoir quitté l'Opéra, la très belle Aglaé devint modèle (et probablement la maîtresse) de peintres tout en continuant à être soutient de sa famille en aidant à la blanchisserie de sa mère. Elle apprit la musique et le chant avec les plus grands professeurs de l'époque (Laure Damoreau Cinti pour le chant). Aglaé Appolonie participa avec Laure Damoreau à des concerts de bienfaisance. C'est sans doute à l'une de ces représentations qu'elle rencontra Théophile Gautier qui resta son ami de coeur jusqu'à la fin de ses jours. Les ateliers qu'elle fréquentait étaient ceux de peintres plus ou moins obscurs , ou bien d'autres qui allaient connaître une grande notoriété dont : Léoplod Tabar, Camille Fontallard, Jules Dupré, Henry Lejeune, Jean-Jacques Feuchère, Henry Vidal, Théodore Rousseau et Meissonnier.
Elle partageat une grande amitié avec la femme de ce dernier Emma Meissonnier.
medium_Richard_Wallace.jpgA cette époque, elle fit la connaissance de Richard Jackson  qui ne s'appelait pas encore Richard Wallace (qu'il choisit en 1842 au moment où il devint le quatrième marquis d'Hetford après le décès de son père)Leur liaison dura de 1844 à 1846, pour ne reprendre qu'après 1871 ! C'est la rencontre avec Mosselman medium_Mosselman.jpgqui va marquer l'ascension de "la Présidente" chez Joseph Fernand Boissard à l'Hôtel Pimodan où elle fit partie du cercle très restreint  du Cercle des Haschichins.
Au Salon de 1847, la Bacchante (La femme piquée par un serpent) de Clésinger fit scandale. L'exposition d'une femme nue se tordant sur un lit de roses, un serpent s’enroulant autour de son poignet . De plus on accuse l'artiste d'avoir exécuté un moulage sur le corps de l'amie des romantiques Appollonie exécuté d'après un moulage sur nature des formes d’Apollinie Sabatier, Pour apporter un démenti à cette dernière accusation, Clésinger sculpta dès la fin de l’année 1847 cette Bacchante couchée, 
medium_SABATIER_musee_d_orsay_negatif.3.jpg Frédéric
Chopin dans une lettre à sa famille en Pologne le 8 juin 1847, écrivait : "Elle (la statue a tout simplement été commandée par Mosselman et représente sa maîtresse...à lui et à bien d'autres, c'est une femme entretenue très connue à Paris. (Clessinger était le gendre de George Sand)
Bibliographie :
Claude Pichois,Baudelaire Pléïade
Thierry Savatier Une femme trop gaie, CNRS éeditions
medium_hotel_de_lauzun_pimodan_violet.jpg
  Hôtel Pimodan, c'est là que sans doute Baudelaire rencontra pour la première fois Appollonie Sabatier, il participe comme elle aux "Fantasias"  Moreau_de_Tours_du_haschich_et_de_l_alienation_mentale_pr...
medium_AGLAE_APPOLONIE.jpg
A suivre...... 

17/11/2006

ALPHONSE GIROUX

Le marchand de couleurs de CHINTREUIL
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Par Bernard Vassor

Il ressemble au portrait peint par Murger dans "Les Buveurs d'Eau" pour le marchand de tableaux dont le héros est Francis Bernier

Il était établi 7 rue du Coq Saint Honoré, jusqu'à la destruction de sa boutique pour le percement de la rue de Rivoli. C'était un des 4 grands marchands entre 1830 et 1850. On l'appelait "Le marchand des princes" Dans son magasin se vendait tout ce qui était luxueux. En 1839, apès l'incendie du Diorama, il crée une école pour jeunes filles désirant apprendre l'aquarelle !

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On peut lire dans "l'Artiste" (1854) un article d'E.Henriet :

"Depuis  10 ans, Giroux n'a fait que de rares acquisitions. Cependant, son étalage rue Coq Saint Honoré ne manquait ni de solennité, de richesse. Il faut du moins lui rendre cette justice, que les ouvrages qui  faisaient le fond de ses exhibitions étaient toujours, mérite à part, dignes...(aujourd'hui M.Giroux est sans asile, de par la rue de Rivoli. Mais d'ici à quelques jours son brillant étalage va de nouveau resplendir, rajeuni et transformé au boulevard des Capucines, sur l'emplacement  de l'hôtel du Ministère des affaires étrangères, où le souvenir de Durand-Ruel et le désir de lutter avec M.Deforge ne manqueront pas de le piquer d'émulation et le porteront sans doute à faire de raisonnables concessions au goût actuel." Nous remarquons qu'à l'époque les deux autres "grands" étaient Durand Ruel* et Deforge du boulevard Montmartre. Dans l'Artiste de 1835, sous le titre Du Commerce d'objets d'art" :

"Ainsi les étalages de Giroux de Susse** et de Durand-Ruel ne sont à bien dire que des expositions établies dans l'intérêt des artistes, où leurs ouvrages ne risquent jamais d'être placées à dessin dans un mauvais jour (...) il y aurait mauvaise grâce à resister à l'esprit de son temps. Tout est aujourd'hui matière à commerce (...) Durand-Ruel dans ses mémoires indique :

"La vente des tableaux aquarelles et dessins ne rapportait que fort peu en raison du prix ridicule atteints par  les oeuvres les plus belles. Ainsi ces trois maisons (Giroux, Binant, Susse) et celle de mon père pouvaient-elles faire face à leurs frais que grâce à la vente de tableaux et dessins très en usage à l'époque."

*La maison Durand -Ruel était à l'époque 103 rue Neuve des Petits Champs, née de l'union de Jean-Fortuné Marie Durand, employé principal et de la papeterie Ruel dont il épousa la fille en 1825.

**Susse était place de la Bourse.

16/11/2006

L’Hôtel Pimodan et les Haschichins

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Par Bernard Vassor
                                                                                                                          Ce grand hôtel aristocrate 
Par Lauzun vous était promis, 
Et vous pouvez, mieux que Socrate, 
Le peupler de tous vos amis.

Au 17 quai d’Anjou, dans les années 1840, on pouvait lire sur la façade :

HOTEL DE LAUSIN (sic) 1641

En pénétrant à l'intérieur, une plaque de marbre portait l’inscription suivante :

HOTEL PIMODAN 

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 Cette ancienne maison  de l’Ile Saint Louis qui avait été formée par la réunion de l’île Notre-Dame, et de l’île aux Vaches au temps de Louis XIII. C’est à Poulletier qu’échut le lot comprenant le quai d’Alençon, aujourd’hui quai d’Anjou dans le partage de la cité en trois  quartiers. Le 4 février 1641 un nouveau propriétaire Charles Gruyn, seigneur de Bordes, fit édifier cet hôtel de 1650 à 1658. Cet homme qui fut conseiller du roi avait des origines modestes. Son père dirigeait le Cabaret de la Pomme de Pin, chère à Rabelais, rue de la Juiverie face à l’église de la Madeleine. Charles Gruyn épousa le 30 avril 1657 la veuve Lanquetot, « une jeune fille bien faite » héroïne d’un Historiette de Tallemant des Réaux . Après le décès de Gruyn, l’hôtel fut vendu à Messire Antoine Nompart de Caumont, chevalier comte, puis duc de Lauzun dont on connaît les aventures amoureuses avec la Grande Mademoiselle ! Pour en revenir à nos moutons l’hôtel de Charlotte de Lavallée Pimodan fut vendu le 2 messidor an XII au sieur Capon qui mourut à Champrosay le 8 septembre 1835. C’est donc le baron Pichon qui en était l’heureux propriétaire  au moment où va se former ce cénacle des paradis artificiels. Une kyrielle d’écrivains, et d’artistes fréquentant les riches cafés des boulevards à la suite de Roger de Bauvoir, le premier occupant de cette imposante demeure. Après son déménagement Fernand Boissard le remplace dans l'étage noble de l'hôtel. Parmi les convives des dîners, on pouvait rencontrer des médecins Trousseau, ou Favrot, ou bien Musset, Arago, Guttinguer, Mosselman et…. ! On retrouve également de nombreux locataires de l’hôtel du vicomte de Botherel de la rue de Navarin. Théophile Gautier, le peintre Fernand Boissard, la superbe Maryx modèle d’Ary Scheffer et de Delaroche. Une certaine  Aglaé Savatier destinataire des célèbres lettres à la Présidente de Théophile Gautier et inspiratrice « de la moitié » des Fleurs du Mal et c'est ici que dut avoir lieu la rencontre avec 

 

Baudelairemedium_hotel_de_lauzun_13.jpg vint habiter là entre 1845 et 1847, il avait vécu auparavant quai de Béthune avec Jeanne Duval. Il occupait le bâtiment du fond au troisième étage sous les combles qu'il avait meublé de façon "gigantesque" selon l'expression de Banville qui était venu le visiter. Des fauteuils et des divans dans des pièces plutôt petites, une table ovale, "une de ces tables comme on en trouva au

XVIII° siècle, mais que bien des menuisiers modernes sont impuissants à imiter". Le plus impressionnant était le lit de chêne, sans pieds ni colonnes, sorte de cercueil sculpté" qu'il avait acheté chez le brocanteur installé au rez de chaussée de l'hôtel Pimodan. Boissard organisait des receptions qui furent célèbres, des concerts de musique de chambre auxquelles assistait Delacroix. La vision du « Club des Haschichins » de Gautier parut dans la « Revue des Deux mondes »  le 1 février 1846. Theophile_Gautier_Le_club_des_Haschichins.pdf

Ces célèbres réunions des Haschichins organisées par Boissard se tenaient dans son appartement. L'importance réelle a été bien exagérée, il n'y eut d'après Gautier qu'une dizaine de Fantasias. La première eut lieu le 3 novembre 1845 et la deuxième le 22 décembre. connaissons quelques noms de participants : Balzac,  Baudelaire, le docteur Cabarrus Messonier, Gerard de Nerval, Chenavard, Henry Monnier, Alphonse Karr, Tony Johanot, et Théophile Gautier. Pour les femmes, plusieurs firent l'expériience de la drogue : Emma Messonier, Louise Pradier, Maryx, Ernesta Grisi et Aglaé Joséphine Apolonie Sabatier.

Le haschich n'était pas fumé, mais consommé sous forme de confiture. C'est le médecin psychiatre Jacques Joseph Moreau de Tours qui fournissait la drogue. Il en avait publié l'usage, les effets et les maladies en découlant dans un ouvrage paru en 1845 : Jacques Joseph Moreau de Tours, du haschich et de l'aliénation mentale, Librairie Fortin, Masson et Cie 1 Place de l'école de Médecine

 

Un peintre, courtier, marchand de tableaux, marchand de couleurs avait une échoppe au rez-de-chaussée. Il se nommait Arrondel et avait la réputation de vendre des faux (à Baudelaire notament)  

15/11/2006

A PROPOS DE COQUENARD ET DE BRUTUS

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Au XVI° siècle, le quartier des Porcherons dépendait de la justice seigneuriale accordée par Louis VII au chapitre de Sainte Opportune"tant dans toute l'étendue des prés situés au sous Montmartre que sur d'autres points."

La justice seigneuriale avait pour siège une maison dîte "La Gamache aux Porcherons" sur le mur de laquelle était apposée une copie du titre confirmatif signée Henri III.

La censive des dames de Montmartre était alors séparée par des fossés. Ces fossés étaient remplis d'eau, c'est de là que l'on pouvait parler d'îles et d'atterrissements, et l'on pouvait passer en bateau des fossés de la Grange Batelière au ponceau de la croix Cadet qui était aussi sur le chemin du grand égout. On suppose l'existence d'une lavoir, d'un bassin ou d'une "chaudière" dans les fossés.

Cette rue Coquenard, est très souvent confondue avec la rue Neuve-Coquenard

La rue Neuve Coquenard qui commençait, avant 1861, rue Lamartine avait absorbé en 1819, l'impasse Brutus ; cette impasse qui existait en 1790, avait été prolongée en 1819 jusqu'à la la rue de la Tour d'Auvergne. L'impasse Coquenard est une partie de la rue Rodier, appelée à l'origine Cité Rodier

A l’origine de ce nom des gens malintentionnés prétendent qu’il provient d’un bon bourgeois de Paris, bon époux à qui ses malheurs conjugaux célèbre dans son quartier dont il faisaient la joie avaient valu ce sobriquet désobligeant.

Une autre version pour laquelle penchent les registres de Saint Germain l'Auxerrois, les mots coquina, coquinaria, coquinarius, coquinare qui voulaient dire dans le latin de moyen-age, cuisine, cuisinerie, faire la cuisine, pour que le souvenir des porcs et des cabarets des Porcherons ne soient pas englobé dans ce petit nom inconvenant.

Le  voisinage des guinguettes valait à la rue au temps de Louis XIV le sobriquet de : Goguenard. 

Dans ce quartier, jadis, au flanc du coteau de Montmartre étaient des restaurants, des guinguettes, les Porcherons où s’allumaient les jours de sainte Liesse, « pour le pourchas des parisiens, les feux des cuisines coquinaria indenomen »

Au milieu de ces « rinces-bouteilles » s’élevait la petite chapelle des Porcherons ou Saint-Jean Porte Latine se transforma en 1646 en église Notre Dame de Lorette sous la protection des abbesses de Montmartre. Entre l'église et la rue des Martyrs, il y avait 3 maisons, un bureau pour la perception des droits d'entrée où une barrière marquait la frontière à la Croix des Porcherons, et une autre à la Croix Cadet au bas de la rue Rochechouart. La partie basse de la rue était fermée par le mur du cimetière appartenant à la paroisse Sainte Eustache, contigüe aux écoles de charité. Le cimetière touchait d'autre part à un marais de "3 arpents, dont le cens était reconnu à Sainte Opportune en 1728 par François Jourdain, prêtre, maître et administrateur de l'hôpital Sainte Catherine. Le jardinier Cliquet, fermier de ce marais était propriétaire à l'encoignure de la place Cadet, de plusieurs quartiers de terre et de deux maisons dont son gendre, nommé Ledru, également maraicher hérita en 1740. Les fermiers- généraux firent construire un mur devant ces maisons de jardinier, pour assurer la recette des deux bureaux établis aux deux bouts de la rue, bien que la plupart des buvettes étaient déjà installées plus haut, vers la butte . Mais les fraudeurs, avaient été pratiqué sous le mur des fermiers-généraux pour faire passer le vin qui provenait d'une bicoque située dans le cul-de-sac de l'impasse Brutus.

Ce passage qui reliait à la rue Rochechouart, avait pour propriétaire M. Briard, c'était le repaire des chiffonniers et des dames galantes pendant la Commune de Paris de 1792

Sous la restauration, un charpentier qui avait acheté la masure, fut fort surpris en faisant des travaux de se trouver à la tête d'une cave richement pourvue en vins dans une cave parfaitement entretenue.

A l'emplacement du 1 et 3 rue Lamartine, Le Grand Salon une buvette géante, où pouvaient tenir 800 personnes servait de bal les jours de fêtes et de Carnaval, on pouvait y côtoyer  des domestiques, des paysans, et des grandes dames venues s'encanailler incognito.  L'endroit fut transformée en caserne en 1815.

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 La chapelle des Porcherons qui était celle des cabaretiers se transforma en 1646 avec permis de l'archevêque de Gondi. moyennant réserve pour l'abbesse de Montmartre du droit qu'elle avait d'y nommer le bénéficier, sous le vocable Notre Dame de Lorette cette petite église qui portait auparavant le nom de Saint-Jean-Porte-Latine.

Pendant la révolution, les bâtiments avaient été vendus en l'an IV 

Dénommée plus tard Notre Dame de Lorette qui fut déplacée (construite par Hyppolyte Lebas en 1823) comme chacun le sait un peu plus loin à la Croix des Martyrs. Les cuisiniers y avaient le siège de leur confrérie et au jour de la fête de leur patron :

Saint Honoré

Qui est honoré

Dans sa chapelle

Avec sa pelle…

Tout de blanc vêtu comme de pures épousées, ils portaient en offrande un énorme pâté d’où, au moment de l’élévation, s’échappaient des volées de pinsons.

Le gouvernement de Napoléon III qui n’aimait pas les mots grivois, remplaça le vocable Coquenard pour y substituer le

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nom plus banal de Rodier. La cité Rodier existait déjà depuis l’établissement des abattoirs de Montmartre. C’est en 1897, que l’impasse Coquenard fut alignée et percée. C’est de ces complications que subsistent les erreurs commises aujourd’hui quand on évoque ces lieux. En clair : la rue Neuve-Coquenard est aujourd’hui la rue Lamartine (dont le nom existe depuis le 16 mars 1848), la rue Coquenard, la rue Rodier. Pour compliquer un peu les choses:

Elle fut ouverte en 1833 sur une largeur de 7,50 m, et portait le nom de cité Rodier (Juliette Drouet y vécut vers 1848). Par décret du 30 décembre 1873, depuis les numéros (conduisant des abattoirs de Montmartre) 9 et 10 inclus jusqu'à la rue de la Tour d'Auvergne.  Alignements (non retenus au POS). Déc. du 30 décembre 1873, depuis les noméros 2 et 9 inclus jusqu'à la rue  Tour d'Auvergne sauf sur une longueur de 5 m environ après la limite séparative des numéroos 6 et 10. Décret du 11 octobre 1850, pour la partie basse.  Le numérotage actuel a été fixé par arrêté du 19 juin 1877.   L'arrêté du 1er février 1877 réunissait la rue Neuve Coquenard, comprise entre les rue de Maubeuge et de la Tour d'Auvergne, à la rue Rodier, comprise entre la Tour d'Auvergne et de l'avenue Trudaine.

Comme pour toutes les rue ayant changé de nom au XIX° siècles, les habitant et des archives conservaient l'ancien patronyme pendant plusieurs dizaines d'années.

 

14/11/2006

Un marchand de tableaux, marchand de couleurs

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Par Bernard Vassor 

Au temps de la bohème des buveurs d'Eau

30 ans avant Emile Zola dans l’Oeuvre, Murger fait un portrait au vitriol des relations entre le commerce de l’Art et les artistes. Le Père Malgras est un enfant de cœur en comparaison ….

Le personnage qui tient la plus grande place dans « Les Buveurs d’eau » est un jeune peintre débutant Francis Bernier. Habitué à l’aisance dans sa famille, il choisit néanmoins son indépendance et « la vache enragée » qui signifie la misère dans la langue populaire. Accueilli sans rétribution dans l’atelier d’un maitre célèbre, Francis y travailla pendant deux ans. Un jour, après la leçon, le maitre le prit à part et le congédia en lui disant qu’il n’avait aucun talent et qu’il ne serait jamais un artiste…. Cette annonce, au lieu d’être un obstacle fut un éperon  pour le jeune rapin. En travaillant seul avec acharnement, il produisit deux toiles qui contrastaient avec sa production ordinaire. C’était une peinture tourmentée outre mesure, grossière, malhabile, tapageuse à l’œil, mais enfin c’était de la peinture. Les défauts et qualités se montraient avec la même audace dans ces œuvres qui n’étaient ni excellentes ni bonnes, mais il était réellement impossible de passer devant sans s’arrêter. Dés lors Francis ne douta plus de sa vocation. Le hasard voulut qu’un marchand entendit parler de ces tableaux. Le marchand vint les voir, il avait la vogue pour cette étrange clientèle qui venait s’y livrer. Ce personnage était en train de faire fortune, et prenait volontiers des allures de mécène, faisait ses affaires en voiture et ne se promenait jamais sans le filet d’or avec lequel on pèche les bonnes occasions. Quand il entrait dans un atelier les tableaux tremblaient à la muraille. --Je prend vos tableaux, dit-il à Francis, c’est peut-être un affaire chanceuse, vous n’êtes pas connu,  j'achète,  Cet homme qui faisait des bonnes affaires grâce à ses relations, avait une boutique bien placée dans un riche quartier. L’exposition dans sa galerie était une quasi-publicité. Il achetait à bas prix des peintures qui ne pouvaient avoir de succès auprès des amateurs sérieux,, mais dont il trouvait le placement dans les boudoirs de la haute galanterie. Il aimait disait-il lancer les jeunes gens auxquels il reconnaissait cette médiocrité souple qui produit et travaille vite sur commande. Les jours où la nécessité marchait sur leurs talons, ils venaient consigner des tableaux sur lesquels, ils recevaient une misérable avance. Si la somme n’était pas restituée au bout d’un certain temps la consignation devenait  <!--[if !supportEmptyParas]-->la propriété du marchand. Il ouvrait en outre des crédits pour des fournitures qui pouvaient être remboursées par des œuvres d’art. Par ce moyen, il devint possesseur d’un grand nombre de tableaux destinés à l’exposition avant même qu’ils eussent quittés le chevalet. C’était de l’usure déguisée en protection ! 

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« Pour un artiste, surtout s’il est pauvre, si dans son obscurité patiente, il s’est demandé cent fois en regardant son œuvre : -Toi qui doit me fais vivre, vis-tu toi même ? ai-je en moi le souffle qui anime les créations de l’Art ? et si je le possède, ai-je su le communiquer ? » Francis allait souvent stationner devant la boutique du marchand

A suivre….

VERNES, une dynastie post-balzacienne

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Par Bernard Vassor.

Il résulte d’un acte de société du deux avril, enregistré à Paris le 10 avril, folio 5 case 4. Entre M. Félix VERNES et M. Adolphe VERNES, que la société qu’ils ont formée le 11 juillet 1859, pour l’exploitation d’une maison de banque sous la raison VERNES ET COMPAGNIE, et dont le siège est à Paris, rue Drouot, n. 20, et qui devait expirer le 31 décembre 1861, est et demeure prorogée jusqu’au 31 décembre 1863.. En cas de décès de M. Félix VERNES, la société pourra être continuée pendant six mois après ce décès et en cas de décès de M. Adolphe VERNES, la société pourra être continuée pendant un an et cela alors même que ces prolongations dépasseraient le terme fixé pour la société.

A cette époque le 20 rue Drouot était le domicile de François-Victore Hugo jusqu'à sa mort à son domicile.

Vincent Van Gogh, qui passait tous les jours devant cette banque pour se rendre boulevard Montmartre, ne pouvait pas imaginer que les successeurs  de ces financiers, achèteraient pour une petite fortune un de ses tableaux.... medium_jardin_a_auvers.jpg