Référencement gratuit

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

21/12/2006

La prison Saint Lazare

medium_prison_saint-lazare_09.jpg
Rue du faubourg Saint Denis 
medium_prison_saint-lazare_DORTOIR_DES_PROSTITUEES.jpg
 medium_prison_saint-lazare_la_chapelle.jpg
 
à gauche, dortoir des prostituées 
 
                                     à droite, la chapelle
 
medium_prison_saint-lazare_LA_MENAGERIE.jpg
Cages cellulaires appelées "La ménagerie" 
 

                                 
 

 

medium_prison_saint-lazare_SOUSTERRAIN.jpg


Souterrain de la prison Saint-Lazare
medium_prison_saint-lazare_fourgons_cellulaires_la_cour.jpg 
 
 
medium_Prison_st_lazare_entree_05.jpg
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
medium_prison_st_lazare_arrivee.jpg
medium_CARCO_visite_a_la_prison_saint_lazare.jpg
FRANCIS CARCO, visite à la "Prison de femmes" 
 
 

11:30 Publié dans Quelques images | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

20/12/2006

Le cabaret « Le CHIEN NOIR »

medium_JULES_JOUY.05.jpg

 

Par Bernard Vassor 

La société chantante « le Gardénia » par les dissidents de la rue Victor Massé

 

Publié en partie sur terres d'écrivains Le mardi 6 décembre 2005.

Joli toutou, notre chien noir,
Enfin joyeux de vous revoir
Donne sa patte !
Il sait très bien, sans aboyer,
Faire les honneurs du foyer
A qui le flatte.
La légendaire pingrerie de Rodolphe Salis et sa fâcheuse tendance à toujours tirer la couverture à lui ont conduit bon nombre de chansonniers à se séparer du « gentilhomme de la rue de Laval." 

Quel meilleur nom trouver que celui de l’ennemi héréditaire du Chat ? C’est donc au « Nouveau Cirque », 251 rue Saint-Honoré, dans des locaux de la défunte salle Valentino que Jules Jouy, Vincent Hyspa, Paul Delmet, et Victor Musy allèrent s’installe et baptisèrent l'endroit Le Chien Noir . Ils furent bientôt rejoints par Emile Goudeau, Alphonse Allais et un petit débutant venu de Bretagne : Théodore Botrel. C’est là qu’il (Botrel) connut le succès avec une chanson écrite à la hâte et modifiée au dernier moment en raison d’une assonance. Il était question de peau de lapin qui devait rimer avec déplaise. Notre barde breton se souvenant de ses origines ajouta à lapin....polaise.

Jules Jouy (1855-1897)était surnommé, à l’époque, le roi des chansonniers. medium_jules_jouy_09.jpgIl avait fondé les concerts du Théâtre des décadents, organisé des revues à l’Eldorado et à la Scala. Son œuvre chansonnière est considérable. C’est à lui que l’on doit : «  La Muse à Bibi » (illustrée par André Gill) et une adaptation du Rêve de Zola, avec des dessins de Depaquit.
Il est mort fou en 1897. Son enterrement fut suivi par le "Tout Montmartre"... Il avait quarante quatre ans.

A lire si vous le trouvez :  Léon de Bercy, Montmartre et ses chansons, Daragon libraire, 10 rue Notre-Dame-de-Lorette Paris, 1902.   

LA SALLE VALENTINO

medium_VALENTINO_SALLE_05.jpg

Par Bernard Vassor 

Dans une immense salle de 1200 places, les Franconi y installèrent un cirque au début du XIXème organisant des spectacles militaires. Il avait une entrée sur la cité Chabrand. Ce Chabrand qui racheta l'endroit pour y créer un bazar.

En 1830, il loua ces locaux qui servirent  pour l'abbé Châtel, qui y installa son église schismatique : l'"Eglise catholique française"

qui ne tint que quelques mois, pour s'instaaler ensuite 59 rus du faubourg Saint Martin. 

Salle Valentino 247-251  rue Saint-Honoré. Du nom d’un violoniste  (Valentino Henri Justin Joseph, Lille 1785- Versailles 1865) chef d’orchestre qui avait « magistralement dirigé le Guillaume Tell de Rossini le 3 août 1829 à l'Opéra Le Peletier ».
Après l’arrivée du docteur Véron à la tête de l’Opéra Lepelletier qui avait réduit le traitement des membres de l’orchestre, Valentino donna sa démission et prit la direction de l’Opéra-comique jusqu’en 1837.

 Chabrand fut contacté par Musard pour l’établissement d’une salle de concert en association. On installa un café, un promenoir et une orangerie.  Le bazar Chabrand fut baptisé « Champs Elysées d’hiver », en 1834 Musard obtint que son nom lui fût substitué. En 1838 Chabrand apprit que « Napoléon-Musard »avait obtenu de la préfecture l’ouverture d’une salle de concert rue Vivienne, le laissant seul face à des engagements financiers importants rebaptisa son établissement «Salle Saint Honoré ».   

Le 15 octobre 1838, il inaugurait une salle de concert à la hauteur des numéros . Il confia « la musique sérieuse» à Valentino.  La salle qui pouvait contenir 1200 place, fut d’abord réservée aux concerts classiques trois fois par semaine. Puis, le succès aidant, le reste du temps elle servait de salle bal et à des concerts de musique légère. « Mais bientôt envahie par les quadrilles, les symphonies de Beethoven durent céder le pas aux galops et danses échevelées. » En 1841, la salle devint une succursale du bal Mabille et Valentino se retira définitivement. Son nom resta attaché à cet établissement jusqu’à sa fermeture définitive vers 1880-1886.  En 1848 et 1871, elle servit de lieu de réunion aux « Clubs rouges ».  A l’emplacement du « Concert Valentino »

La propriétaire de l'époque en 1881, la baronne Ladoucette, vendit les lieux à la Société française des grands panoramas qui inaugura un grand panorama des peintres Poilpot et Jacob : La Bataille de Reischauffen.

Ensuite, ce fut Oller qui installa un établissement hydrothérapique pendant une brève période pour être remplacé par "le Nouveau Cirque" avec des spectacles de pantomimes et de concerts populaires.Puis le cabaret « le Chien Noir » (article SUIVANT) y a trouvé ici un nouveau public.  L'endroit fut fermé définitivement en 1926.  

Annexes : Les  clubs révolutionnaires 1848 Alphonse Lucas  les Clubs rouges :

"Le Club des Clubs, comme du reste toutes les associations démocratiques, cherchait à agir sur l’esprit de l’armée, à semer dans ses rangs la démoralisation et l’indisicipline. Nous donnons place ici à deux pièces qui nous paraissent curieuses, non seulement par ce qu’elles renferment, mais encore par les noms dont elles sont signées. (p. 63) Les membres dirigeants du Comité central électoral, tenaient des séances dans les divers arrondissements de Paris et les principales localités de la banlieue; celles qui avaient lieu rue Saint-Honoré (salle Valentino), sous la présidence du citoyen Patorni, avocat à la cour d’appel, étaient les plus suivies. Rien n’était plus risible que l’éloquence du président Patorni; il avait contracté la singulière habitude de chanter à la tribune la romance de Béranger intitulée les Souvenirs du Peuple; mais l’enthousiasme était si grand en faveur du neveu de notre grand empereur, que ces ridicules facéties étaient chaque soir vigoureusement applaudies. Les citoyens A. Legallois et Hippolyte Bonnelier étaient les orateurs ordinaires des réunions napoléoniennes; le premier est un très-singulier socialiste dont nous disons quelques mots à l’article Club de la Montagne (rue Frépillon). A propos du second, nous avons imprimé ce qui suit dans une publication précédente:

« Le citoyen Hippolyte Bonnelier homme de lettres, auteur de plusieurs romans d’un mérite douteux, ancien sous-préfet à Compiègne, ex-comédien du second Théàtre-Français, où il débuta sous le nom de Max, et décoré de juillet, s’était fait, après la proclamation de la République, une assez singulière spécialité doué d’un organe sonore et de l’éloquence à périodes ronflantes mais dépourvue d’idées que les masses applaudissent avec un si vif enthousiasme, il promenait l’un et l’autre de club ou club, dénigrant aujourd’hui ce qu’il avait loué hier. Nous avons tour-à-tour entendu ce citoyen au club Blanqui, au club démocratique du faubourg Montmartre, au club des femmes, etc., etc. Son éloquence cosmopolite se fit surtout applaudir dans les réunions du Comité électoral napoléonien?  Nous avons entendu le citoyen H. Bonnelier, dans une des séances du Comité central, à la salle Valentino, appliquer ces mots à madame la duchesse de Berry: «Cette femme dont la robe était mal attachée.» A ce moment-là, le citoyen H. Bonnelier avait sans doute oublié qu’il avait été le lecteur ordinaire de cette princesse, et que plus d’une fois, il avait eu à se louer de sa générosité» 

A propos de ces quelques lignes, le citoyen H. Bonnelier nous a fait menacer, par tous les journaux, d’un procès en diffamation dont nous attendons encore les résultats. Dans sa note adressée aux Journaux, le citoyen H. Bonnelier affirme que jamais il n’a fait partie de la maison de Madame la duchesse de Berry. Nous lui donnons ici, de notre plein gré, acte de sa réclamation; nous pouvons avoir été induit en erreur par des renseignements inexacts. A part cette exception, nous maintenons tout ce que nous avons avancé. (pp. 75-76)

18/12/2006

Le bal du Prado dans le 9eme arrondissement

Par Bernard Vassor
 
 

Dans l’île de la Cité

Rue de la Barillerie :

Ce nom lui venait du nombre de taverniers-fabricants de barils (barilliers) qui y avaient ouvert des échoppes. Une chanson ancienne des moines cordeliers évoque l'expression de cabaret de "s'en fourrer une culotte" l'explication étant qu'un jeune moinillon ayant bu plus que de coûtume donna la raison "qu'il avait avalé la culotte de velours du bon Dieu"

Boire à la Capucin


e

C'est boire sagement,

Boire à la Célestine

C'est boire largement

Boire à la Jacobine

C'est chopin à chopine

Mais boire en Cordelier

C'est vuider le cellier

Aujourd’hui au Tribunal de Commerce boulevard du Palais

Le Prado :   On y dansait sur les ruines de l’église Saint-Barthélmy

La rue de la Barillerie est une des plus anciennes rues parisienne. Cette voie gauloise, était le chemin qui conduisait au palais des thermes au temps où Lutèce était assiégée, humiliée, occupée par les romains. Elle était gardée des deux côtés par deux forts, du Pont aux Changes d'une part au Pont Saint-Michel d'autre part- Les religieux de Saint Barthélemy firent construire vers le cinquième siècle une chapelle à laquelle ils donnèrent le nom de leur patron. En 968 Hugues Capet ordonna son agrandissement pour la faire devenir chapelle royale. Le nom du cabaret le plus ancien date du XI° siècle, c'est le Rat-Viné auquel est attaché une légende.

François Villon dans la Ballade de bonne doctrine engage le parisien :

Chausses, pourpoints esguilletez,

Robes et toutes vos drapilles,

Ains que vous fassiez pis,-portez

Tout aux tavernes et aux filles !

En 1772, le bâtiment menaçant ruine, le roi décida qu’elle serait entièrement reconstruite. Le portail était terminé quand la Révolution mit un terme aux travaux. Elle fut vendue en vertu de la loi du 18 février 1791, comme propriété nationale. C’est un théâtre qui fut ouvert le 21 octobre 1792, sous le nom de Théâtre du Palais des Variétés. La rue de la Barillerie sur une place demi circulaire face au Palais de justice de l’autre côté du quai, était coupée par la rue de la Pelleterie, un pâté de maisons auquel s'adossaient sur la gauche les restes de la vieille église de Saint-Barthélemy, transformée, vers la fin de 1792, en un théâtre qui porta les noms les plus divers : théâtre Henri IV, Palais-Variétés, théâtre de la Cité, Cité-Variétés et des chanteurs allemands exploitèrent la salle qu’il nommèrent Théâtre Mozart. C'est là que l’on représenta en 1795, « L’intérieur des comités révolutionnaires », une sanglante satire qui ait jamais dénoncé la tyrannie des Jacobins. Le théâtre subit diverses transformations en 1807 : loge maçonnique, estaminet, et finalement un bal public.

medium_prado_15.jpg

A l'angle du demi-cercle et de la rue de la Barillerie, il y avait le café Thémis qui accueillait les avocats qui conféraient avec leurs clients, comme dans une succursale de la salle des Pas Perdus, et les chroniqueurs des feuilles judiciaires venaient y chercher quelques échos. En 1805 l’acteur Baulieu qui avait tenté de relever le théâtre, se brûla la cervelle dans le salon du café d’Aguesseau qui existait encore en 1861 sur le devant du boulevard du Palais. C’est en 1810 qu’un nommé Venaud y établit un bal auquel il donna le nom de Bal du Prado ( deux passages avaient été percés en 1792, l’un était le passage de Flore, l’autre passage du Prado). Le théâtre était la salle de danse, les autres pièces furent transformées en loges maçonniques. C’est dans une de ces loges que Napoléon et l’Impératrice, assistèrent à une fête d’adoption, donnée par les vénérables Lannes et Poniatowski. L’orchestre du Prado était dirigé par le grand Pilodo.
 Le lundi et le vendredi, toutes les célébrités des bals de Paris s’y donnaient rendez-vous. On y rencontrait : Louise la Balocheuse, Alexandrine aux cheveux d’or, Céleste Mogador, Eugénie Malakoff, Blondinette Traîne-Pattes, Charlotte Cordée, et celle qui était Marguerite la Huguenotte avant de se faire appeler« la Rigolboche » (Une petite femme blonde destinée très vite à l’embonpoint dit Delvau). Le Prado qui avait une grande renommée, était le passage obligé de tout étranger arrivant à Paris. ci-dessous à gauche l"entrée du bal du Prado, destruction de la rue de la Barillerie pour faire place au boulevard du Palais

Il a été démoli en 1860 pour faire place au tribunal de Commerce, les plaideur prenant ainsi la place des « chahuteuses ». Après la démolition, coïncida l’ouverture du Casino Cadet qui bénéficia d’une partie de la clientèle et des danseuses du « Prado »

Le café "La Nouvelle Athènes", la place Pigalle, "Le Rat Mort"

    Par Bernard Vassor


Le vendredi 9 septembre 2005.

J’me souviens d’un coin de rue aujourd’hui disparu...

Il n’y a aucun autre endroit, où ont pu se révéler tant de talents littéraires et artistiques. En 150 ans, ce lieu a accueilli ceux qui se sont révélés être les pionniers de leur temps.

Nouvelle Athènes, aujourd’hui le n°9 place Pigalle.

La place Pigalle et ses cafés, première partie

Aménagée en quarts de cercle en 1826, après le percement des avenue et rues Frochot et Dupéré à la barrière Montmartre ( ou barrière Pigalle). La fontaine en son centre date de 1863. Jusqu’alors, à la place de cette fontaine, un "puits encagé" devant la rotonde de la barrière décorait le lieu. On n’y puisait plus d’eau depuis longtemps, mais le puits existait quand même dans ce quartier Bréda où fleurissaient lorettes peintres et modèles de tout acabit. De chaque côté de la rotonde se trouvait une guérite près de la grille du "mur murant Paris" C’est le 22 mai 1862 que Gabriel Davioud (1823-1881), architecte, présente son projet. La fontaine est construite entre 1862 et 1863 à la place de la rotonde. Au centre du bassin circulaire interrompu par six bornes carrées, un piédestal octogonal supporte un piédouche cannelé et une vasque à godrons en fonte.
Dans une lettre du 29 juin 1868 de la Direction des Eaux et Egouts de Paris, on note : « Cette vasque est le réceptacle de toutes les ordures du boulevard et même des pavés et moellons trouvés aux environs ; les cantonniers y lavent leurs balais, les marchandes aux petite voitures s’y débarrassent de leurs rebuts de poissons ; le soir, vers la nuit, c’est là que l’on vient baigner et nettoyer tous les chiens du quartier ».
La conséquence en est l’installation d’un petit jardin autour de la fontaine, et d’une grille de fer qui servait de clôture.
C’est dans la seconde moitié du 19ème siècle que la place Pigalle va jouer un rôle important dans la vie artistique parisienne.

Au n°1 se trouvait le café « Abbaye de Thélème » où les garçons étaient habillés en moines et les serveuses en moniales.

Au n° 7 actuel de la place, un limonadier s’installe en 1835. Cet établissement édifié à l’angle de la rue Frochot et de la place, se nommait "le Grand Café de la Place Pigalle" mais les clients vont s’empresser de le baptiser "le Rat Mort" en raison de l’odeur pestilentielle qui empuantissait l’endroit, ce qui ne l’empêchera pas de devenir le rendez-vous de tout ce qui comptait comme journalistes, écrivains, peintres et jolies dames esseulées. On pouvait aussi rencontrer tous les chiens du quartier, terriers, épagneuls, bichons havanais, lévriers, barbets, caniches, qui s’y livrent à des combats acharnés. Cet endroit est aujourd’hui un lieu de striptease.

Aux confins de la rue Pigalle, à la jonction des deux demi-lunes qui avaient été tracées de part et d’autre en partant des guérites et qui était le passage des boeufs conduits à l’abattoir de l’avenue Trudaine s’installa un autre marchand de vin. Quelques années plus tard (vers 1855), que cet endroit sera connu sous le nom de "Nouvelle Athènes". C’est aujourd’hui le n°9 place Pigalle.

Au n°11, les Folies Pigalle ont remplacé les ateliers d’artistes qui se trouvaient là et où notamment Puvis de Chavannes (entre autres artistes) y avait son atelier.

Au n°13 enfin, au rez-de-chaussée du bel immeuble construit en 1879, se trouve le grand café Les Omnibus, le « marché aux musiciens »jusqu’à la fin des années 1960 et qui tient son nom de la ligne Pigalle-Bercy établie à côté de « La Poste aux Chevaux »,
Lieu historique qui lui aussi a été dévasté et qui est remplacé par des immeubles « modernes »

On peut imaginer Baudelaire attendant de voir passer « Apolonie », attablé à « La Nouvelle Athènes » écrire sur une feuille volante cet hommage à Paris la Catin, qui figure dans l’exemplaire de Poulet-Malassis :

Hommage à Paris, vu du Haut Montmartre :

"Je t’aime, ô ma très belle ô ma charmante... Que de fois...
Tes débauches sans soif et tes aurores sans âme, Ton goût de l’infini,
Qui partout dans le mal lui-même se proclame,
Et tes feux d’artifice, éruptions de joie,
Qui font rire le ciel, muet et ténébreux.
O vous soyez témoins que j’ai fait mon devoir,
Comme un parfait chimiste et comme une âme sainte.
Car j’ai de chaque chose extrait la quintessence :
Tu m’a donné ta boue et j’en ai fait de l’or".

Ce lieu restera dans l’Histoire comme le siège des avant-gardes, des impressionnistes au mouvement punk en passant par le jazz, le tango (premier endroit où "l’importateur" du tango Manuel Pizaro donnera des cours au premier étage dans les années 1920). Il était à lui seul un symbole.    

LA RUE DES MARTYRS

Par Bernard Vassormedium_24_RUE_des_martyrs_AU_GAGNE_PETIT.jpg
A suivre............ 
medium_GALERIE_DES_MARTYRS_10_RUE_DES_MARTYRS_05_sepia.jpg
 

15/12/2006

Le Café de la Porte Montmartre

medium_Cafe_le_Porte_Montmartre_05_sepia.jpg
 
Par Bernard Vassor

La belle et le commissaire

En partie sur Terres d'écrivains le mercredi 7 décembre 2005.

L’inspecteur de police Marais était le subordonné de Sartines, le lieutenant général de police qui servit souvent de référence à Balzac pour "la Comédie Humaine".

À l’angle de la rue Montmartre et du boulevard Poissonnière
Les historiographes du XIX° sont unanimes, il ne se passait jamais rien dans cet établissement. Pas de belles de nuit autour des tables de sa terrasse. L’endroit ne leur était pas plus défendu qu’ailleurs, mais elles comprenait que ce côté du boulevard n’était pas aussi galant que l’autre, et qu’elles y feraient choux-blanc.
Seuls quelques égarés chassés du café de Madrid , du café de Suède ou bien des Variétés venaient s’y échouer.

Pourtant, ce qu’ignoraient les chroniqueurs du second empire, c’est que cet endroit avait connu ses heures fastes un siècle plus tôt.
Cette maison d’angle existait déjà sous Louis XV où un limonadier  était installé au rez-de-chaussée .
En 1764, une femme nommée Richard, dite Emilie avait loué deux étages au-dessus du cafetier, un logement qu’elle occupait avec l’inspecteur de police Marais, qui s’accommodait fort bien des visites de sa fidèle compagne. Deux autres femmes la Martin et la Latour partageaient le même commerce sous le même toit.

«  Ces dames » faisaient concurrence à une femme galante qui officiait au 10 boulevard Montmartre avant le percement du passage Jouffroy, une ancienne actrice de province, qui avait subjugué Cormier de Charmilly, trésorier des écuries du roi et de riches étrangers qui l’entretenaient luxueusement.

Son nom serait tombé dans l’oubli si sa fille, d’abord connue sous le nom de Salveta (nom de sa mère) , ne l’avait été bien plus encore sous celui de Mlle Mars.  

14/12/2006

AU SOLEIL D'OR

 L'AUBERGE DE LA PLACE DU MARCHE-BEAUVEAU

AUJOURD'HUI, PLACE D'ALIGRE 

Par Bernard Vassor 

Cette auberge qui d'après le Guide parisien de 1863 : "Les auberges sont devenues très rares à Paris depuis la création des chemins de fers. Nous n'en nommerons seulement  que trois, dont Le Soleil d'Or Place du Marché-Beauveau (aujourd'hui place d'Aligre)

Aux archives de Paris, le calepin signale deux auberges sur cette place, au numéro 12, Vigneron aubergiste,  et au 15 Danlos aubergiste

Images de ces emplacements aujourd'hui sur Pages Jaunes :  

medium_place_d_aligre_10_et_12.jpg 

 15 place d'Aligre

10 et 12  place d'Aligre medium_Place_d_aligre_15_sur_pages_jaunes.jpg

13/12/2006

LA LICE CHANSONNIERE

medium_Beranger_06.jpg

Pierre Jean de Béranger - 1780-1857

 Par Bernard Vassor

Il y avait une croix à la hauteur de la rue de l'Echiquier qui marquait l'entrée du domaine des Filles Dieu qui édifièrent des maisons pour qu'il y en eut une près des Petites écuries afin de les donner à bail. (Les soeurs avaient le sens des affaires)  On pouvait remarquer une enseigne à l'Image du Vert-Galant.... Une veuve la dame Loisel louait des voitures de maître à la fin du XVIII° siècle, le bureau général des fiacres se trouvait en face, à l'enseigne du Lion d'Argent ( démoli en 1913) Au 23 rue du faubourg Saint Denis, chez un marchand de vin, dans une arrière-salle se tenait des réunions de chansonniers, et parfois des utopistes révolutionnaires. Béranger lui-même y venait, il passait inaperçu. Sur des longues tables et de bancs de bois, des ouvriers buvaient du vin en écoutant les chanteurs. On tapait du verre sur la table pour désaprouver, ou bien on applaudissait si l'on était satisfaits.

medium_LICE_CHANSONNIERE_05.jpg

 

On pouvait y rencontrer le docteur Louis Evrat (1797-1871) médecin et ami de Vigny, Mickiewicz, Pauline Viardot, Béranger, il remplissait des fonctions gratuites (comme plus tard le docteur Gachet) au bureau de charité dans  les 1° et X°arrondissements. Dès la restauration, il avait été le propagateur des idées socialistes d'Owen. Il était l'un des plus fidèles soutiens de Flora Tristan, il l'a retrouvée à Londres au moment  des enquêtes de la célèbre "Paria" sur les conditions de vie des femmes et des travailleurs anglais. Il participe activement à la diffusion de "l'Union Ouvrière", le premier manifeste fondateur du syndicalisme en France. Le chansonnier Jules Vinçard ouvrier  important du mouvement socialiste, avait apporté un soutien remarquable à l'émancipation des femmes à l'intérieur du mouvement saint-simonien qui affichait un "féminisme" (le mot n'existait pas à l'époque) de façade. Il venait de fonder un journal ouvrier :"La Ruche Populaire". Pour compléter cette assemblée, le forgeron Jacques Gosset ardent propagandiste du compagnonnage éditeur de brochures ouvrières avec Pierre Moreau,ouvrier serrurier, et Agricol Perdiguier ( menuisier) et  de la Société de l'Union,

société rivale du compagnonnage résolument progressiste basée sur le principe de l'égalité. 

Tous ces jeunes gens étaient maçpns. 

CONSTANT ALPHONSE-LOUIS

medium_Eliphas_Levi_1848_06.jpg
Par Bernard Vassor
 
 

L’abbé CONSTANT, le Mage ELIPHAS LEVI, un utopiste à l’imagination exaltée et bizarre…

Il naquit le 8 février 1810 à l’actuel 5 rue de l’Ancienne Comédie. Il a fait des études dans un collège pour enfants pauvres de la paroisse Saint-André-des-Arts. Puis, il fit à 15 ans au Petit-séminaire de Saint-Nicholas du Chardonnet ses premières études. En 1830, il entra séminaire d'Issy pour finir ses deux années de philosophie.. Après Issy, il aboutit au séminaire de Saint-Sulpice pour faire sa théologie. Il y est ordonné sous-diacre et tonsuré. En 1835, alors qu'il a la charge de l'un des catéchismes de jeunes filles de Saint-Sulpice, la jeune Adèle Allenbach lui est confiée par sa mère, avec mission de "la protéger tout spécialement et de l'instruire à part, "comme si elle était la fille d'un prince". A la manière d’Abélard il tombe amoureux de son élève qu’il prétend être la vierge réincarnée. A la différence d’Héloïse, la jeune fille le quitta sans regrêts.  C’est alors qu’il abandonne le séminaire en 1836. Sa mère apprenant la chose se suicide en s’asphyxiant avec son réchaud à charbon. Il accompagne quelques temps une troupe théâtrale, et revenu à Paris, il tombe éperdument amoureux d’une femme, Flora Tristan à qui il prodiguera une éducation littéraire et philosophique qui la conduira à la création du premier syndicat ouvrier : Cette jeune femme ne répondant pas à ses avances, l’éconduira  pour  poursuivre ses enquêtes sur le monde ouvrier et la conduiront à être « La Femme Messie ».

medium_Flora_tristan_06.jpg

Création B.V., infographie Philippe Lefeuvre D.R.

C’est Constant qui éditera « Le testament de la Paria » Après la mort de celle-ci,partagé entre les idées saint-simoniennes et fouriéristes, il va être un temps le disciple de Ganneau.

 Un autre illuminé Simon Ganneau, le MAPAH (1806-1851)

notamment, fondateur d’une religion ( l'évadisme : religion d'Eve et Adam) prônant l’androgynie d’un dieu nommé le Mapah  mater-pater.
 
Ganneau le mage barbu fera des disciples, l'éditeu Jules Hetzel,r  le révolutionnaire Félix Pyat. Il était sculpteur, et recevait ses ouailes dans son atelier-temple de l'Ile Saint-Louis qu'il appelait son "Grabat-apostolique...."
Il prit des distances avec Ganneau et se prit de passion pour l'ésotérisme et écrivit "Le livre des larmes".
Il illustre aussi des livres d'Alexandre Dumas Louis XIV et son siècle, et Le Comte de Monté-Christo.
A Paris, il habite 10 rue Saint-Lazare. Il fréquente une jeune fille de dix-sept ans, Marie-Noémi Cadiot. Le père de celle-ci obligeat Constant au mariage, sous peine de poursuites. Le mariage eut lieu le 13 juillet 1846
La révolution de juin 1848 le voit au côtés des insurgés. Le 23 juin, un homme lui ressemblant  un marchand de vin est fusillé à sa place au coin de la rue Saint-Martin et la rue d'Arcis (?) Sa femme est membre du Club des Femmes d' Eugénie Niboyet.  Elle écrit dans des journaux sous le pseudonyme de Claude Vignon.
(Elle n'est pas la mère du peintre Claude Vignon, comme je l'ai déjà écrit par erreur sur la foi de biographies d'historiennes d'art.) Après sa rencontre avec le savant Wronski dont l'oeuvre produit sur lui une forte influence, il entreprend alors sous le nom d'Eliphas Levi ou Eliphas Levi Zahed, une oeuvre messianique ésotérique : Du Dogme et Rituel de a Haute Magie.
Sa femme qui avait un amant, s'enfuit avec lui pour ne plus revenir. En 1854, au cours d'un voyage à Londres, il est intronisé dans un cercle Rosicruciste, (Rose-Crix) où il parvint à un grade élevé. Il entre en relation avec le fantôme d'Apollonius de Tyane qui lui apparait....
Revenu à Paris, il habite avec le peintre Desbarolles 12 boulevard du Montparnasse au premier étage. D'avril à juin, il publie des chansons dans le Mousquetaire d'Alexandre Dumas 
 

12/12/2006

Les Dadas et le Café Certâ

Par Bernard Vassor

medium_cafe_CERTA_02.jpg

« Il n’y a personne des Dadas monsieur »,

répondait la caissière du café Certâ  à Aragon quand il appelait un ami au téléphone! Le passage de l’Opéra qui reliait le boulevard des Italiens (6), à la rue Le Peletier (8), comportait deux autres galeries (de l’Horloge, et du Baromètre).

La partie dite passage de l’Opéra avait été formée lors de la construction de « l’Académie Royale de Musique », et allait de la galerie du thermomètre jusqu’à la rue Pinon, emplacement actuel de « l’Hôtel des ventes Drouot rue Rossini ».
Elles avaient été ouvertes par le Vicomte Morel de Vindé, pair de France, le 21 juillet 1822 et le 16 avril 1823. La largeur de ces galeries était de 3,74 mètres.

medium_passage_op_gravure_05.jpg
Depuis le second Empire, ce passage était réputé pour ses « marcheuses », « le théâtre pornographique de Chirac », ses pâtisseries, ses restaurants et de nombreux cafés d’écrivains, dont le plus célèbre a été le Divan Le Peletier. C’est dans une de ses galeries, la galerie du Baromètre, qu’un basque nommé Certâ avait ouvert un café qui passa à la postérité. Le décor était sommaire : des tonneaux autours desquels des tabourets cannés et des fauteuils de paille composent le seul ameublement. La fin de la guerre de 1914-1918 vit arriver des intellectuels étrangers, faisant de Paris la capitale des arts.
C’est ainsi que le roumain nihiliste Tristan Tzara, Max Ernst, Jean Arp, Fraenkel, vont, après le Manifeste Dada de 1918, former un groupe et se lier avec Aragon, Breton, Reverdy, Eluard, Picabia.

Georges Auric a fait le récit suivant de la première réunion au « Certâ », Tzara assistant incognito à la réunion :
Cela se passait en janvier 1920, et Breton m’annonça soudain, comme s’il s’agissait d’un événement inespéré et d’une sorte de cérémonie initiatique (...) * « Vous devriez venir au Certâ vers la fin de l’après-midi, il y aura quelqu’un... Oui quelqu’un je vous promet [sic ?] une belle surprise !, lui dit Breton, qui poursuit : Cela va être intéressant cette visite de Tzara, nous venons de nous rencontrer et tout de suite il m’a alerté : surtout, n’apprenez à personne que je suis là. Je vais aller dans ce café, m’asseoir directement à une table, voir nos amis et leurs têtes, les observer.
A cette réunion étaient également présents Drieu, Gonzague-Fric, Radiguet et vraisemblablement Henri de Montherlant.
De ce bistro furent fomentés les actions symboliques : le procès de Barrès, les attaques et « manifestations dérisoires et légendaires » comme « la visite à Saint-Julien-le-Pauvre » le 14 avril 1921.
Le vendredi était le jour de lecture de poèmes avec pour participants Apollinaire, Cendrars, Reverdy, Max Jacob. Des comédiens participaient aussi à ces lectures dont Marcel Herrand, (le formidable Lacenaire des « Enfants du Paradis »)

Les coups de pioches ont eu raison du passage de l’Opéra pour le percement du boulevard Haussmann en 1923, exit le théâtre de Chirac et le petit bistro de la galerie du baromètre.

Sources :
Journal des Goncourt éd.Laffont
Aragon, Le Paysan de Paris
Alain Rustenholz Paris des avant-gardes Parigramme 2004
Archives de Paris.
Archives privées.

*"A son arrivée à Paris, Tzara était attendu comme on aurait attendu Rimbaud cet adolescent sauvage ».

LE PETIT MOULIN ROUGE

medium_avenue_de_la_grande_armée_1871.j05_sepia.jpg
AVENUE DE LA GRANDE ARMEE AVANT LA BARRIERE D'OCTROI 

 PETRUS BOREL

medium_PETRUS_borel_02.jpg
Le cabaret de Graziano

Par Bernard Vassor

Allée des Veuves (avenue Matignon) au numéro 1, sur des terrains appartenant à la comtesse du Barry, à la fin du règne de Louis XV, on avait construit une gargote. Elle fut remplacée en 1826 par le Bal d'Isis, un lieu mal fréquenté. En face de ce chemin de terre, séparé par des jardins discrets, un autre endroit tout aussi glauque, se trouvait  Le Bal des Nègres, on y accédait par une échelle. En 1836, c'était un restaurant huppé qui remplaça ce bouge mal famé. Ses salons particuliers, ses divans moelleux, et ses murs entièrement couverts de mirroirs  en firent la renommée.La Dame Aux Camélias, Alphonsine Plessis habita à l'emplacement du numéro 9 de cette allée.Nous sommes en 1830. Rien à voir avec le Grand Moulin Rouge de l’allée des Veuves restaurant luxueux des Champs-Elysées, cette vielle masure peinte en rouge au milieu de riches demeures de l’avenue de la Grande Armée, était une maison basse n’ayant qu’un rez-de-chaussée à demi enfouie près de hautes  façades élevées depuis la construction déjà ancienne de la masure. On se demande bien pourquoi les spéculateurs n’ont pas encore mis la main sur ce terrain dont les prix ont monté en flèche depuis la fin de l’Empire. C’était près des deux rotondes de la barrière de l’Etoile. Le décor était tout à fait sommaire, des murs blanchis à la chaux, un sol en terre battue recouvert de sable jaune. Un comptoir d’étain, des tables et des bancs de planche formaient l’ameublement et l’outillage de l’auberge. Derrière la salle commune était pratiquée une salle réservée aux habitués et qui ouvrait sur un jardinet en pente où l’on servait de la bière, de la limonade, du vin ou de l’eau de seltz pour les plus raffinés.A travers la porte entrebâillée on entrevoyait la cuisine avec quelques casseroles pareilles à des boucliers antiques et devant le fourneau , un homme de haute stature et de prestance sénatoriale, une veste blanche sur l’épaule, il avait un de ces nez immenses qui par leur dimension est la caricature de la beauté ; à ce maître-nez et à l’énorme collier de barbe plus noire que la lave qui encadrait ce visage grand comme un masque de théâtre. On ne pouvait méconnaître un authentique napolitain.

D'après Théophile Gautier 

 

11/12/2006

LE PETIT CENACLE CHEZ JEAN-BERNARD DUSEIGNEUR


medium_Vicror_HUGO_05.jpg

Le Petit-Cénacle, fut créé en 1829  dans l'atelier rue de Vaugirard, de Jean-Bernarnard Duseigneur agé d’à peine 20 ans. Dans une petite pièce où il n’y avait pas de siège pour tout le monde, le hamac était réservé au propriétaire du logis. La décoration se limitait à quelques gravures, des médaillons sculptés par Jehan du Seigneur, représentant les membres de cette association. Sur une étagère, quelques ouvrages « du Maître » trônaient au dessus de la cheminée. Hommage de Petrus Borel aux membres du Petit-Cénacle  (prologue)PETRUS_Borel_Rhapsodies_prologue_aux_membres_du_Petit_Cen...

Le premier cénacle avait élu domicile dans le cabaret de la mère Saguet à la barrière Montparnasse (où Béranger avait présidé au début du siècle la Société du Moulin Vert). Le second Petit Cénacle, était chez Graziano au Petit Moulin Rouge avenue de la Grande Armée, après la barrière de l'EtoileLe chef de cette école était le jeune Victor Hugo autour duquel se réunissaient Gérard de Nerval, Théophile Gautier, Philothé O’Neddy, Napoléon Tom, Pétrus Borel, Auguste Mac-Keat (Maquet),  Xavier Forneret, Charles Lassailly, Camille Rogier, Célestin Nanteuil,, Jules Vabre, Joseph Bouchardy. Que nous retrouverons pour la plupart dans l’impasse du Doyenné. Tous ces très jeunes gens connaissaient par cœur tous les vers de Hugo.La mode était alors dans l’école romantique d’être pâle, livide, verdâtre, un peu cadavéreux s’il était possible. Cela donnait l’air fatal, byronien, giaour, dévoré par les passions et les remords. (T.Gautier, Histoire du romantisme ) En 1833, le « Petit Cénacle » cesse de se réunir dans l’atelier de Duseigneur et en 1834 celui-ci se marie à Charlotte Eléonore Biffe. Jehan duseigneur es mort le 8 mars 1866.

medium_Nerval_eau_forte_par_G.STALL.2.jpg

11:25 Publié dans LE PETIT CENACLE | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

LE MOULIN ROUGE

Face au Moulin rouge, les jardins du bal Mabille 
medium_bal_mabille_FACE_AU_MOULIN_ROUGE.jpg
 

Par Bernard Vassor

 

Rond-point des Champs-Elysées

 

Le propriétaire un nommé Lourdin, se targuait d’avoir la meilleure table de Paris.

C’est l’endroit élégant de la haute société parisienne. Restaurant de premier ordre, celui où l'on va chercher les grands vins, les primeurs, le gibier sans se préoccuper du montant de l'addition. Ses cabinets particuliers sont très appréciés, et l’on voit souvent descendre furtivement de voitures luxueuses quelques dames de cette haute société accompagné de quelque gandin.

C’est juste en face de chez Ledoyen le restaurant tenu par Balvez, si la cuisine est à peu-près la même, la discrétion est plus assurée au Moulin-Rouge. Vous ne pouvez pas le manquer, c’est juste à côté du bal Mabille au début de l'allée des Veuves (aujourd'hui avenue Matignon).          

Nicolas de Blégny, au village de Pincourt

La maison de santé de la rue de la Folie-Méricourt 

 

medium_BLEGNY_Popincourt_05.jpg

Par Bernard Vassor

 Au village de Pincourt, un génial charlatan

Nicolas de Blégny (1652-1722), conseiller et médecin ordinaire du roi.

Le lundi 16 janvier 2006.

Chirurgien de la reine en 1678, du duc d’Orléans en 1683 et du roi en 1687, apothicaire-épicier établi 2 rue Guénégaud, il s’était enrichi très tôt grâce à des recettes volées à des confrères et à son sens aigu de la publicité.  

  20 rue de la Folie-Méricourt Dans ses ouvrages, il ne manquait jamais de faire son autopromotion, le type balzacien avant l’heure du « faiseur » que bien des « communicants » d’aujourd’hui ne manquent pas de parodier.
Auteur de nombreuses « découvertes », il dévoilait au public les secrets concernant la beauté et la santé. Il exploitait toutes les infirmités en prétendant guérir : "les descentes, les maux vénériens, et généralement les maladies extraordinaires". Son cabinet en ville sur le quai Guénégaud, était établi tout près du théâtre de Molière !!! Mlle de Blégny sa mère, directrice honoraire et perpétuelle de la communauté des sages-femmes de Paris dirigeait l’officine parisienne, qui présentait cette annonce extraordinaire :
«  Une personne solvable qui en connaît la vertu s’oblige, quand on le veut, d’en payer la valeur en l’acquit des malades en cas qu’ils ne guérissent pas, pourvu qu’ils conviennent d’en payer le double en cas de parfaite guérison ». (Satisfait ou pas remboursé !)La rue Folie-Méricourt date du XVII° siècle, elle doit son nom à une maison de campagne analogue à la Folie- Regnault. Avant 1862, la queue de la rue Popincourt n’était pas encore devenue la tête de la rue Folie-Méricourt, entre celle d’Oberkampf et le boulevard du Prince Eugène (Voltaire).  Sa « petite maison » fondée sous Louis XIV sur le chemin vicinal de Pincourt avec le jardin médicinal de Pincourt dans cette rue lui valu bien des ennuis. Il pratiquait principalement la chirurgie, mais ses compétences s’étendaient à des cours d’anatomie, de bandagisme et de leçons sur l'art des perruques. Imaginez, loin des miasmes et de l’atmosphère viciée de Paris, en pleine campagne, où l’air est particulièrement pur, une vaste maison avec plusieurs corps de bâtiments, un jardin de plantes médicinales, un labyrinthe et à l’extrémité des marais cultivés à perte de vue. Un pavillon entièrement séparé, recevait les femmes qui venaient faire leurs couches, les vénériens étaient relégués à un bout, les fous à un autre. Dans le paysage, on apercevait ça et là quelques fermes isolées, et sur une butte, un moulin à vent venait rompre parfois la monotonie de l’endroit. Les tarifs variaient entre 20 sols et 6 livres par jour. Une bibliothèque avait été aménagée pour les élèves, les chercheurs et les apothicaires, abondamment fournie en publications du maître des lieux. Ce Blégny avait même crée une société académique qui publiait des mémoires attaquant les autres médecins. Ses ouvrages furent interdits en 1682. Ses escroqueries l’on fait dépouiller de ses charges en 1693. Emprisonné huit ans au château d’Angers, il est mort en 1722. Vers 1880, des bâtiments subsistaient entre l’hospice et la rue Popincourt. Ses œuvres : Le bon usage du thé, du caffé et du Chocolat pour la préservation et la guérison des maladies, où il explique que : « le caffé calme les fièvres, amaigrit les gens qui sont gras et fait engraisser ceux qui sont maigres.. ».

Nomenclature des rues de Paris :  

Précédemment, rue Popincourt entre la rue Saint Ambroise  et la rue Oberkampf et rue de la Folie Marcaut pour le surplus. La rue Popincourt s'est appelée rue du Bas Pincourt ou rue Pincourt. La rue de la Folie Marcaut fut également désignée sous les noms de rue de la Folie Mauricaut, Mauricaute, Mauricourt, Moricourt et Méricourt. Elle est indiquée sur le plan de Gomboust (1652).

Sources :
Nicolas de Blégny : Le livre commode des adresses de Paris pour 1692 (précieux almanach pour cette période...),
Archives bibliothèque inter-universitaire de pharmacie : Carton N /Affaires concernant Nicolas de Blégny, médecin du Roy.
 

Sur Nicolas de Blégny, voir aussi : http://psychiatrie.histoire.free.fr/pers/bio/blegny.htm

http_psychiatrie.histoire.free.fr_pers_bio_blegny_02.pdf

Près de la prison Saint Lazare

105 rue du faubourg Saint Denis

Le pèlerinage au tombeau de Saint Denis préparé par Sainte Geneviève au V° siècle a donné son nom à la Grant-Chaussiée-Monsieur-Denis. La rue Saint Denis allait de la rue Trousse-vache (rue de la Reynie) jusqu’à la porte de la première enceinte, puis de la deuxième et la troisième enceinte (impasse des Peintres) celle

09:00 Publié dans A Saint-Lazare | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

10/12/2006

Jean Baptiste Clément et les moulins

medium_MOULIN_BATEAU_PLANCHEENCYCLO_02.jpg

Par Bernard Vassor

Le jeudi 8 décembre 2005.

La vie de l’auteur du Temps des Cerises commence dans un moulin, et termine ses derniers jours, si l’on peut dire à l’ombre du moulin Radet à Montmartre (dernier domicile 110 rue Lepic).     

Né le 31 mai 1836 sur un moulin-bateau amarré au pont de Boulogne-sur-Seine.

Origine de la famille : en 1808, le moulin de Montfermeil appartenant à un hobereau local, a pour locataire un certain Jean-Baptiste Clément, natif de Nanterre.
1813 Changement de propriétaire, monsieur
Martin loue à André Vincent Clément le 28 août, son fils Pierre-André lui succède et les Clément s’installent à Montfermeil, et font souche avec les familles du pays, Douet et Patoux.

MOULIN DE MONTFERMEIL 

medium_moulin_de_Montfermeil_en_1880_02.jpg

 

La grand-mère maternelle du petit J.B. possédait un moulin à Saint-Denis dans l’île du Châtelier, une des petites îles, avec l’île des ravageurs près du pont de Saint-Ouen (aujourd’hui l’Ile Saint-Denis). Elle était la propriété de la famille Clément qui avait également acheté le pré voisin au lieu-dit «  La Bellangère ».

Depuis des siècles, dans certaines régions de France, le droit coutumier, accordait aux meuniers le privilège de posséder une vigne et de vendre le vin et des produits du moulin. C’est là l’origine des « moulins de la galette » et des guinguettes qui vont se multiplier tout autour des moulins.

Délaissé par sa mère qui ne l’aime pas (il est trop laid !), il passera le plus clair de sa petite enfance chez sa grand-mère Charlotte Compoint (les Compoint étaient de riches propriétaires terriens, il possédaient d’immenses champs allant de Saint-Denis jusqu’au coteaux de la butte Montmartre. Un de ses oncles sera maire de Saint-Ouen, et la Commune de Montmartre a donné trois fois son nom à un Compoint.)

Placé dans un pensionnat rue Buffault dans le 9ème où il restera plusieurs années. Apprenti repousseur sur cuivre, il ne restera pas très longtemps, préférant la fréquentation des cabarets et des guinguettes. Il fera plusieurs métiers, sera trimardeur, manœuvre à la construction de l’aqueduc de Nogent-sur-Marne, parcourant la vallée de l’Aulnoy de ferme en ferme, on le rencontrera sur des chantiers à Montargis, Ormesson et Juvisy sur Orge. Son père le prend un temps avec lui à son moulin de Monfermeil (le Moulin de la Galette [1]) mais Jean Baptiste ne veut pas être meunier, de plus il ne supporte pas la nouvelle femme de son père qui vient de se remarier ! Son premier poème sera pour sa tante Louise, chez qui il trouvera toujours refuge dans ses moments d’extrêmes difficultés.
C’est après le mariage de celle-ci avec Louis-Philippe Poulin, artiste dramatique habitué de la guinguette du « Moulin de Cage » de la grand-mère Charlotte, qu’un ami de Louis-Philippe, Max Revel, homme de lettres, lui donnera ses premières leçons de versification. Avec la dot de Louise, l’oncle Louis gère à Colombe sur « l’île Marante » un moulin de la galette. Jean Baptiste en sera un pilier. En 1863, il publie plusieurs chansons, dont : « Au Moulin de Bagnolet » Ce moulin était également la propriété d’un de ses oncles côté Compoint.

Il fait paraître une nouvelle en 1865 : « Le Moulin des larmes ».

Le Temps des Cerises 1866-1867

L’histoire de cette chanson, qui n’a jamais été un hymne révolutionnaire comme beaucoup veulent le faire croire, ce sont les vergers de Montmartre qui l’ont inspirée.

Moulin à vent de Montmartre Photo Hyppolyte Bayard  1845

medium_moulin_a_vent_hypolyte_Bayard_1845_02.jpg

Après avoir publié un pamphlet contre Napoléon III, intitulé 89, il s’enfuit à Bruxelles pour éviter la prison.
Vivant dans la misère totale, souffrant de faim et de froid, l’histoire raconte qu’il échangea sa chanson « le Temps des Cerises » au chanteur d’Opéra Alfred Renard, contre un Mac-farlane qui lui permit de ne pas mourir de froid.

L’édition originale est éditée chez Egrot, 25 boulevard de Strasbourg dans le X°.
C’est le portrait de Renard [2] qui figure avec son nom en grosses lettres, le nom de Clément est BEAUCOUP plus petit.
Elle sera dédiée à Anatole Lionnet, chanteur célèbre à l’époque pour ses interprétations de Nadaud et Pierre Dupont. Les éditions suivantes en 1873 et 1876. En pleine répression versaillaise, il est impossible de penser que les censeurs auraient pu laisser passer un hymne quelconque à la Commune. C’est seulement après l’amnistie en 1885, à l’occasion d’une édition collective de ses œuvres, que Jean Baptiste donnera sa fameuse dédicace à « Louise l’ambulancière » donnant depuis à interprétation le sens des paroles d’une modeste chanson d’amour.   

LA GUINGUETTE DU MOULIN JOLY 

Sur « l’Isle des Druides », appelée également l’île Marante à Colombes.

Le jeudi 12 janvier 2006.

Nous devons aujourd’hui à l’inévitable abbé Lebeuf, pornographe malgré lui, l’histoire de ces petites îles situées entre Asnières et Argenteuil.
L’existence des druides est attestée par l’historien Léon Quénéhen qui signale : « Ne perdons pas de vue que les druidesses n’habitaient pas avec les druides, mais dans des îlots voisins, d’où elles venaient à des époques fixes, et la nuit, leur rendre visite, pour y retourner avant le jour. » 

Le village est mentionné pour la première fois au XII° siècle comme appartena L’usage s’était établi, de faire chaque année une procession par les vignes où l’on portait le saint sacrement pour les préserver des vers... Cet usage a été remplacé par l’exorcisme, ce qui est nettement plus approprié !

Le peintre Claude-Henry Watelet, conseiller du roi, receveur général des finances, poète à ses heures, aménagea son domaine sur l’île Marante, surnommée aussi « l’île enchantée »
Il avait fait graver sur les arbres des lieux, des sentences rimées sentimentales ou philosophiques.

C’est également là que Louise Compoint, propriétaire du Moulin-Joly, reçu un compliment de son neveu, à l’occasion de son mariage avec un nommé Poullain vers les années 1855.

C’était la première tentative rimée d’un certain « Jean Baptiste Clément » qui habitera plus tard le village de Colombes, en ménage avec une compagne qui avait deux enfants **

Décrété bien national à la révolution, le moulin sera démoli en 1811, et reconstruit en 1830.
C’est à cette époque qu’il sera, selon le droit coutumier, transformé en guinguette.

Ce « coutumier » consistait en une autorisation pour les meuniers de pouvoir exploiter quelques arpents de vigne autour des moulins, de pouvoir servir des galettes confectionnées avec la farine du moulin et de boire le vin de la vigne du meunier.   

Il fait paraître une nouvelle en 1865 : « Le Moulin des larmes ».

Le Temps des Cerises 1866-1867

L’histoire de cette chanson, qui n’a jamais été un hymne révolutionnaire comme beaucoup veulent le faire croire, ce sont les vergers de Montmartre qui l’ont inspirée.
Après avoir publié un pamphlet contre Napoléon III, intitulé 89, il s’enfuit à Bruxelles pour éviter la prison.
Vivant dans la misère totale, souffrant de faim et de froid, l’histoire raconte qu’il échangea sa chanson « le Temps des Cerises » au chanteur d’Opéra Alfred Renard, contre un Mac-farlane qui lui permit de ne pas mourir de froid.

L’édition originale est éditée chez Egrot, 25 boulevard de Strasbourg dans le X°.
C’est le portrait de Renard ** qui figure avec son nom en grosses lettres, le nom de Clément est BEAUCOUP plus petit.
Elle sera dédiée à Anatole Lionnet, chanteur célèbre à l’époque pour ses interprétations de Nadaud et Pierre Dupont. Les éditions suivantes en 1873 et 1876. En pleine répression versaillaise, il est impossible de penser que les censeurs auraient pu laisser passer un hymne quelconque à la Commune. C’est seulement après l’amnistie en 1885, à l’occasion d’une édition collective de ses œuvres, que Jean Baptiste donnera sa fameuse dédicace à « Louise l’ambulancière » donnant depuis à interprétation le sens des paroles d’une modeste chanson d’amour.

Alfred Fierro, note "qu'il y a eu plusieurs Moulin-Joly , dont celui qui portait le nom de son propriétaire vers 1750, qui fut une guinguette célèbre, avant d'être supplantée par sa voisine, Le Tambour Royal de Ramponneau.

Le véritable Moulin Joli était situé sur l'île de Marante, à Colombes,. Le Moulin-Joli de la Courtille ne figure sur aucun palan et on peut légitimement supposer qu'il s'agissait d'un des deux moulins dits de Charonne. "

Ouvrages consultés pour l’histoire des Moulins :
Alfed Fierro 300 moulins à Paris ed Parigramme 1999,
Jean-Claude Gaillard (vice-président de l’association de la sauvegarde du moulin de Monfermeil)Les Moulins d’Aulnoy et d’alentour.   

* Qui existe encore aujourd’hui. Il a été déplacé en raison d’affaissement de terrain. Avec un peu de chance, vous pouvez le visiter en prenant rendez-vous avec le meunier, qui ne vous parlera pas de Clément ( c’est encore aujourd’hui pour certains, la honte du village) mais véritable passionné de l’histoire des moulins vous apprendra mille choses.

**Aujourd’hui, qui connaît le nom de Renard ? Au cours de mes recherches, je suis tombé sur un document le concernant qui me laisse perplexe...
 

08/12/2006

Le cénacle de la Maison de Madame Doublet

Pidansat de Mairobert
medium_Pidansat_de_Mairobert_anecdotes_sur_la_comtesse_du_Barry_02.2.jpg
 
Par Bernard Vassor
Dans cet ouvrage anonyme  de Pidansat de Mairobert, l'auteur prétend raconter comment la mère de la jeune fille la vendit à des "Marcheuses"*qui la conduisirent chez  la Dame Gourdan la plus célèbre entremetteuse de la rue Des Deux Portes.
Il est peu de seigneurs qui ne veuillent recevoir une maîtresse de sa main.... Publié en 1775, du vivant de la Gourdan
dont la concurente la plus proche était "La Brisseau" dans son Hôtel de la rue Française.

Bachaumont , Pidansat de Mairobert  et Mouffle d’Angerville, Marie-Anne Legendre Doublet de Persan

Rue Vivienne, dans les dépendances du couvent des Filles-Saint-Thomas

Sur l’emplacement d’une partie du couvent se trouve aujourd’hui le bâtiment qui abrite l’A.F.P. 

 Article publié en partie sur Terres d'Ecrivains Le mercredi 4 janvier 2006.

Ce centre réunissait des littérateurs, des savants, des journalistes, des académiciens, et échappait ainsi à la censure royale. A l’emplacement aujourd’hui des bâtiments de l’AFP, ce cénacle sera l’inventeur du journalisme de faits-divers, alimentant les ambassades et les milieux artistiques et mondains d’informations anecdotiques, inédites et parfois fantaisistes.   
Mme Doublet qui occupait un appartement loué par les dames de Saint-Thomas, tenait ce privilège de son frère l’abbé-Legendre. Elle était la veuve d’un intendant de commerce. L’endroit était connu sous le nom de «  La Paroisse ». Dans cette assemblée, les femmes étaient nombreuses : Madame d’Argenson, Madame du Boccage, Madame Rondet de Villeneuve, Madame de Besanval et quelques autres.

Certains participants pourtant étaient parfois poursuivis. Un certain Blanchard fut condamné à être battu et fustigé au milieu du Pont-neuf, ayant pendu au cou deux écriteaux, un devant et un derrière, portant la mention « Gazetier à la main ». L’abbé Prévost, accusé malgré ses protestations, fut exilé à Marseille.

Bachaumont lui-même fit plusieurs séjours à la Bastille. Madame Doublet fut menacée d’ enfermement dans un couvent.

« La Paroisse » se tint tranquille quelques temps. Madame Doublet resta quarante ans sans sortir (Grimm). Pendant quarante ans, « C’est de ce coin que partirent tous les bruits dont les affairés et les friands de bruits s’étaient toujours approvisionnés à grand peine. »

L’ami de toujours de madame Doublet, co-fondateur de cette confrérie, était le principal « rédacteur » de ces nouvelles. <!--[if !vml]-->
<!--[endif]-->

Louis-Petit de Bachaumont (1690-1771) prit sous son aile, avec la complicité de madame Doublet, un jeune homme, Mathieu François Pidansat de Mairobert (1727-1779), dont certains prétendaient qu’il était le fils naturel de madame Doublet et de Bachaumont.

A la mort de celui-ci, Mairobert prendra le relais pour la rédaction des « Nouvelles à la Main ». _Il réunira les articles de Bachaumont en une publication intitulée : « Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la République des Lettres en France depuis 1762, par feu Monsieur Bachaumont » qui obtiendra un succès phénoménal.

Mairobert fut censeur royal, secrétaire honorifique du roi et des commandements du duc de Chartres, plus tard Philippe-Egalité.
Impliqué dans le scandale de « l’affaire du marquis de Brunoy », dont les débauches homosexuelles scandalisaient le tout Paris, il s’est suicidé le 30 mars 1779.

C’est Mouffle d’Angerville qui complètera les « Mémoires secrets » qui comptent 36 volumes et qui aura l’honneur de bénéficier d’un petit tour à la Bastille.

Les têtes de turc «  des Nouvelles », étaient La Harpe et Beaumarchais.

Forum de l'article

Quelques ouvrages consultés :
Jules et Edmond de Goncourt, Portraits intimes au XVIII° siècle, Dentu 1856 et 1857
Archives de la Bastille
Mémoires Secrets Bachaumont
Edouard Fournier, Paris secret
Pascal Pia, préface à l’édition du Cercle du Livre Précieux
Jean-Pierre Duteil, bibliographe, libraire, éditeur.
Collardot, Les cours et les salons au XVIII° siècle
Feuillet de Conches, Les salons où l’on cause, Paris Charavay 1887
Correspondance des Grimm

Beaumarchais aura la chance d’être enfermé à Saint Lazare après la mort des auteurs des Mémoires<!--[if !supportEmptyParas]--> et d’éviter la publicité de la fessée publique qui lui fut administrée comme punition.   

*Marcheuse    <!--[if !vml]--><!--[endif]--><!--[if !supportEmptyParas]-->: rabatteuse, généralement ancienne fille publique chargée de recruter des clients pour les bordels. Les maisons de première ligne ont ordinairement à leur service plusieurs marcheuses dont l'emploi consiste à promener les filles d'amour sur les boulevards et les lieux fréquentés pour appâter le chaland

Maurice Lever Anthologie érotique, le XVIII° siècle, Robert Laffont 2003 

AU CHAT NOIR

medium_AU_CHAT_NOIR_02.2.jpg
 

La Maison de la Gourdan

medium_GOURDAN_06.jpg

    Par Bernard Vassor

Marguerite Stock femme Gourdan dîte "La Petite Comtesse"

 Pendant la deuxième moitié du XVIII° siècle elle fut la reine de la prostitution parisienne. Sa maison fut le rendez-vous de la noblesse, du clergé, de la finance et de la magistrature. Une entrée ou sortie secrète était aménagée dans le vestiare, conduisant au numéro 14 dit Hillairet ? C'est sans doute un corridor conduisant rue Saint Sauveur.

D’après le marquis de Rochegude, c’est à l’Hôtel du numéro 12-14 rue Saint-Sauveur que l’entremetteuse Gourdan, venant de la rue Comtesse-d’Artois(d’ou son nom de « la petite comtesse) s’installa en 1774 et mourrut en 1783 ; il ouvrait jusqu’en 1865 sur la rue Dussoubs, ses jolies boiseries du XVIII° siècle ont été vendues. Hillairet qui a copié Rochegude reproduit la même erreur, c'est "l'entrée secrète" qui était à cette adresse. Les habitués  demandaient à entrer par la "petite porte" où ils pouvaient se changer dans le vestiaire qui avait une porte dérobée.

Voici une illustration de Paul Emile Bécat pour une édition moderne de "La Correspondance"medium_BECAT_MadameGourdan_03.jpg                                                                           

                          ci-contre

En 1783 à la mort de "La Petite Comtesse" un ouvrage anonyme attribué d'abord à Hervez puis à Théveneau de Morande, un écrivain maître Chanteur paru d'abord sous le titre :

Correspondance de Madame Gourdan

dite

Petite Comtesse

SPA

1783 

Puis une seconde édition :

medium_GOURDAN_07.jpg

La surintendante en titre des plaisirs de la Ville et de la Cour. Elle écrème la fleur des grisettes de Paris, elle les décrasse,  elle les style, elle les forme et les fait parvenir en fonction de leurs talents et de leurs attraits. 

C'est ainsi qu'elle forma Jeanne Bécu  née à Vaucouleur. Elle etait la fille d’Anne Bécu, couturière, et de frère Ange (Jean-Jacques ou Jean-Baptiste de Vaubernier), moine du couvent de Picpus à Paris.

Elle rencontre Jean du Barry, proxénète, elle devint sa maîtresse, elle est alors prostituée de luxe sous le nom de Mademoiselle Lançon.  Au cours d'un dîner, le roi Louis XV la remarque, succombe à sa beauté.  Quand il apprend son état, il décide de la titrer et lui fait épouser Guillaume du Barry, le frère du maquereau Jean. Elle devient officiellement Madame du Barry en 1768.

Extrait : rue Trousse-Vache, il y avait un parfumeur Monsieur Provence, du temps de "La Gourdan" qui proposait une pommade astringente "qui opère son effet en moins d'un quart d'heure  et donne un aiir de nouveauté aux choses qui ont le plus servi. Le pot coûte un louis. On trouve aussi chez moi des eaux pour rendre la peau plus blanche, des bonbons pour corriger l'odeur de la bouche, et généralement tout ce qu'il faut pour rajeunir une femme et lui donner la beauté".

Et aussi un vinaigre astrigent, et la pommade "Provence" propre à refaire une virginité.

 Monsieur Provence: A LA FONTAINE DE JOUVENCE.

La rue Dussoubs

Elle portait à l’origine le nom de rue des Deux-Portes-Saint-Jean, puis rue des Deux-Portes, pour la simple raison que ,la nuit, au couvre-feu deux portes fermaient les extrémités de cette voie qui conduisait à la rue Tire-Boudin (Marie-Stuart). L’historien marquis de Rochegude nous indique qu’elle portait un « nom grossier » au XIV° siècle. Ce mot que Rochegude n’ose pas prononcer, c’est : la rue Gratte-Cul  . Elle s’ouvrait rue de la Tixanderie avant le percement de la rue de Rivoli, et se terminait rue Thévenot (Réaumur). Le nom de Denis Gaston Dussoubs lui vient d’un député comme Baudin, mort sur une barrcade.Pour Dussoubs, c'était rue Montorgueil lors du coup-d’état de Napoléon III…Dussoubs a eu moins de chance que Baudin, on ne lui a pas élevé un monument, et pas grand monde se souvient des barricades de la rue Montorgueil ! 

La maison à l'autre angle de la rue Saint Sauveur (au 21), est celle où a vécu est mort le Grand Goldoni.        

07/12/2006

La Guinguette de la barrière des Fossés-Saint-Martin

medium_Frabricant_de_figurines_de_cire_94_rue_de_Bondy_05.jpg

 Par Bernard Vassor

 C'est dans cette ancienne rue des Fossés Saint-Martin* qu'une guinguette était installée au temps de Louis XIV. Cette  maison était  le type parfait qui était resté intact  d'une maison du XVII° siècle près de l'ancienne porte de la Ville à l'entrée du faubourg. L'historien Charles Lefeuve note : 

(rue de Bondy)-" le 96 ne s'éleva pas tout d'une pièce, mais il en sortit sous Henri IV, d'un plan de choux, avec un des ses pareils, qui est encore avec lui côte à côte" 

Il n'a au dessus de l'entresol que sept mansardes ardoisées au premier étage, et encore au dessus, symétriquement à droite et à gauche sur le toit, deux mansardes avec encadrement de pierre de la même époque. Il  faut ajouter qu'il peut être démoli d'un jour à l'autre (écrit en 1914, fort  heureusement, cette maison ayant subi quelques transformations minimes est toujours debout !)

 

Renseignements pris auprès d'une des locataires très aimable de cette maison, les "Bâtiments de France" ont entrepris un travail formidable, redonner à cette maison son aspect d'origine. Menacée de destruction plusieurs fois, une restauration minutieuse a commencé depuis 5 ans environ avec des matériaux récupérés miraculeusement sur place. L'immeuble qui menaçait de s'effondrer a été renforcé de poutrelle métalliques soutenant l'escalier. Les balcons avec les appuis en fer forgé retrouvés ont remplacé ce que nous voyons sur cette photographie (plus haut) datant de 1914)

L a porte d'entrée du XVII° siècle remise en place, Il reste encore quelques détails de restauration, le remplacement des fenêtres en PVC et les deux balcons de la partie droite (photo ci-dessous) L'escalier aux marches usées a dû être gravi par de nombreux clients de la guinguette.    Merci aux "Bâtiments de France" qui ont su préserver un tel lieu.

medium_94_rene_boulanger_escalier_premier_etage.jpgJ'ai un regret  c'est que le "Café de La Nouvelle Athènes" n'ai pas eu de la part des élus de l'arrondissement la même volonté de préservation du symbole même de l'impressionnisme malgré des efforts désespérés pour éviter ce vandalisme municipal.

medium_94_RUE_RENe_Boulanger_06.jpg
Aujourd'hui décembre 2006 94 rue René Boulangermedium_94_rene_boulanger_porte_retrouvee.jpg
*Appelée ensuite rue de Bondy et aujourd'hui rue René Boulanger

 c-contre, la porte d'origine avec l'huisserie retrouvée.

Un seul détail me laisse perplexe, les murs intérieurs de l'escalier sont en marbre rose ? 

 

 

 

 

 

medium_94_rené_boulanger_rue_de_bondy_brasserie.3.jpg
Dans les années 1870, c'est une "Brasserie de filles" qui s'installa rue de Bondy. Lieu de prostitution, où le patron  proxénète ne risqauit pas grand chose. Les filles avaient des chambres au dessus de l'établissement, et aucune obligation sanitaire comme pour les maisons de tolérance n'étaient exigée.Quelques patrons furent parfois condamnés à cinq franc d'amandes pour proxénétisme envers des mineurs.

 

Monsieur Pin, marchand de couleurs dans la maison de Chardin

medium_Chardin.jpg
LE PEINTRE JEAN SIMEON CHARDIN
NE RUE DE SEINE LE 2 NOVEMBRE 1699
HABITA CETTE MAISON JUSQU'EN 1774 
Par Bernard Vassor 
Rue du Four , 21, angle de la rue Princesse, c'était la MAISON CENTRALE DE COULEURS à la fin du XIX°siècle. 
Le bulletin de la commission du vieux Paris annonce : " la démolition prochaine de cet immeuble ainsi que les 1, 3, 5, 7, 13, 15, 17, 19, rue du Four, 9 et 11, le bâtiment en bordure de la rue et le bâtiment sur cour en entrant.
pour le 21, il s'agit d'un immeuble de 4 étages, sans doute fort ancien et n'ayant conservé que quelques refends, mais qui a été maquillé et remanié pour les besoins de la location moderne.
En dépit de la médiocrité de son apparence, ce vieux logis jouit cependant d'une notoriété très intéressante puisqu'il abrita le célèbre peintre Chardin. Dans le bureau de Monsieur  Prin, marchand de couleurs, nous avons remarqué de belles boiseries sculptées d'époque Louis XV; et chez M. Lavocat, imprimeur,, une cheminée de même style que nous croyons être en marbre rouge."  
 
Edmond et Jules de Goncourt: Chardin, le grand peintre de la nature morte

«Les peintres de mœurs naissent volontiers et comme naturellement à Paris. Jean-Baptiste-Siméon Chardin y naquit le 2 novembre 1699. Son père était un menuisier habile et renommé dans son métier, qui avait la spécialité de fournir au roi ces billards monumentaux dont une planche de Bonnart nous a gardé le dessin. Chargé de famille, il ne songeait qu'à mettre un gagne-pain aux mains de ses enfants. Il ne donna donc qu'une instruction tout ouvrière à Jean-Baptiste-Siméon, son aîné, qu'il destinait à sa profession, jusqu'au jour où la vocation de peinture du jeune homme commençant à éclater et à s'affirmer, il le laissait entrer, non sans résistance, à ce qu'on peut croire, dans l'atelier de Cazes, un peintre du Roi alors fort en vogue.
Chez Cazes, rien n'apparaît du peintre que Chardin devait être. L'enseignement, du reste, était peu fait pour dégager son tempérament on copiait des tableaux du maître, on dessinait le soir à l'Académie, et c'était tout. Rien n'y était donné à l'étude de la nature : l'exemple même du maître en détournait. Cazes, trop pauvre pour prendre modèle, peignait tout de pratique en s'aidant de quelques croquis de jeunesse. Chardin sortit de là à peu près comme il y était entré. Il était dans sa destinée de tout s'apprendre à lui-même, de se former seul, de ne rien devoir à l'éducation.
Un hasard décida son génie. Noël-Nicolas Coypel , l'ayant fait appeler comme aide, lui donna à peindre un fusil dans le portrait d'un chasseur, en lui recommandant de le peindre avec exactitude. L'élève de Cazes avait cru jusque-là qu'un peintre devait tout tirer de sa tête. Tout étonné du soin mis par Coypel à poser et à éclairer le fusil, il se mit à l'œuvre c'était la première fois qu'il peignait d'après nature. La vérité, la lumière, la peinture, son art, le secret de voir et de peindre, tout cela lui apparut d'un coup, dans le rayon du jour, sur l'accessoire d'un tableau.
Une espèce de manœuvre travaillant aux gages d'un peintre connu, un jour peignant un accessoire dans un portrait,un autre jour employé à cent sols par jour à la restauration d'une galerie de Fontainebleau entreprise par Vanloo, voilà tout ce qu'est Chardin jusqu'ici. Une occasion le faisait bientôt connaître et commençait sa popularité dans la rue. Un chirurgien, ami de son père, l'ayant prié de lui faire une enseigne, un plafond, selon le terne du temps, pour sa boutique, Chardin, qui avait pu voir le tableau peint par Watteau pour l'enseigne de Gersaint, tentait une machine pareille, une scène animée et vivante du Paris de son temps, sur un panneau de quatorze pieds de largeur sur deux pieds trois pouces de hauteur. Il peignait un chirurgien-barbier portant secours à un homme blessé en duel et déposé à la porte de sa boutique. C'est une foule, un bruit, un émoi ! Le porteur d'eau est là, ses seaux à terre. Des chiens aboient. Un traîneur de vinaigrette accourt ; par la portière, une femme, celle peut-être pour laquelle on a dégainé, se penche effarée. Les fonds sont pleins d'un bourdonnement de badauds, d'une presse de curieux qui se poussent, cherchent à voir, à se dépasser de la tête. La garde croise paternellement le fusil contre l'indiscrétion de la curiosité. Le blessé, nu jusqu'à la ceinture, avec son coup d'épée dans le flanc, soutenu par une sueur de charité, est saigné par le chirurgien et son aide. Le commissaire, en grande perruque, marche avec la lenteur grave de la justice, suivi d'un clerc tout noir et tout maigre. Tout cela va, vient, remue, dans une peinture de verve, heurtée et de premier coup, dans un tapage de gestes et de tons, dans le tumulte même et le hourvari de la scène réelle. Aussi quelle foule, quel attroupement et quel bel enthousiasme de peuple, lorsqu'un matin l'enseigne apparaît, hissée au front de la boutique, avant que personne ne soit levé dans la maison! Le chirurgien, que Chardin n'a pas prévenu, demande ce qu'il y a, et pourquoi tout ce monde: on l'amène devant l'enseigne. Il cherche ce qu'il avait commandé: des trépans, des bistouris, l'étalage de tous les outils de sa profession; il va se fâcher: l'admiration du public le désarme. De proche en proche, le succès du tableau gagna, et ce fut par cette enseigne que les académiciens firent connaissance avec « le nom et le faire» de Chardin. Combien d'années la laissa-t-on accrochée au-dessus de la boutique? Combien de temps demeura-t-elle là où la place le Journal des Arts, au bas du Pont-Saint-Michel? La petite chronique des enseignes de Paris n'en dit rien. Mais on la retrouve passant aux enchères à la vente de Le Bas en 1783, où elle est acquise pour cent livres par Chardin , le sculpteur et le neveu du peintre, qui, selon une note manuscrite de notre catalogue, «crut retrouver dans ce tableau tous les portraits des principaux membres de sa famille que son oncle avait pris pour modèles.» Et ce serait la dernière trace de l'enseigne du maître, si un fin et délicat connaisseur, un heureux chercheur, M. Laperlier n'avait eu le bonheur de mettre la main, non sur l'enseigne elle-même, mais sur une esquisse, une maquette du grand tableau, pochade franche à toute volée c'est l'esprit et le feu des derniers maîtres de Venise; les personnages n'y sont que des taches, mais les taches y font penser à Guardi.
medium_CHARDIN_le_singe_peintre_02.jpg

La rue devait porter bonheur à Chardin. À une autre exposition en plein vent, l'exposition de la place Dauphine, le jour de la Fête-Dieu, il se faisait remarquer par un tableau représentant un bas-relief en bronze où ses qualités apparaissaient déjà et se jouaient dans le trompe-l'œil. Jean-Baptiste Vanloo lui achetait ce tableau et le lui payait plus cher que Chardin n'osait l'estimer. Au milieu de cela, il restait modeste, et ne songeait guère à l'Académie. Plié aux idées de son père, bon bourgeois qui s'honorait fort d'être membre et syndic de sa communauté et qui ne désirait à son fils d'autre avenir que la maîtrise dans son état de peintre, il se laissait faire, avec l'argent du menuisier, maître de l'Académie de Saint-Luc. Ce fut la dernière réception dont la petite Académie put s'enorgueillir.

En 1728, à une autre exposition de la place Dauphine, il exposait, avec quelques autres toiles, ce beau tableau de la Raie qu'on voit aujourd'hui au Louvre. Devant ce chef-d'œuvre et le peintre qu'il annonçait, les académiciens, amenés là par la curiosité, cédaient au premier mouvement d'admiration: ils allaient trouver Chardin et l'engageaient à se présenter à l'Académie. Laissons ici la parole aux
medium_CHARDIN_la_recureuse_02.jpgMémoires inédits sur la vie des membres de l'Académie royale :
Désirant pressentir les opinions des principaux officiers de ce corps, Chardin se permit un innocent artifice. Il plaça clans une première salle, comme au hasard, ses tableaux, et il se tint dans la seconde. M. de Largillière, excellent peintre, l'un des meilleurs coloristes et des plus savants théoriciens sur les effets de la lumière, arrive; frappé de ces tableaux, il s'arrête à les considérer avant d'entrer dans la seconde salle de l'Académie, où était le candidat; en y entrant: « Vous avez là, dit-il, de très beaux tableaux ; ils sont assurément de quelque bon peintre flamand, et c'est une excellente école pour la couleur que celle de Flandres; à présent, voyons vos ouvrages. — Monsieur, vous venez de les voir. — Quoi! ce sont ces tableaux que... ? — Oui, monsieur. — Oh! fit M. de Largillière, présentez-vous, mon ami, présentez-vous.» M. Cazes, son ancien maître, trompé par cette même petite supercherie, accorda également un éloge des plus marqués, ne se doutant pas qu'ils fussent de son élève. On dit qu'il fut un peu blessé de ce tour, mais il lui pardonna aussitôt, l'encouragea et se chargea de sa présentation. Ainsi M. Chardin fut agréé avec un applaudissement général. Ce ne fut pas tout; comme M. Louis de Boullongne, directeur et peintre du Roi, entrait à l'assemblée, M. Chardin lui observa que les dix ou douze tableaux qu'il exposait étaient à lui, et qu'ainsi l'Académie pouvait disposer de ceux dont elle serait contente. « Il n'est pas encore agréé, dit M. de Boullongne, et déjà il parle d'être reçu. Au reste, ajouta-t-il, tu as bien fait de m'en parler.» (C'était une habitude qu'il avait de s'exprimer ainsi.) Il rapporta en effet la proposition, elle fut saisie avec plaisir; l'Académie prit deux de ces tableaux: l'un, un buffet chargé de fruits et d'argenterie; l'autre, le beau tableau représentant une raie et quelques ustensiles de ménage, qui fait encore l'admiration de tous les artistes, tant la couleur en est fière, tant l'effet et le faire sont admirables!