« 2015-03 | Page d'accueil
| 2015-05 »
27/04/2015
Les cocus dans l'histoire, ou bien des histoires de cocus
Par Bernard Vassor
Si tu reviens j'annule tout !
SOURCE gallica
Seigneur, la femme que vous m'avez offert pour compagne m'a donné du bois.
Paroles tirées de La Genèse, chapitre 3
Cournua cum cornibus
Cornua sunt omnibus.
Charles Fourier
.............
Il n'est pas de personnage plus important dans l'histoire que le cocu (notez, qu'il n'existe pas de terme féminin pour qualifier ce personnage )
Supprimez le, il ne reste plus rien du vaudeville, au théâtre de boulevard. Tous les plus grands écrivains ont traité la chose, Plutarque* Boccace, Rabelais, Montaigne, Molière, Balzac, Diderot, La Fontaine, Alexandre Dumas(père) Ninon de Lenclos etc.... De nombreux savants ont également écrit sur ce sujet, Pétigny, Richelet, j'alais oublier Voltaire, Bonaventure des Perrier, Marguerite de Navarre à Rémy de Gourmont, sans oublier le romancier le plus lu au XIX° aujourd'hui oublié Charles Paul de Kock dont la première syllabe en évoque l"état.
Vous connaissez certainement une chanson qui n'a qu'une seule strophe répétée à l'infini :"Il est cocu le chef de gare".
Des fabliaux du moyen-âge : "Le Dit de Béranger", "Les Quinze joies du mariage" traitent du cocuage de différentes façons, toutes originales, qui serviront de modèles par la suite.
Plus près de nous, Georges Brassens nous a donné deux des textes de chansons les plus comiques. Si vous voyez Raimu, vous pensez aussitôt à "la Pomponette", je ne veux surtout pas parler de cet homme politique dont la pomponette est partie et revenue, mais pour repartir définitivement.
Le coffre à surpises conjugales.
........
Le cornard est tantôt comique, tantôt émouvant on le ridiculise ou on le plaint. Molière qui a fait de Sganarelle un cocu imaginaire, fut à son tour cornardé par sa femme Armande Béjart. Ernest Feydeau, porta lui-même les plus belles ramures que lui fit pousser au sommet du crâne sa traîtresse de bonne femme Léocadie, la paternité de leur fils Georges est le plus souvent attribuée au duc de Morny. Le sujet de "Fanny" roman d'Ernest Feydeau est original; ce n'est pas le mari qui est trompé par l'amant, mais c'est l'amant qui l'est par le mari (Brassens en fit une chanson)
Balzac qui a longuement glosé sur le sujet dans "La Physiologie du mariage" et dans bon nombre de ses romans, sur les maris qui à raison de leurs fonctions lui paraissaient plus particulièrement voués que le commun des mortels à certaines mésaventures conjugales. Honoré fut lui-même si l'on en croit Octave Mirbeau, une victime, cornufié par son épouse, moins de cent jours après son mariage par le peintre Jean Gigoux.
Comme le dit Diderot : L'infidélité de la femme comme l'incrédulité du prêtre est la pire des forfaitures.
Le rôle de cocu étant essentiellement masculin, il arrive que certains passent directement de l'état de cocufieur à celui de cocufié. Que dire de Georges Clemenceau qui, après avoir mené grande vie à Paris, tenant sa femme recluse en Vendée, la tête ornée d'une ramure cocualique, se vit lui-même sentir pousser des excroissance sur son front. En conséquence de quoi notre tigre à cornes fit jeter son épouse dans les basses-fosses de la prison Saint-Lazare, puis il la réexpédia dans son pays d'origine (les Etats-Unis) , avec l'interdiction de revoir ses enfants.
Le grand Victor en personne se fit planter des bois par un homme réputé très laid (Sainte-Beuve), mais qui avait la particularité d'être pourvu d'un organe anormalement biaisé.
Le chanoine de Tours Béroalde de Vierville nous livre cette justification : Souventes fois les femmes trompent leurs maris par amour, ce dont il faut les louer, voulant ménager leurs époux; de peur de les user trop vite, elles vont à d'autres.
En Italie, le cocu se nomme bécco, cuckold est le terme anglais et en Espagne, c'est le cornudo qui porte la livrée jaune, cette couleur étant l'apanage de cet état qui selon certains est une preuve de fainéantise... un autre se chargeant de la besogne délaissée par le mari.
.......
Chez les Romains, la femme infidèle était cousue dans un sac en compagnie d'un singe ou bien d'un serpent, puis jetée à la mer ! Cette peine était sévère surtout à l'égard d'animaux n'ayant pris aucune part à cette vilenie. Justinien, dans sa grande bonté maintint la peine de mort contre le mari infidèle, et condamna la femme à la fustigation ou bien à l'incarcération pendant 2 ans au terme desquels elle était rasée, et enfermée pour le reste de ses jours si le mari ne la reprenait pas. Les ottomans beaucoup plus doux, enterraient les femmes peu vertueuse à mi-corps et les lapidaient tendrement jusqu'à ce que mort s'ensuive. En Angleterre, on savait s'amuser en ce temps là, on habillaient le femme à la légère après lui avoir coupé les cheveux. Ensuite, armés d'un bon fouet ils lançaient la bougresse dans les rues de la ville et lui couraient après en la fouettant la poursuivant de carrefour en carrefour. Si la bienheuse n'était pas morte à la première épreuve, on la transportait dans une autre ville. L'éducation Anglaise, il n'y a que ça de vrai.
*N'est-il pas reprochable, à un homme qui se trouvait sur l'âge et ayant une jeune femme, s'il voyait un beau jeune homme qui lui agréât et semblât de gentille nature, le mener coucher avec sa femme, pour la faire emplir de bonne semence et puis avouer le fruit qui en naissait comme s'il eut engendré lui-même" PLutarque, Vie de Lycurge.
Mise à jour le 27 avril 2015
La rue Quincampoix avoit été baptisée rue des Cocus après la faillite retentissante.
Le sujet étant inépuisable, je vous dis :
A suivre
18:29 | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
26/04/2015
Un voyage au pays des hermaphrodites : "Les avantures de Jacques Sadeur dans la découverte et le voiage de la Terre Australe"
Bernard Vassor
Par un moine contemporain de Cyrano de Bergerac qui a jeté son froc aux orties.
L'utopie des utopies.
Cet ouvrage est considéré comme étant l'invention du premier "voyage imaginaire dans les Terres australes", ce qui est un lieu commun de l'univers chimérique du siècle de Louis XV. Dans ce récit, l'Australie découverte en 1520, est peuplée uniquement d'hermaphrodites ce qui pose des problèmes ragoûtants car il y a quand même reproduction décrite dans des termes frisant le mauvais goût. Cette société d’hermaphrodites empreinte de douceur et de tolérance, n'hésite pas à massacrer ses ennemis non-hermaphrodites car ce sont des demi-hommes !
Le narrateur de cette aventure est un certain Jacques Sadeur, qui semble dévoiler certains aspects de la filiation de Foigny lui-même. Sa mère qu'il nomme Gillemette Itin est comme son père Jacques Sadeur native de Chatillon sur Bar du ressort de Rethel en Champagne. Toujours dans cette auto biographie supposée, sa mère le mit au monde en avril 1603 sur un navire venant des Amériques.... A la suite d'une tempête le vaisseau alla se fracasser contre les cotes d'Espagne et engloutit sa mère. Son père rendit le dernier soupir après l'avoir sauvé des flots tumultueux et ramené sur le sable.
A suivre.... .
Gabriel de Foigny vit le jour aux alentours de 1630 à Foigny en Picardie, petit hameau situé près de Rethel et de Reims, comptant 150 feux. Selon les critiques, cette utopie, d'un libertin du XVII° siècle est doublement abominable, bizarre et aussi scandaleuse que sa vie. Ce qui lui vaudra à Genève où il vivait, quelques mois d'emprisonnement, pour avoir de surcroît commis quelques paillardises avec sa servante Jeanne Berlie ! Expulsé de la ville, il obtint cependant d'y rester quelques temps, puis IL se retira dans un couvent de Savoie où il finit ses jours en 1692. Sa filiation, ses premières années de jeunesse et la fin de sa vie nous sont encore une énigme. Après des études de théologie, il entra dans l'ordre des Cordeliers de l'Observance. Doté d'une grande éloquence et d'une parfaite connaissance de la langue latine, il fut choisi par la hiérarchie comme prédicateur. Foigny qui manquait singulièrement de rigueur, d'un tempérament voluptueux était complètement dépourvu de sens moral pour un religieux en vint à mener une existence scandaleuse qui lui valut des remontrances. Pour éviter les condamnations dues à sa conduite scandaleuse, il se rendit à Genève après avoir abandonné sa soutane et abjuré solennellement devant le Consistoire la foi catholique et romaine pour épouser la religion de la "vraye Eglise et religion réformée" de Calvin le 6 mars 1666.
Biographie à suivre....
18:07 | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
Une nouvelle parution : Les Soirées de Médan, avec un dossier, des notes, une chronologie et une bibliographie
Par Bernard Vassor
Ce volume, véritable instrument pédagogique, contient, en plus d'un important texte de présentation, un ensemble de nouvelles d'amis d'Emile Zola que l'on a appelés "Le groupe des cinq".
Les six nouvelles :
L'ATTAQUE DU MOULIN, par Emile Zola
BOULE DE SUIF, par Guy de Maupassant
SAC AU DOS, par Joris-Karl Huysmans
LA SAIGNÉE, par Henri Céard
L'AFFAIRE DU GRAND 7, par Léon Hennique
APRES LA BATAILLE, par PAUL ALEXIS
Le dossier :
1 Six écrivains naturalistes : le groupe de Médan
2 La bataille du naturalisme
3 De l'esthétique naturaliste en peinture
4 Décrire la guerre au XIX° et XX° siècle
..................
Présentation, notes, dossiers, chronologie et bibliographie par
Alain Pagès et Jean-Michel Pottier.
10:30 | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
20/04/2015
Hégésippe Moreau au cimetière du Montparnasse, le cadavre numéro 12 (suite)
Par Bernard Vassor
ARTICLE PRECEDENT :
http://autourduperetanguy.blogspirit.com/archive/2011/07/...
Voici la biographie communiquée par l'historienne de l'Art Mathilde Huet consacrée à Laure Coutan-Montorgueil, la statuaire qui a réalisé le monument d'Hégésippe Moreau au cimetière du Montparnasse :
Laure Coutan-Montorgueil, est née Laure Martin à Dun-sur-Auron dans le Cher, en 1855. Elle se forma à Paris auprès d'Alfred Boucher, fut reconnue de son temps et reçut de nombreuses commandes publiques ou privées. Elle participa, notamment, à l'exposition Internationale de Chicago, en 1893.
On lui doit, entre autres, les bustes de l'astronome Le Verrier, du Prince Napoléon, du Général Boulanger ou de la comtesse de Choiseul. Citons aussi le buste en bronze, particulièrement expressif, d'André Gill (cimetière du Père Lachaise), celui du poète Hégésippe Moreau ou son autoportrait (tous deux au cimetière de Montparnasse), ou celui de Taglioni pour le foyer de l'Opéra. Elle a également réalisé des statues allégoriques comme La Fortune, conservée au château de Choisy-le Roi (94), grande réplique en marbre de 1,90 m représentant une déesse marine, assise sur une roue (symbole de la fortune traversant les flots), ou encore Sirius, marbre commandé par l'État en 1895 pour le Palais de l'Industrie sur les Champs-Elysées, représentant une femme nue, allégorie de l'univers et de la nature. Laure Coutan a également créé de gracieuses statuettes en bronze comme La jeune fille à l'oiseau.
Mise à jour le 20 avril 2015
07:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
06/04/2015
6 février, anniversaire de la naissance de Flora Tristan.
Par Bernard Vassor
Une mise à jour ce 6 avril 2015
Par Bernard Vassor
Conception Bernard Vassor, réalisation infographique Pilippe Lefeuvre © B.V. 2003.
Flora Tristan et les femmes de son temps
7 avril 1803-14 novembre 1844
L'homme le plus opprimé
peut opprimer un être
qui est sa femme.
Elle est la prolétaire du prolétaire même.
Flora Tristan « L’Union Ouvrière »
Comment résumer en quelques lignes la vie "ardente et trépidante" d'une femme qui a lutté jusqu'à l'épuisement pour établir une justice sociale dans la première moitié du XIX° siècle ?
Le titre de son premier ouvrage en 1836 : "Nécessité de faire un bon accueil aux femmes étrangères" suffit à démontrer la modernité du combat de celle qui fut aussi une grande voyageuse. Ses pétitions adressées aux députés pour obtenir l'abolition de la peine de mort, attendront un siècle et demi pour aboutir en France. La mesure, en revanche n'est toujours pas appliquée dans le nouveau monde.
Le code Napoléon avait réduit la femme à l'état d'infériorité et d'assujettissement. Flora s'engagea avec "ses soeurs" saint-simoniennes dans le combat pour le rétablissement du divorce et le droit des femmes à disposer d'elles-mêmes.
Véritable créatrice du syndicalisme, elle fonda "L'Union Ouvrière » avec un but très clair : organiser les travailleurs, exiger le droit au travail, veiller à l'éducation des enfants et verser une pension aux ouvriers agés.
Avec elle il faut citer et remettre en mémoire celles qui furent les pionnières du mouvement féministe et qui luttèrent parfois jusqu'à la mort pour voire la réalisation de leur combat.
A "La Tribune des femmes" premier journal féminin militant, au 27 rue Laffitte en 1832 on pouvait y rencontrer aux réunions du jeudi, Claire Demar et Marie-Reine Guindorf qui ont connu une fin tragique, Suzanne Voilquin "Fille du Peuple", Jeanne Deroin, Claire Bazard, Désirée Véret (Desirée Gay) et Eugénie Niboyet qui organisa à Lyon en 1832 la première organisation féminine "Pour la Paix dans le monde"
Les principaux journaux dirigés en majorité par des ouvrières s'intitulaient :
La Femme Libre, La Femme Nouvelle, L'Apostolat des Femmes, La Tribune des Femmes, La Voix des Femmes.
Flora Tristan est morte d'épuisement à Bordeaux, seule ville en France qui l'honore chaque année le 14 novembre jour de sa mort, La maison du Pérou et L'institut d'Histoire sociale d'Aquitaine organisent une manifestation commune au cimetière de la Chartreuse.
Nadia Prete m'a aidé en 2003 à l’organisation à la mairie du neuvième, d’une magnifique célébration du bicentenaire de la pionnière de la cause des femmes avec des conférences et une exposition en liaison avec l’ambassade du Pérou avec l'Ambassadeur monsieur Javier Perez de Cuellar, l'attachée culturelle madame Carolina Bellaunde, et la bibliothèque Marguerite Durand. avec madame la conservatrice Annie Metz.
Dans le monde entier, des associations Flora Tristan ont été crées pour venir en aide au femmes battues.Célébrée par André Breton qui possédait une partie de sa correspondance qui fut mise en vente lors de la dispersion du « Musée Breton » au 42 rue Fontaine.
Une série de conférences avec
Article paru dans le journal municipal du 9ième arrondissement lors de la célébration du bicentenaire de Flora Tristan que j'avais organisée à Paris et à Bordeaux pour une exposition en liaison avec l'Institut d'Histoire Sociale de la Gironde et mon amie d'enfance Annie Gleroux Ducom.
..................................
"Refusons pour époux tout homme qui ne consentirait point à partager le pouvoir"
Après la révolution de 1830, un éphémère vent de liberté a soufflé sur la presse en France. Depuis le code Napoléon, les femmes étaient réduites à un état d'infériorité. Des lois s'accumulant depuis, l'interdiction du divorce, l'interdiction d'ester, la soumission de la femme inscrite dans le code civil. On rapporte un propos de l'Empereur : "Les femmes sont l'âme de toutes les intrigues, on devrait les reléguer dans leur ménage, les salons du Gouvernement devrait leur être fermés" .
Des femmes comme madame Bernier n'hésitent pas à apporter leur concours aux anti-féminites les plus durs. Dans un livre intitulé "Quel est pour les femmes le genre d'éducation le plus propre à donner le bonheur des hommes" où il est dit que la destination des femmes est de faire le bonheur domestique de l'homme, il est nécessaire que dès l'enfance, elle connaisse combien elle est inférieure à l'homme !
La Bibliothèque nationale en possède un exemplaire richement relié aux armes de l'Empereur Napoléon qui dût en faire son lmivre de chevet. Cet état d'esprit était largement partagé par bon nombre d'hommes politiques ou pas.
Dans un article précédent : voir le livre de Sylvain Maréchal, le compagnon Gracchus Babeuf précurseur du communisme.
En 1832, est favorisée la création de clubs déguisés et de sociétés secrètes. En 1834, une loi mit fin, interdisant toutes les associations. Entre ces deux périodes, des femmes firent paraître des journaux et des brochures de propagande en faveur de l'émancipation des femmes. De nombreux livres plaidant aussi dans ce sens virent le jour.
En 1832, Suzanne Voilquin , Jeanne désirée, Claire Démar, Marie-Reine Guindorf, Julie Parsyen furent les premières rédactrices de cette feuille entièrement féminine, de la conception à la réalisation, impression comprise. C'était surtout un organe saint-simonien proche du journal "Le Globe". Le mot d'ordre était : "Refusons pour époux tout homme qui ne consentirait point à partager le pouvoir" . Ce journal changea de nom pour s'appeller : "l'Apostolat des Femmes" puis :"La Tribune des Femmes". Elles formèrent ensuite "L'Association de la Femme nouvelles" qui tenait tous les mercredis ses assises au 15 rue Laffitte. La femme messie Flora Tristan, participa aux réunions de cette assemblée.
Dans un des numéros, la fondatrice de "La Femme de l'Avenir", Suzanne Voilquin annonce qu'elle vient de divorcer avec la bénédiction du Père Enfantin, et décidée de céder son mari à une de ses collaboratrices Julie Parsy...
D'autres comme madame Herbinot de Mauchamps fondèrent une revue mensuelle : "La Gazette des Femmes", journal de législation de jurisprudence, de littérature et de théâtre. Cette revue réclama impérieusement pour les femmes payant 200 francs d'impôt le droit de vote et somma Louis-Philippe d'ajouter à ses titres, celui de roi des Françaises. Les rédactrices demandèrent à la chambre dans une pétition, le rétablissement du divorce. Ce journal lui-aussi ne vécut que deux ans. Il est curieux de noter que tous les membres du comité de rédaction étaient des "Mauchamps"
Un autre organe de presse féminin, plutôt bas-bleu, est parfois la cible des femmes de la Tribune,c'était le "Journal des Femmes" dirigé par madame Louise Bernard et madame Fouqueau de Passy qui à son tour attaquait les saint-simoniennes.
Plus tard, en 1836, Madame Dauriat donna au Rannelagh, des cours de "Droit social des femmes"qui fut aussitôt fermé par la police. Elles déclarait au cours de ces conférences : "Malheureusement, il y a des femmes si bien "apprises" qu'elles secondent de tout leur pouvoir contre leur sexe, l'éducation et la servilité si propre à préparer toutes les douleurs de l'épouse"
Claire Démar, une des rédactrice de "La Tribune des Femmes" publia deux ouvrages : "Appel aux françaises" et "Ma loi d'avenir". Dans ce dernier, elle souhaitait qu'avant le mariage il soit fait "un essai tout physique de la chair par la chair".
Avant la parution de son livre, elle se suicida avec son compagnon Desessarts. Une autre rédactrice de ce même journal, Marie-Reine Guindorf suivit le même chemin. Les désillusions étaient grandes au sein du mouvement du Père Enfantin...
Le premier journal pacifiste internationnaliste français créé par Eugénie Niboyet.
"Unissons nous, répétons tous : Paix et Fraternité"
........
"Femmes, il dépend de vous d'améliorer
votre condition, d'être dans l'humanité
l"égale des hommes, de régner dans la
famille, d'y exercer une influence salutaire
sur l'époux et sur le fils"
Eugénie Niboyet
Protestante, d'origine Suisse, le champ d'action d'Eugénie en faveur de l'émancipation et du droit des femmes est très vaste. Ses premières activités débutèrent au sein d'une "
Société pour la Morale chrétienne" d'origine protestante. Au sein de cette association, elle décida de fonder une
"Société de la Paix", et la création d'un journal qui eut une existence très brève, de février 1844, à octobre 1845.
Eugénie Mouchon est née à Montpellier, morte à Paris le 11 septembre 1796- Paris 6 janvier 1883. Elle épousa un riche avocat lyonnais en 1822.
Conquise par le saint-simonnisme, elle fut déçue par la scission de "l'Eglise" par Bazard et Enfantin, après le départ deJules Lechevallier, elle rejoignit les rangs des fouriéristes. Elle fit de nombreuses traductions de romans et de textes deMary Wollstonekraft, et de Marie Egworth.
Elle fonda en 1833 à Lyon « Le Conseiller des Femmes » journal auquel collabora Marceline Desbordes-Valmore et, elle fut la première française à traduire un roman de Charles Dickens. En contact étroit avec Flora Tristan à Paris , les deux femmes se séparèrent en 1833..
C'est Eugénie elle qui orienta le mouvement féministe naissant vers les thèses de Fourier. Elle créa le journal "La Paix des deux Monde"
précurseur des mouvements pacifistes.
En 1834 elle fonda une académie artistique féminine appellée "L"Athénée des Dames" dans lequel, elle combattit le duel et la peine de mort
Présidente du "Club des femmes" du boulevard Poissonnière en 1848, dont les principales animatrices, étaient comme elle d'anciennes saint-simoniènes converties : Désirée Gay, Jeanne Deroin, Adèle Esquiros,Pauline Roland*, Anaïs Segalas et d'autres, anciennes rédactrice de "La Tribune des Femmes" et de "L'Apostolat des fmmes" de 1832-1833. Pendant la Révolution de 1848, elle désaprouva Jeanne Deroin et lesVésuviennes, Elle avait fondé "La Société de la Voix des Femmes" en mars et son club 8 rue Taranne , fut le véritable pivot de tout le mouvement féminin à cette époque. On peut noter la présence comme membre ce club le sulfureux curé schismatique l'abbé Chatel, qui participa aussi à de nombreuses réunions dans d'autres clubs féminins. Il y prôna la liberté pour les femmes de divorcer, et le mariage des prêtres.
.......
Eugénie Niboyet voulant faire exercer une influence à travers des élus, lança la candidature d'Ernest Legouvé, féministe de longue date, et celle de George Sand, qu'elle croyait acquise au mouvement d'émancipation des femmes.
Dans un article paru dans "La Voix des Femmes" elle demande d'appeler à l'Assemblée Constituante :
"Le représentant qui unit nos sympathies, c'est le type un et une, être mâle par la virilité femme par l'intuition divine, la poésie. Nous voulons hommer Sand..."(...)
La réponse de George Sand fut cinglante hautaine et méprisante : C’est par l’intermédiaire d'autres journaux qu’elle répondit, traitant l’article d’Eugénie Niboyet de "plaisanterie", et se moquant même de ce journal, rédigé par "des dames" qui forment des clubs et qui dirigent des journaux, que par ailleurs, 'elle ne connaissait pas, et qui a même osé annoncer sa candidature à l’Assemblée nationale. Elle déclara ne pas permettre qu'on la prenne symbole d’un cénacle féminin avec lequel elle n’a jamais eu la moindre relation et qu'elle est complètement étrangère aux articles signés G.S. parus dans ce journal. Son amie Marie D'Agoult sous le nom de Daniel Stern se montra aussi méprisante vis à vis des clubs féminins dans son "Histoire de la Révolution de 1848".
Contrairement à ce que l'on croit, George Sand, a plusieurs reprises refusa le demander et d'envisager le vote des femmes. Ce qui fit souligner par bon nombre d'écrivains et d'historiens, "l'ambivalence" de ses idées en ce qui concerne le féminisme. Elle récidiva en 1868, dans une brochure : "Pourquoi les femmes à l'Académie". Son attitude haineuse et pour le moins rétrograde vis à vis de la Commune de 1871, et sa fermeture d'esprit en ce qui concerne "l'art moderne", en font une bien piètre féministe éclairée !!!
Notons au passage l'article révoltant de Charles Hugo contre les clubs de femmes (La Liberté, 29 septembre 1870) :
"Je ne suis pas allé dans ces clubs et je ne veux pas y aller...Les réunions de femmes avaient eu jusqu'ici trois noms : la maison, le bal et l'église; on vient de leur en appliquer un quatrième....le club ! A la maison les femmes étaient pures, au bal belles, à l'église saintes; mais au foyer, au bal, à l'église elles étaient femmes(...) au lieu de le consoler, elles crient contre le genre humain. Elles feront de leur voix qui avait été jusque-là douce comme un chant, tendre comme un conseil, inspirée comme une prière ...° Le moment est venu où les femmes doivent se taire !"
* Qui fut la tutrice d'Aline Chazal, future madame Gauguin, mère de Paul, et fille de Flora Tristan.
La notice ci-dessus, est bien sûr limitée, compte tenu de la place accordée dans un blog, les principales informations proviennent de recherches à
la bibliothèque Marguerite Durand il y a quelques années, grâce à la patience et l'amabilité des documentalistes et de la
conservatrice : Annie metz.
.........................
Les femmes de 89 furent à l'avant-garde de la Révolution. Dès le début de juillet, il y eut à Paris des mouvements de révolte contre la misère et les souffrances qui s'étaient abbattues sur le petit peuple. Michelet raconte que le samedi 3, une dame, au café de Foy, dénonça "les cocardes antinationales, et le danger public". Lundi 5, aux halles, une jeune fille, prit un tambour, battit la générale et entraîna toutes les femmes du quartier. Le 4 octobre au soir, "une femme courageuse, qui au milieu d'une foule de malheureuses créatures qui n'avaient pas mangé depuis trente heures court du quartier Sant-Denis au Palais-Royal, elle se fait jour dans la foule qui pérorait, elle se fait écouter; c'était une femme de trente-six ans, bien mise. Elle veut qu'on aille à Versailles, elle marchera en tête. On plaisante, elle applique un soufflet à l'un des plaisants. Le lendemain, elle partit des premières, le sabre à la main, prit un canon à la Ville, se mit à cheval dessus, et le mena à Versailles, la mèche allumée"
Plus tard, à partir de 1790, des centaines de clubs et de sociétés feminines furent crées dans beaucoup de villes et même villages enFrance. Citons dans le désordre : Annonay, Le Puy, Auch,. Pau, Orthez, Bayonne, Damazan, Marmande, Bordeaux qui possédait plusieurs clubs féminins, Périgeux, Cognac, Limoges (où s'illustra la fougeuse citoyenne Laferrière qui organisaun bataillon d'Amazones armées),dans le Lot et Garonne, Coutances en Normandie, Marseilles, Grenoble etc...la liste des clubs pourait constituer un volume à elle seule...
Sylvain Maréchal un des plus acharnés anti-feministe.
Plusieurs clubs furent créés par une jeune femme de Montauban Olympe de Gouges, que l'on disait illettrée.
A partir de 1791, un peu partout, dans les grandes villes de France, des femmes s'organisèrent et se rassemblèrent dans des "Clubs de femmes". Ce qui ne plut pas aux hommes du Conseil exécutif provisoire qui firent interdire de telles réunions.
L'admission des femmes dans les clubs ne fut pas du goût de tout le monde.
Une feuille politique "La mère Duchêne à Lyon" imprima la déclaration suivante :
"Il s'est formé un club jacobino-femelle qui a arrêté par son règlement un drapeau rouge que l'on ferait garder par l'évêque Damourette...-Je sommes, dit la mère Carpillondu club des Citoyennes dévouées-t"à la nation; et fourche ça ira ! je ne laisserons pas le monde s'éteindre fiaute de bons patriotes..."
Une autre fit imprimer toujours à Lyon une ridicule :
"Déclaration du Droit des femmes"
"Article premier- Les femmes naissent vivent et meurent avec le droit de parler. Elles sont égales en prétention à cet égard (...)
Article 17 -L'art deraisonner étant, chez la femme, un droit inhérent et imprescriptible, nulle femme ne peut en être privée jusqu'à ce qu'il ne plaise à la nature d'en faire d'autres différemment constituées.."
Les femmes lyonnaises peu de temps après, montrèrent qu'elles savaient se faire entendre. Le 15 septembre, au nez et à la barbe des hommes, elles s'emparèrent de la ville, et en furent maîtresses pendant trois jours. Elles taxèrent les denrées, forcèrent les épiciers à ouvrir boutique et occupèrent les places et les marchés.
Des "commissaires de police féminines" veillaient à l'application des nouveaux tarifs que les autorités s'étaient vues imposer de contresigner sans moufter !
Lyon possédait plusieurs clubs féminins qui changèrent parfois de nom. En dehors des "Citoyennes dévouées à la nation", il y eut : "Les amies de la Constitution",( dont la présidente était la citoyenne Charpine,le bureau était mixte) Elles se réunissaient au n° 736 de la rue du Pas-Etroit, au coin de la rue Commarmot)-"Les Amies de la Liberté et de l'Egalité", présidente, la citoyenne Charton, -"Les Amies de la République"
C'est ainsi que l'on peut lire dans le bulletin de la Convention nationale du 19 au 26 janvier 1793, un article consacré à un club féminin à Lyon :
Club de femmes à Lyon(1793).
"R
ien ne seroit plus édifiant, plus utile même qu'un cercle de bonnes mères de famille du même quartier, se réunissantchaque jour à une certaine heure, leurs enfans sur les genoux, & de l'ouvrage à la main. Qu'elles se consultent réciproquement sur les devoirs de leur état, qu'un citoyen père de famille, vienne chaque jour leur faire part des évènements de la journée & leur lise les lois nouvelles décrétées par l'assemblée nationale, il n'y auroit rien à dire à cela, c'est tout naturel.
Mais que penser de ce club de femmes qui vient de s'ouvrir à Lyon ? Assurément nous sommes les premiers à rendre hommage à la pureté des intentions de ces bonnes citoyennes; mais pourquoi s'être donné une présidente ? Pourquoi tenir des séances en règle ?
Pourquoi un registre des procès-verbaux des séances ? Passe encore pour l'hymne à la liberté qu'elles chantent d'ordinaire avant de se séparer; mais pourquoi inviter les trois corps administratifs, département, district & municipalité, à assister à la tenue de leur assemblée ? Pourquoi la présidente Chareton & la citoyenne Charpine s'adressent-elles aux magistrats, pour inviter l'évèque l'Amourette à leur composer un nouveau cathéchisme plus à l'ordre du jour ? Est-il un décret qui oblige les mères de famille à faire apprendre à leurs enfants ? (...) Une mère de famille a-t-elle besoin de livres pour éduquer ses enfants ? Le ppère n'est-il pas là pour partager l'éducation des siens ?" écrit indigné le chroniqueur lyonnais pour conclure pus loin la main sur le coeur :
"Au nom de la patrie (...)au nom des bonnes moeurs domestiques dont les clubs de femmes sont les fléaux, nous conjurons les bonnes citoyennes de Lyon de rester chez elles, sans s'inquiéter du cathéchisme de l'évèque Lamourette.
Nous les conjurons de réfléchir au tort qu'elles causoient sans s'en douter à la République, si chaque bourgade de France alloit les iliter. Il y auroit partout des clubs & nulle part bientôt de bons ménages bien tenus."
(Avis aux femmes formant un club dans la ville de Dijon).
Les clubs une fois interdits, laissèrent place à une "Société des Femmes Révolutionnaires"dirigée par une fille courageuse et éloquente Rose Lacombe.Elle s'attira la haine de Robespierre des jacobins, et aussi des poissardes dames de la halle, qui étaient en majorité royalistes, elles faisaient porter la responsabilité de la baisse de leur commmerce aux sociétés de femmes, qui, habillées en homme et armées se promenèrent dans les halles et injurièrent les poissardes. Celles-ci se précipitèrent sur elles, et plus robustes de constitution, elles appliquèrent une "indécente correction" aux envahisseuses, à la grande joie malsaine des hommes présents ravis de ce spectacle émoustillant.
.......
On trouve dans une feuille révolutionnaire (masculine) une observation d'une femme sur "La Société des Citoyennes révolutionnaires" :
"S'il manquait quelque chose à Paris, la surveillante de la République, c'est sans contredit, une association de femmes, telle que celle qui vient de se former, où les femmes après avoir rempli leurs devoirs domestiques, vont apprendre à être républicaines de moeurs et de principe (...)" Cette société fut à peine formée qu'elle fut en butte à toutes sortes de calomnies; il est vrai qu'elle débuta bien mal, en arrêtant qu'elles porteraient toutes la cocarde nationale et invitant par une adresse aux quarante huit sections : du 12 mai toutes les citoyennes qui sentaient tout le prix de la liberté de les imiter; invitation qui fit pleuvoir sur elles tous les blasphèmes que l'on puisse imaginer de la part de ces êtres ignorans et serviles de leur sexe, qui sont abrutis dans les préjugés, elles n'ont eu, pendant longtemps que ces individus méprisables pour ennemis; mais le caractère de cette société et les principes invariables qu'elle professe, lui en ont fait bien d'autres, ce sont les hommes qui s'aperçoivent qu'à mesure que les femmes s'éclaireront, leur despotisme marital disparaîtra (...) ils ont beau faire, les femmes commencent à voir qu'elles ne
sont pas faites pour être plus avilies qu'eux(....)
La conclusion est la suivante :
"A mon avis, les femmes qui ne sont pas dans les bons principes, sont aussi dangeureuse que les hommes; c'est pourquoi j'invite la société des républicaines révolutionnaires à mettre cet objet à l'ordre du jour dans ses délibérations"
Une autre femme, dans une adresse à l'assemblée, demanda :
"La permission de nous procurer des piques, des pistolets & des sabres, même des fusils pour celles qui auroient la force de s'en servir, en nous soumettant aux règlements de police"
Premier Comité provisoire des femmes pendant la Commune de Paris de 1871, Cour des Petites Ecuries...
Document Archives de Paris, Archives nationales Guide des Sources du mouvement Communaliste, La Documentation Française 2007, cahier iconographique B.V.
Archives de Paris.
Mise à jour le 3 juin 2010
mise à jour le 7 mars 2009
Mise à jour le 8 mars 2011
Mise à jour le 6 avril 2015
11:47 Publié dans A L'ANGLE DE LA RUE TROUSSEVACHE | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
All the posts
Écrire un commentaire