Référencement gratuit

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

03/01/2007

Histoire des maisons, "clandés" et "tolérances" dans le 9° arrondissement

Par Bernard Vassor
UN PETIT COMMERCE DE PROXIMITE 
medium_GUIDE_ROSE_05.jpg
De 1830 à 1946, histoires rue par rue du 9°arrondissement. 
Lorettes oblige, nous allons commencer par la rue des Martyrs qui dès le XVIII° siècle avait ses "petites maisons", ses auberges, marchands de vin et autres lieux propices à la débauche. 
A partir de 1820, la rue des Martyrs voit le nombre de maisons neuves doubler ou tripler. les propriétaires louaient leur maisons bon marché, à des jeunes ouvrières, le temps que l'humidité des murs soit disparue. La seule condition était de mettre des rideaux aux fenêtre pour bien montrer l'occupation des lieux. Ces jeunes femmes qui augmentaient leur maigre salaire le soir dans les bals ou les bouges du quartier. C'est tout naturellement que Nestor Roqueplan inventa le nom de Lorettes pour les désigner en raison de la proximité de l'église qui venait d'être déplacée à l'endroit où nous la trouvons aujourd'hui. Celles du haut du quartier, à proximité de la place  Pigalle étaient appelées Bréda.
Pour les années antérieures à 1871, nous avons peu d'archives, en raison de l'incendie de la préfecture de Police en 1871 par les communards. Néanmoins, certains dossiers sont parvenus jusqu'à nous. 
Pour ce qui concerne le XX° siècle, nous ne donnerons que les adresses des endroits fréquentés, surveillés, et contrôlés par la police. Pour la facilité, nous progresserons par numéro de rue sans tenir compte de la date, qui sera mentionnée uniquement pour les adresses du XIX° siècle.
medium_archives_prostitution_livret_05_sepia.2.jpg
 
medium_DOssier_prefecture_05.jpg
Numéros : 6 (madame M...) 8 (Madame A....) 10 (madame A...B...) 11 ( R.....) 19 (d'H...) 21 (P... L..) 30 (F...) 3640 (J...D....) ( L. P...) 42 (Miss J...) Ces maisons ont été fermées par arrêté préfectoral dans le Bulletin municipal officiel du 21 janvier 1946 suite à une campagne de Marthe Richard.
Autres adresses au XIX° siècle :
Au numéro 13, une maison de rendez-vous était tenue par Léontine Chevrel, jusqu'en 1914.
Au numéro 30, une autre maison, dirigée par Irma Collin dite "Frou, en 1887
Au numéro 35, Jenny B..
Au numéro 60, un débit de boisson tenu par J.Kraus, fermé en 1906
Au numéro 68, une maison meublée était mis à la disposition de filles publiques fermée en 1931.
Au numéro 72 bis les soeurs Monvoisin exerçaient leur coupable industrie en appartement.
Au numéro 75 (qui est dans le XVIII° arrondissement) Charles Rossignol, de 1880 jusqu'à la guerre de 1914, tenait un débit de vin hôtel à Côté du Divan japonais... 
Au XVIII° siècle :
le numéro 12, "Au Boeuf Rouge" était réputé pour la beauté de ses clientes.
Au numéro 16, le Lion d'Argent, qui fut remplacé par le Faisan doré en 1830.

Entre les numéros 21 et 29, des "petites maisons", une immense propriété appartenant à Monsieur Hélène. 

*Petite maison : sous le règne de Louis XV, chez les grands seigneurs, il était à la mode de posséder non loin de Paris, des maisons décorées avec luxe, et concue dans un esprit de galanterie.

Une pièce attribuée au président Hénault imprimée en 1749, est représentée dans un petit théâtre dans une salle des Porcherons. Elle est intitulée :"La Petite Maison".Elle nous donne de précieuses indications sur les propriétaires de ces logis, sur les adresses que nous donnerons quand nous évoquerons les rues concernées.

Maurice Lever : D.A.F. marquis de Sade Paris Fayard 1991

Archives de Paris

Un tenancier, une sous maîtresse et le petit personnel d'une maison close ayant servi de modèle à Maupassant pour "La Maison Tellier" à Rouen..................ci-dessous

 
medium_MAUPASSANT_maison_close_ROUEN_05.jpg

 

TOURNADARD, NADARD, puis NADAR

Par Bernard Vassor
 
medium_NADAR_daumier_05.jpg
Cette vignette d'Honoré Daumier, résume  assez bien le caractère de Nadar : caricaturiste, photographe, aérostiier, observateur engagé artistiquement et politiquement de son siècle.
Il est né le 6 avril 1820 à Paris en plein coeur du quartier latin, rue Saint André des Arts où son père était imprimeur  éditeur libraire. Il fit des études au lycée Royal (Condorcet). Puis il fait des études de médecine à Lyon la ville natale de sa famille. Après la mort de son père, il abandonne la faculté pour revenir à Paris gagner sa vie
 Il fréquente alors la bohème de son temps et sera de presque tous les cénacles : De Schanne, Salmson, et Vastyne, des buveurs d'Eau, de Lelioux et Murger, puis de la bohème dorée, de Gautier, Nerval, Banville, Gavarni, Daumier, Dumas, Balzac, Baudelaire dont il sera un intime.
Très tôt il collabore à de nombreux journaux. Sa manie d'ajouter la syllabe "ard" à la fin de ses phrases le font surnommér Tournadard, c'est sous ce nom qu'il signera ses premiers articles, puis Nadard et enfin Nadar tout court... 

On écrivait, au sein de l' antique Bohème
où le chat de Mimi brillait sur le poëme,
où Schaunard éperdu, dédaignant tout poncif,
si quelqu' un devant lui vantait sa pipe blonde,
lui répondait : " j' en ai pour aller dans le monde
une plus belle encore, " et devenait pensif.
Aujourd' hui Weill possède un bouchon de carafe,
Arsène a des maisons, Nadar est photographe,
Véron maître-saigneur,
Fournier construit des bricks de papier, et les mâte,
Henri La Madelène a fait du carton-pâte :
lequel vaut mieux, seigneur ?
décembre 1856 :

MA BIOGRAPHIE A HENRI D'IDEVILLE

Banville Odes Funambulesques 

 

08:15 Publié dans Les Cénacles | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

02/01/2007

LES BALS D'ASNIERES

UNE SUCCURSALE DU CASINO CADET
medium_asnieres_chateau_Voyer_d_Argenson_08.jpg

 

Bals les dimanches et les jeudis. Prix d'entrée : de 3 à 5 francs les jours de fetes extraordinaires.

Sous le règne de Louis XIV, Mlle de Fontange fit bâtir une maison de campagne à Asnières. La princesse Palatine  Anne Gonzague de Clèves en 1653 en fit l'acquisition. Puis, Marie-Madeleine de la Vieuville comtesse de Parabère s'installa à côté pour recevoir les visites du Régent.

Philippe est un joli garçon

Qui se soûle comme un cochon.

Le soir avec la Parabère,

Laire la lon laire.... 

En 1749 Voyer d'Argenson (le chef des corrompus de la cour selon Talleyrand), gouverneur de la Vincennes se rendit acquéreur du domaine y fit des travaux considérables par l'architecte Mansard de Sagonne.

Sur la porte du château, il avait fait afficher : Instruction du préfet de Police par laquelle "il est interdit aux maires de marier des blancs avec des négresses et des blanches avec des nègres." 

Vers 1860, le château est devenu une succursale du Casino Cadet, plus de deux mille danseurs se pressent dans les salons et sur les terrasses, où des jeux de toutes espèces sont proposés au public, avec escarpolette, tir au pistolet et parfois feux d'artifices.

medium_PARC_DU_CHATEAU_D_ASNIERES_09.jpg

 TERRASSE DU CHATEAU

medium_ASNIERES_gare_05.jpg

LA GARE D'ASNIERES

En 1870-1871, la ville d'Asnières  fut bombardée par les prussiens, puis par l'armée de Versailles. Tous les arbres du parc ont été dévastés. Une partie du château fut détruite.

medium_ASNIERES_TOUR_demolie.jpg

 

Un jeune Bohème de province à Paris :Champfleury

CHAMPFLEURY, Panthéon Nadar
Yeux vifs et perçants qui vrillent, gros nez fureteur qui descend sur des lèvres minces, ombrées d'une moustache drue et forte, une touffe de poils sur un menton en galoche des obstinés... 
medium_CHAMPFLEURY_sepia_05.2.jpg
Jules-François-Félix Husson, dit Champfleury
(Laon 1821- Sèvres 1889)
Venu de Laon à Paris pour être auteur,qui sera Champfleury, mais qui ne s'appelle encore que Fleury, il propose à Henry Murger de partager sa chambre....
Voici un site formidable qui vous  en dira plus  :

16:15 Publié dans Les Cénacles | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

ADRIEN LELIOUX PREMIER PRESIDENT DES BUVEURS D'EAU

ADRIEN LELIOUX, Pantheon Nadar
 medium_LELIOUX_06.jpg
C'est chez lui, au 1-3 rue de la Tour d'Auvergne, qu'eurent lieu les premières rencontres des Buveur d'Eau dont les  membres avaient élu Lelioux à la présidence de ce cénacle. La société des Buveurs d'Eau fut fondée m'a indiqué Jean-Didier Wagneur en 1839. Adrien à ce moment, était le seul à avoir une petite notoriété en tant qu'auteur dramatique.
Il avait fait représenter plusieurs de ses pièces au Théâtre du "GYMNASE ENFANTIN", situé aux numéros 31, 33, 35 passage de l'Opéra, dans la galerie du Baromètre, fondé en 1832, il était dirigé en 1839 par un certain Saint-Hilaire.
medium_passage_de_l_Opera_galerie_du_barometre_05.jpg
Le Gymnase des Enfants ou Gymnase Enfantin, fut victime d'un incendie en 1843 et ne fut pas réédifié.
Lelioux avait donné sous le nom d'Adrien un drame en un acte mêlé de couplets intitulé Coquetterie, le 18 mars 1837. Le 1 juillet de cette même année, une comédie vaudeville La Comédie en famille. Avec Adolphe Pajol, il fait représenter dans le même lieu : La Reine des Rameaux, le 23 août 1838.
Charles Monselet raconte : "On a mis dix ans à représenter son Don Gaspar à l'Odéon,  et la Comédie Française, poussée à bout, lui a donné de l'argent pour aller se faire jouer, comme on dit aller se faire pendre ailleurs"
Don Gaspar représenté à l'Odéon le 1 février 1851, fut édité par Michel Lévy cette année-là.
Le Perroquet gris, comédie en deux actes en repésentation à l'Odéon le 22 octobre 1851, publié chez Alphonse Tarride en 1858.

06:35 Publié dans Les Cénacles | Lien permanent | Commentaires (1) | | | | Digg! Digg

01/01/2007

Alexandre Channe un autre cénacle de la Bohème

Tournachon par Nadarmedium_NADAR_AUTO_CARICATURE_05.jpg

Par Bernard Vassor

Ce cénacle antérieur à celui de Lelioux, le jeune Alexandre avait moins de dix huit ans.

Nous savons que bien qu’il fut un des héros des « Scènes de la Bohème », Schaunard, en raison de l’aide financière apportée par ses parents, n’entrait pas dans les critères « Buveurs d’Eau ». Les statuts de cette association stipulaient que les membre ne devaient subvenir à leurs besoins que par le produit de leur art. Schanne ou Schann (le nom du magasin de jouets de la rue aux Ours) ou Schaunard, était le fils d’un fabricant de jouets qui exerçait dans la rue aux Ours ; il avait rêvé que son fils prenne sa succession dans la fabrication du « joujou moral ». Alexandre avait débuté dans l’atelier de Léon Gogniet où après une année de travail acharné, il avait peint un bras d’homme. Ce bras était resté son chef d’œuvre. Léon Cogniet ayant fait l’éloge de ce bras, le père Schanne le fit encadrer. Epuisé par tant d’efforts, ne voulant pas compromettre sa gloire, il ne produisit plus d’œuvre picturale jusqu’à sa mort à l’age de soixante quatre ans !.

C’est donc avec Nadar (qui s’appelait encore Tournachon), qu’ils avaient créé au 56 rue de la Harpe au troisième étage dans ce qui allait devenir un capharnaüm indescriptible dans ce grenier insalubre. Schann apporta un lit à sangles, une paillasse et son bras encadré et un chevalet de peintre qu’il laissa à la disposition de ses amis. Le compositeur Dominique un des premiers sociétaire, avait apporté son épinette (qui avait coûté quinze francs et servait de garantie mobilière au propriétaire qui avait l’habitude des déménagements à la cloche de bois, chose quasi naturelle à l’époque), instrument qui fut sans doute à l’origine de la vocation du futur auteur de « La Symphonie sur l’influence du Bleu dans les Arts… ». Le sculpteur Salmon raconte que : « Au départ, Dominique, Tournachon et moi fûmes les premiers locataires. J’apportais une selle de sculpteur, un écorché, et une gravure de « La Belle Jardinière » mais bientôt les murs se couvrirent d’esquisses et de dessins. Le tout nouveau venu Rodolphe Bresdin (le« Chien Caillou» de Champfleury) y fit des dessins à la plume. Le jeune Pradier laissa une vierge modelée en terre hydrofère. De nombreux visiteurs qui deviendront célèbres, laissaient des esquisses (Thomas Couture le premier jet de son oeuvre « L’Amour de l’Or »)

Le poète Carolis avec une voix de basse profonde récitait par cœur Hugo, Musset, Barbier, Hégésippe Moreau. Un élève d’Ingres yLouis Tabary, les frères Lebrun chanteurs distingués de la maîtrise de Notre-Dame,  Armand Barthet, auteur des « Moineaux de Lesbie » étaient les plus assidus de cette assemblée et en constituaient l’aristocratie. Plus rares étaient Thomas Couture, Vastyne, Murger, « Christ » les frères Desbrosse que l’on retrouva rue de la Tour d’Auvergne chez les Buveurs d’Eau et dans l’atelier de la rue des Canettes. Schaunard, qui ne faisait plus de progrès que dans le calembour, retourna finalement chez son père, Tournachon ayant obtenu quelque succès partit vers d'autres cénacles pour devenir Nadar.

29/12/2006

BERBIGUIER DE TERRE-NEUVE DU THYM

 Par Bernard Vassor 
medium_BERBIGUIER_FARFADETS_05.jpg
ALEXIS-VINCENT-CHARLES BERBIGUIER 
Est né en 1764 à Carpentras dans le Comtat Venaissin. Il reçut dès sa naissance un mauvais coup de soleil .
Toute sa vie, il se croira possédé de Satan, persécuté par ses représentants "Les Farfadets" 
medium_BERBIGUIER_SIGNATURE.jpg
 Bravant le danger, il monte à Paris, poursuivi par le cortège grossissant des représentants du Démon

qui le martyrisent. "Un jour, en me plaçant dans mon lit où je cherchais à dormir en paix, j'entendis jargonner un commandant des Farfadets qui ordonna les évolutions diaboliques. Je ne pourrais pas dire combien j'en fis succomber sous mes coups. Leurs criis étaient effroyables tant le carnage dût être considérable". Installé 24 rue Mazarine, il consulta des prêtres, des medium_BERBIGUIER_BUSTE_05.2.jpg physiciens, des cartomanciennes, et même le fameux docteur Pinel aliéniste à la Salpetrière. Toujours en vain. C'est alors que persécuté, il se fit persécuteur et utilisa les procédés de la magie pour venir à bout de ses ennemis. Il piquait à coups d'épingle le coeur d'un boeuf, puis le lardait à coups de couteau. Ensuite, il jetait du sel et du soufre dans sa cheminée. Enfin il inventa une arme redoutable, un piège radical : "les bouteilles-prisons" dont il nous livre le secret :  "Lorsque je les sens, pendant la nuit marcher et sauter sur mes couvertures, je les désoriente en leur jetant du tabac dans les yeux; ils ne savent plus où ils sont. Ils tombent comme des mouches sur ma couvrture. Le lendemain matin, je ramasse bien soigneusement le tabac avec une carte et je les vide dans une bouteille, où je mets du vinaigre et du poivre. Je cachète la bouteille avec de la cire d'Espagne. Je veux faire présent d'une de mes bouteilles au cabinet d'Histoire naturelle"

Voici la notice de Champfleury qui lui est consacrée :Champfleury_BERBIGUIER.pdf

Il a publié une oeuvre en trois volumes que je n'ai pas vu passer en ventes publiques depuis plus de vingt ans :

Les Farfadets, ou tous les Démons ne sont pas de l'autre monde à Paris chez l'auteur, rue Guengaud, n°24; P.Gueffier, imprimeur même rue, n°31, et chez tous les marchands de nouveautés des quatre parties du monde, 1821;  3 volumes de 1500 pages

L'HOPITAL LARIBOISIERE

L'Hôpital Lariboisière, son passé et son présent
DE MEMOIRE DE MEDECIN
Un ouvrage de Jean-Paul Martineaud :
Profeseur Physiologie-Explorations fonctionnelles  
Hôpital Lariboisière
Paris Xème 
Editions l'Harmattan Paris 2004 
medium_LARIBOISIERE_05.jpg
 Extrait de la Revue du Praticien :
"Depuis le début du siècle, le besoin était criant d'un établissement de soins dans les quartiers nord-est de Paris. Il fallut plusieurs épidémies catastrophiques de choléra pour obliger les autorités à réagir. Les travaux de construction de l'hôpital du nord commencèrent en 1847, mais furent interrompues par les échauffourées de la révolution de 1848, dont les derniers combats et les dernières exécutions sommaires, se déroulèrent dans le chantier de construction. La reprise sera lente, et l'inauguration du nouvel établissement n'eut lieu qu'en mars 1854. Entre temps, était intervenu un leg très important, celui d'Elisa Roy, comtesse de Lariboisière, morte en 1851.
A suivre..... 

09:24 Publié dans L'amour des livres | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

JEAN BUGUET, le photographe spirite du boulevard Montmartre

Un client retrouve sur un cliché fluidique le spectre de son frère noyé un an auparavant

medium_jean_buguet_boulevard_montmartre_sepia_05.jpg

Par Bernard Vassor

LES FANTÔMES PHOTOGRAPHIQUES DU BOULEVARD MONTMARTRE

Vers 1874, la boutique du numéro 5 boulevard Montmartre, juste à côté du théâtre des Variétés, un photographe Jean Buguet avait trouvé un filon en vendant à tout un chacun une image fluidique d'un proche disparu. La célèbre librairie spirite Leymarie avait commandé à Buguet tout un lot de clichés fluidiques au prix de cinquante centimes, revendues soixante quinze par la libairie qui faisait tourner les tables dans son arrière boutique. Buguet perfectionna le système, quand une personne désirait être représentée en compagnie d'un cher disparu, elle se rendait chez Bugnet. Celui-ci s'enquérait des caractéristiques de l'esprit qui devait apparaitre sur la photo puis se rendait dans une pièce voisine. Il demandait au visiteur de revenir le lendemain où le client se voyait photographié à côté d'un spectre ressemblant à la personne évoquée. La somme demandée était cette fois de vingt francs or !

Victime de son succés, débordé de travail, il commit quelques erreurs. Un jeune homme désireux de revoir sa fiancée auprès de lui, se retrouva flanqué du portrait d'un sapeur barbu lui tenant la main...

 

La justice s'empara de l'affaire, et un procès eut lieu le 16 juin 1875 Buguet fut condamné pour escroquerie à un an de prison et 500 francs d'amende.

ANTOINE CHINTREUIL

medium_panoramique_pere_tanguy_07_sepia.28.jpg
Par Bernard Vassor 
Il fit partie dans sa jeunesse de "La Société desBuveurs d'Eau" le groupe d'Henry Murger
A suivre.... 
 
medium_CHINTREUIL_EN_BOURGEOIS.jpg
 

LE RESTAURANT VACHETTE

medium_BREBANT_08.jpg
 
Par Bernard Vassor
AU XIXème siècle 

A l’angle du Boulevard Poissonnière et de la rue du faubourg Montmartre.

Restaurant Vachette puis le Brébant, au rendez-vous de la bohème galante 

On y dégustait une excellente cuisine, on y déjeunait, on y dînait et l'on y soupait autant qu'à la Maison Dorée. La clientèle de minuit était tapageuse, surtout composée de littérateurs et de "Bousingots" L'établissement était ouvert très tard, bien après que les brasseries du faubourg Montmartre, des boulevards et du quartier des Martyrs aient posées leurs volets.medium_BREBANT_09.jpg

Le public masculin qui n'avait pas envie de dormir, et le personnel féminin qui n'en avaient pas le droit, se retrouvaient dans les salons et cabinets particulier du premier étage. Les cocottes y étaient nombreuses au café Vachette. Notre ami Delvau confesse qu"'il y en avaient de jolies, , de jeunes et d'appétissantes, mais beaucoup aussi étaient des vétérans de la galanterie, des Vésuviennes qui ont vu le feu depuis longtemps, et qui ont grande peine à réparer les ans. Et cependant, ce ne sont pas ces soupeuses là qui ont le moins de succès auprès des apprentis-viveurs. Leur expérience du coeur masculin, leur longue pratique de la vie parisienne leur ouvrent la porte de cabinets qui devraient rester fermé : elles savent s'imposer"

 

28/12/2006

La société du Caveau

medium_LA_CLE_DU_CAVEAU_05.jpg

 

medium_au_rocher_de_cancale_05_sepia.3.jpg

                                                            Le Rocher de Cancale

         Par Bernard Vassor  

C’est en 1729 qu’un épicier nommé Gallet invitait le premier dimanche de chaque mois des chansonniers à des dîners chantants. Les premiers convives étaient Panard, Piron, Collé et les Crébillon père et fils. Les réunions avaient lieu dans le Cabaret Landel, au carrefour de Buci. Active pendant dix ans, cette société « du Caveau » fut dissoute en 1739. L'ancien Caveau 1743 ne dura que deux ans. Reconstituée par le fermier général Pelletier en 1759, tous les mercredi, il recevait à sa table Marmontel, Helvetius et Gentil-Bernard.La révolution va interrompre ses activités, qui reprennent en 1796 aux « Dîners du Vaudeville ». Barré, Radet, Desfontaines et Pils seront les fondateurs de la nouvelle société qui sévira jusqu’en 1802. En décembre 1802, le « Caveau moderne » renaît, dirigé par le comédien Armand Gouffé et le libraire Capelle. Brazier, Desaugier, Philippon de la Madelaine animent avec Grimod de la Reynière au Rocher de Cancale, rue Montorgueil ( le premier « Rocher », à l’angle de la rue Mandar), le 20 de chaque mois, des dîners musicaux et publient un "des mensuel sous le titre de « Journal des gourmands et des belles ». En 1807 paraît la première édition des "Clés du Caveau, où les Dîners du Rocher de Cancale" medium_LA_CLE_DU_CAVEAU_09.jpgLe représentant le plus célèbre est à l’époque le Grand Béranger. Les divergences politiques vont une nouvelle fois conduire le Caveau à une dissolution.
Il fut reconstitué rue du faubourg Saint Denis à "La Lice Chansonnière"puis éclata dix fois, vingt fois, les lieux de réunions étant chaque fois différents. C’est le café Coroza au Palais-Royal qui accueille les chansonniers en 1865.Un petit livre chez Dentu en 1883 explique le fonctionnement des réunions. Pendant les séances, le public écrivait chacun un mot que l’on mettait dans un chapeau. Le poète devait tirer plusieurs de ces mots pour en fabriquer de façon improvisée une chanson. Nous avons grâce à ces sociétés, des recueils de partitions qui ont servi pendant tout le XIX° siècle à tous les auteurs de chansons, pouvant ainsi interpréter sur l’air de ... leurs œuvres, sans avoir besoin de composer de musique. (Paris et ses quartiers, Chansons par les membres du caveau, Paris Dentu 1883)

·     Le vieux caveau fut fondé,

Fondé vers mil sept cent trente,

Par Piron, Collé, Vadé,

Et leur cohorte chantante.

A Vadé, Collé, Piron,

Succèdent au rang suprème

Desaugier, Brazier, Laujon,

Enfin Béranger lui-même.

Louis-François Nicolais dit "Clairville",

auteur dramatique 1811-1879       

10:25 Publié dans Les Cénacles | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

LE CAVEAU

medium_au_rocher_de_cancale_05_sepia.jpg

 

Par Bernard Vassor 

La première société du Caveau (1729-1739) PUBLIE EN PARTIE SUR 

 La société fut fondée en  à l'initiative du chansonnier et épicier Pierre Gallet (1698-1757) qui, le premier dimanche de chaque mois, invitait ses amis chansonniers à des dîners chantants.

Les premiers convives étaient Charles-François Panard, Jean-Philippe Rameau, François Boucher, Alexis Piron, Charles Collé, Charles Pinot Duclos, Louis Fuzelier, Bernard-Joseph Saurin, Prosper Jolyot de Crébillon (Crébillon père) et Claude Prosper Jolyot de Crébillon (Crébillon fils).

Les réunions avaient lieu au cabaret du traiteur Landelle, situé carrefour de Buci, et connu sous le nom de Caveau, qui donna son nom à la société.

L'auteur d'une bonne épigramme avait droit à un verre de vin et sa victime à un verre d'eau. Mais si l'épigramme était mauvaise, c'était l'inverse.

Active pendant une dizaine d'année, cette société fut dissoute en 1739.

La deuxième société du caveau (1759-1789)

La société du Caveau fut reconstituée  en  1759 par le fermier général Pelletier. Celui-ci organisait, tous les mercredi, de joyeuses agapes rassemblant Jean-François Marmontel, Claude-Adrien Helvétius, Jean Baptiste Antoine Suard ou le poète Pierre Joseph Bernard dit Gentil-Bernard.

Les activités de la société sont interrompues en 1789 du fait de la Révolution française.

Les dîners du Vaudeville (1796-1802)

La société renaît en 1796 sous la forme des « Dîners du Vaudeville », sous l'impulsion d'Yves Barré, Jean-Baptiste Radet, Desfontaines-Lavallée et Pierre Antoine Auguste de Piis.

Le Caveau moderne

En 1805, le « Caveau moderne » réapparaît, dirigé par le comédien Gouffé  Armand et le libraire Capelle. Le 20 de chaque mois, des dîners musicaux sont organisés au Rocher de Cancale, rue Montorgueil (à l’angle de la rue Mandar). La société publie également un mensuel sous le titre Journal des gourmands et des belles.

Présidés par Pierre Laujon puis par Désaugiers, ces dîners rassemblent Béranger (reçu membre en 1813), Brazier, Philippon de la Madeleine, Emmanuel Dupaty, Grimod de La Reynière... À partir de 1815, la société a pour secrétaire général le chansonnier Jacques André Jacquelin.

La société est dissoute en 1817 en raison de divergences politiques, puis reconstituée à plusieurs reprises, mais avec moins de succès, dans des lieux à chaque fois différents, notamment au café Coroza au Palais-Royal en 1865.

Pendant les séances, chaque spectateur était invité à écrire un mot sur un morceau de papier. Les morceaux de papier étaient mis dans un chapeau. Le chansonnier en tirait plusieurs et devait improviser une chanson avec ces mots.

Références

Bibliographie

Paris et ses quartiers, Chansons par les membres du caveau, Paris, Dentu, 1883

Récupérée de 

Le café Cyrano

medium_CYRANO_le_brasserie_05_sepia.jpg

 Par Bernard Vassor

4 septembre 2005 

A l’origine au 82 boulevard de Clichy la brasserie s’appelait "Les Porcherons".Mitoyenne du "Café de la Reine Blanche"qui laissa place au "Moulin Rouge",elle changea elle aussi de nom pour s’appeller au début du XX° siècle "La Grande Brasserie Cyrano".Dans les années 1920, le propriétaire Léon Martelière recevait la chanteuse Damia qui se produisait à "l’Européen"Les séances du groupe surréaliste se tenaient chaque jour sous la présidence d’André Breton où se rencontraient : Aragon, Philippe Soupault, Tristan Tzara, Man Ray, René Crevel, Max Ernst, Dali etc...ref :

Dictionnaire des lieux à Montmartre éditions André Roussard copyright Paris 2001.

medium_cafe_cyrano_aujourd_hui_couleurs.jpg

 

Archives de Paris. Archives B.V

 

26/12/2006

LE CAFE DES VARIETES

medium_boul_montmartre_varietes_015.jpg
 
Par Bernard Vassor
medium_Cafe_des_varietes_15.jpg
 
medium_CAFE_DES_VARIETES_08.jpg
 Boulevard Montmartre où à partir de minuit, on peut y manger de la soupe aux choux

LE CAFE DES VARIETES

Quelques historiens donnent pour date de l’ouverture du Café des Variétés dès 1807 ?. C’est après 1830 qu’un certain Hamelin fonde à côté  du Théâtre du même nom, le Café des Variétés avec l’idée saugrenue de transformer le premier étage en salle de correspondance avec pupitres et encriers. C’est tout de suite un succès, l’après-midi, le premier étage est complet, on se bouscule, on attend son tour. C’était aussi bien fréquenté par des hommes de plumes que par des dames avec chapeaux à plumes sans vraiment avoir d’intentions épistolaires…. 

medium_CAFE_DES_VARIETES_05.jpg
   

23/12/2006

LE PETIT DUNKERQUE

medium_PETIT_DUNKERQUE_sepia.jpg
Par Bernard Vassor 
Sur le quai Conti, au numéro 3, c'était la boutique la plus séduisante de Paris au XVIII° siècle. Elle était tenue par un certain Granchez. Les princes étrangers ne manquaient pas d'aller la visiter; Voltaire lui consacrait ses loisirs. Avec son étalage de bijoux de luxe, ses breloques, ses tabatières et toute la bimbloterie artistique dont on paie dix fois plus cher qu'ailleurs. Il fut le bijoutier de Marie-Antoinette. Au début de l'Empire, la boutique fut remplacée par un horloger et un marchand de vin. Ses mascarons et ses sculptures prouvaient que la façade datait du XVII° siècle. Le cabaretier fit installer contre la boutique de cet maison une grille en fer, dîte "marchand de vin" dont l'encadrement se composait d'une frise également en fer, représentant des raisins et des têtes de Bacchus. Sur le tympan de la porte d'entrée était fixé un petit navire toutes voiles déployées, avec l'inscription : LE PETIT NAVIRE, le marchand de vin voulant conserver ce nom prestigieux. Ce cabaret était éclipsé par le Café Conti de l'autre côté de la voute rue de Nevers. Il ne reste rien aujourd'hui de tous ces ornements. Seul le plafond de la voute d'entrée de la rue de Nesle, peint avec une légende rappelant le passé, avec un texte de Claude Le Petit....
medium_PETIT_DUNKERQUE_SEPIA_08.jpg
La maison a été démolie en 1913....
Louis-Sébastien Mercier consacre un article au Petit Dunkerque dans Le Tableau de Paris : Le_petit_Dunkerque.pdf
Un historiographe de la fin du XIX° affirme : "Au XVIIIe siècle, le plus célèbre des magasins de mercerie à Paris était le Petit Dunkerque, qui se trouvait au bord de l'eau, à l'angle du quai Conti et de la rue Dauphine."

Marcel Proust , dans le temps retouvé raconte :

« Voyons, vous Goncourt, vous savez bien et Gautier le savait aussi que mes salons étaient autre chose que ces piteux Maîtres d’autrefois crus un chef-d’oeuvre dans la famille de ma femme. « Puis, par un crépuscule où il y a près des tours du Trocadéro comme le dernier allumement d’une lueur qui en fait des tours absolument pareilles aux tours enduites de gelée de groseille des anciens pâtissiers, la causerie continue dans la voiture qui doit nous conduire quai Conti où est leur hôtel que son possesseur prétend être l’ancien hôtel des Ambassadeurs de Venise et où il y aurait un fumoir dont Verdurin me parle comme d’une salle transportée telle qu’elle, à la façon des Mille et une Nuits, d’un célèbre palazzo, dont j’oublie le nom, palazzo à la margelle du puits représentant un couronnement de la Vierge que Verdurin soutient être absolument du plus beau Sansovino et qui servirait pour leurs invités, à jeter la cendre de leurs cigares. Et ma foi, quand nous arrivons, dans le glauque et le diffus d’un clair de lune vraiment semblable à ceux dont le peinture classique abrite Venise, et sur lequel la coupole silhouettée de l’Institut fait penser à la Salute dans les tableaux de Guardi, j’ai un peu l’illusion d’être au bord du Grand Canal. L’illusion est entretenue par la construction de l’hôtel où du premier étage on ne voit pas le quai et par le dire évocateur du maître de maison affirmant que le nom de la rue du Bac - du diable si j’y avais jamais pensé - viendrait du bac sur lequel des religieuses d’autrefois, les Miramiones, se rendaient aux offices de Notre-Dame. Tout un quartier où a flâné mon enfance quand ma tante de Courmont l’habitait et que je me prends à «  raimer » en retrouvant, presque contigu à l’hôtel des Verdurin, l’enseigne du Petit Dunkerque, une des rares boutiques survivant ailleurs que vignettées dans le crayonnage et les frottis de Gabriel de Saint-Aubin où le XVIIIe siècle curieux venait asseoir ses moments d’oisiveté pour le marchandage des jolités françaises et étrangères et « tout ce que les arts produisent de plus nouveau », comme dit une facture de ce Petit Dunkerque, facture dont nous sommes seuls je crois, Verdurin et moi, à posséder une épreuve et qui est bien un des volants chefs-d’oeuvre de papier ornementé sur lequel le règne de Louis XV faisait ses comptes, avec son en-tête représentant une mer toute vagueuse, chargée de vaisseaux, une mer aux vagues ayant l’air d’une illustration de l’Édition des Fermiers Généraux de l’Huître et des Plaideurs.

medium_petit_dunkerque_pont_neuf.jpg

 

     

La Guerbois

Par Bernard Vassor
medium_SAINT_ROCH_quartier_sepia.jpg
 La « Maison Guerbois », rue Saint Roch près l’hôtel de La Faye (de Soubise). Bien que quelques maisons existaient vers 1490, l'actuelle rue Saint-Roch avait été percée au milieu du XVI° siècle(1560).  Elle portait alors le nom de cul-de-sac Saint-Vincent, ensuite rue du Dauphin, rue de la Convention, du Trocadéro. Le prolongement prit les noms de ruelle Michaut Riegnaut, rue Michel Regnaut, puis ruelle Gaillon, en raison de l’hôtel Gaillon avant la construction de l’église Saint-Roch qui l’a remplacé. Pour simplifier un peu plus, la rue porta au XVII° siècle elle fut nommée rue de Lorges, rue Neuve-Saint-Roch, pendant la révolution rue de la Montagne et finalement son nom actuel.... Non loin était la communauté des sœurs de Sainte-Anne, établissement religieux fondé en 1686 par le grand-audiencier de France, Frémont, La maison Guerbois fut un endroit à la mode, où il était de bon ton de se montrer en compagnie des « gens de lettres ou de finances », en compagnie de marquis et de duchesses. Le poète Boursaut (1638-1701) nous donne une idée des « partie d’amour » qui se liaient dans la demeure de madame Guerbois.
Dancourt (1661-1721) acteur, auteur dramatique est encore plus clair :

Le Café de Madrid

medium_cafe_de_MADRID.jpg
Par Bernard Vassor,

Le dimanche 9 octobre 2005.
Alfred Delvau, le subtil chroniqueur des bons et mauvais lieux de Paris, écrivait : Le café de Madrid est le Procope du XIX° siècle (...) [C’]est le chef-lieu du Landernau, la ville spéciale des potins artistiques et littéraires (tous ces aimables popoteurs du café de Madrid colportent tous les potins, toutes les médisances que chaque matin voit éclore dans leur Landernau. Ce fut d’abord un établissement modeste où les flâneurs venaient se reposer ou se désaltérer, situé entre un marchand de couleurs et la galerie Vibert (et Goupil).
Après le percement du passage Jouffroy, le café va prendre de plus en plus d’importance. Les rédacteurs et ouvriers des journaux voisins vont se retrouver, entre midi et quatre heures, pour refaire le monde. Les habitués de ces réunions, Hebrard gérant du journal Le Temps, Arthur Ranc qui sera un temps maire du IX° arrondissement, le jeune avocat Gambetta, Delescluze du journal Le Réveil, et ses collaborateurs Razoua, Quentin, François Favre manquaient rarement l’heure de l’absinthe. Quand Gambetta était là, il gesticulait et criait comme un possédé lorsqu’un contradicteur soulevait des objections à ses propos. On voyait souvent attablés dans la salle du fond, les frères de Fontvielle, le secrétaire du Figaro et Emile Cardon. Paul Delvau (encore lui) et Alphonse Duchesne s’y retrouvaient en compagnie d’acteurs des "Variétés", Manuel, Albert Brasseur (l’ancêtre de pierre et  Claude).Hector de Callias, le mari alcoolique de Nina de Villard, y rédigeait ses chroniques musicales du Figaro devant un nombre impressionnant de verres vides. Il ne quittait l’endroit que pour se rendre en face au « café de la Porte Montmartre », afin d’en prendre un petit dernier. La terrasse du café était remplie, de onze heures du soir à une heure du matin, d’un essaim de jeunes « belles de nuit » disposées en espalier, attendant en dégustant une glace qu’un galant leur prenne le bras pour les conduire chez Véron sur le trottoir d’en face ou bien chez Bignon (aîné), boulevard des Italiens.  Nous verrons Nina de Callias un peu plus tard faire des discours enflammés en faveur de la Commune de Paris. Charles Monselet y montrait souvent sa mine réjouie corrigeant ses chroniques gastronomiques.  Georges Cavalier, dit «  Pipe en bois »  était toujours entouré des futurs chefs de la Commune, Eudes, le farouche Raoul Rigault et le colonel Razoua que l’on verra après le 18 mars en uniforme, arriver à cheval en compagnie de son estafette à qui il confiait sa monture devant la porte du café, le temps de se désaltérer, et repartir au galop sur le boulevard Montmartre pour se rendre par la rue Drouot à Montmartre où se trouvait le 61° bataillon qu’il commandait.  Les communards apprendront plus tard que le patron du Madrid était un indicateur de police qui fut malgré tout condamné « aux pontons ». Le cabinet à la préfecture dirigé par le très mystérieux commissaire Lombard n’ayant jamais soutenu ses « informateurs », peu de mouchards pourront bénéficier de faveurs ou de sauf-conduits. Ce café a fermé ses portes il y a une quinzaine d’années. La dernière propriétaire du Madrid à qui j’avais été présenté, m’a fait venir après la fermeture pour me montrer comme une relique la chaise de Verlaine !  Razoua.   *C’est Jules Vallès qui lui donna ce surnom. Il devait sa notoriété qui était grande au fait suivant : lors des première représentations d’une pièce des frères Goncourt ( Henriette Marechal), il émaillait les répliques des acteurs de coups de sifflets stridents, ce qui provoquait l’hilarité du public. La pièce fut retirée après une dizaine de représentations.    

Le Grand Orient de France

medium_16_Grand_Orient_compr_sepia.2.jpg
 
Par Bernard Vassoe

En partie sur terres d'écrivains  lundi 16 janvier 2006.

En 1940, le Grand Orient fut dissout et remplacé par un groupe anti-maçonnique dirigé par des occultistes chargés de la propagande destinée à discréditer l’Ordre dans l’opinion, avec des accusations de sorcellerie et toutes sortes de crimes et de complots. Anciennement rue de la Voirie.
La voirie était le lieu ou l’on déversait les déchets et les ordures. Cette partie des marais du quartier des porcherons était sur le passage de l’égout, une berge qui servait à la fois d’avenue et de lieu de déversoir au réceptacle d’immondices, favorable aux cultures maraîchères. En 1670, le jardinier Etienne Perrier et sa femme, Elisabeth Cadet, achetaient à Jean Saulnier et Michelle Baudin plusieurs pièces de terre cultivée dans la censive des checier, chanoine et chapitre de l’église Saincte-Opportune à Paris, sieurs des Porcherons du fief de Coquatuse, Huran et autres fiefs assis à la place aux Veaux.
L’abbesse de Montmartre, Mme de Lorraine était aussi une dame des Porcherons.

Le Clos Cadet appartenait en 1694 à Marie Ranier, épouse de Mathieu de Montholon, conseiller du Châtelet. C’était une petite maison avec trois arpents de marais, clos de murs, la face centrale en regardait la place du même nom, par-dessus le mur ou à travers une grille, et la Croix Cadet surgissait au même angle, mais la porte qui donnait dessus prit le nom du dudit Montholon. Un chemin attenant conduisait à l’égout de la ville (rue Richer). La maison qui nous occupe dans cette voie, a été la propriété du duc de Richelieu sur un terrain appartenant à madame de la Mark. Elle fut un hôtel de campagne du prince de Monaco avec ses écuries de l’autre côté de la rue (des numéros 7 à 13 *) En 1858, le prince Murat qui était le vénérable du Grand Orient de la rue du Pot-de-Fer (Bonaparte), acheta la propriété pour y établir le siège de l’obédience maçonnique. Le prince Murat, candidat à sa succession fut victime d’une cabale du prince Napoléon qui d'ailleurs était sur les rangs. Le conflit fit rage, la police et les forces armées furent appelées à la rescousse. L’Empereur interdit aux deux belligérants de poser leur candidature, et imposa par décret du 11 janvier 1862 le maréchal Maignan, connu pour sa férocité pendant la campagne d’Algérie et dans le coup d’état du 2 décembre, provoquant l’hostilité des maçons. Aujourd’hui, le bâtiment abrite une superbe musée, récemment restauré, une bibliothèque réservée aux chercheurs et une librairie spécialisée. medium_G_O_ECU_06.jpg

Archives BHVP
Delamare : Traité de la Police Archives de Paris       

04:04 Publié dans 16 rue Cadet | Lien permanent | Commentaires (1) | | | | Digg! Digg

22/12/2006

LA CHEMINEE DE MONSIEUR DE LA POPELINIERE

medium_LA_POPELINIERE_06.jpg
 
Par Bernard Vassor
LA POUPELINIERE, ALEXANDRE JEAN-JOSEPH, LE RICHE DE (1692-1762) 
Un singulier Fermier général !
Monsieur de la Popelinière est devenu immortel grâce à sa cheminée tournante. Ce financier dévoré par la passion de la poésie, de la littérature et des arts, à composé beaucoup de prose et des comédies qu'il faisait jouer sur ses propres théâtres qu'il avait installés dans ses différentes maisons. De tous ses écrits il ne nous reste que deux oeuvres, Daïra et les Tableaux des moeurs de ce temps, mais nous y reviendrons. 
Le riche financier avait plusieurs maisons à Paris:
62 rue de la Chaussée d'Antin (d'après Hillairet)
59 rue de Richelieu
Rue Chanterelle (ou Chantereine)
Rue de La Croix Blanche (rue Blanche)
Une grande maison à Passy. 
Parlons d'abord de Madame de la Popelinière :
"Françoise Catherine Thérèse Boutinon des Hayes appartenait à l'illustre famille théâtrale des Dancourt : descendante de l'auteur dramatique Florent Dancourt, petite-fille de La Thorillère et fille de la fameuse actrice Mimi Dancourt. Elle-même jouait la comédie lorsqu'elle devint la maîtresse du fermier général Alexandre Jean Joseph Le Riche de la Pouplinière (ou la Popelinière) (1693-1762) qui l'épousa en 1737. Fermier général à vingt-six ans (1718), donc très jeune et avant même que l'organisation définitive de la Ferme générale ne soit mise en place vers 1725-1726."

21/12/2006

LE RESTAURANT PETER'S DU PASSAGE MIRES

medium_passage_des_princes_09.jpg

 

Par Bernard Vassor

Ce restaurateur original, Pierre Fraisse français avec des origines américaines, avait anglicisé son nom en "Péter's".  Il avait fait sa spécialité d'excellentes boissons américaines (?) qui avaient fait sa renommée. On y déjeune à l'anglaise du "Rump steake" (sic) Villemessant le directeur du Figaro s'était fait le protecteur, (le Barnum) du restaurateur. Dans l'entrée des deux premières tables du passage Mirès (ou passage des Princes) étaient réservées aux journalites de la rue Rossini. Henri de Villemessant qui prédait ces dîners, était entouré de la crème de la presse parisienne de l'instant : Timothé Trim (Léo Lespés) Albert Wolff, Adrien Marx, Henri Rochefort. Il y avait aussi Polydore Millaud l'associé et compatriote bordelais de Mirès accompagné de ses rédacteurs. L'immense restaurant était toujours bondé Offenbachla Turtle-sup y avait aussi sa table. A la devanture, un aquarium géant avec des tortues vivantes, destinées à être converties en soupe "". La démesure de ces soupers faisaient la renommée de l'établissement. Peter's organisait des menus pantagruéliques pour des soupers de 600 couverts, des saumons de 80 livres, des roastbeaf de 500 livres, un puding de 300 livres, des truffes de 500 grammes à chacun des convives. LLes repas pouvaient être arrosés d'un Fleury à un franc cinquante la bouteille.Il vendit le restaurant du passage des Princes en décembre 1864 pour fonder à côté du Vaudeville le Café américain où il avait inové avec la cuisine à vapeur. Puis il partit fonder de nouvelles affaires à Philadelphie où il fit faillite. Revenu en France, il ouvrit un petit restaurant à Asnières mais toujours sans succès. On l'a rencontré à Nice maître d'hôtel du Garden-House. On perd sa trace à Deauville.

RUE RADZIWILL 33 & 35

 
 
Autrefois cette rue s'appelait rue Neuve-des-Bons-Enfants. Ouverture.
Ouverte en 1640. Dénomination : Arrêté du 26 février 1867. 
Le passage Radziwill, aujourd'hui supprimé, y aboutissait. La maison Radziwill portait le nom d'hôtel de Hollande en 1860 avait été construite au commencement du règne de Louis XV.
 Historique.
Précédemment rue Neuve des Bons Enfants. Cette voie a été déclassée par décret du 23 novembre 1912 en vue des agrandissements de la Banque de France. La rue Radziwill finissait rue Baillif (supprimée).
La maison possède la particularité  d'avoir un escalier double propice à recevoir des descentes de police, puisque deux portes du même étage sont desservies par un escalier différent ! Doté de plusieurs entrées dont une sur la rue de Valois (48). Elle était la propriété de la banque de France à la fin du XIX° siècle. Les tiges se réunissent au premier au dessus de l'entresol, les six autres étages reposent sur la tige en spirale qui de nouveau se séparent et les deux niveaux montant rattrapent le niveau de la rue des Bons-Enfants.
Les deux escaliers distincts et superposés dans la même cage, avec deux points de départ éloignés de quelques mètres, dans lesquels les visiteurs passant alternativement les uns au dessus des autres, pouvaient se voire sans jamais se croiser. En 1784, monsieur de Brainville en était le propriétaire. 
Cet hôtel avait été élevé par un nommé François Guillaud de Talleyrac, maître maçon sur l'emplacement d'une autre maison datant du XIII° siècle.
Ce fut dès sa construction une maison mal famée ouverte aux filles publiques et aux mauvais garçons du quartier du Palais Royal. Pendant la Révolution vait compter jusqu'à 40 tripots dans cette maison de jeux clandestins.
Un rapport de police mentionne une descent danstrois tripots du petit-hôtel Radziwill, et saisie du matériel de jeu, sur la dénonciation d'un sieur Goblet, professeur d'écriture et de calcul qui avait vu sa classe désertée depuis l'installation de filles publiques dans la maison.
Malgré les différentes  décisions et annonces de démolition depuis 1910, pour assimilation à la Banque de France, "la plus haute maison de Paris" est toujours debout. Je n'ai pas obtenu l'autorisation de la visiter ni de la photographier. J'ai réussi à obtenir l'assurance que les escaliers étaient intacts !