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23/09/2015

LA PENSION LAVEUR : UN CENACLE HETEROCLITE MECONNU

PAR BERNARD VASSOR

Dédicace à Laurent Bihl pour sa magistrale conférence sur les cabarets montmartrois

le jeudi 2 octobre 2008,

"aux déjà célèbres Jeudis du Bocata". 31 rue Milton.

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"Tante Rose, soeur du patron et dame caissière,
les traits tranquilles d'une statue Grecque
 collés à une face de paysanne romaine
qu'éclaire une bonté maternelle, digne d'attitude,
 adorée et respectée par les pensionnaires"
ANDRE GIll
La Parodie 1869
Située dans la rue des Poitevins, dans une partie de l'Hôtel de Thou, l'autre partie étant occupée par les extraordinairement prolifiques éditeurs imprimeurs, la famille Panckoucke, dont nous donnerons une notice un peu plus tard. En 1235, la rue portait le nom de Gui-le-Queux, Guidoni ad Pictavina en 1288, Grimaud ad Pictavinas puis la rue dite des Poitevins. On ne sait trop pourquoi, au quinzième siècle, on la nomma rue du Pet...comme cela ne semblait pas suffire, en 1560 elle est remplacée par la rue du Petit-Pet, et en 1636, comble d'ironie :... rue du Gros-Pet.  Cela laissait supposer que comme le disait Montaigne : Paris avait une odeur de putréfaction !!!!
..............
La largeur de la voie fut fixée à 6 mètres en l"an VII, puis à 10 mètres en 1844. Une partie fut supprimée par l'ouverture de la rue Danton en 1895.
Revenons à notre père François Laveur qui avait fondé une pension rue de la Harpedans les années 1830, qu'il avait en 1855 transportée rue des Poitevins. C'était un sacré caractère que ce père Laveur, il jugeait les gens au premier coup d’œil, et celui qui ne lui plaisait pas, quelque soit l'état de sa fortune, ne faisait pas long feu entre ses murs. Il avait une forte sympathie pour les idées républicaines, et c'est ainsi que l'on voyait se côtoyer des gens aussi différents que le jeune Gambetta, son ami Eugène Spuller, un certain Jules Ferry, les frères, futurs anarchistes Reclus Onésime Elie et Elysée. Un jeune peintre dessinateur caricaturiste  Louis Gosset de Guines à qui son ami Nadar donnera le nom d' André Gill, en le prenant dans son journal : "Le Journal Amusant" pour y faire ses premières armes, il avait à peine dix neuf ans. Jules Vallès était attablé avec son ami Courbet et Jean Gigoux, l'amant de madame Balzac, si l'on en croit Octave Mirbeau, pendant que Victor Hugo rendait une dernière visite à "l'illustre écrivain" "madame était occupée au premier étage avec son amant".
Madame Rose Laveur (que l'on appelait tante Rose), sœur de François, était une petite bonne femme sautillante, toujours le sourire aux lèvres, trônant derrière la caisse avec son petit bonnet de dentelles.. Elle survécut à son frère, et tint la pension jusqu'en 1895. Les deux garçons de salle étaient les neveux du patron. Parmi les habitués, des peintres, des écrivains, les même d'ailleurs que ceux de la Brasserie des Martyrs ( où j'ai le projet de faire apposer une plaque commémorative)sur la rive droite : le peintre roumain Nicolae Grigorescu Alphonse Daudet, Léon Cladel, François Coppée, Arthur Ranc (qui fut un temps maire du neuvième arrondissement), Charles Garnier, (le peintre, pas l'architecte son homonyme) et bien d'autres qui fréquentaient aussi les maîtres de l'Ecole de Barbizon.
MISE A JOUR LE 23/09/2015

05/09/2008

MAIRIE DU NEUVIEME ARRONDISSEMENT,UN MONUMENT AUX MORTS : ARTHUR RANC, INAUGURE PAR CINQ PRESIDENTS DE LA REPUBLIQUE

PAR BERNARD VASSOR

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Le 16 février 1913, un monument a été élevé à la mémoire de Arthur Ranc (1831-1908) dans la cour de la mairie du neuvième arrondissement de Paris, rue Drouot.
C'est le sculpteur Camille Lefèvre qui de ses ciseaux composa un buste de Ranc derrière lequel une République en bronze passe, tenant à la main une palme.
Sur la plaque placée à droite du buste, on peut lire :
1831-1908
Conseiller municipal de Paris
Maire et député du neuvième arrondissement
Sénateur
Président de ldes journalistes républicains
............
A gauche du buste cette déclaration. :
QU'IL N'Y AIT PLUS PARMI VOUS QU'UNE DEVISE,
CELLE DE GAMBETTA :
"TOUS POUR LA REPUBLIQUE, POUR LA PATRIE"
.........
C'est en présence de M.Falguière, Président de la République, de M. Raymond Poincaré, qui deux jour plus tard devait prendre ses fonctions à l'Elysée, de M. Emile Loubet, ancien président, de M. Deschanel (sans son pyjama), de M. Antonin Dubost président du Sénat, de M. Aristide Briand président du Conseil à l'époque, de nombreux ministres, députés et sénateurs.
La cérémonie a eu lieu dans l'actuelle salle du Conseil, où on a retacé les épisodes marquants de sa vie, depuis son engagement en 1848, le deux décembre et le coup d'Etat, son implication dans un complot blanquiste et sa condadmanation au bagne de Lambesc (Lambessa en Algérie). Il faut remarquer son grand écart polistique, il fut en même temps blanquiste et gambettiste (l'eau et le feu). Jusqu'à la fin de sa vie, il eut d'un côté sur sa cheminée le masque mortuaire de Blanqui, et de l'autre, celui de Gambetta.
...............
Le sort de ce monument aux mort fut le même que celui de Voltaire qui lui faisait face, les statues furent transformées en boulets de canon.  
Une anecdote curieuse à ce sujet :
Unchroniqueur du journal "L"'Auvergnart de Paris", avait à sa surprise découvert une photo du monument d'Arthur Ranc dans un couvent en Normandie ! Intrigué, il connaissait bien la mairei, et n'avait jamais vu ce monument. Il alla donc interroger les services culturels qui l'adressèrent à madame Kaspereth, la femme du maire de l'époque. Celle-ci lui répondit que ces oeuvres étaient conservées dans des réserves en banlieue.......

02/09/2008

MAIRIE DU NEUVIEME ARRONDISSEMENT, LA STATUE DISPARUE DE VOLTAIRE

PAR BERNARD VASSOR

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C'est en 1887 que le sculpteur Emile Placide Lambert (1835-1897) offrit à la ville de Paris un monument en bronze représentant le philosophe François Arouet, dit Voltaire  représenté dans sa jeunesse. Il se tenait debout, svelte, dans un costume Régence, sur un piédestal de marbre blanc.
L'inscription sur la face avant etait la suivante :
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A l'arrière, se trouvaient deux masques de bronze entourés de feuilles de chêne sur un monument sur lequel on pouvait lire : "Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer" .
Les deux faces latérales comportaient deux bas-reliefs également en bronze symbolisant d'un côté la jeunesse, et de l'autre la vieillesse, qui portaientles initiales E.L.
La statue fut inaugurée le 6 novembre 1887 en présence du maire et de quatre conseillers municipaux.
Cette oeuvre subit le même sort que le buste, qui se trouvait à l'emplacement du monument aux morts, du sénateur Arthur Ranc*, (ancien maire de l'arrondissement) ainsi que les torchères qui se trouvaient au bas de l'escalier du pavillon central, c'est à dire, la livraison par les autorités françaises à l'armée d'occupation de tout ce qui pouvait servir à la fabrication d'obus.
*Dont j'ai déja raconté l'histoire anecdotique dans un article précédent

23/03/2008

LE PARADOXE ARTHUR MEYER, homme de presse, journaliste, FONDATEUR DU MUSEE GREVIN

PAR BERNARD VASSOR

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Arthur Meyer dans son bureau de la rue Drouot (4)
Né en 1844 au Havre, mort à Paris en 1924.
Il fit des études au collège Bonaparte (lycée Condorcet) puis des études de droit. Il fut clerc chez un avoué : maître Chain, qui devient pendant le second Empire, maire du neuvième arrondissement.
En 1862, il fréquenta les salons de Blanche dAntigny, reine de la bicherie parisienne (un des deux modèles de Zola pour le personnage de Nana)  et devint un temps son secrétaire particulier, lui permettant ainsi grâce à ses relations, une ascension rapide dans le monde du journalisme. Puis c'est un personnage sulfureux qui le prit à son service :Janvier de la Motte., dont j'ai déja raconté les aventures scandaleuses.
En 1869, il entra en qualité de chroniqueur mondain dans le journal fondé par Edmond Tarbé et Henry de Pène.
En 1870, il devint secrétaire du Comité plébiscitaire, il se dit (très sérieusement) ensuite une victime du 4 septembre  !Car on lui avait promis la sous-préfecture d'Yvetot....

Il s'était retrouvé dans le camp des boulangistes, puis des antidreyfusards comme ses abonnés du Gaulois. Il s'était battu en duel avec Drumont qui l'avait éreinté dans son pamphlet antisémite « La France juive » et surnommé "Juda Meyer". Converti au catholicisme, au boulangisme et au monarchisme après avoir été un farouche bonapartiste, cela ne l’empêcha pas d'avoir maille à partir avec « La Libre Parole » et « L'Action française ».Antisémite, malgré ses origines (son père avait été rabin à Strasbourg), il a justifié ses positions dans un livre de mémoires : "Ce que mes yeux ont vu",(Plon-Nourrit 1912) sa conversion et son mariage avec une descendante d'une des plus illustres familles de l'aristocratie française.

Réconcilié avec Edouard Drumont, il approuve bruyamment ses écrits antisémites les plus féroces. Il affirme que l'antisémitisme a été créé par le "drefusisme"

Ennemi farouche d'Emile Zola qu'il poursuivit de sa haine même après la mort de l'auteur des Rougon Macquart il fut exaspéré par sa panthéonisation. Un autre ennemi d'Arthur Meyer qu'il poursuivit de sa haine fut Arthur Ranc (qui fut lui aussi maire désigné du neuvième arrondissement après le 4 septembre, puis élu délégué de ce même arrondissement à la Commune de Paris, aussitôt démissionnaire)

C'est ainsi que l'on apprend par les mémoires d'Arthur Meyer, que Ranc fut l'auteur de mots d'ordre et de phrases passées à la postérité : "la jésuitière de l'état-major", "messieurs prêtres", "la faction romaine" ou "la vérité est en marche". Il le trouvait un adversaire redoutable, "inaccessible à toutes les tentatios, ennemi de luxe (...) rompu à tous les jeux de la plume et de l'épée". PLus grave encore à ses yeux, Ranc fut à l'origine avec Scheurer-Kestner de la demande de révision du procès Dreyfus.

Le musée Grévin 

Quand vers 1880 Arthur Meyer décida de créer un musée de cire, il entreprit de monter une société anonyme au capital d’un million de francs que des amis vont compléter les fonds qui manquaient au directeur du Gaulois. Ce fut l’architecte Esnault-Pelterie qui a été chargé de la construction du musée et des annexes pour les ateliers de sculpture de moulage et de confection.. Ne tenant pas à donner son nom à cet établissement, le conseil d’administration décide de donner le nom d’un artiste connu du moment, pas très compétent bien sûr, mais peu importe, on lui adjoint un adjoint. Après bien des chicanes, assignations procès, une réunion de conciliation permet un accord, et le 29 août 1883, Alfred Grévin fut nommé Président de la Société du Musée .
Le journal « le Moniteur » raconte : --. Le jour de l’inauguration, le Tout-Paris se presse autour d’Alfred Grévin qui pose en plastronnant, debout, un crayon à la main, appuyé sur une console, le béret enfoncé sur la tête en arrière ».
Jusqu'à son dernier jour, il affirma Dreyfus coupable, et ne renia aucun de ses actes.

Sa petite fille Odette Carasso a  rédigé une biographie honnête de son aïeul :

Odette Carasso, Arthur Meyer, Directeur du Gaulois. Un patron de presse juif, royaliste et antidreyfusard, Éditions Imago, 2003    

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03/08/2007

Le marche des martyrs, PARIS DISPARU

PAR BERNARD VASSOR

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C'est pendant la Commune de Paris, le 15 avril 1871, que fut ouvert le Marché des Martyrs, place Choron. C'est l'administrateur délégué Bayeux-Dumesnil, qui donna  l'autorisation. Il avait été nommé après la démission de tous les élus de l'arrondissement : Arthur Ranc, et Ulysse Parent, les 5 et 6 avril. Bayeux-Dumesnil fut remplacé quinze jours plus tard par Guérin et Portalier, tous habitaient le neuvième arrondissement.

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Le président de la Commission du vieux Paris, ayant jugé "qu'aucun objet  n'était à retenir de cette construction pouvant présenter un intérêt pour l'histoire de Paris", une photographie ne fut même pas demandée !
Le hasard fait que j'ai trouvé ces documents à deux semaines d'intervalle aux "Archives de la Seine" boulevard Serrurier.