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14/11/2006

Un marchand de tableaux, marchand de couleurs

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Par Bernard Vassor 

Au temps de la bohème des buveurs d'Eau

30 ans avant Emile Zola dans l’Oeuvre, Murger fait un portrait au vitriol des relations entre le commerce de l’Art et les artistes. Le Père Malgras est un enfant de cœur en comparaison ….

Le personnage qui tient la plus grande place dans « Les Buveurs d’eau » est un jeune peintre débutant Francis Bernier. Habitué à l’aisance dans sa famille, il choisit néanmoins son indépendance et « la vache enragée » qui signifie la misère dans la langue populaire. Accueilli sans rétribution dans l’atelier d’un maitre célèbre, Francis y travailla pendant deux ans. Un jour, après la leçon, le maitre le prit à part et le congédia en lui disant qu’il n’avait aucun talent et qu’il ne serait jamais un artiste…. Cette annonce, au lieu d’être un obstacle fut un éperon  pour le jeune rapin. En travaillant seul avec acharnement, il produisit deux toiles qui contrastaient avec sa production ordinaire. C’était une peinture tourmentée outre mesure, grossière, malhabile, tapageuse à l’œil, mais enfin c’était de la peinture. Les défauts et qualités se montraient avec la même audace dans ces œuvres qui n’étaient ni excellentes ni bonnes, mais il était réellement impossible de passer devant sans s’arrêter. Dés lors Francis ne douta plus de sa vocation. Le hasard voulut qu’un marchand entendit parler de ces tableaux. Le marchand vint les voir, il avait la vogue pour cette étrange clientèle qui venait s’y livrer. Ce personnage était en train de faire fortune, et prenait volontiers des allures de mécène, faisait ses affaires en voiture et ne se promenait jamais sans le filet d’or avec lequel on pèche les bonnes occasions. Quand il entrait dans un atelier les tableaux tremblaient à la muraille. --Je prend vos tableaux, dit-il à Francis, c’est peut-être un affaire chanceuse, vous n’êtes pas connu,  j'achète,  Cet homme qui faisait des bonnes affaires grâce à ses relations, avait une boutique bien placée dans un riche quartier. L’exposition dans sa galerie était une quasi-publicité. Il achetait à bas prix des peintures qui ne pouvaient avoir de succès auprès des amateurs sérieux,, mais dont il trouvait le placement dans les boudoirs de la haute galanterie. Il aimait disait-il lancer les jeunes gens auxquels il reconnaissait cette médiocrité souple qui produit et travaille vite sur commande. Les jours où la nécessité marchait sur leurs talons, ils venaient consigner des tableaux sur lesquels, ils recevaient une misérable avance. Si la somme n’était pas restituée au bout d’un certain temps la consignation devenait  <!--[if !supportEmptyParas]-->la propriété du marchand. Il ouvrait en outre des crédits pour des fournitures qui pouvaient être remboursées par des œuvres d’art. Par ce moyen, il devint possesseur d’un grand nombre de tableaux destinés à l’exposition avant même qu’ils eussent quittés le chevalet. C’était de l’usure déguisée en protection ! 

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« Pour un artiste, surtout s’il est pauvre, si dans son obscurité patiente, il s’est demandé cent fois en regardant son œuvre : -Toi qui doit me fais vivre, vis-tu toi même ? ai-je en moi le souffle qui anime les créations de l’Art ? et si je le possède, ai-je su le communiquer ? » Francis allait souvent stationner devant la boutique du marchand

A suivre….

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