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16/11/2006

L’Hôtel Pimodan et les Haschichins

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Par Bernard Vassor
                                                                                                                          Ce grand hôtel aristocrate 
Par Lauzun vous était promis, 
Et vous pouvez, mieux que Socrate, 
Le peupler de tous vos amis.

Au 17 quai d’Anjou, dans les années 1840, on pouvait lire sur la façade :

HOTEL DE LAUSIN (sic) 1641

En pénétrant à l'intérieur, une plaque de marbre portait l’inscription suivante :

HOTEL PIMODAN 

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 Cette ancienne maison  de l’Ile Saint Louis qui avait été formée par la réunion de l’île Notre-Dame, et de l’île aux Vaches au temps de Louis XIII. C’est à Poulletier qu’échut le lot comprenant le quai d’Alençon, aujourd’hui quai d’Anjou dans le partage de la cité en trois  quartiers. Le 4 février 1641 un nouveau propriétaire Charles Gruyn, seigneur de Bordes, fit édifier cet hôtel de 1650 à 1658. Cet homme qui fut conseiller du roi avait des origines modestes. Son père dirigeait le Cabaret de la Pomme de Pin, chère à Rabelais, rue de la Juiverie face à l’église de la Madeleine. Charles Gruyn épousa le 30 avril 1657 la veuve Lanquetot, « une jeune fille bien faite » héroïne d’un Historiette de Tallemant des Réaux . Après le décès de Gruyn, l’hôtel fut vendu à Messire Antoine Nompart de Caumont, chevalier comte, puis duc de Lauzun dont on connaît les aventures amoureuses avec la Grande Mademoiselle ! Pour en revenir à nos moutons l’hôtel de Charlotte de Lavallée Pimodan fut vendu le 2 messidor an XII au sieur Capon qui mourut à Champrosay le 8 septembre 1835. C’est donc le baron Pichon qui en était l’heureux propriétaire  au moment où va se former ce cénacle des paradis artificiels. Une kyrielle d’écrivains, et d’artistes fréquentant les riches cafés des boulevards à la suite de Roger de Bauvoir, le premier occupant de cette imposante demeure. Après son déménagement Fernand Boissard le remplace dans l'étage noble de l'hôtel. Parmi les convives des dîners, on pouvait rencontrer des médecins Trousseau, ou Favrot, ou bien Musset, Arago, Guttinguer, Mosselman et…. ! On retrouve également de nombreux locataires de l’hôtel du vicomte de Botherel de la rue de Navarin. Théophile Gautier, le peintre Fernand Boissard, la superbe Maryx modèle d’Ary Scheffer et de Delaroche. Une certaine  Aglaé Savatier destinataire des célèbres lettres à la Présidente de Théophile Gautier et inspiratrice « de la moitié » des Fleurs du Mal et c'est ici que dut avoir lieu la rencontre avec 

 

Baudelairemedium_hotel_de_lauzun_13.jpg vint habiter là entre 1845 et 1847, il avait vécu auparavant quai de Béthune avec Jeanne Duval. Il occupait le bâtiment du fond au troisième étage sous les combles qu'il avait meublé de façon "gigantesque" selon l'expression de Banville qui était venu le visiter. Des fauteuils et des divans dans des pièces plutôt petites, une table ovale, "une de ces tables comme on en trouva au

XVIII° siècle, mais que bien des menuisiers modernes sont impuissants à imiter". Le plus impressionnant était le lit de chêne, sans pieds ni colonnes, sorte de cercueil sculpté" qu'il avait acheté chez le brocanteur installé au rez de chaussée de l'hôtel Pimodan. Boissard organisait des receptions qui furent célèbres, des concerts de musique de chambre auxquelles assistait Delacroix. La vision du « Club des Haschichins » de Gautier parut dans la « Revue des Deux mondes »  le 1 février 1846. Theophile_Gautier_Le_club_des_Haschichins.pdf

Ces célèbres réunions des Haschichins organisées par Boissard se tenaient dans son appartement. L'importance réelle a été bien exagérée, il n'y eut d'après Gautier qu'une dizaine de Fantasias. La première eut lieu le 3 novembre 1845 et la deuxième le 22 décembre. connaissons quelques noms de participants : Balzac,  Baudelaire, le docteur Cabarrus Messonier, Gerard de Nerval, Chenavard, Henry Monnier, Alphonse Karr, Tony Johanot, et Théophile Gautier. Pour les femmes, plusieurs firent l'expériience de la drogue : Emma Messonier, Louise Pradier, Maryx, Ernesta Grisi et Aglaé Joséphine Apolonie Sabatier.

Le haschich n'était pas fumé, mais consommé sous forme de confiture. C'est le médecin psychiatre Jacques Joseph Moreau de Tours qui fournissait la drogue. Il en avait publié l'usage, les effets et les maladies en découlant dans un ouvrage paru en 1845 : Jacques Joseph Moreau de Tours, du haschich et de l'aliénation mentale, Librairie Fortin, Masson et Cie 1 Place de l'école de Médecine

 

Un peintre, courtier, marchand de tableaux, marchand de couleurs avait une échoppe au rez-de-chaussée. Il se nommait Arrondel et avait la réputation de vendre des faux (à Baudelaire notament)  

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