12/01/2011
Quelques domiciles de Gérard de Nerval dans le 9° arrondissement.
PAR BERNARD VASSOR
(Copyright 2007)
Le Salon d’Alfed Tattet, 10 rue de la Grange Batelière, reçu souvent dans les années 1830, les hugolâtres du cénacle de Jehan Duseigneur, au rang desquels Gérard Labrunie figurait en bonne place. C’est à partir de 1837, que nous trouvons la trace d’un premier logement de Gérard dans notre arrondissement. Il habite alors 91 rue Coquenard (Rodier), il présente cette année là Auguste Maquet à Alexandre Dumas chez lui, fin novembre 1838. Il déménage le 1 mars, pour le 15 rue Taitbout. De retour d’un long voyage en Europe, il est hébergé par Théophile Gautier 14 rue de Navarin (un témoin mentionne sa présence au 2 rue de Navarin, dans un minuscule appartement). Transporté en 1841 chez le docteur Esprit Blanche rue Trainée (rue Norvin) à Montmartre après une crise de folie et deux internements, il loge provisoirement au 13 rue Le Peletier. Après plusieurs voyages et divers appartements dans d’autres quartiers de Paris, nous retrouvons Nerval 6 rue Neuve-Pigalle en 1844, puis la même année, au 15 rue de la Victoire. 1846 le voit locataire d’un logement 16 rue de Douai. En 1849, après une nouvelle crise, il est logé chez le docteur Audanson 48 rue Notre-Dame de Lorette où nous le retrouvons une nouvelle fois en 1850. En 1851, à la suite d’une chute, il est soigné au 9 rue Montyon. En 1852, le docteur Stadler 24 rue Bréda (Henri Monnier) soigne le poète chez lui pour un érysipèle et « une fièvre chaude ». Nerval a son adresse 66 rue des Martyrs quand il fait une rechute pour être soigné à la maison Dubois. Après un séjour à la maison municipale de Santé Dubois, c’est au 2 rue du faubourg Montmarte que Gérard réside très peu de temps en 1853. Il collabore cette année là au « Mousquetaire » de Dumas au 1 rue Lafitte, dans l’immeuble de la « Maison dorée ». Alexandre Dumas, qui habite là, est réveillé une nuit par un policier qui lui signale qu’un nommé Labrunie le réclame au commissariat où il avait été conduit après avoir été trouvé se promenant nu sur le boulevard Montmartre. Dumas vient le chercher en voiture pour le recueillir chez lui. Il est ensuite conduit à la maison du docteur Meuriot à Passy « dans un état de délire furieux » C’est donc le 2 rue du faubourg Montmartre, le dernier domicile connu de Gérard dans le neuvième. Ajoutons qu'à plusieurs reprises, Gérard mentionne ses visions dans l'église Notre-Dame de Lorette et bien entendu, tous les appartements d'Alexandre Dumas entre 1830 et 1855 dans le neuvième, de l'impasse des Trois Frères à la rue Saint-Lazare.
Mise à jour le 12/01/2011
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10/01/2011
Sur la mort de Gérard de Nerval, rue de la Vieille Lanterne.
PAR BERNARD VASSOR
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09/01/2011
Gérard de Nerval : sur les pas de August Friedrich Ferdinand von Kotzebue
Par Bernard Vassor
(Gérard de Nerval qui fit un voyage sur les pas de Kotzebue en Allemagne, donna une traduction de "Mensonge, Misanthropie et repentir").
Il en tira un drame en cinq actes intitulé "Léo Burkart, ou une conspiration d'étudiants" joué au théâtre de la Porte Saint-Martin en octobre 1839.
August Friedrich Ferdinand von Kotzebue est né à Weimar le 3 mai 1761, assassiné à Mannheim le 23 mars 1819.
Cet écrivain Allemand séjourna à deux reprises à Paris. D'abord en 1790, puis en 1804. Il a laissé des notes de voyage fort intéressantes sur les époques mouvementée de la révolution et du consulat.. Ensuite, attaché aux services de la Sainte Alliance, il fut tué d'un coup de couteau par un révolutionnaire nommé Sand. " Le 23 mars 1819, à dix heures du matin, un étudiant de l'université d'Iéna, Karl-Ludwig Sand, se présenta, avec une demande d'audience, dans la demeure de Kotzebue, qui lui donna rendez-vous pour l'après-midi. Il revint à l'heure indiquée, et, après avoir échangé quelques paroles avec Kotzebue, il le frappa au coeur d'un coup de poignard en s'écriant : "Traître à la patrie !". Il essaya ensuite de se tuer, et ne put que se blesser. Le procès dura jusqu'au mois de septembre; la sentence de mort ne fut prononcée que le 5 mai 1820, et l'exécution eut lieu le 20 mai. Un compte rendu du procès fut donné par Hohehorst (Stuttgart, 1820), mais la vente n'en fut autorisée que trois ans après. Dans le public, on plaignait non pas la victime, mais le meurtrier. Au reste, le crime de Sand, comme tous les crimes politiques, alla contre son but et ne fit que hâter la réaction. Quant à la réputation littéraire de Kotzebue, elle ne fut ni grandie ni diminuée par sa mort violente"
Sur son passage à Paris ( Meine Flucht nach Paris im Winter 1790.)
Souvenirs de Paris en 1804 :
TEMPS NOUVEAUX :
"L'habillement que l'on nomme aujourd'hui décent n'aurait pas été permis il y a deux cents ans aux femmes publique. Si cela continue, nos descendants habilleront leurs filles pour rien. On rit aujourd'hui, en songeant que dans un siècle peut-être on ne sera vêtu que d'une feuille de figuier; et cependant il y a moins de distance entre cette feuille et la chemise transparente d'aujourd'hui, qu'il n'y avait que les paniers que l'on portait il y a vingt cinq ans et le costume actuel. (..)On ne met plus de rouge, la pâleur est plus interessante. On appelle cela "une figure à la Psychée"(d'après le tableau du baron Gérard). Les dames ne se servent plus que de blanc, et laissent le rouge aux hommes. Il y a quelques femmes d'un certain genre qui portent des schalls de casimir et des voiles de dentelle, le reste est abandonné aux espèces. La grande parure est très simple, point de fard, point de poudre, les cheveux en désordre, un diadème en brillants, une tunique en dentelle, point de corps, point de paniers, et beaucoup de fleurs.(..)
La mère et la fille sont mises à présent de la même manière, se tutoient; et quand elles se disputent, aucune ne cède. Toutes deux dansent la gavotte, chantent, jouent aux cartes, rentrent séparément chez elles font des folies et se boudent (...) Le nombre de filles publiques paraît s'être considérablement accru depuis la Révolution; à la vérité elles n'osent plus faire leur commerce que la nuit; celles qui habitent le Palais-Royal ne quittent pas leur demeure avant le coucher du soleil, pour folâtrer sous les arcades; mais en revanche on en rencontre partout qui étalent leurs appas nus, avec une profusion extraordinaire, et par tous les temps possibles. Il est inconcevable que ces pauvres filles puissent demeurer huit jours en bonne santé; elles n'ont absolument rien sur le corps qu'une robe blanche très fine et parfaitement collante ;vraisemblablement, elles n'ont ,pas de chemise, car elle se ferait au moins deviner par un pli, attendu qu'ells tiennent toutes leur robe par derrière, et qu'elles lla serrent contre les cuisses, de manière à ne rien laisser perdre de leur forme. (..) A la vérité, elles ont sous les arcades du Palais-Royal, la facilité de se promener à pieds sec, et à l'abri du mauvais temps; mais dans les rues, elles bravent avec intrépidité la pluie et la grêle, quand elles pensent qu'il est de interêt d'y rester, et qu'elles présument le temps favorable à la recette.Il faut que le coin de la rue Vivienne et de celle des Petits-Champs** soit un bon poste pour le gibier, car je ne suis jamais sorti le soir du Palais-Royal sans ne trouver là un troupeau : un jour j'en ai compter jusqu'à quatorze à cette place. Il pleuvait à verse, la rue était sale et crottée; mais elles n'y faisaient aucune attention. Cependant j'ai cru remarquer qu'elles sont moins importunes, moins hardies qu'il y a treize ans*; elles n'attaquent les passants que dans les endroits obscurs; partout où brille la clarté de la clarté des réverbère , elles se contentent de se présenter.(...)
.......................................
« C’était le 24 mai 1820, on exécutait Sand, le pauvre Sand ! Il avait vu
Kotzebue plus grand qu’il n’était, et il l’avait tué… »
Ainsi commence "Le Comte Hermann" de Dumas.
*Lors de son premier séjour à Paris en 1790. Il avait publié: Paris en 1790, puis :
Souvenirs de Paris en 1804 , 2 volumes, Chez Barba, palais du tribunal,galerie derrière le Théâtre Français numéro 51, An XIII
**Cet endroit est situé à vingt mètres de
mise à jour le 09/01/2011
08:04 | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
08/01/2011
Le cabaret de la mère Saguet, de Gérard de Nerval à Alexandre Schanne
Par Bernard Vassor
"La bohême n'a rien et vit de ce qu'elle a.
L'Espérance est sa religion,
la Foi en soi-même est son code,
la Charité passe pour être son budget.
Tous ces jeunes gens sont plus grands
que leur malheur, au-dessous de la fortune
mais au-dessus du destin."
Balzac : Un prince de Bohème
Situé dans la plaine de Vaugirard, après la barrière du Maine, au pied du Moulin de Beurre, le Cabaret de la mère Saguet était fréquenté par des écrivains, des peintres, et des chansonniers du Caveau. Ils chantaient à tue-tête et vidaient des litres et des bouteilles de champagne frelaté. Le cabaret était situé aujourd'hui à l'emplacement approximatif aujourd'hui de la rue du Moulin Vert.
Le peintreCharlet avait conduit là son élève Poterlet, qui ne supporta pas longtemps ce régime. Raffet, y crayonna ses premiers dessins et Davignon (qui s'est suicidé en se jetant d'un échafaudage de la statue de la place du Châtelet) le plus fameux peintre en lettres et attributs que l'on ai connu depuis l'invention des enseignes. le minuscule Adolphe Thiers et Mignet son compère, du temps de leur jeunesse parisienne figurèrent parmi les plus assidus. L'été, se réunissait la Société des Joyeux qui se transportait en hiver à Paris chez le marchand de vin traiteur Guignet, 59 rue de Sèvres, au coin de la rue Saint-Placide et prenait le nom de Société des Frileux dont un extrait des statuts (dont le président était Jean-Victor Billioux) stipule : "Pour entretenir leur douce et franche confraternité, les Frileux ont leurs petites soirées les mardi, vendredi et samedi. A sept heures, le vin sur la table et le piquet à quatre.- Un sou la marque.- Qui touche mouille.- Les non-joueurs payent autant que ceux qui ont pris le plus de marques (...) A dix heures un quart, on arrête les frais des opérations de la Société, toutes expressément au comptant"
Bien sûr, nous donnerons la vision de Gérard de Nerval sur le Cabaret de la Mère Saguet
RECTIFICATION
Grâce aux informations fournies par un lecteur de cet article (voire les commentaires)
voici, ci-dessous la localisation de la rue du Moulin de Beurre sur un plan de Paris de 1860
10:34 Publié dans La bohème littéraire | Tags : nerval, raffet, moulin de beurre, davignon, charlet, poterlet | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
05/01/2011
ORLLIE-ANTOINE PREMIER, ROI D'AURICANIE ET DE PATAGONIE
11:00 | Lien permanent | Commentaires (1) | | | | Digg
Les précurseurs : le peintre Apelles de Cos, le plus grand des maîtres de l'école attique et les peintres de l'antiquité, d'après Pline l'ancien.
Par Bernard Vassor
A suivre...
10:03 Publié dans LES PRECURSEURS | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
01/01/2011
Petite histoire d'un livre sans valeur. Nicolas Edmée Restif de la Bretonne....
Par Bernard Vassor
Un libraire sérieux aurait décrit ainsi ce livre :
Tome dépareillé,
Anonyme (Restif de la Bretonne), Les Nuits de Paris,avec la fausse indication : à Londres 1788. Tome second, troisième partie, in-12
C'est la première impression en deux volumes, Restif compléta cet ouvrage en 1790 et 1794.
Reliure 1/2 percaline à coins, très défaichie. De larges mouillures partant de l'extérieur vers le centre.
Pièces de titre au dos presque illisibles, certaines sont manquante ou effacées.
Qui voudrait acheter un tel ouvrage après sa description ? (qui n'est pas à vendre)
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Le dos en toile avec des pièces de titre en basane. Celle du bas était certainement un numéro d'identification de bibliothèque
...........................
Le sceau sur le premier plat de couverture est presque effacé, mais indique la provenance de cet ouvrage.
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J'avais acheté ce livre il y a une trentaine d'années dans une librairie ancienne de la rue Vivienne. Admiratif de Restif depuis toujours, je n'ai pas hésité une seconde, mais, je ne me souviens pas du prix qui était assez élévé pour un ouvrage dépareillé. L'odeur de brûlé qui imprégnait l'ouvrage m'avait fortement intrigué, et conduit à chercher à en identifier la provenance.
Ma surprise fut très grande, quand un expert m'apprit que le tampon figurant sur la page de titre était celui de la bibliothèque de Berlin et que le sceau appartenait au Reischtad !!!!
Comment ce livre nous est-il parvenu ? L'incendie du Reischtad provoqué par un anarchiste* Hollandais Marinus van der Lubbe dans la nuit du 27 au 28 février 1933, quelques jours après la nomination d'Adolphe Hitler, ce qui lui permit de promulguer le Reichstagsbrandverordnung, c'est-à-dire la suppression de toutes les liberté individuelles et de fait, donna les pleins pouvoirs au parti nazi.
Van der Lubbe fut guillotiné le 10 janvier 1934.
...................................
Je suis le seul aujourd'hui à sentir cette odeur de roussi, mon odorat n'est pas des meilleurs, sans doute l'imprégnation est-elle imaginaire !
*Certains historiens le disent "Conseilliste", parti marxiste anti-léniniste.
10:25 | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
Les découvreurs de la peinture et de la couleur.
Par Bernard Vassor
Après les premiers artistes de la préhistoire, il y a plus de 15 000 ans qui utilisaient un oxide de fer (Hématite) existant à l'état naturel, et du charbon de bois mélangé à différentes matière minérales pour le liant : argile, talc, roche broyée et de la graisse animale pour donner plus de consistance, les premiers peintres précurseurs à avoir utilisé le pinceau, les inventeurs, et la nature des premières couleurs utilisées par les artistes.
08:18 | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
29/12/2010
LEA SILLY, BRINGHAM YOUNG LE PROPHETE DES MORMONS ET MOZART DE CHATOU
Chanteuse d'opérette, rivale d'Hortense Schneider, dotée de beaucoup d'esprit, c'est elle qui avait surnommée Hortense "le Passage des Princes». Parmi ses amants, on signale Ismaïl Pacha, vice-roi d'Egypte.
"C'était une fort belle fille, un peu masculine, un peu noire, à la voix rude, aux mouvements brusques et saccadés; mais ayant de grands yeux profonds et brillants comme des escarbouches, un regard impératif et hypnotisant qui vous clouait sur place; un esprit mordant et prodigieusement gai tout ensemble (...) En un mot une de ces femmes créées et mises au monde pour aller au fond des choses. Le point culminant de sa carrière théâtrale a été la Belle Hélène. Tout, jusqu'à ses formes d'adolescent bien bâti, contribuait à lui donner l'apparence d'un joli garçon. Son triomphe était le bal de l'Opéra. Elle s'y montrait assidue et excellait à intriguer la fleur des cavaliers. Plus d'un a été victime de la mystification qu'elle se plaisait à imaginer, et aucun ne lui en gardait rancune, tant elle y apportait de grace et de finesse. Les habitants de «la loge infernale" en savaient fort long sur ce chapitre....."
Elle se décida à faire une tournée en Amérique avec la grande Aimée et Céline Montaland. Le directeur de la tournée était un personnage extravagant, le colonel Fusk, industriel, financier, propriétaire de chemins de fer, de bateaux et de théâtres. Il fut tué par un rival jaloux et rancunier que Fusk avait fait condamner parce qu'il le faisait chanter.
Silly prit des vacances et pour son plaisir elle s'était mise à voyager, faisant étape à Cincinnati, San Francisco. Par curiosité, elle décida de rendre visite aux mormons sur les bords du Lac salé. Silly parlait l'anglais à la perfection. Elle fut enchantée de se prosterner aux pieds du prophète !
Arrivée au campement des Mormons, elle demanda qu'on la conduisit tout droit chez Brigham Young "ce vieux singe, ce vieux sorcier". Présentée au grand gourou, Silly expliqua le but de sa visite : "Nous sommes des artistes venus de Paris et nous n'avons pas voulu traverser la région sans être admis à présenter ses devoirs au célèbre Brigham Young, au pasteur du peuple, au fondateur d'une religion, la vraie, l'unique, au restaurateur chrétien de la polygamie !!!"
Rougissant de plaisir, Bigham s'exclama :
"Comment ! vous êtes des artistes, et des artistes de Paris ! Et vous chantez madame ! N'aurai-je pas la joie de vous écouter, de goûter de votre bouche en fleur l'une de ces belles mélodies, qui enchantent l'âme et les sens !"
Très rieuse, et ne détestant pas berner les gens, Silly ne voulut pas manquer une telle occasion :
"Que préférez-vous entendre monsieur Young ? Du Mozart, du Schumann ?"
--"Oh ce qu'il vous plaira. Je ne connais ni l'un ni l'autre "
Alors, pour le satisfaire, elle lança dans les airs un « trou- la- la-la itou, » une tyrolienne des plus excentriques qu'elle eut dans son répertoire. Emerveillé par ces borborygmes incongrus Brigham désira des détails sur le compositeur ? Quel était le nom de ce grand homme ?
-" C'est Mozart de Chatou" lui répondit Silly.
"--Ah ! et Il habite Paris ?"
''"Non, mais une île. L'île de la Grenouillère"
Il fallut se séparer, Brigham Young ouvrit les bras, à la parisienne, la bénit en regrettant de n'avoir pas eu le temps de la convertir pour la compter au nombre de ses concubines ! De retour à Paris, elle revint aux Variétés pour jouer le rôle d'Oreste dans La Belle Hélène d'Offenbach.
La cohabitation avec Hortense Schneider tourna au vinaigre. Les deux femmes faillirent se crêper le chignon en coulisse. L'arbitrage fut au détriment de Léa qui rejoignit le théâtre de la Porte Saint-Martin.
Là, elle fit forte impression, et le vice-roi d'Egypte la convia à un dîner chez Bignon, puis dans ses appartements...
Léa Silly possédait aussi un grand talent d'imitatrice qui lui servit grandement dans tous ses rôles et lui servit pour enflammer le public qui la réclamait à outrance.
Mise à jour 24/12/2012
tourna au vinaigre. Les deux femmes faillirent se crêper le chignon en coulisse. L'arbitrage fut au détriment de Léa qui rejoignit le théâtre de la Porte Saint-Martin.
Là, elle fit forte impression, et le vice-roi d'Egypte la convia à un dîner chez Bignon, puis dans ses appartements...
Léa Silly possédait aussi un grand talent d'imitatrice qui lui servit grandement dans tous ses rôles et lui servit pour enflammer le public qui la réclamait à outrance.
Mise à jour 29/12/2010
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27/12/2010
La mère Caquet-Cadet-Bon-Bec: Au bal des dames de la Halle, sur la place des Innocents.
Par BERNARD VASSOR
Le 16 août 1852, un bal au marché des Innocents les "Dames de la Halle" avaient organisé un bal qui accueillit plus de 20 000 invités.
La place des Innocents transformée en une vaste salle était couverte de tentures d'or, de soie et de velours.
Au centre, la fontaine de Jean Goujon recouverte d'aigles impériales, des filets d'eaux semblaient tomber d'un faisceau lumineux dans le bassin rempli d'eau. Une immense nef en bois recouvrait la salle était soutenue par des palmiers reliés entre eux par des guirlandes de gui. Trois lustres éclairés au gaz, innondaient la salle de lumière.
Louis de Chaumont avait composé une chansonnette humoristique : "Les aventures de la Mère-Caquet-Bon-Bec" pour cette occasion (sur l'air de : Dans un grenier que l'on est bien à vingt ans de Béranger).
Les orchestres composés de deux cents musiciens étaient dirigés par Monsieur....Marx.
La pluie est tombée pendant une partie de la soirée, transormant le sol en une sorte de cloaque boueux.
Quatre escaliers pratiqués aux angles du châpiteau conduisait aux tribunes et aux buffets.
L'entrée principale donnait sur la rue de la Lingerie qui était orné d'un portique dans le style renaissance surmonté d'une aigle aux ailes éployées (référence obligée à l'empereur bien sûr)
Le bal commencé tôt dans la soirée s'est prolongé jusqu'au petit jour rapportent les journeaux du lendemain.
Ce même auteur avait composé en 1848 : "La vivandière d'Austerlitz morte de joie en apprenant l'élection du prince président à la présidence de la République"
La joie éprouvée était si forte à l'annonce du résultat du scrutin, qu'elle tomba inanimée. Tous les soins furent inutiles, elle était morte !
Son attachement au futur empereur était si grand, lui avait fait donner le surnom de "Mère Napoléon"
11:43 | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
24/12/2010
On a arrêté un Robinet au cimetière Montmartre !!!! "A bas la Rousse"....
Par Bernard Vassor
Le gisant d'alphonse Baudin au cimetière Montmartre
Pour comprendre cette affaire, il faut se reporter au coup d'état du 2 décembre 1851. Alphonse Baudin, député républicain est frappé d'une balle en pleine tête tirée par un soldat du 19° de ligne sur une barricade que Baudin avait érigé et défendait rue Sainte-Marguerite, pour sauver la République confiquée par le prince président Louis Napoléon Bonaparte. Son corps fut inhumé en secret au cimetière du Nord. Quelques hommes ayant redécouvert sa tombe s'y rendaient chaque année pour honorer sa mémoire.
....................
Le 2 novembre 1867, un groupe de plusieurs dizaines de manifestants était surveillés par 50 sergents de ville et un certain nombre d'hommes de la police secrète en civil appartenant au service spécial du commissaire Lagrange chargé des basses oeuvres au service de l'empereur.
A la fin de la cérémonie le groupe de républicains sortit du cimetière sans incident. Les sergents de ville courageux mais pas téméraires s"emparèrent de badauds isolés et les conduisirent au commissariat du 1 de la rue Bréda (aujourd'hui Henry Monnier) pour y être entendus par le commissaire Bellanger.
Parmi les jeunes gens arrêtés, un certain Gabriel Robinet niait énergiquement avoir crié : A bas les mouchards,- a bas la Rousse ! (la police en argot)
Présenté au commissaire Béllanger qui demanda à la cantonnade en le montrant du doigt :-"Et celui-ci, qui l'a arrêté ? Des policiers lui répondirent :"Ce sont des agents de la centrale, mais ils ne sont plus là".
Au moment où le commissaire allait prononcer l'élargissement du Robinet, un individu habillé en bourgeois s'écria : "Celui-là ? attendez donc, c'est moi qui l'ai arrêté; il m'a dit : A bas la Rousse ! et m'a fait rebellion." Malgré ses dénégations le jeune étudiant du lycée Saint-Louis Gabriel Robinet fut consigné au poste et traduit en justice le 4 décembre 1867 pour y être condamné à 2 mois de prison par la sixième chambre du tribunal de police correctionnel.
............
Une année plus tard, le journal "Le Réveil" lança une souscription publique pour élever une statue au martyre de la République. Un procès fut intenté contre le directeur du journal Charles Delescluze défendu par un très jeune avocat du nom de Léon Gambetta.
La statue en bronze érigée avenue Ledru Rollin connut le même sort que celle de Charles Fourier : démontée par les autorités françaises en 1942 pour être donnée aux allemands afin d'en faire des obus.
Quand à Charles Delescluze (député aussi), 3 ans plus tard il connut le sort de Baudin, lui, fut couché par la mitraille versaillaise sur une barricade de l'avenue du Prince Eugène (avenue de la République) le 25 mai 1871. Il repose au Père Lachaise.
11:23 | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
17/12/2010
Cette chute de la colonne Vendôme.....
par Bernard Vassor
Cette chute de la colonne Vendôme.
obligeait les participants à réclamer des démentis qui n’étaient pas toujours publiés. On verra par exemple que le même J.B.Clément dans la séance du 27 avril demanda la destruction « complète » de la colonne Vendôme). Avrial pendant cette même séance, proposa la date du 16 avril pour les élections complémentaires.
Felix Pyat
Courbet, qui ne sera élu membre de la Commune que le 16 avril utilisa plus tard, pour sa défense cet argument devant le conseil de guerre, il ne faisait pas partie de la commission qui avait demandé la destruction de la colonne. Mais en revanche, il demanda quand il fut élu, que soit préservé le piédestal.
Gustave Courbet
Le mardi 26 floréal (16 mai) le journal officiel de la Commune publie : » le citoyen André Gill, est nommé délégué comme administrateur provisoire du musée du Luxembourg. Les citoyens Chapuis Jean, sculpteur, et Gluck peintre lui sont adjoints pour l’assister dans ses fonctions secondaires. »
Sur proposition de la commission fédérale des artistes, le citoyen Oudinot Achille, architecte et peintre, est délégué comme administrateur des musées du Louvre, les citoyens Héreau peintre et Jules Dalou, statuaire, lui sont adjoint pour l’assister dans ses fonctions secondaires.
Le 16 mai
Les préparatifs
Vers midi une foule de parisiens se dirige vers la place Vendôme où est prévue à 14 heures la démolition de la colonne, symbole pour certains membres de la Commune, du despotisme, du parjure du 18 brumaire jusqu’à la honte de Sedan, le tout couronné par deux invasions. Les balcons et les fenêtres des rues de la Paix et de la rue de Castiglione, ainsi que ceux de la place sont occupés par un grand nombre d’officiers, d’officiels et de curieux. Cependant, les ouvriers travaillent encore sur l’échafaudage masqué par une toile. Les uns agrandissent l’ouverture jusqu’à l’escalier, assez large pour livrer passage à un homme, les autres continuent du côté de la rue de Castiglione, à scier horizontalement la pierre, en observant une légère inclinaison. L’entaille représente un tiers, et la partie sciée un autre tiers. L’ingénieur Jules Iribe « Ingénieur civil, membre du Club Positiviste de Paris", et agissant en cette qualité » s’était engagé par contrat, à procéder à la destruction de ce monument, le 5 mai, jour anniversaire de la mort de Napoléon I°. Il lui avait été alloué pour ces travaux 28000 francs, avec un dédit de 500 francs par jour de retard. L’entrepreneur Ismaël Abadie était chargé de diriger les travaux. Des artilleurs barrent la rue de la Paix, et filtrent le public pour laisser circuler sur la place ceux qui sont munis de laissez-passer. La rue Neuve des Petits-Champs est barrée par des artilleurs montés à cheval, la carabine au poing, ainsi que la rue de Castiglione, où des curieux se pressent pour apercevoir une dernière fois dans un ciel sans nuage, cette colonne où un drapeau rouge fixé à la balustrade, flotte mollement, et masque par moments le visage de l’effigie de l’empereur. Trois cordages attachés au sommet pendent en attendant d’être fixés au cabestan.
Un lit de fascines, de fumier et de sable a été répandu dans l’axe de la rue de la Paix, pour amortir les vibrations. Les devantures des boutiques sont toutes fermées, et les fenêtres de la place sont couvertes de bandes de papier collant. Dans la foule de plus en plus dense (environ 20.000 personnes) des rumeurs circulent : « La chute, va provoquer l’effondrement des égouts de l’Opéra ! La colonne va s’écraser sur les maisons de la place ! » Appuyé contre la grille entourant le monument, un jeune commandant d’un bataillon de « Turcos » se tient debout vêtu d’un pantalon, d’un képi et d’une vareuses rouge sur laquelle scintillent une triple rangée d’aiguillettes d’or. Sur la place, à l’heure prévue, la musique du 190 °bataillons de la Garde nationale dont les cuivres étincellent, entonne la « Marseillaise » ; le « Chant du Départ » Devant le ministère de la justice au numéro 10 de la place Vendôme, le général Bergeret 40 ans occupe l’état –major de la place Vendôme. Il avait été chargé de l’organisation et la direction de tous les services militaires. C’est un homme maigre, aux cheveux noirs, le teint bistré, dont la physionomie reflète l’énergie, ou plutôt l’opiniâtreté ; il a été désigné pour présider cet évènement.
Bergeret
Jules Miot 61 ans, délégué du XIX ° arrondissement, l’ancien pharmacien, de grande taille avec sa longue barbe blanche, Félix Piat 60 ans, déguisé en dompteur avec deux revolvers à la ceinture, Gustave Tridon, 30 ans, fils de parents riches, élève du lycée Bonaparte (Condorcet), devenu socialiste à Sainte-Pélagie sous l’influence de Blanqui son voisin de cellule, avocat, élu du V°, le visage pâle. Gabriel Ranvier, 42 ans peintre sur laque, maire du XX °, Théophile Ferré 24 ans du 152° bataillon, élu du XVIII ° arrondissement, tout petit, le nez busqué, le visage envahi par une barbe noire. Tous ces membres de la Commune ceints de leur écharpe rouge à glands d’or, attendent solennellement le « déboulonnement » . Georges Cavalier polytechnicien, ingénieur en chef des promenades et jardins dit « Pipe en Bois », s’affaire, allant des hommes de peine en train d’épaissir le lit de sable, de fascines et de fumier, destiné à amortir la chute, à d’autres manouvriers parmi lesquels le « Piémontais ( ?) » qui entourent le cabestan ancré à la bouche d’égout de la rue de la Paix que l’on avait omis ou négligé d’étayer. Georges Cavalier va et vient sans cesse d’un groupe à l’autre.( Edmond de Goncourt note dans son journal qu’à cet instant, étant dans le jardin des Tuileries, « dans l’allée qui regarde la place Vendôme, des chaises jusqu’au milieu du jardin ; et sur ces chaises, des hommes et des femmes qui attendent de voir tomber la colonne de la Grande Armée…Je m’en vais (…) quand je repasse à 6 heures dans les tuileries, là où fut le bronze autour duquel s’enroulait notre gloire militaire, il y a un vide dans le ciel et le piédestal tout plâtreux montre, à la place de ses aigles, quatre loques rouges voletantes »).Sa rancœur aurait été encore plus grande si il avait vu son ennemi juré « Pipe en bois » superviser les opérations de démolition .
Simon Mayer (du 61° bataillon de la Gn de Montmartre), chef d’état-major commandant de la place, monte par l’escalier intérieur sur la plateforme du sommet de la tour pour enlever le drapeau rouge qui y était planté. La colonne avait été sciée horizontalement au-dessus du piédestal, une entaille en biseau avait été faite pour faciliter la chute en arrière sur le lit de fagots de sable et de fumier. Les ouvriers font tomber les débris de pierres réduites en poussière. La toile de l’échafaudage est enlevée. Des dessinateurs prennent des croquis.
15 heures 30 :
Les ouvriers descendent de l’échafaudage. On fait éloigner tout le monde. Chacun se range autour de la place. Le breton Glais-Bizoin (qui eut Emile Zola pour secrétaire) cédant à un mouvement d’ardeur juvénile se découvre et félicite Théo Ferré le nouveau délégué à la police en remplacement de Cournet.
Le fameux cabestan rue de la Paix
La musique joue la « Marseillaise », c’est l’heure tant attendue. Le silence se fait, la foule retient son souffle, les câbles se tendent sous l’action du cabestan qui tourne mais soudain, Craaac …. la poulie se brise, un homme est blessé. Des membres de la Commune, l’entrepreneur, l’ingénieur et Georges Cavalier se précipitent vers le cabestan. Dans la foule des rumeurs de sabotage circulent.
Georges Cavalier, surnommé "Pipe en bois" par Jules Vallès
Les officiels arrivés près du treuil défaillant pressent l’entrepreneur de le remplacer dans l’heure qui suit sous peine de poursuites. L’ingénieur Iribe part chercher une autre poulie. Pendant ce temps sur la place, on déplace des canons qui étaient restés autour de la grille et qui risquaient d’être écrasés, ainsi que la lunette de « l’Astronome » ; celui-ci installé en permanence sur la place, racontait moyennant finances à l’aide de son instrument l’histoire du ciel. La lunette de Galilée, pendant les préparatifs du chantier, avait servi de cantine aux bataillons chargés de surveiller les opérations. On enlève également le milieu de la barricade construite en pavés Le temps s’écoule, la musique fait patienter la foule, on descend des chaises du ministère pour des dames auxquelles des soldats galants offrent des rafraîchissements, les fenêtres et les balcons se vident des invités de marque et se réunissent dans le grand salon, orné d’un tableau de Daubigny (Membre de la Fédération des Artistes de la Commune) « La Moisson ».
L’avocat Eugène Protot 32 ans, élu du XI °, « Ministre » de la justice, préside la réception ou sont conviés amis, journalistes et élus. Des petits groupes se forment, certains commentent la prédiction de Henri Heine trente ans plus tôt :
« Déjà une fois, les orages ont arrachés du faîte de la colonne Vendôme l’homme de fer qui pose sur son fût et en cas que les socialistes parvinssent au gouvernement, le même accident pourrait lui arriver une seconde fois, ou bien même la rage d’égalité radicale serait capable de renverser toute la colonne afin que ce symbole de gloire fût entièrement rasé de la terre. »
A 16 heures des ouvriers remontés sur le piédestal augmentent l’entaille du fût à coups de pioche et enfoncent des coins dans la blessure au bas du piédestal de la colonne.
Des vétérans racontent qu’en 1814 des royalistes, au cours d’une manifestation conduite par le marquis Maubreuil d’Orvault, avaient tenté, en s’aidant d’un cordage fixé au sommet de la tour et relié à des attelages, de renverser la colonne, et avaient vu la corde céder. On fit alors appel au sculpteur Chaudey qui avait exécuté la statue du César Napoleon fit scier les pieds de la statue, et la fit descendre à l’aide d’un treuil. Un ouvrier déroba le globe surmonté d’une « Victoire Ailée » que l’empereur tenait dans sa main gauche. Ce vol permit la conservation de cette œuvre, car le reste du monument de Chaudey fut fondu et servit à la réalisation de la statue équestre d’Henri IV sur le Pont Neuf. La cime de la colonne fut ornée d’un immense drapeau à fleurs de lys. L’histoire de cette « Victoire » ne s’arrête pas là…
En 1833 Louis-Philippe quand il fit refaire une statue par le sculpteur Seure, imposa à celui-ci d’inclure dans son ouvrage le globe terrestre surmonté de la « Victoire ailée » ( qui avait été retrouvés chez un receleur) et que César devait tenir dans sa main droite, ce qui fut fait. Un badaud, goguenard, raconte qu’au siècle dernier, vécut Reine Violet, la petite-fille de la mère Roquille tenancière du cabaret borgne du chemin boueux de l’égout de la Grande-Pinte, aujourd’hui rue de la Chaussée d’Antin (emplacement de l’église de la Trinité). Cette jeune fille, crieuse de l’ « Ami du Peuple », le journal de Marat voulant se pendre par dépit amoureux à la statue équestre de Louis XIV sur cette même place, fut écrasée par la chute du monument qui avait été désolidarisé de son socle en vue aussi de son déboulonnement..
……………………….
Les officiels arrivés près du treuil défaillant pressent l’entrepreneur de le remplacer dans l’heure qui suit sous peine de poursuites. L’ingénieur Iribe part chercher une autre poulie. Le temps s’écoule, la musique fait patienter la foule
17 heures 15
La musique se tait brusquement. Un officier paraît sur la balustrade, enlève le drapeau rouge qu’il remplace par un étendard tricolore et le fixe à la grille ; les ouvriers quittent l’échafaudage. Protot et ses invités reprennent place au balcon et pour la seconde fois au signal du clairon les gardes nationaux déblayent la place. L’officier a disparu. Il descend l’escalier. Sous l’effort conjugué d’une demi-douzaine d’hommes le cabestan vire, les trois câbles se tendent et se rejoignent lentement. Un grand silence se fait, Tantôt les regards se portent alternativement sur la partie sciée et sur la statue. La foule autour de la place retient son souffle. Un nuage blanc passe dans le ciel, et dans sa marche on croit sentir bouger la colonne…. Ceux qui sont sur le balcon du ministère voient le monstre frémir, osciller, résister une dernière fois, puis s’incliner vers la rue de la Paix., se casser dans le ciel en trois morceaux
formant un zigzag, et tomber sur le lit de fagots qui sous l’impact sont éparpillés de part et d’autre à plus de dix mètres, des débris jonchent le sol. Le bruit sourd est couvert par une clameur qui jaillit de la foule électrisée qui lance des : -« Vive la République ! Vive la Commune ! » Un nuage de poussière obscurcit un instant la place. Ne reste au milieu, que le socle débarrassé de ses quatre aigles impériales juchées au sommet qui avaient été sciées la veille.
Les 76 anneaux de granit recouverts de 354 fines plaques de bronze sont à terre. L’empereur gît sur le dos, décapité. Sa tête couronnée de lauriers a roulé sur le sol jusqu’au bord du trottoir. Un ouvrier, machinalement la repousse du pied pour la rapprocher du corps mutilé. Le bras droit s’est brisé dans la chute.
Photo du photographe sourd et muet Bruno Braquehais (un des rares photographes réstés à Paris)
La boulle surmontée d’une victoire ailée (encore elle !) que César tenait dans sa main droite, s’est également détachée, elle fut dérobée par un concierge de la place Vendôme celui-ci la revendit à un anglais qui la ramena dans son pays. Les descendants anglais de ce receleur la restituèrent et en firent don au château de la Malmaison où elle se trouve actuellement. (une copie est posée sur une cheminée dans un salon de la Fondation Dosne Thiers place Saint--Georges)
Des badauds rompent le barrage des sentinelles et se précipitent pour ramasser des trophées. La mince pellicule de bronze recouvrant les anneaux de pierre est surveillée étroitement par des gardes nationaux. Le métal doit être renvoyé à l’Hôtel de la Monnaie pour y être fondu. Le drapeau rouge fixé par un officier de marine flotte sur le piédestal resté debout. L’acteur Adolphe l’escalade, et le bras tendu vers le ciel, sa tunique de garde national ouverte sur la poitrine, déclame : -« Je n’ai jamais chargé qu’un être de ma haine ! -Soit maudit ô Napoléon ! » Mais on ne le laisse pas poursuivre, on veut entendre Bergeret qui fait une brève intervention. Il est suivi par Miot qui plus longuement, fait un discours convenu. Après lui Ranvier dit exactement la même chose en changeant l’ordre des phrases. Pendant ce temps, la foule bourdonne autour de la colonne, des groupes posent devant l’objectif de Bruno Braquehais, le photographe du boulevard des Capucines. Dans les salons du ministère, Gustave Courbet, le visage sombre montre à ses amis un monceau de lettres anonymes le menaçant de toutes sortes de tourments et lui faisant voir l’avenir avec inquiétude. Il dit alors à Jules Vallès : « Elle m’écrasera en tombant, vous verrez »
Jules Vallès
Sur la place, la foule se faisant plus pressante, un peloton d’artilleurs à cheval arrive au grand trot pour dégager la place, tandis que des musiques aux accents des « Girondins » entraînent un millier de personnes vers l’Hôtel de Ville où se sont transportés Miot, Champy et Ranvier pour annoncer que la place Vendôme s’appellera désormais :
« Place Internationale ».
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Principales sources
Louis fiaux ; Histoire de la guerre civile de 1871 G.Charpentier 1879
Jules Claretie ; Histoire de la révolution de 1870-1871 ; Aux bureaux du journal « l’Eclipse » Paris 1872
Journal Officiel de la Commune réimpression de1872
Maxime Vuillaume ; Mes cahiers rouges au temps de la Commune ; Babel 1998
P.O.Lissagaray ; Histoire de la commune de 1871 ; La Découverte Paris 2000
Jules Andrieu ; notes pour servir à l’histoire de la Commune de Paris de 1871 Spartacus Paris Sans date.
Georges Cavalier ; Les Mémoires de « Pipe-En-Bois » Champ Vallon 1992
Archives de la préfecture de police.
Archives de Paris (remerciements Christiane Filloles)
E. et Jules de Goncourt Journal Tome II , Laffont , Paris, 1989
William Serman La Commune de Paris, Fayard Paris, 1986
Lucien Descaves, Souvenirs d’un ours, Les Editions de Paris 1946
Jean Maitron (sous la direction de), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier,
Procès verbaux de la Commune de 1871, T.1., Emile Leroux, Paris 1924
Jules Castagnary, notes de Bertrand Tillier, Gustave Courbet et la colonne Vendôme, Plaidoyer pour un ami mort, Du Lérot éditeur, Tusson, Charente
Archives Pierre Henry Zaidman
Un témoignage haineux parmi une centaine : Abbé Lamazou : Le renversement de la colonne Vendôme, 12° édition, De Soye Paris 1873
Archives B.V
Ouvrage collectif : Guide des sources de la Commune et du mouvement communaliste avec le soutien de la Ville de Paris et des Archives nationales, La Documentation Française, Paris 2007
Mémoire archives de la G.n par Remy Valat.
Mise à jour le 17/12/2010 et le 15/05/2011
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Les Mauté et Mathilde Verlaine.
Par Bernard Vassor
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LES POESIES DE LAUTREAMONT, QUELQUES REPERES BIBLIOGRAPHIQUES suite
Par Bernard Vassor
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Henri-Antonin Dubost, mort au champ d'honneur en "EROS" au 10 rue des Martyrs
PAR BERNARD VASSOR
Henri Antoine Balthazard Dubost.
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Les Chants de Maldoror
PAR BERNARD VASSOR
D'après une étude de Rémy de Gourmont ;
"Les Chants de Maldoror" restés inachevés après le sixième chant. Lautréamont est malade, conscient de sa folie qu'il qualifie lui-même en faisant s'apostropher Maldoror par son énigmatique crapaud :
"Ton esprit est tellement malade qu'il ne s'en aperçoit pas, et que tu crois être dans ton naturel chaque fois qu'il sort de ta bouche des paroles insensées, quoique pleines d'une infernale grandeur"
Sur le point de mourir, il rédige dans un état fiévreux deux volumes de poésies, dont voici les références bibliographiques :
Poésie I :
"Je remplace la mélancolie par le courage, le doute par la certitude, le désespoir par l'espoir, la méchanceté par le bien, les plaintes par le devoir, le scepticisme par la froideur du calme et l'orgueil par la modestie". Paris, journaux politiques et littéraires. Librairie Gabrie, passage Verdeau, 25, 1870, fascicule de 16 pages in-8°, sous une couverture saumon très clair. La couverture porte sous le titre :
Prix 1 franc;
et à la quatrième page :
Avis.
"Cette publication permanente n'a pas de prix. Chaque souscripteur en fixe lui-le montant. Il ne donne du reste que ce qu'il veut. Les personnes qui recevront les deux premières livraisons sont priées de ne pas les refuser, sous quelque prétexte que ce soit."
Paris imprimerie de Balitout Questroy et Cie, 7 rue Baillif.
La deuxième livraison porte au verso de la couverture imprimée :
Envoi, puis au dessous :
Le gérant
I.D*
rue du faubourg Montmartre, 7.
Le fascicule a été déposé au ministère de l'Intérieur dans la semaine du 16 au 23 avril, et le fascicule II, dans la semaine du 18 au 25 juin 1870.
Dédicace :
"A Georges Dazet, Henri Mue, Pedro Zomaran, Louis Durcour, Joseph Bleumenstein, Joseph Durand.
A mes condisciples Lespès, Georges Minvielle, Auguste Delmas; Aux directeurs des revues Alfred Sircos, Frédéric Damé; Aux amis passés présents et futurs; A monsieur Histin, mon ancien professeur de réthorique; sont dédiées une fois pour toute les autres, les prosaïques morceaux que j'écrirai dans la suite des ages, et dont le premier commence à voir le jour d'hui, typographiquement parlant"
*I.D. Isidore Ducasse bien sûr...
Voici ujne lettre de Ducasse adréssée à son "tuteur", le banquier Darasse chargé par son père de lui verser une pension mensuelle :
Lettre de Lautréamont à Darasse
Monsieur,
C’est hier même que j’ai reçu votre lettre datée du 21 mai ; c’était la vôtre. Eh bien, sachez que je ne puis pas malheureusement laisser passer ainsi l’occasion de vous exprimer mes excuses. Voici pourquoi : parce que, si vous m’aviez annoncé l’autre jour, dans l’ignorance de ce qui peut arriver de fâcheux aux circonstances où ma personne est placée, que les fonds s’épuisaient, je n’aurais eu garde d’y toucher ; mais certainement, j’aurais éprouvé autant de joie à ne pas écrire ces trois lettres que vous en auriez éprouvé vous-même à ne pas les lire. Vous avez mis en vigueur le déplorable système de méfiance prescrit par la bizarrerie de mon père ; mais vous avez deviné que mon mal de tête ne m’empêche pas de considérer avec attention la difficile situation où vous a placé jusqu’ici une feuille de papier à lettre venue de l’Amérique du Sud, dont le principal défaut était le manque de clarté ; car je ne mets pas en ligne de compte la malsonnance de certaines observations mélancoliques qu’on pardonne aisément à un vieillard, et qui m’ont paru, à la première lecture, avoir eu l’air de vous imposer, à l’avenir peut-être, la nécessité de sortir de votre rôle strict de banquier, vis-à-vis d’un monsieur qui vient habiter la capitale…
… Pardon, Monsieur, j’ai une prière à vous faire : si mon père envoyait d’autres fonds avant le 1er septembre, époque à laquelle mon corps fera une apparition devant la porte de votre banque, vous aurez la bonté de me le faire savoir ? Au reste, je suis chez moi à toute heure du jour ; mais vous n’auriez qu’à m’écrire un mot, et il est probable qu’alors je le recevrai presque aussitôt que la demoiselle qui tire le cordon, ou bien avant, si je me rencontre sur le vestibule…
… Et tout cela, je le répète, pour une bagatelle insignifiante de formalité ! Présenter dix ongles secs au lieu de cinq, la belle affaire ; après avoir réfléchi beaucoup, je confesse qu’elle m’a paru remplie d’une notable quantité d’importance nulle.
À Monsieur Darasse
Paris, 12 mars 1870
Monsieur,
Laissez-moi reprendre d’un peu haut. J’ai fait publier un ouvrage de poésies chez M. Lacroix (B. Montmartre, 15). Mais, une fois qu’il fut imprimé , il a refusé de le faire paraître, parce que la vie y était peinte sous des couleurs trop amères, et qu’il craignait le procureur-général. C’était quelque chose dans le genre du Manfred de Byron et du Konrad de Mieçkiewicz, mais, cependant, bien plus terrible. l’édition avait coûté 1 200 f, dont j’avais déjà fourni 400 f. Mais, le tout est tombé dans l’eau. Cela me fit ouvrir les yeux. Je me disais que puisque la poésie du doute (des volumes d’aujourd'hui il ne restera pas 150 pages) en arrive ainsi à un tel point de désespoir morne, et de méchanceté théorique, par conséquent, c’est qu’elle est radicalement fausse ; par cette raison qu’on y discute les principes, et qu’il ne faut pas les discuter : c’est plus qu’injuste. Les gémissements poétiques de ce siècle ne sont que des sophismes hideux. Chanter l’ennui, les douleurs, les tristesses, les mélancolies, la mort, l’ombre, le sombre, etc., c’est ne vouloir, à toute force, regarder que le puéril revers des choses. Lamartine, Hugo, Musset se sont métamorphosés volontairement en femmelettes. Ce sont les Grandes-Têtes-Molles de notre époque. Toujours pleurnicher. Voilà pourquoi j’ai complètement changé de méthode, pour ne chanter exclusivement que l’espoir, l’espérance, le CALME, le bonheur, le DEVOIR.Et c’est ainsi que je renoue avec les Corneille et les Racine la chaîne du bon sens, et du sang-froid, brusquement interrompue depuis les poseurs Voltaire et Jean-Jacques Rousseau. Mon volume ne sera terminé que dans quatre ou cinq mois. Mais, en attendant, je voudrais envoyer à mon père la préface, qui contiendra 60 pages ; chez Al. Lemerre. C’est ainsi qu’il verra que je travaille, et qu’il m’enverra la somme totale du volume à imprimer plus tard.
Je viens, Monsieur, vous demander, si mon père vous a dit que vous me délivrassiez de l’argent, en dehors de la pension, depuis les mois de novembre et de décembre.Et, en ce cas, il aurait fallu 200 f., pour l’impression de la préface, que je pourrais envoyer, ainsi, le 22, à Montevideo. s’il n’avait rien dit, auriez-vous la bonté de me l’écrire ?
J’ai l’honneur de vous saluer. I. Ducasse,
15 rue Vivienne.
Catégories : Livres | Lettres
Auriez-vous la bonté de faire la critique de cette brochure dans votre estimable journal. Pour des circonstances indépendantes de ma volonté, elle n'avait pu paraitre au mois d'août. Elle parait maintenant a la librairie du Petit Journal, et au passage Européen chez Weil et Bloch. Je dois publier le 2e chant à la fin de ce mois-ci chez Lacroix. Agréez, Monsieur, mes salutations empressées. L'Auteur. |
C'est hier même que j'ai reçu votre lettre datée du 21 mai; c'était la vôtre. Eh bien, sachez que je ne puis pas malheureusement laisser passer ainsi l'occasion de vous exprimer mes excuses. Voici pourquoi: parce que, si vous m'aviez annoncé l'autre jour, dans l'ignorance de ce qui peut arriver de fâcheux aux circonstances où ma personne est placée, que les fonds s'épuisaient, je n'aurais eu garde d'y toucher; mais certainement j'aurais éprouvé autant de joie à ne pas vous écrire ces trois lettres que vous en auriez éprouvé vous-même à ne pas les lire. Vous avez mis en vigueur le déplorable système de méfiance prescrit vaguement par la bizarrerie de mon père; mais vous avez deviné que mon mal de tête ne m'empêche pas de considérer avec attention la difficile situation où vous a placé jusqu'ici une feuille de papier à lettre venue de l'Amérique du Sud, dont le principal défaut était le manque de clarté; car je ne mets pas en ligne de compte la malsonnance de certaines observations mélancoliques qu'on pardonne aisément à un vieillard, et qui m'ont paru, à la première lecture, avoir eu l'air de vous imposer, à l'avenir, peut-être, la nécessité de sortir de votre rôle strict de banquier, vis-à-vis d'un monsieur qui vient habiter la capitale... Pardon, monsieur, j'ai une prière à vous faire: si mon père vous envoyait d'autres fonds avant le 1er septembre, époque à laquelle mon corps fera une apparition devant la porte de votre banque, vous aurez la bonté de me le faire savoir? Au reste, je suis chez moi à toute heure du jour; mais vous n'auriez qu'à m'écrire un mot, et il est probable qu'alors je le recevrai presque aussitôt que la demoiselle qui tire le cordon, ou bien avant, si je me rencontre sur le vestibule... Et tout cela, je le répète, pour une bagatelle insignifiante de formalité! Présenter dix ongles secs au lieu de cinq, la belle affaire; après avoir réflechi beaucoup, je confesse qu'elle m'a paru remplie d'une notable quantité d'importance nulle... |
Paris, 23 octobre [1869].--Laissez-moi d'abord vous expliquer ma situation. J'ai chanté le mal comme ont fait Mickiewickz, Byron, Milton, Southey, A. de Musset, Baudelaire, etc. Naturellement, j'ai un peu exagéré le diapason pour faire du nouveau dans le sens de cette littérature sublime qui ne chante le désespoir que pour opprimer le lecteur, et lui faire désirer le bien comme remède. Ainsi donc, c'est toujours le bien qu'on chante en somme, seulement par une méthode plus philosophique et moins naïve que l'ancienne école, dont Victor Hugo et quelques autres sont les seuls représentants qui soient encore vivants. Vendez, je ne vous en empêche pas: que faut-il que je fasse pour cela ? Faites vos conditions. Ce que je voudrais, c'est que le service de la critique soit fait aux principaux lundistes. Eux seuls jugeront en ler et dernier ressort le commencement d'une publication qui ne verra sa fin évidemment que plus tard, lorsque j'aurai vu la mienne. Ainsi donc, la morale de la fin n'est pas encore faite. Et cependant, il y a déjà une immense douleur a chaque page. Est-ce le mal, cela ? Non, certes. Je vous en serai reconnaissant, parce que si la critique en disait du bien, je pourrais dans les éditions suivantes retrancher quelques pièces, trop puissantes. Ainsi donc, ce que je désire avant tout, c'est être jugé par la critique, et, une fois connu, ça ira tout seul. T.A.V. I. Ducasse M.I. Ducasse, |
Paris, 27 octobre.[1869].-- J'ai parlé à Lacroix conformément à vos instructions. Il vous écrira nécessairement. Elles sont acceptées, vos propositions: le Que je vous fasse vendeur pour moi, le Quarante pour % et le 13e ex. Puisque les circonstances ont rendu l'ouvrage digne jusqu'à un certain point de figurer avantageusement dans votre catalogue, je crois qu'il peut se vendre un peu plus cher, je n'y vois pas d'inconvénient. Au reste, de ce côté-là, les esprits seront mieux préparés qu'en France pour savourer cette poésie de révolte. Ernest Naville (correspondant de l'lnstitut de France) a fait l'année dernière, en citant les philosophes et les poètes maudits, des conférences sur Le problème du mal, à Genève et à Lausanne, qui ont dû marquer leur trace dans les esprits par un courant insensible qui va de plus en plus s'élargissant. Il les a ensuite réunies en un volume. Je lui enverrai un exemplaire. Dans les éditions suivantes, il pourra parler de moi, car je reprends avec plus de vigueur que mes prédécesseurs cette thèse étrange, et son livre, qui a paru à Paris, chez Cherbuliez le libraire, correspondant de la Suisse Romande et de la Belgique, et à Genève, dans la même librairie, me fera connaître indirectement en France. C'est une affaire de temps. Quand vous m'enverrez les exemplaires, vous m'en ferez parvenir 20, ils suffiront. T.A.V. I. Ducasse. |
Auriez vous la bonté de m'envoyer Le Supplément aux poésies de Baudelalre. Je vous envoie ci-inclus 2 f., le prix, en timbres de la poste. Pourvu que ce soit le plus töt possible, parce que j'en aurais besoin pour un ouvrage dont je parle plus bas. J'ai l'honneur etc. I. Ducasse, Lacroix a-t-il cédé l'édition ou qu'en a-t-il fait? Ou, l'avez-vous refusée? Il ne m'en a rien dit. Je ne l'ai pas vu depuis lors.--Vous savez, j'ai renié mon passé. Je ne chante plus que l'espoir; mais, pour cela, il faut d'abord attaquer le doute de ce siècle (mélancolies, tristesses, douleurs, désespoirs, hennissements lugubres, méchancetés artificielles, orgueils puérils, malédictions cocasses etc., etc.). Dans un ouvrage que je porterai à Lacroix aux 1ers jours de Mars, je prends à part les plus belles poésies de Lamartine, de Victor Hugo, d'Alfred de Musset, de Byron et de Baudelaire, et je les corrige dans le sens de l'espoir; j'indique comment il aurait fallu faire. J'y corrige en même temps 6 pièces des plus mauvaises de mon sacré bouquin. |
Laissez-moi reprendre d'un peu haut. J'ai fait publier un ouvrage de poésies chez M. Lacroix (B. Montmartre, 15). Mais une fois qu'il fut imprimé, il a refusé de le faire paraître, parce que la vie y était peinte sous des couleurs trop amères, et qu'il craignait le procureur général. C'était quelque chose dans le genre de Manfred de Byron et du Konrad de Mickiewicz, mais, cependant, bien plus terrible. L'édition avait coûté 1200 f., dont j'avais déjà fourni 400 f. Mais, le tout est tombé dans l'eau. Cela me fit ouvrir les yeux. Je me disais que puisque la poésie du doute (des volumes d'aujourd'hui il ne restera pas 150 pages) en arrive ainsi à un tel point de désespoir morne, et de méchanceté théorique, par conséquent, c'est qu'elle est radicalement fausse; et par cette raison qu'on y discute les principes, et qu'il ne faut pas les discuter: c'est plus qu'injuste. Les gémissements poétiques de ce siècle ne sont que des sophismes hideux. Chanter l'ennui, les douleurs, les tristesses, les mélancolies, la mort, l'ombre, le sombre, etc., c'est ne vouloir, à toute force, regarder que le puéril revers des choses. Lamartine, Hugo, Musset se sont métamorphosés volontairement en femmelettes. Ce sont les Grandes-Têtes-Molles de notre époque. Toujours pleurnicher ! Voilà pourquoi j'ai complètement changé de méthode, pour ne chanter exclusivement que l'espoir, l'espérance, LE CALME, le bonheur, LE DEVOIR. Et c'est ainsi que je renoue avec les Corneille et les Racine la chaîne du bon sens et du sang-froid, brusquement interrompue depuis les poseurs Voltaire et Jean-Jacques Rousseau. Mon volume ne sera terminé que dans 4 ou 5 mois. Mais, en attendant, je voudrais envoyer à mon père la préface, qui contiendra 60 pages, chez Al. Lemerre. C'est ainsi qu'il verra que je travaille, et qu'il m'enverra la somme totale du volume à imprimer plus tard. Je viens, Monsieur, vous demander si mon père vous a dit que vous me délivrassiez de l'argent, en dehors de la pension, depuis les mois de novembre et de décembre. Et, en ce cas, il m'aurait fallu 200 fr., pour l'impression de la préface, que je pourrais envoyer, ainsi, le 22, à Montevideo. S'il n'avait rien dit, auriez-vous la bonté de me l'écrire? J'ai l'honneur de vous saluer. I. Ducasse, |
4. Lettre à POULET-MALASSIS (?) |
Paris, 23 octobre [1869].--Laissez-moi d'abord vous expliquer ma situation. J'ai chanté le mal comme ont fait Mickiewickz, Byron, Milton, Southey, A. de Musset, Baudelaire, etc. Naturellement, j'ai un peu exagéré le diapason pour faire du nouveau dans le sens de cette littérature sublime qui ne chante le désespoir que pour opprimer le lecteur, et lui faire désirer le bien comme remède. Ainsi donc, c'est toujours le bien qu'on chante en somme, seulement par une méthode plus philosophique et moins naïve que l'ancienne école, dont Victor Hugo et quelques autres sont les seuls représentants qui soient encore vivants. Vendez, je ne vous en empêche pas: que faut-il que je fasse pour cela ? Faites vos conditions. Ce que je voudrais, c'est que le service de la critique soit fait aux principaux lundistes. Eux seuls jugeront en ler et dernier ressort le commencement d'une publication qui ne verra sa fin évidemment que plus tard, lorsque j'aurai vu la mienne. Ainsi donc, la morale de la fin n'est pas encore faite. Et cependant, il y a déjà une immense douleur a chaque page. Est-ce le mal, cela ? Non, certes. Je vous en serai reconnaissant, parce que si la critique en disait du bien, je pourrais dans les éditions suivantes retrancher quelques pièces, trop puissantes. Ainsi donc, ce que je désire avant tout, c'est être jugé par la critique, et, une fois connu, ça ira tout seul. T.A.V. I. Ducasse M.I. Ducasse, |
5. Lettre à POULET-MALASSIS (?) |
Paris, 27 octobre.[1869].-- J'ai parlé à Lacroix conformément à vos instructions. Il vous écrira nécessairement. Elles sont acceptées, vos propositions: le Que je vous fasse vendeur pour moi, le Quarante pour % et le 13e ex. Puisque les circonstances ont rendu l'ouvrage digne jusqu'à un certain point de figurer avantageusement dans votre catalogue, je crois qu'il peut se vendre un peu plus cher, je n'y vois pas d'inconvénient. Au reste, de ce côté-là, les esprits seront mieux préparés qu'en France pour savourer cette poésie de révolte. Ernest Naville (correspondant de l'lnstitut de France) a fait l'année dernière, en citant les philosophes et les poètes maudits, des conférences sur Le problème du mal, à Genève et à Lausanne, qui ont dû marquer leur trace dans les esprits par un courant insensible qui va de plus en plus s'élargissant. Il les a ensuite réunies en un volume. Je lui enverrai un exemplaire. Dans les éditions suivantes, il pourra parler de moi, car je reprends avec plus de vigueur que mes prédécesseurs cette thèse étrange, et son livre, qui a paru à Paris, chez Cherbuliez le libraire, correspondant de la Suisse Romande et de la Belgique, et à Genève, dans la même librairie, me fera connaître indirectement en France. C'est une affaire de temps. Quand vous m'enverrez les exemplaires, vous m'en ferez parvenir 20, ils suffiront. T.A.V. I. Ducasse. |
6. Lettre à POULET-MALASSIS |
Auriez vous la bonté de m'envoyer Le Supplément aux poésies de Baudelalre. Je vous envoie ci-inclus 2 f., le prix, en timbres de la poste. Pourvu que ce soit le plus töt possible, parce que j'en aurais besoin pour un ouvrage dont je parle plus bas. J'ai l'honneur etc. I. Ducasse, Lacroix a-t-il cédé l'édition ou qu'en a-t-il fait? Ou, l'avez-vous refusée? Il ne m'en a rien dit. Je ne l'ai pas vu depuis lors.--Vous savez, j'ai renié mon passé. Je ne chante plus que l'espoir; mais, pour cela, il faut d'abord attaquer le doute de ce siècle (mélancolies, tristesses, douleurs, désespoirs, hennissements lugubres, méchancetés artificielles, orgueils puérils, malédictions cocasses etc., etc.). Dans un ouvrage que je porterai à Lacroix aux 1ers jours de Mars, je prends à part les plus belles poésies de Lamartine, de Victor Hugo, d'Alfred de Musset, de Byron et de Baudelaire, et je les corrige dans le sens de l'espoir; j'indique comment il aurait fallu faire. J'y corrige en même temps 6 pièces des plus mauvaises de mon sacré bouquin. |
7. Lettre à Monsieur DARASSE |
Laissez-moi reprendre d'un peu haut. J'ai fait publier un ouvrage de poésies chez M. Lacroix (B. Montmartre, 15). Mais une fois qu'il fut imprimé, il a refusé de le faire paraître, parce que la vie y était peinte sous des couleurs trop amères, et qu'il craignait le procureur général. C'était quelque chose dans le genre de Manfred de Byron et du Konrad de Mickiewicz, mais, cependant, bien plus terrible. L'édition avait coûté 1200 f., dont j'avais déjà fourni 400 f. Mais, le tout est tombé dans l'eau. Cela me fit ouvrir les yeux. Je me disais que puisque la poésie du doute (des volumes d'aujourd'hui il ne restera pas 150 pages) en arrive ainsi à un tel point de désespoir morne, et de méchanceté théorique, par conséquent, c'est qu'elle est radicalement fausse; et par cette raison qu'on y discute les principes, et qu'il ne faut pas les discuter: c'est plus qu'injuste. Les gémissements poétiques de ce siècle ne sont que des sophismes hideux. Chanter l'ennui, les douleurs, les tristesses, les mélancolies, la mort, l'ombre, le sombre, etc., c'est ne vouloir, à toute force, regarder que le puéril revers des choses. Lamartine, Hugo, Musset se sont métamorphosés volontairement en femmelettes. Ce sont les Grandes-Têtes-Molles de notre époque. Toujours pleurnicher ! Voilà pourquoi j'ai complètement changé de méthode, pour ne chanter exclusivement que l'espoir, l'espérance, LE CALME, le bonheur, LE DEVOIR. Et c'est ainsi que je renoue avec les Corneille et les Racine la chaîne du bon sens et du sang-froid, brusquement interrompue depuis les poseurs Voltaire et Jean-Jacques Rousseau. Mon volume ne sera terminé que dans 4 ou 5 mois. Mais, en attendant, je voudrais envoyer à mon père la préface, qui contiendra 60 pages, chez Al. Lemerre. C'est ainsi qu'il verra que je travaille, et qu'il m'enverra la somme totale du volume à imprimer plus tard. Je viens, Monsieur, vous demander si mon père vous a dit que vous me délivrassiez de l'argent, en dehors de la pension, depuis les mois de novembre et de décembre. Et, en ce cas, il m'aurait fallu 200 fr., pour l'impression de la préface, que je pourrais envoyer, ainsi, le 22, à Montevideo. S'il n'avait rien dit, auriez-vous la bonté de me l'écrire? J'ai l'honneur de vous saluer. I. Ducasse, |
Pour conclure provisoirement : Après sa mort, Isidore fut inhumé au cimetière Montmartre. Comble de malheur, peu de temps après, sa tombe fut la cible d'un obus prussien pendant la guerre de 1870 !
Mise à jour le 17 décembre 2010 du 25 juin 2008 sur ce même blog
**L'éditeur des "Misérables", ayant aussi un pied à Bruxelles. Le roman étant interdit en France.
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16/12/2010
La démolition de la maison du petit homme aux talonettes....
Par Bernard Vassor
Recherche de réfractaires pendant la Commune de Paris à l'église Notre Dame de Lorette (archives B.V.).
Il y eut bien des vols organisés, mais pas toujours pour le bénéfice de ceux que certains accusaient, se basant sur les racontars de journaux haineux et malveillants. On retrouve encore aujourd’hui les mêmes « canards »à propos des évènements de la Commune de Paris.
Depuis la fuite à Versailles de "l’homme à la houpette et aux talonettes", la maison fut gardée successivement par 6 bataillons du XVIII° arrondissement : le 37°, le 61°, le 64°, 79°, 124° et le 158°. Mais, c’était surtout la douzième compagnie du 64° Bataillon, composée d’environ 55 hommes dont 24 restés en permanence, ont assuré la surveillance et la garde de l'hôtel. Ce bataillon était commandé par le capitaine Henri Jean-Baptiste Paupardin*, entrepreneur de menuiserie, chanteur lyrique à l’occasion, habitant 54 boulevard de la Chapelle. Le 14 avril, dans la matinée, l’hôtel fut fouillé ; on y saisit des papiers et de l’argenterie. On peut lire dans le J.O. p359 le document daté du 18 avril suivant : Nous soussignés gardes nationaux à la 7° compagnie du 32° bataillon, protestons avec énergie (…). Il a été fait une perquisition par les soins d’un envoyé de la Commune, assisté de 2 personnes pourvues d’un mandat régulier (…). Les employés du citoyen Thiers qui n’ont pas quitté l’hôtel peuvent attester la véracité de ce que nous avançons.
Paris le 19 avril 1871
Le chef de poste : Maury, rue Marcadet, 167 ; le caporal : E.Cadot, rue Ramey, 38 ; Roland ; E.Choquier ; A.Lebeguy ; Morel ; F.Jolivet ; Mesure ; Marçaire ; Zizeau ; Poncelain ; Vagner ; E.Busigny ; Jakol ; Fournier ; Ed.Gaumond ; Constant.
Vu et approuvé pour la 7° compagnie du 32° bataillon.
Ont signé, pour les employés présents à l’hôtel : Pouzas Felix, valet de pied, Challet David, concierge de l’hôtel.
(Rectification des erreurs ou omissions du J.O de la Commune : Cadot Eugène était libraire, Mesurel François, entrepreneur de menuiserie, 37 rue Ramey, Lebègue Alphonse était épicier au 42 rue Ramey, Morel Paul, marchand de nouveautés, Choquier Henri, 22 rue Norvin, était employé, Wagner Frédérique, facteur de piano imp. Pers 2 ( ?).
Thiers_par_Commerson_binettes_contemporaines_.pdf
Article publié en partie sur le site terres d'Ecrivains
Mise à jour le 16/12/2010
Jules Fontaine.
Jules Fontaine dût répondre des vols commis ce jour là, devant le 5° conseil de guerre qui tenta de le faire passer pour un voleur et le condamna à 20 ans de travaux forcés.
Dans une des lettres inédites, Louise Michel semble indiquer que Fontaine aurait gardé des « documents compromettants pour Thiers ». Andrieu, de son côté, laisse entendre dans ses souvenirs à peu près la même chose.
Pendant ce temps, la séance de la Commune, convoquée à 2 heures précises, se réunit à 3 heures et demi sous la présidence de Félix Pyat, démissionnaire la veille du Comité de salut public. La démolition est à l’ordre du jour, mais ne sera évoquée que vers huit heures moins le quart.
A l’heure prévue du « démontage » (16h), les délégués sont là : Jules Andrieu, maigre, voûté, borgne (il s’était à l’âge de dix ans crevé l’œil droit avec un ciseau en voulant défaire un nœud de ses lacets de soulier), Eugène Protot, Jules Fontaine, Gaston Da Costa, de très petite taille (on croirait un enfant - il n’a pas encore 21 ans), le teint blanc, un peu ridicule avec son pince-nez, son chapeau haut-de-forme, le col de sa veste rabattu, substitut du procureur de la Commune. Le commissaire de police du quartier Saint-Georges, Noguès, les accompagne. Il ne semble pas que les délégués de la Commune, du neuvième arrondissement, Guérin, l’agent d’affaires du 57 rue du faubourg Montmartre et Portalier, le bottier de la rue de Châteaudun, nommés après l’éviction de Bayeux-Dumesnil, soient sur place.
Archives de la pPo, archives de Paris, archives B.V.
Ci dessous de gauche à droite:
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Ernest Daudet, perquisition à la recherche de la Dame de Pique.....
Par Bernard Vassor
Le commissaire de police du 9° arrondissement Ernest Daudet avait été maintenu en place après la Commune de Paris au commissariat de la rue du 25 faubourg Montmartre , mieux il avait été promu auxiliaire du Procureur de la République ce qui laisse supposer que sa conduite fut exemplaire
pendant la Commune de Paris, et la répression sanglante versaillaise durant la semaine du
même nom !
...
Dans le procès-verbal mentionné plus haut, le commissaire fait état d'une saisie opérée chez un libraire, le sieur Vavrand Pierre dans son échoppe du 1 rue Bréda (aujourd'hui rue Henry Monnier). L'objet du délit était un journal satirique sans nom d'imprimeur intitulé
La Dame de Pique : "Nous nous sommes rendus accompagné d'un inspecteur du service du Contrôle Général, rue de Bréda N°1, chez le sieur Varand Pierre libraire où nous avons saisi deux exemplaires de l'écrit en question exposé à la porte de la boutique. La dame Varand nous a déclaré que ces deux exemplaires lui ont été remis il y a deux ou trois jours et qu'elle n'en a pas vendu".
L'opération s'est déroulée le 5 septembre 1872.
La République de monsieur Thiers n'avait rien à envier en matière de censure et de répression à l'empire de monsieur Badinguet.
Source : archives de la préfecture de Police.
Mise à jour le 16/12/2010
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06/12/2010
Un patron du Figaro pas très ragoûtant cet Hippolyte !!!
Par Bernard Vassor
Le 7 mars 1847, le maire de la commune de Montmartre, recevait dans son courrier les deux lettres suivantes :
-"Montmartre le 6 mars 1847
Monsieur le maire,
de vifs chagrins et la perte totale de ma fortune dans un âge avancé, me fait prendre la détermination pénible, mais nécessaire de quitter ce monde où je suis de trop. Ma fille qui jusqu'à ce jour ne m'a jamais quittée, partage ce dessin, et je m'adresse à vous pour faire accomplir notre dernière volonté qui est d'être ensevelies dans l'état où nous serons, et sans rien y changer. On trouvera près de nous le linge nécessaire. Nous demandons de plus, si la chose est possible d'être enterrées dans la même fosse. Je vous demande en grâce, Monsieur, de faire veiller à ce que ce désir suprême soit exécuté, et vous prie d'agréer, Monsieur, l'assurance de notre considération.
Augustine-Louise-Renée-Louise-Françoise de Launay de Villemessant, âgée de soixante cinq ans.
......................
Montmartre le 6 mars 1847
Monsieur le maire,
je ne fais que réitérer la prière que vous a adressée ma mère, c'est-à-dire, vous demander d'être ensevelies dans la même fosse et dans l'état où je serai trouvée.
Excepté le terme échu qui court, que je dois au propriétaire de la maison que nous habitons, et, 23 ou 24 francs à M. Codécheon, marchand boucher à Montmartre, je ne dois rien en cette commune. Les meubles qui garnissent l'appartement appartiennent à mon frère M. de Villemessant, rue La Rochefoucauld, 22 bis. C'est à lui qu'ils doivent retourner, quand ces deux créanciers seront acquittés. Soyez assez bon, Monsieur, pour avoir égard à notre requête, et ne pas séparer, après la mort, deux personnes qui ont toujours été réunies dans leur vie.
J'ai l'honneur d'être Monsieur, votre très humble servante.
Isoline de Launay de Villemessant.
Les deux femmes furent enterrées le lendemain dans la fosse commune du cimetière Saint-Vincent.
Il semble, d'après des témoins de l'époque que leur suicide soit dû à une intoxication aux émanations de charbon dans leur appartement du 12 rue des Acacias devenue aujourd'hui la rue d'Orsel. Les journaux de l'époque ne faisant pas de reportage journalistique le principe n'étant pas encore inventé.
Henri de Villemesant qui signa à la mairie du XVIII° l'acte de décès et l'autorisation d'inhumer sa mère et sa soeur (dans la fosse commune, on disait à l'époque : la tranchée gratuite des indigents)
Dans cet acte d'état civil, il déclara que sa mère était âgée de 59 ans ?
"La perte totale de ma fortune" dit la mère de Villemessant avait été occasionnée par la spoliation de sa mère par l'ancien marchand de rubans (à Blois en 1828) dans des opérations financières. Pour se défendre, dans un procès qui l'opposa à des proches parents en 1862, Villemessant prétendit avoir été emprisonné à la prison pour dettes de Clichy, et avoir obtenu une autorisation spéciale pour régler la succession, ce qui ne l'empêcha pas un petit peu plus tard de réunir des sommes importantes pour l'achat de journaux. Rien ne lui interdisait pour enterrer sa mère et sa soeur dignement de leur payer une concession provisoire qui aurait été complétée quelques années plus tard en concession à perpétuité.......
Le numéro 1 du nouveau Figaro de Villemessant.
Dès le premier jour dit le Grand Larousse du XIX° siècle : ce fut un journal de scandales, publiant à tort et à travers, avec une méchanceté sans pareil, souvent avec esprit, toujours de parti pris, les célébrités du moment. Une dénonciation du journal signale la publication d'un livre à scandale : Les mémoires de Céleste Mogador, pour en réclamer l'interdiction, ce qui ne gêne pas le Figaro qui ne s’interdit pas d'en publier quelques (bonnes)feuilles....
Condamné à cesser de paraître en 1856, Villemessant ne reculant devant aucune bassesse, adressa une pétition au prince impérial âgé de quatre jours, l’empereur ayant souri à cette supplique, accorda une grâce qui autorisait la reparution du titre. Le journal se fit une spécialité d’attaques et de sarcasmes prolongés contre Lamartine, puis engageant sur le terrain de la morale et des bonnes mœurs, des ouvrages qualifiés de lestes ou de pornographiques, vont conduire aux procès de« Madame Bovary » et des "Fleurs du Mal ». En 1857 le rédacteur en chef Gustave Bourdin (1820-1870) un des gendres de Villemessant, dénonçait dans un article du 5 juillet la parution des Fleurs du Mal :"il y a des moments où l'on doute de l'état mental de M. Baudelaire, il y a des moments où l'on ne doute plus; c'est la plupart du temps, la répétition monotone et préméditée des mêmes choses, des mêmes pensées. L'odieux y coudoie l'ignoble, le repoussant s'y allie à l'infect...Ce livre est un hôpital ouvert à toutes les démences de l'esprit".
Un volume de l’autobiographie d’Hippolyte qui en comporte six, après une parution en feuilleton dans le journal «L’Evènement" dont il reprit le titre en 1865 :
Plusieurs publications récentes racontent l'histoire du Figaro, et de son patron. Nous ne donnons ici que les documents et articles volontairement négatifs relatifs à sa vie privée et professionnelle.
Nous nous y perdons un peu dans l'histoire de son état-civil. Il est né à Rouen en 1810 selon les uns, et 1812 selon d'autres, sous le nom de Jean-Baptiste Cartier-Briard, ensuite nous le trouvons avec le patronyme Jean-Baptiste Cartier de Villemessant pour terminer par Hyppolyte-Auguste de Launay de Villemessant, ce qui fait plus chic.
Il porta le nom de son père, le colonel Cartier jusqu’à l’âge de 14 ans. Dans sa vingtième année, il habitait à Nantes où il était inspecteur général des assurances. Il déménagea à Blois où il se fit marchand de rubans.
A l’âge de vingt-quatre ans, il vint à Paris et débuta dans le journalisme.
Un article du journal d'annonces "Les Petites Affiches" signale en 1875 que Villemessant, demeurant à Paris avenue de l'Impératrice 64, a été déclaré deux fois en faillite (sans doute pour son commerce de rubans)
1) Par jugement du tribunal de commerce de Blois en date du 25 juin 1835, sous le nom de Cartier-Briard.
2) Par jugement du tribunal de commerce de la Seine en date du 27 mai 1844, sous le nom de Jean-Baptiste Cartier de Villemessant (pour la faillite du journal "La Sylphide").
Un procès retentissant eut lieu seulement en 1875 avec des créanciers, la veuve Thomas et la dame Mauperin pour le recouvrement des sommes impayées.
Villemessant fut condamné à payer aux plaignantes les sommes dues avec intérêt du jour du 22 février 1876, trente-quatre ans après !
Monsieur de Villemessant devant le tribunal correctionnel de Blois
Un vilain procès à l'audience du 15 juillet 1836. "Une demoiselle A..., jeune couturière de Blois, aurait eu la faiblesse d'accorder un rendez-vous à monsieur Cartier dans une allée d'un jardin, lieu de promenade propice à ces sortes de rencontres. A peine arrivés à l'entrée de ces promenades, de vives interpellations auraient été faites à Mlle A... qui n'aurait pas jugé convenable d'y répondre. Alors M.Cartier lui appliqua une vigoureuse paire de soufflets, suivie de coups de cannes, de coups de poing, de coups de bottes, si bien que le corps de Mlle A. aurait été cruellement martyrisé et qu'il en serait résulté une incapacité de travail de plusieurs jours. Pour comble de honte, cette scène se serait produite devant les yeux de l'épouse de de M. Cartier et de sa domesticité que Mlle A. accuse de complicité."
L'audience, en l'absence de la plaignante souffrant d'un mal de pieds, fut reportée à huitaine.
Audience du 22 juillet 1836 :
"La foule déborde le prétoire, envahit le barreau et met littéralement le tribunal en état de blocus rigoureux.
A l'appel de l'affaire par l'huissier mettant en cause les époux Cartier et Mlle Minier, leur domestique, un - Ahhhh ! Prolongé part du sein de l'auditoire et indique que l'impatience longtemps contenue va être satisfaite.
"L'avocat de Mlle A...offre pour prouver ce qu'il avance, de lire la correspondance érotique du couple extra-conjugal. Le tribunal refuse de livrer à la publicité cette lecture peu convenable au grand désappointement du public " Toutefois, le juge autorise un extrait de cette correspondance de la part de Mlle A..., ce qui fit dire à une personne de l'assistance : que "Mlle A.est la nouvelle Héloïse de la couture.... "
De nombreux témoins de la scène, témoignèrent de la violence des coups exercée sur la plaignante.
(Le Constitutionnel du Loir-et-Cher)
Le tribunal acquitta la fille Minier (la domestique), et condamna les époux Cartier à seize francs d'amende, trois mois de prison 1200 francs de dommages-intérêts et aux frais du procès, et il fixa à deux ans la contrainte par corps.
D'autres procès émaillèrent la carrière de Villemessant, mais le pire fut sans nul doute une affaire dont il n'eut pas à répondre devant la justice. Profitant de la faiblesse de sa mère, il avait détourné (pour payer des dettes de jeu dirent certains journaux) les économies de sa mère et de sa soeur, les laissant vivre dans l'indigence la plus complète dans un taudis de banlieue (Montmartre en ce temps là faisait partie de la banlieue). Les deux femmes préférèrent ensemble, par les émanations de charbon à la misère. Villemessant les fit enterrer "civilement" souligne le journal déjà cité plus haut.
En 1871, il profita des difficultés financières de Dinaucho (ou Dinocho), "les restaurateur des lettres", où les gens de lettres et quelques artistes sans le sous trouvaient là à crédit le couvert à la table du restaurant de la rue de Navarin. Le brave Villemessant racheta à bas prix cet estaminet, (la cantine d'Henri Murger) pour le revendre avec un coquet bénéfice.
Il aurait créé vers 1850, une chasublerie rue de Tournon (Barbier Sainte-Marie, cahiers Goncourt 2000)
En 1876, il annonça la création d'une maison de retraite pour les journalistes, mais accusé de spéculation par Francisque Sarcey, il préféra renoncer.
Après la Commune de Paris, son journal fut le plus féroce dans l'appel à l'assassinat sans procès des proscrits et de leurs enfants. Rappelons aussi, la campagne de presse contre les impressionnistes en 1874, comme en 1857, le journal s'était acharné contre le livre de poésie de Baudelaire.
.................
Il fut condamné en 1872 à de la prison. Incarcéré à Sainte Pélagie, Villemessant se fit transférer à la Maison Municipale de Santé Dubois, 200 rue du faubourg Saint Denis. Cet hôpital, et le pavillon Gabrielle de l'hôpital Saint Louis, étaient les deux établissements désignés officiellement pour le séjour des détenus malades, pouvant être traités à leurs frais.
Ce rapport de police figurant dans le volumineux dossier "Villemessant" aux archives de la préfecture de Police me laisse perplexe...C'est un curieux cadeau empoisonné qu'il fit à Lissagaray que cet abonnement gratuit et les félicitations du plus acharné pourfendeur de "la vile populace", dont le basque Lisagaray était le représentant, comme membre de la Commune de Paris dont le journal de Villemessant fut un des plus haineux et agressif à l'égard des communards poursuivis pendant la semaine sanglante, en reclamant toujours plus d'exécutions sommaires !
mise à jour le 05/12/2010
09:46 | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
04/12/2010
Les 4 z'ARTS du boulevard de Clichy, suite...
Par Bernard Vassor
Numéro spécial de la revue "Les Quat'z-'Arts, illustrations (portraits charge) de Léandre, Guerand de Scevol (?), Brenner, Lempereur, Wilette etc...
C'est en réalité un recueil de chansons avec des partitions musicales de Charles de Sivry pour la plupart. Notons en particulier "Colloque sentimental" de Verlaine son demi beau-frère....
La plupart des chansonniers les plus célèbres de l'époque ayant déserté "Le Chat noir", différents cabarets se partagèrent les artistes de la rue de Laval.
Les matinées étaient réservées à des conférences organisées par Clovis Hugues, les soirées se tenaient à partir de 9 heures le soir avec entre autres :
Théodor Botrel, Maurice Boukay et Marcel Legay, Paul Delmet et Vincent Hyspa, Louise France (la Berceuse verte, référence à l'absinthe), Emile Goudeau, Xavier Privas, Gabriel Montoya, Jehan Rictus (solliloques du pauvre), Charles de Sivry et Paul Verlaine, Clovis Hugues, Lucien Boyer fondateur de "La République de Montmartre" (bonsoir madame la lune), Léon de Bercy et Edmond Teulet.
11:51 | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
Octave Mirbeau et les Tanguy, suite.....vente après décès
Par Bernard Vassor
Avec la parution de la correspondance Octave Mirbeau et le sympathique accord de Pierre Michel, l'aimable communication du musée van Gogh d'Amsterdam d'échanges de lettres entre la mère Tanguy, Dries Bonger et sa soeur JOHANNA VAN GOGH, la veuve de Théo, nous sommes en mesure de combler quelques petites lacunes concernant l'état financier après le décès de Julien Tanguy des deux époux.
http://www.fabula.org/actualites/article32241.php
(j'ai emprunté des passages du tome 2 de la correspondance générale, le troisième volume est déjà paru, le quatrième est en préparation)
SOCIETE OCTAVE MIRBEAU :
http://www.perche-web.com/wordpress/?p=1729
Van Gogh muséum :
http://www.vangoghmuseum.nl/vgm/index.jsp?page=paginas.ta...
Nous savons que Mirbeau, un des premiers clients de van Gogh avait acheté "Les Iris" et des "Tournesols" pour la somme de six cents francs vers le 1 avril 1891.
Il lui avait rendu hommage dans un article de "l'Echo de Paris" du 13 février 1894.
Première lettre après la mort de Tanguy :
Inventarisno.: b1447V/1973
Brief van: weduwe van Julien Tanguy
aan: Andries Bonger]
gedateerd: Parijs, 8 Februari 1894
_____________________________________________________________
Paris le 8 Fevrier 1894
Mon cher Mr. Bonger
Je vous ecrit cette lettre pour vous aprendre le
malheur qui vient de marriver car je viens de
perdre mon pauvre mari nous lavons mis en terre
mercredi 7 Courant Je vous dirai quil etaient rentrer a l'hopital de la riboisiere le 9 janvieret il en est sortie le 5 février Pour venir rendre son dernier soupir chez
lui la meme maladie que l'année derniere cétaient déclaré
et notre medecin ne pouvant pas ce charger de le soigner
Comme l'année derniére vue que cétaient la faire de la
chirurgie il le fit transporter à l'hopital en lui disant quil
fallait probablement subir une opérations et que ce netait
pas chez nous que lon pourrai lui faire mais lon ne nous disaient pas ce qui l avait il nous lont gardé juste 4 semaine il ne lui ont rien fait dutout lennuie la gagné et il a voulu absolument revenir à la maison.et c'est au bout de ce temps
que le chirurgien en chef en lui disant que mon mari voulait
absolument revenir qui nous a dit vous pouvez lemmener chez vous il ny a rien a faire il avait une tumeur dans laine et sa
gagne le ventre il etait trop agé pour subir une opérations
il a éte six semaine sans manger rien dutout ils ne prenait quun peut de bouillon et de lait ah le pauvre père tanguy il a bien souffert il étaient devenu a rien du tout mais mon cher Monsieur Bonger nous sommes heureux tout les trois de la voir vue mourir chez nous il nous disaient qui ne voulait pas mourir a l'hopital. Quand au reste Monsieur Bonger vous
connaissez ma situations depuis longtemps tant qua vos tableaux il sont a la maison jusquau mois doctobre Si mes enfants ne continue pas le commerce Je vous dirai que nous n'avons pas vandu dautre tableaux Nous esperons avoir votre
visite au beaux temps prochain cher Monsieur veuillez avoir l'obligeance de présenter tout nos respect a votre Dame de notre part ainsi qua madame Vanghog.
Monsieur je sais que vous avez la liste de vos tableaux chez vous tant qua nous je ne sais si nous avons le double
je ne men suis pas encore occupé.Recevez Monsieur
mes sincere Salutations femme Vve Tanguy
mes enfants se joignent amoi pour vous offrir toute leur reconnaissance et amitié.----------------------------------------------------------
Après la mort de Julien Tanguy survenue le 6 février 1894 au 9 rue Clauzel, la correspondance Mirbeau indique (numéro 1220) une lettre non retouvée, mais attestée par une lettre suivante à Maxime Maufra (1221) "à un propriétaire". Mirbeau veut régler un différent avec le propriétaire de la boutique logement du 9 rue Clauzel, qui veut obliger la veuve à renouveler le bail en cours.
Une lettre de Rénée Tanguy à Dries Bonger, le frère de Johanna, conservée au VGM, nous donne des détails sur cette affaire. La mère Tanguy étant illettrée, c'est sa fille Mathilde qui écrit sous sa dictée (orthographe respectée) :
......................................
Inv.no.: b1446V/1973
Brief van: Madame Veuve Tanguy
Aan: Andries Bonger
Ongedateerd: ca. maart 1894
_________________________________________________
Mon bon Monsieur Bonger :Je vous envoie votre recu
comme vous le voyez et je vous remercie bien car sa me fait
bien plaisir en ce moment ayant voulu faire un enterrement
convenable a mon mari je me suis un peu épuisée mais
comme il le méritaient bien je n'aie fait que mon Devoir
je vous assure quil y avait beaucoup de monde et sa ma
donne bien de la satisfaction Monsieur Bonger je vous dirai quil me reste encore des Cézanne et comme vous les les aimez quand vous viendrez au mois davril sil y en a qui vous conviennent nous pourons nous arranger avec les honnete
gens il ny a rien a craindre et je sais l amitie dont mon
mari vous portaient et de méme que vous. Je ne suis pas très
forte je suis soufrante et se je navais pas mes enfants je ne
sais pas ce que je deviendrai je vous dirai aussi que je suis
en pour parler à mon proprietaire jespere que celui ci va aderer a ce que je quitte au mois doctobre mais pour avoir mes six mois d avance il faudra que je lui paye le terme davril Monsieur chouffenecker est venu mevoir et il desirerai avoir un tableaux de Mr Vincent c'est le soleil et je lai fait six cent franc le prix que mon mari le fesaient et il a du vous
écrire a se sujet je nagirai que d après vos ordres jusqua
présent nous cherchons la liste des tableaux qui reste et ne
pouvant la trouver quand vous vienderai vous verrez ceux qui
restent nous avons bien trouve la liste ce ceux qui ont été
vandu cher Monsieur je termine ma lettre en vous priant de
recevoir mes respect bien sincère ainsi qua Madame
Bonger Veuve Tanguy
mes enfants se joignent a moi
pour vous dire bien des choses
..................................
Quand la veuve parle de "ses " enfants, il s'agit de sa fille unique Mathilde et son mari Onésime Chenu.
Lettres de Mirbeau :
Dans la lettre à Maxime Maufra (1221) le 12 février 1894, Mirbeau trouve l'idée excellente d'une vente au bénéfice de la veuve Tanguy, d'autant qu'il l'avait lui-même eue aussi :
"Je crois qu'il vaudrait mieux que cette vente eut lieu chez Georges Petit (le marchand de la rue de Sèze) qui est tout disposé à la faire, car il a une clientèle nombreuse et riche et il s'agit de trouver le plus d'argent possible (...) il ne faut pas parler du tout de cette vente, avant qu'une question qui embête beaucoup la mère Tanguy, une question de propriétaire soit réglée. J'écris d'ailleurs à ce propriétaire, va le faire réfléchir et l'amener là où nous voulons qu'il vienne (...)
Georges Petit sera bien l'expert de cette vente qui aura lieu à l'Hôtel Drouot le 2 juin 1894.
La vente rapporta tous frais déduits environ 10 000 francs, ce que déplore la veuve qui a observé que seuls des marchands avaient acheté, et qu'ils s'étaient entendus entre eux pour ce que l'on appelle encore aujourd'hui"une révision".
Lettre du mois du 8 août 1894 de Mathilde à Dries Bonger :
Inventarisno.: b1453V/1973
Brief van: Mevr. Chenu, dochter van Julien Tanguy
aan: Andries Bonger
gedateerd: Parijs, 8 augustus 1894
Paris le 8 aout 94
Cher Monsieur Bonger
Je menpresse de vous dire que nous avons recu les deux cent franc dont je vous remercie beaucoup et dont je vous envoie la quittance Je vous dirai que la maman Tanguy va partir un mois chez Mr Pissarro et elle fera votre comission elle est très heureuse et se plait beaucoup dans sa petite chambre (au 6 rue Cortot) mais elle a un peu juste pour vivre si elle ne veut pas toucher au capital mais nousavons convenu ensemble
que nous l'aiderons en lui donnant tant tout les mois pour quelle puisse arriver et ne se priver de rien. Monsieur Bonger
tant q'uau tableaux de Cézanne nous vous avons donné La préference et nous n'avons pas changé didée mais nous voudrions bien le garder un peut et tout le monde le trouve
très golie malheureusement Pour nous se sont tout les
marchand de tablaux qui se sont associé à la vente Pour les avoir à très bon marché et malheureusement J aie été prévenu trop tard car nous les aurions racheté et se nomme Vollard marchand de tableaux a l'heure quil est ne veut pas vandre un Cézanne à moins de fr 800 et une petite toile mais ne croyez pas que je vous dit cela pour ne pas vous la donner et aussitot que nous serons décidé je vous enverrai un mot Cher Monsieur ma mère se joint a moi pour vous dire bien des choses ainsi qua votre dame Récevez Monsieur des respect les plus distingué
Madame Chenu 9
rue Norvins montmartre.
......................................................
Le 1 mars 1894 Mirbeau écrit à Roger Milès (littérateur critique d'art et journaliste) :
Vous connaissiez bien le brave père Tanguy. Sa veuve est dans la plus afreuse misère. Nous avons pensé organiser une vente à son bénéfice. Georges Petit est chargé de tout, mais il faut un comité.
Ce comité est ainsi composé :
Président : Puvis de Chavannes
Membres Auguste Rodin, Claude Monet, Renoir, Carrière, Pissarro, Cazin, Raphaëlli, Gustave Geffroy, Roger Marx, Henry Fouquier, Philippe Gille, Bergerat, Arsène Alexandre, moi et Petit. Nous serions tyrès heureux si vous vouliez bien nous faire l'honneur de vous joindre à nous (...) Lettre n° 1227.
Milès lancera un appel en faveur de la mère Tanguy dans "Le Figaro" (note de bas de page)
Alice Mirbeau, la femme d'Octave, sollicita aussi Milès, et, parlant du père Tanguy, elle écrivait :
-"C'était un broyeur, marchand de couleurs et de toiles qui fournissait des peintres, quelques uns devenus célèbres aujourd'hui, mais n'ayant pas toujours été riches. Le père Tanguy, moins riche qu'eux encore, se privait souvent de dîner pour pouvoir fournir à crédit "ces messieurs" comme il disait. Il avait l'art en vénération et c'était le plus brave coeur qui eût existé. Il vient de mourir et laisse une veuve de 74 ans sans resources (...)
Collection Pierre Michel.
La réponse de Roger Milès n'a pas été retrouvée.
Un article malveillant et erroné, d'André de Fouquière écrit quelques années plus tard :
André de Fouquières Paris 1900:
« ma seconde halte sera devant le 4 rue Clauzel. Il y a là une boutique de lingère qui a remplacé celle du père Tanguy. (…) il était très populaire parmi les peintres (…) la sombre boutique allait devenir bientôt le rendez-vous de tous ceux que les artistes « arrivés » considéraient comme des ratés. (…) Il n’était pas un intellectuel, il n’était pas intelligent. Il s’y connaissait en couleurs, pas en peinture. (…) Lorsque vous constatez que certaines toiles de Théodore Rousseau ou de Millet de Diaz ou de Ziem ont noirci, lorsqu’un paysage de Pissarro, de Cézanne ou de Renoir s’est désaccordé, pensez-vous que ce bonhomme madré pourrait bien y être pour quelque chose ? Ses clients n’étaient pas riches et il fallait vendre bon marché. Il se rattrapait sur la qualité. »
A suivre.....
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02/12/2010
Agostina Ségatori ET LE TAMBOURIN.....suite
Par Bernard Vassor
Grâce à la patience de Rodolphe Trouileux, historien de Paris, et de l'aimable accueil du musée de Montmartre, j'ai découvert un élément qui me permet de rectifier une erreur (commise aussi par moi-même) concernant la date d'ouverture de cette fameuse brasserie.
Rodolphe Trouilleux, Paris secret et insolite
Ce menu daté du 10 avril 1885 à l'adresse du 62 boulevard de Clichy est en contradiction avec les annuaires du commerce qui n'indiquent que la date de 1886 pour le boulevard de Clichy, et 1885 pour la rue de Richelieu où le cabaret était situé précédemment.
Le calepin de cadastre (D1P4) lui aussi la date de 1886 pour le boulevard de Clichy et 1885 pour la rue de Richelieu !!!
L'explication la plus plausible en est que l'inscription dans les annuaires se faisaient l'année précédente de la publication dans le Bottin, et que les registres prenaient en compte l'année fiscale....
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Mise à jour le 02/12/201
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Cette toile de Corot est intitulée "la Bacchante au tambourin"
Sachant comment on se comporte
De sa main célèbre à Capri,
Joyeuse en ouvrira la porte.
Agostina Ségatori (Ancone, 1841-1910 ?), surnommée «l’Italienne», etait un modèle professionnel qui avait posé pour Manet, Corot, Léon Gérôme, et Vincent Van Gogh (au Café du Tambourin, musée Van Gogh Amsterdam).
Le portrait réalisé par Manet qui se trouve aujourd’hui dans une collection privée new-yorkaise,
fut vendu par le marchand Alphonse Portier à Alexandre Cassatt, le frère de Mary. Le tableau de Corot Portrait d’Agostina est daté de 1866 lors de son voyage en Italie. Nous avons beaucoup plus tôt, du même, vers 1860, « la Femme au tambourin ».
La patronne de ces lieux et les charmantes hôtesses accueillaient la clientèle en costume folklorique. Une exposition de peintures organisée pour l’occasion furent vendue aux enchères, on y voiyait des œuvres de Edouard Dantan, Léon Gérôme, Bernard , de Pille et quelques autres peintres dont nous avons aujourd’hui oublié les noms. Le mobilier,(tables chaises éléments du bar) est uniquement composé de tambourins ornés par différents artistes dont Gauguin (fleurs et feuillage et fruits) Norbert Goeneute, Ludovic Némo [2], Todde, etc.
Vincent Van Gogh y organisa une exposition de crépons japonais qui, selon Vincent lui-même, a été un désastre. Puis, avec ses amis Toulouse-Lautrec Gauguin et son « copain » Emile Bernard, Louis Anquetin, un accrochage eut un peu plus de succès, car Bernard et Anquetin purent y vendre leur premier tableau.
« Ce fut vers cette époque que Vincent fréquenta une taverne qui avait nom le Tambourin et que tenait une fort belle italienne, ancien modèle, étalant dans un comptoir bien à elle ses charmes sains et imposants.». Selon Emile Bernard, Vincent avait conduit le père Tanguy dans cet établissement : « ce qui donnait beaucoup d’inquiétudes à la brave mère Tanguy, qui ne pouvait s’imaginer les raisons enfantines et même innocentes de ses escapades. Vincent, selon un contrat de quelques toiles par semaine, mangeait au Tambourin (...) Cela dura plusieurs mois, puis l’établissement périclita, fut vendu, et toutes ces peintures mises en tas furent adjugées pour une somme dérisoire"
Le père Tanguy.
(...) Vincent étant parti pour Arles et le pèreTanguy se trouvant seul, visité seulement de temps en temps par de rares clients, la belle Italienne du Tambourin tomba dans une grande gêne. Alors Tanguy la recueillit, ce qui donna lieu à bien des médisances.(...) »
Faut-il croire Ambroise Vollard ? quand il raconte dans Les Souvenirs d’un marchand de tableaux :
« Un jour, passant sur le boulevard de Clichy, la curiosité me fit entrer dans un petit restaurant qui portait l’enseigne « Au Tambourin », en même temps que moi était entré un individu qui demanda à la patronne : Vincent est arrivé ? Il est parti il y a une minute. Il était venu accrocher ce tableau des Tournesols, puis il est sorti aussitôt" !!! Sachant que Vollard, fraîchement débarqué à Montmartre situe cette anecdote en 1889, or, le Tambourin était fermé depuis près de deux ans.
Le cabaret reprit son nom de "Café de la Butte" puis, en 1893, prit le nom de Cabaret des Quat’Z’Arts.
"Tout ce dont je me souviens, c'est qu'on disait à l'époque la Ségatori la maîtresse de Rav..t (illisible).
Le vieux peintre Pills était un assidu de ce cabaret. Il s'intitulait en riant "le maquereau de la boite"
Il était furieux lorsqu'on crachait dans les bottes de postillon qui servaient de porte-parapluie, puisqu'elles lui appartenaient."
Légende de la composition :
En-tête de l’album d’estampes japonaises ayant appartenu à Vincent (d'après Gachet).
Description de la « nature morte » prêtée par Paul Gachet en 1951 au Louvre :
Cadre avec crêpons japonais ayant appartenu à Vincent montés par Gachet fils, qui les tenait de Théo, sur un fond doré orné d’une inscription en japonais qui signifie qu’ils se trouvaient dans la chambre de Vincent à Auvers en 1890 (?).
Affiche 3 couleurs du tambourin rue de Richelieu par Chéret (OD32) 3 tubes Tasset et Lhote, et un de chez Tanguy (OD31) palette pour Mlle Gachet au piano
Un verre déjà utilisé par Cézanne un vase en grés japonais : nature morte, Roses et Anémones
Bambous taillés utilisés par Vincent.
Un tambourin de chez Agostina signé H.TODE 1886
Le livre est : La Fille Elisa (Goncourt)
Sources :
Archives Van Gogh muséum
Archives de Paris
Michael Pakenham, catalogue de l’exposition du G
Emile Bernard, article du Mercure de France, 16 décembre 1908
André Roussard, dictionnaire des lieux à Montmartre, éditions André Roussard Paris 2001
Marcel Cerf Maxime Lisbonne, Le d’Artagnan de la Commune, éditions du Panorama (Suisse) 1967
Article Bernard Vassor dans : Les Montmartrois, ed André Roussard Paris © 2004
18:57 Publié dans Les amis de Vincent | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg