Référencement gratuit

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07/03/2010

8 mars 2011, 101e anniversaire de la journée internationale des femmes : Le droit des femmes et le renouveau du féminisme à la fin du XIX° siècle.

Par Bernard Vassor

"Le droit de vote aux femmes ?

Vous n'y pensez pas !"

Georges Clemenceau

 

Marywollstonecraft image 03.jpg

C'est à Mary Wollstonekraft "L'ancêtre des féministes" que l'on doit "l'invention du droit des femmes" au XVIII° siècle...

La Journée internationale des femmes fut adoptée en 1910 par les dirigeantes des Femmes Socialistes rattachée à la II° Internationale.

  Décrétée en Russie le 23 février ( correspondant au 8 mars, en raison du décalage du calendrier Julien)

La fin du XIX° a vu dans le monde, la montée de groupes de femmes revendiquer l'égalité des sexes, le droit de vote, l'émancipation, le droit de disposer de leur corps, l'abolition de la peine de mort, l'égalité des salaires hommes femmes, accès des femmes aux professions libérales, recherche de la paternité et l'opposition au mariage qui, selon Herminie Barton adepte de l'union libre :"Le mariage est une affirmation de la suprématie de l'homme sur la femme '...) si j'aime un homme, je veux l'aimer en gardant toute ma liberté"

Le droit de vote fut accordé en premier lieu dans l'Amérique du Sud, puis en Autriche en 1873, suivi par l'île de Man en 1881.  Ensuite, ce furent l'Australie,  le Wyoming en Amérique du nord, le Colorado, l'Utah et l'Idaho en 1894. Dans la petite ville de Beaty, les électeurs ont nommés 4 femmes conseillères municipales et mis à leur tête madame Totten, première maire de l'histoire.

Le parlement de Norvège compta trente trois membres féminins sur soixante dix-huit. La Nouvelle-Zélande portèrent au gouvernement plusieurs ministresses qui purent déclarer :"un mauvais mari n'a jamais pour lui la voix des femmes".

Aux Etats-Unis, Le "Womenn's  suffrage  movement" et la "Fédération féministe des Deux Mondes" présidée par miss Wilson créa des Conseils nationaux, puis internationaux à Chicago, à Anvers, à Buda-Pest, à Berlin, à Washington et à Paris.  De nombreuses ligues : "L'Union pour la réalisation des droits égaux" dûe à l'initiative de madame Alice Major, "The Women's international Progressive Union", "L'International Council of Women" (en Ecosse, présidente Lady Aberdeen)"L'Humanité intégrale", "L'Amélioration du sort de la femme" de Maria Deraisme, "L'Union Universelle des femmes" avec madame Chéliga-Loewy. A Londres la ligue "La Primevère", la ligue des "Trades-Unions féminines" écrivent et manifestent.

De nombreux journaux furent créés tant en France qu'à l'étranger. A Paris, Marguerite Durand fonde le journal "La Fronde", "dirigé, administré, rédigé,  composé par des femmes". Hubertine Auclert fit paraître rue de la Roquette "La Citoyenne" d'où elle déclara : "En protestant contre les lois existantes, faites sans les femmes contre les femmes, la Société a rejeté l'idée d'institutions futures élaborées sans le concours des femmes, parce que ces institutions seraient encore faites contre elles". Mademoiselle Barberousse présente son inscription sur les listes éléctorales et poursuit sa revendication jusque devant la Cour de Cassation. Madame Scmahl organise avec la duchesse d'Uzès le groupe "L'Avant-Courrière". Aline Valette rédige des cahiers de doléances féminines, est secrétaire de "La Fédération française des Sociétés féministes". En 1898 Hélène Martin demande au maire de Montmartre M. Wiggishoff, son inscription sur les listes de la Butte Montmartre. D'autres comme Paule Minck, Marie Clémence, madame Georges Martin, madame Vidal poursuivent la même démarche non couronnée de succès comme l'on peut s'en douter. Le grand congrès féministe de 1900 à Paris, reçut des délégations de nombreux pays. Juliete Adam se prononce en faveur des Espagnols en guerre contre l'Amérique. Des jeunes femmes de la société américaine  "Filles de la Révolution" se cotisèrent pour offrir aux française, une statue de Washington. La princesse Wiszniewska dirige "La Ligue des Femmes pour le désarmement et pour la paix universelle" qui regroupe plusieurs sociétés dans différents pays, Autriche, Italie, Suède, Allemagne, Russie. Une invitaion est envoyée au tsar, elle est restée sans réponse. Avant 1905, il n'y eut pas de mouvement féministe en Russie en raison du despotisme écrasant qui y régnait à l'époque. Il y eut toutefois de grandes grèves où les femmes prirent une part primordiale à la "révolte d'avril" 1895 à l'usine Yaroslav, grève menée par les tisserandes. Les grèves de 1896 à Saint-Petersbourg des ouviers du textile vit une très forte participation des femmes. La révolution de 1905 marqua l'essor des mouvements féministes. Dès l'origine contrairement à l'Angleterre, les femmes sont admises dans les syndicats ouvriers. Pour la première fois des réunions sur le droit des femmes on été organisées à Moscou, à Saint-Pétersbourg, à Minsk, Odessa, Yalta, Vilnius ou Saratov. "Le plus souvent, les revendications des travailleuses reflétaient les revendications de congé de maternité payé, des pauses pour l'allaitement des enfants et la mise en place de crèches dans les usines" (Alexandra Kollontaï)

Au congrès féministe de Paris en 1896, Clotilde Dissard (fondatrice de "La Revue féministe") constate :  "L'infériorité de la France au point de vue féministe tient à deux causes : aux tendances franchement révolutionnaires de certains de ses partisans et à l'indiférence, pour ne pas dire l'hostilité de la bourgeoisie catholique" Cependant, madame Bogelot, chevalier de la Légion d'Honneur à la suite de l'exposition de Chicago où elle représentait les femmes françaises de madame Schmahl et de madame Vincent qui ont agité l'opinion en faveur de la loi Goirand*  ( appelée loi Schmahl par les féministes).La communication de l'allemande Mlle Kathe Schirmacher à ce même congrès renseigne sur les tendances du féminisme allemand et Mlle Maikki Friberg sur le féminisme finlandais. L'allemande et la finlandaise semblent plus préoccupées par l'éducation des femmes, les anglaises sur leur émancipation économique, la française poursuit plutôt un rêve d'égalité des droits entre les deux sexes. Marya Chiliga (France) crée à Paris en 1896 "L'Alliance Universelle des Femmes pour la Paix par l'éducation"

En 1904, fut fondée "L'Alliance Universelle pour le vote des femmes", présidée par madame Chapmann (Etats-Unis) et Mlle  Anita Angspurg (Allemagne) dont le but est la propagande internationale pour les droits politiques des femmes etc...

Je voudrai terminer provisoirement par citer les noms de femmes admirables comme Rosa Luxemburg (née le 5 mars 1871, morte assassinée par des "corps-francs" le 15 janvier 1919), Eleonor Mury (Angleterre) Clara Zetkine et Alexandra Kolontaï (Russie) Paule Mink (France) Gatti de Gamond  (Belgique)

...................................................................

*Léopold Goirand avait déposé le 8 juillet 1894 un projet de loi ayant pour objet d'assurer à la femme mariée, la libre disposition des fruits de son travail. Un an plus tard, le 4 novembre 1895, il intervient pour soutenir une proposition de Louis Jourdan pour protéger la femme contre certains abus de la puissance maritale.

Mise à jour le 28/02/2011

06/03/2010

Octave Mirbeau et Vincent Van gogh

medium_mirbeau caricature néga.jpgOctave Mirbeau et Tanguy suite…. :
La préface de ce « roman de l’automobile", publié aux éditions du Boucher par la Société Octave Mirbeau, Pierre Michel* indique clairement l’importance que « L’imprécateur au cœur fidèle* » accordait aux peintres de la rue Clauzel, entre Claude Monet et Vincent Van GoghDans le chapitre « En Hollande » Mirbeau, sur les traces de Vincent, évoque la curieuse coïncidence entre la ville de sa naissance (entre Anvers et Bréda), et le quartier Bréda où le peintre hollandais fit sa métamorphose artistique. ( Au musée du Prado à Madrid, il y a une grande toile intitulée : La Reddition de Bréda ).

Ce roman de voyage vaut aussi par les anecdotes, et par un étrange chapitre dans l"édition princeps, supprimé sans explication dans les éditions suivantes intitulé : « Avec Balzac » où Octave Mirbeau, sur la foi d'une anecdote que lui avait raconté Rodin, qui lui même les tenait du peintre Gigoux, amant de la femme de Balzac Evelyne Hanska qui  a un lien avec les derniers instants de Balzac.........
Bonne lecture…..

*Pierre Michel, réédition de la 628 E 8, éditions du Boucher . http://www.leboucher.com/

** Biographie e Mirbeau par Jean-François Nivet et Pierre Michel :

*Jean-François Nivet et Pierre Michel : Octave Mirbeau, L’imprécateur au cœur fidèle, librairie Séguier, Paris 1990

medium_628 E8 reliure pour mirbeau.2.jpg

Mise à jour le 06/03/2010

18:18 Publié dans Vincent Van Gogh | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

05/03/2010

Octave Mirbeau protecteur de la famille Tanguy

Par Bernard Vassor

Après la mort du père Tanguy dans sa boutique appartement du 9 rue Clauzel, Octave Mirbeau qui avait déjà publié des articles favorable à Vincent van Gogh, seul contre toute la critique, va prendre en main la vente après-décès......

Mirbeau biographie éditions Seguier cadre.jpg

Mirbeau Octave-Marie-Henri, 16/02/1848 à Trévière (Calvados)_21/01/1917 rue Beaujon
Domicles montmartrois : 4 rue de Laval (aujourd'hui rue Victor Massé) et rue Bochart de Saron au siège du journal "L'en Dehors"
*Journaliste écrivain, dramaturge, critique d’art au flair exceptionnel. Après des études chez les jésuites de Vannes, il « monte » à Paris ou il s’installe dans un logement de la Chaussée d’Antin pour y terminer des études de droit. Bals, soupers fins, aventures galantes, occupent la majeur partie de son temps, résultat : couvert de dettes, dans l’impossibilité de se présenter aux examens de fin d’année, il se résout à réintégrer le logis familial. Ayant tiré le mauvais numéro au tirage au sort, il est enrôlé dans le 49°régiment de mobiles de l’Orne au 4°bataillon. Il est nommé lieutenant, et sera entraîné pendant la guerre franco-prussienne dans la débâcle, malade épuisé, il sera soigné à l’hôpital du Mans puis errera de ville en ville pendant la durée de la guerre et la Commune. Accusé de désertion, il sera blanchi, mais gardera pour le reste de sa vie une rancoeur envers les institutions. Sur le moment, il n’eut pas de grande sympathie pour la Commune, dont il jugeait les chefs « qui étaient des bandits et des farceurs comme tous les hommes politiques » mais sa sympathie allait à »la masse si mélancolique et silencieuse qui avait cru en elle et qui y voyait un peu de bonheur et de justice ». Quand à Thiers, caricaturé sous les traits de monsieur Quart ( les trois autres fractions vivant en Harmonie, étant madame Dosne sa belle-mère, et ses deux filles dont l’une était sa femme.) le portrait comme celui que Balzac à fait de lui trente ans auparavant n’est guère flatteur : « dépourvu d’âme, de cœur et de sensibilité, (…)quelque chose qui marche, marche, digère, gesticule et pense selon des mécanismes soigneusement calculés » Grâce à un ami rencontré dans un bastringue pendant sa jeunesse studieuse, il obtient un poste d’employé de préfecture. Il fait ses débuts journalistique dans une feuille bonapartiste « L’Ordre de Paris » en 1872. Ses début de dramaturge, une pochade pornographique, cosignée avec Maupassant, sera jouée le 19 avril 1875 chez le peintre Maurice Leloir en présence de Flaubert et de Tourgueniev, et qui fera rougir de honte, la "chaste" Valtesse de la Bigne.
Protégé d’Arthur Meyer il collaborera à tous les journaux de « l’homme au caniche ». malgré son anticléricalisme, jusqu’à « l’Affaire », ou leurs opinions divergèrent.
Il dissèqua avec une lame acérée la société de cette fin de siècle. Protecteur des impressionnistes, visionnaire, il a été un des premiers à acheter des Van Gogh en 1891. Les Iris et Les Tournesols, (vendus 240 millions de francs en 1987) pour 600 francs. medium_mirbeau tournesols.2.jpgPour ne pas subir les foudres de sa Xanthippe* de femme, il demande au père Tanguy d’aller toucher de sa part chez son éditeur Charpentier, en prenant la précaution de lui envoyer une lettre dans laquelle il lui expliqueait que ces toiles lui étaient offertes en remerciement des articles qu’il avait accordés a Vincent.medium_mirbeau les iris 02.3.jpg
Des milliers d’articles de journaux, une éphémère carrière politique, des dizaines de romans, d’innombrables pièces de théâtre, des revirements multiples ……
Après sa mort, sa veuve, avec la complicité de la girouette Gustave Hervé, fit paraître un « Testament Patriotique » ultime trahison d’Alice-Mirbeau-Xanthippe.

Voici une lettre de la veuve Tanguy adressée à Andries Bonger, frère de Johanna, la femme de Théo. Bonger avait été quand il habitait Paris l’intermédiaire entre sa sœur et les époux Tanguy (orthographe respectée : 
**Paris le 15 Février 1894
Mon cher Monsieur Bonger je vous écrit cette petite lettre pour vous avertir que mon proprietaire veut me forcer a continuer mon bail. comme vous avez que c etaient mon mari qui fesaient la couleur pour ses peintres et ni etant plus tout est mort cher monsieur si vous vouliez bien m envoyer la liste des tableaux qui sont a vous le plutot possible car cependant je ne dois rien au proprietaire mais je dois lui faire savoir que les tableaux que jaie ne m apartiennent pas

............................................................................
Mon cher Monsieur Bonger

J aimerai bien que vous veniez a Paris si sa vous étaient possible mais si non vous serez bien aimable de m envoyer la liste car de mon coté je ne l'aie pas trouvé nul part et ne sais si vous lavez remise a mon pauvre mari tant qu'a la vente des tableaux
Nous voyons toujour de temps en temps quelque curieuxqui viennent les voir mais point acheteur si vous voulez bien en faire part a madame Vanghog et dites moi ce que vous décidez ou si Monsieur Bernard père veut bien se charger de prendre la responsabilité tant qu'à moi je me débats vis a vis du propriétaire le plus que je peut mais il parait d'après les renseignement que j aie pris auprés d un homme d affaire il est en droit de me faire continuer le bail encore trois ans vue que ne connaissant pas les affaire j ai signé le bail avec mon mari.

cher Monsieur Bonger

vous savez qu'en perdant mon mari j aie tout perdu et je suis a la vieille de tomber dans la plus profonde misère car vous savez que nous n avons pas déconomie Je crois avoir pour protecteur Monsieur Octave mirbeau qui comme vous allez le voir a fait un si bel article au sujet de mon mari Dans lecho de paris car c'est trés genti de sa part et je vous envoie le journal pour que vous en preniez lecture jaie eue l'honneur d'avoir eue la visite de Madame Mirbeau et elle m a promis que son mari s'interresserai a moi Je vous pris de croire monsieur que j aie beaucoup de chargrin et que je perd bien mes forces mais heureusement que jaie mes enfants avec moi dont jen aie pas a me plaindre je suis toujours moins seul cher Monsieur a bientot le plaisir De vous voir ou sinon une réponse le plutot possible bien des choses a votre dame ainsi qua madame Vangohg. je ne lui ait pas écrit vue que je naie pas son adresse recevez Mr mesrespect bien sincère votre toute Devouée Veuve Tanguy 9 rue Clauzel.

*Xanthippe était le surnom donné par Vincent à l'épouse du père Tanguy. Faisant référence à la femme de Socrate qui avait la réputation d’être une mégère

SOURCES :
La formidable biographie de Mirbeau :
*Jean-François Nivet et Pierre Michel : Octave Mirbeau, L’imprécateur au cœur fidèle, librairie Séguier, Paris 1990
L’Écho de Paris, 31 mars 1891
L’Écho de Paris 13 février 1894 : chronique nécrologique du père Tanguy

Avec l'autorisation de Pierre Michel.
**Don du musée Van Gogh d’Amsterdam
Archives personnelles

mise à jour le 05/03/2010

04/03/2010

Henri Gervex : "Un marchand de couleurs" qui pourrait bien être le père Tanguy ?

Par Bernard Vassor

Gervex marchand de couleurs 04.jpg
Henri Gervex : le Marchand de couleurs, crayon et pierre noire encadré à l'encre violette 16,5 x 10 cm
Ce dessin d'un marchand de couleurs pourrait bien être le père Tanguy, bien qu'à ma connaissance Gervex ne fut pas client de la rue Clauzel. Le personnage représenté assis, avec sa "pacotille" à ses pieds.
Or nous savons par Georges Rivière, que notre marchand de couleurs préféré se rendait chez ses clients dans leur atelier, pour leur proposer les fournitures dont les artistes avaient besoin. L'anecdote suivante est racontée par Rivière qui a assisté à la scène suivante : Le père Tanguy qui avait gravi les cinq étages du 35 rue Saint Georges dans le célèbre atelier de Renoir. "Un peu essoufflé, le breton pose sa pacotille (une boite en bois avec une courroie pour porter en bandouillère des produits de colportage), salue l'artiste d'un signe de tête, Renoir ausi renfermé lui répoond  de même. Tanguy ouvre sa boite et étale ses brosses ses couteaux et ses tubes de couleurs qu'il déploie avec méticulosité. Sans prononcer un mot, il se recule et laisse Renoir faire son choix. Toujours sans prononcer une parole, les deux hommes qui s'estiment, n'ont pas besoin de mots pour communiquer. Une fois le choix terminé, le père Tanguy remballe sa marchandise, gromelle un mrrr....qui veut dire au revoir, puis il repart dans sa boutique de la rue Clauzel"
Gervex était un familier de Manet et de Renoi.
Le père Tanguy ne fut pas le fournisseur principal de Renoir, c'est Mullard le marchand de la rue Pigalle (8) qui fut son marchand de couleurs attitré. Ce marchand, broyeur de couleurs avait remplacé  au 6 rue Clauzel, Edouard Gautier, le premier patron de Julien Tanguy.
Renoir était également l'ami de Gervex dont il partageait parfois les modèles. 

medium_GERVEX_NANA_02.2.jpg

Cette pierre noire avec rehauts de craie blanche sur papier bistre est intitulée Nana. Le modèle, amante de coeur de Gervex (1852-1929) n' était autre que la fameuse Valtesse de la Bigne qui est la principale inspiratrice de Nana l'héroïne du roman synonyme de Zola. Gervex  comme nous l'avons déjà signalé, avait inspiré le personnage de Fagerolles dans le roman de Zola "l'Oeuvre" ...

Henri Gervex (1852-1929), appartient à la famille des peintres de la Nouvelle Athènes.

Il a posé pour le tableau de Renoir : Le Moulin de la galette.

Mise à jour le 04/03/2010

03/03/2010

Nagai Kafu, le premier "naturaliste" japonais.

Par Bernard Vasssor

Nagai Kafû cadre.jpg

永井荷風 (1879-1959)
Nagai Kafû, (plutôt connu sous son prénom, Kafû), fortement influencé par les auteurs français (Zola, Maupassant ...) comme un grand nombre de ses compatriotes écrivains du début du vingtième siècle, a été l'un des fondateurs du naturalisme à la Japonaise. Dans un roman publié en 1918, son expérience libertine lui servit de support pour décrire le monde des maisons de thé, des geishas, des artistes et des marchands d'art. On y suit avec amusement les pérégrinations d'un mauvais peintre, Uzaki Kyoseki, intendant subalterne et obséquieux d'un grand peintre, Uchiyama Kaiseki, et du fils de ce dernier, Kan, un garçon oisif, fauché et débauché. Entraîné malgré lui par ce fils de bonne famille, Uzaki tente en vain de le remettre sur le droit chemin, tout en tombant lui-même dans les pièges d'une vie de plaisirs et dans les bras des geishas.  (kafû avait longuement fréquenté le "Yoshiwara"quartier interdit d'Edo). Satirique et rocambolesque, ce récit est aussi destiné à illustrer le déclin d'une époque : la beauté et les talents des geishas ne sont plus qu'un mythe et les descriptions des maisons de thé sont souvent sordides. Complétant le portrait de personnages libertins, une nouvelle bourgeoisie arriviste s'impose, dont la façade conventionnelle dissimule mal les scandales financiers ou sexuels. Aucun des personnages ne sort indemne ou ennobli de ce roman au dénouement tragi-comique.B.Longre : http://www.sitartmag.com/kafu.htm

..........................................

http://translate.google.com/translate?hl=fr&sl=en&...

Nagai Kafu (1879-1959)medium_NagaiKafu_03.jpg est considéré un des auteurs japonais les plus importants de ce siècle. Il est le plus connu en Amérique pour un conte étrange "A l'est du fleuve", qui est inclus dans Kafu, d'Edouard Seidensticker le Scribbler.

« Élégant, érotique, aristocratique, l'écriture de Kafu a une saveur spéciale et complexe» est écrit dans le guide d'un lecteur de la littérature japonaise. « Séduisant, antisocial pourtant capable du grand enthousiasme, Kafu demeure une voix unique et personnelle. »
Informations biographiques
Chantre du quartier des plaisirs, Nagaï Kafû (1879-1959) est l'un des écrivains japonais les plus anticonventionnels de sa génération. Ayant appris en France,en 1902 le goût de la liberté, et découvert Emile Zola il refusa son inscription à "L'association des écrivains japonais" de tandance fasciste, émettant le vœux d'être enterré au cimetière des prostituées et ne cessant jusqu'à sa mort (viveur impénitent) de fréquenter les petites danseuses d'Asajusa qu'il a su dépeindre dans ses romans et ses nouvelles bien dignes des estampes d'Hiroshige et Kunisada qu'il admirait tant.
———
Présentation de l'auteur et de ses œuvres disponible à la page 197 du Dictionnaire de littérature japonaise de Jean-Jacques Origas et à la page 158 d'Un siècle de romans japonais de Georges Gottlieb.
Liens Internet
•Mise à jour le 03/03/2010

01/03/2010

LE CIRQUE MINIATURE FERDINAND CORVI DU BOULEVARD DE CLICHY

PAR BERNARD VASSOR

d306e20d3ba6dc9af1114987858bae61.jpg
Ce mini-cirque itinérant, situé à l'origine près de la place de la Nation, se trouvait dans un terrain vague en 1885 à l'angle de la rue des Martyrs et du boulevard de Clichy, sur l'emplacement du "Café des Artistes" (cher à Picasso, construit peu après ). Tout comme le cirque Fernando à l'origine, c'était un cirque en toile. Je n'ai pas trouvé de trace aux archives de Paris, et les programmes de spectacles consultés sont muets....
Le spectacle Fernand Corvi était un cirque ambulant qui circulait dans de quartiers ouvriers. Georges Seurat a consacré au "Circus Side Show" plusieurs études préparatoires et un tableau intitulé "La Parade du Cirque en 1887 ou 1888.e spectacle était aussi intitulé :
Grand Théâtre-Cirque miniature, singes, chiens et chevaux nains dressés et présentés par Ferdinand Corvi.

 

Dans un journal bimensuel paraissant le 1er et le 15 de chaque mois »,une note permanente, placée en haut de l'article de tête, avertit les lecteurs que :« La chambre syndicale des voyageurs forains admet dans son sein tous ceux qui, pauvres ou riches, gagnent honorablement leur vie, en instruisant, en amusant le public ou en débitant des produits ».

SEURAT CIRQUE CORVI.03.jpg

Le Voyageur forain, organe de la chambre syndicale des voyageurs forains, Les bureaux de ce journal étaient installés boulevard Henri IV, au fond d'une cour, au-dessus d'une écurie. Les Correspondances, toute la partie technique du journal. Le reste du numéro se composait d’articles des membres du conseil syndical. Et des diatribes d'une violence de mots tout à fait divertissante pour les curieux de langue verte contre le parti des « bourgeois » qui font bande à part. Ces «bourgeois», dont nous lisons les noms en tête du premier numéro du journal, à la date du 8 mai 18S7, étaient, au moment où la Société fut constituée : Président : M. François Bidel, propriétaire-directeur d'un grand établissement zoologique, Vice-présidents : M. J. B. Revest, industriel, propriétaire associé; M. Ferdinand Corvi, propriétaire et directeur d'un cirque (miniature).

Mise à jour le 1 mars 2010

11:15 Publié dans HISTOIRE DE PARIS | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

27/02/2010

Un sport nouveau en 1868 : Les courses de bicycle ( ou grand bi ) au bois de Boulogne

PAR BERNARD VASSOR

velocipede course pré-Catalan SPIA LARGEUR.jpg
Un manège pour l'apprentissage.
La première grande course fut organisée par la revue : Le Vélocipède illustré en 1869. C'était une course d'endurance  Paris-Rouen, longue de 128 kilomètres parcourus en près de dix heures. Il y eut 95 coureurs engagés au départ, "ils ne furent que vingt en arrivant au port". Le premier champion de l'histoire du cyclisme fut l'anglais James Moore.

26/02/2010

"L'affranchissement des femmes", une étape du combat pour l'égalité

&qu

PAR BERNARD VASSOR

femmes typographes largeur.jpg
Un atelier entièrement féminin en 1864*
«  En protestant contre les lois existantes,
faites sans les femmes contre les femmes,
la Société a toujours rejeté l’idée d’institutions
futures élaborées sans le concours des femmes,
parce que ces institutions seraient encore faites contre elles.»
Hubertine Auclert
"La fin du XIX° siècle aura marqué la renaissance féminine" écrivit la militante Maria Pognon, mais lorsque l'on demanda l'avis de Sarah Bernhardt sur l'impact des femmes cyclistes, elle eut cette réaction surprenante :
"Je crois que la bicyclette est en train de transformer nos moeurs plus profondément qu'on ne semble en général s"en douter (...) La considération morale doit l'emporter et j'estime que cette vie au-dehors, dont la bicyclette multiplie les occasions, peut avoir des conséquences graves et dangereuses".
Les anti-fémistes farouches ne s'y étaient d'ailleurs pas trompés, un virulent chroniqueur notait :
"La Vieillesse du siècle passé (écrit en 1902) a rajeuni deux produits tardifs, mais cocasses : le féminisme et le cyclissme_qui eux-même ont lancé quatre vents de notre nouveau monde, baptisés de noms cocasses : automobilisme, maboulisme, puffisme, décadentiste (...)"
.................................
Dans plusieurs journaux, des polémiques ont été soulevées entre journalistes et représentants du syndicat des typographes (dirigé par des hommes).
Nous sommes en 1864, ce n'était pas la première fois que des femmes prenaient le pouvoir dans des ateliers. Déjà en 1832, des journaux furent entièrement réalisés par des femmes. L'expérience dura pendant deux ans.
L'objet de la discorde portait pêle-mêle sur la liberté du travail, le maintien du niveau des salaires. Si on introduit des femmes dans les imprimeries disaient certains, c'est moins pour des motifs d'humanité et de morale, que parce que les femmes touchent un salaire inférieur.
La situation des hommes est donc menacée !!!! L'idée fonctionnait déja en Angleterre et en Amérique où il existait un grand nombre d'imprimeries avec des ateliers mixtes. L'auteur du "Roi des Montagnes" prit le parti des femmes dans des articles au "Journal Officiel", il  se prononça pour l'avantage de l'emploi des femmes et appuya leur droit de franchir les ateliers "qui pourront bénéficier de leur intelligence et de leur adresse" à la composition, à la correction et au margeage. La première expérience fut celle de la Société Paul Dupont à Clichy.
...........................
*Année du décès de Suzanne Voilquin, seule abandonnée dans un hospice. Elle avait dirigé "La Femme nouvelle" avec Désirée Gay et "L'Apostolat des femmes".
Exaltée, elle fut la fidélité même et a laissé un témoignage émouvant : "Le Journal d'une fille du peuple, ou la Saint-Simonienne en Egypte".
mise à jour le 26/02/2010

23/02/2010

Un hermaphrodite prénommé Abel, après avoir été Adélaïde Herculine dite Alexina

 

Par Bernard Vassor
hermaphrodite image Gautier 4.jpg
Gautier d'Agoty: Planche anatomique du premier périodique scientifique.
De

laguerre 1752-1755 : Observations sur l’histoire naturelle, sur la physique et sur la peinture.

 

J'ai vingt-cinq ans, et, quoique jeune encore,

j'approche à n'en pas douter du terme fatal

de mon existence. J'ai souffert, et j'ai souffert seul !

seul ! abandonné de tous !

Tel est le début du manuscrit retrouvé près du corps inanimé dans une chambre de la rue de l'École de Médecine au mois de février 1868. Le docteur Tardieu qui avait reçu ce manuscrit des mains du docteur Régnier qui avait constaté la mort d'"Abel Barbin". Ambroise Tardieu publia une version édulcorée de ce manuscrit dont il ne reste aucune trace, ce qui laisse un doute sur l'écriture de ces mémoires.. 

Adélaïde Herculine Barbin, dite Alexina vit le jour le 8 février 1838 à Saint-Jean d’Angély. De 1845 à 1853 elle séjourna d’abord à l’orphelinat, puis au couvent des Ursulines de Chavagne. De 1856 à 1858 elle vécut à l’école Normale d’Oléron3.   De 1858 à 1860 elle devint institutrice dans un pensionnat. S’étant plainte de douleurs dans l’aine, elle fut  auscultée par un médecin de La Rochelle, le docteur Chesnet.

Son examen indique :

« Alexina qui est dans sa vingt deuxième année, est brune, sa taille est de 1,59 m. Les traits des on visage n’ont rien de bien caractérisé et restent indécis entre ceux de l’homme et de la femme. La voix est habituellement féminine, mais parfois il s’y mêle dans la conversation ou dans la toux des sons graves et masculins. Un léger fuvet recouvre la lèvre supérieure ; quelques poils de barbe se remarquent sur les joues. La poitrine est celle d’un homme, elle est plate et sans apparence de mamelles. Les règles n’ont jamais paru. Les membres supérieurs n’ont rien de formes arrondies qui caractérise ceux des femmes bien faites ; ils sont très bruns et légèrement velus. Le bassin et les hanches sont ceux d’un homme ».

Un journal local : L’Echo rochelais, suivi un peu plus tard par d’autres feuilles du département, se fait le haut-parleur d’une indiscrétion certainement d’origine médicale en annonçant :

Comme il n’est bruit dans notre ville que d’une métamorphose é

Adélaïde Herculine Barbin, dite Alexina, est née...
Elle séjourna d'abord
S'étant plainte de douleurs dans l'aine, elle fut auscultée...
Les membres supérieurs n'ont rien des formes arrondies qui caractérisent...
De 1860 à 1868, il vécut à Paris...
manuscrit qui fut exploité...trange, extraordinaire en physiologie médicale, d’après des renseignement pris à bonne source (on ne disait pas encore de source sûre..) :

Une jeune fille âgée de 21 ans, institutrice (..)avait vécu dans l’ignorance d’elle-même, c’est-à-dire dans la croyance d’être ce qu’elle paraissait dans l’opinion de tous (…) enfin, tout récemment, une circonstance fortuite est venue jeter un certain doute dans son esprit ; appel a été fait à la science et une erreur a été reconnue….

La jeune fille était un jeune homme !!! »

Un autre journal peu scrupuleux ajoute hypocritement par prétérition :

« Dans l’impossibilité de nous reconnaître dans tous ces bruits, les cancans se sont répandus dans le quartier Saint-Jean, nous nous sommes abstenus d’entretenir nos lecteurs des faits avant de les bien connaître.

Voici les renseignements puisés à bonne source :

(…) »

L’article reprend ensuite les informations de l’Echo rochelais en insistant bien sur le fait qu’elle était institutrice et …compatriote.

….

En 1860 son état-civil fut réformé par le tribunal de Saint-Jean d’Angely, Alexina devint Abel Barbin.

De 1860 à 1868 il vécut à Paris.

Au mois de février 1868, on a retrouvé à Paris dans une chambre du quartier de l’Odéon le cadavre d’Abel Barbin qui s’était suicidé avec les émanations d’ un réchaud à charbon. Il avait laissé un manuscrit qui fut exploité plus tard par un médecin aliéniste le docteur Ambroise Tardieu.

 

ALEXINA,docteur TARDIEU

Source Gallica

 

Depuis l'antiquité, les hermaphrodites ont été considérés comme des monstres, tout juste "bons à jeter à la mer".D'ambroise Paré (le pire en inhumanté), aux aliénistes du XIX° siècle ces hommes-femmes ont servi d'animaux de laboratoire sur des tables de dissection ! 

« Herculine Barbin nous parle ainsi d'une société où le corps est banni, renvoyé à une sorte d'invisibilité, d'inexistence, qui seule peut expliquer que l'on puisse passer autant d'années au milieu de femmes sans comprendre, ou sans que l'on vous fasse comprendre, que l'on n'en est pas une.Ce récit plein « de bruit et de fureur » nous est conté par l'intéressé lui-même sous forme de souvenirs. Mais le style de la narration comme son écriture font très vite oublier qu'il s'agit là d'une autobiographie et non d'un roman. Sans le vouloir, Herculine Abel Barbin donne à sa propre histoire la saveur enfiévrée des drames chers à son siècle : on s'y évanouit, on s'y pâme, on y tremble d'amour et d'effroi. Et pourtant on y lit aussi l'immense désarroi d'une âme livrée à des questionnements sans fin et à un dégoût profond de soi, et finalement des autres, qui ne peut conduire qu'à la mort. Michel Foucault qui publia ce texte en 1978, accompagné de divers documents d'époque, voulait ouvrir avec lui une série intitulée « Vies parallèles ». Un titre qu'aurait sans doute revendiqué Herculine Barbin qui écrit à la fin de ses mémoires : « Il y a entre les hommes et moi un abîme, une barrière infranchissable... » Michel Foucault 1978.

ttp://www.leboucher.com/pdf/herculine/barbin.pdf

Mise à jour le 23/02/2010

22/02/2010

Le 61° bataillon de la Garde nationale à Montmartre à Montmartre

Par Bernard Vassor

Canons champs des polonais montmartre.jpg
Des gardes nationaux du 61°, au "Champs des Polonais" situé au sommet de la Butte.
Peut-être y-a-t-il quelques montmartrois qui auraient un ancêtre parmi eux ?
Les 171  canons avaient été payés par une souscription de parisiens, pour la défense de Paris assiégé par les prussiens.
C'est à l'emplacement de la basilique qu'avaient été parqués les canons qui étaient menacés d'être repris par la volonté d'Adolphe Thiers.
Canons montmartre gravure.jpg
Sous un autre angle.
Chassepot exercice largeur 03.jpg
L'équipement des gardes nationaux : un pantalon de drap bleu foncé à bandes rouges sur le côté, une tunique de la même couleur avec des boutons dorés, un képi, avec un écusson brodé portant le numéro du bataillon, et aux pieds les fameux "godillots" jaunes. Un paquetage avec un étui à baïonette et une boite à bougies. Pour l'hiver, une capote bleu clair complétait l'ensemble.
Pendant le siège de Paris, le 61° bataillon, était basé 6 rue de la Fontenelle, anciennement rue des Rosiers ( puis rue de la Barre, aujourd'hui rue du Chevalier de la Barre). Le nom de rue des Rosiers figurait toujours sur les registres d'inscription des bataillons de la G.n. Certains gardes était inscrits deux fois dans chacune de ces noms de rues.
Chassepot sepia largeur.jpg
Différents fusils étaient distribués, le Chassepot (ci-dessus) dit "du camp de Châlon", fusils "à aiguille ou a tabatière", fusils Favé et Plumerel et pour quelques privilégiés des fusils automatiques américains réformés de la guerre de secession de type Winchester et Scharp qui avaient été achetés par le colonel Victor Schoelcher chargé de l'armement.
reconstitution 61° rue des rosiers.jpg
Le siège du 61° bataillon. Cette photographie fait partie d'une série de reconstitutions (falsification historique) après la Commune pour l'exploitation idéologique et commerciale des "crimes de la Commune".
Ici, c'est l'exécution dans le jardin attenant au poste de police du 61°, des généraux Lecomte et Thomas....la réalité est tout autre !
Ils furent tués l'un après l'autre par des gardes nationaux incontrôlés. Seul le général Lecomte fut adossé à un mur qui n'est pas celui de la photographie !
C"était en réalité d'après un témoignage de l'époque une petite maison à deux étages sous l'autorité du comandant polonais Kardanski chargé de la surveillance des canons.
6 rue des Rosiers.jpg
Le siège du 61) bataillon le 18 mars 1871.
Germain Turpin, dont le nom ne mérite pas d'être oublié, fut la première victime de l'armée de Thiers. Atteint d'une balle à l'abdomen pendant son tour de garde du parc d'artillerie du "Champs des polonais" situé à l'emplacement exact de la basilique du Sacré-Coeur.
Voici une liste de quelques membres de ce 61° :
Turpin, la première victime des Versaillais, dans la nuit du 18 mars 1871, alors qu'il était de garde, il fut abattu dans son sommeil par un soldat de l'armée du général Lecomte*. Georges Clemenceau, alors maire de Montmartre et (piètre) médecin, accouru par le vacarme a déclaré que la blessure n'était pas bien grave. Le malheureux, transporté à l'hôpital Lariboisière est mort d'une péritonite 9 jours plus tard dans d'atroce souffrances.  Georges Clemenceau, Simon Mayer chef d'état-major, Razoua commandant de la 18° légion, Louise Michel, Olivier Métra le chef d'orchestre enrôlé comme clairon et bien sûr, le concierge du 10 de la rue Cortot Julien Tanguy. Signalons aussi le célèbre capitaine Paschal Grousset à l'origine de l'affaire Victor Noir. Il fut après la défaite des insurgés à Montmartre, arrêté au domicile de sa soeur déguisé en femme et conduit dans les locaux de la préfecture de Police (qui n'avait pas encore été incendiée) et exhibé pour mieux l'humilier
Mon ami le professeur de médecine à Lariboisière Jean-Paul Martinaud a livré tous des éléments importants dans son ouvrage : Une histoire de l'Hôpital Lariboisière, éditions l'Harmattan 2005

« Une seule personne avait été affectée à la surveillance du parc d’artillerie, le garde national Germain Turpin, un maçon de 36 ans habitant passage Doudeauville. Il était de garde cette nuit là, auprès de fameux canons lorsqu’il entendit arriver la troupe de ligne, courageusement, il fit les sommations d’usage, mais la seule réponse qu’il reçut fut une décharge de fusil qui l’atteignit à l’abdomen et le coucha par terre. Louise Michel qui se trouvait de garde au poste de garde du 61° bataillon en haut de la rue de la Fontenelle* toute proche, accourut avec une cantinière. Les deux femmes lui firent un premier pansement en déchirant leur propre linge. Le docteur Clemenceau maire du XVIII° arrivé sur place peu après lui prodigua les premiers secours sur place car le général Lecomte** soucieux de ne pas ameuter la population, s’opposa à ce que l’on transporta le blessé à l’hôpital, au scandale de l’assistance. Louise Michel parvint à le relever et le conduire à Lariboisière, on le coucha dans le lit n° 14 de la salle Saint-Ferdinand ( par la suite devenue Ambroise Paré) où atteint de péritonite affection que l’on ne pouvait pas opérer à l’époque, il agonisa 9 jours entouré de sa famille. Germain Turpin mourut heureux, disait-il d’avoir vu la Révolution. » (…) Deux autres blessés furent emmenés à Lariboisière, le premier Henri-Louis Blaise un tapissier du quartier agé de 21 ans survécut lui aussi neuf jours (…)la troisième victime Marguerite Boivin couturière agée de 37 ans qui faisait parti du groupe de femmes ayant arrêté la troupe et rallié les soldats, réusit à se rétablir au terme d’un séjour de 75 jours dans le lit 24 de la salle Sainte-Jeanne, d’une blessure des vaisseaux fémoraux »

Ouvrage collectif avec le soutien des Archives de France et de la Ville de Paris : Guide des Sources du mouvement communaliste et de la Commune de Paris (1864-1880), éditions : la Documentation Française 2007,

Réf. : 9782110065483
732 pages, 16x24 cm
ISBN : 978-2-11-006548-3

Archives de Paris

Service Historique de l'Armée de Terre (ancien nom)

mise à jour le 22/02/2010

19/02/2010

Poullain de la Barre, précurseur du féminisme, mais, une véritable girouette !!!

Par Bernard Vassor

 

poullain de l'égalité 02.jpg
L'Esprit n'a pas de sexe.
Poullain de la Barre
puis....
Simone de Beauvoir dans
"Le Deuxième sexe"

François Poullain de la Barre (1647-1723) a été un prêtre catholique chassé du clergé puis converti au calvinisme en 1688. Dans un premier temps, il fut convaincu des préjugés sexistes contre les femmes et fit paraître en 1673 (pour l'édition princeps) un ouvrage où il prônait l'égalité sociale. Il pense qu'aucune différence fondée sur la nature, ne justifiait l'inégalité faite aux femmes : "Où l'on montre que l'opinion vulgaire est un préjugé,&  qu'en comparant sans interst ce que l'on peut remarquer dans la conduite des hommes & des femmes, on est obligé de reconnoistre entre les deux sexes une égalité entière. Les hommes sont persuadez d'une infinité de choses dont ils ne sçauroient rendre raison parce que leur persuasion n'esst fondée que sur de légères apparences  (...) Hors un petit nombre de sçavans, tout le monde tiens comme une chose indubitable que c'est le soleil qui se meut au tour de la terre (...)" Pour conclure, Poullain indique : "Je voudrois bien sçavoir ce que feroit un pauvre mary, si dans un état où les femmes seroient les Maîtresses, comme dans celuy des Amazones, on lui venoit rapporter, qu'il  auroit été resolu au Conseil de donner à chaque homme un compagnon (...) Indépendemment de la Coûtume qui met souvent ceux qui ont plus d'esprit & de mérite, dans la dépendance des autres. Et l'Ecriture ne dit pas un mot d'Inégalité & qu'elle n'est que pour servir de regle aux hommes de leur conduite. (...)"

Deux années plus tard, Poullain de la Barre n'hésita pas à consacrer 336 pages pour démontrer le contraire. Prenant des modèles dans "l'Ecriture", et invoquant tous les saints, il contredit sans vergogne ce qu'il avait couché noir sur blanc tout au long des 226 pages de son précédent ouvrage. Que c'était-il passé entre temps, je l'ignore...Mais voici un parfait spécimen de girouette n'est-ce pas ?

Poullain de la Barre négatif.jpg

18/02/2010

Harry Alis au bal-restaurant du Moulin Rouge, sur l'île de la Grande-Jatte

Par Bernard Vassor

seurat dimanche grande-jatte 04.jpg
Georges Seurat : Un dimanche à la Grande-Jatte
Harry Alis :
Mort à trente huit ans sur un billard du restaurant le Moulin Rouge, sur l'île de la Grande Jatte, le 1 mars 1895.

L'ouvrage dont est reproduite la page de faux-titre, donne la preuve des qualités peu communes de cet homme malchanceux.

Dans un chapitre intitulé Genre posthume, l'auteur dans un récit que l'on croirait écrit par Edgard Poë en proie au délire le plus sinistre, raconte une expérience scientifique destinée à démontrer avec un luxe de détails que la tête d'un guillotiné pouvait vivre après deux minutes et demie au moins après la section. *Un médecin, le docteur Ralph Verly, utilisait pour cela les moyens les plus modernes que n'avait pas pû utiliser le siècle précédent le docteur Cabanis. La photographie pour témoigner de l'instant ultime, l'appareil étant actionné par un procédé mécanique ingénieux prenait des images pendant deux minutes et demie et accusait des clignements d'yeux. Le phonographe ensuite pour enregistrer la parole du supplicié :

SOUFFRE PAS....SECOUSSE ENORME....MAL AU COEUR....

Un appareil penthographique avait "en caractères viollâtres extravasés" transmis sur une plaque une phrase d'abord nettement tracée, puis finie dans un tremblement : -J'ECRIS APRES LA SECTION DU....

...............

Plus stuféfiant encore le chapitre intitulé : "Les Cinq sens".

Dans ce chapitre que l'on croirait écrit aujourd'hui, décrit minutieusement ce qui n'avait pas de nom à l'époque, que les scientifiques appellent aujourd'hui "La Synesthésie". Ce don de la nature chez un individu qui associe plusieurs sens à la fois, l'ouïe, le goût, l'odorat, le toucher , la perception  des couleurs. Phénomène étudié depuis Aristote, et qui aujourd'hui encore est un mystère pour bon nombre de savants, est expliqué très simplement par Harry Alis ! Stupéfiant !

 

07299a63b1326b9c23b1aad0acda0751.jpg
De son véritable nom Jules-Hippolyte Percher, il vit le jour le 7 octobre 1857 à Couloeuvre dans l'Allier.
Après des études studieuses à Moulin où il rencontra Maurice Guillemot son aîné, professeur et homme de lettres.
C'est lui qui le conduisit au Quartier Latin, fréquenta les cafés et les brasserie littéraires (le jour, un peu moins la nuit).
Il écrivit dans sa chambre sous les combles, des poèmes, des débuts de romans restés inachevés, faute de trouver un journal où les publier. Seuls les écrivains arrivés trouvaient place dans des journaux inféodés à diverses cabales politiques ou religieuses.
La terreur qui avait suivi la répression sanglante de la Commune, n'encourageait pas les patrons de presse à ouvrir leurs colonnes à de jeunes gens souvent des révoltés. "Seuls les Daudet, Zola, Goncourt (Edmond), Dumas fils, Sardou, Augier, Meilhac et Halévy accaparaient les pages des revues des journaux. Ces gens posés, donnaient le ton et faisait les réputations**".
C'est à la fameuse brasserie Sherry-Cobbler, boulevard Saint-Michel qu'il rencontra Goudeau, Gill, Sapeck, les frères Cros, Richepin et ceux qui furent les prem iers Hydropathes.
Les circonstances de sa mort furent aussi tragiques que l'avaient été certaines périodes de sa vie qui seront développées dans un prochain article. Sa biographie dépasse largement le cadre de ce petit blog.
Pour d'obscures raisons, il fut provoqué en duel par un de ses camarades du Comité de l'Afrique française. Une lettre fut jugée offensante par son ami Le Chatelier, qui lui envoya ses témoins. Le duel à l'épée eut lieu le 1 mars 1895 à 11 heures trente du matin à l'île de la Grande Jatte, dans la salle de bal du restaurant "Le Moulin-Rouge'. Le tenancier vint le chercher dans sa voiture et le conduisit bras-dessus-bras-dessous dans la salle de bal, où en lettres d'or, s'étalait une inscription extraite de vers de Dante : "Vous qui passez, venez vous réjouir"
Les deux hommes montèrent l'escalier à double rampe qui conduisait à la salle de restaurant, vide pour la circonstance.
Le Chatelier était déja là avec ses témoins. Les combattants, en manches de chemises avec un plastron se mirent en garde. Le combat dura peu, Harry fut touché sous l'aisselle droite. Il chancela, porta la main à sa poitrine. Les témoins l'aidèrent à s'asseoire sur une chaise. Des médecins posèrent un tampon d'ouate sur la plaie. L'épée avait transpercée la poitrine. Alis murmura : "je suis perdu'", il ferma les yeux, il était mort. En attendant le commissaire de police de Levallois, on transporta son corps au rez-de-chaussée sur un billard que l'on avait recouvert d'un drap.
Les journaux ne firent pas beaucoup d'écho en parlant de son oeuvre. Les écrivains et les critiques pas davantage.
Seul, Charles Mauras rendit hommage au talent de l"écrivain :
"Je reste fidèle au souvenir que nous laissa en 1889 ou 1890, un petit recueil de nouvelles signé Harry Alis intitulé : "Quelques fous". On y voyait passer mille personnages étranges mais très beaux de logique et dessinés avec une grande énergie. J'avoue que je fus sur le point de me demander si l'auteur du livre ne serait pas notre Edgard Poë".
Le procès de Le Chatelier, qui se tint le 16 mai 1895 nous en apprend quelques détails. Le Chatelier était poursuivi sous l'accusation de "coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner". L'audience était présidée par le conseiller Benoit et l'avocat général Lombard qui sollicitera en fin d'audience un acquittement général. Tout au bout du banc des accusés, un gros petit bonhomme, rougeaud à la mine épanouie et bourgeonnée qui semblait s'amuser énormément : c'était monsieur Hubert le patron du bal de l'île de la Grande-Jatte. Le président interrogeant  ce monsieur Hubert qui faisait "des mots" en ricanant : "Votre salle de bal, demande le président,  est le rendez-vous de tous les duellistes ? " La réponse du sieur Hubert fit rire toute la salle : "Que voulez-vous? Je suis dans les affaires. Si les gens qui voulaient se battre n'allaient pas chez moi, ils iraient ailleurs ! La plupart du temps, ça se terminait par une piqure et l'on repartait bons amis. En quelque sorte, ma salle est un terrain de conciliation !" Ce qui est moins comique se trouvait sur la table des pièces à conviction : une épée dont la lame tordue avec la pointe en forme de crochet. Harry Alis av ait été transpercé sous l'aisselle droite, la lame ressortit sous l'aisselle gauche....
Un témoin fut entendu, c'était un liquoriste blanchisseur en même temps voisin du patron du bal. La salle de monsieur Hubert, dit ce témoin est le rendez-vous  des duellistes. Pendant l'hiver dernier, on s'y est battu plus de dix fois. Il y a dans le jardin des kiosques, "La Bouteille de Champagne" et le "Salon de la Meunière" d'où l'on peut parfaitement observer tout ce qui se passe dans la salle de bal. Les curieux s'y rassemblent tout en prenant des consommations.
Monsieur Hubert sur un ton furibard : "-C'est absolument faux. Ce blanchisseur là n'est pas venu pour me blanchir. Monsieur est un concurrent. Môssieur est en froid avec moi !"
5133ced5bbfbf8cb59dba98ba80fe8e5.jpg
La conclusion de ce procès rapportée par le jury, presque sans délibération fut un acquittement général. Le public très impressionné sort silencieusement de la salle d'audience pendant que l'avocat général signe l'ordre de mise en liberté immédiate.
*Une expérience de ce type avait été tentée par le docteur Pierre-Jean-Georges Cabanis, avec pour contradicteur le chirurgien Jean-Joseph Suele père d'Eugène
**Auriant, déjà cité.
Archives de la préfecture de Police.

Mise à jour le 18/02/2010

14/02/2010

LA FEMME NOUVELLE , les pionnières du féminisme

PAR BERNARD VASSOR

"Refusons pour époux tout homme

qui ne consentirait point à partager le pouvoir"

d5df89292868d0184eee78302d8a9ff4.jpg
Après la révolution de 1830, un éphémère vent de liberté a soufflé sur la presse en France. Depuis le code Napoléon, les femmes étaient réduites à un état d'infériorité. Des lois s'accumulant depuis, l'interdiction du divorce, l'interdiction d'ester, la soumission de la femme inscrite dans le code civil. On rapporte un propos de l'Empereur : "Les femmes sont l'âme de toutes les intrigues, on devrait les reléguer dans leur ménage, les salons du Gouvernement devrait leur être fermés" .
Des femmes comme madame Bernier n'hésitent pas à apporter leur concours aux anti-féministes les plus acharnés. Dans un livre intitulé "Quel est pour les femmes le genre d'éducation le plus propre à donner le bonheur des hommes" où il est dit que la destination des femmes est de faire le bonheur domestique de l'homme, il est nécessaire que dès l'enfance, elle connaisse combien elle est inférieure à l'homme !!!!.
La Bibliothèque nationale en possède un exemplaire richement relié aux armes de l'Empereur Napoléon qui en fit son livre de chevet. Cet état d'esprit était largement partagé par bon nombre d'hommes politiques ou pas.

suzanne voilquin,jeanne désirée,claire démar,marie-reine guindorf,julie parsy

Dans un article précédent : voir le livre de Sylvain Maréchal, le compagnon Gracchus Babeuf précurseur du communisme.
En 1832, est favorisée la création de clubs déguisés et de sociétés secrètes. En 1834, une loi mit fin, interdisant toutes les associations. Entre ces deux périodes, des femmes firent paraître des journaux et des brochures de propagande en faveur de l'émancipation des femmes. De nombreux livres plaidant aussi dans ce sens virent le jour.
En 1832, Suzanne Voilquin , Jeanne désirée, Claire Démar, Marie-Reine Guindorf, Julie Parsy furent les premières rédactrices de cette feuille entièrement féminine, de la conception à la réalisation, impression comprise. C'était surtout un organe saint-simonien  proche du journal "Le Globe". Le mot d'ordre était : "Refusons pour époux tout homme qui ne consentirait point à partager le pouvoir" . Ce journal changea de nom pour s'appeller : "l'Apostolat des Femmes" puis :"La Tribune des Femmes". Elles formèrent ensuite "L'Association de la Femme nouvelles" qui tenait tous les mercredis ses assises au 15 rue Laffitte. La femme messie Flora Tristan, participa aux réunions de cette assemblée.
Dans un des numéros, la fondatrice de "La Femme de l'Avenir", Suzanne Voilquin annonce qu'elle vient de divorcer avec la bénédiction du Père Enfantin, et décidée de céder son mari à une de ses collaboratrices Julie Parsy...
e6e3ec4d07ff2985e00042281a9093db.jpg
D'autres comme madame Herbinot de Mauchamps fondèrent une revue mensuelle : "La Gazette des Femmes", journal de législation de jurisprudence, de littérature et de théâtre. Cette revue réclama impérieusement pour les femmes payant 200 francs d'impôt le droit de vote et somma Louis-Philippe d'ajouter à ses titres, celui de roi des Françaises. Les rédactrices demandèrent à la chambre dans une pétition, le rétablissement du divorce. Ce journal lui-aussi ne vécut que deux ans. Il est curieux de noter que tous les membres du comité de rédaction étaient des "Mauchamps"
Un autre organe  de presse féminin, plutôt bas-bleu, est parfois la cible des femmes de la Tribune, c'était le "Journal des Femmes" dirigé par madame Louise Bernard et madame Fouqueau de Passy qui à son tour attaquait les saint-simoniennes.
Plus tard, en 1836, Madame Dauriat donna au Rannelagh, des cours de "Droit social des femmes"qui fut aussitôt fermé par la police. Elles déclarait au cours de ces conférences : "Malheureusement, il y a des femmes si bien "apprises" qu'elles secondent de tout leur pouvoir contre leur sexe, l'éducation et la servilité si propre à préparer toutes les douleurs de l'épouse"
Claire Démar, une des rédactrice de "La Tribune des Femmes" publia deux ouvrages : "Appel aux françaises" et "Ma loi d'avenir".Dans ce dernier, elle souhaitait qu'avant le mariage il soit fait "un essai tout physique de la chair par la chair".
Avant la parution de son livre, elle se suicida avec son compagnon Desessarts. Une autre rédactrice de ce même journal, Marie-Reine Guindorf suivit le même chemin. Les désillusions étaient grandes au sein du mouvement du Père Enfantin...
mise à jour le 8 mars 2011

11/02/2010

Les femmes dans la carrière des lettres : Des pionnières au moyen-âge

Par Bernard Vassor

Femme a sa toilette moyenâge.jpg

Depuis le huitième siècle, des femmes de condition élevées apprenaient le latin dans les couvents ou monastères et s'adonnaient à l'étude du chant, de la lyre ou bien de l'orgue. Au siècle suivant, la duchesse de Septimanie avait composé un manuel de conduite à l'usage d'une mère à son fils en latin. Au début du treizième siècle, une femme troubadour, originaire de Flandre Marie de France nous a laissé 14 lais, et plusieurs pièces, dont 103 fables et contes souvenirs populaires de la Bretagne. Des "Cours d'Amour et de Gay-Scavoir" sortes de joutes oratoires dites "Tensons" ou "Jeu-parti" venus de Provence, puis répartis dans tout le royaume "Estoient disputes d'amours qui se faisoient entre les chevaliers et les dames poètes entreparlans ensemble de  quelques belles et subtiles questions d'amour", ils les envoyoyent pour en avoir la définition aux dames illustres présidentes, qui tenoient cour d'amour ouverte et plénière, et la-dessus en faysoiyent arrets qu'on nommoit leurs Arrest d'Amour". De leur côté les abbesses professaient dans leurs cloitres la scolastique et le mysticisme. Tel fut le cas "de la très sage Héloïse".

Parmi les dames qui participaient à ces tournois, voici quelques noms :

Alys d'Anduze, la comtesse de Die, Marie de Ventadour, Béatrix de Provence, Eléonore de Provence qui passe pour avoir écrit un roman provençal "Blandin de Cornoouiller", Mariez de France, atuer du "Purgatoire de Saint-Patrice" et à la fin du quatorzième siècle, l'incomparable Christine de Pisan.

Les Dames du Temps jadis

Un document daté de 1292, nous savons qu'il existait à Paris 11 écoles de garçons avec le nom des maîtres et les noms de rues, plus une école de filles dirigée  par Tyfaine, rue où l'on cuit les oes (les oies, aujourd'hui rue aux Ours). Dans ces écoles on apprenait avant tout

le Pater, l'Avé, le Crédo, en langue vulgaire et en latin. On enseignait aussi l'horreur de l'impureté le respect des parents et les pratiques pieuses tels la confession et la communion.

Les conseils donnés étaient que "Toutes fames doivent scavoir filer et coudre, car la pauvre  en aura mestier et la riche connoistra mieux l'ovre des austres...A fame ne doit-on apprendre lettres ni escrire si ce n'est especiemment pour estre nonnain"

Il existait au treizième siècle des écoles  en dehors des monastères, (qui étaient sous l'autorité du chantre de la cathédrale du chantre du chapitre, sans la permission duquel nul ne pouvait enseigner) où les enfants moyennant rétribution étaient admis. Ces "petites écoles" ou "écoles de grammaire" donnaient un enseignement qui se bornait à l'écriture la lecture, à  quelques bribes de calcul et parfois le latin. Dans les écoles, "les enfants doivent être batuz quand ils ne savent leçons"

En 1380 il y avait 40 écoles de garçons et 20 pour les filles. Nous avons les noms des maîtresse qui dirigeaient alors les petites écoles

de filles :

Jeanne Pelletier, Jeanne de Vienete, Sersive la Bérangère, Marion de la Porte, Jeanne la Mercière, Perrette la Verrière, Jeannette du Déluge, Martine la Thomasse, Jacquette la Denise, Jeanne Morelle, Jeanne de Castillon, Jacqueline de Transvire, Jeanne la Féronne, Marie de Lingon,  Jeanne de Ballières, Denise de Nerel, Jeanne de Asmorade, Edelète la Juiote, Marie la Choquette, Jeanne la Bourgeoise,

et Maheu la Bernarde.

10/02/2010

La Princesse de Clèves et madame Marie-Madeleine Pioche de la Vergne comtesse de La Fayette

Par Bernard Vassor

"La Princesse de Clèves, le plus beau roman du siècle (le XVII°)

en offre aux yeux toutes les beautés;

c'est une femme qui parle; il est naturel

qu'elle ait bien choisi; d'ailleurs,

elle faisait un roman (..)  Le petit livre

de Mme de La Fayette est un écrin d'or

où luisent les purs diamants dont se paraient l'aristocratie polie

Après avoir ouvert le cabinet, il est à propos d'ouvrir l'écrin"

Taine 1857

 

La fayette princesse de Clèves.jpg

Edition originale, auteur anonyme en 4 volumes avec la mention : Achevé d'imprimer pour la première fois le 8 mars (aujourd'hui journée de la femme) 1678.

Madame de La Fayette (1623-1693) écrivit ce qui est considéré comme le premier roman moderne. Ce livre historique dont l'action se déroule au siècle précédent à la cour du roi Henri II, marque un tournant dans la littérature, et donne pour la première fois une place prépondérante  à la littérature féminine.

Elle avait, comme madame de Sévigné reçu les enseignements de l'abbé Gilles Ménage et bénéficié du secours de Jean Regnault de Segrais et de son ami le duc de La Rochefoucault

La fayette princesse de Montpensier.jpg
Ce premier roman écrit en collaboration avec Segrais, fut un prélude à son chef-d'oeuvre paru 16 ans plus tard.
Il est amusant de noter dans l'avertissement du libraire au lecteur :
"En donnant cette histoire au public, je dois dire qu'elle n'a été tirée d'aucun manuscrit qui nous soit demeuré du temps des personnes dont elle parle. L'autheur ayant voulu pour son divertissement escrire des avantures inventées à plaisir, a jugé plus à propos de prendre des noms connus dans nos histoires, que de se servir de ceux que l'on trouve dans des romans"

Ce qui fait penser tout de suite à la formule consacrée utilisée de nos jours : "Toutes ressemblance avec ......"

 

La fayette ZYADE.jpg
Entre les deux ouvrages cités précédemment, Zaydé n'est signé que du nom seul de Segrais, qui reconnut plus tard que le roman était de la main de madame de La Fayette.
Faut-il être ignare ou inculte pour dénigrer ce fleuron du patrimoine et de l'identité française ?

08/02/2010

Pierre Etaix : Une communication de l'Association "IL ÉTAIX UNE FOIS"

 

 

Dessin pierre Etaix.jpg
Dessin de Pierre Etaix pour "LE CARTON A CHAPEAU".
Et nous les clowns
Qu"allons nous devenir ?
Pierre Etaix, octobre 1981

 

En attendant de revoir "YOYO" au cinéma, retrouvez le... SUR SCÈNE !


Fin janvier, après une semaine de résidence au Théâtre du Pont Tournant de Bordeaux (merci Stéphane Alvarez), Pierre Étaix présentait  la première mouture de " MIOUSIK PAPILLON ", un tout nouveau spectacle mêlant clown, mime, magie, jazz et music-hall.


Quelle émotion de retrouver YOYO sur scène après plus de quarante années d'absence, mais aussi Hadrien Trigance (mime), Odile Étaix (chant), Patrice Authier (piano), Pierre Maingourd (contrebasse), Marc Étaix (batterie).


Aujourd'hui, MIOUSIK PAPILLON est à la croisée des chemins.

Certes, le PAPILLON est né mais il reste encore beaucoup à faire: finir la construction du décor, concevoir et fabriquer les derniers costumes, terminer la mise au point des accessoires de magie, réaliser l'enregistrement et le mixage de la bande son définitive, financer l'achat d'équipements spécifiques (1 projecteur automatique, une patience démontable), prévoir les moyens humains et financiers nécessaires aux dernières répétitions, à la promotion et à la diffusion du spectacle, etc, etc ...

Pierre Étaix et sa petite troupe ne bénéficient, à l'heure actuelle, d'aucune subvention, d'aucune aide, hormis l'indéfectible soutien des membres de l'association "IL ÉTAIX UNE FOIS".
MIOUSIK PAPILLON a donc besoin d'un petit (ou plutôt d'un gros) coup de pouce pour "vivre" et être diffusé.

Un peu plus de 30000 euros sont aujourd'hui nécessaires pour que ce merveilleux projet puisse enfin partir sur les routes !
Alors, si comme nous tous vous souhaitez revoir (ou découvrir) Pierre Étaix sur scène, visitez ce lien pour participer à l'envol du PAPILLON !

YOYO a besoin de votre aide et votre soutien !

Merci.



PS TRÈS IMPORTANT: La petite troupe de Pierre Étaix recherche un théâtre en état de marche pour 2 semaines de répétitions avant la fin mars 2010.

Nous recherchons aussi des partenaires institutionnels ou privés (sponsoring, mécénat, apport en matériel ou prestation).

N'hésitez pas à contacter l'association "IL ÉTAIX UNE FOIS" à cette adresse si vous avez une idée ou une proposition : etaixasso@gmail.com
Merci.


Association "Il Étaix une fois"
1 / 3 rue d'Enghien t;/div>
75010 PARIS

"Ce qu'une goutte d'eau ne peut, l'orage le pleut".

06:29 Publié dans Evènement | Tags : pierre etaix | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

06/02/2010

Rimbaud et Verlaine et "Le Rat Mort" à Paris et à Ostende

PAR BERNARD VASSOR
rat mort Alain Pouillard 02.jpg
Mon ami Alain Pouillart, correspondant des "Amis de Rimbaud" en Champagne me communique les 'informations suivantes :
"rat mort : bal à ostende depuis 1886 en souvenir du café du rat mort Paris, où Rimbaud tailladait les cuisses de
Verlaine !Le rat mort de Paris était tenu par un Belge à l'époque de Rimbaud. Dans le groupe des Belges en goguette qui emportèrent le souvenir de ce lieu lors d'une virée mémorable figurait le peintre Ensor, dont après Orsay, on fête le 150e anniversaire à Ostende.Prochain bal du rat mort à Ostende : mars 2010. On attend 2500 invités costumés.
Qui pourra m'en dire davantage sur cette étrange histoire (avec en + le passage de Rimbaud et Verlaine à Ostende)
Peut-être notre correspondant Belge ...ou nos futurs correspondants Anglais ?
Alain Pouillart
Taissy France"
.......
A ma connaissance, cette soirée très arrosée au Rat Mort avait commencé par un jeu qui consiste à écarter les doigts d'une main et de planter un couteau entre chaque phalange d'une main de plus en plus rapidement. A ce petit jeu, le couteau de Rimbaud dans un geste désordonné se serait retrouvé planté dans la cuisse de Verlaine.
Il y eut un précédent. Le 2 mars 1872, lors d'une réunion des "Vilains Bonshommes", les convives passablement éméchés, lisent des poèmes à tour de rôle. Quand vint le tour de Jean Aicard, il fut interrompu à chaque fin de vers par des gloussements
d'Arthur :"Merde, merde, c'est de la merde !". Furieux Etienne Carjat tenta de le calmer; alors, saisissant une canne épée, Rimbaud blessa Carjat au ventre (d'après une des versions de cette histoire)

Au n° 7 actuel de la place, un limonadier s’était installé en 1835. Cet établissement construit à l’angle de la rue Frochot et de la place, se nommait "le Grand Café de la Place Pigalle" mais les clients s’empressèrent de le baptiser "le Rat Mort" en raison de l’odeur pestilentielle qui empuantissait l’endroit le jour de l'inauguration, ce qui ne l’empêcha pas de devenir le rendez-vous de tout ce qui comptait comme journalistes, écrivains, peintres et jolies dames esseulées. On pouvait aussi rencontrer tous les chiens du quartier, terriers, épagneuls, bichons havanais, lévriers, barbets, caniches, qui s’y livraient à des combats acharnés. Le plafond représentant un immense rat crevé, avait été décoré par le peintre Léon Goupil qui, d'après des témoignages de l'époque était ivre du matin au soir. Une anecdote relate qu'un matin, sortant du Rat Mort, une bouteille à la main, il suivit un cortège funèbre qui passait place Pigalle pour se rendre au cimetière du Nord. Il chantait à tue-tête des couplets graveleux jusqu'à ce qu'il s'aperçoive que son nom figurait sur une couronne mortuaire ! C'était la dépouille de sa femme  qui était dans le cercueil.....Aux alentours de 1880, ce cabaret devint une brasserie de femmes pour femmes.

RAT MORT FORAIN 03.jpg
Au Rat Mort à Paris
Ce dessin est de Jean-Louis Forain (surnommé par Verlaine la petite chatte blonde), compagnon de Verlaine et Rimbaud dans sa jeunesse, période que le peintre devenu mondain et réactionnaire renia jusqu'à la fin de ses jours.
RAT MORT 1900.jpg
Le Rat Mort vers 1900.
C'est en septembre 1872, que Rimbald et Verlaine prirent le bateau à Ostende pour se rendre à Londres en passant par Douvres

12:45 Publié dans Histoire littéraire | Tags : paris, ostende | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

05/02/2010

Parution du dernier bulletin de "La Société d'Histoire et d'Archéologie "Le Vieux Montmartre"

Par Bernard Vassor

 

Fascicule musée de montmartre.jpg

Dans ce fascicule n° 79, le président fait le point sur les évènements qui se sont abattus sur le musée et la Société Historique et Archéologique du Vieux Montmartre. Souvenez-vous, en octobre, la mairie de Paris annonçait sa volonté de vendre au privé les bâtiments du musée, et son annexe, l'Hôtel Demarne. De plus pour faciliter les choses par la voix de Danielle Pourtaud, adjointe de monsieur le maire de Paris Delanoé, l'Hôtel de Ville demandait à l'association montmartroise de se faire hara-kiri. Aussitôt, une mobilisation sans précédent, a soulevé l'indignation d'amoureux de Montmartre de tous bords. Un comité de soutien rassemblant des professeurs d'universités, des membres de l'Institut, des historiennes de l'art des commerçants, des dessinatrices humoristiques, un producteur de télévision célèbre, une universitaire américaine spécialiste incontestée de Renoir, Claire Durand-Ruel, historienne de l'art, arrière petite fille du célèbre marchand de tableaux (ancien fabricant de couleurs) Sophie Renoir, arrière petite-fille d'Auguste, des journalistes (dont Raymond Lansoy qui a recueilli à lui seul des milliers de signatures) des réalisateurs des comédiennes, le curé de l'église Saint-Pierre et Michou, le marchand de tableaux André Roussard, des cinéastes célèbres et toute une kyrielle de représentants de la vie à Montmartre. La liste nominative duComité de soutien figure en tête de ce bulletin. Fin janvier, une pétition rassemblant plus de 12 000 signatures la réalisation d'un film documentaire, l'édition d'un CD et le soutien de la presse locale ont permis de faire reculer les velléités mortifères des édiles municipaux. La situation aujourd'hui est stabilisée, il n'est plus question de disperser les collections aux quatre vents. Sauf dernière volte-face après les élections une nouvelle direction va assainir les finances et une nouvelle orientation avec le concours de "sponsors".

 

musée film.jpg

Bien sûr, ce numéro est aussi pour la plus grande partie des articles consacrée à Fernand Pelez 'exposition au Petit-Palais, à Suzanne Valadon, Maurice Utrillo, à un article de mon ami Rodolphe Trouilleux "Dans les archives du Vieux Montmartre" de l'enrichissement des collections etc..

Dépôt légal 1° semestre 2010

ISNN 2104 5437

 

21:08 Publié dans Evènement | Tags : montmarte, paris | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

Anniversaire de la mort du père Tanguy

Par Bernard Vassor

 Père Tanguy Emile Bernard.jpg

L'ancien concièrge  du 10 rue Cortot (annexe du musée de Montmartre) par Emile Bernard

C'est le 6 février 1894 à "une heure du soir" que Julien François Tanguy fabricant de couleurs âgé de 68 ans (et non pas 78, comme le mentionne l'acte de décès) s'est éteint dans sa boutique-domicile du 9 rue Clauzel. La déclaration dressée par Henri Chain, adjoint au maire du 9° arrondissement, sur les indications du mari de sa fille Mathilde, Onésime Chenu, sellier au 9 rue Norvin, et de Emile Degaut, fabricant de semelles 9 rue Clauzel.

Dès 1893, après son déménagement, Julien Tanguy, était asmathique et souffrait d'un cancer de l'estomac qui ne fut diagnostiqué que plus tard. On croyait alors qu'il n'avait qu'une hernie et que tout allait s'arranger. En janvier 1894, il fut transporté à l'hôpital Lariboisière où son cas fut jugé désespéré. Le père Tanguy préféra rentrer chez lui pour y mourir entouré de sa famille.

Bien qu'étant dépositaire de collections de toiles de Vincent van Gogh, de Cézanne (dont le portrait d'Achile Emperaire qu'il avait sauvé de la folie destructrice du peintre d'Aix en Provence) de Guillaumin, son voisin au 6 rue Clauzel, Gauguin, d'Emile Bernard et de bien d'autres, la famille Tanguy vivait dans la plus grande précarité.

Le 8 février 1894, il fut inhumé dans la 14° tranchée (des pauvres) gratuite du cimetière de Saint-Ouen. Il ne reste rien de sa sépulture, des pelleteuses faisant place nette pour d'autres pauvres gens comme lui.

04/02/2010

La guinguette de la rue de Bondy (94)

Par Bernard Vassor

RUE DE BONDY auberge.jpg

Vers 1900

C'est dans cette ancienne rue des Fossés Saint-Martin* qu'une guinguette était installée au temps de Louis XIV. Cette  maison était  le type parfait qui était resté intact  d'une maison du XVII° siècle près de l'ancienne porte de la Ville à l'entrée du faubourg. L'historien Charles Lefeuve note :

(rue de Bondy)-" le 96 ne s'éleva pas tout d'une pièce, mais il en sortit sous Henri IV, d'un plan de choux, avec un des ses pareils, qui est encore avec lui côte à côte"

Il n'a au dessus de l'entresol que sept mansardes ardoisées au premier étage, et encore au dessus, symétriquement à droite et à gauche sur le toit, deux mansardes avec encadrement de pierre de la même époque. Il  faut ajouter qu'il peut être démoli d'un jour à l'autre (écrit en 1913, fort  heureusement, cette maison ayant subi quelques transformations minimes est toujours debout !)

Renseignements pris auprès d'une des locataires très aimable de cette maison, les "Bâtiments de France" ont entrepris un travail formidable, redonner à cette maison son aspect d'origine. Menacée de destruction plusieurs fois, une restauration minutieuse a commencé depuis 7 ans environ avec des matériaux récupérés miraculeusement sur place. L'immeuble qui menaçait de s'effondrer a été renforcé de poutrelle métalliques soutenant l'escalier. Les balcons avec les appuis en fer forgé retrouvés ont remplacé ce que nous voyons sur cette photographie (plus haut) datant de 1913)

La porte d'entrée du XVII° siècle remise en place, Il reste encore quelques détails de restauration, le remplacement des fenêtres en PVC (?) et les deux balcons de la partie droite (photo ci-dessous) L'escalier aux marches usées a dû être gravi par de nombreux clients de la guinguette.  Merci à la municipalité du X° et aux "Bâtiments de France" qui ont su préserver un tel lieu.

medium_94_rene_boulanger_escalier_premier_etage.jpg

medium_94_RUE_RENe_Boulanger_06.jpg
Aujourd'hui décembre 2010 94 rue René Boulangermedium_94_rene_boulanger_porte_retrouvee.jpg
*Appelée autrefois rue de Bondy et aujourd'hui rue René Boulanger

Ci-contre, la porte d'origine avec l'huisserie retrouvée.

Un seul détail me laisse perplexe, les murs intérieurs de l'escalier sont en marbre rose ?

medium_94_rené_boulanger_rue_de_bondy_brasserie.3.jpg
Dans les années 1870, c'est une "Brasserie de filles" qui s'installa rue de Bondy. Lieu de prostitution, où le patron proxénète ne risquait pas grand chose. Les filles disposaient des chambres au dessus de l'établissement, et aucune obligation sanitaire comme pour les maisons de tolérance n'était exigée. Quelques patrons furent parfois condamnés à cinq franc d'amendes pour proxénétisme envers des mineurs, mais, la plupart du temps la police fermait les yeux en raison de services rendus par "les cabaretiers".
rue de bondy brasserie archives B.V..jpg
En 1910, une autre "brasserie de femmes" a remplacé la Brasserie des Entr'actes, surnommée ainsi en raison de la proximité du Théâtre de la Renaissance.  Comme vous pouvez le constater, c'est dans un décor plus exotique et plus restreint que "Le Cabaret des Antilles" à 30c le bock eut une existence éphémère; une expropriation pour démolition mit un terme au "services rendus" par de jeunes créoles.
Mise à jour le 4/02/2010

Agnès Bihl En concert à l’Européen.

 

Agnès Bihl rêve général 02.jpg

Grand prix de l'Académie Charles Cros en 2005 pour son album "Merci maman, merci papa", prix Félix Leclerc et prix Francis Lemarque en 2006, Agnès Bihl, à l'occasion de la parution de son quatrième album, va se faire entendre en concert  à l'Européen les 10, 11, 12, et 13 février. Chanteuse à texte, Agnès se veut l'héritière de Brassens, Brel, Anne Sylvestre et se définit comme "Renaud au féminin". Chanteuse engagée et contestataire, elle aborde sans complexe tous les sujets d'actualité. Et comme quelqu'un m'a dit, c'est un vaccin contre la connerie, garanti non H1N1......

Théâtre l'Européen

5 rue Biot

75017 Paris

Métro Place Clichy

Autobus :

30 - 54 - 74 - NOCT C - 68 - 80 - 81 - 95 (Arrêt Place de Clichy)
30 - 54 - 74 - 80 - 95 (Arrêt Place de Clichy - Caulaincourt)
66 (Arrêt boulevard des Batignolles)

Informations - Billetterie :
Tél : 01 43 87 97 13
Les billets sont à retirer 30 mn avant le concert

Du lundi au samedi de 13h à 19h

Tarif réduit : étudiants et chômeurs
sur présentation d'un justificatif au moment du retrait des billets

Autres points de ventes :
  • Locations : Fnac – Carrefour
    0 892 68 36 22 (0,34 € / mn)
  • Virgin
AGNES BIHL + 1ère partie Dorothée DANIEL
Du mercredi 10 février au samedi 13 février 2010
chanson

Petite fée blonde au sourire d’enfant têtu, Agnès Bihl a beaucoup chanté ses colères tout au long de ses trois premiers albums. Pour son 4e opus REVE GENERALe, elle choisit de mettre un peu de sourires dans ses concerts et signe des chansons d’amour, des tranches de vie heureuse, des portraits drolatiques, des scènes de comédie.

 

A l’occasion de l’ultimatum climatique et de la fin de l’enregistrement de son nouvel album Rêve Général(e), Agnès Bihl vous offre le titre DE BOUCHE A OREILLES en téléchargement gratuit via http://www.believe.fr/agnesbihl ! Une chanson qui nous invite tous à agir dès aujourd’hui !

12:11 Publié dans Evènement | Tags : agnès bihl | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

28/01/2010

Gérard de Nerval : AUGUSTE KOTZEBUE, romancier, dramaturge, Meine Flucht nach Paris im Winter 1790.

par Bernard Vassor

(Gérard de Nerval fit un voyage sur les pas de Kotzebue et donna une traduction de "Mensonge et repentir").

 medium_Kotzebue_05_SEPIA_CADRE.jpg

August Friedrich Ferdinand von Kotzebue est né à Weimar le 3 mai 1761, assassiné à Mannheim le 23 mars 1819.

 Cet écrivain Allemand séjourna à deux reprises à Paris. D'abord en 1790, puis en 1804. Il a laissé des notes de voyage fort intéressantes sur les époques mouvementée de la révolution et du consulat.. Ensuite, attaché aux services de la Sainte Alliance, il fut tué d'un coup de couteau par un révolutionnaire nommé Sand. " Le 23 mars 1819, à dix heures du matin, un étudiant de l'université d'Iéna, Karl-Ludwig Sand, se présenta, avec une demande d'audience, dans la demeure de Kotzebue, qui lui donna rendez-vous pour l'après-midi. Il revint à l'heure indiquée, et, après avoir échangé quelques paroles avec Kotzebue, il le frappa au coeur d'un coup de poignard en s'écriant : "Traître à la patrie !". Il essaya ensuite de se tuer, et ne put que se blesser. Le procès dura jusqu'au mois de septembre; la sentence de mort ne fut prononcée que le 5 mai 1820, et l'exécution eut lieu le 20 mai. Un compte rendu du procès fut donné par Hohehorst (Stuttgart, 1820), mais la vente n'en fut autorisée que trois ans après. Dans le public, on plaignait non pas la victime, mais le meurtrier. Au reste, le crime de Sand, comme tous les crimes politiques, alla contre son but et ne fit que hâter la réaction. Quant à la réputation littéraire de Kotzebue, elle ne fut ni grandie ni diminuée par sa mort violente"

Sur son passage à Paris, Souvenirs de Paris en 1804 :medium_palais_royal_pour_kotzebue_05.jpg

TEMPS NOUVEAUX :

"L'habillement que l'on nomme aujourd'hui décent n'aurait pas été permis il y a deux cents ans aux femmes publique. Si cela continue, nos descendants habilleront leurs filles pour rien. On rit aujourd'hui, en songeant que dans un siècle peut-être on ne sera vêtu que d'une feuille de figuier; et cependant il y a moins de distance entre cette feuille et la chemise transparente d'aujourd'hui, qu'il n'y avait que les paniers que l'on portait il y a vingt cinq ans et le costume actuel. (..)On ne met plus de rouge, la pâleur est plus interessante. On appelle cela "une figure à la Psychée" (d'après le tableau du baron Gérard). Les dames ne se servent plus que de blanc, et laissent le rouge aux hommes. Il y a quelques femmes d'un certain genre qui portent des schalls de casimir et des voiles de dentelle, le reste est abandonné aux espèces. La grande parure est très simple, point de fard, point de poudre, les cheveux en désordre, un diadème en brillants, une tunique en dentelle, point de corps, point de paniers, et beaucoup de fleurs.(..)

La mère et la fille sont mises à présent  de la même manière, se tutoient; et quand elles se disputent, aucune ne cède. Toutes deux dansent la gavotte, chantent, jouent aux cartes, rentrent séparément chez elles  font des folies et se  boudent (...) Le nombre de filles publiques paraît s'être considérablement accru depuis la Révolution; à la vérité elles n'osent plus faire leur commerce que la nuit; celles qui habitent le Palais-Royal ne quittent pas leur demeure avant le coucher du soleil, pour folâtrer sous les arcades; mais en revanche on en rencontre partout qui étalent leurs appas nus, avec une profusion extraordinaire, et par tous les temps possibles. Il est inconcevable que ces pauvres filles puissent demeurer huit  jours en bonne santé; elles n'ont absolument rien sur le corps qu'une robe blanche très fine et parfaitement collante ;vraisemblablement, elles n'ont ,pas de chemise, car elle se ferait au moins deviner par un pli, attendu qu'ells tiennent toutes leur robe par derrière, et qu'elles lla serrent contre les cuisses, de manière à ne rien laisser perdre de leur forme. (..) A la vérité, elles ont sous les arcades du Palais-Royal, la facilité de se promener à pieds sec, et à l'abri du mauvais temps; mais dans les rues, elles bravent avec intrépidité la pluie et la grêle, quand elles pensent qu'il est de interêt d'y rester, et qu'elles présument le temps favorable à la recette.Il faut que le coin de la rue Vivienne et de celle des Petits-Champs** soit un bon poste pour le gibier, car je ne suis jamais sorti le soir du Palais-Royal sans ne trouver là un troupeau : un jour j'en ai compter jusqu'à quatorze à cette place. Il pleuvait à verse, la rue était sale et crottée; mais elles n'y faisaient aucune attention. Cependant j'ai cru remarquer qu'elles sont moins importunes, moins hardies qu'il y a treize ans*; elles n'attaquent les passants que dans les endroits obscurs; partout où brille la clarté de la clarté des réverbère , elles se contentent de se présenter.(...)

.......................................

« C’était le 24 mai 1820, on exécutait Sand, le pauvre Sand ! Il avait vu

Kotzebue plus grand qu’il n’était, et il l’avait tué… » Ainsi commence dans "Le Comte

Hermann" de Dumas l’évocation nostalgique des derniers soubresauts de la lutte des

étudiants révolutionnaires allemands contre l’ordre rétabli par le Congrès de Vienne

en 1815. Assemblés dans la Burschenschaft, ces jeunes gens qui avaient interrompu

leurs études deux ans auparavant pour prendre part à la guerre de libération contre

Napoléon prirent une part importante aux mouvements libéraux et nationalistes qui

agitèrent l’Allemagne de cette époque. (site des Amis d'Alexandre Dumas)

...............................

*Lors de son premier séjour à Paris en 1790. Il avait publié: Paris en 1790, puis :

Souvenirs de Paris en 1804 , 2 volumes, Chez Barba, palais du tribunal,galerie derrière le Théâtre Français numéro 51, An XIII

**Cet endroit est situé à vingt mètres de la rue des Bons-Enfants, rue Radziwill