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11/08/2009

Bing et l'Art japonais

Par Bernard Vassor
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A vu le jour le26 février 1838 à Hambourg, Siegfrid Bing suit en 1854 sa famille qui s’installe à Paris. Elle possède une entreprise de porcelaine et une fabrique de chapeaux à Lima !!!
Très rapidement, Siegfrid mit au point un système ingénieux pour produire de la porcelaine et des objets d’Art dans ses ateliers du 48, rue du Faubourg Saint Denis et qui remporta de nombreux prix lors d’expositions universelles.
En 1869, Bing présente à l’Union Centrale des Beaux Arts Appliqués, des céramiques d’inspiration japonaise pour les vendre dans sa boutique du faubourg. La guerre de 1870, le siège de Paris et la Commune vont l’obliger à s’exiler à Bruxelles. De retour à Paris en septembre 1871, il va se "dé-germaniser" et choisir de se prénommer Samuel. Il fait alors une demande de naturalisation qu’il obtient du Maréchal Mac-Mahon sans difficulté. Il va dès lors orienter son commerce dans les articles d’extrême-orient. Il ouvre un magasin au 13 rue Bleue où il vend des "japonaiseries" et devant le succès remporté, il installe 19 rue Chauchat une boutique plus grande dédiée uniquement aux objets et articles qu’il importe du Japon.
Sa "caverne", va dès lors devenir le centre d’attraction des peintres, sculpteurs et plasticiens de tous poils épris de cet art presque inconnu en Europe à cette époque. Les artistes se bousculent dans la boutique pour admirer les Ukiyo-é (images du monde flottant), les Tsuba (gardes de sabre), les Kizeru (pipes) et autres casques d’armure, masques en bois peint pour le théâtre de Nô. Un jeune peintre hollandais aura le privilège de pouvoir choisir à son aise les crépons japonais- il y dispose d’un espace dans le « grenier» - les Kakémonos, Makémonos, dont il se servira dans son œuvre. De plus il organisa deux expositions d’estampes japonaises dont la plus célèbre sera au «Tambourin» 62 boulevard de Clichy chez La Ségatori*.
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L’immeuble de la rue de Provence construit au 18ème siècle étant trop petit, Bing demanda à l’architecte Louis Bonnier de lui construire un immeuble à l’angle de la rue Chauchat (n°19) et de la rue de Provence (n°22) pour accueillir de nouvelles œuvres dans un genre inconnu alors. Ce sera le premier lieu au monde consacré à l’Art Nouveau. Il voyagea aux Etats-Unis, en Angleterre, en Belgique, au Japon bien sûr, pour propager les nouvelles techniques artistiques et industrielles.
Il mourut en 1905, laissant à son fils Marcel un immense empire.

L’immeuble « Art nouveau » démoli dans les années 1925, a été remplacé par un autre style « Art Déco » ! C’est aujourd’hui un bureau de poste.
Je parle le japonais

 

(c'est de la pure vantardise !)
うそ

 

L'ukiyo-é
«C'est dans le livre et dans l'estampe plus qu'en ses oeuvres peintes, que l'Ecole d'Ukiyo-é déroule tout le spectacle de la vie populaire. Elle note les faits et gestes de chaque classe-de la société, depuis l'ouvrier citadin et le fruste travailleur des champs jusqu'à la multitude bourgeoise et les classes supérieures de la société. Elle peint le mouvement confus et pittoresque des foules dans l'enfilade des rues ou dans les cours de temples, parées de fleurs de fête; elle s'attache tour à tour aux joies naïves et turbulentes de la troupe enfantine, aux tendres effusions des amoureux, aux fastes du théâtre, aux fêtes lascives et étincelantes du quartier de Yoshiwara; tous les aspects de cette vie bon enfant lui offrent des sujets sans fin: les excursions sous les cerisiers en fleurs, les retours animés de fête, divertissements sur l'eau, voyages par la grande route, cortèges brillants de grands seigneurs, les promenades nocturnes, égayées de mille rouges lanternes, les joyeuses culbutes dans la neige, les rondes échevelées à la folie.

Et c'est cet art de retracer de façon palpitante toute cette vie japonaise, de montrer à la fois l'éphémère de ces existences frivoles et l'éternel amour des grands spectacles de la nature; le don d'impressionner par les péripéties d'un drame sauvage ou de charmer par l'idyllique chanson d'une petite cigale dans l'herbe; l'habile façon de saisir en plein mouvement chaque étre au passage, avec l'allure typique qui le différencie de ses semblables; c'est tout cet art pimpant, où durant plus d'un siècle s'étaient mirées les mœurs d'un peuple exubérant: c'est toute cette Ecole d'Ukiyo-é, qui prend sa forme ultime et immuable dans le génie de l'immortel Hokusaï.»

SAMUEL BING, L'Art japonais avant Hokusaï : La Revue Blanche, Paris, premier semestre 1896

Quelques notes sur le japonisme :

Dans le désordre : les premiers amateurs en France

Charles Baudelaire, Philippe Burty (qui a inventé le mot japonisme) Les Goncourt, qui prétendent avoir été les premiers collectionneurs français.

Le magasin Bing rue Martel puis 19 rue Chauchat, Hayashi Tadamassa rue de la Victoire, les Sichel rue Pigalle. Madame Langweil place Saint Georges, Champfleury, qui est de toutes les coteries.

MagasinS : des boutiques de produits extrême-orientaux existaient à Paris en 1855, particulièrement La Porte Chinoise, fondée sous la Restauration ; mais on n'y voit apparaître des produits japonais qu'à partir de 1860. Ce n'est pas la Porte Chinoise, mais la boutique de curiosités de M. et Mme Desoye que Champfleury évoquée plus bas, boutique qui fut bien le lieu de réunion du cénacle dont Champfleury faisait partie. Les plus fanatiques connaissaient d'autres adresses, particulièrement celle de la Porte Chinoise, située  , 33 rue Vivienne (53, selon un tampon retrouvé au dos d'une estampe ayant appartenu à Vincent van Gogh.

Le 8 juin 1861, le Journal des Goncourt contient cette indication : "J'ai acheté l'autre jour à la Porte Chinoise des dessins japonais, imprimés sur du papier qui ressemble à une étoffe, qui a le moelleux et l'élastique d'une laine. Je n'ai rien vu de si prestigieux, de si fantastique, de si admirable et poétique comme art.."

09:45 Publié dans LES PRECURSEURS | Tags : van gogh, segatori | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

07/08/2009

Vincent van Gogh, une vie pour l'art : un film documentaire.

Par Bernard Vassor

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Dessin d'Emile Bernard.
C'est la première fois dans son histoire, que le Musée Van Gogh présente un documentaire éducatif sur vie et l'oeuvre de l'artiste.
Réalisé par le chercheur Teio Meedendorp, en collaboration avec Capital Data et Bobcat Media, ce film a nécessité deux années de travail.
Notre association a pour sa part, participé à la documentation historique et aux repérages pour ce qui concerne la vie de Vincent à Paris et à Asnières. Ce double DVD de deux heures, présente les 30 lieux en Europe (Pays-Bas, Belgique et France) où Vincent a vécu et travaillé. Un bonus contient une présentatioon des deux plus grandes collections au monde, le Musée Van Gogh d'Amsterdam et le Musée Kröller-Müller d'Otterlo (Pays-Bas) ainsi que des témoignages des membres de la famille. Des spécialistes du Musée Van Gogh évoquent les sources d'inspiration et de la lutte que Vincent à dû mener pour devenir un précurseur de  la peinture moderne.

30/07/2009

Le préfet de Police Gustave Macé et le cabaret du "Père Lunettes"

Par Bernard Vassor
Au mois d'octobre va s'ouvrir au musée de la Police une exposition pour le centenaire de la création de ce lieu..
C'est  le préfet Gustave Macé, qui est à l'origine des collections présentées, bien que son nom n'y figure pas.....
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On aperçoit à droite sur la photo les hottes de chiffonniers
déposés avant l'entrée du "mannezinc" du numéro 4 de la rue des Anglais.

Un logis de nuit « à la corde ».

Malgré l'épaisse fumée, on pouvait distinguer plusieurs tableaux et fresques humoristiques dont certains ne manquaient pas de qualité.

Comme au Château Rouge, il faut payer ses consommations à l’avance, et comme chez celui-ci, il fut fermé par décision préfectorale en juillet 1886. Cet établissement avait été fondé à la révolution par un certain Lefèvre. Il avait une énorme paire de lunettes cerclées de cuivre qu’il portait sur le front. C’est en raison de cette manie qu’il avait été surnommé le Père Lunette, fort de ce sobriquet, il a fait peindre sur sa boutique une énorme paire de bésicles, puis, il en avait fait faire une enseigne.  En 1856, c'est le père Martin qui en prit la succession.

La complainte du Père Lunette était traditionnelement chantée en coeur :

"A gauche en entrant est un banc

Où le beau sexe en titubant

Souvent s'allonge

Car le beau sexe en cet endroit

Adore la chopine et boit

Comme une éponge.

La salle est au fond. Sur les murs

Attendant les salons...futurs

Plus d'une esquisse

Plus d'un tableau riche en couleurs

Se détache plein de chaleur

Et de malice.

Les pieds posés sur  ce dos vert

Une Vénus de la Maubert

Mise en sauvage

Reçoit des mains d'un maquereau

Une cuvette pleine d'eau

Pour son usage" L’ancien Préfet de police Gustave Macé, dans ses souvenirs décrit l’assommoir de l’ancienne rue des Anglaise, aujourd’hui rue des Anglais. Cette voie devait son nom à l’établissement de Bénédictines anglaises qui s’étaient installées là en 1677 dans la maison dont le numéro conventuel était le 28. Charles Virmaitre en fait la description suivante : « En pénétrant à l’intérieur il, failli se trouver indisposé, ses poumons se remplissant de l’atmosphère viciée et chaude qui régnait à l’intérieur de l’établissement. Un comptoir en zinc derrière lequel trônent le débitant et sa femme, occupe, presque dans toute sa longueur le côté droit de la pièce d’entrée. Dans l’étroit couloir, séparant ce comptoir du mur lui faisant face se presse une foule avinée, buvant debout, criant gesticulant. Derrière, on voit, sur un banc scellé dans le mur au dessous d’une rangée de cinq barils, cinq ou six vieilles femmes en haillons, sales, dépoitraillées, les unes assises, branlant la tête avec la cadence automatique particulière aux ivrognes, les autres couchées ivres mortes, presque toutes ronflant à l’unisson » La salle du fond était on ne sait trop pourquoi baptisée « le Sénat ».. C’était la salle où avait lieu le spectacle pour mériter le nom de cabaret. Les murs étaient ornés de gravures obscènes ou politiques. Un violoniste accompagnait un chanteur dont le répertoire débutait toujours par La chanson du Père Lunette :

 

« Oui quelques joyeux garnements

battent la dèche par moment

Chose bien faite !

J’ai dans mes jours de pauvreté,

 

J’ai dit-on, beaucoup fréquenté Père Lunette »

On ne servait que très peu de vin, à peine six ou sept barriques par mois. La consommation principale, était une méchante eau-de-vie « maison » qui méritait bien le surnom de tord boyau à 3 pétards le verre (15 centimes).

Au début du siècle, on venait écouter les tours de chant de Dédé l'Oiseau, Gaston trois pattes, Armand le Geulard et Joseph le maigriot. La salle de bal était au fond, et rien ne la séparait de la salle de consommation à l'entrée, avec un comptoir en zinc, de longues tables, et des bancs....Vers  1930, c'était devenu "le bal des Anglais", dans un décor de coupe-gorge, des couples dansaient la chaloupée devant des fournées de touristes américains.

Sources : La rue ne figure pas dans  l'abbé Lebeuf : Histoire du diocèse….. Un des articles du statut des religieuses, ordonnait de prier pour le rétablissement de la religion catholique en Angleterre, la propriété ayant une superficie de 1790 mètres carrés fut vendue au profit de l’Etat en l’an VII.

*Les mêmes que pour « le Château Rouge »


29/07/2009

Virgine Dejazet, reine du Boulevard du Crime

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THEATRE DEJAZET
C'est le 30 aout 1798, au 115 de la rue Saint-André des Arts à Paris (ancienne numérotation) que Pauline-Virginie Dejazet vit le jour. Elle était le treizième enfant de la famille Dejazet dont le père étatit tailleur d'habits. Ses frères et soeurs étaient figurant ou participants aux coeurs de l'Opéra de Paris. Tout naturellement elle suivit des cours de danse dès qu'elle sut faire ses premiers pas. Le maître de Ballets Gardel de l'Opéra, Fut son premier professeur. A l'âge de cinq ans elle fit ses débuts dans un petit théâtre du jardin du couvent des Capucines. Sa soeur aînée Thérèse, lui trouva un rôle dans le Théâtre des Jeunes-rtistes situé à l'angle de la rue de Bondy (aujourd'hui rue René Boulanger) et de la rue de Lancry. Engagée ensuite au Théâtre des Jeune Elèves rue de Thionville (rue Dauphine) elle obtint des premiers rôles. Si bien que sa carrière naissante commença avec de nombreux succès. Un décret impérial supprtima de nombreux théâtres, dont celui des Jeunes-Elèves. La jeune Dejazet trouva un engagement au Théâtre du Vaudeville et débuta le 5 novembre 1807 dans une parodie vaudeville en un acte :«Le Fond du sac». Une féérie vaudeville jouée plus tard : «La Belle au bois dormant» lui valu les félicitations de la presse et les applaudissements du public. Elle débuta aux «Variétés» boulevard Montmartre le 2janvier 1817 dans une comédie de Brazier. Rompant son contrat avec les Variétés, elle partit pour Lyon et signa un contrat qui lui assurait deux mille six cents francs par an, une jolie szomme pour l'époque.avec Charrasson pour le «Théâtre des Célestins» Un admirateur lyonnais, marchand de sel nommé Perrin fut la cause de son départ précipité. Pour échapper à ses avances, il était venu l'attendre à la sortie du théâtre, un pistolet à la main pour la forcer à l'écouter, Virginie signa un contrat à Bordeaux au Théâtre-Français. Là son prestige augmenta encore, mais le « Français fit faillite en janvier 1821.

a suivre : Virginie Dejazet dans le rôle de Madeleine Biffeteackini, fille de l'aubergiste du "Veau qui Tette"

25/07/2009

Naissance d'Alexandre Dumas : 24 juillet 1802

Par Bernard Vassor

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Dumas a vu le jour rue de Lomet à Villers-Cotterêt on 24 juillet. Décédé le 5 décembre 1870 près de Dieppe. Il était le fils du général -Thomas-Alexandre Davy-Dumas de la Pailletterie* et de Marie Labouret, fille de l'aubergiste cotterézien Claude Labouret à "l'Ecu de France".
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Dumas au Panthéon le jour anniversaire en 2009.
Le site des Amis d'Alexandre Dumas père :http://www.dumaspere.com/pages/societe/sommaire.html
*Né à Saint-Domingue le 25 mars 1862, mort à Villers-Cotterêt le 26 février 1806. Sa mère Marie-Cessette (morte en 1772) était une esclave noire du domaine de Jérémie à Saint-Domingue
Engagé dans les "Dragons de la Reine" sous le commandement du franc-maçon duc de Guiches qui aimait bien les beaux garçons.  Coïncidence à noter : l'amant de "La Dame aux Camélias" Agénor de Gramont était aussi un duc de Guiches.

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18/07/2009

Les derniers indiens Charruas à Paris

Par Bernard Vassor

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Une femme et trois hommes, Senaqué, Tacuabé, le chef Vaimaca Pirù, Guyunusa transportés en France en France pour y être exhibés. Si l'image ci-dessus est une photographie, il ne peut s'agir que d'une reconstitution.
Plus précisément, ce qui est caché, c'est un français, François de Curel qui avait acheté ces indiens pour les exposer dans un cirque.
Deux d'entre eux sont morts atteint de phtisie à l'Hôtel-Dieu de Lyon le 23 juillet 1834 (il y aura 175 ans la semaine prochaine):  Tacunabé et la jeune squaw Michaela Guyunasa. Nous ignorons le sort des deux autres, sauf, que la dépouille de Vaimaca Piru fut à la suite de la création d'une association culturelle indienne, transféré de France vers l'Uruguay pour y être inhumé selon les tradition de son peuple..
Les Charruas furent presque enièrement décimés le 11 avril 1831, lors d'une "rencontre amicale" par le premier président urugayien Barnabé Rivera. Réunis sur les rives d'un torrent le Salsipuedes (sauve-qui-peut) plus de 500 indiens furent massacrés. Ce sont ces rares survivants qui ont été présentés à Louis-Philippe aux Tuileries.

11:29 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

17/07/2009

Un zoo humain rue du faubourg Saint Honoré, les indiens Ioways

Par Bernard Vassor

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A la salle Valentino, le 29 mai 1845, George Sand se rendit à un spectacle organisé par Alexandre Vattemare sous le prétexte encore admis aujourd'hui "d'échanges culturels" à mon avis, le premier zoo humain organisé dans le monde (l'exposition sera itinérante)  Vattemare était lemanager des Indiens "IOWAYS" accompagné d'un traducteur Jeffrey Doraway. Une exposition composée d'armes, d'ornements indiens, de scalps, et de plus de cinq cents toiles du peintre américain George Catlin, représentant des "indigènes", de scènes de chasse complétait ce "spectacle vivant". Pendant la durée de la tournée, en juin 1845, une jeune indienne nommée Oke-We-Me, atteinte de phtisie (comme la Dame au Camélias, inhumée dans le même cimetière)lors de sa visite Sand la trouva étendue sur une natte  "jolie encore, mais livide. Le noble guerrier Petit-Loup, lui prodiguait les plus nobles soins".
Elle est morte le 18 juin 1845, elle avait 27 ans.
George Sand ne fut pas la seule à faire cette visite salle Valentino :
Gérard de Nerval n'y voit que les restes dégénérés d'une civilisation primitive, Théophile Gautier était du même avis à quelques nuances près...Victor Hugo, et Charles Baudelaire. (qui dissertera sur l'art primitif et qui remarquera le sens inné de la couleur dont font preuve les sauvages en se peignant le visage,) feront aussi la visite de la "ménagerie" tout comme Delacroix.
George Sand donnera un long article dans le Diable à Paris Avec le titre suivant ; Relation d'un voyage chez les sauvages à Paris
Les IOWAYS :
La tribu venait des plaines du Haut-Missouri, près des Montagnes-Rocheuses. La "délégation" comprenait trois chefs de tribu : Ne-mon-ya (pluie qui marche) âgé de 56 ans, un géant de 6 pieds ! Me-hu-she-kaw (Nuage blanc), 32 ans, et Se-non-ty-ya (pieds ampoulés) 60 ans.
Il y avait aussi des guerriers : Le Grand Marcheur, Petit-Loup, Celui qui vatoujours en avant, Pluie Qui Marche.
Les squaws étaient au nombre de qutre :
Pigeon qui se rengorge, femme de Nuage blanc, Pigeon qui vole, Aigle femelle de guerre qui plane, et Oke-We-Me (ours femelle qui marche.)
Un bébé de de 2 ans et demie surnommée Ta-pa'ta-me (sagesse) qui était la fille de Nuage blanc et Pigeon qui se rengorge.
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La tribu Iyoway salle Valentino, 252 rue du faubourg Saint-Honoré.
...........
Après une nouvelle visite à la conservation du cimetière Montmartre concernant la sépulture de la jeune indienne inhumée en 1845, dans le but d'organiser une cérémonie traditionnelle. La super-Sherlock-Homes des archives du cimetière, madame Krieg, après des heures de nouvelles recherches a découvert que la concession avait été reprise en 1862, Alexandre Vattemare ne l'ayant pas renouvelée*
Un autre problème a été soulevé : la division 30, était à l'époque la division 23, puis la division 13. Or Okewé my ne figure pas sur les registres de ces divisions. Sur la matrice cadastrale un nom a été effacé complètement. Il est impossible à moins d'utiliser des moyens considérables de reconstituer cette partie. Une chose est donc certaine, c'est que nous ne sommes sûr de rien ! Mes remerciements anticipés vont également à madame le Conservateur du cimetière qui doit me donner une autorisation pour l'organisation en petit comité d'une cérémonie traditionnelle amérindienne.
L'organisation "en grandes pompes" en l'église de la Madeleine (comme Marie Duplessis), relevant davantage à mon avis, davantage à une opération publicitaire, qu'à une volonté de respecter les traditions des indiens Ioways!!!  
*Vattemare est mort en 1864. 
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George Catelin, "Danse traditionnelle"  
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Tony Johanot : Petit Loup au chevet d'Oke-we-me
*Notice sur les Indiens Ioways, et sur Nuage Blanc, premier chef de la tribu venu des plaines du Haut-Missouri Imprimerie de witterssheim 1845, 24 p.
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Emplacement de la tombe d'Oke We My (photo B.V)
 
*Alexandre Vattemare 1796-1864, était un artiste de théâtre, transformiste ventriloque, organisateur de spectaclesen Angleterre. Revenu en France il s'établit à Marly le Roi (faire recherches). Sa sépulture au cimetière Montmartre est régulièrement entretenue. Son fils, Alfred Vattemare (1825-1883) fut premier vicaire à l'église Notre Dame de Lorette.

 

 
Pierre -Alain Tillette, Catalogue du fond des Etats-Unis, précédé d'une étude sur Alexandre Vattemare et la bibliothèque américaine de la Vile de Paris, Mairie de Paris, 2002 

Squaw
10. Ruton-ye--mA, se pavanant le pigeon, l'épouse du nuage blanc
11. Ruton--je, pigeon sur l'aile
12. Oke--je, ours femelle qui marche sur le dos des autres
13. Koon-za-ya-je, navigation femelle d'aigle de guerre
14. Ta-PA-ta-je, Sophia, sagesse, la fille du nuage blanc
15. Corsaire, un papoose.

16/07/2009

La Dame aux Camélias à la télévision, suite

Par Bernard Vassor

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Tombe d'Alphonsine Plessis au cimetière Montmartre.
J'ai une indulgence inépuisable pour
les courtisanes, et je ne me donne
pas la peine de discuter cette indulgence
A.Dumas fils
En préhambule à la diffusion de la "Traviata", France2 donnait hier un documentaire sur la vie et la mort de la Dame aux Camélias. Bien que mon nom figure au générique à "l'insu de mon plein gré", je me permet quelques petites observations.
Présenté par l'inenarrable Christophe Hondelatte qui a débité toutes sortes de lieux communs emaillés d'erreurs . Malheureusement il était servi par le conservateur du musée de la Dame aux Camélias nous donnant dans un français approximatif des explications vaseuses sur les lorettes et les grisettes (il faut lui dire que Tortoni n'était pas un restaurant, mais un glacier). Même le très érudit Jean Darnel (je ne sais pas ce qui a été coupé au montage) s'est laissé aller aux facilités et aux clichés mille fois rabachés et à quelques anachronismes sans gravité, mais impardonables pour un tel connaisseur. Juste en passant... quelqu'un s'est-il posé la question de savoir si il y avait une période de floraison pour les camélias ??? (c'est le jardinier qui parle). Si elle en portait un tous les jours à son corsage, la fleur devait avoir triste mine hors saison !
Dumas fils n'était pas à Paris lors de la mort et des obsèques de Marie Duplessis. Le dramatiste était parti un an plus tôt sur les pas de "la Dame à la Perle" en Russie (dont il a tiré un roman en 3 volumes en 1854) C'était la comtesse Nesselrode* parente du ministre russe des affaires étrangères qui voyageait avec son mari, dont Alexandre le petit était fort épris. Son père n'était pas avec lui contrairement à ce qui est dit dans le documentaire. Le prétendu amant de coeur était en Algérie en Janvier, et se trouvait à Marseille à ce moment là.
La prétendue biographie qui nous a été servie, ne tient que par les révélations de "Dumas le Petit" et de Jules Janin qui tenait ses informations...d'Alexandre Dumas ! Il lui fit la préface de la quatrième édition du roman en 1852.
Pour ce qui concerne le roman, le présentateur vedette a répété que c'était le livre qui avait été le plus vendu au XIX° siècle....
Les romanciers Paul de Kock ou Xavier de Montépin avaient des tirages supérieur à ceux de Balzac, Sand Hugo, Dumas réunis.
Le roman (l'édition originale en 2 volumes in-octavo) est sorti en pleine révolution, celle de février et de juin 1848 n'a pas eu de succès. Dumas fils en fit une pièce de théâtre qui  fut reçue en 1849** au" Théâtre Historique" de son père sur le Boulevard du Crime qu'il à lue à Virginie Dejazet en 1850. Celle-ci a refusé le rôle qui échut à Eugénie Doche en 1852, au théâtre du Vaudeville.
A SUIVRE........
* Lydie Zakrefska, femme du comte Nessellerode qui avait conçu le projet avec deux autres grandes dames de créer une "société de débauche en participation" avec comme sujets choisis parmi l'élite et des jeunes premiers comme servants....Le jeune dramaturge semblait donc un beau poisson pris dans les filets du trio infernal.
*La pièce ne fut pas jouée en raison de la faillite d'Alexandre Dumas père
Articles précédents :

13/07/2009

L'hermaphrodite Adélaïde Herculine Barbin, dite Alexina, Camille ou bien Abel

Par Bernard Vassor
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Planche anatomique du premier périodique scientifique.

Observations sur l’histoire naturelle, sur la physique et sur la peinture
Paris Delaguerre 1752-1755Observations sur l’histoire naturelle, sur la physique et sur la peinture
Paris Delaguerre 1752-1755

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Adélaïde Herculine Barbin, dite Alexina était née le 8 février 1838 à Saint-Jean d’Angély. De 1845 à 1853 elle séjourna d’abord à l’orphelinat, puis au couvent des Ursulines de Chavagne. De 1856 à 1858 elle vécut à l’école Normale d’Oléron3.   De 1858 à 1860 elle devint institutrice dans un pensionnat. S’étant plainte de douleurs dans l’aine, elle fut   auscultée par un médecin de La Rochelle, le docteur Chesnet.

Son examen indique :

« Alexina qui est dans sa vingt deuxième année, est brune, sa taille est de 1,59 m. Les traits des on visage n’ont rien de bien caractérisé et restent indécis entre ceux de l’homme et de la femme. La voix est habituellement féminine, mais parfois il s’y mêle dans la conversation ou dans la toux des sons graves et masculins. Un léger fuvet recouvre la lèvre supérieure ; quelques poils de barbe se remarquent sur les joues. La poitrine est celle d’un homme, elle est plate et sans apparence de mamelles. Les règles n’ont jamais paru. Les membres supérieurs n’ont rien de formes arrondies qui caractérise ceux des femmes bien faites ; ils sont très bruns et légèrement velus. Le bassin et les hanches sont ceux d’un homme ».

Un journal local : L’Echo rochelais, suivi un peu plus tard par d’autres feuilles du département, se fait  le haut-parleur d’une indiscrétion certainement d’origine médicale en annonçant :

Comme il n’est bruit dans notre ville que d’une métamorphose é

Adélaïde Herculine Barbin, dite Alexina, est née...
Elle séjourna d'abord
S'étant plainte de douleurs dans l'aine, elle fut auscultée...
Les membres supérieurs n'ont rien des formes arrondies qui caractérisent...
De 1860 à 1868, il vécut à Paris...
manuscrit qui fut exploité...trange, extraordinaire en physiologie médicale, d’après des renseignement pris à bonne source (on ne disait pas encore de source sûre..) :

Une jeune fille âgée de 21 ans, institutrice (..)avait vécu dans l’ignorance d’elle-même, c’est-à-dire dans la croyance d’être ce qu’elle paraissait dans l’opinion de tous (…) enfin, tout récemment, une circonstance fortuite est  venue jeter un certain doute dans son esprit ; appel a été fait à la science et une erreur a été reconnue….

La jeune fille était un jeune homme !!! »

Un autre journal peu scrupuleux  ajoute hypocritement par prétérition :

« Dans l’impossibilité de nous reconnaître dans tous ces bruits, les cancans se sont répandus dans le quartier Saint-Jean, nous nous sommes abstenus d’entretenir nos lecteurs des faits avant de les bien connaître.

Voici les renseignements puisés à bonne source :

(…) »

L’article reprend ensuite les informations de l’Echo rochelais en insistant bien sur le fait qu’elle était institutrice et …compatriote.

….

En 1860 son état-civil fut réformé par le tribunal de Saint-Jean d’Angely Alexina devint Abel Barbin.

De 1860 à 1868 il vécut à Paris.

Au mois de février 1868, on a retrouvé à Paris dans une chambre du quartier de l’Odéon le cadavre d’Abel Barbin qui s’était suicidé avec les émanations d’ un réchaud à charbon. Il avait laissé un manuscrit qui fut exploité plus tard par un médecin aliéniste le docteur Ambroise Tardieu.

Depuis l'antiquité, les hermaphrodites ont été considérés comme des monstres, tout juste "bons à jeter à la mer".D'ambroise Paré (le pire en inhumanté), aux aliénistes du XIX° siècle ces hommes-femmes ont servi d'animaux de laboratoire sur des tables de dissection ! 

12/07/2009

Schaunard, synestésiste sans le savoir

PAR BERNARD VASSOR

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Amand Gautier : la brasserie Andler, autour de la table, A. Gautier, Cabaner au milieu (un autre synestésiste) et Alexandre Schanne faisant la conversation.
Schanne a vu le jour en 1823 à Paris (vraisemblablement 24 rue aux Ours) il est mort à Paris le 13 mai 1887 dans son magasin de jouets rue des Archives. 

 Alexandre Schanne de son patronyme authentique, baptisé par ses amis Schanard-Sauvage ou Schanne à pêche.

Son père était fabricant de jouets rue aux Ours. Il avait inventé des animaux en carton recouverts de peaux véritables.

Schanne fut l’élève de Léon Cognet. Doué aussi pour la musique, il avait pris l’habitude de peindre tout en bleu après avoir passé des journées entières sur les tour de Notre-Dame.

Il composa vraiment la symphonie intitulée : « De l’influence du bleu dans les arts », faisant ainsi de la synesthésie bimodale sans le savoir ! Ou bien de la synopsie ; c'est-à-dire la perception de sensations liées à un autre sens, provoquant des phénomènes de vision colorée (comme après l’ingestion de peyotl).

Cette symphonie était liée dans le livre de Murger à un tableau de Schaunard : « Le passage de la mer rouge ».

On l’a décrit comme étant de grande taille, le front découvert, le nez proéminent qui avait la particularité selon Henri Murger, d’être camard de face, et aquilin de profil ! Il avait des yeux très fin et portait à la fin de sa vie une petite barbe blanche.

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La seule trace de son œuvre picturale est résumée dans une notice du salon de 1850 :

Alexandre-Louis Schanne, 21 rue Notre-Dame de Recouvrance

Numéro 2756, portrait de Mme Pierre

C’est tout !!!

Pour ce qui concerne la musique, une romance : "Alain, Chartier des grains",sur des paroles de son ami Auguste Chatillon.

Schanne mort en 1886 rue des Archives, né en 1823.

Il y eut des usurpateurs qui utilisèrent son nom dont un avoué de province qui fut démasqué en 1877.

Champfleurypour sa part avait décrit le visage de son ami. La moustache tombante, les cheveux longs, Il était en dessous de la vérité lorsqu'il parlait de son nez que Cyrano de Bergerac aurait pu envier. Ce compagnon de Murger qui ne fut jamais du cercle des "Buveurs d'eau" en raison de l'aide apportée par ses parents (Il était stipulé dans les statuts que les membres de la secte ne devaient avoir aucune autre activité qu'artistique, et ne vivre que de leur art)
Pilier du café Momus, il avait un réel talent , pianiste compositeur, attesté par Champfleury. Malheureusement nous n'avons aucune trace de son oeuvre musicale. En revanche, y a quelques tableaux dans des collections privées, et à la Bibliothèque nationale, une estampe et un dessin.
Il a sur la fin de sa vie laissé un livre d'anecdotes sur la Vie de bohème: "Les souvenirs de Schaunard".
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Le musée Carnavalet abrite ce buste en terre cuite très étonnant.

10/07/2009

La maison de la Boule d'Or à Montmartre

Par Bernard Vassor

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Chemin vicinal de la Grande communication de Batignolles à Montmartre, devenu rue Marcadet en 1868.
L'emplacement de l'immeuble actuel 112 rue Marcadet était occupé au XVIII° siècle par deux maisons distinctes, occupées par  deux propriétaires différents. Les deux maisons furent réunies en 1771 pour le comte Barthélémy Agirony de Corsé qui transforma de fond en comble les bâtiments pour en faire une "folie". Le comte vendit sa propriété en 1788 à un marchand de vin, Hubert Tory. Après la mort de celui-ci, la "maison de campagne de la Boule d'Or" (c'est la première fois que l'on vit apparaître ce nom, dû à une grosse boule dorée qui surplombait le belvédère) fut vendue en 1811 au baron Jean-Babtiste-Léon Michel, baron de Trétaigne qui fut nommé maire de Montmartre en 1855. Grand amateur d'art, il devint l'ami de Delacroix, Troyon, Jean-Baptiste Rousseau, Diaz de la Penã qui furent invités à exposer dans sa maison de la Boule d'Or, qui devint une véritable galerie où l'on pouvait apprécier les jeunes peintres et sculpteurs qui allaient devenir les précurseurs d'un art moderne. La femme du baron, madame Léon de Trétaigne était elle-même statuaire et tenait un salon qui était fréquenté par des artistes de tous genres; musiciens, poètes, écrivains, se réunissaient dans ce salon. madame Mauté de Fleurville future belle-mère de Verlaine y donnait des concerts de piano. Paul Verlaine était aussi un habitué de ce salon. C'est là que Mathilde Mauté vit pour la première fois l'auteur de "Sagesse".
Le baron mort en 1872, toutes les oeuvres entreposées chez lui furent vendues à Drouot. La baronne Léon, resta avec son fils propriétaire des lieux, avec son gendre, et sa fille marquis et marquise de Courcival . La maison fut ensuite amputée d'une portion part suite du percement de la rue Ordener. La maison fut menacée pour la construction de la nouvelle mairie. On trouva un autre emplacement pour la mairie. Le soulagement des défenseurs de Montmartre fut de courte durée, la spéculation foncière eut raison de la maison qui succomba sous la pioche des vandales en 1903 pour le percement d'une rue qui porte le nom du baron de Tétaigne. Elle commence 112 rue Marcadet, et prend fin au 117 ter rue Ordener.
Le "Dictionnaire des lieux à Montmartre" (éditions Roussard) indique l'existence d'une autre maison "de la Boule d'Or" rue de la Fontenelle en 1830, entre la rue Ramey et la rue de la Barre.
RECTIFICATION :
Jean-Baptiste-Michel-Léon baron de Trétaigne le maire de Montmartre est mort en 1865, sa femme était née Elise Cordier. C'est la vente après décès qui a eu lieu en 1872 à Drouot. Son fils le baron Léon lui aussi,est mort en 1876.

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09/07/2009

Paul Sescau le montmartrois

Par Bernard Vassor

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Au troisième étage du 66 rue Pigalle, aujourd'hui disparu.
C'est à cet endroit, et non au 9 place Pigalle comme indiqué sur l'affiche de son ami Toulouse-Lautrec que se trouvait un des ateliers (minuscule : 2,75m X 2,75m) de Paul Sescau. L'autre, plus grand était situé 53 rue Rodier. Une petite précision, le 9 place Pigalle était l'entrée du célèbre café de "La Nouvelle Athènes" (c'est dans ce lieu que Henry a fait le portrait de son ami Vincent). Bien que situé au dessus de ce café, l'entrée était rue Pigalle. Il y avait une autre entrée rue Frochot. Sescau fut le premier à photographier les oeuvres de Toulouse-Lautrec. Il figure en tant que personnage sur bon nombres de toiles :
"Au Moulin Rouge","la Danse au Moulin Rouge", à côté d'Yvette Guilbert, "la baraque de la Goulue" avec Oscar Wilde et Félix Fénéon.
 
Affiche de Toulouse-Lautrec 1894.
Le 16 mars 1895, Sescau offrit à son ami à son domicile 53 rue Rodier, un repas mémorable, dont voici le menu :
La Bouillabaisse
Hors d'oeuvre :
L'agnelet rôti
Le Sarigue en Liberty*
Foie gras de l'oie Fuller**
Végétables
Pièce humide
Cheese and fruits
Ti noir
Pivre Lilas frotteurs
&
Champagne Charlie.
Il faut dire que Zola, peu de temps auparavant, avait offert un dîner où il proposait du kangourou.
Sescau illustra en 1897 de "100 photographies d'après nature" un roman populaire de la comtesse de Martel (Gyp) intitulé "Tototte", édité chez Nilson Lamm en 1897.
Sescau fut un précurseur du roman photographique, sous le pseudonyme de Van Pusch, il définit dans une enquête d'André Ibels
*Jeu de mot un peu douteux, le sarigue est un marsupial à très longue queue, rappelons que Henri, pour des raisons similaires, avait été surnommé "La cafetière" et à l'époque Samuel Bing avait importé d'Angleterre et mis à la mode, dans son exposition "Art Nouveau" les tissus imprimés fleuris du marchand Arthur Lassenby Liberty.
**Faut-il préciser que la danseuse américaine dite "la Loie Fuller" rencontrait un immense succès avec sa danse sur un carré de lumière électrique où elle faisait virevolter de nombreux voiles ? Le peintre d'Albi  était un de ses fervents admirateurs, avec Rodin, qui eut une liaison avec elle, Camille Flamarion, qui dans un moment d'égarement amoureux la nomma membre de la Société d'astronomie, et Pierre et Marie Curie à qui elle avait demandé des morceaux de radium, afin de les coudre sur sa robe qui serait ainsi devenue phosphorescente !!!

07/07/2009

La guinguette du Moulin-Joly

Par Bernard Vassor
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Entrée des cuisines, par WATELET.

Sur « l’Isle des Druides », appelée également l’île Marante à Colombes.

Nous devons aujourd’hui à l’inénarrable abbé Lebeuf, pornographe malgré lui, l’histoire de ces petites îles situées entre Asnières et Argenteuil, face à la ville de Colombes,

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L’existence des druides est attestée par l’historien Léon Quénéhen qui signale : « Ne perdons pas de vue que les druidesses n’habitaient pas avec les druides, mais dans des îlots voisins, d’où elles venaient à des époques fixes, et la nuit, leur rendre visite, pour y retourner avant le jour. »

Un épisode de la vie de l'auteur du Temps des Cerises

Par Bernard Vassor

Le village de l'île des Druides est mentionné pour la première fois au XII° siècle comme appartenant à l’abbaye de Saint-Denis, on y cultivait la gaude, une variété de réséda, utilisée pour la teinture du jaune.
L’usage s’était établi, de faire chaque année une procession par les vignes où l’on portait le saint sacrement pour les préserver des vers...
Cet usage a été remplacé par l’exorcisme, ce qui est nettement plus approprié ! Le peintre Claude-Henry Watelet, conseiller du roi, receveur général des finances, poète à ses heures, aménagea son domaine sur l’île Marante, surnommée aussi « l’île enchantée ». Watelet, passionné par l'art des jardins, architecte paysagiste, il avait aménagé ce petit coin sorti des eaux entre Nantezrre Houilles et Bezon. Il y reçut la Pompadour, madame de Tencin, Maurepas, Saint-Lambert et Voyer D'Argenson.
Il avait fait graver sur les arbres des lieux, des sentences rimées sentimentales ou philosophiques. C’est également là que Louise Compoint,( la famille Compoint possède à Montmartre trois voies qui portent son nom) propriétaire du Moulin-Joly, reçu un compliment en vers de son neveu le jeune Jean Baptiste, à l’occasion de son mariage avec un nommé Poullain autour des années 1855.
C’était la première tentative rimée d’un certain « Jean Baptiste Clément » qui habita plus tard le village de Colombes, en ménage avec une compagne qui avait deux enfants *. Décrété bien national à la révolution, le moulin fut démoli en 1811, et reconstruit en 1830. C’est à cette époque qu’il sera, selon l’usage, transformé en guinguette. Ce droit « coutumier » consistait en une autorisation pour les meuniers de pouvoir exploiter quelques arpents de vigne autour des moulins, de pouvoir servir des galettes confectionnées uniquement avec la farine du moulin et de boire le vin de la vigne du meunier, si toutefois on peut appeler vin une affreuse piquette additionnée d'eau....Après quelques années, Louise Poullain se sépara de son mari et vint habiter à Montmartre rue Houdon, 10, où Jean Baptiste poursuivi par la police, trouva bien souvent un refuge.

*Archives personnelles.

01/07/2009

Propriété intellectuelle : une information de l'association "Il Etaix une fois"

 

Par Bernard Vassor

Pierre Etaix image livre Cherche midi.jpg
L'association "Il Etaix une fois" nous communique :

Vous le savez peut-être déja... 
Une grande nouvelle est tombée

………
Après des années de procédure, le tribunal de grande instance de Paris a tranché: Pierre Étaix et Jean-Claude Carrière ont été rétablis dans leurs droits et la société Gavroche Production déboutée de toutes ses demandes. (Vous trouverez un petit résumé du jugement en visitant le lien en bas de page).

Une bonne nouvelle n'arrivant jamais seule, nous sommes heureux de vous annoncer la naissance de l'association "Il Étaix une fois...".
L'association s'est fixée deux objectifs: favoriser la transmission du patrimoine artistique de Pierre Étaix, et apporter une assistance technique, logistique, juridique, matérielle ou financière aux auteurs rencontrant des difficultés pour produire, exploiter, diffuser et jouir librement de leurs œuvres (cf. article 2 des statuts). 
Ainsi, " Il Étaix une fois... "  se propose d'accompagner (dans la mesure de ses moyens) tout créateur dans l'impossibilité de faire valoir ses droits ou de financer le conseil d'un avocat spécialisé du droit d'auteur et de la propriété intellectuelle.

L'un des premiers bénéficiaires de cette mesure pourrait bien être Pierre Étaix lui-même car, après des années de procédures, le clown-cinéaste se retrouve aujourd'hui dans l'impossibilité de faire face, seul, aux frais d'avocats engendrés par ce trop long procès. 
L'association envisage donc la possibilité de prendre en charge une partie des honoraires d'avocats restant dus ou à venir.

Plus de détails en visitant cette page:
http://sites.google.com/site/iletaixunefois/
D'autre part, plusieurs artistes nous ont fait part de situations souvent complexes, voire intolérables, quant respect de leurs droits les plus élémentaires. Deux "épais dossiers" ont déjà été confiés aux premiers "avocats-adhérents" de l'association.
Vous l'avez compris, les besoins sont réels.

Notre détermination l'est tout autant.
 
Aujourd'hui, nous avons besoin de soutiens, de compétences et de moyens.
Ne l'oublions pas: "Ce qu'une goutte d'eau ne peut, l'orage le pleut " 
" Il Étaix une fois..."
    Association loi de 1901  

Après des années de combat, Pierre Étaix et Jean-Claude Carrière vont enfin pouvoir restaurer et diffuser leurs films. La justice vient en effet de leur donner raison dans le litige qui, depuis 2007, oppose les auteurs à la société Gavroche Productions.
Mais la justice a un coût et aujourd’hui, Pierre Etaix, 80 ans, n’est plus en mesure de faire face aux frais de procédures engagés et à venir.

Ses honoraires d’avocats (plus de 80 000 euros à ce jour) l’ont déjà contraint à se séparer de sa maison familiale de Roanne. L’éventualité d’un appel, l’obligation d’établir un nouveau contrat de cession de droits pour la ressortie de ses films représentent une un coût que l’artiste ne peut plus assumer seul.

.......

Aidez-nous à aider Pierre, afin qu'il retrouve la jouissance de son oeuvre....

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29/06/2009

Le Grand Guignol : à Montmartre le soir

Par Bernard Vassor

Le "théâtre du Grand Guignol" d'Oscar Méténierfit appel à Jules-Alexandre Grün pour la publicité de ses premières représentations.

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Un épisode cocasse au théâtre de la rue Chaptal

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Un chien de commissaire, Oscar Méténier.

Dans les locaux de l’ancien Théâtre-Salon, 20 bis rue Chaptal, on pouvait noter à l’affiche, les noms de Georges Courteline, Jean Lorrain et Oscar Méténier.
La censure s’abattit sur le théâtre, interdisant la programmation de certaines pièces.
Georges Courteline avait porté plainte contre le ministre, Méténier lui, avait utilisé un subterfuge : il faisait sortir le public à la fin des pièces autorisées, puis il l’invitait à rentrer de nouveau à guichets fermés sur invitation personnelle, pour assister à l’adaptation d’une pièce de Maupassant qui était le principal grief retenu par Anastasie. Malgré cela, le Grand-Guignol fut rouvert avec autorisation de jouer Mam’z’elle Fifi.

Oscar etait le fils d'un commissaire de police, lui même secrétaire du commissariat de la Roquette, ses amis l'avaient surnommé « le chien de commissaire. »
Chassé de son poste, Méténier fut remplacé par une autre personnalité montmartroise : Emile Reynaud.

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Il allait écumer Montmartre en compagnie de ses compagnons de beuveries d’orgies, et de consommation de stupéfiants de toutes sortes, de l'ether à l'opium. Chaque plaisir avait son lieu d’élection : les brasseries de femmes pour femmes, les brasseries de femmes pour les deux sexes.
Parmi les membres de ce cénacle, Liane de Pougy, medium_Liane_de_Pougy.jpgRachilde et Sarah Bernard figuraient en bonne place.

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 medium_Rachilde_Marguerite_Eymery_dite.jpgDans « La vache enragée » Jean Lorrain l’historiographe des bas-fonds raconte :
-« C’était dans Montmartre de longues flâneries, du matin au soir, cigarette aux lèvres, des halles au Rat Mort, en compagnie de petites femmes à cheveux courts, des stations et des beuveries dans le cafés de la rue des Martyrs, pour aller s’échouer dans l’atelier d’un peintre ami. Le soir on montait la rue des Abbesses ou des Trois Frères, et c’étaient d’interminables errances dans les inextricables ruelles qu’occupent aujourd’hui les assises du Sacré-Cœur »

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Thibaut d'Antonay, Jean Lorrain, Miroir de la Belle Epoque, Fayard 2005
Photo : à gauche, Liane de¨Pougy
à droite Marguerite Emery dite Rachilde
PORTRAITS DE METENIER PAR LAURENT TAILHADE ET LEON DAUDET :
http://freresgoncourt.free.fr/portef2001/PortfOct/metenie... 
Laurent Tailhade, G. Crès et Cie, 1921 Extrait de Petits Mémoires de la vie Extrait de Petits Mémoires de la vie :
En ce temps, l'auteur de Monsieur Betsy, de Madame la Boule, des Frères Zemgano et autres œuvres exemptes d'idées générales, discernait à peine l'orient de son étoile, dans les brumes du futur. Il sortait du régiment. Sa belle écriture, sa faconde opiniâtre, sa vulgarité, son outrecuidance naïve et couronnant le tout, un incassable respect de l'ordre établi, en avaient fait le parangon des sergents-majors. Dans le civil, encore que vêtu comme n'importe quel rond-de-cuir, il n'avait pas abdiqué toute allure militaire. Sanglé dans son harnais, il gardait je ne sais quoi de fringant et d'avantageux qui décelait en sa personne l'irrésistible sous-off. Secrétaire du commissaire de police pour le quartier Saint-Jacques, il préludait à sa carrière intellectuelle par l'exercice d'une fonction, héréditaire chez les siens. En effet, M. Méténier le père avait pris 0scar dans ses bureaux de la rue Jean-de-Beauvais.Ainsi l'instruisait-il dans les arcanes de son art. En dépit du prénom ossianesque dont il était affublé, Méténier junior n'avait en lui rien de gaélique ou de pensif. Petit, remuant, agité d'un tracassin perpétuel qui ne le laissait pas dix minutes en place et le faisait rebondir, de droite à gauche, comme un escarbot effaré, c'était un jeune homme sans jeunesse, le poil brun, les yeux du même, inexpressifs et ronds, la peau huileuse, avec le teint noir jaune des hépatiques, des dents superbes qu'il ne soignait guère, une moustache soldatesque et pommadée, un chef en boule, au menton fuyant, sans reliefs ni méplats. Tel apparaissait Oscar Méténier dans la fleur de son avril. C'était, en outre, un bavard effroyable. Ni l'heure, ni l'intervention d'étrangers, ni le désir avoué de rompre l'entretien ne parvenaient à lui imposer silence ; dès qu'il avait pris la parole et mis la main sur sa victime, c'en était fait. D'une voix de crécelle, enrouée et criarde tout ensemble, d'une voix étrange qui ne sortait des lèvres ni de la gorge et semblait tamisée à travers une pratique de polichinelle, sinon par le rauque gosier d'une effraie en chasse, il verbigérait, sans ponctuer ses phrases ni prendre haleine, pendant une longue suite d'heures, toujours dispos, toujours en forme. Il parlait comme le chien aboie à la lune. Il parlait comme la mer monte ou comme il pleut.
Vers 1885, on le rencontrait chez un manœuvre de lettres, Charles Buet, lequel, chaque semaine, groupait autour de lui, dans son appartement de la rue de Breteuil, un monde paradoxal et bigarré. Méténier, heureux de se produire à des confrères hors de page ou renommés pour avoir d'utiles accointances, bourdonnait, caracolait, coinçait les gens entre deux portes et les submergeait sous le flot de ses discours. MM. Félix Fénéon, Victor Margueritte, moi-même, et, parmi les morts, Jean Moréas,formions un auditoire qu'il aimait. Son esthétique, bientôt, n'eut plus de secrets pour nous. Les rapports de police l'avaient illuminé. À déguster cette prose forte qui sent le cuir, l'aramon, le tafia, la pipe et le sergot, il avait compris, d'un seul coup, l'essentiel du Naturalisme, la beauté du langage primaire ; il avait aspiré à l'Art simple et véritablement plébéien, en un mot, à l'Art sans art et mis au niveau du premier venu. Ces palabres, fort avant dans la nuit, se prolongeaient sur l'Esplanade, le long des quais, jusqu'à nos logis respectifs. Quelque intimité en fut bientôt le résultat, au point que Méténier, un beau soir, invita Moréas, M. Fénéon,peut-être aussi M. Victor Margueritte et moi, à passer l'après-midi ainsi qu'à dîner avec sa famille, le dimanche suivant. Il nous promettait la lecture d'une ou deux pièces, écrites pour le Théâtre Libre, suivant les canons du réalisme le plus intransigeant. En outre, il devait nous communiquer les rares éditions, les livres curieux, légués avec sa bibliothèque de travail, par un sien parrain ouvert aux choses de l'esprit.
La jeunesse est imprudente. Nous acceptâmes. Vers deux heures, donc, au jour dit, nous frappions à la porte d'Oscar. Il vint, nous introduisit dans son cabinet de travail. C'était la pièce d'apparat ; on sentait que le grand homme de la famille, gloire de la gent Méténier, se prénommait Oscaret que, désormais, tout cédait au bien-être du grand homme, concourait à la mécanique de ses élucubrations. La journée était froide. Un admirable feu de bûches rayonnait dans l'âtre et disposait aux vagues somnolences d'une causerie à bâtons rompus. Mais notre hôte ne l'entendait pas ainsi. La lecture ne fit point défaut. Pendant trois heures d'horloge, sans même que le lecteur eût pris un verre d'eau, nous entendîmes, outre les deux actes du programme, de copieuses nouvelles ; en même temps, le scénario d'un roman-feuilleton. Déjà, cependant, l'auteur aspirait à de plus hautes aventures. Ne sachant pas le russe, mais déjà certain de parler aussi bien que le français la langue tolstoïenne, il projetait de traduire, pour M. Antoine, la Puissance des ténèbres dans le verbe imagé de «la Zone», item de mettre à la scène un roman des Goncourt. L'un de nous, alors, gravement lui suggéra de ne pas s'attarder en si beau chemin, d'étendre, sur Athalie et Mithridate ses bontés, qui ne pouvaient que gagner à être mis dans un français tellement nouveau. À cinq heures et demie, Mme Méténier, la mère, vint installer, devant le feu entretenu diligemment, une vaste coquille, ainsi qu'un tournebroche à mouvement d'horlogerie où s'ajustait une dinde (elle disait «un» dinde) pantagruélique de la plus belle apparence. En peu de temps, la peau du volatile se boursoufla, tandis que ruisselait le beurre et qu'une forte odeur de rôti pénétrait nos vêtements et nos cheveux. Cela n'arrêta pas Oscar de poursuivre sa lecture, jusqu'au temps que, la dinde cuite à point, il nous fallut gagner la table et nous mettre à dîner. Pendant le repas, la lecture ne fut pas tout à fait interrompue. Oscar, à chaque instant, négligeait sa volaille pour aller chercher un livre, un cahier, nous demander notre avis sur quelque point de «gay-sçavoir». Et je songeais à l'épigramme de Martial, plus aisée à citer qu'à traduire, contre Ligurinus : Et stanti legis et legis sedenti, - Currenti legis et legis cacanti. - Ad cænam venio fugas sedentem. - Lassus dormio :: suscitas jacentem !*

.........

Les années d'apprentissage furent courtes pour Méténier. Comme Pierre Loti, mais cependant moins artiste que l'auteur d'Azyadé, il se glorifiait, à bon droit, de ne savoir aucune chose. En récompense de quoi le succès ne se fit pas attendre. On était alors en pleine ferveur naturaliste. À peine si, dans quelques feuilles d'avant-garde, la réaction de l'École décadente se faisait pressentir. Les lis du Symbolisme étaient encore à l'état de caïeux. Le Théâtre Libre, un peu plus tard les Variétés, où Réjane, comédienne sans égale, José Dupuis, d'autres encore, dignes de ces protagonistes, défendirent l'œuvre d'Oscar, n'enregistrèrent pour lui que des triomphes. Il avait, en effet, vu juste : «Pas d'idée et pas de style ! Cela suffit pour atteindre à la notoriété comme à l'argent.»
Le succès n'avait pas ennobli, - ce qui parfois arrive, - le caractère du garçon. Peu de temps après Monsieur Betsy, nous somnolions, quelques amis et moi, le nez dans notre bière, pendant un entracte du Chat-Noir. Entre Oscar, escortant avec force courbettes Camille Lemonnier. Son déplaisir ne fut pas petit de nous rencontrer en cet endroit. Après nous être divertis quelques moments de son embarras, de ses efforts pour cacher le grand homme et se cacher lui-même, nous abordâmes Camille Lemonnier que nous connaissions depuis dix ans pour l'avoir, à Bruxelles, rencontré souventes fois chez notre maître et glorieux ami Edmond Picard. Une poussée intense de bile rendit encore plus jaune le sourire d'Oscar !
Puis ce fut le Grand-Guignol, avec les représentations où l'«inouïsme» d'antan était remplacé par le scandale et par l'horreur : Dupont l'Anguille et tout ce qui s'ensuit ; ce fut encore la liaison tapageuse avec Lantelme, où la délicieuse enfant échangeait, avec son premier amour, des coups de poing, même des coups de chaise ; Méténier, directeur de théâtre et notable commerçant, le «quart d'œil» de 1884 devenu «physionomie parisienne» et boulevardier notable, comme on disait alors.
Puis ce fut le dénouement, lugubre, attristant et malpropre, l'infortuné mourant du mal qui emporta Maupassant, Baudelaire, pour ne citer que des noms immortels. Mais ce n'est pas la hideuse maladie, hélas ! qui confère l'immortalité.
Peu de temps avant sa mort, je le rencontrai dans le train de Passy. Il habitait Courcelles-Levallois. Sans trop d'efforts, il me reconnut et de meilleure grâce qu'au Chat-Noir. Déjà, car sa maladie était fort avancée, il cherchait ses mots, balbutiait les fins de phrases. Mais il bavardait comme autrefois, ne permettant pas qu'on plaçât un mot. Il rapportait un sac plein de bananes qu'avec l'incoordination des mouvements, caractéristique de son état, il répandit sur les banquettes, le tapis du wagon, entre les pieds des voyageurs. Or ce fut un lamentable spectacle de le voir, chancelant et mal d'aplomb, courir après ses fruits que les lacets du train faisaient rouler de côté et d'autres. Il se désolait comme un enfant. Tout le wagon, - ainsi que les fourmis d'Apulée, pour les perles de Psyché, - se mit en devoir de recueillir ses bananes. Quand le convoi stoppa gare de Courcelles, Oscar était enfin consolé.
Je ne l'ai pas revu depuis. Peu de temps après cette rencontre, je reçus, de sa main, une lettre où ne subsistaient plus que des vestiges graphiques. Sous le même pli, quelques lignes de Mme Méténier - la mère - me priant d'aller voir son fils. Puis, le lendemain, contre-ordre. Elle craignait l'émotion, - disait-elle, - d'une visite, la surprise et tout ce qui s'ensuit. La bonne dame redoutait - possible - une captation de testament in extremis. En tout cas, les lauriers étaient coupés et les beaux jours du dinde révolus.
Léon Daudet, devant la douleur, (deuxième série des Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux). Cité selon Léon Daudet, Souvenirs et Polémiques, R. Laffont, coll. «Bouquins», 1992, p. 210.
Oscar Méténier, camarade et collaborateur du précédent [Paul Alexis] était petit, noiraud et pétulant. Chien de commissaire de police, il se servait de sa fonction pour tirer d'ennui à l'occasion les copains aventurés comme Jean Lorrain et aussi pour documenter ses romans-feuilletons et ses pièces réalistes. Fureteur, cancanier, inventif, il nourrissait Edmond de Goncourt d'anecdotes plus ou moins authentiques, qui sont demeurées consignées dans le Journal. Même quand leur auteur n'est pas nommé, je le reconnaîtrais entre mille. Dès qu'il est question des bas-fonds de Paris, des mœurs des apaches et de leurs compagnes, ou de quelques vices «estranges et espouvantables», c'est que Méténier a passé par là. Il appartenait au genre dit «tournée des grands-ducs». Il aurait fait un chef d'informations incomparable pour la rubrique des faits divers ; il en aurait certainement rajouté.

Un Théâtre comique d'épouvante !

Grand Guignol meutrière de 19 ans.jpg
Méténier est un petit homme
Actif, ardent et convaincu,
Frétillant et pétillant comme
S'il avait le feu au cul
Aristide Bruand
......
Suite de la notice du 12 juin 2006 :
C'est dans une impasse de la rue Chaptal au 20 bis, que Oscar Méténier achèta un théâtre ( le Théâtre-Salon ) en 1896 pour y faire jouer ses pièces Grand guignol hauteur.jpgqui étaient refusées sur d'autres scènes. Compagnon de débauche de son ami Raitif de la Bretonne, il fréquentait aussi Edmond de Goncourt qu'il nourissait de ses anecdotes plus ou moins authentique, que Goncourt notaient complaisament dans son journal. Oscar Méténier, comme son père, avait été "chien de commissaire", c'est à dire secrétaire général d'un commissariat de quartier (secrétaire du commissariat de la Roquette). Cette fonction lui fut très utile par la suite pour assurer l'impunité pour des amis dans l'embarras, quand d'aventure, ils se trouvaient en fâcheuse position dans des lieux de débauche et de vice dont Méténier et ses amis étaient les clients assidus, des bars louches, des maisons borgnes, et des lupanars homosexuels. Il était né 1859, il est mort à Saint-Mandé en 1918.
Elève dans un collège de jésuites à Bourges,Méténier s'engagea dans l'armée à l'âge de 18 ans.
Ensuite, son père le fit entrer dans des commissariats de police, dans le onzième arrondissement, aux Batignolles, puis à Montmartre. Ce qui lui donna l'occasion de cotoyer les endroits chauds de la capitale.
Chien de commissaire ! Sa fonction de secrétaire d'un poste de police, consistait à assister le commissaire dans toutes ses fonctions, des saisies immobilières, de constat de crimes, et de la présence officielle des autorités aux exécutions capitales, qui lui donneront par la suite matière à spectacle....grand-guignolesque, de têtes coupées, de crimes atroces et sanguinolents. Inspiré par ses amis, Lorrain, Bruant, et Maupassantqui fut un précurseur en organisant chez lui à La Guillete, une farce inspirée par un crime commis à Montmartre. Il avait invité deux cents personnes une nuit, pressées dans l'allée de sa maison devant une gigantesque toile représentant une femme nue, pendue par les pieds. Sortant de l'obscurité jaillit un faux sergent de ville s'arrêtant, et observant le cadavre. De vrais cheveux avaient été collés sur la toile, le policier la palpe, la saisit par les nattes, et sortant un stylet, il lui ouvrit le ventre, devant les dames horrifiées, du sang de lapin gicle de la plaie.....
Grand-Guignol était né !
Fin de la deuxième partie

28/06/2009

29 juin, il y a 184 ans : anniversaire de la naissance du père Tanguy

Par Bernard Vassor

portrait mere tanguy 05 recadrée.jpg
Seul portrait photographique de la mère Tanguy (archives privées)
Julien Tanguy est né le 29 juin  1825 à Plédran (Côtes du Nord) au lieu-dit "La Touche Jaguay", mort à Paris le 6 février 1894 à Paris dans son échoppe du 9 rue Clauzel. Il a été inhumé dans une "tranchée gratuite" du cimetière de Saint-Ouen, annexe du cimetière Montmartre.
Vivant dans la plus grande pauvreté, il avait dans sa boutique des trésors inestimables, dont des van Gogh et des Cézanne.....
Octave Mirbeau organisa une vente après son décès au profit de sa veuve. Le résultat fut dérisoire, les toiles de Gauguin ne dépassant pas les 100 francs, des Jongkind, des Sisley, des Pissarro et les Cézannes furent bradés. Les marchands, selon une lettre de la mère Tanguy, s'étant entendus entre eux pour les acheter au plus bas prix. Jusque dans la mort le père Tanguy aura subi les méfaits d'une société qu'il détestait. 
Gachet composition sépia.jpg
 

Description de la « nature morte » prêtée par le fils Paul Gachet en 1951 au Louvres :

Cadre avec crêpons japonais ayant appartenu à Vincent montés par Gachet fils,qui les tenait de Théo, sur un fond doré orné d’une inscription en japonais qui signifie qu’ils se trouvaient dans la chambre de Vincent à AUVERS en 1890.

Affiche 3 couleurs du tambourin rue de Richelieu par Chéret ( OD32)3 tubes tasset et Tanguy(OD31) palette pour Melle Gachet au piano

Un verre déjà utilisé par Cézane un vase en grés japonais : nature morte, Roses et Anémones

Bambous taillés utlisés par Vinc.

Un tambourin de chez Agostina signé H.TODE 1886

Le livre est : La Fille Elisa.

Le Japon Artistique de Bing.

........

Après le départ de Vincent pour Arles, le père Tanguy recueillit chez lui "la Ségatori". Elle avait fait faillite et se retrouvait de ce fait dans la plus grande détresse, après avoir fait une fausse-couche, si l'on en croit une lettre de Vincent à son frère Théo.

On ose à peine imaginer la réaction de la femme du père Tanguy surnommée Xanthippe par le peintre à l'oreille coupée !!!

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24/06/2009

Vincent van Gogh et le père Tanguy le 29 juin

Par Bernard Vassor

van gogh fenêtre rue lepic 02.jpg
Vue de la fenêtre du 54 rue Lepic.
van gogh chaise à nunen vendue en 1990.jpg
Une chaise ayant appartenu à Vincent.
Par une curieuse coïncidence, le 29 juin 2009 le Van Gogh Muséum organise la présentation d'un DVD réalisé par Teio Meedendorp sur la vie de Vincent à  travers l'Europe. Deux membres de l'association "Autour du père Tanguy", ont servi de guide et de "facilitateurs" pour l'obtention d'autorisations permettant le tournage de ce film à Paris et à Asnières dans les lieux que fréquentèrent et vécurent les frères Théo et Vincent van Gogh.
Julien Tanguy a vu le jour un 29 juin 1825 à Plédran, dans les Côtes du Nord, et tout le monde connaît les liens qui unissaient le marchand de couleurs et le peintre hollandais dans son échoppe du 14 rue Clauzel.
Ce film, à ma connaissance ne sera disponible qu'au musée d'Amsterdam.
Postbus 75366
NL 1070 AJ Amsterdam
tél +31 (0)20 570 52 00
fax +31 (0)20 673 50 53
e-mail info@vangoghmuseum.nl

Le Musée Van Gogh dispose d’une bibliothèque spécialisée comptant plus de 24 000 livres sur Van Gogh et d’autres artistes du XIXe siècle.
La bibliothèque est ouverte en semaine de 10 à 12.30 h et de 13.30 à 17 h.
Adresse : Museumplein 4.

Heures d’ouverture
Chaque jour 10-18 h le vendredi 10-22 h
Caisses chaque jour 10-17.30 h le vendredi 10-21.30 h
Boutique chaque jour 10-17.45 h le vendredi 10-21.45 h
Restaurant chaque jour 10-17.30 h le vendredi 10-21.30 h

 

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19/06/2009

Une parution nouvelle : Le Rocambole, Bulletin des Amis du Roman Populaire, spécial Erckmann-Chatrian

ErckmannChatrian.jpg
Image du site de Noëlle Benhamou.

 

L'Association des Amis du Roman Poulaire présente : 

LE ROCAMBOLE. 

Erckmann-Chatrian, sous la direction de Noëlle Benhamou

- Lisez Erckmann-Chatrian !, par Noëlle Benhamou

- Maître Daniel Rock ou l’entrée du train en gare du roman français, par Philippe Gontier

- Images de la féminité dans Madame Thérèse, par Angels Santa

- Erckmann-Chatrian nouvellistes : au carrefour du réel, par René Godenne

- Erckmann-Chatrian face à la critique russe : Histoire d’un paysan vue par Pisarev, par Isabelle Nuk

- Charger Erckmann-Chatrian : l’incontournable bicéphalie, par Agnès Sandras-Fraysse

- Les adaptations des œuvres d’Erckmann-Chatrian à la télévision française, par Noëlle Benhamou

- Chronologie d’Erckmann-Chatrian, établie par Noëlle Benhamou

- Bibliographie des œuvres d’Erckmann-Chatrian, établie par Noëlle Benhamou

- Bibliographie critique sélective d’Erckmann-Chatrian, établie par Noëlle Benhamou

- Adaptations des œuvres d’Erckmann-Chatrian, par Noëlle Benhamou

Sommaire

Éditorial

Vie de l’association

n°47, été 2009, 176 p. (14 euros) ISBN 978-2-912349-42-2

Les sites de Noëlle Benhamou http://www.erckmann-chatrian.eu/

http://www.maupassantiana.fr/

 

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17/06/2009

Hokusaï, l'inventeur de la "Mangwa"

Par Bernard Vassor

Hokusai portrait par son fils Oyei hauteur.jpg
Hokusaï agé, peint par son fils Oyéi.
Il a vu le jour à Yédo vers 1760, il est mort en 1849. Il eut de nombreux pseudonymes. Son patronyme était dans son enfance Tokitaro qu'il changea en Tétsoujiro. L'orthographe est donnée par Hayashi Tadamasa, le marchand japonais du 65 rue de Provence.
Vers 1800, il avait pris le surnom de

Gakyōjin, signifiant « le Fou de dessin »

C'est à la mésentente entre un écrivain, Bakin, et le peintre qui devait illustrer son roman "Rêve du Camphrier du Sud" qui obtint un immense succès, lors du premier volume. Le romancier jaloux, refusa les dessins envoyés pour la suite, et demanda qu'ils soient refaits, estimant qu'ils ne correspondaient pas avec le texte. Quand l'éditeur fit part à Hokusaï des prétentions de Bakin, il répondit que c'tait le texte qui avait besoin d'être modifié. Les éditeurs ayant fait graver les dessins tels qu'ils leurs avaient été présentés, le peintre décida de les publier en se passant du texte de Bakin. C'est ainsi que quelques années plus tard, Hokusaï s'étant arrêté à Nagoya, a fait la connaissance d'un peintre Bokouén qu'il a entretenu sur les techniques du dessin et a réalisé plus de trois cents dessins. Afin d'en faire profiter le plus grand nombre, il fut décidé que ces oeuvres seraient publiées en un volume, le premier en 1812.
On demanda à l'artiste quel nom donner à ce volume, sa réponse a été :
Hokusaï Mangwa.
La traduction littérale est : Man, au gré de l'idée, et Gwa, le dessin tel qu'il vient spontanément.
HOKUSAI Lutteurs sumo combat avec l'ange.jpg
Ces "mangwas" servirent de modèle à Gauguin pour son tableau : "Après le sermon". L'influence qu'il exerça sur les impressionniste puis les symbolistes est immense.

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12/06/2009

Une exposition «L’Inca Garcilaso et les origines de la culture métisse en Amérique »

Par Bernard Vassor
GARCILASO DE LA VEGA 05 SEPIA.jpg

Le Service Culturel de l’Ambassade du Pérou

nous communique :

 Visiter  l’exposition

« L’Inca Garcilaso et les origines de la culture métisse en Amérique »

à l’occasion du IVème Centenaire de la parution des

« Commentaires royaux des Incas »,

premier classique des lettres américaines. 

Maison de l’Amérique Latine,

du 29 avril au 12 juillet 2009,

lundi à vendredi de 11h à 19h00

 

217 bd. Saint Germain – 75007 Paris

 

M° Solferino, Rue du Bac 

.............

Garcilaso de la Vega fut le premier écrivain d'origine péruvienne, né aux alentours de 1539 ?, mort assassiné en 1616. Il était le fils d'un militaire espagnol et d'une princesse Inca, descendante de Huayana Capac, empereur Inca qui régna à la fin du quinzième siècle.

il fut le premier à écrire sur l'Amérique en Castillan "Commentarios Reales de los Incas" et une histoire de la conquête de la Floride, dont la gravure en frontispice représente des hermaphrodites venant implorer le roi....

commentaire royal garcilaso sepia.jpg

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09/06/2009

Les Amis de Rimbaud et les Grenouilles vertes

revolver Verlaine Rimbaud miracle.jpg
D'après un article de l'Express, ce serait le révolver qui aurait blessé Verlaine à Bruxelles !!!
Décidément, autour de Rimbaud, les supercheries ne sont pas près de terminer leur chemin....(B.V.)
................
Notre ami Alain Pouillard nous communique :
Les Amis de Rimbaudseront présents au marché de la poésie, place Saint Sulpice, fin juin. En octobre, promenade à Bruxelles, sur les pas de l'infernal Rimbaud, de Verlaine... et de son révolver.
.......... 
Achille LAVIARDE CADRE 02.jpg
Achile Laviarde deuxième (ou troisième ?) "roi de Patagonie"
......
Le concert au château des grenouilles vertes, à Reims, se prépare : dimanche 28 juin à 16h. Je vous rappelle que ce château ( rasé ), était la demeure d'Achille 1er, roi de Patagonie, ami d'Alphonse Allais, Verlaine et des peintres dessinateurs Forain et Willette.
 
Alain Pouillart
03 26 82 21 14
 
Chateaudes grenouilles vertes, 6, rue de la Roseraie, quartier Sainte Anne, Reims.
Concert des Flâneries musicales de Reims, groupe EOL, Djaz 51.

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Un "Jean Lorrain" ou bien "Octave Mirbeau"japonais : NAGAI KÂFU

Par Bernard Vasssor

 
NAGAI KAfù CADRE.jpg

Nagai Kafû
永井荷風
(1879-1959)
Nagai Kafû, (plutôt mieux connu sous son prénom, Kafû), fortement influencé par les auteurs français (Zola, Maupassant, Mirbeau ...) comme un grand nombre de ses compatriotes écrivains du début du vingtième siècle, est l'un des fondateurs du naturalisme à la Japonaise. Dans ce roman publié en 1918, son expérience libertine lui sert de support pour décrire le monde des maisons de thé, des geishas, des artistes et des marchands d'art. On y suit avec amusement les pérégrinations d'un mauvais peintre, Uzaki Kyoseki, intendant subalterne et obséquieux d'un grand peintre, Uchiyama Kaiseki, et du fils de ce dernier, Kan, un garçon oisif, fauché et débauché. Entraîné malgré lui par ce fils de bonne famille, Uzaki tente en vain de le remettre sur le droit chemin, tout en tombant lui-même dans les pièges d'une vie de plaisirs et dans les bras des prostituées.
Satirique et rocambolesque, ce récit est aussi destiné à illustrer le déclin d'une époque : la beauté et les talents des geishas ne sont plus qu'un mythe et les descriptions des maisons de thé sont souvent sordides. Complétant le portrait de personnages libertins, une nouvelle bourgeoisie arriviste s'impose, dont la façade conventionnelle dissimule mal les scandales financiers ou sexuels. Aucun des personnages ne sort indemne ou ennobli de ce roman au dénouement tragi-comique.

B.Longre : http://www.sitartmag.com/kafu.htm


http://translate.google.com/translate?hl=fr&sl=en&u=http://www.columbia.edu/cu/cup/catalog/data/023111/0231117906.HTM&sa=X&oi=translate&resnum=4&ct=result&prev=/search%3Fq%3DNagai%2BKaf%25C3%25BB%26hl%3Dfr%26lr%3D%26client%3Dfirefox-a%26rls%3Dorg.mozilla:fr-FR:official_s%26sa%3DG

Nagai Kafu (1879-1959)medium_NagaiKafu_03.jpg est considéré un des auteurs japonais les plus importants de ce siècle. Il est le plus connu en Amérique pour un conte étrange de "A l'Est du fleuve", qui est inclus dans Kafu d'Edouard Seidensticker le Scribbler. « Élégant, érotique, aristocratique, l'écriture de Kafu a une saveur spéciale et complexe» Thomas Rimer dans le guide d'un lecteur de la littérature japonaise le décrit comme : « Séduisant, antisocial pourtant capable du grand enthousiasme, Kafu demeure une voix unique et personnelle. »

Informations biographiques
Chantre du quartier des plaisirs, Nagaï Kafû (1879-1959) est l'un des écrivains japonais les plus anticonventionnels de son époque. Ayant appris en France, au début du siècle, le goût des libertés, il refusa son concours à l'association des écrivains japonais d'orientation fasciste, émettant le vœux d'être enterré au cimetière des prostituées et ne cessant jusqu'à sa mort (viveur impénitent) de fréquenter les petites danseuses d'Asajusa qu'il a su dépeindre dans ses romans et ses nouvelles bien dignes des estampes d'Hiroshige et Kunisada qu'il admirait tant.
———
Présentation de l'auteur et de ses œuvres disponible à la page 197 du Dictionnaire de littérature japonaise de Jean-Jacques Origas et à la page 158 d'Un siècle de romans japonais de Georges Gottlieb.
Liens Internet
• Biographie de Nagai Kafû

Bibliographie des œuvres de Nagai Kafû traduites en français
• La Sumida (隅田川)
• Le Renard (狐), dans Neuf nouvelles japonaises
• Interminablement la pluie (雨瀟瀟)
• Du côté des saules et des fleurs (腕くらべ)
• Le Bambou nain (おかめ笹)
• Feu d'artifice (花火), dans Anthologie de nouvelles japonaises tome I
• Chronique d'une saison des pluies (つゆのあとさき)
• Voitures de nuit (夜の車)
• Une Histoire singulière à l'est du fleuve (墨東忌憚)
• La Décoration (勲章), dans Anthologie de nouvelles japonaises contemporaines tome I.
• Le Secret de la petite chambre (四畳半襖の下張)
• Le Jardin des pivoines
• Conte d'été, dans France-Japon n°43-44.
• En eau peu profonde (Asase), dans Les Cahiers de l'Oronte n°11

Mise à jour le 9 juin 2009

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