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11/02/2009

Un éphémère maire du neuvième arrondissement de Paris : Léon Ohnet

Par Bernard Vassor

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Leon Ohnet
Par Thomas Couture, musée de Chantilly. D"après un de ses descendants, ce tableau aurait été commandé et réalisé en 1840-1841, à la demande de ses amis qui craignait sa fin prochaine (?)
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Architecte des monuments diocésains, Léon Ohnet est né en mai 1813 à Paris. Il avait été chargé de la restauration de la cathédrale de Meaux, la chaire de Bossuet. En 1866, il est nommé adjoint au maire du IX° arrondissement. Bonapartiste, il fut démis de ses fonctions le 4 septembre 1870.
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Registre des listes électorale aux archives de la Seine.
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Il s'engageât alors dans la Garde nationale au 116° bataillon. Partisan des "amis de l'ordre", il fut le seul maire bonapartiste élu, après la Commune de Paris en Juillet 1871. Il a été élu maire au deuxième tour de scrutin (les maires étant élus au suffrage indirect)
Son beau frère, le célèbre docteur Emile Blanche, élu, lui dans le XVI° arrondissement se trouva dans l'obligation de se retirer après un tirage au sort. Deux membres de la même famille ne pouvant pas selon les statuts de la Ville de Paris, siéger dans le même conseil municipal (les choses ont bien changé aujourd'hui).  Élu questeur du Conseil, il démmissionna peu après pour raisons de santé, et se retira dans son hôtel particulier de l'avenue Trudaine où il décéda en 1874. Il était le père de l'écrivain Georges Ohnet, célèbre surtout pour sa suite dont le titre le plus en vue, est : "Le Maître de forges" qui connut un énorme succès.

10/02/2009

L'Hôtel des Haricots, la maison d'arrêt de la Garde nationale

Par Bernard Vassor

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Le cauchemar du garde national.
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Il faut remonter au XIV° siècle, pour raconter l'histoire. En 1314, on édifia au sommet de la Montagne Sainte Geneviève, à l’emplacement de l’actuelle bibliothèque, le « collège de Montaigu » qui avait reçu de ses élèves le surnom de "collège, ou Hôtel des Haricots" en raison de la pauvreté de la nourriture, composée le plus souvent d’une soupe de haricots qui faisait partie de la pédagogie : « rendre le corps atone pour faire vibrer l’esprit ». Cette institution a été en butte à tous les sarcasmes, au cours des siècles, depuis Erasme, jusqu’à Rabelais qui appelait les « pôvres éscoliers du Collège de la Pouillerie »

Le collège en raison de ses orientations religieuses fut supprimé en 1792, et servit de prison militaire pendant la révolution. Elle fut aussi maison d’arrêt de la Garde nationale, pour punir les infractions à la indiscipline, et les manquements aux obligations militaires. Le public lui redonna tout de suite le nom de « prison des haricots ».

Elle fut ensuite transférée en 1800, rue des Fossés Saint-Bernard (actuel n° 30). De nombreux artistes et littérateurs y furent incarcérés, dont Musset, Gautier, Banville Sue, Balzac qui y fit plusieurs séjours, ainsi que Devéria, Nanteuil etc….

Les murs furent couverts d’inscriptions et de dessins que les collectionneurs d'autographes et les marchands d’art, s’arracheraient aujourd’hui à prix d’or. La maison fut détruite en 1837, et les terrains livrés à l’entrepôt des vins. La nouvelle prison était située près du quai d’Austerlitz au 92 rue de la Gare (aujourd’hui 55 quai d’Austerlitz) dans une ancienne grange à blé, dépendance du « grenier d’abondance » du quartier de l’Arsenal. Elle a été à son tour démolie en 1864 et transférée dans une somptueuse villa rue de Boulainvilliers à Passy jusqu’en 1871.  Et, comme le «Théâtre de la rue de la Santé », elle fut remplacée par une institution pour jeunes filles.

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Hôtel des haricots rue de Boulainvilliers.jpg

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09/02/2009

LA GUINGUETTE DU SOLEIL D'OR, ruelle Cadot

Par Bernard Vassor  
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Une des nombreuses guinguettes ou café et auberges du Soleil d'Or avait déjà cette enseigne au moment de la révolution dans le village de Vaugirard, dans la commune de Sceau, située à côté d'un cimetiere désaffecté. C'est là que se réunirent le 23 fructidor  an IV, le noyau des jacobins qui voulait renverser le directoire en soudoyant les troupes stationnées dans la plaine de Grenelle..
L'immeuble a conservé la célèbre enseigne en bois : Au Soleil d'Or avec une belle tête de Phoebus entourée de rayons, ainsi que l'on représentait ce Dieu sous le règne de Louis XIV.
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Un rapport adressé au Directoire exécutif le 24 fructidor an IV par le ministre Cochon, chargé par ses collègues d'étouffer ce complot connu sous le nom de : "La conspiration du camp de Grenelle" : Sur sept heures du soir, on m'anonça qu'environ soixante factieux étaient réunis à Vaugirard, déans la maison où pend une enseigne "Au Soleil d'Or"., qu'un grand nombre d'autres étaient dispersés dans les cabarets, dans les jardins, tous armés de pistolets, de sabres,  de cannes à lance et quelques uns de fusils et qu'ils n'attendaient que le signal d'attaque qui devait être donné entre onze heures et minuit". 
La tentative échoua, certains furent arrêtés, et trente conspirateurs furent condamnés à mort et fusillés
La maison avait servi aux comploteurs de dépot d'armes de toutes sortes
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soleil d'or ruelle largeur aujourd'hui.jpg
La ruelle du Soleil d'Or, dans la rue de Vaugirard (entre le 224 et 226) aujourd'hui, elle s'était également appelée ruelle Cadot 
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mise à jour le 8 février 2009

08/02/2009

Le théâtre "érotique" de la rue de la Santé. Deuxième partie

Par Bernard Vassor

L'Erotika Theatron

Théâtre des marionnettes amoureuses

Félicien Rops Erotika theatron hauteur.jpg
Eau-forte de Félicien Rops. 
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"Une sorte de village de province, enclavée au fond des Batignolles, entre les fortifications et les premières maisons de Clichy-la-Garenne"
C'est donc dans la rue que nous avons décrite dans l'article précédent, au numéro 54, que quatre amis intimes Amédée Rolland, Jean du Boys, Edmont Wittersheinck et son frère Camille surnommé 4025 (certainement en raison de la difficulté de prononcer son nom) firent construire une verrière, dans laquelle ils décidèrent d'installer un théâtre de marionnettes après un déjeuner où Lemercier de Neuville proposa d'appliquer l'idée de Duranty de créer un théâtre libre, où la fantaisie et toute license serait donnée dans un spectacle sans interdit.
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C'est le 27 mai 1862 qu'un public très particulier était invité à l'inauguration solennelle de l'Eroticon Theatron, nom qui était emprunté au très sulfureux ouvrage de Mirabeau : Erotika Biblion.
Au dessus de la porte était écrit :
Sans ordre, on arrive à Rien.
Au dessus de la porte des toilette, on pouvait lire :
Parlez à Ponson.
Ce qui fait que les convives disaient : "je vais à Ponson"
Le personnel domestique de la maison se composait de deux femmes, Trinquette et Titine,une ancienne demoiselle légère qui avait fait les beaux jours du Rat Mort. La cuisinière s'appelait Aimée, et couchait avec Trinquette, dans un petit appentis, à l'entrée du jardin, où était inscrit :
Parlez à Trinquette.
Amédée Rolland et Jean du Boys hauteur.jpg
Amédée Rolland et Jean du Boys, dessin de Carjat.
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C'est dans cette pièce minuscule qu'ils installèrent un piano qui était tenu en général par Georges Bizet. Les invités des dîners étaient Lemercier de Neuville, Henry Monnier, Théodore de Banville, Alcide Dussolier, Alexandre Pothey (que nous avons déjà rencontré dans l'article "Privat s'embête")Jules NoriacCoco Mal Perché l'éditeur des "Fleurs du Mal", Duranty le marionnettiste écrivain, William Busnach, Champfleury, et quelques acteurs. Sur le mur du fond, une fresque peinte par Lemercier, représentant une salle de spectacle avec des spectateurs, fort ressemblants qui se prélassaient dans des loges. Les decors comportaient seize plans de profondeur qui étaient "machinées" de manière très compliquée. Les poupées étaient en bois sculpté, et les costumes réalisés par les maîtresses des membres de l'administration de cette association. Des lettres d'invitation avaient été imprimées et envoyées aux personnes dignes d'entrer
(La salle pouvait contenir 21 personnes, sans compter les manipulateurs de marionnettes et les récitants dissimulés derrière la toile servant de castellet où étaient épinglés les textes.)
Affiche rue santé hauteur.jpg
Sur l'affiche ci-dessus, Henry Monnier, donnaite libre cours à sa fantaisie débridée dans une pièce que l'on peut qualifier sans hésiter de pornographique :
"La Grisette et l'Etudiant". Une sorte de Scènes de la vie de Bohème pour adultes avertis.....
Castelet guillotine.jpg
Lemercier de Neuville, avait écrit et réalisé cette pièce :"Les Derniers jours d'un condamné", spectacle "grand-guignolesque", trente cinq ans avant l'ouverture Cité Chaptal par Oscar Méténier d'un spectacle macabre de ce genre.
Le théâtre ferma ses porte en 1863, et la rue de la Santé prit le nom l'année suivante de rue de Saussure

07/02/2009

Le théâtre "érotique" de la rue de la Santé.

Par Bernard Vassor

Première partie : La rue de la Santé

Plan Batignolles rue Santé largeur.jpg
Cette rue, dans le village des Batignolles, fut percée en même temps que fut édifiée la construction du mur de l'enceinte fortifiée de Thiers (1841-1845). A cette époque dit Émile de Labédollière : "Les Batignolles ne se composaient que de quelques maisons éparses, de quelques fermes isolées, qui ne comptaient guère que le nombre d'habitants nécéssaire à leur fonctionnement. Quelques spéculateurs, alléchés par le bon marché des terrains, y construisirent des maisons de campagne qu'ils avaient l'intention de vendre avec bénéfice." 
En 1853, on construisit la ligne de chemin de fer dite :"Petite ceinture".
En 1860, les communes de Neuilly, Clichy intra-muros et des Batignolles, furent anexées à Paris pour des raisons fiscales.
La rue de la Santé que l'on voit sur le plan, se trouve près de la porte d'Asnières. Elle commençait à l'origine rue des Dames, et avait pour limite la rue Salnave, pour être ensuite prolongée jusquà la voie ferrée en 1854, elle longeait (à sa droite sur le plan) les ateliers et entrepôts des chemins de fer de l'Ouest (où le père Tanguy fut ouvrier à son arrivée à Paris).
Plan rue de la Santé 02 largeur.jpg
Plan de Desbuissons 1860.
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Quelques rentiers des Batignolles en 1860.
La rue de la Santé changea de nom en 1864, après la fermeture du théâtre dont nous allons évoquer l'histoire dans l'article suivant.

05/02/2009

Un abolitionniste de la traite négrière et de l'esclavage, défenseur des "Déportés de la Martinique" : FRANCOIS-ANDRE ISAMBERT

PAR BERNARD VASSOR

Sur le caveau familial au cimetière Montmartre. Avec un petit peu de chance m'a fait découvrir à travers les grilles, ces inscriptions presque effacées.
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François-André Isambertest né à Aunay (Eure et Loire) le 28 novembre 1792. Après la réouverture des églises, il fut employé comme enfant de coeur à la cathédrale de Chartres. Mais au cours de ses études dans cette ville, il prit (provisoirement) des distances avec la religion. Envoyé à Paris faire ses humanités au Lycée Impérial (Louis le Grand) où il fut un élève brillant. Elève de Gail, il était un helléniste distingué. Isambert fit partie dès 1830,de la Société Philanthropique qui participa grandement à l'abolition de l'esclavage. Après avoir été clerc dans une étude, il avait pris en 1818 une charge d'avocat à la Cour de Cassation et au conseil du roi. Il entreprit de s'attacher à deux causes, celle de la liberté religieuse, et celle de l'affranchissement des esclaves dans les colonies, ce qui lui valut les surnoms de prêtrophobe et de négrophile,injures données par une presse particulièrement rétrograde. Dès 1823 il soutint dans des procès qui durèrent 5 ans, des déportés et des condamnés de la Martinique, ce qui se termina par la reconnaissance des droits civils des hommes de couleur et toute une série de réformes dans le droit colonial. Il obtint (en 1829) dans de nombreux procès l'abrogation de lois qui dans l'armée condamnait à des peines excessives (le bagne) le vol entre camarades, et l'abolition de cours prévôtales dans les colonies, et en France fit supprimer les condamnations relevant de sentence "véhémentements soupçonnées". En 1825, il fut l'un des fondateurs de la Société Française de Géographie. vÉlu député après la révolution de 1830, il siégea constamment à la gauche de la chambre. Il fut le fondateur de la Société des Abolitionnistes de Parisqui prit part à toutes les initiatives visant la législation criminelle sur la traite et l'esclavage, luttant contre le pouvoir ecclésiastique qui entretenait contre lui les haines des hommes partisans du maintien de la traite négrière et de l'esclavage. La révolution de 1848 qui vit le triomphe de ses idées, provoqua curieusement chez lui un profond changement politique. Il se présenta à la dépiutation dans l'Eure-et-Loire avec le soutien du clergé et des ecclésiastiques et fut élu en siégeant sur les bancs de la droite. Opposé au suffrage universel, membre de la commission des cultes, il demanda véhémentement la suppression des clubs. Il soutint le général Cavaignac et approuva les massacres de juin....Après le coup d'état du 2 décembre, il devint sous-doyen à la Cour de Cassation, et servit docilement le nouveau pouvoir.  Il est mort à Paris le 13 avril 1857, après s'être converti au protestantisme. Il est l'auteur d'un grand nombre d'ouvrages de droit, et toutes sortes de traités, dont un :"Traité de la voirie urbaine ou des chemins et des rues communaux", d'un "Code éléctoral" en 1831, et de nombreux articles dans "La Gazette des Tribunaux".

Curiosité bibliophilique et littéraire :

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Isambert demanda à un jeune imprimeur qui fit faillite l'année suivante de lui faire éditer à compte d'auteur ce petit livre. Il faut noter que Balzac professait des idées diamétralement opposées à celles de François-André Isambert sur le plan racial......

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Quelques scènes de la vie de Bohème : "PRIVAT D'ANGLEMONT S'EMBËTE !" Une promenade dans Paris, en compagnie de Balzac, Dumas, Sue, Musset, Méry, Delacroix

Par Bernard Vassor 

 
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PRIVAT D’ANGLEMONT, LE GENTILLOMME CLOCHARD 

(Privat d'Anglemont est né dans l'île Sainte-Rose près de la Martinique)

Il fut l'historiographe des bas-fonds de Paris, il était l'ami des plus grands écrivains de son temps, des patrons de cafés des filles de joie et des souteneurs du quartier des halles qu'il connaissait tous par leurs prénoms.

Il était un des "murs porteurs" de la Brasserie des Martyrs et du cabaret de Paul Niquet aux Halles.

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 J'avais cherché depuis des années à localiser sa sépulture au cimetière Montmartre, où il ne figure pas sur les registres. J'ai maintenant l'explication ......

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Quelques scènes humoristiques de la vie de bohème pour démontrer la polularité de Privat, alors qu'il est aujourd'hui presque oublié  par Alexandre Pothey :

Privat s'embête :
« Un matin, en passant dans la rue Saint-André-des-Arts, l'envie me prend de monter chez Alexandre Privat d'Anglemont. Je le trouvais achevant sa toilette et prêt à sortir.
« Comment vas-tu, mon vieil ami ?

--Peuh !je m'embête !
--Qoi ! m'écriai-je tout effrayé, tu es malade ?
--Non, mais je m'embête….
--Allons donc, ! il faut chasser cela, ; je ne te quitte pas, viens avec moi, et essayons de dissiper ce vilain mal »
Nous descendîmes. Devant le passage du Commerce*, j'aperçus Méry qui s'en allait tout emmitouflé sous les plis de son vaste manteau, malgré les ardeurs du soleil de juillet.
« Joseph ! mon bon Joseph ! »
--Qu'est-ce que c'est ?
--Une aventure bien extraordinaire, mon cher Joseph ! Privat s'embête.
--Privat ?….C'est impossible…Est-ce vrai Privat ?
--C'est vrai.
--Alors, mes enfants, je vais avec vous, et nous chercherons quelque distraction »
Le chapeau sur les yeux, les mains dans les poches de sa longue redingote, une cravate toritllée autour du cou, les jambes passées dans un pantalon à pied qui se perdait dans d'énormes souliers , Balzac arpentait la rue Dauphine.
« Honoré ! s'écria Méry.
--Bonjour, amis, je vais chez la duchesse….
--Pas du tout, tu vas à l'Odéon faire répéter ta pièce ; mais il te faut rester avec nous.
--Et pourquoi cela ? demanda Balzac.
--Parce que Privat s'embête, et qu'il est impossible de le laisser dans cet état.
--Privat s'embête ?…Mais alors je vous accompagne, et j'abandonne ma répétition. »
En ce moment une bonne grosse figure réjouie passa par la portière d'un fiacre, et une vois s'exclama :
« Je vous y prend ingrats ! Vous flânez dans les rues et vous m'oubliez. Avez-vous décidé de ne plus jamais franchir mon seuil ? je vous attend à dîner demain soir. C'est convenu, n'est-ce pas ? au revoir à demain !
-- Mais, mon bon Alexandre, tu ne sais pas la triste nouvelle ?
--Quelle nouvelle ?
--Privat s'embête, répondit Dumas redevenu sérieux, laissez moi payer ma voiture, et je suis des vôtres.
»
Au coin du Pont-Neuf, nous rencontrâmes Alfred de Musset qui causait avec Eugène Delacroix. En quelques mots, nous les mîmes au courant de cette invraisemblable histoire.
« Mais moi aussi je m'embête, murmura le doux poète.
--Vous mon cher Alfred, ce n'est pas la même chose, dit Delacroix avec vivacité, vous en avez l'habitude. Mais pour Privat, c'est différent.

--Allons donc » fit Musset avec résignation.
En marchant à l'aventure, nous avions traversé le Pont-Neuf et gagné la place des  Trois-Maries, quand
Dumas nous arrêta en étendant ses deux grands bras.
--
Attention ! dit-il, nous sommes sauvés : j'aperçois Eugène Sue qui mange des prunes chez la mère Moreau.** »

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Ganté de frais, vêtu avec l'élégance la plus correcte, Eugène consommait coup sur coup, les noix, les prunes et autres fruits confits.
«
J'étudie, fit-il avec un fin sourire en nous voyant envahir son refuge.
Le chinois qu'il portait à sa bouche lui échappa des doigts quand il connut le but de notre visite. Il semblait atterré, et longtemps, il réfléchit en silence.
«
Je crois avoir trouvé, dit-il enfin ; pour moi, je ne puis rien faire, mais je pense que Bouchot peut nous tirer d'embarras.
--C'est vrai ! s'exclama l'assemblée avec unisson ; allons trouver Bouchot*** . »
L'artiste terminait son chef-d'oeuvre, les Funérailles de Marceau. Absorbé par son travail, il était vraiment surexcité, et il n'aimait pas qu'on le dérangeât. Perché en haut de sa double échelle, il peignait avec une contention la plus extrême quand tout la bande fit invasion dans son atelier. Sa fureur devint sans bornes.
--
Allez-vous bien vite sortir d'ici, sacripants ! Voulez-vous bien tourner les talons et déguerpir immédiatement ?
--Mon bon Bouchot….., fit Méry.
--A la porte !
--Mon cher François…. dit Balzac.
--File, file !
--Mais saperlotte ! reprit Delacroix d'un ton sec, vous ne savez donc pas que Privat s'embête ? »
La colère du peintre s'éteignit subitement. Il déposa sa palette et ses brosses, et descendit quatre à quatre les degrés de son échelle, en répétant :
«  Et quoi ! Privat s'embête ? »
Et de sa plus douce voix, Bouchot ajouta :
«
Mes chers amis, cela ne peut durer plus longtemps… j'ai gagné 14000 francs, je les prend, et nous allons essayer de distraire notre pauvre camarade. »
Le lendemain matin, les 14000 francs étaient dépensés, Privat ne s'embêtait plus, et tout le monde était content.
Quand bien même cette historiette ne servirait qu'à démontrer la sympathie qui entourait Privat, nous ne devions pas oublier de la mentionner ici.
Alexandre Pothey

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Tableau de François Bouchot 

-Le passage du Commerce-Saint-André-des-Arts était dans le XIéme arrondissement, quartier de l'école de Médecine. Cette voie commençait 71 rue Saint-André-des-Arts, et finissait au numéro 30 de la rue de l'école de Médecine (partie disparue après le percement du boulevard Saint-Germain) Le passage faisait partie de la Cour du Commerce? construit contre le mur d'enceinte de Philippe-Auguste. Ouvert en 1776 sur le terrain d'un jeu de paume, c'est là que les docteurs Louis et Guillotin firent procéder  à des essais de "décapitation" sur des moutons !!!. Le débouché vers la rue Saint-André-des-Arts n'a eu lieu qu'en 1823.

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** Le café de la Mère Moreau se trouvait place de l'École, qui  donnait sur le Quai du même nom près du Pont-Neuf, à l'emplacement actuel de la pointe des magasins de la Samaritaine (qui vont disparaître à leur tour) à l'intersection des rue des Prêtres-Saint-Germain-l'Auxerrois, de la rue de l'Arbre-Sec et du quai de la Seine. La spécialité maison, était : les cerises à l'eau de vie, et la beauté de ses nombreuses serveuses peu farouches.

*** Bouchot (François) 1800-1842, artiste aujourd’hui oublié, était un peintre fort célèbre et riche à l’époque. Auteur de fresques historiques, il bénéficia de nombreuses commandes  du roi Louis-Philippe.

Mise à jour le 4 février 2009.

Mystères Galans des théâtres de Paris

par Bernard Vassor

Histoire d'un livre:

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"Personne n'a paroles morales,
comme qui a vie de débauché."
Anonyme
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Les articles sont de Georges-Marie-Dornevael, Charles Baudelaire, Privat d'Anglement, Fortuné Mesuré, et l'abbé Constant.
C'est à la suite d'un recueil d'articles publié par Auguste Legallois en 1844, "Les Mystères galans des théâtres de Paris" 0e994e34d1d8d595e2238edc8d296b32.jpgsous le nom factice de "Cazel éditeur", que la Grande Rachel fit un procès au directeur, éditeur gérant du Constitutionnel et du Courrier Français, qui avait fait l'annonce de ce livre dans les colonnes de ces journaux.
Charles Baudelaire qui avait collaboré à cet ouvrage, se défendit véhémentement d'avoir participé à la rédaction de l'ouvrage poursuivi dans une lettre du 4 mars 1844 adressée au baron Pichon.: "J'ai appris hier, que plusieurs personnes m'attribuaient sur l'affirmation du libraire Legallois quelques lignes d'un article inséré dans un livre publié par ce dernier (...)J'affirme que les allégations jointes à ce nom sont à ma connaissance complètement fausse (...)
Dans sa préface des "Mystères galans", Legallois ironise sur la plainte déposée parRachel : "Ah ! dans quel temps vivons-nous ! Il n'y a plus rien de sacré ! La vie privée n'est plus une chose sainte ! Malheur ! Malheur ! Malheur à celui qui a l'intention de lancer ce livre, il paiera pour les insolents qui l'ont osé écrire."(...) On astreint des hommes d'âge à venir écouter pendant deux grandes heures, les condoléances d'une ci-devant bohémienne, véritablement ingrate à l'endroit de l'éditeur des "Actrices célèbres". 
L'article incriminé, est intitulé "Histoire d'une guitare", il met en scène une jeune tragédienne pleine de talent, une guitare à moitié brisée, et un "brillant cavalier M. Napoléon III (n'oublions pas que nous sommes en 1844).
Pour les amateurs d'anagrammes, ce passage est signé :
Almire Gandonnière
Rue Richelieu.
Ce recueil comprend aussi un portrait d'une lorette : "Estelle de Kankan" véritable demi-mondaine avant l'heure, le prototype ayant été défini par Alexandre Dumas fils quelques années plus tard. L'article est signé du pseudonyme : G. vicomte de Woel

03/02/2009

FRANCOIS-ANDRE ISAMBERT UN PRECUSEUR ABOLITIONNISTE

PAR BERNARD VASSOR

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Sur le caveau familial au cimetière Montmartre. Un petit peu de chance m'a fait découvrir à travers les grilles, ces inscriptions.
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François-André Isambertest né à Aunay (Eure et Loire) le 28 novembre 1792. Après la réouverture des églises, il fut employé comme enfant de coeur à la cathédrale de Chartres. Mais au cours de ses études dans cette ville, il prit (provisoirement) des distances avec la religion. Envoyé à Paris faire ses humanités au Lycée Impérial (Louis le Grand) où il fut un élève brillant. Elève de Gail, il participa grandement à "

 de géographie ancienne".  Après avoir été clerc dans une étude, il prit en 1818 une charge d'avocat à la Cour de Cassation et au conseil du roi. Il entreprit de s'attacher à deux causes, celle de la liberté religieuse, et celle de l'affranchissement des esclaves dans les colonies, ce qui lui valut les surnoms de prêtrophobe et de négrophile,injures données par une presse particulièrement réactionnaire. Dès 1823 il soutint dans des procès qui durèrent 5 ans, des déportés et des condamnés de la Martinique, qui se termina par la reconnaissance des droits civils des hommes de couleur et toute une série de réformes dans le droit colonial. Il obtint (en 1829) dans de nombreux procès l'abrogation de lois qui dans l'armée condamnait à des peines excessives (le bagne) le vol entre camarades, et l'abolition de cours prévôtales dans les colonies, et en France fit supprimer les condamnations relevant de sentence "véhémentements soupçonnées". Élu député après la révolution de 1830, il siégea constamment à la gauche de la chambre. Il fut le fondateur de la Société des Abolitionnistes de Pariset prit part à toutes les initiatives visant la législation criminelle sur la traite et l'esclavage, luttant contre le pouvoir ecclesiastique qui entrenait contre lui les haines des hommes partisans du maintien de la traite négrière et de l'esclavage. La révolution de 1848 qui voyait le triomphe de ses idées, provoqua curieusement chez lui un profond changement politique. Il se présenta à la dépiutation dans l'Eure-et-Loire avec le soutien du clergé et des ecclésiastiques et fut élu en siégeant sur les bancs de la droite. Opposé au suffrage universel, membre de la commission des cultes, il demanda véhémentement la suppression des clubs. Il soutint le général Cavaignac et approuva les massacres de juin....Après le coup d'état du 2 décembre, il devint sous-doyen à la Cour de Cassation, et servit docilement le nouveau pouvoir.  Il est mort à Paris le 13 avril 1857, après s'être converti au protestantisme

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LA MIRE DE CASSINI A MONTMARTRE

Par Bernard Vassor
medium_Montmartre_la_mire_06.jpg
"La mire de Paris, propriété de la Ville de Paris enclavée dans une propriété appartenant à M.Debray. Muni d'une autorisation et d'une note de commande, le photographe accrédité se vit refusé l'accès du monument et on avisa par écrit le secrétaire de la Commission.  M.Lambeau ajoute que sans doute, les photographies de la mire ne manquent pas et qu'il en trouvera une facilement dans les cartons du Musée Carnavalet.
M. le Président estime qu'il y a là un contentieux qui échappe aux attributions de la Commission, d'autant qu'au cours de la dernière séance (de la Commission du Vieux Paris) à adopté un voeu invitant l'administration à régler la contestation à l'amiable avec M. Debray"
Toujours à propos de ce Monsieur Debray, la séance du 8 novembre 1913 signale la volonté de ce propriétaire de faire construire un immeuble de rapport à l’angle de la rue Girardon, ce qui entraînera malheureusement la destruction du moulin à vent qui se trouve sur ce point et dans sa propriété.

D’une conversation échangée avec .Debray, il résulte que ce dernier serait disposé à mettre gratuitement à la ville le moulin à vent dont il d’agit. M. Jean Varenne ajoute qu’il a l’intention de demander au conseil municipal de vouloir bien accepter cette offre et de décider que la réédification aura lieu sur la place Jean Baptiste Clément.

M.Selmersheim demande où est exactement la place dont il s’agit ?

M. Jean Varenne répond qu’elle se trouve à côté du moulin même à l’angle de la rue des Saules..

M. le Président estime que la question est assez importante pour nécessiter la visite d’une sous-commission, mais à la condition d’aller assez vite……(…)

...................
Mire Cassini Montmartre hauteur.jpg
D'où vient ce nom de Mire de Cassini ?
Jean-Dominique Cassini (1625-1712) père, avait été le fondateur d'une dynastie d'éastronomes, il avait établi une chaîne de 48 triangles, de Paris au Canigou. Son fils, Jacques Cassini (1677-1756) en établit une autre de l'observatoire jusqu'à Dunkerque. Ce sont ces triangulations qui servirent de base pour dresser la carte de France, et servir à toutes les opérations trigonométriques des services de l'ancien État-Major.
A l'origine, les mires étaient pour la plupart des pieux de bois, plantés pour marquer des angles d'opérations géodésiques. C'est en août 1675 que Picard qui fut chargé de trianguler et trigonométrer de Paris à Amiens, fit planter un piler de bois que Cassini remplaça par la pyramide qui se trouve derrière le Moulin de la Galette. Nous apercevons sur la gravure ci-dessus l'observatoire de Montmartre* qui se trouve encore rue Lepic. Il devait y en avoir 92 dans toute la France. En 1858 il n'en restait que deux à Paris; celle de Montmartre, et dans le cadran solaire de l'église Saint-Sulplice, établi par l'astronome Leverrieren 1742, une plaque percée est adaptée à la partie supérieure du portail latéral sud, et la trace du méridien est figuré sur le pavé de l'église par une ligne de cuivre qui traverse l'édifice dans sa plus grande longueur.
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On pouvait lire à Montmartre
sur la face méridionale :
L'an MDCCXXXVI (1736)
Cet obélisque a été élevé par ordre du Roy
Pour servir d'alignement
A la méridienne de Paris, du côté Nord,
Son axe est à 2931 toises 2 pieds de la face méridionale de l'observatoire.
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*C'est là que le docteur Gruby, astronome amateur fit des recherches et y vécut dans les années 1880. C'était un des médecins des frères van Gogh domicilié rue Saint-Lazare.

02/02/2009

Les célébrités de la rue Bellefond

Par Bernard Vassor

Bellefond Rochechouart Hauteur 1744.jpg
PLan de Paris et ses faubourgs de Jean Delagrive 1740.
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La rue Belfond* doit son nom à une abbesse de Montmartre, Marie -Eléonore Gigault de Bellefond.
Située dans le dit" lieu de Clignancourt, des Porcherons et du For-aux-Dames". L'abbesse mourut à l'âge de 58 ans le 28 août 1717.
Le nom de la rue avait été gravé dans la rue en deux mots si bien que le plan de Turgot de 1739, indique aussi que la rue Belle-Font, servait de limite à la ville de Paris. Elle n'allait pas alors jusqu'à la rue du faubourg Pöissonnière. Une borne mimiteétait posée à 83 toises de la rue du faubourgà l'embouchure de la rue Bellefond. L'élargissement de la rue à 10 mètres, fut signée sur décision de Chaptalen l'an IX. Des alignements successifs et une excavation sous la rue pour permettre le percement de la rue Baudin, en modifièrent le tracé. Au cours du XIX° siécle, elle porta le nom de rue Jolivet,et ausii de chemin de la Nouvelle-France. Les "maisons de campagne" étaient nombreuses depuis l'ouverture de cette rue. Nous y avons rencontré Louis-Sébastien Mercierdans un article précédent. Béranger, qui eut plusieurs demeures dans l'actuel IX° arrondissement, habita dans une mansarde en 1809. Il écrivit à un ami, M. Quesnescourt le 16 juin de cette année là :
"Je vais me loger au bout de la terre, rue de Bellefond, près de Montmartre, au milieu d'un vaste jardin; des promenades solitaires, de l'ombrage, une belle vue, on est pas malheureux". Dans cette rue beaucoup de ses amis étaient ses voisins, dont le fameux Wilhem, faiseur de vaudevilles et créateur de l'Orphéon. Des écuries et des remises occupaient également la rue. Sous le second empire, la "Compagnie impériale des petites voiture, y eut son siège. Le docteur Isambert(inhumé au cimetière Montmartre) habitait le numéro 35, à côté d'une école chrétienne pour jeunes filles. Le vicomte de la Brillantais avait installé un établissement d'une salle de spectacle. Les deux soeurs, les demoiselles Verrière habitèrent et donnérent des représentations dans cette rue et dans la rue de la Tour d'Auvergne. On disait qu'il y avait sept loges dans leur salle, plus, des loges griagées pour les "curieuses timorées" qui s'aventuraient en compagnie douteuse et s'assuraient ainsi l'incognito. Ces demoiselles galantes, se ressemblaient tellement que l'on croyait qu'elles étaient jumelles. Elles étaient soutenues par le fermier général M. de la Live d'Epinay.
La maison de l'angle de la rue Rochechouart, fut bâtie pour Joseph Séraphin, directeur des Ombres-Chinoises du Palais-Royal.
Son oncle Dominique Séraphin avait créé un spectacle de marionnettes qui avait joué devant Louis XVI, qui avait accordé le privilège du Petit-Théâtrequi fut repris ensuite par sa nièce dans cette même rue. Au numéro 19, une guinguette datant du XVIII°, ornée d'un balcon doré, appartenant au cabaretier Desdomène, qui avait acheté les terrains à l'abbesse de Montmartre. Son fils et successeur est mort en 1842 à l'âge de 81 ans au numéro 17. Il y avait une autre guinguette qui portait comme enseigne en grosses lettres : "Au Pérou".
L'académicien Sanson de Pongerville, poète et littérateur y a eu une maison bâtie en 1819, par une certaine dame Cheval.....
* on disait au choix : rue de Bellefond ou rue Bellefond 

31/01/2009

DOSSIER GERARD DE NERVAL : A PROPOS DE LA RUE DE LA VIELLE LANTERNE, "LE TROU DU SOUFFLEUR"..... ET DE SARAH BERNHART

Par Bernard Vassor
rue de la Vieille Lanterne Nerval hauteur.jpg

Depuis plus d'un siècle; tout le monde répète (moi le premier) que c'est à l'emplacement de l'endroit où Gérard s'était pendu, qu'était le trou du souffleur du Théâtre qui porte aujourd'hui le nom de Sarah Bernhart.

rue de la Vieille lanterne hauteur.jpgOr, celle-ci écrivait le 20 septembre 1907, au journal : "L'Intermédiare des cherxheurs et des curieux" :

"Jamais je n'ai eu de souffleur, Vous chercheriez vainement sa boite sur mon théâtre, et jamais je n'ai consenti à l'admettre dans ma troupe, mes artistes le savent, Ils apprennent leurs rôles, ils les connaissent aussi bien que possible et peuvent les interprêter sans défaillance". Sarah Termine sa lettre par une anecdote concernant Coquelin (aîné) qui avait exigé la présence d'un souffleur,

Sarah promit, mais au moment de la représentation..... pas de souffleur, Coquelin joua la pièce sans se tromper, et ne réclama jamais plus de souffleur.

Sur le plan de Verniquet de 1798, la rue de la Vieille Lanterne, était parralèle au quai de Gesvres et partait, d'un côté de la place du Marché aux Veaux, et donnait dans la rue de la Tuerie, qui elle même conduisait en équerre à la rue du-Pied-de-Boeuf pour se terminer rue de la Joaillerie à l'emplacement approximatif de la rue de Rivoli. L'égout à l'époque de l'activité de la Grande Boucherie, derrière  la prison du Châtelet passant par la rue de la vieille Lanterne, charriait des flots de sang jusqu'à la Seine. Si vous ajoutez à cela, les odeurs de la rue de la Planche Mibrai (aujourd'hui le début de la rue Saint Martin) vous pouvez imaginer le tableau !

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Rue de la Vieille Lanterne Perrot largeur.jpg
Plan de Perrot, 1835
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mise à jour le 31 janvier 2009

30/01/2009

MARGUERITE BELLANGER "La Montespan" de Napoléon III

Marguerite Bellanger, ou Bellengé
medium_marguerite_bellanger_la_femme_homme_d_affaires_05.jpg
Par Bernard Vassor
LA FEMME "HOMME D'AFFAIRES"
Née en 1838 ou 1840 à Saumur, décédée en 1886.
 De taille au dessous de la moyenne, mince, fluette, blonde, très joile avec de beaux yeux éloquents. Arrivée à Paris, elle débuta au théâtre, puis, après de nombreuses liaisons, elle devint la maîtresse officille de Napoléon III. On a prétendu en faire la Montespan de Napoléon III, en raison de sa liberté de langage. 
L'impératrice Eugénie avait diligenté Adrien Devienne président de la cour impériale* auprès de Marguerite qui faisait croire à l'Empereur qu'elle était enceinte de lui. Le magistrat était chargé d'éloigner la courtisane afin d'éviter un scandale public.
Marguerite Bélanger lettre napo.jpg
Lettre à Devienne, où Marguerite avoue avoir menti sur la date de son accouchement pour faire croire à l'empereur qu'il était le père de son enfant.
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Elle poursuivit sa carrière dans la "bicherie", en devenant l'amante des hommes les plus puissants. Gambetta, puis le général de Lignière. Elle possèdait un hôtel particulier avenue de Wagram, et elle donnait des dîners quotidiens à son domicile 11 rue de Mogador, rendez-vous des bonapartistes. Fréquente le salon d'Adèle Courtois. Elle épousa Kulbach. Elle est morte dans son château de Villeneuve sous-Dammartin (Seine et Marne) en 1886.  
Cet Adrien-Marie Devienne entretenait une prostituée Antoinette Berger 37 rue Labruyère au deuxième étage.

29/01/2009

Deburau, suite, "Les Enfants du Paradis"

Par Bernard Vassor

Les Enfants du paradis chantal largeur.jpg
Affiche communiquée pa Chantal C.
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Jean Gaspard Deburau qui renouvela le type du "Pierrot", débuta au théâtre des Funambules. la même année (1816) dans le même théâtre que Frédéric Lemaître.  Quand Jules Janin fit paraître une biographie de Debureau, en 1832, ce fut dans tout Paris, un cri unanime : "Pourqoui le prince des critiques est-il descendu aussi bas ? " C'est son ennemi Félix Pyat qui écrivit dans un journal : "Voilà l'histoire d'un Pierrot écrite par un Paillasse". Un feuilleton la même année lui fut consacré dans "Le Journal des Débats". Ce que ne dit pas la biographie de Jules Janin, écrite donc en 1832, c'est qu'en 1836, le célèbre Lacenaire ( Marcel Herrand dans les Enfants du Paradis) était guillotiné. Trois mois plus tard, notre Jean-Gaspard, assassinait un jeune apprenti du nom de Vielin, qui l'avait moqué sur la fidélité de sa femme qui n'était pas à toute épreuve. (La rumeur de son infortune était parvenue aux oreilles du grand public) Après un rapide procès, Deburau fut acquitté. Marcel Carné en fit un des personnages clés de son film dont Jacques Prévert avait écrit les dialogues, donnant à Deburau le nom de Baptiste.
Sacha Guitry lui consacra une pièce de théâtre intitulée Deburau, tout simplement.

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Une congrégation aux Etas-Unis au XIX° siècle : Les Méthodistes

Par Bernard Vassor

Réunion Méthodiste en 1850.jpg
Réunion Méthodiste (Camp-meeting) aux environs de Baltimore en 1845
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Cette société protestante créée à Oxford en 1720 par John et Charles Wesley, tira son nom de le vie simple et austère que menaient ses adeptes qui entendaient appliquer strictement les principes de l'évangile. En 1755, Georges Whithefield, un prédicateur qui attirait des milliers d'auditeurs, rejoignit le groupe des Wesley. Les adeptes se réunissaient matin et soir en plein air pour prier. Les méthodistes se sont séparés de l'Église anglicane, puis se sont divisés en deux branches : Les adhérents de Wistley, qui interdisaient les spectacles le jeu et les bals, adoptant la doctrine du théologien Hollandais Arminius(1560-1609) et ceux de Withefield, qui sont des calvinistes purs et durs. Leur religion s'est répandue dans les colonies Anglaises ainsi qu'aux Etat-Unis. Le Camp-meeting que nous voyons sur la gravure ci-dessus, se déroulait dans une clairière. Tout autour de tentes, on avait abattu des arbres, et les branches, grossièrement équarries, dépouuillées de leurs branches, servaient de bancs aux religionnaires. Au centre de l'enceinte, un stand, fait de planches grossièrement rabottées, sur lequel, un prédicateur, le Révérend John Maffit, proférait un discours, où le nom du seigneur revenait à chaque phrase. Son discours éléctrisait les auditeurs, sa voix était d'une puissance, et d'une sonorité impossible à décrire Les femmes de l'assistance qui devaient à haute voix confesser leurs fautes, et promettre de ne jamais recommencer.
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John Maffit ne termina pas paisiblement sa carrière de prédicateur. En 1849, il épousa une femme de Baltimore, puis il amena chez lui une concubine. Son épouse légitime porta plainte, la justice des hommes le condamna, et il fut évincé de son Église. Certains témoignent l'avoir rencontré dans une colonie de chercheurs d'or.
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La secte s'est ensuite morcelée en une multitude de petites chapelles, des "méthodistes anciens", " méthodistes nouveaux", "les méthodistes de la nouvelle itinérance", "les Kitanites", "les Brianites, ou Field méthodistes", "les Jumpers" (sauteurs), "les Jeckers" (aboyeurs)
C'était la religion la plus répandue dans toute l'Union.

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28/01/2009

Un spectacle au temps de "La Bohème" chez des Buveurs d'Eau

Par Bernard Vassor

Nadard fête champêtre largeur.jpg
Gaspard-Félix Tournachon avait vingt ans en 1840, quand il organisa cette réunion d'artistes de la bohème, popularisée plus tard par Henri Murger. Après des études de médecine avortées à Lyon, Félix Tournachon travailla dans différentes petites feuilles à Paris et fréquenta le milieu de la jeunesse artistique. Il avait l'habitude d'ajouter à la fin de chaque mot, comme dans le javanais ou le louchebem, la terminaison DAR, ainsi, ses amis le surnommèrent "Tournadard". Il prit alors le pseudonyme de Nadard, avec un D, qu'il supprima par la suite.
Avec l'aide de Polydore Millaud, le financier bien connu de la rue Saint-Georges, il fonda "le Livre d'Or" , concurent du journal "L'Artiste" le Livre d'Or n'eut que neuf numéros.
NADAR auto-portrait hauteur.jpg
Auto-portrait
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Voici le "programme" d'une soirée dans son minucule logement de la rue Montmartre :
A huit heures précises, entrée du sprituel M. de Coylelin, promenade dans les salons, tir aux pigeons, balançoires.
Les spirituels auteurs exécutent avec M. Alfred Francey* homme de lettres, et gérant de l'ex-Livre d'Or, un pas figuré représentant: Premier tableau : La lanterne du mérite représentée par la chandelle de l'opulence.
Deuxième tableau : Les Muses secourues et protégées par Plutus(Francey)
A huit heures et demie :
Scènes parlées, par M. Debureaux(en réalité un certain Bache,acteur au "Vaudeville" habillé en Pierrot)
A neuf heures :
M. A. Léon Noël, poète d'Orléans exécutera les poses du Gladiateur mourant, et de l'Apolon Pythien.
-N.B. Les exercices exigeant que M. A. Léon Noël, poète d'Orléans, soit entièrement nu, pendant toute leur durée les fenêtres seront soigneusement ouvertes et les ventilateurs joueront.
A neuf heures et demi :
La Cour d'assises, par M. Fontallard-tichaud-des-reins-sur,
N.B. Cette scène improvisée sera jouée pour la dernière fois.
A dix heures :
Cours d'anatomie pratique par M. A. Léon Noël, poète d'Orléans
-N.B. Même jeu pour les ventilateurs.
A dix heures :
M. Drouot ( dit le philosophe inconnu) lira un mémoire sur l'Origine des idées --puis, chansonnettes grivoises, par M.Alfred Francey
A onze heures :
Le Varicocèle malgré lui, ou les Hannetons sans le savoir, scène historique exécutée par des dames masquées-
Grande tombolaFeu d'artifice -Danses odieuses -Cris sauvages - Hallucinations incongrues et personnelles des spirituels auteurs.
La fête sera terminée par une
SURPRISE.
Il y aura des femmes propres.
.......
M. de la Tour-Nadar n'a reculé devant aucun sacrifice pour procurer aux personnes qui voudront bien l'honorer de leur confiance tous les plaisirs compatibles avec les moeurs et la destination de l'établissement.
Signé :
Pour .M. de la Tour-Nadard
son secrétaire........
le="text-align: center">La réunion aura lieu chez M. Tournachon, n° 88 rue Montmartre
Paris 28 novembre.
...................................................
*Un des fondateur avec Adrien Lelioux, Léon Noël et Henri Murger de l'Association des Buveurs d'Eau, 3 rue de la Tour d'Auvergne, il n'était pas du tout homme de lettre du tout, après la faillite du Livre d'Or, il retourna à Lyon et se réfugia dans le commerce de ses parents.

27/01/2009

L'Abbaye-de-monte-à-regrêt suite....

Par Bernard Vassor

guillotine affiche Commune de Paris 1792.jpg
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Après l'exécution du premier condamné, la machine restée sur la place du Carrousel reprit du service le 22 août, après le premier jugement du "Tribunal criminel", la Commune insurrectionnelle du 10 août, prenait l'arrêté reproduit sur l'affiche ci-dessus. Le 27 du même mois Charles Henri prit la décison de transporter "le rasoir national" sur la place de grève pour raccourcir trois faussaires. Le bourreau obtint du Conseil général la construction d'un second appareil. Grâce à la délation, et aux visites domiciliaires, les prisons furent abondamment alimentées. Deux machines seront-elles suffisantes ? "La bourrique à Sanson" commença alors sa marche funèbre, les nobles, les riches, les pauvres, les Hébertistes, les Girondins, les jeunes, les vieux, "pendus aux crocs sanglants du charnier populaire" furent livrés au conducteur de "la bourrique assoifée de sang". On imagina, pour aller plus vite des "appareils ambulatoires" (comme celui qui se trouve au musée Carnavalet).
Ce qui permit à Charles Henri de voyager en province. Des magistrats, infatiguables, et des juges, ne craignaient pas de rappeler leur patriotisme en faisant suivre leur nom, comme le docteur Roussillon : du terme "Juge guillotineur".
Roussillon Juge guillotineur largeur.jpg

26/01/2009

Un précurseur, le premier "initié époux de la Veuve" : Nicolas Jacques Pelletier

Par Bernard Vassor

Guillotine hauteur.jpg
L'invention du docteur Louis.
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C'est bien le docteur Antoine Louis,chirurgien, sécrétaire perpétuel de l'Académie de médecine, qui inventa cette machine à couper les gens en deux, avec l'aide d'un facteur de piano du nom de Schmidt. Les premières expériences eurent lieu passage de l'Ancienne-Comédie sur des moutons.
Il publia parmi une multitudes de thèses de médecine et de chirurgie, en 1749 : "Lettres sur la certitude de la mort", et rédigé de nombreux article de l'Encyclopédie anatomiste de Diderot et d'Alembert. Il eut la présence d'esprit et le bon goût de mourir en 1792, l'année où l'on expérimenta son appareil sur le vif...., le docteur Guillotin, élu membre de l'Assemblée nationale, n'en ayant été que le publicitaire. Il s'en fallut de peu que sa machine ne s'appela " La Louison".
Le premier homme-tronc fut un bandit convaincu de vol avec violence sur la voie publique : Nicolas-Jacques Pelletier. Sa condamnation datait du 24 janvier 1792 : la peine ne fut exécutée que le 25 avril de la même année sur la place du Carrousel, par Charles Henri Sanson,
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Le journal de Prudhomme donneur de leçons dans "Révolutions de Paris" publia ce jour là le récit de la découpe à la lame d'acier, avec les vers prémonitoires de Malherbe :
"Et la garde qui veille aux barrières du Louvre
N'en défend par les rois". (de la mort)
...............
Antoine Louis extraits hauteur.jpg
Extraits de quelques écrits du docteur Antoine Louis.

JUSTINE PILLOY dite ALICE OZY

 Par Bernard Vassor 

 medium_ALICE_OZY_CHASSERIAU_1849_05.jpg

Alice Ozy, modèle pour : Baigneuse du musée Calvet d'Avignon,  par Chassériau  

Justine Pilloy vit le jour en 1820, Elle fut actrice, chanteuse,  entretenue par le Duc d'Aumale, la courtisane Alice Ozy, fut baptisée Aspasie par Théophile Gautier. Placée en apprentissage pour ne pas gêner les amours adultères de sa mère. Déflorée par son patron, elle estima qu'elle ne trouverait facilement pas à se marier. Elle se lança donc dans "la haute bicherie" Elle vécut surtout des largesses de ses adorateurs, au rang desquels se trouvait le fils de Louis-Philippe, duc d'Aumale, qu'elle abandonna pour se consacrer à des banquiers plus fortunés. Elle eut une  aventure avec Victor Hugo et son fils Charles medium_charles_HUGO_05_SEPIA_CADRE.jpg, histoire que le Tout Paris racontait sous cape. Alice appelait Charles Hugo son Chérubin ; elle lui aurait dit : Charles, vous êtes vraiment très gentil, mais je vous trouve un peu trop négligé. Votre cravate est mal mise, votre linge n'est jamais frais. Enfin vous manquez de tenue."
Victor Hugo adresse lui adresse une lettre enthousiaste : ..."Dites moi ce que puis faire pour vous être agréable. Parles !  ---Comme réponse il eut : "Rendez au pauvre Charles sa côtelette et laissez-lui son linge blanc. C'est tout ce que je vous demande."
Elle fut également la maîtresse de Théophile Gautier. 

Alice Ozy, la charmante actrice du théâtre des variétés, avait demandé à Victor Hugo de faire pour elle quelques vers. Il lui avait envoyé ce quatrain :

A Mademoiselle Alice Ozy.
Platon disait, à l’heure où le couchant pâlit :
-dieux du ciel, montrez-moi Vénus sortant de l’onde !
Moi, je dis, le cœur plein d’une ardeur plus
profonde :
-madame, montrez-moi Vénus entrant au lit !
billet d’Alice Ozy :
grand merci, monsieur ! Les vers sont charmants, un
peu légers peut-être si je me comparais à Vénus,
mais je n’ai aucune prétention à la succession.
réponse de Victor Hugo :
un rêveur quelquefois blesse ce qu’il admire !
Mais si j’osai songer à des cieux inconnus,
pour la première fois aujourd’hui j’entends dire
que le vœu de Platon avait blessé Vénus.
Vous le voyez, madame, je voudrais bien vous trouver
injuste ; mais je suis forcé de vous trouver
charmante. J’ai eu tort et vous avez raison. J’ai
eu tort de ne me souvenir que de votre beauté. Vous
avez raison de ne vous souvenir que de ma hardiesse.
Je m’en punirai de la façon la plus cruelle et je
sais bien comment.
Veuillez donc, madame, excuser dans votre gracieux
esprit ces licences immémoriales des poëtes qui
tutoient en vers les rois et les femmes, et
permettez-moi de mettre, en prose, mes plus humbles
respects à vos pieds.
Dimanche, midi 15 août 1847.

Victor Hugo 

La photographie ci-dessus est celle de Charles Hugo 

25/01/2009

Le Théâtre "Réaliste" de Monsieur de Chirac

Par Bernard Vassor

Passage de l'Opéra galerie du barometre hauteur.jpg
Passage de l'Opéra, galerie du Baromètre.
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Il m'a été très difficile de trouver des informations sur l'existence de ce curieux spectacle et sur ce Monsieur de Chirac, entrepreneur de spectacles. Des chroniqueurs du XIX° siècle en parlent à mots couverts, comme on évoque des livres vendus sous le manteau. Ce fameux "Théâtre réaliste" consistait en un spectacle avec des acteurs peu vêtus, ou bien même pas du tout selon des témoignages indirects de personnes qui en ont connu d'autres qui ont connu l'homme qui a connu le théâtre érotique du passage de l'Opéra.
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Dans une vie antérieure, j'ai rencontré beaucoup d'érudits qui me disaient avec un air inspiré, avoir en leur possession des programmes du Théâtre de Chirac, j'en attend toujours la communication.....
D'après certains, M. de Chirac donna des représentations dans l'ancien théâtre Pardès, rue Rochechouart, puis, aux Funambules de la rue Fontaine, rebaptisé Mayol en 1900, et au Théâtre d'Hiver de l'Alcazar 10 rue du faubourg Poissonnière. Tout cela bien avant  " Le Coucher d'Yvette" spectacle donné par Maxime Lisbonne au 75 rue des Martyrs. 

Du portier au digicode, en passant par le concierge.

Par Bernard Vassor

Concierge hauteur.jpg
.......
Depuis l'antiquité, jusqu'au début du XIX° siècle, c'était le portier qui était le gardien des maisons, aussi bien dans la Rome d'Auguste ou de Néron, chez les grecs, les germains. EsclaveS ou domestiques, les portiers étaient de tous temps considérés après les coiffeurs, comme les gens les plus bavards et cancaniers. Il jouaient un rôle important au moyen-âge. Balayer le devant des maisons, escaliers et corridors, épousseter les niches des saints qui ornent les façades, graisser le marteau qui sert de heurtoir à la porte d'entrée, dérouiller les anneaux sur le devant de la maison où l'on attache ânes, mulets ou chevaux. Il fallait aussi sonner la cloche aux heures des repas, chasser les mendiants, chanteurs des rues ou les créatures louches. Voilà le travail du portier, qui doit aussi nuit, sortir avec une lanterne pour raccompagner ou accueillir les visiteurs. A Paris, les aristocrates, les gens de biens, les bourgeois enrichis, les comédiennes en renom et les grands seigneurs engageait à la place des portiers,  des Suisses que l'on faisait venir d'un canton helvétique. C'étaient des hommes de haute taille, d'une grande prestance à qui l'on faisait revêtir de somptueuses livrées. La Révolution rétablit l'usage des portiers. Ceux-ci connurent une vogue considérable dans les romans et au théâtre.
Henry Monnier fut surnommé l'Hérodote des portiers et des portières, en créant deux types : Mâme Pochet et Mâme Gibou. Balzac lui fit de Mme Gibot, une grasse comère qui épousa "ce gros n'amour de Gibot". Quand à Gavarni, ses portières étaient des mère de jeunes femmes devenues actrices, grosses matrone qui conduisaient leur fille chaque soir au conciergeatoire. Et puis Eugène Sue immortalisa le concierge qui s'appelait de son nom véritable Monsieur Pilet, il le fit entrer dans la postérité sous le nom de Pipelet.
Monsieur Pilet avait d'abord été épicier en province, avant de venir à Paris où il avait tenu une loge de concierge au numéro 8 de la rue de la Chaussée d'Antin. C'était un homme très maigre, au visage très triste. Il y avait dans son immeuble un peintre qui avait refusé de faire gratuitement le portrait de sa femme sous prétexte qu'il la trouvait trop laide. L'ancien épicier devenu concierge lui voua une haine inextinguible. Un autre peintre, qui connaissait Eugène Sue lui proposa de rencontrer Pipelet. Sue lors de sa rencontre, raconta au concierge qu'une princesse polonaise qui l'avait aperçu sur le pas de sa porte était tombée éperduement amoureuse de lui, et qu'elle sollicitait pour rêver de lui, un mêche de ses cheveux, qui d'ailleurs étaient fort rares. Le concierge céda à la demande de l'écrivain. Le même soir, des inconnus se présentèrent de la part d'une baronne allemande, d'une comtesse russe et d'une marquise italienne pour lui demander aussi quelques cheveux. Puis chaque jour d'autres solliciteurs se présentaient pour réclamer pour eux-même ce qu'ils considéraient être leur dû. Le pauvre homme n'osait plus ouvrir sa porte ni tirer le cordon. La plaisanterie fut à son comble, quand Eugène Sue annoça à son coiffeur qu'il trouverait au 8 rue de la Chaussée d'Antin une occasion superbe d'un solde de cheveux. Le coiffeur se précipita, et fut on s'en doute très mal reçu. Le pauvre Pillet eut une fièvre cérébrale et faillit en mourir.
Quand le feuilleton des Mystères de Paris parurent en 1846 dans le Journal des Débats, Pilet devenu Pipelet dans le roman acquit une telle célébrité que lorsque on lui lut les passages où son nom était mentionné, il fut transporté de joie. Il se considérait même comme le collaborateur, le co-auteur en somme d'Eugène Sue et il lui arrivait de dire, lui qui était illétré : "nous les hommes de lettres". Il mourut en 1849. Un autre concierge célèbre par son fils fut le père d'Henry Murger qui était tailleur, et tenait une loge rue des trois-Frères au numéro 5, et non pas rue Saint-Georges comme le répètent tous les ânes. L'auteur des Scènes de la de Bohème, eut bien des fois maille à partir avec les confrères de son père, en déménageant plus d'une fois à la cloche de bois.
La loge des concièrges était située parfois au fond de corridors sombres et puants, quelques fois à l'entre-sol, d'autre dans un sous-sol humide.
Casino des concierges largeur.jpg
Une autre vieille connaissance, Maxime Lisbonne, "Le d'Artagnan de la Commune", comme l'avait surnommé son biographe mon ami Marcel Cerf, avait ouvert une salle de spectacle 75 rue  Pigalle à qui il avait donné comme joli nom "Le Casino des Concierges".
Enfin pour terminer ce chapitre des concierges, il y en eut un, cher à notre coeur, au 10 rue Cortot à Montmartre qui connut une destinée hors du commun......
Vous avez aujourd'hui pour remplacer ce petit métier qui disparaît, des digicodes électroniques, et pour tirer le cordon un interphone !!!

24/01/2009

Une religion née en Angleterre, fuyant les persécutions, vint établir des colonies aux Etats-Unis, "Les Quakers Trembleurs"

Par Bernard Vassor

Quakers trembleurs.jpg
Danse de Quakers Trembleurs
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"Tout protestant est pape, une bible à la main"
Voltaire
En 1847, une statistique publiée à New-York, porte à vingt et un mille le nombre de congrégations religieuses aux Etats-Unis.
La religion des Quakers (qui vient du mot anglais trembleur) ou encore Société des Amis, fut fondée au XVII° siècle par le cordonnier George Fox. Le désordre religieux qui régnait depuis Henri VIII, qui avait ordonné à l'Angleterre de resté à moitiécatholique, puis Edouard VI qui avait demandé la conversion au calvinisme, Marie Stuart l'avait sommé de redevenir catholique, Elisabeth imposa de reprendre les croyances protestantes. Les Quakers furent la première religion qui émergea et survécut aux querelles fanatiques de la multitude de sectes qui étaient nées de ce désordre. Il s'organisèrent en associations. Les théories de Fox sont très simples : un radicalisme absolu en matière de foi, un mysticisme sans faille en matière d'inspiration divine. Pour eux, les communions, les serments les cérémonies étaient des pratiques païennes.
Une telle pratique attira contre eux une haine féroce. En 1809, une Quakeresse, Hanna Bernard, une prédicante célèbre, créa un grand trouble dans la "Société des Amis" qui créa un schisme. Elle défendit l'idée que le récit de la Bible était faux. Que Dieu n'avait pas pu commander de massacres des Chananéens, et que tous les autres passages de la Bible allant dans le même sens étaient mensongers. Ils finirent même par contester les miracles, et donc  ceux du Christ. C'est cette fraction qui franchit l'océan Atlantique au cours du XVII° siècle pour s'établir en Amérique et y prospérer, non sans difficulté. Les premiers émigrants ne rencontrèrent que l'animosité, les persécutions et les cachots. Plusieurs furent mis à mort par les calvinistes de Boston. Ils fondèrent alors une association pour acheter la moitié du territoire du New-Jersey où ils établirent un gouvernement selon leurs principes. Guillaume Penn(1644-1718) Quaker convaincu après avoir hérité d'une immense fortune, demanda au roi Charles II, la propriété d'un vaste territoire dans l'Amérique du nord sur les bords du Delaware. Cet endroit étant couvert de vastes forêt, il fut convenu de l'appeler Sylvania, il obtint du roi d'ajouter le nom de son père, de sorte que la concession prit le nom de Pensylvania....
Guillaume Penn se rendit sur place et offrit aux familles anglaises et écossaises de Quakers de belles garanties pour celles qui voudraient s'y installer. Beaucoup répondirent à cet appel.
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Réunissant les colons en assemblée générale, il proposa une constitution en vingt quatre articles, connue sous le nom de Charte de Pënn
Cette constitution fut adoptée le 25 avril 1682, et servit de base à celle des États-Unis de 1778.