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25/01/2009

Du portier au digicode, en passant par le concierge.

Par Bernard Vassor

Concierge hauteur.jpg
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Depuis l'antiquité, jusqu'au début du XIX° siècle, c'était le portier qui était le gardien des maisons, aussi bien dans la Rome d'Auguste ou de Néron, chez les grecs, les germains. EsclaveS ou domestiques, les portiers étaient de tous temps considérés après les coiffeurs, comme les gens les plus bavards et cancaniers. Il jouaient un rôle important au moyen-âge. Balayer le devant des maisons, escaliers et corridors, épousseter les niches des saints qui ornent les façades, graisser le marteau qui sert de heurtoir à la porte d'entrée, dérouiller les anneaux sur le devant de la maison où l'on attache ânes, mulets ou chevaux. Il fallait aussi sonner la cloche aux heures des repas, chasser les mendiants, chanteurs des rues ou les créatures louches. Voilà le travail du portier, qui doit aussi nuit, sortir avec une lanterne pour raccompagner ou accueillir les visiteurs. A Paris, les aristocrates, les gens de biens, les bourgeois enrichis, les comédiennes en renom et les grands seigneurs engageait à la place des portiers,  des Suisses que l'on faisait venir d'un canton helvétique. C'étaient des hommes de haute taille, d'une grande prestance à qui l'on faisait revêtir de somptueuses livrées. La Révolution rétablit l'usage des portiers. Ceux-ci connurent une vogue considérable dans les romans et au théâtre.
Henry Monnier fut surnommé l'Hérodote des portiers et des portières, en créant deux types : Mâme Pochet et Mâme Gibou. Balzac lui fit de Mme Gibot, une grasse comère qui épousa "ce gros n'amour de Gibot". Quand à Gavarni, ses portières étaient des mère de jeunes femmes devenues actrices, grosses matrone qui conduisaient leur fille chaque soir au conciergeatoire. Et puis Eugène Sue immortalisa le concierge qui s'appelait de son nom véritable Monsieur Pilet, il le fit entrer dans la postérité sous le nom de Pipelet.
Monsieur Pilet avait d'abord été épicier en province, avant de venir à Paris où il avait tenu une loge de concierge au numéro 8 de la rue de la Chaussée d'Antin. C'était un homme très maigre, au visage très triste. Il y avait dans son immeuble un peintre qui avait refusé de faire gratuitement le portrait de sa femme sous prétexte qu'il la trouvait trop laide. L'ancien épicier devenu concierge lui voua une haine inextinguible. Un autre peintre, qui connaissait Eugène Sue lui proposa de rencontrer Pipelet. Sue lors de sa rencontre, raconta au concierge qu'une princesse polonaise qui l'avait aperçu sur le pas de sa porte était tombée éperduement amoureuse de lui, et qu'elle sollicitait pour rêver de lui, un mêche de ses cheveux, qui d'ailleurs étaient fort rares. Le concierge céda à la demande de l'écrivain. Le même soir, des inconnus se présentèrent de la part d'une baronne allemande, d'une comtesse russe et d'une marquise italienne pour lui demander aussi quelques cheveux. Puis chaque jour d'autres solliciteurs se présentaient pour réclamer pour eux-même ce qu'ils considéraient être leur dû. Le pauvre homme n'osait plus ouvrir sa porte ni tirer le cordon. La plaisanterie fut à son comble, quand Eugène Sue annoça à son coiffeur qu'il trouverait au 8 rue de la Chaussée d'Antin une occasion superbe d'un solde de cheveux. Le coiffeur se précipita, et fut on s'en doute très mal reçu. Le pauvre Pillet eut une fièvre cérébrale et faillit en mourir.
Quand le feuilleton des Mystères de Paris parurent en 1846 dans le Journal des Débats, Pilet devenu Pipelet dans le roman acquit une telle célébrité que lorsque on lui lut les passages où son nom était mentionné, il fut transporté de joie. Il se considérait même comme le collaborateur, le co-auteur en somme d'Eugène Sue et il lui arrivait de dire, lui qui était illétré : "nous les hommes de lettres". Il mourut en 1849. Un autre concierge célèbre par son fils fut le père d'Henry Murger qui était tailleur, et tenait une loge rue des trois-Frères au numéro 5, et non pas rue Saint-Georges comme le répètent tous les ânes. L'auteur des Scènes de la de Bohème, eut bien des fois maille à partir avec les confrères de son père, en déménageant plus d'une fois à la cloche de bois.
La loge des concièrges était située parfois au fond de corridors sombres et puants, quelques fois à l'entre-sol, d'autre dans un sous-sol humide.
Casino des concierges largeur.jpg
Une autre vieille connaissance, Maxime Lisbonne, "Le d'Artagnan de la Commune", comme l'avait surnommé son biographe mon ami Marcel Cerf, avait ouvert une salle de spectacle 75 rue  Pigalle à qui il avait donné comme joli nom "Le Casino des Concierges".
Enfin pour terminer ce chapitre des concierges, il y en eut un, cher à notre coeur, au 10 rue Cortot à Montmartre qui connut une destinée hors du commun......
Vous avez aujourd'hui pour remplacer ce petit métier qui disparaît, des digicodes électroniques, et pour tirer le cordon un interphone !!!

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