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30/07/2009

Le préfet de Police Gustave Macé et le cabaret du "Père Lunettes"

Par Bernard Vassor
Au mois d'octobre va s'ouvrir au musée de la Police une exposition pour le centenaire de la création de ce lieu..
C'est  le préfet Gustave Macé, qui est à l'origine des collections présentées, bien que son nom n'y figure pas.....
medium_pere_lunettes_cabaret_rue_des_anglais_09_sepia.jpg
On aperçoit à droite sur la photo les hottes de chiffonniers
déposés avant l'entrée du "mannezinc" du numéro 4 de la rue des Anglais.

Un logis de nuit « à la corde ».

Malgré l'épaisse fumée, on pouvait distinguer plusieurs tableaux et fresques humoristiques dont certains ne manquaient pas de qualité.

Comme au Château Rouge, il faut payer ses consommations à l’avance, et comme chez celui-ci, il fut fermé par décision préfectorale en juillet 1886. Cet établissement avait été fondé à la révolution par un certain Lefèvre. Il avait une énorme paire de lunettes cerclées de cuivre qu’il portait sur le front. C’est en raison de cette manie qu’il avait été surnommé le Père Lunette, fort de ce sobriquet, il a fait peindre sur sa boutique une énorme paire de bésicles, puis, il en avait fait faire une enseigne.  En 1856, c'est le père Martin qui en prit la succession.

La complainte du Père Lunette était traditionnelement chantée en coeur :

"A gauche en entrant est un banc

Où le beau sexe en titubant

Souvent s'allonge

Car le beau sexe en cet endroit

Adore la chopine et boit

Comme une éponge.

La salle est au fond. Sur les murs

Attendant les salons...futurs

Plus d'une esquisse

Plus d'un tableau riche en couleurs

Se détache plein de chaleur

Et de malice.

Les pieds posés sur  ce dos vert

Une Vénus de la Maubert

Mise en sauvage

Reçoit des mains d'un maquereau

Une cuvette pleine d'eau

Pour son usage" L’ancien Préfet de police Gustave Macé, dans ses souvenirs décrit l’assommoir de l’ancienne rue des Anglaise, aujourd’hui rue des Anglais. Cette voie devait son nom à l’établissement de Bénédictines anglaises qui s’étaient installées là en 1677 dans la maison dont le numéro conventuel était le 28. Charles Virmaitre en fait la description suivante : « En pénétrant à l’intérieur il, failli se trouver indisposé, ses poumons se remplissant de l’atmosphère viciée et chaude qui régnait à l’intérieur de l’établissement. Un comptoir en zinc derrière lequel trônent le débitant et sa femme, occupe, presque dans toute sa longueur le côté droit de la pièce d’entrée. Dans l’étroit couloir, séparant ce comptoir du mur lui faisant face se presse une foule avinée, buvant debout, criant gesticulant. Derrière, on voit, sur un banc scellé dans le mur au dessous d’une rangée de cinq barils, cinq ou six vieilles femmes en haillons, sales, dépoitraillées, les unes assises, branlant la tête avec la cadence automatique particulière aux ivrognes, les autres couchées ivres mortes, presque toutes ronflant à l’unisson » La salle du fond était on ne sait trop pourquoi baptisée « le Sénat ».. C’était la salle où avait lieu le spectacle pour mériter le nom de cabaret. Les murs étaient ornés de gravures obscènes ou politiques. Un violoniste accompagnait un chanteur dont le répertoire débutait toujours par La chanson du Père Lunette :

 

« Oui quelques joyeux garnements

battent la dèche par moment

Chose bien faite !

J’ai dans mes jours de pauvreté,

 

J’ai dit-on, beaucoup fréquenté Père Lunette »

On ne servait que très peu de vin, à peine six ou sept barriques par mois. La consommation principale, était une méchante eau-de-vie « maison » qui méritait bien le surnom de tord boyau à 3 pétards le verre (15 centimes).

Au début du siècle, on venait écouter les tours de chant de Dédé l'Oiseau, Gaston trois pattes, Armand le Geulard et Joseph le maigriot. La salle de bal était au fond, et rien ne la séparait de la salle de consommation à l'entrée, avec un comptoir en zinc, de longues tables, et des bancs....Vers  1930, c'était devenu "le bal des Anglais", dans un décor de coupe-gorge, des couples dansaient la chaloupée devant des fournées de touristes américains.

Sources : La rue ne figure pas dans  l'abbé Lebeuf : Histoire du diocèse….. Un des articles du statut des religieuses, ordonnait de prier pour le rétablissement de la religion catholique en Angleterre, la propriété ayant une superficie de 1790 mètres carrés fut vendue au profit de l’Etat en l’an VII.

*Les mêmes que pour « le Château Rouge »


Commentaires

Bonjour, M. Vassor,

Une petite rectification : Le couvent des bénédictines anglaises était situé rue des Anglaises, précédemment nommée rue des Filles Anglaises et nommée aujourd'hui rue des Tanneries (XIIIème arrondissement, quartier Croulebarbe) au N°28 actuel, comme vous le précisez. Il subsiste quelques éléments de cet ancien couvent.

Le cabaret du Père Lunette était bien situé, comme vous le mentionnez, au 4 rue des Anglais (Vème arrondissement, quartier de la Sorbonne) mais cette rue n'a jamais portée le nom de rue des Anglaises.

Information :

LE PREFET DE LA REGION D'ILE DE FRANCE 
PREFET DE PARIS 
OFFICIER DE LA LEGION D'HONNEUR

ARRETÉ N° 2007 - 308
portant inscription au titre des monuments historiques de la salle du rez-de-chaussée 
avec ses décors peints de l'ancien cabaret du Père Lunette 
sis 4 rue des Anglais à PARIS (5ème)
LE PREFET DE LA REGION D'ILE DE FRANCE 
PREFET DE PARIS 
OFFICIER DE LA LEGION D'HONNEUR

ARRÊTE

ARTICLE 1er - Est inscrite au titre des monuments historiques la salle du rez-de-chaussée avec ses décors peints de l'ancien cabaret du Père Lunette sis 4 rue des Anglais à PARIS (5e) située sur la parcelle n° 103 A d'une contenance de 2 a 26 ca, figurant au cadastre section BQ et appartenant à la SOCIETE D'ECONOMIE MIXTE D'AMENAGEMENT DE L'EST DE PARIS, par abréviation SEMAEST, société d'économie mixte identifiée au SIREN sous le numéro 329 121 065, numéro régulièrement certifié au vu de ses statuts, ayant son siège social en l'Hôtel de Ville à PARIS (4e) et immatriculée le 20 février 1984 au Registre du Commerce et des Sociétés de PARIS.

La protection intéresse le lot numéro DEUX (2) correspondant, dans le bâtiment A, au rez-de-chaussée, à droite de l'entrée commune, un local commercial comprenant une boutique sur rue, une arrière boutique sur cour, acquis par acte de vente en date du 24 janvier 2007 passé devant Maître BOURGES, notaire associé à PARIS (8e), en cours de publication.

Le règlement initial de copropriété et l'état descriptif de division a été établi par la SOCIETE DE GESTION IMMOBILIERE FENAL-RONCEY, devenue SOCIETE DE GESTION IMMOBILIERE RONCEY ET CIE - par acte du 21 octobre 1968 passé devant Maître BOUVET, notaire à PARIS et publié au 2e bureau des hypothèques de PARIS le 3 décembre 1968, vol. 7506 n° 17 - et par la SOCIETE KREMPFF-MORELLO, par acte du 2 juin 1966 passé devant Maître BOUVET, notaire à PARIS, et publié au 2ème bureau des hypothèques de la Seine le 20 juin 1966, vol. 6228 n° 13.

ARTICLE 2- Le présent arrêté, dont une ampliation certifiée conforme sera adressée sans délai au Ministre de la Culture et de la Communication, sera publié au bureau des hypothèques de la situation de l'immeuble inscrit et au recueil des actes administratifs de la préfecture de la région d'Ile-de-France.

ARTICLE 3- Il sera notifié au Préfet, Secrétaire Général de la Préfecture de PARIS, au Maire de PARIS et au propriétaire, intéressés, qui seront responsables, chacun en ce qui le concerne de son exécutio

Fait à PARIS, le 07 MARS 2007
Signé : Bertrand LANDRIEU

PS : M. Gustave Macé était directeur de la Sûrété parisienne.

Cordialement.

Écrit par : Piednoir | 02/08/2009

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