Référencement gratuit

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12/07/2010

Un "Garçon-de-bonne-humeur" : Marie-Antoine-Madeleine Desaugiers

Par Bernard Vassor

Clés du caveau 3.jpg

"Ci-git, hélas ! sous cette pierre

Un bon vivant mort de la pierre"

Desaugiers était né le 17 novembre 1772 à Fréjus. Il vint à Paris, à peine âgé de deux ans. De santé délicate, il fut l'objet de soins particuliers de la part de ses parents. Après avoir terminé des études au collège Mazarin, il envisagea de rentrer dans les ordres. Après une retraite de deux mois  au séminaire de Saint-Lazare, il jeta son froc aux orties, et s'engagea résolument dans la vie de bohème. Il joua au théâtre de boulevard et arrangea un opéra-comique de Feydau "Le médecin malgré-lui". Un parent, colon à Saint-Domingue l'invita à le rejoindre à Haïti, et de s'installer chez lui. L'insurection du 23 aôut 1791 éclata dans la colonie Française des Antilles. Les esclaves noirs affranchis qui revendiquaient l'égalité avec les blancs, se lancèrent dans une guerre qui allait conduire à l'indépendance de l'île. Desaugiers en bon défenseur des blancs prit les armes contre les noirs. Il fit le coup de feu et tomba "au pouvoir des nègres". Condamné à mort, il fut sauvé de justesse par sa jeunesse. Il parvint à s'évader et fut recueilli par un navire Anglais qui le mena aux Etats-Unis. Desaugiers après de nombreuses péripéties, revint en France cinq ans plus tard. A paris, il commença une carrière de chansonnier, fournisseur attitré des petits théâtres à la mode, et, en compagnie de Gentil, Merle, Brazier, Chazet, Rosière, Piis, Laujon, Desfontaines etc... qui formèrent la Société des Garçons-de-bonne-humeur chez Balaine au Rocher de Cancale (Le café des Gobe-Mouches). Leur devise était "Vive la joie, vive le vin, vive l'amour". Bien vu des puissants, il obtint avec la bénédiction de Louis XVIII*, la direction du théâtre du Vaudeville en 1815. Charles X, arrivé aux affaires, le confirma dans son poste. Atteint de lytotripsie, "maladie de la pierre", il subit une opération (par le docteur Civial) qui conduisit le chansonnier tout droit au cimetiere du Père Lachaise le 11 août 1827.
Il fut classé parmi les chansonniers les plus "neutres", sans arrières pensées politiques, malicieux, inoffensif et gai.
Deaugiers Vaudeville rue de Chartre.jpg
Le théâtre du Vaudeville, était alors rue de Chartres, donnant sur le quartier sinistre de la célèbre impasse du Doyenné et la non moins célèbre rue Saint-Nicaise et la place du Carrousel.
Desaugiers était domicilié rue du Hasard...
*Son frère aîné, Auguste Félix, fut longtemps au service du roi, comme diplomate, consul général à Copenhague.

11/07/2010

Les tourments d'Auguste Biard, "cornecufié" par Victor Hugo

Par Bernard Vassor

Biard cadre salon 1846.jpg
Cette année là, Auguste Biard, un de peintres préférés de Louis-Philippe, qui arborait au front, les plus beaux bois qui lui avaient été plantés par un pair de France, était la risée du salon de 1846.

A madame Léonie :
On voit en vous, pur rayon,
La grâce à la force unie,
Votre nom, traduction
De votre double génie,
Commence comme lion,
Et finit comme harmonie
.

leonie biard cadre archives.jpg
La très jolie Léonie Biard, née d'Aunet en 1820, issue d'une famille de petite noblesse
La seule femme pour qui Totor avait envisagé de quitter Juju !!!

Après des études, à l'Institution Fauvel, c’est en 1835 que Léonie d’Aunet rencontre Auguste Biard, peintre  qui bénéficie de commandes de Louis-Philippe. De 20 ans plus agé qu’elle, il devient son amant en 1838. Ils se marièrent en juillet 1840, après le retour d’une mission scientifique au Spitzberg dont elle fut la seule femme, et Biard le peintre de l’expédition. Victor la rencontra certainement dans les salons de Fortunée Hamelin 58 d'Hauteville (futur hôtel Bourienne). Le 5 juillet 1845, un commissaire de police accompagné de l'artiste peintre, surprend en flagrant délit d'adultère dans une chambre d'hôtel du passage Saint Roch, la femme Biard et son amant. La femme Biard, en instance de séparation, est immédiatement jetée à la prison Saint-Lazare où elle resta du 5 juillet au 10 septembre, avant d'être transférée, grâce à l'intervention d'Adèle Hugo* (magnanime) dans un couvent. Condamnée par le tribunal de la Seine, elle perdit la garde de ses enfants. Son mari, Auguste Biard, autorisa sa sortie du couvent le 5 décembre  de la même année. Victor Hugo, lui, ami du Roi et pair de France bénéficia de l'inviolabilité pénale...Victor se sentit coupable et se fit un devoir, de continuer ses relations secrète avec elle,  jusqu'au coup d'état du 2 décembre qui vit leur séparation physique, mais n'empêcha pas le poète de correspondre avec elle.

Hugo grâce à ses relations dans la presse, parvint à étouffer le scandale.

...........................................

Un observateur avisé, en 1846, fit paraître un roman "La Cousine Bette" dans lequel, un personnage, le Baron Hulot, est surpris au lit avec Valérie Marneffe, sa maîtresse. Un juge de Paix, un commissaire de police et le mari de Valérie vont constater l'adultère.

....................

. Léonie collabora à la revue Les Modes parisiennes, tenant la chronique de mode comme elle l’avait déjà fait dans l’Événement signant du pseudonyme de "Thérèse de Blaru". Adèle l'aida à faire publier son "Voyage au Spitzberg" chez Hachette, qui obtint un beau succès.

". Léonie d'Aunet mourut à Paris le 21 mars 1879 (elle habitait 66 rue de Bondy, aujourd'hui rue René Boulanger dans le X°) quatre ans avant Juliette Drouet.**

L'histoire de la correspondance en elle même est très compliquée :
Hugo avait imaginé un stratagème pour brouiller les pistes. Il avait chargé une femme Alphonsine Masson*** de la transmission de mots écrits sur de fines pellicules de l'épaisseur de papier à cigarette à une dame dont il donne plusieurs adresses. Cette correspondance dura plus de dix ans.
*Léonie était proche d'Adèle, et fréquentait assidument le salon de la rue de la Tour d'Auvergne

**Qui fut la dernière informée de cette liaison de sept ans, elle mit Hugo en demeure de faire un choix. C'est le coup d'Etat, et son exil, qui tranchèrent pour lui !

***Alphonsine Masson mériterait un article à elle seule. Femme exaltée, membre d'un cercle qui "a retrouvé la sciencee bafouée de Mesmer". Elle perdit tout à coup sa faculté de médium pour se convertir à la religion chrétienne. Elle en profita pour écrire un livre :Ma Conversion paru en 1864

medium_BIARD_AUGUSTE_PROCLAMATION_DE_L_ABOLITION_DE_L_ESCLAVAGE_05.2.jpg

Lire les mises à jour dans l'article original remanié.

 

Celui qui dit NON ! à Vincent van Gogh : Charles Angrand

Par Bernard Vassor

Angrand Maison cadre.jpg

Charles Angrand (1854-1926) a vu le jour dans un petit village de Normandie, à Criquetot-en-Caux.  C'est à l'atelier Cormon, puis chez le père Tanguy, que Charles Angrand fit la connaisance de Vincent. Après sa rencontre avec Seurat qu'il accompagnait dans ses déplacements à Asnières et Courbevoie, Charles Angrand( 1854-1926) va porter à la perfection la technique de division des touches et  du mélange optique.

Ami de Aman-Jean, Camille Pissarro, Armand Séguin, d'Adolphe Albert, Paul Adam, Gustave Kahn, Félix Fénéon, ils se réunissaient chez Signac boulevard de Clichy. Il fut un des principaux peintre du groupe néo-impressionniste. Sa première exposition parisienne date de décembre 1884 au salon des Artistes indépendants 45 boulevard des Batignolles.
Je l'ai classé abusivement dans "les amis de Vincent" pour la simple raison que il avait refusé d'échanger une de ses toiles contre une de Vincent van Gogh !!!
C'est Charles Angrand lui-même qui raconte à Coquiot que Vincent avait vu sa toile "Les poules dans la basse-cour" ou plutôt "Jeune fille aux poules"en dépôt chez le père Tanguy, et qu'il (Vincent) avait été attiré par "sa lourdeur de pâte". Ils  eurent une discussion dans le "café du Théâtre", boulevard des Batignolles, qui n'aboutit pas. Angrand, les néo-impressionnistes Paris 1970
b0c362290af3dc4e1f8a59ae7c4699d5.jpg
A l'île de la Grande-Jatte, qu'un certain maire de Neuilly a fait transformer miraculeusement en résidences de luxe !
Lire les mises à jour dans l'article original
Mise à jour le 12/07/2010 :
Cest le 20 octobre 1886, que Charles Angrand rencontra Vincent qui lui demanda d'échanger le tableau intitulé "Jeune fille aux poules" qui était exposé chez Tanguy. Vincent dans une lettre datée du 25 octobre, réitère son offre en ces termes : "Monsieur, j'en ai parlé à  M. Boggs* de l'entrevue que j'ai eue avec vous et si vous aimeriez faire un échange avec lui, allez-y ardemment. Moi-même, je me suis recommandé pour un échange, j'ai justement deux vues du Moulin de la Galette dont je pourrait disposer. Espérant vous voir un de ces jours, je vous serre la main.-Vincent- Allez donc voir mon frère (chez Goupil & C. boulevard Montmartre) il y a en ce moment un très beau Degas. J'ai encore revu chez Tanguy votre  "Jeune fille aux poules", c'et justement cette étude là que j'aimerais vous échanger"
Angrand refusa l'échange. Ses héritiers durent le maudire !!
Angrand l'accident cadre.jpg
*Franck Myers Boggs (1855-1926) peintre américain, il suivit les les cours de Gérome à l'Académie des Beaux-Arts de Paris.

Le cabinet de Nicolas Grollier de Servière

Par Bernard Vassor

Grollier de servière livres.jpg
La roue d'étude de Nicolas Grollier de Servière.

Après le plaisir de  posséder des livres et d’en jouir

à la fois comme simple amateur et comme studieux,

je ne connais guère de plaisir plus vif, que celui d’en parler.

Charles Nodier

L'ingénieur Nicolas Grollier de Servière (1596-1689) est l'inventeur de machines fantastiques. Cette "roue, pupitre d'une façon particulière pour les gens d'études" dont on peut voire un exemplaire à la bibliothèque de l'Arsenal, était destinée à permettre de "sans changer de place ni bouger de son bureau, lire successivement plusieurs livres les uns après les autres, sans avoir la peine de les chercher, ou de se les faire apporter".

Deux grandes roues étaient solidement attachées l'une à l'autre par un axe qui les faisait tourner ensemble sur les pieds-droits.

Entre ces deux grandes roues, et autour de leur circonférence, il y avait des tablettes qui y étaient retenues par des espèces d'axes coudés et mouvant dans les grandes roue, en sorte que, lorsque les roues tournaient, le poids des pupitres les tenaient toujours dans la même position, et les empêchait de basculer et de perdre leur équilibre.

Né la même année que René Descartes, il mena une activité similaire à celle du philosophe, après des études brillantes, il s'engage, comme Descartes dans l'armée de Hollande, puis en Allemagne pendant la guerre de trente ans. Comme ingénieur, il inventa diverses machines de guerre, des engins de siège, des ponts flottants etc... Lors de son passage en Allemagne, certains ont prétendu qu'il avait été affilié à une loge rosicrucienne,ce qui n'a jamais été démontré.

L'invention de la roue d'étude, est aussi attribuée à Agostino Ramelli (1531-1600) dans un livre paru en 1588 :

TABLE DES CHAPITRES DE CET OUVRAGE (dans gallica) :
PAGE DE TITRE
nn [Frontispice]
nn AL RE CHRISTIANISSIMO
nn AU ROY TRES CHRETIEN
nn Prefatione
nn PREFACE : DE L'EXCELLENCE DES MATHEMATIQUES
nn ALLI BENINI LETTORI
nn AUX BENINS LECTEURS
1r [ 1-110 : Machines à élever l'eau]
171r [111-112 : Caissons hydrauliques]
174r [113-137 : Moulins, scieries, forges]
213v [138-139 : Machines à lever pour creuser un fossé]
216v [140-153 : Ponts mobiles]
253v [154-177 : Machines pour dégonder une porte, rompre des barreaux, arracher une serrure]
291r [178-183 : Machines pour "tirer et conduire de très grands poids"]
302v [184-187 : Fontaines]
316r [ 188 : Roue à livres]
317v [ 189 : Artifice pour conduire et tirer facilement l'artillerie en lieu haut]
319v [190-193 : Armes de jet, catapultes, arbalètes]
332v [ 194 : "Moyen artificiel pour tirer de nuit avec l'artillerie"]
336r [ 195 : Pont mobile]
nous retrouvons curieusement les mêmes inventions que celle de Grollier de Servière. Ce qui nous conduit à nous demander, qui est des deux le plagiaire ????

Nicolas Grollier descendait du célèbre Jean Grollier de Servière (1479-1565) trésorier des finances, mais surtout bibliophile réputé pour la beauté et la qualité de ses reliures.

10/07/2010

Un cénacle de mystificateurs et de gourmets : La Société des Gobe-Mouches

Par Bernard Vassor  

Pièce facétieuse Initiation à la société secrète des Gobe-mouches.cadre.jpg

Le but de la société était d'exploiter la vanité, la gloriole et la présomption des imbéciles afin de les faire éclater au grand jour.

Journiac de Saint-Méard* fut le premier président de l'illustre compagnie des Gobe-Mouches créée dans les premières années du règne de Louis XVI. Les réunions avaient lieu le mercredi dans un endroit qui portait le nom de ruche chez le libraire Desenne au Palais-Royal (vis à vis le café de Valois). Ils eurent (entre-autres) pour tête de turc le charlatan Mesmer, l'homme au baquet. Une correspondance facécieuse fut entamée et aussitôt publiée en brochures :

"Correspondance de .M. M... sur les nouvelles du baquet octogone, de l'homme baquet et du baquet moral, recueillie et publiée par MM. de F...( Toussaint-Joseph-André comte de Fortia de Piles) S...(Journiac de Saint-Méard) et B. (Pierre-Louis-Marie dBoisgelin de Kerdru)

Caillot-Duval

Boisgelin et Piles se servirent vers 1785, ensuite d'un personnage sorti de leur imagination, baptisé par leurs soins : Caillot-Duval. Un commissaire de police nommé Urlon, servit de première victime au projet de nos compères. Dans une missive envoyée au commissaire Caillot-Duval déplorait l'enlèvement de sa fille par un enseigne de hussard...Il lui demande d'effectuer des recherches pour la retrouver. Le commissaire ne fut pas dupe, compte tenu des détails bouffons, il répondit cependant au faux-plaignant dans une lettre humoristique. Puis, ce fut une victime facile, un procureur d'Abbeville nommé Lecat qui inondait de ses poèmes "Le Journal littéraire" de Nancy, fut encouragé par nos  deux farceurs. Ils firent intervenir un prince Russe nommé Kabardinski, prince Botanipet, commandant une division composée de Pastervipèdes, Frisecarpètes, et Simocupètes !!!.

Soudié, le bottier du roi de la rue Dauphine reçut une commande de Caillot-Duval, pour la confection de bottes sans couture, "comme un maître-ouvrier de Nancy venant d'en faire une paire qui fait l'admiration de la contrée". Le vaniteux cordonnier déclara la chose possible, mais refusa la commande sous le prétexte qu'il est très occupé.

L'entremetteuse dame de Launay de la rue Croix-des-Petits-Champs, accepta l'offre de lancer parmi les entreteneurs de Paris, deux nièces de Caillot-Duval.

Ils écrivirent plusieur centaines de lettres qui furent publiées en 1795, sous le nom de Caillot-Duval. Piles fit circuler le bruit que son adversaire Grimod de la Reynière, organisateur des "Déjeuners des Mystificateurs", en était l'auteur.

Caillot-Duval était devenu l'épouvantail des sots et des niais. Tout le monde tremblait de tomber sur lui. Les victimes se gardèrent bien de se plaindre et de réclamer leurs lettres.

Les gobe-mouches et Caillot-Duval disparurent pendant la révolution. Caillot-Duval d'après la Société des auteurs lorrains, fut atteint mortellement à la cuisse par une balle, lors des émeutes de Nancy et confia à un certain Michel, ses lettres, avec pour mission de les publier...

Une autre Société des Gobe-Mouches revit le jour en 1802, mais, c'est une autre histoire.

Gobemouche Léonard, pseudonyme de Willemain d’Arancourt Barthélémy charles Graillard de Graville : journaliste né à Paris 1727, en 1764. « L’Ami des filles, 1761-1772" in-12.

"Entendons-nous, ouvrage de monsieur Gobe-mouches aux boulevard 1760". Et sous le pseudo de Thibault de Pierrefitte : "Le journal villageois".

"Les douceurs de la vie, ou les petites félicités qui s'y rencontrent à tout moment, pour servir de consolations aux misères et tribulations du docteur Béresfort, par A.D".

*Ancien capitaine au régiment de Roi-Infanterie.

09/07/2010

LES FANTÔMES PHOTOGRAPHIQUES DU BOULEVARD MONTMARTRE : Dans l'échoppe de Jean Bugnet.

Par Bernard Vassor

medium_jean_buguet_boulevard_montmartre_sepia_05.jpg

Un client retrouve sur un cliché fluidique le spectre de son frère noyé un an auparavant.

Vers 1874, la boutique du numéro 5 boulevard Montmartre, juste à côté du théâtre des Variétés, un photographe Jean Buignet avait trouvé un filon en vendant à tout un chacun "l'image fluidique" d'un proche disparu. Moyennant un supplément de vingt francs, il ornait votre portrait de celui de votre femme si vous étiez veuf, de vos père et mère ou de votre oncle dont vous déploriez la perte. La photographie des mânes du défunt était assez floue et peu distincte. Ce qui fait que l'on pouvait reconnaître à peu près n'importe qui.

 

La célèbre librairie spirite Leymarie avait commandé à Bugnet tout un lot de clichés fluidiques au prix de cinquante centimes, revendues soixante quinze par la libairie qui faisait tourner les tables dans son arrière boutique. Bugnet perfectionna le système, quand une personne désirait être représentée en compagnie d'un cher disparu, elle se rendait chez Bugnet. Celui-ci s'enquérait des caractéristiques de l'esprit qui devait apparaitre sur la photo puis se rendait dans une pièce voisine. Il demandait au visiteur de revenir le lendemain où le client se voyait photographié à côté d'un spectre ressemblant à la personne évoquée. La somme demandée était cette fois de vingt francs or !

Victime de son succés, débordé de travail, il commit quelques erreurs. Un jeune homme désireux de revoir sa fiancée auprès de lui, se retrouva flanqué du portrait d'un sapeur barbu lui tenant la main...

Le peintre Paul Chenavard professeur à l'Ecole des Beaux Arts, flairant la supercherie, se mit à faire des expériences pour convaincre la justice de ces procédés délictueux. La police se fit tirer l'oreille, mais quand Chenavard réussit à  écarter toutes les objections, le parquet se décida à agir...

Un commissaire de police se présenta chez Bugnet, et lui demanda de faire son portrait avec l'image de son grand-père. Le spirite ne se fit pas prier. Après avoir rapporté une plaque qu'il venait de sensibiliser, avant d'ouvrir son objectif il se mit à prononcer des invocations sacramentelles. Le commissaire ne lui laissa pas le temps de terminer ses manipulations, dévoilant son écharpe, il saisit l'appareil, la plaque, et procéda à une visite domiciliaire. Il découvrit dans son laboratoire toputes sortes de poupées enrobées de dentelles comme recouvertes d'un linceul. La plaque saisie fut développée en présence du prévenu. Le resultat fut celui attendu, la présence d'un grand-père, en attente de l'arrivée de son petit-fils.

 

Rapport Buguet p Po.jpg

Rapport (archives de la préfecture de Police)

La justice s'empara de l'affaire, et un procès eut lieu le 16 juin 1875, Jean BuIgnet fut condamné pour escroquerie à un an de prison et 500 francs d'amende. Malgré les aveux de Bugnet, un bon  nombre de dupes refusèrent de reconnaître la fraude. Un officier supérieur d'artillerie

lui-même spiritie, avait en pleine audience soutenu que l'accusé avait tort, que lui-même n'était pas dépourvu de connaissances scientifiques, et engagea Bugnet à persister dans ses dénégations.

Après avoir purgé sa peine, Bugnet préféra quitter l'ingrate patrie pour exercer sa noble activité en Belgique afin de ne pas perdre son fluide médiominique.

Mise à jour le 9/07/2010

Bibliophilie, de l'utilisation des archives secrètes : "Liste de tous les prêtres trouvés en flagrant délit CHEZ LES FILLES PUBLIQUES DE PARIS"

Par Bernard Vassor

liste prêtres 02.jpg

Ce frontispice représente Chenon, le commissaire de pôlice du Châtelet, qui contôle l'arrestation d'un prêtre.  C'est ce même homme qui transféra sans ménagement le marquis de Sade, de la Bastille à Charenton. L'avertissement de ce livre paru anonymement (certains l'attribuent à Andréa de Nerciatt) indique :

"Comme on sait que les registres de la police de Paris étoient déposés à la Bastille, après avoir resté un certain temps à l'hôtel du lieutenant de police, on ne sera pas surpris que cette liste soit tirée de papiers trouvés dans cet antre infernal, qui ne sembloit destiné qu'à engloutir les malheureuses victimes du despotisme."* La longue liste donne les noms de ministres du culte surpris dans des situations singulières. Un petit inconvénient, ces rapports de police ne sont pas datés, et donc laissent penser que les évènement décrit précèdaient de peu la révolution, ce qui est faux. Certains de ces documents datant de la moitié du dix-huitième.

Le but de ce livre étant de faire droit des prêtres au mariage, pour qu'ils profitent :"du plaisir si doux de satisfaire un besoin naturel"

liste prêtres titre.jpg

L'intérêt de cet ouvrage est de mentionner les maisons closes de Paris, les noms des mitronnes (matrones), filles d'amour, appareilleuses et autres "Ambulantes à la brune". Le vocabulaire de ce siècle était savoureux, et ne s'embarrassait pas de litotes. Nous pouvons lire sous la plume d'inspecteurs** :

"G. Pavie, prêtre habitué à S. Eustache trouvé rue Pavée S. Sauveur, chez la nommée Aubert, avecMarie-Anne Maurice, qu'il a conu charnellement deux fois jusqu'à la copulation (...) J.B. Gaillard, chanoine dominicain de la Victoire-les-Senlis, trouvé rue Thévenot chez la femme Lefèvre, avec Marguerite Hubert, qui l'a manualisé jusqu'à la pollution. (...)A. Montbrun de S. Sauveur, sous diacre du diocèse de Lissac, trouvé rue S. Honoré chez la Christine Defoy, qui l'a manualisé en présence de Marie de Varenne, sans être parvenu à la pollution (...) C. Legrand de Lescarmoutier, prêtre trouvé rue Basse-S. Denis trouvé avec la femme Rose Boursier, qu'il a vue charnellement, laquelle l' fouetté pour son plus grand plaisir (..)

J. Jolibert, prêtre desservant au château de Bicètre, trouvé déculotté dans une aallée, rue Guénégaud avec une femme sans domicile connu (..) F. M. S. de Tascher de la Pagerie***, prêtre, chanoine de Blois, trouvé rue Montorgueil chez Christine Barque en compagnie de la nommée Rosinberguerine, qu'il a vue deux fois charnellement jusqu'à la copulation parfaite".

 

*Ces archives de la Bastille, sont aujourd'hui conservée à la bibliothèque de L'Arsenal.

.. Dont le commissaire au Châtelet Hubert Mutel, et le célèbre second du lieutenant de police Louis Marais.

***François-Marie-Stanislas Tascher de la Pagerie né en 1729, chanoine de Blois, puis, aumônier de la dauphine, enfin vicaire général de Macon

11:22 Publié dans L'amour des livres | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

Félix Pyat : pour la célébration du bicentenaire de sa naissance, publication par Guy Sabatier d'une pièce demeurée inédite depuis 1848.

Par Bernard Vassor

Felix pyat médecin de Neron guy sabatier.jpg

Médecin de Néron

Avec cette pièce, il ne s'agit pas moins pour Pyat que d'extirper le mal absolu incarné par le pouvoir des Césars pour réaliser le paradis terrestre de tous les opprimés (des esclaves des catacombes aux travailleurs des fabriques.

Le manifeste de Karl Marx vient de paraître. Le spectre du communisme auquel s'opposent toutes les puissances telles que le pape, le tsar, Metternich, Guizot, hante alors l'Europe. A la suite de la révolution de février en France, Félix Pyat est devenu représentant du peuple à l'Assemblée Constituante : il se bat pour le droit au travail et lutte contre Tocqueville qui veut instaurer l'élection du président de la République au suffrage universel. Il délaisse le théâtre pour la politique, ce qui l'entraînera dans un exil de trente ans (y compris après avoir été membre de la Commune de Paris (dont il a été l'élu comme membre dans le Xe arrondissement et siègea à l'Hôtel-de-Ville ).

Mais l'esprit de son socialisme utopique et eschatologique continue de souffler dans ses oeuvres. Guy Sabatier en a retrouvé le manuscrit qui avait été sauvegardé par Henry Mathey, ouvrier-bijoutier lui aussi communard ( je crois secrétaire et exécuteur testamentaire de Félix Pyat) qui le recopia en plusieurs exemplaires du fait de son admiration pour Pyat. Mathey mourut à l'hospice de Brévannes en 1913 et Lucien Descaves qui lui avait rendu visite, récupéra un exemplaire.

Comment guérir un empereur, incarnation du mal absolu, pour qu'il cesse définitivement de nuire, tel est l'intrigue de ce drame ?

Guy Sabatier

a déjà publié sa thèse aux éditions L'Harmattan en 1998, sous le titre de "Le Mélodrame de la République sociale et le théâtre de Félix Pyat" (2 tomes) Depuis, il n'a cessé  d'approfondir l'étude du genre mélodramatique (il a ainsi publié : "Ne nous reste-t-il que l'errance ?" en 2005).Il prépare une biographie politique complète de Félix Pyat (premier volume déjà paru à compte d'auteur : "L'amorce révolutionnaire 1810-1864")

ISBN : 978 2 296 12647 3

20.50 euros

La couverture représente un fragment du tableau de Thomas Couture : "Les Romains de la décadence" qui figura au salon de 1847.

http://autourduperetanguy.blogspirit.com/archive/2010/06/...

08/07/2010

Sur les pas de Paul Léautaud dans "Bréda street"


Paul Léautaud (1872-1956)

Par Bernard Vassor

« Mon enfance s’est passée toute entière dans ce quartier de Paris qui va de la Butte Montmartre aux grands boulevards, et qui est bordée, d’un côté, par la rue de Clichy et la Chaussée d’Antin, et de l’autre, par la rue Rochechouart et le faubourg Montmartre. La région qui m’était la plus familière, celle où mes yeux s’emplissaient des images que je devais conserver toujours était celle qui est comprise entre les rues Notre-Dame-de-Lorette et Fontaine, les boulevards de Clichy et Rochechouart, et les rue Rochechouart et Lamartine. »

Ballotté entre un père comédien divorcé, sa mère Jeanne Forestier, une« cocotte » qui l’a abandonné dès sa naissance, et la domestique de Léautaud père qui va vraiment l’élever. Les rares rencontres avec sa mère se faisaient dans des « maisons meublées », la plus mémorable fut cette entrevue, passage Laferrière en 1881 : «  dans une maison qui existe encore je crois [?], le passage Laferrière est devenu depuis la rue Laferrière et les deux grilles qui fermaient à ses deux extrémités, rue Notre-Dame-de-Lorette et rue Bréda (Henri Monnier), ont disparu »

Celle qui lui servira de mère, Marie Pezé habitait au 14 rue Clauzel au dernier étage, et c’est là que le petit Paul a passé la plus grande partie du temps sa petite enfance.

«  Ma chère maman Pezé, je revois parfaitement la petite chambre mansardée que Marie occupait au sixième étage et que nous regagnions chaque soir vers les neuf heures et demie. Je voulais toujours qu’elle me porta pour monter l’escalier. Arrivée au cinquième, elle prenait un petit couloir obscur, qui jusqu’à un escalier tournant d’une dizaine de marches au plus qui menait au sixième étage. La porte de la chambre était juste en face. Comme j’y étais bien dans cette chambre, et quelles heures tranquiles j’y ai vécues, bien plus heureux que dans les appartements paternels ! »

Le domicile du père était dans un petit pavillon du 21 rue des Martyrs.

Je ne sais pas en quelle année, Marie Pezé est sortie de la vie du « Petit ami », mais, dans une lettre à sa tante Fanny Forestier du 31 décembre 1882, Paul Léautaud. après le déménagement à Courbevoie, lui écrivit :

« Ma Chère tante [], (…) je vous demanderai de m’envoyer le nom et l’adresse de ma mère. Mon père vous souhaite une bonne année et une bonne santé ainsi que moi, Madame Pezé vous souhaite bien le bonjour. 
Je vous embrasse de tout mon cœur. 
Paul Léautaud 
3 avenue de la République 
Courbevoie 
Seine. »

Dans le volume de la « Correspondance », il ne sera plus question de Marie Pezé, qu’est-elle devenue ?

D’autre part, Léautaud semble ignorer que le père Tanguy, depuis l’année de naissance du Paul, tenait la boutique du 14 rue Clauzel, et que Vincent Van Gogh était un habitué de cette maison jusqu’en 1889… (Emile Bernard avait dans un long article au "Mercure de France", mentionne le 14 rue Clauzel). L’immeuble était alors fréquenté par des « insoumises », des "fenestrières" comme on disait à l’époque.

Quelques ouvrages de Paul Léautaud :
Le Journal Littéraire, 17 volumes je crois, à quand une réédition ? 
Le Petit ami, Mercure de France 1903 
Paul Léautaud Correspondance 1, 10/18 domaine français © 1972 
Archives personnelles 
Archives de la Préfecture de police 
Pour l’histoire des fenestrières consulter le site de Noëlle Benhamou, la spécialiste de Maupassant qui a vécu au 19 rue Clauzel presque en face du 14 ,http://perso.wanadoo.fr/maupassantiana.

mise à jour le 08/07/2010.

07/07/2010

Amusements et curiosités littéraires : De la supposition d'auteurs, des plagiats canulars et supercheries


Michel Chasles (1793-1880), mathématicien, membre de l'Académie des Sciences et de la Royal Society.

Depuis la renaissance, l'histoire fourmille de petites mystifications et de grandes escroqueries littéraires.

Déja, au seizième siècle, le savant de Modène, Sigonio (1520-1584) avait découvert quelques fragments d'un traité de Cicéron au moyen duquel il recomposa un ouvrage entier. Ce n'est qu'à la fin du dix-huitième siècle que l'on découvrit la supercherie dans une lettre où Sigonio avouait être l'auteur de "de Consolation" supposé être de la main de Cicéron. Pourtant, un de ses élèves Ricoboni, avait découvert la fraude et s'était empressé de la signaler, mais personne ne lui accorda aucun crédit.

Joseph Scaliger, un des plus grands érudits du seizième, fut la victime d'un de ses amis qui lui avait donné à publié de supposées pièces de comiques anciens "Attius et Trabéas" qui n'existaient que dans l'imagination de Marc-Antoine Muret.

L'histoire de la peinture en Italie, Stendhal plagiaire !!!

"Tout ce que disait Lanzi, ne se trouve pas

dans Stendhal, mais tout ce qu'écrivait

Stendhal, se trouve dans Lanzi"

C'est la deuxième publication donnée par Henri Beyle qui est le plagiat d'un ouvrage de l'abbé Luigi Lanzi (1732-1810), directeur du Musée de Florence : "Storia picturia dell'italia" paru en 1795-1796. Dans l'introduction Stendhal utilise de larges extraits de Richardson du "Trattato della pittura". Il envoie son manuscrit à son éditeur le 30 mai 1817. "A l'époque où il commence à écrire, il ne connait pas grand chose à la peinture. Il emprunte aux auteurs qu'il consulte, et s'approprie des pages entières, auxquelles il ne fait subire que de minimes changements. Il coupe, condense ou allonge, mêlant à plaisir le bien d'autrui et ses réflexions personnelles"(Henri Martineau). Dans sa première étude sur Haydn, en 1815, Henri Beyle avait "oublié" de mentionner que le livre était traduit de l'italien; car Carpiani son véritable auteur protesta. Mais Beyle qui s'était caché sous le pseudonyme de Bombet, échappa de peu à la disgrâce de voir son nom éclaboussé.

......

L'affaire Vrain-Lucas

"Billet d'Alexandre le Grand à Aristote : A son très aimé Aristote : Mon amé, ne suys pas satisfait de ce qu'avez rendu public aucun de vos livres, que deviez garder sous le scel du mystère ; car c'est en profaner la valeur... Quant à ce que m'avez mandé d'aller faire un voyage au pays des Gaules, afin d'y apprendre la science des druides, non seulement vous le permets, mais vous y engage pour le bien de mon peuple, car vous n'ignorez pas lestime que je fais d'icelle nation que je considère comme étant ce qui porte la lumière dans le monde. Je vous salue. Ce XX des kalendes de mai, an de CV Olympiade."

Signé - ALEXANDRE

Coup de tonnerre à l'académie des Sciences, le grand savant Michel Chasle, dans une communication en 1867, révèle que ce n'est pas le chétif et maladif Newton qui a découvert les lois de la gravitation. En effet, c'est le Français Blaise Pascal qui ,en est à l'origine !

"Je détiens les preuves  de cette abominable escroquerie" déclare l'éminent académicien. Il a pour preuves, une dizaine de lettres de Pascal, adressées à un jeune étudiant nommé Newton, en lui indiquant  l'avancement de ses travaux sur le sujet. L'auteur des Pensées évoquait, dans ces lettres, en 1648, du système des lois d'attraction dont Newton ne devait avoir la révélation que vingt ans plus tard ! Donc, Newton ne fit que recopier ces éléments qui vont bouleverser l'histoire de la physique et des sciences.

Cocorico !!! La France entière, le gouvernement impérial qui a le privilège de détenir la garde de ces saintes relique, la presse souligne l'évènement, des chansonniers composent des hymnes à la gloire à la fois de Pascal et de Chasles, en n'oubliant pas de démontrer "la superiorité des Français, face à ces stupides Anglais.

Trois années plus tard, un procès s'ouvrit devant le tribunal correctionnelle de la Seine.  Le faussaire, fournisseur des documents vendus à l'académicien comparait pour avoir fabriqué des faux. Au lieu de nier, un certain Denis Vrain-Lucas, se prête complaisamment aux questions des accusateurs.

Il décrit les difficultés de son métier...comment se procurer du papier ancien, comment pour donner un aspect ancien, roussir les feuilles une à une à la flamme de chandelles.

Le  nombre de faux documents, plus de 27 000, est examiné par la cour. On y trouve pêle-mêle dans les travaux du stakanoviste Vrain-Lucas des lettres de Socrate à Euclide, d'Héloïse à Abélar, de Saint-Eloi à Dagobert, de Jules César à Vercingétorix, de Charles Quint à Rabelais.

Le prévenu fut condamné à deux ans de prison et une amende. Le savant Michel Chasles qui avait fini par saisir la justice fut déconsidéré à jamais.

La Chasse spirituelle :

Stupéfaction dans le landerneau rimbaldien !

Le journal "Combat", en 1949, annoncait avoir retrouvé le manuscrit légendaire d'un texte de Rimbaud de 34 pages intitulé :"La Chasse spirituelle" et l'avoir fait publier dans le "Mercure de France". Branle-bas de combat, les rimbaldolâtres, comme toujours ne tarissaient pas d'éloge sur cette pièce digne du génie d'Arthur. Ce manuscrit, "miraculeusement retrouvé chez un collectionneur" fut authentifié par nombre de "spécialistes" de Rimbaud.

Cela n'empêche pas aujourd'hui encore, de retrouver "miraculeusement" chaque année photographies, texte inédits, révolver de Verlaine avec la caution de rimbaldophiles patentés.

Ce texte fantôme, qui avait été oublié par Rimbaud, rue Nicolet chez les Mauté, Matilde, la femme de Verlaine disait l'avoir donné à Philippe Burty. Depuis, 1872, personne n'avait retrouvé la trace de ce texte mythique.

Mais, quelques semaines plus tard, deux comédiens, Nicolas Bataille et Mme Akakia Viala,  qui avaient monté "Une Saison en enfer" furent éreintés par ces mêmes "spécialistes rimbaldiens", ils levèrent le voile, en reconnaissant être les auteurs de cette supercherie, pour confondre et démontrer l'incompétence des prétendus spécialistes.

Seul André Breton s'était indigné : " «Combat" présente aujourd’hui un document littéraire exceptionnel que l’on croyait perdu depuis 1872.»

Aujourd'hui encore, chaque année voit des photos retrouvées miraculeusement, le révolver de Rimbaud, des poèmes ou des textes inédits retrouvés tout aussi miraculeusement, avec la caution de rimbaldophiles patentés. Cela fait beaucoup de miracles pour un homme qui

avait dit :"Merde à Dieu"

05/07/2010

Orllie Antoine I° roi d'Auricanie, un illuminé, un rêveur ou un charlatan ?

Par Bernard Vassor
Nina de callias éventail largeur.jpg
Une soirée chez Nina par Franc-Lamy, où le roi de Patagonie égayait parfois les soirées où les frères Cros (Charles, amant de Nina, Henri et Antoine) étaient les princes.
(Antoine Cros, sera d'ailleurs le deuxième roi de Patagonie, Achile Laviarde étant le troisième en date)
.......
Avertissement: L'histoire rocambolesque, "ithyphalique pioupiouesque et abracadabrantesque"de ce sympathique arriviste illuminé mégalomane ambitieux, qui est encore aujourd'hui l'objet d'un culte quasi sectaire. L'intérêt pour nous, est également la présence d'Antoine Tounens dans"l'atelier de décervelage" de la rue Chaptal (17 au premier étage et non pas au deuxième comme le dit J.J.Lefrère), chez Nina de Callias, "La Dame aux éventails" d' Edouard Manet.
.......
Antoine Orllie Tounens, huitième enfant d'une famille de fermiers, est né le 12 mai 1825 à Tourtoirac. Après avoir suivi des études de droit, il fit l'acquisition d'une charge d'avoué à Périgueux en 1851. Très tôt il nourrit l'illusion de son appartenance à la classe nobiliaire; qu'à cela ne tienne ! Il obtiendra de la Cour Impériale de Bordeaux le droit de faire précéder son patronyme d'une particule. et se fit appeler Antoine de Tounens...Dévoré par l'ambition, Tounens quitta sa robe de notaire et s'en alla à la conquête d'un royaume au delà de l'Atlantique. Il avait lu un poème épique traduit par Voltaire d'un conquistador Alonzo de Ercilla, qui lui bouleversa la têye au point de tout laisser en plan, il vend sa charge et s'embarque en 1858 sur un bateau en partance pour le Chili. L'histoire d'un peuple insoumis les Araucans, qui avait combattu avec succès les espagnols, qui vivait en clans séparés. Son intention était de les réunir sous son autorité, et de se faire élire roi de Patagonie. Il avait étudié l'espagnol et le chili duya,la langue des Mapuches ( les araucans). Il rédigea la constitution de son futur royaume pour "son peuple" constitué de six tribus : Les Moluches, les Pinches, les Puelches, les Huitiches, les Puenches et les Aucas, ou Araucans. Il voulait être le Toqui (chef) qui prend le titre avec une couronne, et un manteau d'hermine !
En 1860 les Mapuches entrés en résistance, étaient sur le point d'être vaincus, quand il se présenta comme leur sauveur, présenté ainsi par un chef de clan, il se fait introniser roi de Patagonie et d'Araucanie. Il nomme des ministres et annexe des territoires qui coupent le Chili en deux.
En "communicateur" habile, il annonce son avènement aux journaux du Chili, de l'Argentine et de France à qui il demande un soutien pour financer la riche exploitation minière de ce pays, et fait la demande d'ouvrir une ligne maritime entre Bordeaux et l'Auricanie.
En 1862, Tounens est kidnapé et incarcéré dans une prison de la ville de Los-Angelès en pays Mapuche. Il fut condamné à mort, puis vit sa peine commuée en emprisonnement à perpétuité.
Il sortit de prison en 1862 sur intervention des autorités françaises, et revint à Paris tout penaud. Le tout-Paris, fit des gorges chaudes de l'équipée sauvage de Sa Majesté redevenue Tounens tout court.
En 1864, un hôteleir le traîna devant les tribunaux pour grivèlerie, ce qui fit dire à un humoriste, que le seul palais que possédait ce monarque, était celui par lequel était passé la nourriture qu'il ne voulait pas payer.
.........
Il ne renonça pas pour autant, en 1871, après avoir lancé une souscription, il repartit pour "son" royaume.
Il fut arrêté et torturé par quelques uns de ses "sujets" qui lui reprochaient de ne pas avoir tenu ses engagements, c'est à  dire de leur fournir des arme, puis libéré par des indiens Mapuches à qui il avait fait croire qu'un bateau chargé d'armes les attend sur la côte pacifique. Obligé de s'enfuir précipitament, il essaya de retourner sous une fausse identité. Reconnu à Buenos-Aires par un militaire argentin, il est de nouveau rééxpédié en France. Sa tentative en 1876 sera la dernière. On l'a retrouvé un peu plus tard sur un trottoir de Buenos Aires quasi-mourant. Il a été soigné et opéré sur place, puis renvoyé une nouvelle fois en France. Il se retira définitivement dans son village natal à Tourtoirac où il mourut en 1877.
...............
..............
Cet ouvrage a été édité 52 passage Jouffroy. Cet endroit est encore aujourd'hui l'emplacement d'une librairie "aux quatre vents".
C'est entre des boites à livres situées dans le passage qu'un escalier branlant menaçant ruine, conduit dans un minuscule bureau au premier (demi) étage, siège du libraire éditeur Thévelin, dans ce temps là.
Orllie-Antoine premier roi patagonie.jpg
"Le premier qui fut roi fut un avoué malheureux"
Publié 52 passage Jouffroy, cette  plaidoirie du Prince auto-proclamé par une tribu indienne du Chili, fait prisonnier par le gouvernement Chilien pour avoir tenté de soulever ces tribus d'Auricanie contre le Chili en faisant passer les indiens d'une rive du Bio-Bio sur l'autre
rive  (?).
Il assure que les Indiens de Patagonie et d'Auricanie l'ont librement proclame roi et adopté son drapeau bleu blanc et vert !
...............
Condamné à mort, triste destinée à laquelle il a échappé. Cet ancien notaire se déclare résolu à exploiter ses connaissances en généalogie, biographie etc.. comme ancien liquidateur en comptes, conseils dans les affaires litigieuses. Il fut libéré sur intervention du gouvernement Français, mais n'abandonna pas pour autant son combat pour trôner sur le territoire de Patagonie et d'Auricanie.
Il organisa une vaste publicité pour obtenir des fonds dans le but d'influencer le gouvernement pour parvenir à ses fins. Il tenait des séances chez lui à Paris, et il indiquait :
"Les personnes qui voudront bien m'honorer de leur confiance, me trouveront tous les jours sauf le dimanche.
Prince O.A.Tounens
ancien avoué, roi d'Auricanie et de Patagonie
généalogiste et biographe
5 rue de Grenelle Saint-Germain
Et une circulaire qu'il adressait à d'éventuels bienfaiteurs :
"Sire,
voici une créance véreuse que je dépose entre vos augustes mains. Je supplie humblement Votre Majesté de faire vendre s'il le faut, la paillasse de mon débiteur qui est la dernière des canailles, et j'ai l'honneur de remettre à Votre Majesté 12 f 50 c pour ses premières courses"
Cette auguste personnalité fréquentait le salon de Nina de Villar.
Les successeurs du roi de Patagonie, furent Antoine Cros (dont l'académicien Maurice Druon est un descendant), le frère de Charles Cros, Achile Laviarde, et il s'en trouvent encore d'autres jusqu'à encore aujourd'hui......
Mise à jour le 5/07/2010.

EVA & JEANNE GONZALES : artistes injustement méconnues.

PAR BERNARD VASSOR

a24cc7a04023456a2e8e9ec36361f8a0.jpg

Inhumée au cimetière Montmartre dans le caveau de son père,  son nom ne figure même pas sur la stèle. Eva Gonzalès (1849-1883) vit le jour à Paris. Elle était la fille de l'écrivain Emmanuel Gonzalès, président de la Société des Gens de Lettres. Puis elle rencontra Edouard Manet dont elle devint un de ses modèles préférés. En 1865, elle prit des cours de dessin chez le peintre de salon Charles Chaplin, avant de devenir l'élève et le modèle d'Edouard Manet en 1869 qui en fit son modèle préféré, ce qui provoqua  la jalousie de Berthe Morizot. Elle exposa au Salon en 1870 pour la première fois et y présenta ses tableaux tous les ans. Elle fit des séjours à "la ferme Saint-Siméon"

Elle reçut des éloges de Zola et de Castagnary. Mariée en 1878 au peintre et graveur Henri-Charles Guérard (1846-1897). Celui-ci, après ma mort de sa femme, épousa Jeanne Gonzalès, la soeur cadette d'Eva, peintre aquarelliste elle aussi.
Eva se distingua par d'originales recherches picturales : "des variations sur les différents tons de blanc"
Endeuillée par la mort d'Edouard Manet en 1883, elle devait succomber à une embolie 5 jours après le décès de son maître, à l'age de 34 ans au moment de la naissance de son premier enfant. Jusqu'à nos jours, Eva Gonzalès n'a pas connu le même succès auprès des amateurs et historiens d'art.
.............
Jeanne Gonzales :

Étrange destinée, à l'ombre de sa sœur, elle fut aussi son modèle quotidien. Née en 1852 au 18 rue de Laval(Victor Massé) elle est de trois ans la cadette d'Eva. Elle fut baptisée à Notre-Dame-de-Lorette en 1857, elle eut Eva pour marraine. Comme nous avons pu le constater, la famille Gonzales-Guerard a beaucoup déménagé, mais dans un périmètre très restreint, allant de la rue de Laval, avenue Frochot, puis rue Bréda(Henry Monnier ) à plusieurs adresses, au 5, au 15, et au 11. En 1875, Eva et Jeanne donnèrent des œuvres au profit de l'Ecole libre et gratuite du 54 rue Blanche (curieusement, ce sera aussi une des adresses à Paris d'Andries Bonger, le beau-frère de Théo van Gogh, qui sera chargé par sa sœur Johanna de gérer les toiles de Vincent dans la boutique du père Tanguy au 9 rue Clauzel). Le mariage d'Eva et de Henri Guerard a eu lieu à la mairie du neuvième arrondissement, avec pour témoins, entre autres, l'éditeur Dentu, le docteur Gachet et Edouard Manet. Après le décès d'Eva, Jeanne épouse Henri Guerard toujours à la mairie du neuvième. Ils sont domiciliés dans un bel hôtel particulier au 4 avenue Frochot.

Elle exposa aux salons de 1878 à1889 et en 1882 à l'exposition spéciale des oeuvres des artistes femmes, 7 rue Volney..
Le 31 octobre 1924, Jeanne meurt au château de Coubloup à Vic-sur-Nahon
Sources essentielles : Marie-Caroline Sainsolieu et Jacques de MonsEva Gonzalès, La bibliothèque des Arts Paris 1990
Sophie MonneretL'Impressionnisme et son époque, Denoël Paris 1980

 

876c7b143faeb8e3045935d8836fe242.jpg

Mise à jour le 5 juillet 2010.

15:20 Publié dans Les peintres | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

Amusements et récréations littéraires : "Des vers figurés"

Par Bernard Vassor

DIVE BOUTEILLE RABELAIS.jpg
Prière de Panurge à la dive bouteille, plagiée plus tard par les chansonniers Charles-François Panard dit Pannard (1674-1765) et Pierre Capelle libraire éditeur de surcroit.
Pannard bouteille néga 02.jpg
Les vers figurés, c'est-à dire  offrant la représentation d'objets matériels , dont Guillaume Apollinaire s'inspira pour la composition de ses "Calligrammes".
Mais, c'est au poète lyrique Simmias de Rhodes vivant selon  Vossius, vers 324 avant J-C. sous le règne de Ptolémé Lagide, à qui nous devons ce procédé littéraire.
L'hélléniste Jean-Fraçois Boissonnade, dans le "Journal de l'Empire" du 18 novembre 1807, nous donne la description du poème de Simmias "Les Ailes"« Les Ailes sont composées chacune de six plumes ou de six vers chorïambiques, qui diminuent graduellement de mesure, et par conséquent de longueur, selon leur position dans l'aile, jusqu'au dernier qui n'a que trois syllabes. Simmias a voulu que le sujet de son poème eût quelque rapport avec sa forme : il y fait parler le dieu qui porte des ailes, l'Amour ; non pas la vulgaire divinité qui naquit de Vénus , mais cet antique Amour que chantent les vieilles cosmogonies, le principe créateur et contemporain du destin.Il doit y avoir plus de mérite dans l'Oeuf, car il y a plus de difficulté. Chaque bout est formé de très petits vers qui s'allongent progressivement jusqu'au milieu. Mais ce n'est pas tout : le poème, lu de suite, est absurde, inintelligible, c'est une énigme sans mot. Il faut, pour trouver une espèce de sens, aller du premier vers au dernier, du second à l'avant-dernier, du troisième à l'antépénultième, et ainsi de suite jusqu'aux deux vers du milieu»
En usage pendant le moyen-âge, les vers figurés grecs ou latins furent fort prisés au seizième et dix-septième siècle.
Nous en trouvons la trace dans deux ouvrages, l'un, "Urania" de Balthasar Bonifacio, l'autre dans la "Métametrica"de Caramuel, un in-folio avec mention d'édition : Rome, 1663.

03/07/2010

Amusements et récréations littéraires : De la contrepetterie* et des anagrammes

Par Bernard Vassor

rabelais portrait 002 cadre.jpg

 

 

"Car il disoit qu'il n'y avoit qu'une antistrophe
entre femme folle à la messe, et femme molle, à la fesse»
« Mais, équivocquez sur À Beaumont le viconte.
François Rabelais
La gymnastique de l'esprit :

La contrepèterie est une "antistrophe" burlesque qui consiste à échanger les initiales de mots d'une phrase, de manière à lui donner un nouveau sens amusant et curieux. Nous devons certainement ce procédé comique et généralement indécent au "gentil sçavant et gracieux Maître François" qui l'inventa vers 1532 :  livre II, chap. XVI : Les horribles et épouvantables faits et prouesses du très renommé Pantagruel Roi des Dipsodes, fils du Grand Géant Gargantua. L'effet comique est parfois amené par le changement de l'ordre des mots, dans le prologue du Tiers  Livre : ""Le coq d'Euclion pour en grattant avoir descouvert le thesor, eut la couppe gorgée"

Le terme antistrophe, ou équivoque fut utilisé par Rabelais et ses imitateurs, mais nous devons à Etienne Tabourot (1547-1590) le mot contrepetterie, provenant du verbe contrepetter. Le contrepet est lui-même une contrepèterie !!!

TABOUROT bigarrures négatif.jpg
La langue française doit beaucoup à Tabourot. Nous trouvons dans la table des chapitres  des "Bigarrures" la liste des sujets  traités :
"Des Equivoques François**.
Des equivoques doubles
Des Amphibiologies.
Des Antistrophes, rencontres ou contrepeteries.
Des Ananagrammatissimes ou Anagrammes.
(..)
Des  Acrostiches.
Des vers léonins.
Des vers couppez.
.......
Des anagrammes

On appelle anagramme, la transposition et combinaison entre elles des lettres d'un nom ou d'un mot quelconque de manière à en tirer un sens. Il faut que toutes les lettres soient utilisées pour en tier un sens.
Rabelais (encore lui !) fut un grand utilisateur de ce genre.
Les plus anciennes anagrammes connues sont attribuées au poète de Lycophon, vers 280 avant J-C. Il avait fait de la violette de junon "ion eras", le nom d'"Arsinoé", et de Ptolemotios "apo melitos" c'est à dire le miel.
Roger Bacon (1214-1294) :« Ce moine, méconnu et horriblement persécuté pendant sa vie, est la plus grande figure scientifique du Moyen Âge. C’est le génie le plus vaste et le plus complet qui, dans cette longue période, se soit produit en Europe» donna de cette façon, la composition de la poudre à canon.
La troisième partie de la "cabale" chez les juifs n'est que l'art de faire des anagrammes et a pour but de trouver le sens caché et mystérieux au moyen de la transposition de lettres et de mots. Les alchimistes du moyen-âge employèrent des anagrammes pour communiquer avec leurs adeptes.
Le poète limousin à la mémoire phénoménale, Jean Daurat ou Dorat (1508-1588) mit les anagrammes en vogue, si bien que chacun voulait s'en mêler. Des personnages illustres lui donnèrent leur nom à anagrammiser, si bien que cette manie gagna non seulement la France, mais l'Europe entière. Tallement des Réaux raconte l'histoire suivante dans l'historiette qu'il a consacrée à Henri IV :
"Un monsieur de Vienne qui s'appelait Jean, était bien embarrassé pour anagrammiser son propre nom. Le roi le trouva par hasard dans cette préoccupation : "Et bien ! lui dit-il, il n'y a rien de plus aisé, que : Jean de Vienne, devienne Jean".
Le poète Guillaume Colletet (1598-1659) mit fin à cette mode qui tomba en désuétude jusqu'au XIX° siècle, dans des vers adressés au grammairien Gilles Ménage, qu'il tourna en ridicule :
"Cet exercice monacal
Ne trouve son point vertical
Que dans une tête blessée,
Et sur le Parnasse, nous tenons
Que tous les renverseurs de noms,
Ont la cervelle renversée"
Le vingtième siècle vit le renouveau de cette fantaisie.
Quelques personnages célèbres :
Pierre de Ronsard, rose de Pindare.
Frère Jean-Jacque-Clément, c'est l'enfer qui m'a créé.
Napoléon, empereur des Français, un pope serf a sacré le noir démon.
Albert Einstein, rien n'est établi.
Et le mot de la fin :
Police= picole.
....................
*Orthographe la plus usitée jusqu'au XIX° siècle.
**SIC...

01/07/2010

Amusements littéraires : LES VERS LIPOGRAMMATIQUES

Par Bernard Vassor

PEREC PORTRAIT CADRE.jpg

On désigne sous le nom de lipogrammatiques, des textes où l'on a omis volontairement une lettre de l'alphabet. C'est le poète grec Lasus* (fils de Charbin d'Hermione) dans le Péloponèse, qui vivait vers 550 avant J-C** qui a le premier (à ma connaissance) avait composé des odes, où manquaient la lettre S. Plus tard, Pindare composa une ode avec la suppression de même lettre. Nestor, lui avait composé une Illiade, dont les 24 lettres de l'alphabet manquaient tour à tour.

Dans le premier chant manquait l'alpha, le deuxième le béta, et ainsi de suite. Tryphiodore, grammairien et poète égyptien écrivant en grec, qui vivait au cinquième siècle écrivit en 24 chants une Odyssée lipogrammatique.

Au moyen âge, un moine : Fabius Claudius Giordanus Fulgentius mort vers l'an 530 de notre ère, donna un ouvrage en prose suivant l'ordre des 23 lettres latines, en 23 chapitres dont il nous est parvenu 13 chapitres entiers qui furent publiés sous le titre de "Liber absque litteris, de aetatibus mundi et hominis absque,  Poitiers 1696. Le premier chapitre est sans le A, le deuxième sans le B et ainsi de suite.

Le chanoine de Saint-Denis Pierre de Biga mort en 1209, a inclus dans un poème de nombreuses tirades sans A, B etc...

Le poète Salomon Certon (mort en 1610) et l'abbé de Court (Les Variétés ingénieuses) se sont livré à cet exercice en n'utilisant que 4 voyelles.

En Espagne, Lope de Vega a publié des nouvelles en prose où manquent tour à tour l'une des voyelles.

 

........................................................

LIPOGRAMME (sans "e")

GEORGES PEREC, "Vocalisations"
(La Disparition
-1969)

A noir, (Un blanc), I roux, U safran, O azur:

Nous saurons au jour dit ta vocalisation:

A, noir carcan poilu d'un scintillant morpion

Qui bombinait autour d'un nidoral impur,

Caps obscurs; qui, cristal du brouillard ou du Khan,

Harpons du fjord hautain, Rois Blancs, frissons d'anis?

I, carmins, sang vomi, riant ainsi qu'un lis

Dans un courroux ou dans un alcool mortifiant;

U, scintillations, rond divins du flot marin,

Paix du pâtis tissu d'animaux, paix du fin

Sillon qu'un fol savoir aux grands fronts imprima;

O, finitif clairon aux accords d'aiguisoir,

Soupirs ahurissant Nadir ou Nirvâna:

O l'omicron, rayon violin dans son Voir!

*Lasus fut aussi le premier à composer de la musique. s'était spécialisé dans des poésies que l'on nommait Dythirambes dédiés à Bachus

**Olympiade 106 de Rome il vivait au temps de Darius (1°) Hystapes (-550 -486)

A SUIVRE : La contrepetterie (orthographe usité jusqu'au milieu ,du XIX° siècle)

29/06/2010

Quelques colorants naturels.

PAR BERNARD VASSOR

77fdc703dbbc03afe55ad10282c45a4b.jpg
Les anciens utilisaient la pourpre qui était réservée aux manteaux des praticiens. Il fallait deux coqillages différents, mais nous ignorons quels étaient les les molluques qui fournissaient cette couleur aux phéniciens. Au XVIIéme siècle le botaniste Fabius Columna (1567-1650) a pensé qu'il s'agissait chez les romains du Murex trunculus qui contenait en grande abondance une liqueur colorée. Le pourpre des anciens n'était pas comme on le pense un rouge vermillon, mais, une sorte de violet très foncé. La matière colorante que l'on extrait de l'animal est de couleur jaunâtre. Exposée à la lumière, elle jaunit, puis verdit et prend enfin une teinte violette. Pendant ces transformations, il se dégage une forte odeur qui rappelle l'essence d'ail.
a71c400292337ce5ac0e0aa89271595e.jpg
La gaude est une plante de la famille des câpriers. De toute la plante, on retire une couleur jaune (racine exceptée)
Le principe colorant a été étudié par Chevreul il lui a donné le nom de lutéolïne qui s'extrait par décoction dans de l'alcool à 80 °. On presse, puis on laisse reposer deux jours, enfin, on distile l'alcoolat obtenu. La substance est colorée par la potasse caustique, la baryte, et la chaux. Les acétates de plomb, le cuivre et l'alun donnent un précipité jaune foncé. Une très belle couleur jaune vif est provoquée par de l'acide sulfurique.
Le bois de campêche est issu d'un arbre de la famille des légumineuse. Son écorce est rugueuse, les couches ligneuses sontrouge foncé, l'aubier est jaunâtre les fleurs sont de couleur jaune. Le bois de campêche fut importé au XVIIéme siècle, et n'eut pas tout de suite la faveur des fabricants de couleurs. L'utilisation ne fut admise que lorsque l'on découvrit le moyen de fixer la couleur.. La matière colorante est appelée l'hématine que l'on obtient en faisant infuserdans de l'eau à 50 °, on filte, puis on évapore le précipité.
aee023dec9853749eac163f3bfff6019.jpg
La plante qui fournit l'indigo a été connue très tôt en Inde bien avant l'ère chrétienne. Les égyptiens  l''utilisaient courament, des bandelette teintes de momies  étaient produites avec ce colorant. En Italie, dans les premiers siècles de notre ère, l'indigo était importé par les teinturiers israélites qui exerçaient la profession de teinturiers, il venait à Venise  en passant par 'Egypte et la Syrie, mais c'est surtout comme médicament qu'il était utilisé. La culture du pastel a très longtemps freiné l'utilisation de l'indigo en France, cette plante produite à profusion fournissait la teinte bleue depuis des siècles.
09dd20a590da2818f35fb45898a0d54e.jpg
Ces herbes plante de la famille des rubiacées dont on utilise la racine qui donne une belle couleur rouge. Dans l'antiquitéle pouvoir colorant de xette plante importée d'Andrinople et de Smyrne. Acclimatée d'abord en Flandre, puis en Alsace et dans le comtat d'Avignon, cultivée dans des sols marécageux. On lui attribuait des propriétés pharmaceutique et diurétiques. Le broyage des racines sous des meules les convertissent en poudre. La fermentation en tonneaux pendant plusieurs années, augmentent le pouvoir tinctorial et l'éclat de la couleur.
a5851ccd9013756b24d57e80849d78d0.jpg
L'ISATIS TINCTORIA, ou Pastel.
Arrivée en france au XII° siècle, venue d'orient via l'Espagne, le "pastel des teinturiers" ou "la guede" de la famille des crucifères, était utilisé en Europe avant l'introduction de l'indigo. Sa couleur bleue a moins d'éclat, mais une grande solidité à la lumière. Obtenue par le broyage des feuilles, la pâte obtenue est soumise à fermentation, puis séchée. La fabrication du pastel, a permis au XV° siècle dans tout le Lauragais, la constitution de fortunes considérables.
Le kermès (kermes vermilio ou kermes ilicis)  :
Les femelles sont séparées de l'arbre avant la ponte. Lesoeufs de puceron, du "chêne-kermès" une fois broyés et séchés donnent un "acide carminique" mélangé à de l'alun, donnant ainsi un rouge écarlate. Pour le rendre (vermillonné) plus orangé on ajoute du citron.
Le cinabre :
est un sulfure de mercure naturel
Mise à jour le 29/06/2010

21/06/2010

Faut-il hurler avec les loups ? Le pain et le cirque, Allez les boeufs !

Faut-il hurler avec les loups ?

loup HURLER 05.jpg

Panem et circenses (quoi qu'c'est donk ce cirque ?)

"Voir un monde dans un grain de sable.

Et un ciel dans une Fleur.

Tenir l'infini dans la paume de la main.

Et l'éternité dans une heure.
Pour celles et ceux qui préfèrent entrer en méditation ,

plutôt que de bêler avec les moutons ou encore de hurler avec les loups »

William Blake

Faut-il participer à des critiques contre ceux qui étaient encensés par ceux-là même qui il y a quelques temps les portaient aux nues. Il suffit de relire les titres des journaux, presse radios ou télévisés qui tous organisaient la grande séance de décervelage. Ils avaient convoqué pseudo-philosophes autoproclamés, écrivains, hommes et femmes politique de tous bords, unanimement cocardiers.

Plus la peine de penser braves gens ! On a convoqué pour vous depuis des mois, jusqu'à la nausée : philosophes auto-proclamés, écrivaillons, chanteurs pour minettes hystériques, publicitaire hâlé, l'inévitable Tapie, et tous ceux, presse, radios, télévisions, hommes et femmes politiques étaient unanimes : Il fallait soutenir "les bleus"!

Du jour au lendemain "Pâtres chiens et moutons, toute la bergerie", ceux-là même qui les avaient porté aux nues leur sont tombé dessus....

Pourquoi tant de haine ?

Ce qui s'est dit dans le vestiaire ? C"est ce que l'on entend sur les stades lors de rencontres de matchs de football.

Pas plus, pas moins. Même pas un "Casse-toi pôve con!", ni "Pas  vu pas pris!" , encore moins "Mets ton doigt dans mon" en quatre langues.

Je dis à tous ces gens là:

Allez-les-boeufs !!!!

18:29 Publié dans Evènement | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

17/06/2010

Le dévoilement d'une plaque en hommage à Arthur Rimbaud

Par Bernard Vassor

Suite de la notice du 26/05/2010.

Bateau ivre 05.jpg

 

 

Le mercredi 13 juin, l'Association Internationale des Amis de Rimbaud,(à l'initiative encore une fois de l'infatiguable Dominique Lejay) a fait apposer une plaque à l'angle de la rue Bonaparte et de la rue du Vieux Colombier.

Devant une assistance nombreuse, composée en majorité de rimbaldophiles cette plaque a été dévoilée par le maire du sixième, et des membres des "Amis", dont mon amie, l'arrière petite-nièce d'Arthur.

Il s'est agi de commémorer la présence de Rimbaud le 30 décembre 1871 au premier dîner des"Vilains bonshommes" ou comme le dit Verlaine, des "doigtpartistes"*

L'intention était de rappeler que ce jour là, Arthur avait pour la première fois lu le fameux poème "Le Bateau Ivre" au premier étage du café de Fernand Denogeant situé alors à cet emplacement.

L'ennui, c'est que personne ne sait avec certitude quels poèmes ont été lus ce soir là ! Des "spécialistes" qui l'avaient affirmé, se sont déjugés dernièremenjt en disant "peut-être" ou "certainement". Un éminent rimbaldien m'a confié en privé, qu'il n'était "sûr de rien, mais que cela n'avait aucune importance".

Voici quels étaient les membres présents ce soir mémorable :

Théodore de Banville, Paul Verlaine,  Ernest d'Hervilly, Jules Soury, Léon Valade, Henri Maître, et de quelques autres, que la postérité n'a pas reconnu.

 

JACQUELINE bateau ivre.jpg

.............................

*Comme le révèle Michael Pakenham, ce néologisme est formé sur le modèle de "bonapartiste", car le critique qui avait surnommé "vilains bonshommes" les jeunes gens qui avaient applaudi "Le Passant" de Copée, avait ajouté : "S'ils croient avoir trouvé une nouvelle forme de l'Art, ils se mettent le doigt dans l'oeil". Inutile de rappeler le sens obscène du mot oeil à l'origine, pourtant utilisé crûment par une certaine dame très haut placée aujourd'hui, qui a traduit cette expression en plusieurs langues en utilisant le sens original de cette formule.

16/06/2010

Les implications et le rôle inexplorés d'Adolphe Thiers lors de la conquête et la colonisation de l'Algérie

Par Bernard Vassor

Adolphe Thiers jeune.jpg

"Quid novi ex Africa ?"

"Les arabes verront que nous

voulons conquérir leur pays tout entier.

Je me suis prononcé en Afrique

pour la colonisation limitée, pour

la conquête complète".

Il y a bien des zones d'ombre dans la biographie d'Adolphe Thiers.

Il est surtout connu chez beaucoup de nos contemporains, comme celui qui a provoqué la boucherie et les massacres de la "semaine sanglante" à Paris en mai 1871.

Balzac fut l'un des premiers à en tracer un portrait peu flatteur dès 1840, dans  son journal, "La Revue Parisienne", puis peint sous les traits de Rastignac avec qui il avait le plus de points communs que tous les autres personnagecomposites.

Nous apprenons, que dans une lettre* adréssée au maréchal Valé, gouverneur général de l'Algérie le 15 juillet 1840, le Président du Conseil (Thiers) invite le Gouverneur "à assurer la conquête et la colonisation du pays".

Smala abd el kader (2).jpg

Evoquant le traité de Londres de juillet 1840, Thiers écrit :

"Les récents évènements ne menacent pas encore la paix au point de faire changer les déterminations de la France à l'égard de l'Afrique. Je crois que l'Europe se gardera bien de nous placer dans une situation où la guerre serait pour nous une nécessité d'honneur car elle sait bien que nous la mettrions dans un péril effroyable. (...) Il faut agir par Médéah, et Milianah, d'un côté par Oran de l'autre.(...) Nous somme d'avis de pousser la guerre contre Abd El Kader à outrance. Mais nous voudrions hâter aussi la colonisation. Il faudrait d'ici à peu d'années qu'une population chrétienne pû nous servir contre les arabes, dans le cas où un guerre européenne leur fournirait l'occasion et le moyen de se soulever. Cette population seconderait notre armée, la nourrirait et la mettrait en mesure de se passer des arrivages de mer devenus plus rares et plus difficiles. Pour cela, il faudrait peuplé la Mitidja, et pour la peupler, il faut assurer la vie et la propriété de ceux qui voudront s'y rendre. En occupant Mascara, Millanah etc..,leurs intentions seront claires (?).

*Mise en vente publique ce 16 juin 2010, salle Rossini rue ,Drouot.

10/06/2010

Foot ball : « Un sport sans avenir, une influence abrutissante , une fureur bestiale»

Par Bernard Vassor

Football 1900 02.jpg

Comme nous l’avons vu dans une note précédente sur ce blog, le foot ball moderne est né en Angleterre autour des années 1850. Déjà, le philosophe évolutionniste Herbert Spencer (1820-1903) critiquait sévèrement le foot ball en l’accusant « d’exercer une influence abrutissante ». La romancière George Eliot (1819-1880), quand à elle, condamnait sans appel le foot ball, « comme n’étant rien qu’une fureur bestiale et une extrême violence ». Tous considéraient que cette pratique sportive n’avait aucun avenir. L’ancien communard montmartrois (du 61° bataillon) Paschal Grousset promoteur de la régénération par le sport, estimait que « c’est un jeu rude et grossier, un jeu de goujats ».
C’est en 1888 que naissait officiellement en France le football. D’abord pratiqué (comme en Angleterre) dans des rencontres entre écoles ou collèges, la première, interscolaire, opposant l’Ecole Monge (disparue) à l’Ecole Alsacienne. Un chroniqueur sportif chauvin et xénophobe, tout en rappelant « la décadence du peuple et la dégénérescence de la race anglaise » prétendait, au moment de l’exposition universelle de 1900, que ce jeu était d’origine française…. ! Rappelant que « la soule » était pratiquée au moyen-âge en Normandie et en Bretagne et qu’il avait traversé la Manche pendant la conquête par les Normands. Ce même brave homme prétend que les jours du football sont comptés en France, « car le français dégénéré va plus volontiers au ballon ovale ; dans vingt ans le rugby seul triomphera ».

Conclusion d’un article durant l’Expo U. de 1900 :

« Cette vogue accordée en France à « l’Association » (de football) qui compte cinquante pratiquants pour vieux crétins qui ne peuvent admettre ricanaient :

-Ca ne prendra jamais, jamais ! Je vous l’avais bien dit. Laissons donc aux Anglais leur bouboule ! »

(…) Encore quelques années de patience et nous verrons sur les terrains de football en France des foules aussi considérables que celles qui suivent en Angleterre les grands matches de la saison.

BLOG TV5MONDE :

La Coupe du monde en Afrique du Sud vue par le blog planétaire

20:15 Publié dans Evènement | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

Les courses de bicycle ( ou grand bi ) au bois de Boulogne

PAR BERNARD VASSOR

velocipede course pré-Catalan SPIA LARGEUR.jpg
Au Pré-Catelan.
La première grande course fut organisée par la revue : Le Vélocipède illustré en 1869. C'était une course d'endurance  Paris-Rouen, longue de 128 kilomètres parcourus en près de dix heures. Il y eut 95 coureurs engagés au départ, "ils ne furent que vingt en arrivant au port". Le premier champion de l'histoire du cyclisme fut l'anglais James Moore.
Course officielle au Pré-Catalan, un prix de 5000 francs est remis au vainqueur.
C'est il y a peu, en 1855 que les serruriers Michaux, avaient eu l'idée d'ajouter des pédales sur les roues avant des draisiennes ( inventées par le baron allemand Karl Drais en 1817 ) Un petit peu partout en France, des ateliers commencent la fabrication de ces machines.
velocipede fabrique.jpg
Un atelier de fabrication.
En marge de ce sport, une autre industrie parralèle s'installait, dans les clubs vélocipédiques, certaines créatures bien connues, se greffèrent dans les courses de grand bi, et les promenades au bois. Des comités de vigilance veillèrent donc à l'admission des membres de ces associations.
velocipedomanie.jpg
Des liaisons dangeureuses
.......
Velocipede manège.jpg
Le manège pour l'apprentissage.
Mise à jour le 10/06/2010

09/06/2010

Message à quelques lecteurs

Par Bernard Vassor

Merci à tous ceux qui m'adressent des félicitations et des encouragements chaque semaine.

Je voudrai, pour d'autres, indiquer que je ne suis expert en aucune matière. Je ne peux donc pas leur répondre pour ce qui concerne des estimations d'objets, de documents, ou de livres, encore moins à distance. Je suis submergé de propositions d'achats de ces objets que je ne suis pas en mesure d'acheter.

Cordialement

B.V.

10:12 Publié dans Evènement | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg