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07/07/2010

Amusements et curiosités littéraires : De la supposition d'auteurs, des plagiats canulars et supercheries


Michel Chasles (1793-1880), mathématicien, membre de l'Académie des Sciences et de la Royal Society.

Depuis la renaissance, l'histoire fourmille de petites mystifications et de grandes escroqueries littéraires.

Déja, au seizième siècle, le savant de Modène, Sigonio (1520-1584) avait découvert quelques fragments d'un traité de Cicéron au moyen duquel il recomposa un ouvrage entier. Ce n'est qu'à la fin du dix-huitième siècle que l'on découvrit la supercherie dans une lettre où Sigonio avouait être l'auteur de "de Consolation" supposé être de la main de Cicéron. Pourtant, un de ses élèves Ricoboni, avait découvert la fraude et s'était empressé de la signaler, mais personne ne lui accorda aucun crédit.

Joseph Scaliger, un des plus grands érudits du seizième, fut la victime d'un de ses amis qui lui avait donné à publié de supposées pièces de comiques anciens "Attius et Trabéas" qui n'existaient que dans l'imagination de Marc-Antoine Muret.

L'histoire de la peinture en Italie, Stendhal plagiaire !!!

"Tout ce que disait Lanzi, ne se trouve pas

dans Stendhal, mais tout ce qu'écrivait

Stendhal, se trouve dans Lanzi"

C'est la deuxième publication donnée par Henri Beyle qui est le plagiat d'un ouvrage de l'abbé Luigi Lanzi (1732-1810), directeur du Musée de Florence : "Storia picturia dell'italia" paru en 1795-1796. Dans l'introduction Stendhal utilise de larges extraits de Richardson du "Trattato della pittura". Il envoie son manuscrit à son éditeur le 30 mai 1817. "A l'époque où il commence à écrire, il ne connait pas grand chose à la peinture. Il emprunte aux auteurs qu'il consulte, et s'approprie des pages entières, auxquelles il ne fait subire que de minimes changements. Il coupe, condense ou allonge, mêlant à plaisir le bien d'autrui et ses réflexions personnelles"(Henri Martineau). Dans sa première étude sur Haydn, en 1815, Henri Beyle avait "oublié" de mentionner que le livre était traduit de l'italien; car Carpiani son véritable auteur protesta. Mais Beyle qui s'était caché sous le pseudonyme de Bombet, échappa de peu à la disgrâce de voir son nom éclaboussé.

......

L'affaire Vrain-Lucas

"Billet d'Alexandre le Grand à Aristote : A son très aimé Aristote : Mon amé, ne suys pas satisfait de ce qu'avez rendu public aucun de vos livres, que deviez garder sous le scel du mystère ; car c'est en profaner la valeur... Quant à ce que m'avez mandé d'aller faire un voyage au pays des Gaules, afin d'y apprendre la science des druides, non seulement vous le permets, mais vous y engage pour le bien de mon peuple, car vous n'ignorez pas lestime que je fais d'icelle nation que je considère comme étant ce qui porte la lumière dans le monde. Je vous salue. Ce XX des kalendes de mai, an de CV Olympiade."

Signé - ALEXANDRE

Coup de tonnerre à l'académie des Sciences, le grand savant Michel Chasle, dans une communication en 1867, révèle que ce n'est pas le chétif et maladif Newton qui a découvert les lois de la gravitation. En effet, c'est le Français Blaise Pascal qui ,en est à l'origine !

"Je détiens les preuves  de cette abominable escroquerie" déclare l'éminent académicien. Il a pour preuves, une dizaine de lettres de Pascal, adressées à un jeune étudiant nommé Newton, en lui indiquant  l'avancement de ses travaux sur le sujet. L'auteur des Pensées évoquait, dans ces lettres, en 1648, du système des lois d'attraction dont Newton ne devait avoir la révélation que vingt ans plus tard ! Donc, Newton ne fit que recopier ces éléments qui vont bouleverser l'histoire de la physique et des sciences.

Cocorico !!! La France entière, le gouvernement impérial qui a le privilège de détenir la garde de ces saintes relique, la presse souligne l'évènement, des chansonniers composent des hymnes à la gloire à la fois de Pascal et de Chasles, en n'oubliant pas de démontrer "la superiorité des Français, face à ces stupides Anglais.

Trois années plus tard, un procès s'ouvrit devant le tribunal correctionnelle de la Seine.  Le faussaire, fournisseur des documents vendus à l'académicien comparait pour avoir fabriqué des faux. Au lieu de nier, un certain Denis Vrain-Lucas, se prête complaisamment aux questions des accusateurs.

Il décrit les difficultés de son métier...comment se procurer du papier ancien, comment pour donner un aspect ancien, roussir les feuilles une à une à la flamme de chandelles.

Le  nombre de faux documents, plus de 27 000, est examiné par la cour. On y trouve pêle-mêle dans les travaux du stakanoviste Vrain-Lucas des lettres de Socrate à Euclide, d'Héloïse à Abélar, de Saint-Eloi à Dagobert, de Jules César à Vercingétorix, de Charles Quint à Rabelais.

Le prévenu fut condamné à deux ans de prison et une amende. Le savant Michel Chasles qui avait fini par saisir la justice fut déconsidéré à jamais.

La Chasse spirituelle :

Stupéfaction dans le landerneau rimbaldien !

Le journal "Combat", en 1949, annoncait avoir retrouvé le manuscrit légendaire d'un texte de Rimbaud de 34 pages intitulé :"La Chasse spirituelle" et l'avoir fait publier dans le "Mercure de France". Branle-bas de combat, les rimbaldolâtres, comme toujours ne tarissaient pas d'éloge sur cette pièce digne du génie d'Arthur. Ce manuscrit, "miraculeusement retrouvé chez un collectionneur" fut authentifié par nombre de "spécialistes" de Rimbaud.

Cela n'empêche pas aujourd'hui encore, de retrouver "miraculeusement" chaque année photographies, texte inédits, révolver de Verlaine avec la caution de rimbaldophiles patentés.

Ce texte fantôme, qui avait été oublié par Rimbaud, rue Nicolet chez les Mauté, Matilde, la femme de Verlaine disait l'avoir donné à Philippe Burty. Depuis, 1872, personne n'avait retrouvé la trace de ce texte mythique.

Mais, quelques semaines plus tard, deux comédiens, Nicolas Bataille et Mme Akakia Viala,  qui avaient monté "Une Saison en enfer" furent éreintés par ces mêmes "spécialistes rimbaldiens", ils levèrent le voile, en reconnaissant être les auteurs de cette supercherie, pour confondre et démontrer l'incompétence des prétendus spécialistes.

Seul André Breton s'était indigné : " «Combat" présente aujourd’hui un document littéraire exceptionnel que l’on croyait perdu depuis 1872.»

Aujourd'hui encore, chaque année voit des photos retrouvées miraculeusement, le révolver de Rimbaud, des poèmes ou des textes inédits retrouvés tout aussi miraculeusement, avec la caution de rimbaldophiles patentés. Cela fait beaucoup de miracles pour un homme qui

avait dit :"Merde à Dieu"

16/06/2006

Pour l'amour des livres

La quatrième vente : Pierre Berès, 80 ans de passion

medium_Thomas_More_description_de_l_Isle_d_Utopie_edition_originale_de_la_traduction.2.jpg

Thomas More, description de l'Isle d'Utopie, Langelier 1550.
Edition originale de la traduction de cet ouvrage qui a exercé une influence déterminante dans l'histoire occidentale


C’est le mardi 20 juin 2006 que va avoir lieu à Drouot Richelieu, la plus impressionnante vente de livres et manuscrits que je n’ai jamais vu.
Des incunables illustrés allemands, des reliures somptueuses, des premières éditions vénitiennes ouvrages d’exorcisme illustrés, medium_Beres_exorcisme.jpgdes livres aux tranches peintes par des maîtres de la peinture italienne du XVI° sièclemedium_Beres_tranche.2.jpg Un exemplaire de l’humaniste Guillaume Budé composé en français pour l’édification du jeune roi François I°. C’etait l’exemplaire personnel de Louis XIII, en maroquin rouge aux armes du roi. De Jacques Callot nous est proposé une suite d’estampes originales en premier état reliée en vélin d’origine.
Provenant de la bibliothèque d’EDMOND DE GONCOURT,
medium_Beres_utamaro.jpg
un illustré érotique japonais de Kitagawa Utamaro, avec sa couverture d’origine. Un exemplaire des suites de Goya pour « Los Caprichos » avec un manuscrit en espagnol relié à la fin nous donne une explication des eaux-fortes originales.
Nous arrivons maintenant au plus stupéfiant : à ce sujet, un ami écrivain académicien qui avait obtenu le Prix Henri Beyle dans sa jeunesse m’avait raconté l’anecdote suivante :
Pierre Berès qui voulait éditer un l’ouvrage d’un de ses amis peintre, avait invité chez lui cet auteur.
Après un entretien cordial, pour lui demander une préface. Pour l’impressionner, le libraire de l’avenue de Friedland sortit de son coffre une série de petits carnets qui vont être proposés à la vente ce mardi 20 mai.
Considéré comme le plus grand manuscrit littéraire du XIX°siècle de 570 pages autographes !
Maintenant, le manuscrit original de la Chartreuse de Parme reliés en 5 volumes.

Lecteur attentif, je suis fier d’avoir pris en défaut l’auteur de la notice du catalogue qui n’avait été jusqu’aujourd’hui relevée par personne. A la page 188 indique que le célèbre article de Balzac avait été publié dans la Revue de Paris, c’est dans La Revue Parisienne que « l’illustre écrivain » a rendu cet hommage à Frédéric Sthendalh (sic) tout en lui recommandant des modifications. De Gérard de Nerval un poème manuscrit à l’encre rouge écrit pendant une crise en 1853 ; cette ode est dédiée à Madame Aguado, la veuve du banquier de la rue Grange Batelière. L’exemplaire de Leconte de Lisle des « Fleurs du Mal », Madame Bovary avec la dédicace à Alexandre Dumas : « A Mr Alexandre Dumas, Hommage d’un inconnu.
Signe Gv Flaubert », celui-ci était un admirateur des Trois Mousquetaires qu’il avait lu dans sa jeunesse.
Le manuscrit original des Illuminations que Paul Verlaine fit éditer dans « la Vogue ».
Une édition en partie originale que je verrai bien dans ma bibliothèque de : « Le Coffret de Santal » de
Charles Cros avec une dédicace à Edouard Manet. medium_beres_Charles_Cros.jpgSon ami avait déjà illustré pour lui un tiré à part du poème Le Fleuve.
D’Octave Mirbeau et Octave Mirbeau (voir l’article Mirbeau)
La 628-E8 une reluire en maroquin bleu signée 628-E8 medium_beres_Mirbeau.jpgavec ce superbe envoi à « Mon ami Claude Monet qui a découvert plus de choses encore que je ne dis »
Arrêtons là, nous somme à la fin du dixneuvième…Pas la peine de venir à la vente, il y a peu de chance que vous puissiez acceder à la salle...mais venez voir l'exposition le lundi 19 juin de 11 heures à 18 heures.