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03/04/2011

Le Japonisme en France au XIXe siècle.

 Par Bernard Vassor

"On voit plus avec des yeux japonais,

on ressent la couleur autrement"

Vincent van Gogh.

hiroshige,cerisiers

Ukiyo-é, Hiroshige : cortège se rendant dans "le quartier réservé" de Yoshiwara, le premier jour de la floraison des cerisiers (vers 1850) 

Gauguin télévision, NHK,ako Kitamura,  albert Aurier,

Documentaire de la télévision NHK, dans lequel est parfaitement expliquée la technique de l'estampe japonaise à travers l'exemple de la toile de Gauguin "D'ou venons-nous, qui sommes-nous, où allons-nous ?" Le père Tanguy y est particulièrement à l'honneur.

La xylographie polychrome japonaise a précédé de plus d'un demi-siècle les premières techniques occidentales de reproductions d'estampes en couleurs. 

KITAGAWA UTAMARO,

Kitagawa Utamaro (1754-1806)

 La technique était la suivante : en partant d'un papier fait d'écorces de murier très fin, qui était huilé pour lui doner de la transparence, le dessin d'un artiste était placé au recto, sur une planche de merisier. Un graveur spécialisé (horishi), à  l'aide d'une gouge, en creuse les contours, puis  un autre en élimine le bois inutile pour faire apparaître les filets en relief. L'artiste à l'aide de ces épreuves en fait un modèle pour chacune des planches qui vont servir successivement pour la réalisation de l'estampe. Chaque planche est marquée d'un repère, pour  que à chaque "passage" des imprimeurs, troisième ou quatrième intervenant (surishi) les contours coïncident parfaitement.

A la fin du XVIIIe siècle, les estampes devaient avoir reçu le cachet de la censure impériale.

Certains Ukiyo-é de luxe avaient parfois plus de sept bois d'impression !

BLOC NOTE :

Dans le désordre : les premiers amateurs en France

Charles Baudelaire, Philippe Burty (qui a inventé le mot japonisme) Les Goncourt, qui prétendent avoir été les premiers collectionneurs.

Le magasin Bing rue Martel puis 19 rue Chauchat, Hayashi Tadamassa rue de la Victoire, la famille Sichel rue Pigalle. Madame Langweil 28 place Saint Georges. Champfleury, de toutes les coteries.

 http://autourduperetanguy.blogspirit.com/archive/2008/04/...

hayashi Tadamasa,japonisme,

Hayashi Tadamasa, l'importateur de la rue de la Victoire, conseiller d'Edmond de Goncourt.

magasin : des boutiques de produits extrême-orientaux existaient à Paris en 1855, particulièrement La Porte Chinoise, fondée sous la Restauration ; mais on n'y voit apparaître des produits japonais qu'à partir de 1860. Ce n'est pas la Porte Chinoise, mais la boutique de curiosités de M. et Mme Desoye que Champfleury évoque ici, boutique qui fut bien le lieu de réunion de la coterie dont il faisait partie. Les plus fanatiques connaissaient d'autres adresses, particulièrement celle de la Porte Chinoise, située 33 rue Vivienne (ou 53, une estampe de la collection van Gogh porte un cachet avec cette adresse). Le 8 juin 1861, le Journal des Goncourt contient cette indication : "J'ai acheté l'autre jour à la Porte Chinoise des dessins japonais, imprimés sur du papier qui ressemble à une étoffe, qui a le moelleux et l'élastique d'une laine. Je n'ai rien vu de si prestigieux, de si fantastique, de si admirable et poétique comme art..."

 http://autourduperetanguy.blogspirit.com/archive/2009/06/...

trois beautés célèbres Kitagawa Utamaro.jpg

LA MODE DES JAPONIAISERIES

C.-Y La Vie Parisienne, 21 novembre 1868 

    La dernière [originalité] qui doit être signalée est l'ouverture de l'atelier japonais d'un jeune peintre assez richement doté par la fortune pour s'offrir un petit hôtel dans les Champs-Elysées.      Il faut dire un mot d'abord de l'intervention japonaise en art et comment ces produits d'une civilisation singulière pénétrèrent dans Paris.
    Tout le monde ne peut connaître l'influence de Madame D... dite la Japonaise.
    Il y a une dizaine d'années fut ouverte dans les environs des Tuileries* une petite boutique mais voyante pour les colorations bizarres de l'étalage.
Un poète qui par-dessus tout, avait l'amour des vives colorations, s'arrêta longuement devant la montre, jeta un coup d'oeil curieux dans la boutique, y remarqua une beauté que la solitude ne paraissait pas distraire énormément. Ce poète bizarre, l'homme du monde, avait l'art de se créer tout d'abord des sympathies dans les endroits où il posait le pied. Il entra, feuilleta les albums japonais, s'assit, entama une conversation avec la marchande ennuyée, s'éventa avec les éventails, fuma une cigarette d'horrible tabac japonais, et s'en revint en chantant le Japon sur tous les tons.
    Ce poète capricieux inventa chaque année quelques bizarrerie pour s'en amuser pendant quelques mois ; mais alors son enthousiasme prenait le caractère d'une obsession, et tout le temps que durait sa manie, il l'imposait à ses amis. Il devint ainsi la trompette de la marchande d'objets japonais ; ce fut tant que l'ennui de la dame disparut, les amis du poète ne quittant plus la petite boutique et sortant rarement de l'endroit sans en emporter quelque curiosité.
    Les après-midi s'écoulèrent en dissertations sur l'art japonais, auxquelles se mêlèrent quelques compliments pour la dame. Parmi les initiés un jeune peintre américain se faisait surtout remarquer pour ses dépenses ; il n'était pas de jour qu'il ne s'offrit quelque laque, quelque bronze, quelque riche robe japonaise.
    L'Américain avait son atelier à Londres, on le voyait chez "la japonaise" aussi souvent que s'il eût demeuré à Neuilly ; meubles et cabinets, il les expédiait en Angleterre avec la même facilité que s'il les eût confiés aux crochets d'un commissionnaire du coin de la rue.
    Les prêches du poète, les achats du peintre furent résumés en des peintures franco-américaines si bizarres qu'elles troublèrent les yeux des gens assez naïfs pour rechercher les fonctions de jurés aux expositions de peinture : comme ces colorations étaient distinguées et nouvelles, on leur ferma les portes au nez. Peut-être quelques-uns les ont-ils remarquées dans les salles des Refusés. Le résultat fut celui-ci : le Japon contesté fit école.
    De même qu'il y a eu en 1820 des avalanches de pifferaro en peinture, des déluges de Grecs et de Turcs en 1828, des Bretons en assez grande quantité vers 1840 pour peupler la Bretagne, des joueurs d'échecs si nombreux, de 1840 à 1850, qu'ils pouvaient lutter avec les bataillons de zouaves qui firent irruption aux Salons de la même époque ; aujourd'hui nous sommes menacés d'une invasion japonaise en peinture.
    L'imitation est un fauteuil commode.
    L'atelier japonais des Champs-Élysées, que les princes et princesses visitent à l'heure actuelle est "un signe du temps" dirait Prudhomme.
    Toutes sortes de jeunes dames seront attifées de robes japonaises, comme cela s'est déjà vu à la montre de l'honnête maison Giroux, qui ne croyait pas faire naître un scandale sur le boulevard par cette exhibition.
    Déjà même de prétendus peintres de la vie élégante nous fatiguent de leurs cabinets japonais, de leurs fleurs japonaises de leurs laques et de leurs bronzes japonais qui prennent la place principale sur la toile et jouent un rôle bien autrement considérable que les personnages.
    En avons-nous déjà assez vu de ces soubrettes élégantes qui, cachant un billet dans la main, se préparent à entrer dans la pièce voisine où de nombreuses précautions doivent être prises pour la remise du billet doux... Ce petit drame amoureux m'intéresse. Il y a sans doute un jaloux dans la chambre à côté. Le jaloux est une mandragore japonaise en bronze qui fait vis-à-vis à des fleurs japonaises. Il paraît que la mandragore ne doit point avoir connaissance du billet.
    Les amateurs trouvent ce drame ravissant, et l'achètent quelques billets de mille au peintre de la vie élégante.
    La vente est connue dans Paris. Cinquante peintres suivront les traces de l'heureux initiateur qui a eu l'idée d'employer des objets du Japon, comme dans les théâtres de province un dialogue vif et animé remplace la musique.

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 Hokusaï : La Vague (détail)

 « Japoniaiseries »

LA DÉCOUVERTE D'HOKOUSAI
paru dans Le Musée secret de la caricature, Paris, 1888, pp.187-201

    ... Il était réservé au Paris d'il y a vingt-cinq ans de se prononcer sur l'oeuvre d'un mettre capricieux [...] que les artistes adoptèrent pour ainsi dire. Vers 1855, quelques peintres et poètes, toujours en quête de nouveautés, firent la fortune d'un magasin aussi bien fourni en étoffes et en bronzes japonais qu'en albums et en feuilles volantes aux colorations pleines de saveur. Il existera toujours dans le monde parisien un petit groupe de chercheurs d'imprévu, doués d'une vue qui pénètre plus loin que la vue de la foule... De ce petit groupe s'échappa le rayonnement d'Hokou-Saï, un véritable artiste ; d'autres, plus réservés, sourirent un peu en voyant l'admiration pour des cahiers de croquis auxquels, disaient-ils, à Tokio on n'attachait peut-être qu'une médiocre valeur... La série des divers albums d'Hokou-Saï dont personne alors ne pouvait traduire les titres non plus que les courtes et rares légendes, fut à cette époque étudiée par un esprit curieux des secrets de tous les arts, mon ami Frédéric Villot, qui dépensait sa fortune en études de toute nature, et jeune encore je fus initié à la campagne qui se préparait par la communication de romans japonais qu'un dilettante faisait traduire pour sa propre jouissance.
    Ce sont ces coteries du Paris intellectuel qu'il faut connaître pour se tenir au courant des recherches ; là je puisai les premiers renseignements qui, répondant bien à mes goûts, me permirent de donner dès 1869, sur l'oeuvre d'Hokou-Saï, quelques notes dont on me permettra de transcrire un extrait, car, quoique datés de près de vingt ans, mes sentiments ne se sont guère modifiés depuis lors.
    « La plupart des vignettes japonaises reproduites dans ce volume, disais-je, sont tirées des cahiers de croquis d'un dessinateur merveilleux qui mourut, il y a environ cinquante ans, au Japon, laissant une grande quantité d'albums dont la principale série composée de quatorze cahiers, excita lors de son introduction à Paris, une noble émulation parmi les artistes. « Ce peintre appelé Fo-Kou-Saï, et qui est plus populaire sous le nom de Hokou-Saï, a plus fait pour nous rendre facile la connaissance du Japon que les voyageurs et les professeurs de japonais qui ne savent par le japonais [... ]
    L'époque actuelle compte un certain nombre de très brillants écrivains qui veulent être admirés pour le précieux de leurs écrits. Ils se proclament volontiers des initiateurs en toutes choses et font savoir au public qu'ils ont découvert le Japon ; oui, eux tout seuls vraiment, à les en croire, ont enfoncé les portes de cet empire fermé jusque-là. J'ai montré qu'à M. Frédéric Villot et à quelques-uns de ses amis était due la popularité des peintres japonais. Depuis, il ne me coûte en rien de le reconnaître, on est entré plus avant dans l'ordre des connaissances japonaises et, pour ce qui touche plus particulièrement Hokou-Saï, on le doit en partie à M. Th. Duret, compagnon de voyage de M. Cernuschi [... ]
    À quoi bon aller au japon pour en rapporter des déconvenues d'idéal, comme il arrive souvent aux gens de trop d'imagination ? Ces croquis précis passent de l'hiver à l'été, des grands tapis de verdure aux neiges épaisses ; ils transportent le curieux au pied des plus hautes montagnes dans les ports de mer, au bord des flots agités, sous des nuages menaçants qui font trembler pour le retour des barques de pêcheurs à l'horizon. Les croyances religieuses, les superstitions du peuple japonais, y sont figurées par d'imprévues représentations de divinités bouddhiques singulières ; plus fantastiques encore, ces guerriers, ces monstres légendaires, ces princesses persécutées qui semblent appartenir au domaine de noirs mélodrames [... ]
    Veut-on voir le peuple de la ville à ses plaisirs, les populations rurales à leurs travaux ? C'est dans les croquis du peintre qu'on les surprend dans la variété de leur condition [...] Hokousai mourut à Tokio en 1849, âgé de quatre-vingt-neuf ans.
    Il avait été dans le long parcours de sa vie le contemporain de Goya, de Rowlandson, de Daumier. Ces trois noms coulent de ma plume, amenés par de secrètes analogies avec les puissants satiriques que le Japonais ne connut certainement pas. Mais de certains courants existent dans une même époque qui relient les nations et les hommes. Le Japon n'est pas entré tout à coup au demi-siècle dans les voies de la civilisation européenne sans avoir écouté antérieurement de multiples appels de lumières et de progrès.

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LA MODE DES JAPONIAISERIES
signé C.-Y. et paru dans La Vie parisienne, 21 nov. 1868, pp.862-863

    La dernière [originalité] qui doit être signalée est l'ouverture de l'atelier japonais d'un jeune peintre assez richement doté par la fortune pour s'offrir un petit hôtel dans les Champs-Elysées.

    Il faut dire un mot d'abord de l'intervention japonaise en art et comment ces produits d'une civilisation singulière pénétrèrent dans Paris.
    Tout le monde ne peut connaître l'influence de Madame D... dite la Japonaise.
    Il y a une dizaine d'années fut ouverte dans les environs des Tuileries une petite boutique mais voyante pour les colorations bizarres de l'étalage.
Un poète qui par-dessus tout, avait l'amour des vives colorations, s'arrêta longuement devant la montre, jeta un coup d'oeil curieux dans la boutique, y remarqua une beauté que la solitude ne paraissait pas distraire énormément. Ce poète bizarre, l'homme du monde, avait l'art de se créer tout d'abord des sympathies dans les endroits où il posait le pied. Il entra, feuilleta les albums japonais, s'assit, entama une conversation avec la marchande ennuyée, s'éventa avec les éventails, fuma une cigarette d'horrible tabac japonais, et s'en revint en chantant le Japon sur tous les tons.
    Ce poète capricieux inventa chaque année quelques bizarrerie pour s'en amuser pendant quelques mois ; mais alors son enthousiasme prenait le caractère d'une obsession, et tout le temps que durait sa manie, il l'imposait à ses amis. Il devint ainsi la trompette de la marchande d'objets japonais ; ce fut tant que l'ennui de la dame disparut, les amis du poète ne quittant plus la petite boutique et sortant rarement de l'endroit sans en emporter quelque curiosité.
    Les après-midi s'écoulèrent en dissertations sur l'art japonais, auxquelles se mêlèrent quelques compliments pour la dame. Parmi les initiés un jeune peintre américainse faisait surtout remarquer pour ses dépenses ; il n'était pas de jour qu'il ne s'offrit quelque laque, quelque bronze, quelque riche robe japonaise.
    L'Américain avait son atelier à Londres, on le voyait chez "la japonaise" aussi souvent que s'il eût demeuré à Neuilly ; meubles et cabinets, il les expédiait en Angleterre avec la même facilité que s'il les eût confiés aux crochets d'un commissionnaire du coin de la rue.
    Les prêches du poète, les achats du peintre furent résumés en des peintures franco-américaines si bizarres qu'elles troublèrent les yeux des gens assez naïfs pour rechercher les fonctions de jurés aux expositions de peinture : comme ces colorations étaient distinguées et nouvelles, on leur ferma les portes au nez. Peut-être quelques-uns les ont-ils remarquées dans les salles des Refusés. Le résultat fut celui-ci : le Japon contesté fit école.
    De même qu'il y a eu en 1820 des avalanches de pifferaro en peinture, des déluges de Grecs et de Turcs en 1828, des Bretons en assez grande quantité vers 1840 pour peupler la Bretagne, des joueurs d'échecs si nombreux, de 1840 à 1850, qu'ils pouvaient lutter avec les bataillons de zouaves qui firent irruption aux Salons de la même époque ; aujourd'hui nous sommes menacés d'une invasion japonaise en peinture.
    L'imitation est un fauteuil commode.
    L'atelier japonais des Champs-Élysées, que les princes et princesses visitent à l'heure actuelle est "un signe du temps" dirait Prudhomme.
    Toutes sortes de jeunes dames seront attifées de robes japonaises, comme cela s'est déjà vu à la montre de l'honnête maison Giroux, qui ne croyait pas faire naître un scandale sur le boulevard par cette exhibition.
    Déjà même de prétendus peintres de la vie élégante nous fatiguent de leurs cabinets japonais, de leurs fleurs japonaises de leurs laques et de leurs bronzes japonais qui prennent la place principale sur la toile et jouent un rôle bien autrement considérable que les personnages.
    En avons-nous déjà assez vu de ces soubrettes élégantes qui, cachant un billet dans la main, se préparent à entrer dans la pièce voisine où de nombreuses précautions doivent être prises pour la remise du billet doux... Ce petit drame amoureux m'intéresse. Il y a sans doute un jaloux dans la chambre à côté. Le jaloux est une mandragore japonaise en bronze qui fait vis-à-vis à des fleurs japonaises. Il paraît que la mandragore ne doit point avoir connaissance du billet.
    Les amateurs trouvent ce drame ravissant, et l'achètent quelques billets de mille au peintre de la vie élégante.
    La vente est connue dans Paris. Cinquante peintres suivront les traces de l'heureux initiateur qui a eu l'idée d'employer des objets du Japon, comme dans les théâtres de province un dialogue vif et animé remplace la musique. 

Ukiyo-é,toyokuniIII

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hiroshige,sortie théâtre

Hiroshige, sortie du théâtre avec ombres.... 

toyokuni,bâtisseurs

 Utagawa Toyokuni(1769-1825), les bâtisseurs.

Fernand LEGER

Fernand Léger (1881-1955) 

* Rue de Rivoli.

 

mise à jour le 3/04/2011

02/04/2011

Louis-Sébastien Mercier

Par Bernard Vassor

Louis Sebastien Mercier cadre hauteur.jpg
Louis-Sébastien Mercier (1740-1814)
Polygraphe, littérateur, homme politique auteur de romans, de drames, critique d'art et scientifique médiocre ( (il trouvait détestable le Titien, Raphaël, Vinci et le Courège; il déclara que les théories de Newton et de Copernic étaient des absurdités, que la terre était plate, et que le soleil, tournait autour )de discours politiques, théosophe à ses heures, adepte de Louis-Claude Saint-Martin," le Philosophe inconnu", il était aussi swedengorgien, marcheur infatigable, il parcourait les rues de Paris comme Restif de la Bretonne avec qui il avait bien des points communs. Réactionnaire pendant la révolution, il devint républicain sous l'empire ! Il détestait Napoléon le despote qu'il appelait "le sabre organisé", il faut noter, et c'est tout à son honneur qu'il garda son franc-parler dans cette période de servilité totale de la presse,l et disait ne vivre que pour voir comment tout cela finirait, son voeux fut exaucé, il est mort juste après la chute du tyran.
 Franc-maçon, il appartenait à la loge des Neuf Soeurs fréquentée surtout par des rationalistes. Il appuya le rétablissement de la loterie, dont il avait dans ses écrits réclamé lma destruction, et n'hésita pas à accepter un poste de contrôleur des loteries. Il s'attaqua aussi aux artistes, en réclamant aux peintres et aux graveurs de payer un droit de patente. Il était totalement inattendu, s'attaquant et prenant le parti opposé de toutes les théories littéraires admise et philosophiques, traitant d'ignares, Racine, Boileau, Locke et Condillac. Il tenta de réformer la langue française en y introduisant tois mille mots nouveaux à sa façon, dans un livre intitulé "Néologie, ou vocabulaire de mots nouveaux à renouveler, ou pris dans des acceptions nouvelles" (dont Restif de la Bretobnne usa et abusa dans son livre sur ses tournées nocturnes des "Nuits de Paris").
Il a laissé un travail irremplaçable sur l'histoire de Paris au XVIII° siècle avec son "Nouveau Paris", suivi de son "Tableau de Paris".
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Fils de Jean-Louis Mercier et de Andrée Lepas son épouse, Louis-Sébastien est né en l'an 1740. Les témoins inscrits au registre de la paroisse Saint-Germain L'Auxerrois, ont été Sébastien Maréchal et Elysabeth Marie Tampon. Le père était marchand fourbisseur à l'enseigne de la Garde d'Or et d'Argent sur le quai de l'École (aujourd'hui quai du Louvre).

mère MOREAU 02.jpg

Cette maison située place de l'Ecole (disparue) fut fondée en 1598, si l'on en croit l'inscription figurant au fronton.

La famille Lepas, possédait une maison, construite pour Martin Lepas, le père d'Elysabeth qui la louait 800 livresà M. d Benouville, guidon de gendarmerie, à M. de Seignelai et au sieur Damazel. C'était une maison classée dans "L'Etat des petites maisons galantes" dressées par l'inspecteur de police Louis Marais dépendant du lieutenant général de M. de Sartines.
La maison était située rue de Belfond, au coin de la rue Rochechouart, à droite en entrant dans cette rue.
Les époux Mercier héritèrent de cette maison le 18 décembre 1745. Il achetèrent un petit jardin attenant le 13 mai 1747 aux époux Justinard.
A la mort de leurs parents les deux frères Louis-Sébastien et Charles-André héritèrent de la propriété, et la revendirent le 8 novembre 1774, vingt sept ans plus tard. Sa mère était morte lorsqu'il avait trois ans, son père fut marié trois fois. La première avec Claude Galloy, la deuxième avec la mère de Louis-Sébastien et de Charles-André, la troisième avec Charlotte Spool. Le père est mort en 1769. Il eut une soeur consanguine Anne-Charlotte, fille de la troisième femme de Jean-Louis Mercier. son frère cadet tint l'hôtel des Trois Villes, rue de Tournon, devenu ensuite l'hôtel Foyot. On trouve son nom en 1789 dans un acte, où il porte le curieux titre de Secrétaire de la Société Littéraire d'Anapach (?)
Nous pouvons raisonnablement penser que l'auteur du "Tableau de Paris" fit de fréquents séjours dans ce qui était pour lui sa maison de campagne de la rue Rochechouart.
Mise à jour le 2 avril 2011

31/03/2011

Naissance cité Pigalle de Vincent van Gogh....

Par Bernard Vassor

tournesols cité pigalle jour anniversaore largeur.jpg

 

Le 1 février à dix heures trente, un enfant de sexe masculin est déclaré à la mairie du IX° arrondissement : Vincent Willem sont les deux prénoms que ses parents Théo et Johanna van Gogh ont donnés à l’enfant né le 31 janvier 1890 à trois heures du matin. Les témoins étaient Dries Bonger, le frère de Johanna van Gogh, et Aimé Fouache, un ami de Théo qui était négociant.

Une lettre parvient à un autre Vincent Willem van Gogh qui relève d’une crise d’épilepsie, lui apprenant la naissance de son neveu. Vincent est bouleversé et contrarié, il ne veut pas d’un autre homonyme, il se souvient de son frère aîné, mort né un an jour pour jour avant sa naissance qui portait aussi les mêmes prénoms que lui….

Il insiste auprès de son frère : « Maintenant pour le petit, pourquoi donc ne l’appelez-vous pas Théo* en mémoire de notre père ? A moi, certes cela me ferait tant de plaisir. »

La lettre arriva trop tard, les prénoms avaient déjà été déposés à l’état civil..

La nuit précédent la naissance de son fils, « Jo » se croyant à l’agonie, avait dans une lettre ouvert son cœur à ce beau-frère qu’elle admirait, mais qu’elle n’avait jamais vu :

« Mais jusqu’à présent tout allait bien, je tiendrai courage. Ce soir comme tous les soirs qui viennent de passer, je me demande si réellement j’ai pu faire quelque chose pour rendre Théo heureux dans son mariage. Il me l’a rendu lui. Il a été si bon pour moi, si bon si cela ne finit pas bien, si je dois le quitter (mourir) dis-lui, car il n’y a personne au monde qu’il aime tant (…)mais je ne peux pas le lui dire maintenant, car la moitié de ma compagnie est allée dormir »

Une des sœurs de Théo et Vincent, Wileminel, et leur mère étaient venues d’Amsterdam pour assister à la naissance d’un autre Vincent. Un médecin, peut-être le docteur Rivet demeurant au 6 rue de la Victoire est venu pour accoucher Johanna. Lorsque le médecin est parti, déclarant l’enfant en bonne santé, la famille se réunit pour lire le premier article sur la peinture de Vincent par Albert Georges Aurier (un critique d’art) dans le Mercure de France.

Comme un bonheur n’arrive jamais seul, Théo avait vendu une toile de Vincent : « La Vigne rouge » officiellement, même si l’on peut en douter, la seule du vivant de l’artiste !

Le 17 mai 1790, Vincent revient à Paris par la gare de Lyon. Son frère l’attend avec un fiacre pour le conduire chez lui cité Pigalle.

Jo, attend à la fenêtre du troisième étage l’arrivé de l’enfant prodigue. Elle est surprise quand elle voit descendre de la voiture les deux hommes, l’un robuste, le teint halé par le soleil du midi, l’autre, son mari, chétif, voûté par la fatigue et la maladie qui va l’emporter bientôt. Vincent resta trois jours cité toulouse-lautrec Mlle Dihau au piano hauteur.jpgPigalle, avant de se rendre à Auvers-sur-Oise. Le 5 juillet 1790, Théo, qui ne peut pas se déplacer, invite Vincent Marguerite Gachet- au piano hauteur.jpgpour faire un séjour à Paris. Il lui soumet l’emploi du temps suivant : Aller chez le père Tanguy pour rencontrer un peintre Walpone Book qui désire regarder ses tableaux, se rendre chez un brocanteur pour admirer un bouddha japonais, et bien sûr prendre un repas cité Pigalle, préparé amoureusement par Johanna . Le dimanche 6 juillet Vincent arrive gare Saint-Lazare par le premier train du matin. Il va comme prévu avec Théo dans la boutique du 14 rue Clauzel. Vincent, dans une lettre à Théo, avait protesté quelques mois plus tôt sur l’endroit où étaient entreposées ses toiles, qu’il appelait « Le trou à punaises ». (que je suis le seul à connaître) De là ils vont chez le brocanteur, (vraisemblablement Philippe Sichel 18 rue Pigalle) et se rendent ensuite dans l’atelier de Toulouse-Lautrec 27 rue Caulaincourt, il voient le tableau « Mlle Dihau au piano » Toulouse-Lautrec les accompagne ensuite au repas cité Pigalle.

Albert Aurier est également présent. Ensuite, on ne sait pas quelle mouche a piquée Vincent, il décida de repartir aussitôt pour Auvers, sans même attendre Armand Guillaumin qui devait arriver pour le dîner.

Vincent ne revint jamais d’Auvers-sur -Oise,

Vous connaissez la suite….

*Diminutif de Théodorus

Mise à jour le 30 mars 2011

30/03/2011

Presentation du livre Voyage au Pérou et en Bolivie (1875-1877) de Charles Wiener avec la participation de Pascal Riviale

El Servicio Cultural de la Embajada del Perú en Francia informa a usted de

la próxima actividad de la Asociación Lupuna

 

Presentación del libro

Voyage au Pérou et en Bolivie (1875-1877)

de Charles Wiener

con la participación de Pascal Riviale

 

 

Miércoles 6 de abril, 18h30

Maison de l’Amérique Latine,

217 boulevard Saint-Germain, 75007 Paris

www.associationlupuna.blogspot.com

  

 

Le Service Culturel de l’Ambassade du Pérou en France vous informe de

la prochaine activité de l’ Association Lupuna

 

Presentation du livre

Voyage au Pérou et en Bolivie (1875-1877)

de Charles Wiener

avec la participation de Pascal Riviale

 

 

Mercredi 6 avril, 18h30

Maison de l’Amérique Latine,

217 boulevard Saint-Germain, 75007 Paris

www.associationlupuna.blogspot.com

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Pascal Riviale (ancien pensionnaire IFEA à Lima et historien aux Archives Nationales de France) présentera le livre « Voyage au Pérou et en Bolivie » de Wiener qu'il a réédité en francais chez ''Ginkgo éditeur'' après de longs efforts.


Alain Gioda

 


 

 

 


25/03/2011

Les tourbillons de Naruto au large de l'île d'Awaji (1855). Hiroshige.

Par Bernard Vassor

Awa,Narito,hiroshige,ukiyo-e

Extrait des "Vues des sites célèbres des soixante et quelques provinces du Japon".

Deux fois par jour, à marée haute, dans le détroit de Naruto, entrent en conflit l'Océan Pacifique et la mer intérieure de Seto, provoquant dans ces courants gigantesques des tourbillons terrifiants.

Comme dans "la Grande Vague", Hiroshige décrit au premier plan la plus grande des violences infernales pour les opposer au calme et à la sérénité de l'arrière plan montagneux. Il utilise aussi des dégradés de bleus, du plus intense bleu de prusse, au bleu pâle d'un ciel serein. Là aussi, la mer est écumante et parsème le ciel de flocons neigeux.

Une légende du XVIIe siècle raconte qu'un poisson-chat géant (le Namazu)vivant dans les profondeurs de la mer est responsable, en raison de ses mouvements brusques lors de ses violentes colères, des séïsmes dont le Japon est victime.

Tokushima,hygo,faille,Kobe

Situé entre l'île de Shikoku et l'île d'Awaji

Cette île est sur la faille de Nojima visible en surface. C'est cette faille qui a provoqué le terrible séïsme de Kobe le 17 janvier 1995 à 5 heures 46 du matin faisant 6437 morts et des milliers de bléssés (plus de 40 000).

kobe la faille 02.jpg

KOBE : La faille.

24/03/2011

LA PARISIENNE, PAR EDOUARD MANET

Par Bernard Vassor

 

 

Manet,charles Cros,nina de villard,nina de callias

 

Ce dessin de Manet, gravé par A.Prunaire, figure dans le journal éphémère de Charles Cros qui fit cette dédicace en pensant surtout au tableau japonisant "La Dame aux écrans" (au musée d'Orsay) représentant Nina de Villard à son retour d'exil, croquée dans son atelier de la rue de Saint-Pétersbourg.

Charles Cros était alors un des compagnons de la frivole Nina (Sidonie a plus d'un amant)

.............

 

SCENE D’ATELIER.

A Edouard  Manet.

Sachant qu’elle est futile, et pour surprendre à l’aise

Ses poses, vous parliez des théâtres des soirs

Joyeux, de vous, marin, stoppant près des comptoirs,

De la mer bleue et lourde attaquant la falaise.

 

Autour du cou, d’un papier d’un bouquet, cette fraise,

Cevelours entourant les souples nonchaloirs,

Ces boucles sur le front, hiéroglyphes noirs,

Ces yeux dont vos récits calmaient l’ardeur mauvaise,

 

Ces traits, cet abandon opulent et ces tons

(Vous étiez je crois au club des Mirlitons)

Ont passé sur la toile en quelques coups de brosse.

 

Et la Parisienne, à regret, du sofa

Se soulevant dit : « C’est charmant ! »puis étouffa

Ce soupir : « Il ne m’a pas faite aussi féroce ! »

Charles Cros 

 

 

Bals, cabarets, guingettes etc...Paris s'encanaille !


Par Bernard Vassor

Guinguette au XVIII LARGEUR.jpg

L'origine du mot guinguette est controversé. Parmi les étymologistes, certains prétendent qu'un certain Pierre Guinguet cabaretier, aurait établi un établissement portant son nom, d'autres sources disent que les premières guinguettes auraient vu le jour dans le quartier de la Guinguette aux Invalides. Certains ouvrages de  "Droit coûtumier", avant le code Napoléon, donnaient aux meuniers, autorisation de vendre les produits de leur travail, sur leur lieu de fabrication. Autorisation leur était faite d'exploiter une vigne aux alentours du moulin. C'est ainsi que certains, vendirent des galettes et le vin de leurs vignes, qu'il était obligatoire de consommer sur place. Le vin aidant, l'habitude vint de danser pour exprimer sa joie.
Le guinguet trouve peut-être son origine dans le méchant vin vert aigrelet, (on disait "qu'il était tellement aigre, qu'il ferait danser des chèvres") on l'appelait aussi le ginglard ou le reginglard, qui serait dérivé de la gigue, danse échevelée. Toujours est-il qu'au XIX° siècle, le mot guinguette désignait "les Moulins de la Galette" qui tout autour de Paris étaient établis, on désignait aussi sous ce nom "les bals de barrière",les cabarets, les bastringues, marchands de vins, les bals publics, ayant autour d'eux des espaces de verdure.
La plus célèbre des guinguettes est celle de Ramponneau et Desnoyer, dont nous avons raconté mille fois les histoires, de Belleville aux Porcherons.
En 1784, les fermiers généraux firent ériger par Ledoux de nouvelles barrières d'octroi, englobant les ginguettes, avec des murs de trois mètres de hauteur. Un pamplétaire anonyme fit circuler ces vers :
 "Pour augmenter son numéraire
 Et raccourcir notre horizon,
 La Ferme a jugé nécéssaire
 De mettre Paris en prison"
Le mur à peine commencé, les cabarets guingeuettes et autres bastringues déménagèrent pour s'établir de l'autre côté du mur pour boire le vin hors taxes !
.......
Les membres du "Caveau" ont chanté à leur façon les guinguettes qu'ils fréquentaient assez souvent si l'on en croit la chanson d'un des membres fondateurs au début du XVIII° : Charles Collé
"Je vais vous croquer le tableau
D'une guinguette folle :
C'est là qu'on a du vin nouveau,
Qu'on rit qu'on batifole;
C'est là que Michau
Caresse Isabeau,
Sur le cul d'un tonneau.
La nuit,est-on las de Catin,
L'on embrasse Nicole,
Qu'on abandonne le matin
Pour Suzon qu'on bricole;
Ou pour Janneton,
Ou pour Margoton,
Ou pour Mamzell' Tonton".
Les guinguettes, le dimanche, était surtout fréquentées par des ouvriers et surveillées comme il se doit par la police.
Un rapport à la préfecture du 5 serptembre 1800, indique :
"On a remarqué que des ouvriers se réunissaient dans les guingettes des Porcherons ou de la Courtille, et que quelques perturbateurs d'entre eux proposaient de s'attrouper pour demander une augmentation du prix de leurs journées."
On ne peut pas en terminer sans parler à la fin du XIX° des guinguettes au bord de l'eau, de la valse-musette des flons-flons et de l'accordéon (chauffe Marcel)
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Le cabaret de la mère Roquille
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Au XVIII° siècle, il y avait des guinguettes, des cabarets borgnes, des bals bordant les bosquets qui longeaient le Chemin de l’Egout, devenu ensuite la rue de Provence après sa couverture par le Fermier général Laborde , supprimant ainsi les odeurs nauséabondes polluant les environs en raison des épandages des boues de cet égout pour la fertilisation des cultures maraichères , jusqu’au chemin boueux de La Grande-Pinterue du Mont Blanc* qui conduisait chez Ramponneau. Dansla rue Neuve-des-Capucins (Rue Joubert) ordonnée par le roi le 8 juin 1780, il y avait une vingtaine de bicoques avant 1789**. Parmi celles-ci, il y avait là le "cabaret de la Mère Roquille, elle devait ce surnom à une petite mesure de capacité qu’on désignait  aussi sous le nom de canon.
Cette femme, de son vrai nom Louise Violet était en même temps une entremetteuse qui tenait aussi un garni au dessus de son établissement tout prêt pour la pratique en mal de débauche. Ce lieu était fort réputé fréquenté selon Manuel dans "La France scandaleuse" par des moines, des prêtres, et bien des filles du monde, venue là s'encanailler..
Le cabaret ne fut démoli qu’en avril 1896 lors du prolongement de la rue de Mogador avec quelques vieilles maisons entre la rue Joubert et la rue de Provence. Pendant la Révolution, sa petite fille, Reine Violet, épousait la cause de Marat, elle était « crieuse » de « l’Ami du Peuple » (le journal de Marat) pour provoquer la chute de la statue équestre de LouisXIV place Vendôme  jeta une corde pour enserrer et abattre ce symbole honni des révolutionnaires (à l’emplacement de la future colonne Vendôme). La statue avait déjà été déboulonnée  et notre pauvre «Reine» suspendue à la corde, fut écrasée par la chute du cheval du Roi soleil.....

*Rue de la Chaussée d’Antin

**Parmi ces maisons, celle de "la Farcy" autre entremetteuse célèbre, qui s'était refaite une virginité en vendant son petit commerce pour s'associer à un agent de change (qui selon Brassens sont pis que des voleurs !)

***Aux numéros 20 22 24, le pied à terre galant du Comte d'Artois, qui servit de prison pendant la terreur principalement pour des anglais incarcérés sur ordre de Robespierre.  

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Le Club Rouge de la Reine Blanche

 

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Un remerciement particulier est adressé à Garibaldi, "venu afirmer en France la République universelle."
Après le 4 septembre 1870, de nombreux clubs révolutionnaires se sont ouverts à Paris.
A Montmartre, les plus importants étaient curieusement situés sur l'emplacement des "bals de barrière" : Le bal Robert, boulevard Rochechouart, la Boule noireL'Elysée-Montmartre, et La Reine Blanche 88 boulevard de Clichy entre la rue Lepic et le cimetière de Montmartre.
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La Reine Blanche.
Les réunions publiques avaient lieu tous les soirs à huit heures.
........
Paris est assiégé par les prussiens, la résistance s'organise, une "Garde civique" est crée, pour la défense des quartiers de Paris. Un petit peu partout, des "comités de vigilance " se mettent en place
Les membres fondateurs de ce club demandent, considérant que le gouvernement direct du peuple seul, peut sauver la patrie et qu'une Commune de Paris doit être organisée.
Parmi ces membres, nous en retrouverons trois, élus de Montmarte de la Commune de Paris. Eugène Razoua (capitaine de la Garde nationale), Antoine Révillon dit Tony-Révillon et Simon Dereure(membre du comité d'artillerie du XVIII° arrondissement, adjoint de Clemenceau maire de Montmartre) , fondateurs du 61° bataillon de la Garde nationale à Montamartre ( celui du père Tanguy).
Pour ceux qui ne le sauraient pas, la Reine Blanche a laissé place au Moulin rouge en 1889.
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Les bals aux Porcherons
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(...)Filles et garçons,
Aux Porcherons
Vont fêter à la mi-août
Boire et riboter
Et danser le rigodon.
Où vont luronnes et lurons
Vadé
...................
Vous plantant là tout le sermon
A gogo boire et riboter
Faroder, rire et gigoter
Fleury de l'Ecluse
Ce dessin réalisé aux environs de 1750 reprèsente un bal en plein air "Aux Porcherons", petit hameau en pleine campagne, à l'endroit où a été batie l'église de la Trinité, peuplé de ginguettes, de cabarets et de maisons galantes. (Le cabaret de la mère Roquille, accueillait en plus des danseurs, des couples venus là se reposer dans des chambres louées à l'heure....) 
Cette voie, depuis le dix-septième siècle fut d'abord nommée chaussée de l'Egalité-GaillonChaussée-GaillonChaussée de la Grande PinteChaussée de l'Hôtel-Dieu (pour la  raison qu'elle conduisait à la ferme de l'Hôtel Dieu, situé rue SaintLazare), puis, route des Porcherons.. Au temps de Louis XV, le quartier n'avait qu'un petit nombre de maisons très espacées au milieu de jardins, de champs et de marais de part et d'autre du Grand-Egout qui ne fut couvert qu'après le rachat des terrains par le financier Laborde. En été, le petit peuple parisien, les soldats, les commères des halles, les poissardes et les portefaix, se rendait hors de Paris pour festoyer et danser au lieu de :.
Honnêtes gens de tous métiers,
Cordonniers, tailleurs perruquiers,
Harangères et ravaudeuses,
Ecosseuses et blanchisseues.
Des familles au grand complet, emportaient leur nourriture pour manger sur l'herbe, d'autres entraient dans des cabarets et des guinguettes pour y faire des repas bien arrosés.
Chacun y chemine à sa manière,
L'un va devant, l'autre derrière,
D'une main portant le fricot,
De l'autre traînant le marmot.
Les orchestres des bals étaient composés généralement de deux violons d'un tambour et d'une vielle, ne jouant pas toujours juste et pas très souvent en mesure. L'important était un menuet dont les règles étaient les suivantes :
Les demoiselles et les messieurs,
Se tournent le postérieur,
A la première révérence;
Et d'un grand tour, fait en cadence,
Se trouvent tous deux bec à bec,
Puis, seconde salamalec,
La fille le ventre en avant,
Tient son cotillon ventre par devant.
Si bien qu'il semble qu'elle apprête,
La place où voudrait choir sa tête.
(...)des commères
qui montrent leurs derrières,
En font les honneurs au public
Qui de fermer l'oeil n'a le tic.
(Ces menuets populaires ressemblent fort à la danse que l'on appela plus de  30 ans plus tard le Chahut, puis le Can-can)
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A la fin du dix-huitième, ce "Bal des domestiques" était tout près du Grand Egout, aujourd'hui rue de Provence, à l'extrémité de ce qui est aujourd'hui la rue de la Chaussée d'Antin à l'emplacement approximatif de l'église de la Trinité
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ADOLPHE FELIX CALS, MOULINS A MONTMARTRE 1850
Félix Cals fut un des premiers peintres à s'installer à Montmartre. Il avait une des rares maison tout en haut de la butte, rue Saint Jean (rue Cortot aujourd'hui)
Depuis le XVIIème siècle, la butte était couverte de moulins à vent. Le petit peuple se réunissait sous des tonnelles entourées de chèvrefeuille et d'aubépine. On comptait en 1786 douze moulins, mais il n'en restait que dix en 1795, et depuis, le nombre n'a cessé de décroître. Il y avait le moulin de "La Lancette" qui appartenait aux abbesses, "le Blute fin" et le Moulin de la Galette de la famille Debray. Il y avait également "le Moulin vieux", Moulin neufMoulin Rollinle moulin de la vieille Tour, de la Grande Tour, du Palais, du Radet et de la Béquille. Ce dernier devait son nom à une grosse perche que l'on utilisait pour faire tourner le faîtage en fonction de la direction du vent. Certains moulins servaient surtout à moudre des matières destinées à la fabrication de la porcelaine. C'est Pierre Deruelle qui fonda la fabrique "de porcelaine de Clignancourt" en 1771 (officiellement déclarée en 1781) sous la protection du comte de Provence devenu par la suite le roi Louis XVIII. La marque de la fabrique était un moulin.
 Certains moulins furent donc les premiers lieux ayant  le privilège un peu partout en France, de vendre du vin, des galettes chaudes fabriquées uniquement avec la farine provenant du moulin. Autour de quelques tables, on pouvait écouter de la musique et pourquoi pas danser....
Pierre-Charles Debray fut tué par les armées russe en 1814 (et cloué, ou pendu, selon les uns ou les autres, sur les ailes de son moulin, resté là pendant trois jours, prétendent certains historiens) propriétaire de plusieurs moulins est inhumé au cimetière du Calvaire** où l'on peut lire l'épitaphe suivante :
"Pierre-Charles Debray
Meunier propriétaire à Montmartre
Décédé le 30 mars 1814
Tué par l'ennemi sur la butte de son moulin."
Des cabarets s'installèrent donc en dehors de la barrière et le quartier fut bientôt le rendez-vous des peintres, journalistes écrivains et chansonniers, et bien sur des "petites femmes" légères ou pas, venant donner une note gracieuse dans ce milieu de "la bohème"artistique et littéraire. Nous pouvons citer quelques bals, guinguettes ou cabarets, sans toutefois établir une liste complète : commençons par la Boule Blanche du boulevard Rochechouart qui prit le nom de la danseuse vedette et gérante qui fit la gloire de l'établissement, on allait donc danser à "La Belle-en-cuisses". Restons sur ce boulevard pour aller au "Bal Robert"au numéro 58 actuel, "le bal de l'Ermitage" se trouvait à l'angle de la rue des Martyrs. Plus haut, il y avait "Le Château rouge"," Le Grand Turc", Le bal des marronniers, le Boeuf-noir,, le Bal du Bossu, la Tour Malakoff, le Bal Roger ou Tivoli Montmartre, le Bal du Château des Brouillards, le Petit Moulin-Rouge, la Feuillée de Montmartre, le Bal des Lilas, le Bal du Poirier sans-pareil ( à l'angle actuel des rues Berthe et Ravignan), et l'Echelle de Jacobrue Bénédicte (avenue Gabrielle) que nous apercevons à gauche dans la photographie ci-dessous. Cette rue Bénédicte, ou plutôt le chemin Bénédicte existait depuis des temps immémoriaux, on trouve sur des plans datant de 1450, un chemin du Pressouer(pour pressoir) Bénédicte qui comme son nom l'indique conduisait à un pressoir qui semble-t-il se trouvait à l'emplacement de "L'Échelle de Jacob"d'après le même plan reconstitué par André Maillard, historien du vieux Montmartre*.  Au premier plan, la place Saint-Pierre.ef4993dfd326742788a3211ff53d2dee.jpg
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Au delà de cette barrière, le vin était moins cher, (on ne payait pas la taxe de l'octroi) nous apercevons à gauche, la première maison qui fait l'angle de la rue de l'Empereur (Lepic) où se tenait "le café Coquet"à l'angle de la rue Amélie et du boulevard Pigalle*** (actuellement boulevard de Clichy et rue Puget). La clientèle de Coquet (en 1850) était composée comme au café Jean-Goujon, au"Coquet" "d'une vingtaine de "ces messieurs" pomadés, astiqués, brossés, reluisants comme un sou neuf, tout battant. A quelle catégorie sociale appartiennent-ils ? Ils ne sont ni peintres ni sculpteurs, ni journalistes, ni ouvriers, ni rentiers..."****  Le Bal de la Reine Blanche, se tenait à gauche de cette barrière, et allait jusqu'au cimetière Montmartre. Le bal Perot, lui, était
 à la Chapelle, le bal Robertimpasse du Cadran, aujourdh'hui 58 boulevard Rochechouart était une vaste baraque (construite provisoirement) en platre et en bois, qui allait presque jusqu'à la rue des Acacias(rue des Abbesses). Le bal des marronniers cité plus haut était au niveau du 78 rue des Martyrs (aujourdh'hui place André Gill) fut créé par un certain Isidore Tolbec, qui fut aussi le patron du Boeuf-Noir situé en face au 79 rue des Martyrs. Boulevard Rochechouart, à côté de chez "la-Belle-en-Cuisse", le bal de l'Ermitage se trouvait approximativement au 6 et 8 de l'actuel boulevard de Clichy, à l'époque nommé boulevard des Martyrs construit sur un talus, le sol était un gazon compressé par les pas des danseurs.
La Boule Blanche avait été installée en 1822 par une femme légère, appelée Belle-en-cuisse C'était sous des tonnelles et sur de la terre battue que les danseurs se tenaient à côté d'une baraque où rôtissaient en permanence des moutons que l'on débitait en tranches pour six sols la portion. Après le décès de la patronne, c'est le sieur Bécuzet qui racheta le cabaret, et fit d'importants travaux d'embellissement. Une salle de bal à couvert, des tables plus confortables, et il ajouta à la boule blanche des miroirs et un quinquet, ce qui faisait que l'on pouvait voire la lumière de très loin à la manière d'un phare. Une fillette fuguait souvent pour venir observer et copier les pas des danseuses, c'était celle qui allait devenir "la Rigolboche". La boule banche, ne le resta pas longtemps. La poussière et la crasse l'avaient transformée dans la plus belle couleur noire qui soit. Les clients l'appelèrent donc "La Boule noire". Le succès fut au rendez-vous, et un monsieur Leclerc offrit à Bécuzet de lui racheter la Boule noire pour une somme importante. Becuzet accepta et alla fonder à Ménilmontant le célèbre Bal FaviéLeclerc vendit le cabaret en 1849 aux frères Corlieu qui restèrent jusqu'en 1872. Charcoussot prit la relève, et la Boule noire passée de mode disparut en 1882. C'est en 1894 que la Cigale fut construite sur les ruines de la Boule noire. 

**** Alfred Delvau, Les plaisirs de Paris. 1857.
..........................
Mise à jour le 24/03/2011.
A SUIVRE......

 

23/03/2011

L'Elysée-Montmartre..... suite

Par Bertnard Vassor

Elysée Montmartre

Ouvert au début du XIXe siècle, l'Elysée Montmartre était un des nombreux "bals de barrière" qui longeaient le mur "murant Paris" hors la capitale, du cimetière du Nord (Montmartre) jusqu'à La barrière de la Chapelle. Au temps de Gervaise (1850-1869 environ), il fallait monter un perron de 25 marches pour parvenir à l'Elysée qui était composé de 3 corps de bâtiment et d'un grand jardin où de nombreux sentiers serpentaient autour du carré de la danse qui aboutissaient à des bosquets au milieu desquels étaient dressées des tables. Des jeux étaient offerts aux amateurs , des chevaux de bois, l'escarpolette, un billard, le tir au pistolet, pour ceux qui voulaient se délasser après la danse. Il y avait deux grands salons qui servaient d'abri les jours d'intempérie et de grand froid. Alors qu'à la Grande Chaumière, au Prado, et au bal Bullier c'était le chahut et le cancan qui étaient en vogue,  on y dansait à l'Elysée, surtout une polka parfois un peu excentrique sous l'oeil d'agents préposés à la surveillance et à la tenue des bonnes moeurs.

"Il n'y a de bonheur réel que dans la composite."

Charles Fourier

Malgré celà, l'Elysée, ainsi que les autres bals, fut l'école de la prostitution pour certaines petites ouvrières venues pour s'amuser.

 

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Les souteneurs, venus en nombre s'occupaient du bien-être des brèmes, des morues et de la crevette, dont ils faisaient "leur marmite" comme ils le disaient. Les danseuses attitrées étaient "la môme caca, la môme la crotte  et la môme fromage (qui avait fait ses débuts à l'âge de quatorze ans)"

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. Plus dangeureuses encore étaient les "brocanteuses",déguisées parfois en bouquetières, elles demandaient quel était le salaire des jeunes filles, et leur en promettait le double. Une fois engagées, les grisettes étaient revendues à des maqueraux.

Souvent réaménagés, les jardins de l'Elysée-Montmartre furent assortis de ruisseaux, de rochers, de cascades et de petits bosquets ombragés propices aux ébats de couples à  la recherche de la solitude.

On avait construit pour le chef d'orchestre et compositeur Olivier Métra un petit pavillon. C'est là qu'il composa ses fameuses Valses des Roses, Valse de Gambrinus, et la Valse de la Vague.

Les filles  d'un marchand de volaille, Georgette Macarona, et ses soeurs : la Tonkinoise et la môme Cri-cri, en même temps que la Glu, firent leurs premiers pas de danse à L'Elysée, ce qui fit dire à certains qu'elles s'y entendaient pour plumer le pigeon !

LA GLU,montmartre,elyséecancan,chahut

La Glu

 

En 1848 et 1871 des clubs révolutionnaires se tenaient dans les salles de danse. 

Pendant le siège de Paris de 1870, l'Elysée fut réquisitionné pour la fabrication de ballons.

A suivre

22/03/2011

L'incendie de l'Elysée Montmartre

Par Bernard Vassor

Elysée Montmartre,incendie

Commencé peu avant huit heures du matin, l'incendie couvait encore lorsque je suis arrivé vers 10 heures 30. Une épaisse fumée grise s'échappait encore du bâtiment. du 72 boulevard Rochechouart.

D'après certaines informations, le toit et la scène auraient été entièrement détruits.

France Soir dit stupidement :

"Construit en 1897 par l'architecte Édouard Niermans, l'Élysée Montmartre est situé en plein quartier touristique, sur le boulevard Rochechouart, à quelques minutes, à peine, du Sacré-Cœur. C'est un haut-lieu de la culture parisienne."

Christophe Girard l'adjoint au maire de Paris n'est pas en reste quand il déclare :

"Créé en 1807 au pied du Sacré Coeur, l'Elysée Montmartre a été l'un des lieux de naissance du french cancan. Il a servi de décor à certaines des plus fameuses toiles du peintre Toulouse-Lautrec".  

Nous apprenons ainsi que le Sacré-Coeur existait en 1807 ! Et que le "cancan" y est né !!!

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A SUIVRE....

 

21/03/2011

Quelques photographies de la Goutte d'Or pour illustrer "l'Assommoir"

Par Bernard Vassor 

Au bonheur des mariés

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 Nous ne sommes pas à la goutte d'Or, mais à la frontière rue Belhomme, tout près de l'Assommoir du père Colombe.

 

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Emplacement exact de la blanchisserie fine de Gervaise "A l'endroit où la rue Neuve de la Goutte d'Or commence à monter"

 

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Appelée à tort place de l'Assommoir.

Sur le trottoir d'en face, ccomme indiqué dans le roman de Zola, cette maison rappelle l'architecture des blanchisseries, sauf, qu'à la place du toit en zinc, c'étaient des clayettes de bois, pour le séchage du linge, qui pouvait durer jusq'à une semaine.

 

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 Le percement de cette rue a fait disparaître la maison où était né Coupeau. au 22 rue Polonceau.

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 Le local d'un marchand de vin qui va être démoli...Mes-Bottes et Bec-Salé ne vont pas s'en remettre !

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 La plus ancienne maison de la Goutte d'Or.

Elle était reservée aux gardiens des cinq moulins de la rue Polonceau.

 

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Un clin d'oeil à Emile Zola.

Je ne sais pas si le coiffeur Africain connait bien Denis Poulot.

 

20/03/2011

Katsukita Hokusaï (Le vieux fou de dessin) : LA VAGUE (36 vues du Mont Fuji)

Par Bernard Vassor

 

hOKUSAÎ,LA VAGUE

 

Trente six vues du Mont Fuji (1831) : La grande vague de KANAGAWA.

hokusaï

Détail : Les occupants de ce frèle esquif, vivent certainement leurs derniers instants.

Les embarcations prises dans cette mer déchaînées sont ballotées. La vague qui menace va bientôt les ensevelir avec les navigateurs qui sont à leur bord. Personne ne peut faire barrage contre cette vague monstreuse. Les élément naturels sont inexorablement  les plus forts. Au centre, le Mont Fuji trône majestueusement, symbole d'éternité.

Katsukita Hokusaï est de près de trente ans l'ainé d'Hiroshige, ses "trente six vues" sont bien antérieures aux cent vues d'Hiroshige. Il signait lui-même sous le nom de Gakyōjin"vieux fou de dessin". Son influence a été considérable dans son pays, puis en France sur tous les impressionnistes. Il vit le jour à Katsukita, province d'Edo en 1760. Il fut l'inventeur de la "Manga", esquisse spontanée, romancier et illustrateur, son oeuvre est immense.

19/03/2011

Sur les pas de Gervaise à la Goutte d'Or, une visite organisée par "Bastringue" par la conférencière du musée Carnavalet Véronique Reynaud.


PAR BERNARD VASSOR 

Le mot assommoir provient du livre de Denis Poulot : "Le Sublime, ou le travailleur comme il est en 1870 et ce qu'il peut être" dont Zola s'est abondamment servi pour son vocabulaire populaire et argotique des ouvriers parisiens.  Zola fut d'ailleurs accusé de plagiat. Le mot assommoir était un établissement que Denis Poulot décrivait comme un mannezingue (marchand de vin) où l'on servait de l'alcool frelaté.

Denis Poulot,gallica

Source Gallica

 

Alfred Delvau bien avant avait mentionné un cabaret portant ce nom à Belleville

"Le Bastringue à Château rouge" programme: la Goutte d'Or

Visites thématiques de Paris par Véronique Reynaud : LE PARIS DE

Société littéraire des Amis d'Emile Zola

La Goutte d'Or en 1842 pour V.Reynaud.jpg

En 1842, avant la naissance de Nana, le village de la Goutte d'Or

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L'Assommoir au théâtre, adaptation de William Busnach (1832-1907) et Octave Gatineau (1824-1878)
Le mannezingue  du mastroquet le père Colombe se trouvait à l'angle du boulevard des Poissonniers (Rochechouart) et de la rue des Poissonniers, de l'autre côté de l'octroi de la place de la Barrière des Poissonniers. Le nom de ces voies provient de l’acheminement pour le transport de la marée depuis le moyen age.  "L'enseigne portait en longues lettres bleues le mot DISTILLATION, écrite d'un bout à l'autre. Il y avait à la porte, dans deux moitiés de futaille, des lauriers roses poussiéreux.(...) mais la curiosité de la maison était, au fond, de l'autre côté d'une barrière de chêne, dans une cour vitrée, l'appareil à distiller que le consommateur voyait fonctionner, des alambics aux longs cols, des serpentines descendant sous terre, une cuisine du diable devant laquelle venaient rêver les ouvriers soûlards" 
Zola
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Plan de 1859, la portion de la rue où se trouvait l'Assommoir a été amputée lors du percement du boulevard Ornano, devenu Barbès un peu plus tard dans cette partie.
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 Dans le décor de la pièce, nous voyons la rotonde de la Barrière Poissonnière, et le café du père Colombe à droite, et les comédiens Mousseau et Courtes.
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L'acteur Mousseau, qui tient le rôle de Bibi-la-grillade, avec l'argent récolté, pour son rôle, put se rendre acquéreur de l'Auberge du Clou avenue Trudaine...
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Un escalier d'une maison anciennne rue de la Goutte d'Or

mis à jour le 19/03/2011

Petite histoire des "maisons" de la rue Rochechouart.


Par Bernard Vassor
 
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On trouvait de tout dans le Guide rose, même de la publicité pour un marchand de chaussure, bien utile pour "ces-dames"
au 75 boulevard de Clichy
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Rue Rochechouart 
Ces listes ne sont pas exhaustives, les archives de la rue Sainte-Anne (rue disparue aujourd'hui, tout comme la rue de Jérusalem au cours de la reconstruction du Palais de Justice), siège de la police des moeurs ayant brulé au moment de la Commune de Paris, certaines archives pour des raison de stockage ayant été pilonnées dans les années 1920, certains dossiers ayant aussi "disparus" aussi en 1944, pour s'autres motifs....
.........
Les "maisons" fermées rue Rochechouart en 1946 :
Linette, au 9 bis, Veuve B…. au n° 13, puis Ellen-Maud, Tel : rudaine4683, au numéro 15,  chez  Li…, et au 42  L…deB….

Au XIX° siècle : au 18, hôtel des Arts tenu par Auguste Levellut (sic) au numéro 19, de 1846 à 1902, c’était uun « meublé » surveillé par la police des mœurs.. Au 37 Morissot Marie exerçait dans cet hôtel.. Le numéro 45 a été une maison de rendez-vous jusqu’en 1928 tenue par une « dite Marsa » Le numéro 62, illustre parfaitement ce qu’étaient certaines crémeries à l’époque dont le propriétaire fut jusqu’en 1905 un nommé Girbal.

Le 9 bis boulevard Rochechouart était la maison de rendez-vous d’une incertaine certaine  dame Sarasin

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LA PISCINE, 75 RUE ROCHECHOUART 
........
 L'inspecteur principal de la préfecture de Police C.J. Lecour medium_C.J.LECOUR.2.jpgnotait pour l'année 1874, 4000 prostituées recensées et environ 70 000 insoumises. Ce sont des femmes exerçant le plus vieux métier du monde, refusant le contrôle de la Police et de l'inspection médicale de l'infirmerie Saint-Lazare. 
L'historiographe Louis Fiaux ancien membre du Conseil municipal dans une étude parue en 1892, indiquait qu'il n'y avait aucune maison de tolérance dans le quartier Rochechouart ! "Les Maisons de tolérance en France, Leur fermeture, Georges Carré éditeur Paris 1892" il dresse un tableau des propriétaires d'immeubles consacrés aux tolérances (1870) :
Professions 
Agent d'affaires......................................
Agent de change en province....................
Avocats..................................................
Avoué....................................................
Bijoutier.................................................
Chapelier................................................
Commissaire de roulage...........................
Entrepreneur de maçonnerie......................
Filateur.........................................................................
Graveur.........................................................................
Horloger.......................................................................
Logeur..........................................................................
Marchand de chevaux.....................................................
Magistrats.....................................................................
Maîtresses de tolérances.................................................
Epiciers.........................................................................
Marchands d'habits.........................................................
Notaires (à titre de gérant de succession)..........................
Rentiers........................................................................
Restaurateurs................................................................
Syndics de vente............................................................
Vannier.........................................................................
Mises à jour le 19/03/2011

 

18/03/2011

Montmartre : GAUDERIC VERDAGUER, un nom complètement oublié...

Par Bernard Vassor 

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Fusillé pour avoir crié :"Soldats, la crosse en l'air"

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Le 18 mars au Moulin de la Galette

Il est inutile de chercher son nom sur internet, l'Histoire n'a pas retenu le nom de ce sergent  du 88e de ligne qui donna l'ordre de mettre la crosse en l'air, refusant ainsi de charger et de tirer sur la foule assemblée sur la Butte pour s'opposer à la reprise des canons de Montmartre. Il fit  partie des 25 hommees fusillés à Satory le 28 novembre 1871, accusé du meutre des généraux Lecomte et Thomas en compagnie de Herpin-Lacroix, Altdenoff et de Lagrange.

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Je crois que son nom ne serait pas déplacé à Montmartre, pour baptiser une place, une rue ou une petite ruelle ? 

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Exécution des généraux Lecomte et Thomas, photomontage mensonger, mais qui nous permet de voire la cour intérieure du poste de garde du 61e bataillon de la Garde nationale

17/03/2011

Dans la nuit du 17 au 18 mars 1871 à Montmartre, les premières victimes des versaillais : Germain Turpin, Louis Blaise et Marguerite Boivin.

Par Bernard Vassor

Il est six heures, Paris s'éveille.

L'Assemblée nationale nouvellement élue, majoritairement composée de monarchistes de cléricaux et du Parti de l'Ordre, veut prendre des mesures pour annuler des mesures qui avaient été prises pour soulager la souffrance des parisiens assiégés : rétablir le fonctionnement du Mont-de-Piété, abrogation du moratoire sur les loyers, la suppression de l'indemnité  des gardes nationaux (trente sous par jour), sauf pour ceux qui présenteront un certificat d'indigence. L'Assemblée décide aussi d'aller s'installer

à ,Versailles. L'annonce de toutes ces décisions provoque des remous chez les ouvriers, les artisans et les petits patrons conduits à la faillite pour les uns, et à la condition d'indigents pour ceux, sans travail, et bientôt sans toit. 

Le 15 mars, les députés demandent à Thiers, alors chef du pouvoir exécutif, de désarmer la Garde nationale, et de lui enlever les 400 canons qui avaient été payés par souscription par les parisiens, pour la défense de Paris contre les prussiens. La Garde nationale avait fait mettre en lieu sûr des canons sur les Buttes de Montmartre et de Belleville aux Buttes Chaumont. 

Thiers demanda le 17 mars au général Vinoy de reprendre ces canons le lendemain simultanément dans différents quartiers.

Pendant que Paris  est endormi, sous les ordres du général Susbielle, on réveille les soldats et on distribue des armes. Les soldats se mettent en marche à 2 heures du matin.

Dans le XVIII° arrondissement, le général Susbielle qui installa son quartier général Place Blanche lança sa division forte de 4000 hommes  à l'assaut de Montmartre, à 3 heures du matin tandis que la brigade Paturel, avenue de Saint-Ouen parvint au Moulin de la Galette en passant par les rues Marcadet, des Saules et Norvins, tandis que le général Lecomte passant par la place Saint-Pierre parvint jusqu'à la tour Solférino pour faire la jonction avec les troupes de Paturel.

GLOIRE AU 88è DE LIGNE !

montmartre,caznons,lecomte,thomas,clemenceau,turpin

Guide des sources de la Commune et du mouvement Communaliste, archives de Paris, la Documentation français Paris 2006.

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"Le Champs des polonais"

rue des rosiers,61e bataillon,18 mars

Rue de la Fontenelle (ou rue des Rosiers, certains habitants lui donnant toujours ce nom sur les registres d'inscription de la Garde nationale, [D2R4], on trouve certains gardes inscrits aux deux adresses) C’est le samedi 18 mars vers 3 heures du matin que le Général Claude Martin Lecomte à la tête du 88° régiment de marche, tenta de récupérer les 171 canons payés par souscriptions des parisiens, qui avaient été parqués « au champ des polonais », l’espace occupé aujourd’hui par le Sacré-Cœur. Avec pour prétexte que ces canons auraient pu être récupérés par les prussiens ! Mon ami Jean-Paul Martineau, décédé  il y a peu, ancien professeur de médecine à Lariboisière, historien des hôpitaux de Paris, raconte : « Une seule personne avait été affectée à la surveillance du parc d’artillerie, le garde national Germain Turpin, un maçon de 36 ans habitant passage Doudeauville.  Il était de garde cette nuit là, auprès de fameux canons lorsqu’il entendit arriver la troupe de ligne, courageusement, il fit les sommations d’usage, mais la seule réponse qu’il reçut fut une décharge de fusil qui l’atteignit à l’abdomen et le coucha par terre. Louise Michel qui se trouvait de garde au poste de garde du 61° bataillon en haut de la rue de la Fontenelle* toute proche, accourut avec la cantinière Jeanne Couerbe*. Les deux femmes lui firent un premier pansement en déchirant leur propre linge. Le docteur Clemenceau maire du XVIII° arrivé sur place peu après lui prodigua les premiers secours sur place car le général Lecomte** soucieux de ne pas ameuter la population, s’opposa à ce que l’on transporta le blessé à l’hôpital, au scandale de l’assistance. Louise Michel parvint  à le relever et le conduire à Lariboisière, on le coucha dans le lit n° 14 de la salle Saint-Ferdinand ( par la suite devenue Ambroise Paré) où atteint de péritonite affection que l’on ne pouvait pas opérer à l’époque, il agonisa 9 jours entouré de sa famille. Germain Turpin mourut heureux, disait-il d’avoir vu la Révolution. »(…) Deux autres blessés furent emmenés à Lariboisière, le premier Henri-Louis Blaise un tapissier du quartier agé de 21 ans survécut lui aussi neuf jours (…)la troisième victime Marguerite Boivin couturière agée de 37 ans qui faisait parti du groupe de femmes ayant arrêté la troupe et rallié les soldats, réussit à se rétablir au terme d’un séjour de 75 jours dans le lit 24 de la salle Sainte-Jeanne, d’une blessure des vaisseaux fémoraux. La descente des canons commença, mais, manquant d’attelage pour les emporter rapidement, les militaires restent sur place pendant que les montmartrois se réveillent et sortent de chez eux. Les tambours battent le rappel, les cloches de l’église Saint-Pierre sonnent le tocsin. La troupe est entourée par la foule, les Gardes nationaux se mêlent aux soldats. Le général Lecomte donne l’ordre de tirer sur la foule par trois fois, mais il n’est pas écouté, les soldats mettent la crosse en l’air. A 9 heures, le 88° régiment de ligne et les 152° et 228° bataillon fraternisent, le général est arrêté et conduit par ses officiers au « Château Rouge » siège du comité du XVIII°. Les gendarmes qui l’accompagnaient sont amenés à la mairie et retenus prisonniers".

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A cinq heures 45, l'armée est maîtresse de Montmartre. Paturel, dirige l'opération de reprise des canons du Champs Polonais pour les conduire aux Invalides. Par bétise ou impréparation, très peu de traits d'attelage, d'avant-trains et de chevaux sont mis à la disposirion des soldats pour la descente, plutôt à pic, d'engins pesant parfois près d'une tonne. A partir de 6 heures, les Montmartrois sont réveillés par le bruit des soldats, le roulemment des canons, tandis que Louise Michel parcourt les rues en criant à la trahison. Des tambours battent le rappel, on fait sonner le tocsin de l'église Saint-Pierre. De partout, femmes, enfants et vieillard montent au sommet de la Butte. Le général Lecomte ordonne aux soldats du 88e de ligne, de charger leurs armes et de mettre baïonnette au canon. A l'ordre qui leur est donné de tirer sur la foule les soldats du 88e mettent la crosse en l'air, certains jettent leurs munitions. Le général Lecomte est capturé par des gardes nationaux et des soldats de ligne rebelles, qui le conduisent au poste du Château Rouge où il fut rejoint par le général Clément Thomas, surpris, boulevard Ornano ( ou rue des Martyrs alors qu'il inspectait une barricade). Les deux hommes sont conduits au siège du 61e bataillon. Là, une foule ivre de colère se saisit de Clément Thomas, le pousse dans la cour, le pousse contre un mur et le tue debout, le chapeau à la main. Lecomte est à son tour tiré de sa cellule et abattu par des balles de chassepot dans le dos par des soldats ivres de colère, quelques uns même perdandant tout contrôle se précipitent et tirent à bout touchant les corps sans vie.

Place Pigalle, les soldats mettent aussi la crosse en l'air quand le général Susbielle ordonne de tirer sur la foule des Montmartrois descendus par la rue Houdon. alors, le général Susbielle, s'enfuit piteusement à cheval, perdant au passage son képi (il s'en souviendra en mai, lors de la reprise de Montmartre).

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Voici quelques adresses de personnes présentes, habitant Montmartre ce jour là :

 

Le « brave père Tanguy »était concierge à l’Hôtel Demarne au 10 rue Cortot

 

Jean Baptiste Clément 10 Cité du Midi

 

Georges Clemenceau place des Abbesses, à la mairie du XVIIIe

 

 

Nina de Callias 17 rue Chaptal, Edmond Bazire est domicilié chez elle sur les registres du 116° bataillon.

 

Vavraud libraire du 1 rue Bréda (Henry Monnier)

 

le capitaine Mourot  Jean-Jules, employé, habitant au 100 boulevard de laChapelle qui sera plus tard de garde à l’hôtel Thiers.

 

  Le commissaire de police Martial Louis Antoine Noguès (14 rue Clauzel,)

 

Les Mauté de Fleurville, Charles de Sivry, 12 rue Nicolet

 

*Ces deux femmes étaient membres du Comitéde vigilance du XVIIIe arrondissement.

**Cette partie de la rue des Rosiers avait changé de nom en 1868 pour s’appeler la rue de la Fontenelle. Elle fut en partie déviée lors de la construction de la basilique jusqu’à la rue de la Barre.

Pour ce qui concerne l’emplacement du poste du 61° bataillon, différentes hypothèses ont été avancées.

**Lecomte a déclaré à Clemenceau : »Je ne sais ce que l’on fait dans les émeutes d’un cadavre qu’on promène sur un brancard »

 

Professeur Jean-Paul Martineau ; une histoire de l’Hôpital Lariboisière, L’Harmattan 2003

 

Archives de la Préfecture de police, BHVP, Archives de l’Assistance publique, Sham, Archives de Paris, personnelles, La Commune de Paris, William Serman, Fayard 1986.

 

Guide des sources du mouvement communaliste ouvrage collectif Paris 2006

 

 

15/03/2011

HIROSHIGE, UTAGAWA ICHIRIJUSAL, DIT LE "MEISHOESI", Fukushima 福島市 , sur la route du Tokaïdo 東海道.


PAR BERNARD VASSOR

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"Cent vues du mont Fuji", la vague menaçante au  premier plan, en arrière, un paysage paisible entoure le mont Fuji....

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HIROSHIGE PAR KUNISIDA UTAGAWA
Surnommé de son vivant le "Meishoeshi" (Maître dans la peinture)

"Hiroshige est un impressionniste merveilleux.

Moi, Monet et Rodin en sommes enthousiastes.

 Je suis content d'avoir fait mes effets de neige

 et d'inondations; ces artistes japonais me confirment

 dans notre parti pris visuel"

Camille Pissarro

Hiroshige Andô vit le jour en 1797 à Edo (Tokio). Il y mourut en 1858. Elève d'Utagawa Toyohiro(1773-1828), fut membre de clubs de poésie. Il exerça une influence considérable sur le mouvement impressionniste. Il produisit des surimono, estampes luxueuses avec rehauts d'or, sur papiers gaufrés, tirées à très petit nombre d'exemplaires privés, destinés à un public averti et cultivé. Ils échappaient ainsi aux règles de censure en vigueur édictées à la fin du dix-huitième siècle. Le dessin préparatoire devait avoir "l'imprimatur"de fonctionnaires du gouvernement chargés d'approuver ou de refuser l'impression de l'estampe. Un cachet potant la mention Kiwame (approuvé)devait figurer sur l'ukiyo e. La censure avait parfois du bon, car elle était calandaire, ce qui permet de dater l'oeuvre originale.

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Hiroshigue nous présente sous un autre angle (article précédent) l'unique porte d'entrée deYoshiwara, et les cerisers en fleurs de la rue de Nakanomashi. 

Hiroshige fut un paysagiste remarquable, il subjugua les peintres occidentaux. Wistler le tout premier, puis Monet, qui avait acheté ses premières estampes en Hollande en 1871, ManetPissarro,Gauguin et tous les membres de l'école de Pont-Aven, les graveurs fin de siècle, comme Henri Rivière, Signac dans ses paysages  avec une utilisation particulière de la perspective. J'ai gardé pour la fin Vincent van Gogh qui se constitua une grande collection chez Bing rue Chauchat. Il avait sembe-t-il achEté sa première estampe à Anvers ?

Les marchands à Paris étaient Bing, Hayashi Tadamassa, Philippe Sichel rue Pigalle, et au tout début dans les années 1855 chez "la grosse madame Dessoye"(d'après les Goncourt) rue de Rivoli, et à "la Porte Chinoise"53 rue Vivienne ?.

 

Paul Gauguin, le symbolisme en peinture.

Par Bernard Vassor

Gauguin télévision, NHK,ako Kitamura,  albert Aurier,

Jaquette du film de la NHK, il y  a deux ans environ, consacrée à la présence en France de la toile prêtée par le musée des Beaux Arts de Boston. Pour cette occasion, la télévision japonaise produisit ce document d'une heure trente, après d'importantes recherches sur Gauguin et de belles découvertes par l'assistante réalisatrice et la traductice Ako Kitamura Saïko, le film retrace la vie de Gauguin à Paris, puis, dans les différents pays qu'il a traversé, où il a vécu et où il est mort.

Sur le plan artistique, un artiste japonais a gravé sur bois, afin de produire un ukyoé

grandeur nature de cette toile , chef d'oeuvre du symbolisme. Nous pouvons ainsi comprendre toutes les étapes conduisant à la réalisation d'une estampe jaonaise. Formidable échange d'influences reçues par Gauguin de la part des artistes japonais qui lui donnent aujourd'hui ce vibrant hommage....un aller et retour de mutuelle admiration.

Un épisode de ce document se déroule dans la boutique du père Tanguy, où un amateur passionné décortique la fameuse toile du "Combat de Jacob avec l'ange" montrant ainsi la similitude de cette toile avec une Mangwa d'Hokusaï.

http://autourduperetanguy.blogspirit.com/archive/2009/06/...

"Loin, très loin, sur une fabuleuse colline, dont le sol apparît de vermillon rutilant, c'est la lutte biblique de Jacob avec l'ange.

""Tandis que ces deux géants de légende que l'éloignement transforme en pygmés, combattent leur formidable combat, des femmes regardent, intéressées et naïves, ne comprenant point sans doute ce qui se passe là-bas, sur cette fabukeuse colline empourprée (...)

Georges Albert Aurier

Un peintre de Pont Aven, de Pontoise et d'Auvers-sur-Oise : Gustave Loiseau, "L'historiographe de la Seine"

Par BERNARD VASSOR

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Gustave Loiseau (3 octobre 1865-1935), naquit à Paris mourut à Paris. D'abord apprenti charcutier (comme le père Tanguy) il est ensuite placé chez un décorateur. Autodidacte, il décida de se consacrer entièrement à la peinture dès 1887 à Paris. Il suivit les cours de l'Ecole des Arts Décoratifs.  Ami intime de Maxime Maufra, Emile Bernard et Henry Moret, dont il fit la connaissance en 1890 à la pension Le Gloanec 1890, où Gauguin le prit sous son aile. Il exposa chez Le Barc de Bouteville, puis, il sera sous contrat avec Durand-Ruel. Loiseau retourna souvent à Pont-Aven. Il voyagea surtout en Normandie en passant par la Seine, ce qui lui valut le surnom cité plus haut. 

 

Maufra,gauguin,emile bernard,le barc de bouteville

Maison près de Pontoise.

 

Il séjourna souvent à Pontoise, laissa de nombreuses oeuvres de cette ville où il fut inhumé, Il se rendit aussi fréquemment à Auvers-sur-Oise.

Epectase : ANTONIN DUBOST (le père la pudeur), mort en "Eros" au 10 rue des Martyrs

 

PAR BERNARD VASSOR

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Les articles en ligne sont muets sur la cause de sa mort !
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Henri-Antonin Dubostest né en 1844 à L'Arbresle dans le Rhône, mort en "éros", victime de son devoir en 1923 à Paris 10 rue des Martyrs. Avocat de profession, le 4 septembre 1870 le vit secrétaire général de la préfecture de Police, puis préfet de l'Orne en 1871. Il devint conseiller d'État en service ordinaire, directeur du cabinet deM.Cazot (ça ne s'invente pas !) ministre de la justice en 1878. Élu président du Conseil général de l'Isère, rapporteur du budjet (1892-1893) ministre de la justice dans l'éphémère cabinet de Casimir Périer (décembre 1893-mai 1894), c'est lui qui signa ce que l'on a appelé à l'époque "les lois scélérates". Il a collectionné les postes de présidents, vice-président de ceci et de cela. Président du Sénat en 1906 en remplacement de Fallière et surtout président "des pères-la-pudeur"* cette même année. Il succomba comme le président "Félisque"Faure après un massage spécial au premier étage du numéro 10 de la rue des Martyrs. Cette maison, datant sans doute de la fin du XVIIIè selon le marquis de Rochegude, elle abrita de temps immémoriaux des pensionnaires chargé du bien-être physique des ecclésiastiques et des bourgeois de toutes sortes. LeGuide Rose de 1934 donne le prénom de la sous-maîtresse :Jeannine. Les dossiers des archives de la préfecture indiquent à cette adresse en 1860, un atelier de photographies : Froger et Guillochin. Pour ne pas être accusé de publicité clandestine, je dois citer trois autres établissements de commerce de proximité. Les maisons concurrentes rue des Martyrs entre 1914 et 1928, étaient la maison Chevrel Léontine au 13, Chez Collin Irma dite "Frou",  et la maison de rendez-vous au 35 chez Berry 
Jenny et madame Bernard.
La base  

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Inhumé au cimetière de la Tour-du-Pin, sa tombe porte les marques son appartenance maçonnique.
Des habitants de sa ville racontent que tous les jours, sa fille, après avoir frappé les trois coups de sa canne, imitant ainsi symboliquement "le couvreur"vérifiant la porte du"temple" lors d'une "tenue blanche", elle lui lisait les nouvelles du jour de son journal préféré.... (membre de la loge du Parfait Silence puis, de la Renaissance...ref Daniel LIGOU, dictionnaire de la Franc-maçonnerie PUF Paris 2006)
*Gérard de Lacaze-Duthiers, Les laideurs de la Belle Époque, La Ruche ouvrière 1956

 

La Ruche, Alfred Boucher et les artistes de son temps : Soutine, Chagall, Modigliani, Blaise Cendrars, Fernand Léger, Kikoïne, Camille Claudel.

BERNARD VASSOR

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AMEDEO MODIGLIANI
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ALFRED BOUCHER, LE FONDATEUR DE LA RUCHE
En 1900, le sculpteur Alfred Boucher passant près du passage Dantzig dans la plaine de Vaugirard s'attablait à la terrasse d'un marchand de vin. Il aperçut un panneau indiquant  :"terrain à vendre". Il interrogea le cabaretier qui lui dit posséder 5000 mètres carrés de terrain, qu'il proposait pour 5000 francs. ---"Banco, j'achète ", lui dit Boucher qui vivait richement de son art. Il récupéra des vestiges de l'exposition universelle, la rotonde de Gustave Eiffel et quelques autres pavillons. Philantrope dans l'âme, il décida de créer une citée d'artistes qu'il allait baptiser " La Ruche ". Un refuge pour artistes desargentés ou immigrés de l'est, qui allaient vivre dans une sorte de phalanstère fraternel. Le nom de la ruche fut donné en raison de la forme circulaire du bâtiment et les ateliers sont très étroits ressemblant à des alvéoles. Le premier nom de baptème de La Ruche fut, modestement : "La Villa Médicis". Au début, l'endroit était infesté de punaises et de rats qui étaient les premiers amateurs fervents de toiles entreposées le long des murs. Soutine raconte qu'un de ces rongeurs lui avait mangé une nature morte représentant un harang saur !!!
La Ruche était fréquentée par Soutine, Chagall, Modigliani, Blaise Cendrars, Fernand Léger, Kikoïne, qui mélangeaient et signaient les toiles des uns et des autres selon leur fantaisie, au gré de leur humeur.
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L'atelier de Chagall à la Ruche.
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Alfred Boucher, 1850-1934, a découvert la sculpture chez l'employeur de son père  qui était jardinier chez le sculpteur Marius Ramus à Nogent-sur-Seine. Celui-ci, lui laissa modeler de la terre, et fut surpris par sa prédisposition, le présenta à Paul Dubois qui le prit sous son aile. Camille Claudel, vernue à Paris pour y étudier son art fréquenta son atelier. C'est lui qui présenta Camille à Auguste Rodin.
Un superbe musée injustement méconnu lui est consacré avec son ami Paul Dubois  :
Ce musée a réouvert ses portes le 9 avril 2011.
Après l'achat à Reine Marie Paris d'oeuvres de Camille Claudel, ce musée est le lieu de référence, qui comprend le plus grand nombre d'oeuvres ,de cette Camille. 
Nous pouvons y contempler le buste en bronze d'Antonin Dubost, dont il est question dans un article précédent.
Mise à jour le 30/06/2011.

14/03/2011

Les demi-mensonges de l'Histoire : La Tour qui n'est pas de Gustave Eiffel, mais d'Emile Nouguier, Sauvestre et Maurice Koeklin

 

Par Bernard Vassor
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La Tour à l'exposition universelle de 1900.
Comme l'a très honnêtement reconnu le comédien Charles Berling qui a consacré un film, intitulé : "Sur les  traces de Gustave Eiffel, avec l'arrière petite-fille de Gustave, les véritables inventeurs
furent :
Nouguier, Sauvestre et Koeklin, "Eiffel ayant racheté les brevets".
J'ai vu ce documentaire hier (le 13/03/2011) qui ne mentionne pas le rôle principal de Léon Boyer pour ce qui concerne le viaduc de Garabit, et glisse allègrement sur les véritables inventeurs de cette tour appelée Eiffel

C'est Emile Nouguier qui eut l’idée d’étudier, dans le but de servir d’entrée triomphale à l’exposition Universelle de 1889 une tour de 300 mètres, avec ses amis Maurice Koeklin, ingénieur qui a été à l'origine de la structure métallique de la statue de la Liberté, et Stephen Sauvestre qui fut le véritable architecte de cette tour.

Emile Nouguier fit un dessin qui fut admis par Antonin Proust, fondateur de l’école du Louvre, ministre des Arts, pour l’exposition des Arts Décoratifs de 1884La tour de 300 mètres venait de naître. Le projet de concours pour l’Exposition de 1889 fut présenté par Gustave Eiffel et Stephen Sauvestre au ministre de l’Industrie Edouard Lockroy. Dans le projet proposé, devait figurer une tour de 300 mètres. Le concours produisit plus de sept cents projets qui furent exposés à l’Hôtel de Ville.

La tour de Stephen Sauvestre (1847-1919) fut particulièrement remarquée. La commission approuva le projet soutenu par Sauvestre, Nouguier, Koeklin et Eiffel, sous la réserve que les ingénieurs auraient à étudier le mécanisme des ascenseurs.

Le concours fut remporté par les ingénieurs constructeurs et confié à Monsieur Eiffel,  seul dont l’histoire a retenu le nom, alors qu’il ne fut que le promoteur et le patron de la société de construction. Il en va de même je crois pour la réalisation du viaduc de Garabit dont l’idée provenait d’un jeune ingénieur Léon Boyer mort à 35 ans (en 1886) qui avait imposé l’idée du tracé direct et du franchissement à 120 mètres au dessus du niveau de la rivière.

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La tour à l'exposition de 1889 hauteur.jpg

Mise à jour le 14/03/2011

 

12/03/2011

Maxime Maufra

 

PAR BERNARD VASSOR

 
LE PORT DU POULDU
"J'arrivais à Pont-Aven dans les environs du 14 juillet 1890 et le hasard me fit descendre à la pension Le Gloanec..quand une cariole semblant contenir une bande de romanichels arriva sur place et s'arrêta au seuil de l'auberge. (..) Descendant de cette cariole, un grand diable de peau-rouge, un blond à la tête de Christ et un petit bossu coiffé d'un fez écarlate. Un autre gros au sourire figé fut à terre le dernier. Le peau-rouge était Gauguin, les autres De Haan, serusier et filiger"

Maxime Maufra est né à Nantes en 1861. Sa famille qui le destinait à une carrière commerciale l'envoya faire des études en Angleterre où il visita les musées et les galeries. Emerveillé par les toiles de Turner, il dessina et copia comme il put. Revenu dans sa ville natale, le peintre Charles Le Roux l'initia à l'impressionnisme. En 1889 il décida un voyage en Bretagne pour se donner entièrement à la peinture. Le hasard le fit descendre à la pension Le Gloanec. Il y fit la connaissance de Gauguin qui bien sûr le prit sous son aile et lui inculqua (de force comme d'habitude) l'utilisation des teintes pures. Maufra ne se laissa pas pour autant entraîner dans le cloisonnisme.
 
A L'HOTEL DE BRETAGNE.
 Ässise à table, Céline Maufra et son mari à ses côtés lisant le journal.
Revenu à Paris en 1893, il est un des premiers peintres à s'installer au "Bateau Lavoir" qui n'était alors que "la maison du trappeur". L'année suuivante, il est sous contrat avec Durand-Ruel.
Il est mort à Poncé dans la Sarthe le 23 mai 1918 devant une toile qu'il n'avait pas encore achevée.....