03/04/2011
Le Japonisme en France au XIXe siècle.
Par Bernard Vassor
"On voit plus avec des yeux japonais,
on ressent la couleur autrement"
Vincent van Gogh.
Ukiyo-é, Hiroshige : cortège se rendant dans "le quartier réservé" de Yoshiwara, le premier jour de la floraison des cerisiers (vers 1850)
Documentaire de la télévision NHK, dans lequel est parfaitement expliquée la technique de l'estampe japonaise à travers l'exemple de la toile de Gauguin "D'ou venons-nous, qui sommes-nous, où allons-nous ?" Le père Tanguy y est particulièrement à l'honneur.
La xylographie polychrome japonaise a précédé de plus d'un demi-siècle les premières techniques occidentales de reproductions d'estampes en couleurs.
Kitagawa Utamaro (1754-1806)
La technique était la suivante : en partant d'un papier fait d'écorces de murier très fin, qui était huilé pour lui doner de la transparence, le dessin d'un artiste était placé au recto, sur une planche de merisier. Un graveur spécialisé (horishi), à l'aide d'une gouge, en creuse les contours, puis un autre en élimine le bois inutile pour faire apparaître les filets en relief. L'artiste à l'aide de ces épreuves en fait un modèle pour chacune des planches qui vont servir successivement pour la réalisation de l'estampe. Chaque planche est marquée d'un repère, pour que à chaque "passage" des imprimeurs, troisième ou quatrième intervenant (surishi) les contours coïncident parfaitement.
A la fin du XVIIIe siècle, les estampes devaient avoir reçu le cachet de la censure impériale.
Certains Ukiyo-é de luxe avaient parfois plus de sept bois d'impression !
BLOC NOTE :
Dans le désordre : les premiers amateurs en France
Charles Baudelaire, Philippe Burty (qui a inventé le mot japonisme) Les Goncourt, qui prétendent avoir été les premiers collectionneurs.
Le magasin Bing rue Martel puis 19 rue Chauchat, Hayashi Tadamassa rue de la Victoire, la famille Sichel rue Pigalle. Madame Langweil 28 place Saint Georges. Champfleury, de toutes les coteries.
http://autourduperetanguy.blogspirit.com/archive/2008/04/...
Hayashi Tadamasa, l'importateur de la rue de la Victoire, conseiller d'Edmond de Goncourt.
magasin : des boutiques de produits extrême-orientaux existaient à Paris en 1855, particulièrement La Porte Chinoise, fondée sous la Restauration ; mais on n'y voit apparaître des produits japonais qu'à partir de 1860. Ce n'est pas la Porte Chinoise, mais la boutique de curiosités de M. et Mme Desoye que Champfleury évoque ici, boutique qui fut bien le lieu de réunion de la coterie dont il faisait partie. Les plus fanatiques connaissaient d'autres adresses, particulièrement celle de la Porte Chinoise, située 33 rue Vivienne (ou 53, une estampe de la collection van Gogh porte un cachet avec cette adresse). Le 8 juin 1861, le Journal des Goncourt contient cette indication : "J'ai acheté l'autre jour à la Porte Chinoise des dessins japonais, imprimés sur du papier qui ressemble à une étoffe, qui a le moelleux et l'élastique d'une laine. Je n'ai rien vu de si prestigieux, de si fantastique, de si admirable et poétique comme art..."
http://autourduperetanguy.blogspirit.com/archive/2009/06/...
LA MODE DES JAPONIAISERIES
C.-Y La Vie Parisienne, 21 novembre 1868
La dernière [originalité] qui doit être signalée est l'ouverture de l'atelier japonais d'un jeune peintre assez richement doté par la fortune pour s'offrir un petit hôtel dans les Champs-Elysées. Il faut dire un mot d'abord de l'intervention japonaise en art et comment ces produits d'une civilisation singulière pénétrèrent dans Paris.
Tout le monde ne peut connaître l'influence de Madame D... dite la Japonaise.
Il y a une dizaine d'années fut ouverte dans les environs des Tuileries* une petite boutique mais voyante pour les colorations bizarres de l'étalage.
Un poète qui par-dessus tout, avait l'amour des vives colorations, s'arrêta longuement devant la montre, jeta un coup d'oeil curieux dans la boutique, y remarqua une beauté que la solitude ne paraissait pas distraire énormément. Ce poète bizarre, l'homme du monde, avait l'art de se créer tout d'abord des sympathies dans les endroits où il posait le pied. Il entra, feuilleta les albums japonais, s'assit, entama une conversation avec la marchande ennuyée, s'éventa avec les éventails, fuma une cigarette d'horrible tabac japonais, et s'en revint en chantant le Japon sur tous les tons.
Ce poète capricieux inventa chaque année quelques bizarrerie pour s'en amuser pendant quelques mois ; mais alors son enthousiasme prenait le caractère d'une obsession, et tout le temps que durait sa manie, il l'imposait à ses amis. Il devint ainsi la trompette de la marchande d'objets japonais ; ce fut tant que l'ennui de la dame disparut, les amis du poète ne quittant plus la petite boutique et sortant rarement de l'endroit sans en emporter quelque curiosité.
Les après-midi s'écoulèrent en dissertations sur l'art japonais, auxquelles se mêlèrent quelques compliments pour la dame. Parmi les initiés un jeune peintre américain se faisait surtout remarquer pour ses dépenses ; il n'était pas de jour qu'il ne s'offrit quelque laque, quelque bronze, quelque riche robe japonaise.
L'Américain avait son atelier à Londres, on le voyait chez "la japonaise" aussi souvent que s'il eût demeuré à Neuilly ; meubles et cabinets, il les expédiait en Angleterre avec la même facilité que s'il les eût confiés aux crochets d'un commissionnaire du coin de la rue.
Les prêches du poète, les achats du peintre furent résumés en des peintures franco-américaines si bizarres qu'elles troublèrent les yeux des gens assez naïfs pour rechercher les fonctions de jurés aux expositions de peinture : comme ces colorations étaient distinguées et nouvelles, on leur ferma les portes au nez. Peut-être quelques-uns les ont-ils remarquées dans les salles des Refusés. Le résultat fut celui-ci : le Japon contesté fit école.
De même qu'il y a eu en 1820 des avalanches de pifferaro en peinture, des déluges de Grecs et de Turcs en 1828, des Bretons en assez grande quantité vers 1840 pour peupler la Bretagne, des joueurs d'échecs si nombreux, de 1840 à 1850, qu'ils pouvaient lutter avec les bataillons de zouaves qui firent irruption aux Salons de la même époque ; aujourd'hui nous sommes menacés d'une invasion japonaise en peinture.
L'imitation est un fauteuil commode.
L'atelier japonais des Champs-Élysées, que les princes et princesses visitent à l'heure actuelle est "un signe du temps" dirait Prudhomme.
Toutes sortes de jeunes dames seront attifées de robes japonaises, comme cela s'est déjà vu à la montre de l'honnête maison Giroux, qui ne croyait pas faire naître un scandale sur le boulevard par cette exhibition.
Déjà même de prétendus peintres de la vie élégante nous fatiguent de leurs cabinets japonais, de leurs fleurs japonaises de leurs laques et de leurs bronzes japonais qui prennent la place principale sur la toile et jouent un rôle bien autrement considérable que les personnages.
En avons-nous déjà assez vu de ces soubrettes élégantes qui, cachant un billet dans la main, se préparent à entrer dans la pièce voisine où de nombreuses précautions doivent être prises pour la remise du billet doux... Ce petit drame amoureux m'intéresse. Il y a sans doute un jaloux dans la chambre à côté. Le jaloux est une mandragore japonaise en bronze qui fait vis-à-vis à des fleurs japonaises. Il paraît que la mandragore ne doit point avoir connaissance du billet.
Les amateurs trouvent ce drame ravissant, et l'achètent quelques billets de mille au peintre de la vie élégante.
La vente est connue dans Paris. Cinquante peintres suivront les traces de l'heureux initiateur qui a eu l'idée d'employer des objets du Japon, comme dans les théâtres de province un dialogue vif et animé remplace la musique.
Hokusaï : La Vague (détail)
« Japoniaiseries »
LA DÉCOUVERTE D'HOKOUSAI
paru dans Le Musée secret de la caricature, Paris, 1888, pp.187-201
... Il était réservé au Paris d'il y a vingt-cinq ans de se prononcer sur l'oeuvre d'un mettre capricieux [...] que les artistes adoptèrent pour ainsi dire. Vers 1855, quelques peintres et poètes, toujours en quête de nouveautés, firent la fortune d'un magasin aussi bien fourni en étoffes et en bronzes japonais qu'en albums et en feuilles volantes aux colorations pleines de saveur. Il existera toujours dans le monde parisien un petit groupe de chercheurs d'imprévu, doués d'une vue qui pénètre plus loin que la vue de la foule... De ce petit groupe s'échappa le rayonnement d'Hokou-Saï, un véritable artiste ; d'autres, plus réservés, sourirent un peu en voyant l'admiration pour des cahiers de croquis auxquels, disaient-ils, à Tokio on n'attachait peut-être qu'une médiocre valeur... La série des divers albums d'Hokou-Saï dont personne alors ne pouvait traduire les titres non plus que les courtes et rares légendes, fut à cette époque étudiée par un esprit curieux des secrets de tous les arts, mon ami Frédéric Villot, qui dépensait sa fortune en études de toute nature, et jeune encore je fus initié à la campagne qui se préparait par la communication de romans japonais qu'un dilettante faisait traduire pour sa propre jouissance.
Ce sont ces coteries du Paris intellectuel qu'il faut connaître pour se tenir au courant des recherches ; là je puisai les premiers renseignements qui, répondant bien à mes goûts, me permirent de donner dès 1869, sur l'oeuvre d'Hokou-Saï, quelques notes dont on me permettra de transcrire un extrait, car, quoique datés de près de vingt ans, mes sentiments ne se sont guère modifiés depuis lors.
« La plupart des vignettes japonaises reproduites dans ce volume, disais-je, sont tirées des cahiers de croquis d'un dessinateur merveilleux qui mourut, il y a environ cinquante ans, au Japon, laissant une grande quantité d'albums dont la principale série composée de quatorze cahiers, excita lors de son introduction à Paris, une noble émulation parmi les artistes. « Ce peintre appelé Fo-Kou-Saï, et qui est plus populaire sous le nom de Hokou-Saï, a plus fait pour nous rendre facile la connaissance du Japon que les voyageurs et les professeurs de japonais qui ne savent par le japonais [... ]
L'époque actuelle compte un certain nombre de très brillants écrivains qui veulent être admirés pour le précieux de leurs écrits. Ils se proclament volontiers des initiateurs en toutes choses et font savoir au public qu'ils ont découvert le Japon ; oui, eux tout seuls vraiment, à les en croire, ont enfoncé les portes de cet empire fermé jusque-là. J'ai montré qu'à M. Frédéric Villot et à quelques-uns de ses amis était due la popularité des peintres japonais. Depuis, il ne me coûte en rien de le reconnaître, on est entré plus avant dans l'ordre des connaissances japonaises et, pour ce qui touche plus particulièrement Hokou-Saï, on le doit en partie à M. Th. Duret, compagnon de voyage de M. Cernuschi [... ]
À quoi bon aller au japon pour en rapporter des déconvenues d'idéal, comme il arrive souvent aux gens de trop d'imagination ? Ces croquis précis passent de l'hiver à l'été, des grands tapis de verdure aux neiges épaisses ; ils transportent le curieux au pied des plus hautes montagnes dans les ports de mer, au bord des flots agités, sous des nuages menaçants qui font trembler pour le retour des barques de pêcheurs à l'horizon. Les croyances religieuses, les superstitions du peuple japonais, y sont figurées par d'imprévues représentations de divinités bouddhiques singulières ; plus fantastiques encore, ces guerriers, ces monstres légendaires, ces princesses persécutées qui semblent appartenir au domaine de noirs mélodrames [... ]
Veut-on voir le peuple de la ville à ses plaisirs, les populations rurales à leurs travaux ? C'est dans les croquis du peintre qu'on les surprend dans la variété de leur condition [...] Hokousai mourut à Tokio en 1849, âgé de quatre-vingt-neuf ans.
Il avait été dans le long parcours de sa vie le contemporain de Goya, de Rowlandson, de Daumier. Ces trois noms coulent de ma plume, amenés par de secrètes analogies avec les puissants satiriques que le Japonais ne connut certainement pas. Mais de certains courants existent dans une même époque qui relient les nations et les hommes. Le Japon n'est pas entré tout à coup au demi-siècle dans les voies de la civilisation européenne sans avoir écouté antérieurement de multiples appels de lumières et de progrès.
................
LA MODE DES JAPONIAISERIES
signé C.-Y. et paru dans La Vie parisienne, 21 nov. 1868, pp.862-863
La dernière [originalité] qui doit être signalée est l'ouverture de l'atelier japonais d'un jeune peintre assez richement doté par la fortune pour s'offrir un petit hôtel dans les Champs-Elysées.
Il faut dire un mot d'abord de l'intervention japonaise en art et comment ces produits d'une civilisation singulière pénétrèrent dans Paris.
Tout le monde ne peut connaître l'influence de Madame D... dite la Japonaise.
Il y a une dizaine d'années fut ouverte dans les environs des Tuileries une petite boutique mais voyante pour les colorations bizarres de l'étalage.
Un poète qui par-dessus tout, avait l'amour des vives colorations, s'arrêta longuement devant la montre, jeta un coup d'oeil curieux dans la boutique, y remarqua une beauté que la solitude ne paraissait pas distraire énormément. Ce poète bizarre, l'homme du monde, avait l'art de se créer tout d'abord des sympathies dans les endroits où il posait le pied. Il entra, feuilleta les albums japonais, s'assit, entama une conversation avec la marchande ennuyée, s'éventa avec les éventails, fuma une cigarette d'horrible tabac japonais, et s'en revint en chantant le Japon sur tous les tons.
Ce poète capricieux inventa chaque année quelques bizarrerie pour s'en amuser pendant quelques mois ; mais alors son enthousiasme prenait le caractère d'une obsession, et tout le temps que durait sa manie, il l'imposait à ses amis. Il devint ainsi la trompette de la marchande d'objets japonais ; ce fut tant que l'ennui de la dame disparut, les amis du poète ne quittant plus la petite boutique et sortant rarement de l'endroit sans en emporter quelque curiosité.
Les après-midi s'écoulèrent en dissertations sur l'art japonais, auxquelles se mêlèrent quelques compliments pour la dame. Parmi les initiés un jeune peintre américainse faisait surtout remarquer pour ses dépenses ; il n'était pas de jour qu'il ne s'offrit quelque laque, quelque bronze, quelque riche robe japonaise.
L'Américain avait son atelier à Londres, on le voyait chez "la japonaise" aussi souvent que s'il eût demeuré à Neuilly ; meubles et cabinets, il les expédiait en Angleterre avec la même facilité que s'il les eût confiés aux crochets d'un commissionnaire du coin de la rue.
Les prêches du poète, les achats du peintre furent résumés en des peintures franco-américaines si bizarres qu'elles troublèrent les yeux des gens assez naïfs pour rechercher les fonctions de jurés aux expositions de peinture : comme ces colorations étaient distinguées et nouvelles, on leur ferma les portes au nez. Peut-être quelques-uns les ont-ils remarquées dans les salles des Refusés. Le résultat fut celui-ci : le Japon contesté fit école.
De même qu'il y a eu en 1820 des avalanches de pifferaro en peinture, des déluges de Grecs et de Turcs en 1828, des Bretons en assez grande quantité vers 1840 pour peupler la Bretagne, des joueurs d'échecs si nombreux, de 1840 à 1850, qu'ils pouvaient lutter avec les bataillons de zouaves qui firent irruption aux Salons de la même époque ; aujourd'hui nous sommes menacés d'une invasion japonaise en peinture.
L'imitation est un fauteuil commode.
L'atelier japonais des Champs-Élysées, que les princes et princesses visitent à l'heure actuelle est "un signe du temps" dirait Prudhomme.
Toutes sortes de jeunes dames seront attifées de robes japonaises, comme cela s'est déjà vu à la montre de l'honnête maison Giroux, qui ne croyait pas faire naître un scandale sur le boulevard par cette exhibition.
Déjà même de prétendus peintres de la vie élégante nous fatiguent de leurs cabinets japonais, de leurs fleurs japonaises de leurs laques et de leurs bronzes japonais qui prennent la place principale sur la toile et jouent un rôle bien autrement considérable que les personnages.
En avons-nous déjà assez vu de ces soubrettes élégantes qui, cachant un billet dans la main, se préparent à entrer dans la pièce voisine où de nombreuses précautions doivent être prises pour la remise du billet doux... Ce petit drame amoureux m'intéresse. Il y a sans doute un jaloux dans la chambre à côté. Le jaloux est une mandragore japonaise en bronze qui fait vis-à-vis à des fleurs japonaises. Il paraît que la mandragore ne doit point avoir connaissance du billet.
Les amateurs trouvent ce drame ravissant, et l'achètent quelques billets de mille au peintre de la vie élégante.
La vente est connue dans Paris. Cinquante peintres suivront les traces de l'heureux initiateur qui a eu l'idée d'employer des objets du Japon, comme dans les théâtres de province un dialogue vif et animé remplace la musique.
...................
Hiroshige, sortie du théâtre avec ombres....
Utagawa Toyokuni(1769-1825), les bâtisseurs.
Fernand Léger (1881-1955)
* Rue de Rivoli.
mise à jour le 3/04/2011
12:15 | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
02/04/2011
Louis-Sébastien Mercier
Par Bernard Vassor
Cette maison située place de l'Ecole (disparue) fut fondée en 1598, si l'on en croit l'inscription figurant au fronton.
11:26 | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
31/03/2011
Naissance cité Pigalle de Vincent van Gogh....
Par Bernard Vassor
Le 1 février à dix heures trente, un enfant de sexe masculin est déclaré à la mairie du IX° arrondissement : Vincent Willem sont les deux prénoms que ses parents Théo et Johanna van Gogh ont donnés à l’enfant né le 31 janvier 1890 à trois heures du matin. Les témoins étaient Dries Bonger, le frère de Johanna van Gogh, et Aimé Fouache, un ami de Théo qui était négociant.
Une lettre parvient à un autre Vincent Willem van Gogh qui relève d’une crise d’épilepsie, lui apprenant la naissance de son neveu. Vincent est bouleversé et contrarié, il ne veut pas d’un autre homonyme, il se souvient de son frère aîné, mort né un an jour pour jour avant sa naissance qui portait aussi les mêmes prénoms que lui….
Il insiste auprès de son frère : « Maintenant pour le petit, pourquoi donc ne l’appelez-vous pas Théo* en mémoire de notre père ? A moi, certes cela me ferait tant de plaisir. »
La lettre arriva trop tard, les prénoms avaient déjà été déposés à l’état civil..
La nuit précédent la naissance de son fils, « Jo » se croyant à l’agonie, avait dans une lettre ouvert son cœur à ce beau-frère qu’elle admirait, mais qu’elle n’avait jamais vu :
« Mais jusqu’à présent tout allait bien, je tiendrai courage. Ce soir comme tous les soirs qui viennent de passer, je me demande si réellement j’ai pu faire quelque chose pour rendre Théo heureux dans son mariage. Il me l’a rendu lui. Il a été si bon pour moi, si bon si cela ne finit pas bien, si je dois le quitter (mourir) dis-lui, car il n’y a personne au monde qu’il aime tant (…)mais je ne peux pas le lui dire maintenant, car la moitié de ma compagnie est allée dormir »
Une des sœurs de Théo et Vincent, Wileminel, et leur mère étaient venues d’Amsterdam pour assister à la naissance d’un autre Vincent. Un médecin, peut-être le docteur Rivet demeurant au 6 rue de la Victoire est venu pour accoucher Johanna. Lorsque le médecin est parti, déclarant l’enfant en bonne santé, la famille se réunit pour lire le premier article sur la peinture de Vincent par Albert Georges Aurier (un critique d’art) dans le Mercure de France.
Comme un bonheur n’arrive jamais seul, Théo avait vendu une toile de Vincent : « La Vigne rouge » officiellement, même si l’on peut en douter, la seule du vivant de l’artiste !
Le 17 mai 1790, Vincent revient à Paris par la gare de Lyon. Son frère l’attend avec un fiacre pour le conduire chez lui cité Pigalle.
Jo, attend à la fenêtre du troisième étage l’arrivé de l’enfant prodigue. Elle est surprise quand elle voit descendre de la voiture les deux hommes, l’un robuste, le teint halé par le soleil du midi, l’autre, son mari, chétif, voûté par la fatigue et la maladie qui va l’emporter bientôt. Vincent resta trois jours cité Pigalle, avant de se rendre à Auvers-sur-Oise. Le 5 juillet 1790, Théo, qui ne peut pas se déplacer, invite Vincent pour faire un séjour à Paris. Il lui soumet l’emploi du temps suivant : Aller chez le père Tanguy pour rencontrer un peintre Walpone Book qui désire regarder ses tableaux, se rendre chez un brocanteur pour admirer un bouddha japonais, et bien sûr prendre un repas cité Pigalle, préparé amoureusement par Johanna . Le dimanche 6 juillet Vincent arrive gare Saint-Lazare par le premier train du matin. Il va comme prévu avec Théo dans la boutique du 14 rue Clauzel. Vincent, dans une lettre à Théo, avait protesté quelques mois plus tôt sur l’endroit où étaient entreposées ses toiles, qu’il appelait « Le trou à punaises ». (que je suis le seul à connaître) De là ils vont chez le brocanteur, (vraisemblablement Philippe Sichel 18 rue Pigalle) et se rendent ensuite dans l’atelier de Toulouse-Lautrec 27 rue Caulaincourt, il voient le tableau « Mlle Dihau au piano » Toulouse-Lautrec les accompagne ensuite au repas cité Pigalle.
Albert Aurier est également présent. Ensuite, on ne sait pas quelle mouche a piquée Vincent, il décida de repartir aussitôt pour Auvers, sans même attendre Armand Guillaumin qui devait arriver pour le dîner.
Vincent ne revint jamais d’Auvers-sur -Oise,
Vous connaissez la suite….
*Diminutif de Théodorus
Mise à jour le 30 mars 2011
16:29 | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
30/03/2011
Presentation du livre Voyage au Pérou et en Bolivie (1875-1877) de Charles Wiener avec la participation de Pascal Riviale
la próxima actividad de la Asociación Lupuna
Presentación del libro
Voyage au Pérou et en Bolivie (1875-1877)
de Charles Wiener
con la participación de Pascal Riviale
Miércoles 6 de abril, 18h30
Maison de l’Amérique Latine,
217 boulevard Saint-Germain, 75007 Paris
www.associationlupuna.blogspot.com
Le Service Culturel de l’Ambassade du Pérou en France vous informe de
la prochaine activité de l’ Association Lupuna
Presentation du livre
Voyage au Pérou et en Bolivie (1875-1877)
de Charles Wiener
avec la participation de Pascal Riviale
Mercredi 6 avril, 18h30
Maison de l’Amérique Latine,
217 boulevard Saint-Germain, 75007 Paris
www.associationlupuna.blogspot.com
..................................
Pascal Riviale (ancien pensionnaire IFEA à Lima et historien aux Archives Nationales de France) présentera le livre « Voyage au Pérou et en Bolivie » de Wiener qu'il a réédité en francais chez ''Ginkgo éditeur'' après de longs efforts.
Alain Gioda
16:48 | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
25/03/2011
Les tourbillons de Naruto au large de l'île d'Awaji (1855). Hiroshige.
Par Bernard Vassor
Extrait des "Vues des sites célèbres des soixante et quelques provinces du Japon".
Deux fois par jour, à marée haute, dans le détroit de Naruto, entrent en conflit l'Océan Pacifique et la mer intérieure de Seto, provoquant dans ces courants gigantesques des tourbillons terrifiants.
Comme dans "la Grande Vague", Hiroshige décrit au premier plan la plus grande des violences infernales pour les opposer au calme et à la sérénité de l'arrière plan montagneux. Il utilise aussi des dégradés de bleus, du plus intense bleu de prusse, au bleu pâle d'un ciel serein. Là aussi, la mer est écumante et parsème le ciel de flocons neigeux.
Une légende du XVIIe siècle raconte qu'un poisson-chat géant (le Namazu)vivant dans les profondeurs de la mer est responsable, en raison de ses mouvements brusques lors de ses violentes colères, des séïsmes dont le Japon est victime.
Situé entre l'île de Shikoku et l'île d'Awaji
Cette île est sur la faille de Nojima visible en surface. C'est cette faille qui a provoqué le terrible séïsme de Kobe le 17 janvier 1995 à 5 heures 46 du matin faisant 6437 morts et des milliers de bléssés (plus de 40 000).
KOBE : La faille.
05:58 | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
24/03/2011
LA PARISIENNE, PAR EDOUARD MANET
Par Bernard Vassor
Ce dessin de Manet, gravé par A.Prunaire, figure dans le journal éphémère de Charles Cros qui fit cette dédicace en pensant surtout au tableau japonisant "La Dame aux écrans" (au musée d'Orsay) représentant Nina de Villard à son retour d'exil, croquée dans son atelier de la rue de Saint-Pétersbourg.
Charles Cros était alors un des compagnons de la frivole Nina (Sidonie a plus d'un amant)
.............
SCENE D’ATELIER.
A Edouard Manet.
Sachant qu’elle est futile, et pour surprendre à l’aise
Ses poses, vous parliez des théâtres des soirs
Joyeux, de vous, marin, stoppant près des comptoirs,
De la mer bleue et lourde attaquant la falaise.
Autour du cou, d’un papier d’un bouquet, cette fraise,
Cevelours entourant les souples nonchaloirs,
Ces boucles sur le front, hiéroglyphes noirs,
Ces yeux dont vos récits calmaient l’ardeur mauvaise,
Ces traits, cet abandon opulent et ces tons
(Vous étiez je crois au club des Mirlitons)
Ont passé sur la toile en quelques coups de brosse.
Et la Parisienne, à regret, du sofa
Se soulevant dit : « C’est charmant ! »puis étouffa
Ce soupir : « Il ne m’a pas faite aussi féroce ! »
Charles Cros
10:48 | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
Bals, cabarets, guingettes etc...Paris s'encanaille !
Par Bernard Vassor
*Rue de la Chaussée d’Antin
**Parmi ces maisons, celle de "la Farcy" autre entremetteuse célèbre, qui s'était refaite une virginité en vendant son petit commerce pour s'associer à un agent de change (qui selon Brassens sont pis que des voleurs !)
***Aux numéros 20 22 24, le pied à terre galant du Comte d'Artois, qui servit de prison pendant la terreur principalement pour des anglais incarcérés sur ordre de Robespierre.
..............................
Le Club Rouge de la Reine Blanche
09:46 | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
23/03/2011
L'Elysée-Montmartre..... suite
Par Bertnard Vassor
Ouvert au début du XIXe siècle, l'Elysée Montmartre était un des nombreux "bals de barrière" qui longeaient le mur "murant Paris" hors la capitale, du cimetière du Nord (Montmartre) jusqu'à La barrière de la Chapelle. Au temps de Gervaise (1850-1869 environ), il fallait monter un perron de 25 marches pour parvenir à l'Elysée qui était composé de 3 corps de bâtiment et d'un grand jardin où de nombreux sentiers serpentaient autour du carré de la danse qui aboutissaient à des bosquets au milieu desquels étaient dressées des tables. Des jeux étaient offerts aux amateurs , des chevaux de bois, l'escarpolette, un billard, le tir au pistolet, pour ceux qui voulaient se délasser après la danse. Il y avait deux grands salons qui servaient d'abri les jours d'intempérie et de grand froid. Alors qu'à la Grande Chaumière, au Prado, et au bal Bullier c'était le chahut et le cancan qui étaient en vogue, on y dansait à l'Elysée, surtout une polka parfois un peu excentrique sous l'oeil d'agents préposés à la surveillance et à la tenue des bonnes moeurs.
"Il n'y a de bonheur réel que dans la composite."
Charles Fourier
Malgré celà, l'Elysée, ainsi que les autres bals, fut l'école de la prostitution pour certaines petites ouvrières venues pour s'amuser.
Les souteneurs, venus en nombre s'occupaient du bien-être des brèmes, des morues et de la crevette, dont ils faisaient "leur marmite" comme ils le disaient. Les danseuses attitrées étaient "la môme caca, la môme la crotte et la môme fromage (qui avait fait ses débuts à l'âge de quatorze ans)"
. Plus dangeureuses encore étaient les "brocanteuses",déguisées parfois en bouquetières, elles demandaient quel était le salaire des jeunes filles, et leur en promettait le double. Une fois engagées, les grisettes étaient revendues à des maqueraux.
Souvent réaménagés, les jardins de l'Elysée-Montmartre furent assortis de ruisseaux, de rochers, de cascades et de petits bosquets ombragés propices aux ébats de couples à la recherche de la solitude.
On avait construit pour le chef d'orchestre et compositeur Olivier Métra un petit pavillon. C'est là qu'il composa ses fameuses Valses des Roses, Valse de Gambrinus, et la Valse de la Vague.
Les filles d'un marchand de volaille, Georgette Macarona, et ses soeurs : la Tonkinoise et la môme Cri-cri, en même temps que la Glu, firent leurs premiers pas de danse à L'Elysée, ce qui fit dire à certains qu'elles s'y entendaient pour plumer le pigeon !
La Glu
En 1848 et 1871 des clubs révolutionnaires se tenaient dans les salles de danse.
Pendant le siège de Paris de 1870, l'Elysée fut réquisitionné pour la fabrication de ballons.
A suivre
11:06 | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
22/03/2011
L'incendie de l'Elysée Montmartre
Par Bernard Vassor
Commencé peu avant huit heures du matin, l'incendie couvait encore lorsque je suis arrivé vers 10 heures 30. Une épaisse fumée grise s'échappait encore du bâtiment. du 72 boulevard Rochechouart.
D'après certaines informations, le toit et la scène auraient été entièrement détruits.
France Soir dit stupidement :
"Construit en 1897 par l'architecte Édouard Niermans, l'Élysée Montmartre est situé en plein quartier touristique, sur le boulevard Rochechouart, à quelques minutes, à peine, du Sacré-Cœur. C'est un haut-lieu de la culture parisienne."
Christophe Girard l'adjoint au maire de Paris n'est pas en reste quand il déclare :
"Créé en 1807 au pied du Sacré Coeur, l'Elysée Montmartre a été l'un des lieux de naissance du french cancan. Il a servi de décor à certaines des plus fameuses toiles du peintre Toulouse-Lautrec".
Nous apprenons ainsi que le Sacré-Coeur existait en 1807 ! Et que le "cancan" y est né !!!
A SUIVRE....
17:58 | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
21/03/2011
Quelques photographies de la Goutte d'Or pour illustrer "l'Assommoir"
Par Bernard Vassor
Au bonheur des mariés
Nous ne sommes pas à la goutte d'Or, mais à la frontière rue Belhomme, tout près de l'Assommoir du père Colombe.
Emplacement exact de la blanchisserie fine de Gervaise "A l'endroit où la rue Neuve de la Goutte d'Or commence à monter"
Appelée à tort place de l'Assommoir.
Sur le trottoir d'en face, ccomme indiqué dans le roman de Zola, cette maison rappelle l'architecture des blanchisseries, sauf, qu'à la place du toit en zinc, c'étaient des clayettes de bois, pour le séchage du linge, qui pouvait durer jusq'à une semaine.
Le percement de cette rue a fait disparaître la maison où était né Coupeau. au 22 rue Polonceau.
Le local d'un marchand de vin qui va être démoli...Mes-Bottes et Bec-Salé ne vont pas s'en remettre !
La plus ancienne maison de la Goutte d'Or.
Elle était reservée aux gardiens des cinq moulins de la rue Polonceau.
Un clin d'oeil à Emile Zola.
Je ne sais pas si le coiffeur Africain connait bien Denis Poulot.
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20/03/2011
Katsukita Hokusaï (Le vieux fou de dessin) : LA VAGUE (36 vues du Mont Fuji)
Par Bernard Vassor
Trente six vues du Mont Fuji (1831) : La grande vague de KANAGAWA.
Détail : Les occupants de ce frèle esquif, vivent certainement leurs derniers instants.
Les embarcations prises dans cette mer déchaînées sont ballotées. La vague qui menace va bientôt les ensevelir avec les navigateurs qui sont à leur bord. Personne ne peut faire barrage contre cette vague monstreuse. Les élément naturels sont inexorablement les plus forts. Au centre, le Mont Fuji trône majestueusement, symbole d'éternité.
Katsukita Hokusaï est de près de trente ans l'ainé d'Hiroshige, ses "trente six vues" sont bien antérieures aux cent vues d'Hiroshige. Il signait lui-même sous le nom de Gakyōjin, "vieux fou de dessin". Son influence a été considérable dans son pays, puis en France sur tous les impressionnistes. Il vit le jour à Katsukita, province d'Edo en 1760. Il fut l'inventeur de la "Manga", esquisse spontanée, romancier et illustrateur, son oeuvre est immense.
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19/03/2011
Sur les pas de Gervaise à la Goutte d'Or, une visite organisée par "Bastringue" par la conférencière du musée Carnavalet Véronique Reynaud.
PAR BERNARD VASSOR
Le mot assommoir provient du livre de Denis Poulot : "Le Sublime, ou le travailleur comme il est en 1870 et ce qu'il peut être" dont Zola s'est abondamment servi pour son vocabulaire populaire et argotique des ouvriers parisiens. Zola fut d'ailleurs accusé de plagiat. Le mot assommoir était un établissement que Denis Poulot décrivait comme un mannezingue (marchand de vin) où l'on servait de l'alcool frelaté.
Source Gallica
Alfred Delvau bien avant avait mentionné un cabaret portant ce nom à Belleville
"Le Bastringue à Château rouge" programme: la Goutte d'Or
Visites thématiques de Paris par Véronique Reynaud : LE PARIS DE
Société littéraire des Amis d'Emile Zola
En 1842, avant la naissance de Nana, le village de la Goutte d'OrUn escalier d'une maison anciennne rue de la Goutte d'Or
mis à jour le 19/03/2011
16:42 | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
Petite histoire des "maisons" de la rue Rochechouart.
Par Bernard Vassor
Au XIX° siècle : au 18, hôtel des Arts tenu par Auguste Levellut (sic) au numéro 19, de 1846 à 1902, c’était uun « meublé » surveillé par la police des mœurs.. Au 37 Morissot Marie exerçait dans cet hôtel.. Le numéro 45 a été une maison de rendez-vous jusqu’en 1928 tenue par une « dite Marsa » Le numéro 62, illustre parfaitement ce qu’étaient certaines crémeries à l’époque dont le propriétaire fut jusqu’en 1905 un nommé Girbal.
Le 9 bis boulevard Rochechouart était la maison de rendez-vous d’une incertaine certaine dame Sarasin
L'historiographe Louis Fiaux ancien membre du Conseil municipal dans une étude parue en 1892, indiquait qu'il n'y avait aucune maison de tolérance dans le quartier Rochechouart ! "Les Maisons de tolérance en France, Leur fermeture, Georges Carré éditeur Paris 1892" il dresse un tableau des propriétaires d'immeubles consacrés aux tolérances (1870) :
07:58 | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
18/03/2011
Montmartre : GAUDERIC VERDAGUER, un nom complètement oublié...
Par Bernard Vassor
Fusillé pour avoir crié :"Soldats, la crosse en l'air"
Le 18 mars au Moulin de la Galette
Il est inutile de chercher son nom sur internet, l'Histoire n'a pas retenu le nom de ce sergent du 88e de ligne qui donna l'ordre de mettre la crosse en l'air, refusant ainsi de charger et de tirer sur la foule assemblée sur la Butte pour s'opposer à la reprise des canons de Montmartre. Il fit partie des 25 hommees fusillés à Satory le 28 novembre 1871, accusé du meutre des généraux Lecomte et Thomas en compagnie de Herpin-Lacroix, Altdenoff et de Lagrange.
Je crois que son nom ne serait pas déplacé à Montmartre, pour baptiser une place, une rue ou une petite ruelle ?
Exécution des généraux Lecomte et Thomas, photomontage mensonger, mais qui nous permet de voire la cour intérieure du poste de garde du 61e bataillon de la Garde nationale
08:24 | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
17/03/2011
Dans la nuit du 17 au 18 mars 1871 à Montmartre, les premières victimes des versaillais : Germain Turpin, Louis Blaise et Marguerite Boivin.
Par Bernard Vassor
Il est six heures, Paris s'éveille.
L'Assemblée nationale nouvellement élue, majoritairement composée de monarchistes de cléricaux et du Parti de l'Ordre, veut prendre des mesures pour annuler des mesures qui avaient été prises pour soulager la souffrance des parisiens assiégés : rétablir le fonctionnement du Mont-de-Piété, abrogation du moratoire sur les loyers, la suppression de l'indemnité des gardes nationaux (trente sous par jour), sauf pour ceux qui présenteront un certificat d'indigence. L'Assemblée décide aussi d'aller s'installer
à ,Versailles. L'annonce de toutes ces décisions provoque des remous chez les ouvriers, les artisans et les petits patrons conduits à la faillite pour les uns, et à la condition d'indigents pour ceux, sans travail, et bientôt sans toit.
Le 15 mars, les députés demandent à Thiers, alors chef du pouvoir exécutif, de désarmer la Garde nationale, et de lui enlever les 400 canons qui avaient été payés par souscription par les parisiens, pour la défense de Paris contre les prussiens. La Garde nationale avait fait mettre en lieu sûr des canons sur les Buttes de Montmartre et de Belleville aux Buttes Chaumont.
Thiers demanda le 17 mars au général Vinoy de reprendre ces canons le lendemain simultanément dans différents quartiers.
Pendant que Paris est endormi, sous les ordres du général Susbielle, on réveille les soldats et on distribue des armes. Les soldats se mettent en marche à 2 heures du matin.
Dans le XVIII° arrondissement, le général Susbielle qui installa son quartier général Place Blanche lança sa division forte de 4000 hommes à l'assaut de Montmartre, à 3 heures du matin tandis que la brigade Paturel, avenue de Saint-Ouen parvint au Moulin de la Galette en passant par les rues Marcadet, des Saules et Norvins, tandis que le général Lecomte passant par la place Saint-Pierre parvint jusqu'à la tour Solférino pour faire la jonction avec les troupes de Paturel.
GLOIRE AU 88è DE LIGNE !
Guide des sources de la Commune et du mouvement Communaliste, archives de Paris, la Documentation français Paris 2006.
"Le Champs des polonais"
Rue de la Fontenelle (ou rue des Rosiers, certains habitants lui donnant toujours ce nom sur les registres d'inscription de la Garde nationale, [D2R4], on trouve certains gardes inscrits aux deux adresses) C’est le samedi 18 mars vers 3 heures du matin que le Général Claude Martin Lecomte à la tête du 88° régiment de marche, tenta de récupérer les 171 canons payés par souscriptions des parisiens, qui avaient été parqués « au champ des polonais », l’espace occupé aujourd’hui par le Sacré-Cœur. Avec pour prétexte que ces canons auraient pu être récupérés par les prussiens ! Mon ami Jean-Paul Martineau, décédé il y a peu, ancien professeur de médecine à Lariboisière, historien des hôpitaux de Paris, raconte : « Une seule personne avait été affectée à la surveillance du parc d’artillerie, le garde national Germain Turpin, un maçon de 36 ans habitant passage Doudeauville. Il était de garde cette nuit là, auprès de fameux canons lorsqu’il entendit arriver la troupe de ligne, courageusement, il fit les sommations d’usage, mais la seule réponse qu’il reçut fut une décharge de fusil qui l’atteignit à l’abdomen et le coucha par terre. Louise Michel qui se trouvait de garde au poste de garde du 61° bataillon en haut de la rue de la Fontenelle* toute proche, accourut avec la cantinière Jeanne Couerbe*. Les deux femmes lui firent un premier pansement en déchirant leur propre linge. Le docteur Clemenceau maire du XVIII° arrivé sur place peu après lui prodigua les premiers secours sur place car le général Lecomte** soucieux de ne pas ameuter la population, s’opposa à ce que l’on transporta le blessé à l’hôpital, au scandale de l’assistance. Louise Michel parvint à le relever et le conduire à Lariboisière, on le coucha dans le lit n° 14 de la salle Saint-Ferdinand ( par la suite devenue Ambroise Paré) où atteint de péritonite affection que l’on ne pouvait pas opérer à l’époque, il agonisa 9 jours entouré de sa famille. Germain Turpin mourut heureux, disait-il d’avoir vu la Révolution. »(…) Deux autres blessés furent emmenés à Lariboisière, le premier Henri-Louis Blaise un tapissier du quartier agé de 21 ans survécut lui aussi neuf jours (…)la troisième victime Marguerite Boivin couturière agée de 37 ans qui faisait parti du groupe de femmes ayant arrêté la troupe et rallié les soldats, réussit à se rétablir au terme d’un séjour de 75 jours dans le lit 24 de la salle Sainte-Jeanne, d’une blessure des vaisseaux fémoraux. La descente des canons commença, mais, manquant d’attelage pour les emporter rapidement, les militaires restent sur place pendant que les montmartrois se réveillent et sortent de chez eux. Les tambours battent le rappel, les cloches de l’église Saint-Pierre sonnent le tocsin. La troupe est entourée par la foule, les Gardes nationaux se mêlent aux soldats. Le général Lecomte donne l’ordre de tirer sur la foule par trois fois, mais il n’est pas écouté, les soldats mettent la crosse en l’air. A 9 heures, le 88° régiment de ligne et les 152° et 228° bataillon fraternisent, le général est arrêté et conduit par ses officiers au « Château Rouge » siège du comité du XVIII°. Les gendarmes qui l’accompagnaient sont amenés à la mairie et retenus prisonniers".
...............................
A cinq heures 45, l'armée est maîtresse de Montmartre. Paturel, dirige l'opération de reprise des canons du Champs Polonais pour les conduire aux Invalides. Par bétise ou impréparation, très peu de traits d'attelage, d'avant-trains et de chevaux sont mis à la disposirion des soldats pour la descente, plutôt à pic, d'engins pesant parfois près d'une tonne. A partir de 6 heures, les Montmartrois sont réveillés par le bruit des soldats, le roulemment des canons, tandis que Louise Michel parcourt les rues en criant à la trahison. Des tambours battent le rappel, on fait sonner le tocsin de l'église Saint-Pierre. De partout, femmes, enfants et vieillard montent au sommet de la Butte. Le général Lecomte ordonne aux soldats du 88e de ligne, de charger leurs armes et de mettre baïonnette au canon. A l'ordre qui leur est donné de tirer sur la foule les soldats du 88e mettent la crosse en l'air, certains jettent leurs munitions. Le général Lecomte est capturé par des gardes nationaux et des soldats de ligne rebelles, qui le conduisent au poste du Château Rouge où il fut rejoint par le général Clément Thomas, surpris, boulevard Ornano ( ou rue des Martyrs alors qu'il inspectait une barricade). Les deux hommes sont conduits au siège du 61e bataillon. Là, une foule ivre de colère se saisit de Clément Thomas, le pousse dans la cour, le pousse contre un mur et le tue debout, le chapeau à la main. Lecomte est à son tour tiré de sa cellule et abattu par des balles de chassepot dans le dos par des soldats ivres de colère, quelques uns même perdandant tout contrôle se précipitent et tirent à bout touchant les corps sans vie.
Place Pigalle, les soldats mettent aussi la crosse en l'air quand le général Susbielle ordonne de tirer sur la foule des Montmartrois descendus par la rue Houdon. alors, le général Susbielle, s'enfuit piteusement à cheval, perdant au passage son képi (il s'en souviendra en mai, lors de la reprise de Montmartre).
Voici quelques adresses de personnes présentes, habitant Montmartre ce jour là :
Le « brave père Tanguy »était concierge à l’Hôtel Demarne au 10 rue Cortot
Jean Baptiste Clément 10 Cité du Midi
Georges Clemenceau place des Abbesses, à la mairie du XVIIIe
Nina de Callias 17 rue Chaptal, Edmond Bazire est domicilié chez elle sur les registres du 116° bataillon.
Vavraud libraire du 1 rue Bréda (Henry Monnier)
le capitaine Mourot Jean-Jules, employé, habitant au 100 boulevard de laChapelle qui sera plus tard de garde à l’hôtel Thiers.
Le commissaire de police Martial Louis Antoine Noguès (14 rue Clauzel,)
Les Mauté de Fleurville, Charles de Sivry, 12 rue Nicolet
*Ces deux femmes étaient membres du Comitéde vigilance du XVIIIe arrondissement.
**Cette partie de la rue des Rosiers avait changé de nom en 1868 pour s’appeler la rue de la Fontenelle. Elle fut en partie déviée lors de la construction de la basilique jusqu’à la rue de la Barre.
Pour ce qui concerne l’emplacement du poste du 61° bataillon, différentes hypothèses ont été avancées.
**Lecomte a déclaré à Clemenceau : »Je ne sais ce que l’on fait dans les émeutes d’un cadavre qu’on promène sur un brancard »
Professeur Jean-Paul Martineau ; une histoire de l’Hôpital Lariboisière, L’Harmattan 2003
Archives de la Préfecture de police, BHVP, Archives de l’Assistance publique, Sham, Archives de Paris, personnelles, La Commune de Paris, William Serman, Fayard 1986.
Guide des sources du mouvement communaliste ouvrage collectif Paris 2006
17:13 | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
15/03/2011
HIROSHIGE, UTAGAWA ICHIRIJUSAL, DIT LE "MEISHOESI", Fukushima 福島市 , sur la route du Tokaïdo 東海道.
PAR BERNARD VASSOR
"Cent vues du mont Fuji", la vague menaçante au premier plan, en arrière, un paysage paisible entoure le mont Fuji....
"Hiroshige est un impressionniste merveilleux.
Moi, Monet et Rodin en sommes enthousiastes.
Je suis content d'avoir fait mes effets de neige
et d'inondations; ces artistes japonais me confirment
dans notre parti pris visuel"
Camille Pissarro
Hiroshige Andô vit le jour en 1797 à Edo (Tokio). Il y mourut en 1858. Elève d'Utagawa Toyohiro(1773-1828), fut membre de clubs de poésie. Il exerça une influence considérable sur le mouvement impressionniste. Il produisit des surimono, estampes luxueuses avec rehauts d'or, sur papiers gaufrés, tirées à très petit nombre d'exemplaires privés, destinés à un public averti et cultivé. Ils échappaient ainsi aux règles de censure en vigueur édictées à la fin du dix-huitième siècle. Le dessin préparatoire devait avoir "l'imprimatur"de fonctionnaires du gouvernement chargés d'approuver ou de refuser l'impression de l'estampe. Un cachet potant la mention Kiwame (approuvé)devait figurer sur l'ukiyo e. La censure avait parfois du bon, car elle était calandaire, ce qui permet de dater l'oeuvre originale.
Hiroshige fut un paysagiste remarquable, il subjugua les peintres occidentaux. Wistler le tout premier, puis Monet, qui avait acheté ses premières estampes en Hollande en 1871, Manet, Pissarro,Gauguin et tous les membres de l'école de Pont-Aven, les graveurs fin de siècle, comme Henri Rivière, Signac dans ses paysages avec une utilisation particulière de la perspective. J'ai gardé pour la fin Vincent van Gogh qui se constitua une grande collection chez Bing rue Chauchat. Il avait sembe-t-il achEté sa première estampe à Anvers ?
Les marchands à Paris étaient Bing, Hayashi Tadamassa, Philippe Sichel rue Pigalle, et au tout début dans les années 1855 chez "la grosse madame Dessoye"(d'après les Goncourt) rue de Rivoli, et à "la Porte Chinoise"53 rue Vivienne ?.
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Paul Gauguin, le symbolisme en peinture.
Par Bernard Vassor
Jaquette du film de la NHK, il y a deux ans environ, consacrée à la présence en France de la toile prêtée par le musée des Beaux Arts de Boston. Pour cette occasion, la télévision japonaise produisit ce document d'une heure trente, après d'importantes recherches sur Gauguin et de belles découvertes par l'assistante réalisatrice et la traductice Ako Kitamura Saïko, le film retrace la vie de Gauguin à Paris, puis, dans les différents pays qu'il a traversé, où il a vécu et où il est mort.
Sur le plan artistique, un artiste japonais a gravé sur bois, afin de produire un ukyoé
grandeur nature de cette toile , chef d'oeuvre du symbolisme. Nous pouvons ainsi comprendre toutes les étapes conduisant à la réalisation d'une estampe jaonaise. Formidable échange d'influences reçues par Gauguin de la part des artistes japonais qui lui donnent aujourd'hui ce vibrant hommage....un aller et retour de mutuelle admiration.
Un épisode de ce document se déroule dans la boutique du père Tanguy, où un amateur passionné décortique la fameuse toile du "Combat de Jacob avec l'ange" montrant ainsi la similitude de cette toile avec une Mangwa d'Hokusaï.
http://autourduperetanguy.blogspirit.com/archive/2009/06/...
"Loin, très loin, sur une fabuleuse colline, dont le sol apparît de vermillon rutilant, c'est la lutte biblique de Jacob avec l'ange.
""Tandis que ces deux géants de légende que l'éloignement transforme en pygmés, combattent leur formidable combat, des femmes regardent, intéressées et naïves, ne comprenant point sans doute ce qui se passe là-bas, sur cette fabukeuse colline empourprée (...)
Georges Albert Aurier
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Un peintre de Pont Aven, de Pontoise et d'Auvers-sur-Oise : Gustave Loiseau, "L'historiographe de la Seine"
Par BERNARD VASSOR
Gustave Loiseau (3 octobre 1865-1935), naquit à Paris mourut à Paris. D'abord apprenti charcutier (comme le père Tanguy) il est ensuite placé chez un décorateur. Autodidacte, il décida de se consacrer entièrement à la peinture dès 1887 à Paris. Il suivit les cours de l'Ecole des Arts Décoratifs. Ami intime de Maxime Maufra, Emile Bernard et Henry Moret, dont il fit la connaissance en 1890 à la pension Le Gloanec 1890, où Gauguin le prit sous son aile. Il exposa chez Le Barc de Bouteville, puis, il sera sous contrat avec Durand-Ruel. Loiseau retourna souvent à Pont-Aven. Il voyagea surtout en Normandie en passant par la Seine, ce qui lui valut le surnom cité plus haut.
Maison près de Pontoise.
Il séjourna souvent à Pontoise, laissa de nombreuses oeuvres de cette ville où il fut inhumé, Il se rendit aussi fréquemment à Auvers-sur-Oise.
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Epectase : ANTONIN DUBOST (le père la pudeur), mort en "Eros" au 10 rue des Martyrs
PAR BERNARD VASSOR
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La Ruche, Alfred Boucher et les artistes de son temps : Soutine, Chagall, Modigliani, Blaise Cendrars, Fernand Léger, Kikoïne, Camille Claudel.
BERNARD VASSOR
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14/03/2011
Les demi-mensonges de l'Histoire : La Tour qui n'est pas de Gustave Eiffel, mais d'Emile Nouguier, Sauvestre et Maurice Koeklin
C'est Emile Nouguier qui eut l’idée d’étudier, dans le but de servir d’entrée triomphale à l’exposition Universelle de 1889 une tour de 300 mètres, avec ses amis Maurice Koeklin, ingénieur qui a été à l'origine de la structure métallique de la statue de la Liberté, et Stephen Sauvestre qui fut le véritable architecte de cette tour.
Emile Nouguier fit un dessin qui fut admis par Antonin Proust, fondateur de l’école du Louvre, ministre des Arts, pour l’exposition des Arts Décoratifs de 1884. La tour de 300 mètres venait de naître. Le projet de concours pour l’Exposition de 1889 fut présenté par Gustave Eiffel et Stephen Sauvestre au ministre de l’Industrie Edouard Lockroy. Dans le projet proposé, devait figurer une tour de 300 mètres. Le concours produisit plus de sept cents projets qui furent exposés à l’Hôtel de Ville.
La tour de Stephen Sauvestre (1847-1919) fut particulièrement remarquée. La commission approuva le projet soutenu par Sauvestre, Nouguier, Koeklin et Eiffel, sous la réserve que les ingénieurs auraient à étudier le mécanisme des ascenseurs.
Le concours fut remporté par les ingénieurs constructeurs et confié à Monsieur Eiffel, seul dont l’histoire a retenu le nom, alors qu’il ne fut que le promoteur et le patron de la société de construction. Il en va de même je crois pour la réalisation du viaduc de Garabit dont l’idée provenait d’un jeune ingénieur Léon Boyer mort à 35 ans (en 1886) qui avait imposé l’idée du tracé direct et du franchissement à 120 mètres au dessus du niveau de la rivière.
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Mise à jour le 14/03/2011
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12/03/2011
Maxime Maufra
PAR BERNARD VASSOR
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