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24/10/2010

Octave Mirbeau protecteur de la famille Tanguy suite......

Par Bernard Vassor

mirbeau corespondance.jpg
Les dernières années de la vie de Julien Tanguy, atteint selon ses proches d'une hernie, en réalité un cancer de l'estomac seront lourdes et douloureuses pour ce brave homme qui avait traversé les pires épreuves qu'un homme peut éprouver dans sa vie. Parmi les rares personnes qui avaient poussé la porte de sa nouvelle boutique du 9 rue Clauzel : Octave Mirbeau.
La parution de la correspondance générale de Mirbeau chez "L'Age d'Homme" du volume II, qui en comprend trois pour le moment, un quatrième est en préparation éclaire d'un jour nouveau les relations de Mirbeau avec les peintres de son temps:
Octave Mirbeau, correspondance générale, éditions l'Age d'Homme, 2005 Lausanne Suisse.
Edition établie, présentée et annotée par l'infatigable Pierre Michel, avec l'aide de Jean-François Nivet.
Ce volume qui couvre les années 1889 à 1894, contient 19 entrées pour Julien Tanguy et 14 pour sa femme....dont nous donnerons un aperçu, après l'autorisation de Pierre Michel dans un prochain article.
Dès la page 16 de sa présentation Pierre Michel indique l'achat par Mirbeau en 1891, donc au 14 rue Clauzel (en cachette de sa Xantippe de femme) au père Tanguy, de deux toiles de Vincent pour la somme dérisoire de 600 francs (?)*: Les Iris et les Tournesols qui seront vendues 54 milliards de centimes en 1987 !!! Le plus  difficile je crois a été de faire accepter par sa femme que ces "horreurs" puissent entrer dans son appartement.
Dans une lettre adressée à Julien Tanguy vers le 1 avril 1891 (page 371) Mirbeau lui demande d'aller toucher le produit de sa vente chez son éditeur Charpentier, en lui  indiquant : " Vous paierez le port, et ce qui restera des cent francs supplémentaires, je vous prie de les garder pour vous. C'est une commission qui vous est bien dûe, et que je suis bien heureuxx de vous offrir". L'argent de la vente revenait à Johanna Bonger, la veuve de Théo. La "commission" allouée à Tanguy était un moyen détourné élégant pour venir en aide aux Tanguy, dont la situation financière était desastreuse, pour que cela n'apparaisse comme une aumône.
Ici je dois rectifier une antienne chantée en coeur par tous les historiens de l'art même les mieux intentionnés : Tanguy n'échangeait pas des tableaux contre des tubes de couleur, mais avait en dépot des  toiles d'artistes qu'il était chargé de vendre.  Si il se trouvait qu'un de ses clients était débiteur, il prélevait bien sûr le montant des fournitures dûes. Certains comme Cézanne laissaient en souffrance des factures pendant plus de dix ans. J'ajoute que les pourcentages perçus étaient très modestes et qu'il était parfois dans l'impérieuse neccessité de battre le rappel auprès de ses créanciers, ce qui lui valut une forte méchante colère de la part de Vincent qui n'avait pas une vue très claire de la situation. Fort heureusement, la brouille fut passagère et la dernière visite parisienne de Vincent van Gogh fut la boutique de la rue Clauzel 'en dehors de la visite du brocanteur japonisant Michel Sichel de la rue Pigalle qui présentait un Bouddah en vitrine..

Après la mort du père Tanguy dans sa boutique appartement du 9 rue Clauzel, Octave Mirbeau qui avait déjà publié des articles favorable à Vincent van Gogh, seul presque contre toute la critique, va prendre en main la vente après-décès de Julien Tanguy en faveur de sa veuve

Xanthippe, heu...non Renée Tanguy née Briend !

Mirbeau biographie éditions Seguier cadre.jpg

Mirbeau Octave-Marie-Henri, 16/02/1848 à Trévière (Calvados)_21/01/1917 rue Beaujon
Domicles montmartrois : 4 rue de Laval (aujourd'hui rue Victor Massé) et rue Bochart de Saron au siège du journal "L'en Dehors"
*Journaliste écrivain, dramaturge, critique d’art au flair exceptionnel. Après des études chez les jésuites de Vannes, il « monte » à Paris ou il s’installe dans un logement de la Chaussée d’Antin pour y terminer des études de droit. Bals, soupers fins, aventures galantes, occupent la majeur partie de son temps, résultat : couvert de dettes, dans l’impossibilité de se présenter aux examens de fin d’année, il se résout à réintégrer le logis familial. Ayant tiré le mauvais numéro au tirage au sort, il est enrôlé dans le 49°régiment de mobiles de l’Orne au 4°bataillon. Il est nommé lieutenant, et sera entraîné pendant la guerre franco-prussienne dans la débâcle, malade épuisé, il sera soigné à l’hôpital du Mans puis errera de ville en ville pendant la durée de la guerre et la Commune. Accusé de désertion, il sera blanchi, mais gardera pour le reste de sa vie une rancoeur envers les institutions. Sur le moment, il n’eut pas de grande sympathie pour la Commune, dont il jugeait les chefs « qui étaient des bandits et des farceurs comme tous les hommes politiques » mais sa sympathie allait à »la masse si mélancolique et silencieuse qui avait cru en elle et qui y voyait un peu de bonheur et de justice ». Quand à Thiers, caricaturé sous les traits de monsieur Quart ( les trois autres fractions vivant en Harmonie, étant madame Dosne sa belle-mère, et ses deux filles dont l’une était sa femme.) le portrait comme celui que Balzac à fait de lui trente ans auparavant n’est guère flatteur : « dépourvu d’âme, de cœur et de sensibilité, (…)quelque chose qui marche, marche, digère, gesticule et pense selon des mécanismes soigneusement calculés » Grâce à un ami rencontré dans un bastringue pendant sa jeunesse studieuse, il obtient un poste d’employé de préfecture. Il fait ses débuts journalistique dans une feuille bonapartiste « L’Ordre de Paris » en 1872. Ses début de dramaturge, une pochade pornographique, cosignée avec Maupassant, sera jouée le 19 avril 1875 chez le peintre Maurice Leloir en présence de Flaubert et de Tourgueniev, et qui fera rougir de honte, la "chaste" Valtesse de la Bigne.
Protégé d’Arthur Meyer il collaborera à tous les journaux de « l’homme au caniche ». malgré son anticléricalisme, jusqu’à « l’Affaire », ou leurs opinions divergèrent.
Il dissèqua avec une lame acérée la société de cette fin de siècle. Protecteur des impressionnistes, visionnaire, il a été un des premiers à acheter des Van Gogh en 1891. Les Iris et Les Tournesols, (vendus 240 millions de francs en 1987) pour 600 francs. medium_mirbeau tournesols.2.jpgPour ne pas subir les foudres de sa Xanthippe* de femme, il demande au père Tanguy d’aller toucher de sa part chez son éditeur Charpentier, en prenant la précaution de lui envoyer une lettre dans laquelle il lui expliqueait que ces toiles lui étaient offertes en remerciement des articles qu’il avait accordés a Vincent.medium_mirbeau les iris 02.3.jpg
Des milliers d’articles de journaux, une éphémère carrière politique, des dizaines de romans, d’innombrables pièces de théâtre, des revirements multiples ……
Après sa mort, sa veuve, avec la complicité de la girouette Gustave Hervé, fit paraître un «Testament Patriotique » ultime trahison d’Alice-Mirbeau-Xanthippe.

Voici une lettre de la veuve Tanguy adressée à Andries Bonger, frère de Johanna, la femme de Théo. Bonger avait été quand il habitait Paris l’intermédiaire entre sa sœur et les époux Tanguy (orthographe respectée : 
**Paris le 15 Février 1894
Mon cher Monsieur Bonger je vous écrit cette petite lettre pour vous avertir que mon proprietaire veut me forcer a continuer mon bail. comme vous avez que c etaient mon mari qui fesaient la couleur pour ses peintres et ni etant plus tout est mort cher monsieur si vous vouliez bien m envoyer la liste des tableaux qui sont a vous le plutot possible car cependant je ne dois rien au proprietaire mais je dois lui faire savoir que les tableaux que jaie ne m apartiennent pas

............................................................................
Mon cher Monsieur Bonger

J aimerai bien que vous veniez a Paris si sa vous étaient possible mais si non vous serez bien aimable de m envoyer la liste car de mon coté je ne l'aie pas trouvé nul part et ne sais si vous lavez remise a mon pauvre mari tant qu'a la vente des tableaux
Nous voyons toujour de temps en temps quelque curieuxqui viennent les voir mais point acheteur si vous voulez bien en faire part a madame Vanghog et dites moi ce que vous décidez ou si Monsieur Bernard père veut bien se charger de prendre la responsabilité tant qu'à moi je me débats vis a vis du propriétaire le plus que je peut mais il parait d'après les renseignement que j aie pris auprés d un homme d affaire il est en droit de me faire continuer le bail encore trois ans vue que ne connaissant pas les affaire j ai signé le bail avec mon mari.

 

Mère Tanguy.jpg
cher Monsieur Bonger 
vous savez qu'en perdant mon mari j aie tout perdu et je suis a la vieille de tomber dans la plus profonde misère car vous savez que nous n avons pas déconomie Je crois avoir pour protecteur Monsieur Octave mirbeau qui comme vous allez le voir a fait un si bel article au sujet de mon mari Dans lecho de paris car c'est trés genti de sa part et je vous envoie le journal pour que vous en preniez lecture jaie eue l'honneur d'avoir eue la visite de Madame Mirbeau et elle m a promis que son mari s'interresserai a moi Je vous pris de croire monsieur que j aie beaucoup de chargrin et que je perd bien mes forces mais heureusement que jaie mes enfants avec moi dont jen aie pas a me plaindre je suis toujours moins seul cher Monsieur a bientot le plaisir De vous voir ou sinon une réponse le plutot possible bien des choses a votre dame ainsi qua madame Vangohg. je ne lui ait pas écrit vue que je naie pas son adresse recevez Mr mesrespect bien sincère votre toute Devouée Veuve Tanguy 9 rue Clauzel.
*Xanthippe était le surnom donné par Vincent à l'épouse du père Tanguy. Faisant référence à la femme de Socrate qui avait la réputation d’être une mégère

SOURCES :
La formidable biographie de Mirbeau :
*Jean-François Nivet et Pierre Michel : Octave Mirbeau, L’imprécateur au cœur fidèle, librairie Séguier, Paris 1990
L’Écho de Paris, 31 mars 1891
L’Écho de Paris 13 février 1894 : chronique nécrologique du père Tanguy

 

Avec l'autorisation de Pierre Michel.
**Don du musée Van Gogh d’Amsterdam
Archives personnelles

*Une lettre de Julien Tanguy à Johanna me laisse supposer qu'il s'agissait peut-être de 600 francs par tableaux ? :

 

 

"Paris le 31 Janvier 1892

Ma chére Madame Van Gogh,

Je vous prierai de vouloir bien mexcuser du grand retard que jaie mis à répondre à votre lettre mais c'est que nous avons été sur le point de vendre un tableaux, mais comme je fait tout mon possible de les faire augmenter maintenant

je les fait 600 franc et alors on les trouve un peu trop cher

jusquà présent tous ceux que nous avons vandu cetaient de

trois à quatre cent franc chaque du reste Monsieur Bonger

a du vous le dire car c'est à luidont jaie rendu tout mes compte chère Madame maintenant je vouderai bien que vous me donniez un petit mot davis pour ma gouverne. Si je dois accepter un prix dan dessous de 600 comme je le demande maintenant Comme vous devez savoir par Mr. Bonger ils men reste encore Sept Je pense Madame que vous nignorez pas que je ferai tout mon possible pour les vendre le plus cher. dont je pourai. Je vous dirai que tout le monde me demande des dessin de Vincent et je nen ait pas du tout.Si vous jugez à propos de men envoyer quelque uns cela me fera bien plaisir et de

men fixer le prix de chaque.Je vous prierai Madame de

vouloir bien presenter tout mes respect à Monsieur et

Madame Bonger et dembrasser  le petit bebe pour nous en

attendant le plaisir de recevoir de vos nouvelles Recevez Madame nos sinceres salutations et comptez toujours sur notre bonne amitié.

Julien Tanguy."

Orthographe respectée, cette lettre a certainement été dictée par Tanguy à sa fille Mathilde, seule de la famille sachant lire et écrire.

mise à jour le 24/10/2010

Pierre MICHEL
> Société Octave Mirbeau
> 10 bis rue André Gautier
> 49000 - ANGERS
> 02 41 66 84 64
> michel.mirbeau@free.fr
> http://mirbeau.asso.fr/
> http://www.mirbeau.org/
> http://michelmirbeau.blogspot.com/
> http://michel.mirbeau.perso.sfr.fr/
> http://www.scribd.com/groups/view/5552-mirbeau

05/03/2010

Octave Mirbeau protecteur de la famille Tanguy

Par Bernard Vassor

Après la mort du père Tanguy dans sa boutique appartement du 9 rue Clauzel, Octave Mirbeau qui avait déjà publié des articles favorable à Vincent van Gogh, seul contre toute la critique, va prendre en main la vente après-décès......

Mirbeau biographie éditions Seguier cadre.jpg

Mirbeau Octave-Marie-Henri, 16/02/1848 à Trévière (Calvados)_21/01/1917 rue Beaujon
Domicles montmartrois : 4 rue de Laval (aujourd'hui rue Victor Massé) et rue Bochart de Saron au siège du journal "L'en Dehors"
*Journaliste écrivain, dramaturge, critique d’art au flair exceptionnel. Après des études chez les jésuites de Vannes, il « monte » à Paris ou il s’installe dans un logement de la Chaussée d’Antin pour y terminer des études de droit. Bals, soupers fins, aventures galantes, occupent la majeur partie de son temps, résultat : couvert de dettes, dans l’impossibilité de se présenter aux examens de fin d’année, il se résout à réintégrer le logis familial. Ayant tiré le mauvais numéro au tirage au sort, il est enrôlé dans le 49°régiment de mobiles de l’Orne au 4°bataillon. Il est nommé lieutenant, et sera entraîné pendant la guerre franco-prussienne dans la débâcle, malade épuisé, il sera soigné à l’hôpital du Mans puis errera de ville en ville pendant la durée de la guerre et la Commune. Accusé de désertion, il sera blanchi, mais gardera pour le reste de sa vie une rancoeur envers les institutions. Sur le moment, il n’eut pas de grande sympathie pour la Commune, dont il jugeait les chefs « qui étaient des bandits et des farceurs comme tous les hommes politiques » mais sa sympathie allait à »la masse si mélancolique et silencieuse qui avait cru en elle et qui y voyait un peu de bonheur et de justice ». Quand à Thiers, caricaturé sous les traits de monsieur Quart ( les trois autres fractions vivant en Harmonie, étant madame Dosne sa belle-mère, et ses deux filles dont l’une était sa femme.) le portrait comme celui que Balzac à fait de lui trente ans auparavant n’est guère flatteur : « dépourvu d’âme, de cœur et de sensibilité, (…)quelque chose qui marche, marche, digère, gesticule et pense selon des mécanismes soigneusement calculés » Grâce à un ami rencontré dans un bastringue pendant sa jeunesse studieuse, il obtient un poste d’employé de préfecture. Il fait ses débuts journalistique dans une feuille bonapartiste « L’Ordre de Paris » en 1872. Ses début de dramaturge, une pochade pornographique, cosignée avec Maupassant, sera jouée le 19 avril 1875 chez le peintre Maurice Leloir en présence de Flaubert et de Tourgueniev, et qui fera rougir de honte, la "chaste" Valtesse de la Bigne.
Protégé d’Arthur Meyer il collaborera à tous les journaux de « l’homme au caniche ». malgré son anticléricalisme, jusqu’à « l’Affaire », ou leurs opinions divergèrent.
Il dissèqua avec une lame acérée la société de cette fin de siècle. Protecteur des impressionnistes, visionnaire, il a été un des premiers à acheter des Van Gogh en 1891. Les Iris et Les Tournesols, (vendus 240 millions de francs en 1987) pour 600 francs. medium_mirbeau tournesols.2.jpgPour ne pas subir les foudres de sa Xanthippe* de femme, il demande au père Tanguy d’aller toucher de sa part chez son éditeur Charpentier, en prenant la précaution de lui envoyer une lettre dans laquelle il lui expliqueait que ces toiles lui étaient offertes en remerciement des articles qu’il avait accordés a Vincent.medium_mirbeau les iris 02.3.jpg
Des milliers d’articles de journaux, une éphémère carrière politique, des dizaines de romans, d’innombrables pièces de théâtre, des revirements multiples ……
Après sa mort, sa veuve, avec la complicité de la girouette Gustave Hervé, fit paraître un « Testament Patriotique » ultime trahison d’Alice-Mirbeau-Xanthippe.

Voici une lettre de la veuve Tanguy adressée à Andries Bonger, frère de Johanna, la femme de Théo. Bonger avait été quand il habitait Paris l’intermédiaire entre sa sœur et les époux Tanguy (orthographe respectée : 
**Paris le 15 Février 1894
Mon cher Monsieur Bonger je vous écrit cette petite lettre pour vous avertir que mon proprietaire veut me forcer a continuer mon bail. comme vous avez que c etaient mon mari qui fesaient la couleur pour ses peintres et ni etant plus tout est mort cher monsieur si vous vouliez bien m envoyer la liste des tableaux qui sont a vous le plutot possible car cependant je ne dois rien au proprietaire mais je dois lui faire savoir que les tableaux que jaie ne m apartiennent pas

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Mon cher Monsieur Bonger

J aimerai bien que vous veniez a Paris si sa vous étaient possible mais si non vous serez bien aimable de m envoyer la liste car de mon coté je ne l'aie pas trouvé nul part et ne sais si vous lavez remise a mon pauvre mari tant qu'a la vente des tableaux
Nous voyons toujour de temps en temps quelque curieuxqui viennent les voir mais point acheteur si vous voulez bien en faire part a madame Vanghog et dites moi ce que vous décidez ou si Monsieur Bernard père veut bien se charger de prendre la responsabilité tant qu'à moi je me débats vis a vis du propriétaire le plus que je peut mais il parait d'après les renseignement que j aie pris auprés d un homme d affaire il est en droit de me faire continuer le bail encore trois ans vue que ne connaissant pas les affaire j ai signé le bail avec mon mari.

cher Monsieur Bonger

vous savez qu'en perdant mon mari j aie tout perdu et je suis a la vieille de tomber dans la plus profonde misère car vous savez que nous n avons pas déconomie Je crois avoir pour protecteur Monsieur Octave mirbeau qui comme vous allez le voir a fait un si bel article au sujet de mon mari Dans lecho de paris car c'est trés genti de sa part et je vous envoie le journal pour que vous en preniez lecture jaie eue l'honneur d'avoir eue la visite de Madame Mirbeau et elle m a promis que son mari s'interresserai a moi Je vous pris de croire monsieur que j aie beaucoup de chargrin et que je perd bien mes forces mais heureusement que jaie mes enfants avec moi dont jen aie pas a me plaindre je suis toujours moins seul cher Monsieur a bientot le plaisir De vous voir ou sinon une réponse le plutot possible bien des choses a votre dame ainsi qua madame Vangohg. je ne lui ait pas écrit vue que je naie pas son adresse recevez Mr mesrespect bien sincère votre toute Devouée Veuve Tanguy 9 rue Clauzel.

*Xanthippe était le surnom donné par Vincent à l'épouse du père Tanguy. Faisant référence à la femme de Socrate qui avait la réputation d’être une mégère

SOURCES :
La formidable biographie de Mirbeau :
*Jean-François Nivet et Pierre Michel : Octave Mirbeau, L’imprécateur au cœur fidèle, librairie Séguier, Paris 1990
L’Écho de Paris, 31 mars 1891
L’Écho de Paris 13 février 1894 : chronique nécrologique du père Tanguy

Avec l'autorisation de Pierre Michel.
**Don du musée Van Gogh d’Amsterdam
Archives personnelles

mise à jour le 05/03/2010

05/02/2010

Anniversaire de la mort du père Tanguy

Par Bernard Vassor

 Père Tanguy Emile Bernard.jpg

L'ancien concièrge  du 10 rue Cortot (annexe du musée de Montmartre) par Emile Bernard

C'est le 6 février 1894 à "une heure du soir" que Julien François Tanguy fabricant de couleurs âgé de 68 ans (et non pas 78, comme le mentionne l'acte de décès) s'est éteint dans sa boutique-domicile du 9 rue Clauzel. La déclaration dressée par Henri Chain, adjoint au maire du 9° arrondissement, sur les indications du mari de sa fille Mathilde, Onésime Chenu, sellier au 9 rue Norvin, et de Emile Degaut, fabricant de semelles 9 rue Clauzel.

Dès 1893, après son déménagement, Julien Tanguy, était asmathique et souffrait d'un cancer de l'estomac qui ne fut diagnostiqué que plus tard. On croyait alors qu'il n'avait qu'une hernie et que tout allait s'arranger. En janvier 1894, il fut transporté à l'hôpital Lariboisière où son cas fut jugé désespéré. Le père Tanguy préféra rentrer chez lui pour y mourir entouré de sa famille.

Bien qu'étant dépositaire de collections de toiles de Vincent van Gogh, de Cézanne (dont le portrait d'Achile Emperaire qu'il avait sauvé de la folie destructrice du peintre d'Aix en Provence) de Guillaumin, son voisin au 6 rue Clauzel, Gauguin, d'Emile Bernard et de bien d'autres, la famille Tanguy vivait dans la plus grande précarité.

Le 8 février 1894, il fut inhumé dans la 14° tranchée (des pauvres) gratuite du cimetière de Saint-Ouen. Il ne reste rien de sa sépulture, des pelleteuses faisant place nette pour d'autres pauvres gens comme lui.

11/08/2009

Bing et l'Art japonais

Par Bernard Vassor
medium_BIng gravures japonaises02.jpg
A vu le jour le26 février 1838 à Hambourg, Siegfrid Bing suit en 1854 sa famille qui s’installe à Paris. Elle possède une entreprise de porcelaine et une fabrique de chapeaux à Lima !!!
Très rapidement, Siegfrid mit au point un système ingénieux pour produire de la porcelaine et des objets d’Art dans ses ateliers du 48, rue du Faubourg Saint Denis et qui remporta de nombreux prix lors d’expositions universelles.
En 1869, Bing présente à l’Union Centrale des Beaux Arts Appliqués, des céramiques d’inspiration japonaise pour les vendre dans sa boutique du faubourg. La guerre de 1870, le siège de Paris et la Commune vont l’obliger à s’exiler à Bruxelles. De retour à Paris en septembre 1871, il va se "dé-germaniser" et choisir de se prénommer Samuel. Il fait alors une demande de naturalisation qu’il obtient du Maréchal Mac-Mahon sans difficulté. Il va dès lors orienter son commerce dans les articles d’extrême-orient. Il ouvre un magasin au 13 rue Bleue où il vend des "japonaiseries" et devant le succès remporté, il installe 19 rue Chauchat une boutique plus grande dédiée uniquement aux objets et articles qu’il importe du Japon.
Sa "caverne", va dès lors devenir le centre d’attraction des peintres, sculpteurs et plasticiens de tous poils épris de cet art presque inconnu en Europe à cette époque. Les artistes se bousculent dans la boutique pour admirer les Ukiyo-é (images du monde flottant), les Tsuba (gardes de sabre), les Kizeru (pipes) et autres casques d’armure, masques en bois peint pour le théâtre de Nô. Un jeune peintre hollandais aura le privilège de pouvoir choisir à son aise les crépons japonais- il y dispose d’un espace dans le « grenier» - les Kakémonos, Makémonos, dont il se servira dans son œuvre. De plus il organisa deux expositions d’estampes japonaises dont la plus célèbre sera au «Tambourin» 62 boulevard de Clichy chez La Ségatori*.
medium_Bing 22 rue de Provence.jpg

L’immeuble de la rue de Provence construit au 18ème siècle étant trop petit, Bing demanda à l’architecte Louis Bonnier de lui construire un immeuble à l’angle de la rue Chauchat (n°19) et de la rue de Provence (n°22) pour accueillir de nouvelles œuvres dans un genre inconnu alors. Ce sera le premier lieu au monde consacré à l’Art Nouveau. Il voyagea aux Etats-Unis, en Angleterre, en Belgique, au Japon bien sûr, pour propager les nouvelles techniques artistiques et industrielles.
Il mourut en 1905, laissant à son fils Marcel un immense empire.

L’immeuble « Art nouveau » démoli dans les années 1925, a été remplacé par un autre style « Art Déco » ! C’est aujourd’hui un bureau de poste.
Je parle le japonais

 

(c'est de la pure vantardise !)
うそ

 

L'ukiyo-é
«C'est dans le livre et dans l'estampe plus qu'en ses oeuvres peintes, que l'Ecole d'Ukiyo-é déroule tout le spectacle de la vie populaire. Elle note les faits et gestes de chaque classe-de la société, depuis l'ouvrier citadin et le fruste travailleur des champs jusqu'à la multitude bourgeoise et les classes supérieures de la société. Elle peint le mouvement confus et pittoresque des foules dans l'enfilade des rues ou dans les cours de temples, parées de fleurs de fête; elle s'attache tour à tour aux joies naïves et turbulentes de la troupe enfantine, aux tendres effusions des amoureux, aux fastes du théâtre, aux fêtes lascives et étincelantes du quartier de Yoshiwara; tous les aspects de cette vie bon enfant lui offrent des sujets sans fin: les excursions sous les cerisiers en fleurs, les retours animés de fête, divertissements sur l'eau, voyages par la grande route, cortèges brillants de grands seigneurs, les promenades nocturnes, égayées de mille rouges lanternes, les joyeuses culbutes dans la neige, les rondes échevelées à la folie.

Et c'est cet art de retracer de façon palpitante toute cette vie japonaise, de montrer à la fois l'éphémère de ces existences frivoles et l'éternel amour des grands spectacles de la nature; le don d'impressionner par les péripéties d'un drame sauvage ou de charmer par l'idyllique chanson d'une petite cigale dans l'herbe; l'habile façon de saisir en plein mouvement chaque étre au passage, avec l'allure typique qui le différencie de ses semblables; c'est tout cet art pimpant, où durant plus d'un siècle s'étaient mirées les mœurs d'un peuple exubérant: c'est toute cette Ecole d'Ukiyo-é, qui prend sa forme ultime et immuable dans le génie de l'immortel Hokusaï.»

SAMUEL BING, L'Art japonais avant Hokusaï : La Revue Blanche, Paris, premier semestre 1896

Quelques notes sur le japonisme :

Dans le désordre : les premiers amateurs en France

Charles Baudelaire, Philippe Burty (qui a inventé le mot japonisme) Les Goncourt, qui prétendent avoir été les premiers collectionneurs français.

Le magasin Bing rue Martel puis 19 rue Chauchat, Hayashi Tadamassa rue de la Victoire, les Sichel rue Pigalle. Madame Langweil place Saint Georges, Champfleury, qui est de toutes les coteries.

MagasinS : des boutiques de produits extrême-orientaux existaient à Paris en 1855, particulièrement La Porte Chinoise, fondée sous la Restauration ; mais on n'y voit apparaître des produits japonais qu'à partir de 1860. Ce n'est pas la Porte Chinoise, mais la boutique de curiosités de M. et Mme Desoye que Champfleury évoquée plus bas, boutique qui fut bien le lieu de réunion du cénacle dont Champfleury faisait partie. Les plus fanatiques connaissaient d'autres adresses, particulièrement celle de la Porte Chinoise, située  , 33 rue Vivienne (53, selon un tampon retrouvé au dos d'une estampe ayant appartenu à Vincent van Gogh.

Le 8 juin 1861, le Journal des Goncourt contient cette indication : "J'ai acheté l'autre jour à la Porte Chinoise des dessins japonais, imprimés sur du papier qui ressemble à une étoffe, qui a le moelleux et l'élastique d'une laine. Je n'ai rien vu de si prestigieux, de si fantastique, de si admirable et poétique comme art.."

09:45 Publié dans LES PRECURSEURS | Tags : van gogh, segatori | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

07/08/2009

Vincent van Gogh, une vie pour l'art : un film documentaire.

Par Bernard Vassor

vincent homme d'aujourd'hui 011.jpg
Dessin d'Emile Bernard.
C'est la première fois dans son histoire, que le Musée Van Gogh présente un documentaire éducatif sur vie et l'oeuvre de l'artiste.
Réalisé par le chercheur Teio Meedendorp, en collaboration avec Capital Data et Bobcat Media, ce film a nécessité deux années de travail.
Notre association a pour sa part, participé à la documentation historique et aux repérages pour ce qui concerne la vie de Vincent à Paris et à Asnières. Ce double DVD de deux heures, présente les 30 lieux en Europe (Pays-Bas, Belgique et France) où Vincent a vécu et travaillé. Un bonus contient une présentatioon des deux plus grandes collections au monde, le Musée Van Gogh d'Amsterdam et le Musée Kröller-Müller d'Otterlo (Pays-Bas) ainsi que des témoignages des membres de la famille. Des spécialistes du Musée Van Gogh évoquent les sources d'inspiration et de la lutte que Vincent à dû mener pour devenir un précurseur de  la peinture moderne.

20/06/2008

EMILE POUGET "LE PERE PEINARD" A L'EXPOSITION DES INDEPENDANTS

PAR BERNARD VASSOR

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Après le portrait d'un commissaire de Police, voici celui d'un anarchiste Emile Pouget (1860-1931)
Natif de Rodez, il vint à Paris après la Commune dans les années 1875. Il fut employé dans un magasin de nouveautés etétait ce que l'on appelait à l'époque "un calicot". Ses conditions de travail ne le satisfaisant pas, il se mit à fréquenter des réunions publiques où des agitateurs politiques proposaient une propagande révolutionnaire à laquelle le jeune Emile (il n'avait pas vingt ans) adhéra tout de suite. Il prit part dit Paul Delesalle dans "Le Cri du Peuple" en 1931 à la fondation à Paris du premier syndicat d'employés. Au meeting du syndicat des menuisiers qui convoquait les chômeurs (dissout par la police) il fit partie du cortège qui avec Louise Michel dévalisa la boulangerie rue du Four dans ce que l'on peut appeler une émeute de la faim. Il fut quelques jours plus tard inculpé de pillage à main armée et condamné à huit ans de prison. Il purgea 3 ans à la centrale de Melun, Louise Michel écopa de douze ans !
A peine sorti après une amnistie, il fit paraître une brochure rappelant par son style "le Père Duchêne" de la Commune de Paris, ainsi qu'un almanach chaque année.
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Il obtint un succès considérable, et son influence fut telle qu'elle inquiéta les partis politiques tels ceux du "Parti Socialiste Ouvrier Révolutionnaire" qui dépêcha en toute hâte Jean Baptiste Clément à Charleville-Mézière, ville où le nombre de militants PSOR fondait, à mesure que les ventes du" père Peinard" progressaient chez les ouvriers.
En 1896, Pouget visite le salon des Idépendants. Il en fait un compte rendu dans son journal, sous le titre :
BALADE CHEZ LES ARTISSES INDEPENDANTS ( en 1893)
Il donne son avis sur les quelques salles sans intérêt à ses yeux. Mais c'est la salle 4 qui retient son attention :
"Ne poireautons pas parmi les niguedouilleries des trois premières salles.
Dare-dare ! Pour ziueuter des couleurs plus chouettes, des sujets moins gagas, foutons le camp chez des zigues qui n'ont pas du crottin aux mirettes, radinons dans la :
SALLE 4
Très épatantes les tartines de Luce (Maximilien). On est d'abord dans le Midi : le soleil plombe en plein; si ça continue, la mer va bouillir comme une soupe. Pan ! Le copain nous transporte ailleurs. Plus de soleil : du brouillard. Mais, ches les Engliches, comme chez les baffreurs d'aïoli, Luce est toujours à la coule.
Faut reluquer aussi les toiles de Lucien Pissarro, de Signac, de Gausson, de La Rochefoucauld, de Van Rysselberghe, de Petitjean, de Cross : c'est farci d'air et de lumière (...) Je gobe les machines d'Ibels. Celles de Bonnard ont des tons effacés qui sont très rupins et des lignes chouettement enroulées. Maurice Denis nonplus n'est pas dans un sac. Les campluches de Guilloux, c'est roublard, mais ça ne vaut pas chérot. (...)
Voilà un peintre bath et râblé : Anquetin*. Il nous montre tantôt un zigue qui suce un glass chez un mannezingue, tantôt une grenouille qui joue de la prunelle dans la rue, pour embobiner les passants, ou encore des typesses qui se pavanent dans un jardin.
Autre prolo : celui-là se trémousse devant un four assez chaud pour fricasser le Mont-Blanc en cinq minutes. Ca fait partie d'une série de dessins au crayon noir, de Charles Angrand**. Dans ces dessins faut pas chercher des détails; le camerluche s'est occupé des ensembles et il y a foutu de la poésie sans trouducuterie et du mystère sans battage."
Comme nous le voyons, la plupart de ces peintres avaient été des habitués de l'échoppe du père Tanguy, qui était bien seul et maolade du cancer de l'estomac qui le rongeait, dans sa petite boutique du 9 rue Clauzel, les clients ne se bousculaient pas pour acheter les van Gogh, les Cézanne les Pissarro qu'il exposait dans sa vitrine. Beaucoup étaient des amis de Vincent van Gogh, mort depuis trois ans, qui comme Signac, Anquetin, les Pissarro père et fils, Ibels, Valloton, soutenaient les revues anarchistes en leur fournissant gratuitement des lithographies ou des illustrations.
......................
*Louis Anquetin avait un atelier au 8 rue Clauzel (sur cour), adresse qui n'est jamais signalée par ses biographes. L'atelier existe toujours avec la même configuration. Il est aujourd'hui occupé par une de mes connaissance dans une autre vie. C'est un ancien libraire qui écrivit il y a une quarantaine d'années une bibliographie qui est toujours une référence : "La Bibliiographie des livres romantiques" par Marcel Clouzot. C'est en effet le frère du cinéaste Henri-Georges Clouzot. La dernière fois que je l'ai rencontré il était très malade, et ne marchait plus qu'à l'aide de béquilles.
.........
**Dans ce temps là les peintres amis, s'échangeaient leurs tableaux. Le seul confrère qui ait refusé un échange avec Vincent van Gogh est Charles Angrand. Ses héritiers doivent le maudire ! Angrand est un artiste injustement méconnu, son talent avait été signalé par le critique d'art Dujardin, qui en avait même fait (à tort) le créateur du cloisonnisme....
......
Je dois certaines informations à un ouvrage d'un ancien ami qui m'a été procuré par une amie :
Roger Langlais, Emile Pouget, Le Père Peinard, éditions Galilée Paris 1976.
Et bien sûr à l'Almanach du Père Peinard , désopilant ! dont la page de faux-titre est reproduite plus haut

29/06/2007

A propos d’une exposition Vollard au Musée d’Orsay.

EXPOSITION AU MUSEE D'ORSAY 

DE CEZANNE A PICASSO

CHEF-D'OEUVRES DE LA GALERIE VOLLARD 

DU 19 JUIN AU 16 SEPTEMBRE 2007 

PAR BERNARD VASSOR

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 ACHILE EMPERAIRE 

C’est madame Anne Roquebert conservateur au Musée d’Orsay qui est commissaire de l’exposition. Je connais ses grandes compétences scientifiques, je suis certain qu'au cours de ses conférences elle rétablira la réalité historique. ( J'ai vu l'exposition depuis, et j'ai lu le catalogue, je suis tout à fait rassuré à ce sujet).....................................

Fort heureusement, l'exposition et les commentaires du catalogue rétablissent les faits. Et comme l'explique un des historiens : "Les souvenirs de Vollard, ne correspondaient pas aux faits à propos de ....." 

............ Elle a publié :

Toulouse-Lautrec,  dir. Anne Roquebert. - Paris : Cercle d'art, 1995 (Découvrons l'art du XIXe siècle)

Edgar Degas, texte de Anne Roquebert. - [Gennevilliers] : Ars Mundi, 1990.

Des ouvrages très importants pour la connaissance de cette période.

J’ai lu une quantité d’articles concernant Ambroise Vollard, j’aimerai rectifier ou préciser certaines informations qui sont rabâchées par les critiques d’art, ou des journalistes qui répercutent toutes les idées reçues.
Voici les faits : Vollard après des études de droit, entre à la galerie de l’Union Artistique dirigée par un peintre amateur nommé Dumas. Puis s’installe comme courtier dans un petit appartement de la rue des Appenins. Il brocante des gravures et des dessins de Constantin Guys, un monotype de Degas, des dessins de Forain et de Renoir. Il s’installe d’abord au 6 rue Laffitte, puis aau 34 et enfin au 41. Il rencontre Renoir en 1893. Il apprend par lui qu’un peintre impressionniste était exposé en vitrine rue Clauzel. Il voit une nature morte en vitrine qu’il achète tout de suite (une bouchée de pain) puis dans le fond de la minuscule boutique, dans la partie du fond destinée à l’appartement, l’atelier et la réserve où le père Tanguy entreposait religieusement ses toiles de Cézanne et Van Gogh.Vollard va donc rafler tout ce qu’il peut trouver de Cézanne chez les courtiers qui avaient en leur possession une ou deux toiles. Il va se rendre ensuite à Aix pour s’assurer l’exclusivité de la production de l’ancien ami de Zola.

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C'est la première fois que je voyais de près ce portrait émouvant du Père Tanguy (première manière).
En regardand de très près, nous voyons une difference de teintes autour du tableau. C'était l'ahabitude chez Vincent d'encadrer ses toiles très sobrement d'une simple moulure de sapin peinte. Sur d'autres toiles, il peignait directement l'encadrement  sur le tableau.

C’est le Père Tanguy qui depuis 1877 était le seul à soutenir  Paul Cézanne. C’est Pissarro qui a conduit le premier client sérieux à cette époque ( Victor Choquet )dans l’échoppe du marchand de couleurs pour lui faire acheter la première toile. Le père Tanguy avait caché la toile représentant Achille Empéraire que Cézanne voulait détruire. Dans une lettre à Zola, Guillemet raconte qu’Empéraire étant dans la plus grande détresse, passait chez le marchand de couleurs breton, et repartait souvent avec un billet pour lui permettre de survivre. Les jeunes peintres de « La Nouvelle école » demandaient souvent à voire les œuvres du maître d’Aix. C’était alors une cérémonie : Tanguy allait chercher des paquets enveloppés dans du papier et fermés par une ficelle. Il défaisait lentement les nœuds lentement, sortait une à une des toiles qu’il adossait à une chaise qu’il présentait près de la vitrine pour bénéficier de la lumière et s’éloignait en silence pour laisser les jeunes rapins admirer ce que Cézanne abandonnait la plupart du temps, toujours insatisfait. Parmi ces jeunes gens, il y avait Anquetin qui était son voisin au 8 de ma rue Clauzel Emile Bernard, Signac, Gauguin, plus tard, Maurice Denis, Ranson, Bonnard, Sérusier. Certains croyaient que Cézanne n’existait pas, que c’était un grand maître qui produisait sous un nom d’emprunt pour ne pas être jugé sur son œuvre !

Enfin, il n’est pas juste de dire que Vollard a organisé la première exposition Van Gogh.

Il y a eu, les membres de notre association le savent bien, une exposition organisée par Théo Johana et Emile Bernard au 6 cité Pigalle en 1890. après la mort de Vincent. En 1892, Emile Bernard montait chez le Barc de Boutteville une exposition avec un grand nombre de toiles de Van Gogh.  La première exposition Vollard est de 1896

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A SUIVRE 
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Gauguin Te bouroa (le grand arbre) 1897-1898 
Cela ne se serait jamais produit si Gauvyin avait utilisé des tbes de couleurs du Père Tanguy
             ( Ity,pseudonyme d'Isabeau de Dover)  
J'ai modifié volaintairement et arbitrairement les coloris de cette toile exposée dans l'exposition Vollard, la tonalité dominante bleue, semble à mon (seul) avis être due à une modification des pigments au cours du temps ? 
 

 

07/06/2007

GUSTAVE COQUIOT

PAR BERNARD VASSOR

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 PICASSO
  Collectionneur, critique d'art, écrivain, historiographe (1865-1926)
Il fut parmi les premiers à reconnaitre Vincent Van Gogh : COQUIOT_GUSTAVE_VAN_GOGH.pdf . Il a été le secrétaire de Rodin, il accompagna tous les novateurs de Renoir, Ziem, Gustave Moreau,  Henner Carrière Rops, Bonnat, Matisse, Utrillo, jusqu'à Pablo Picasso : coquiot_cubistes_futuristes_extrait_picasso.pdf.
IL a préfacé JeanLorrain, fait des biographies de Huysmans, Rodin, Renoir, Seurat. 
A SUIVRE......... 
 

 

06/05/2007

LE BAL, RESTAURANT ECONOMIQUE, LE SALON D'EXPOSITION DU "CHALET", 43 AVENUE DE CLICHY

Par Bernard Vassor 

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ANQUETIN LE BAL DU CHALET
Malgré son existence éphémère, ce lieu fut qiand même très important pour les jeunes rapins en quête d'un lieu d'exposition. C'est Vincent van Gogh, organisateur dans l'âme qui avait prévu de faire figurer une exposition où seraient présent tous ses amis, rencontrés chez Cormon, rue Constance, ou bien dans la boutique du père Tanguy. C'est dans une voiture à bras, empruntée sans doute au marchand de couleurs de la rue Clauzel, que Vincent apporta une centaine de toiles dans ce vaste restaurant avec plusieurs billards, et une salle de bal à l'arrière du côté de la rue Hélène. La façade sur le 43 avenue de Clichy consistait en deux vastes baies vitrées. Les peintres ainsi exposés étaient ceux qui ont figuré Chez Volponi, lors de l'Exposition universelle de 1889 : Gauguin, Bernard (Némo) Anquetin, Signac, Angrand (qui refusa à Vincent d'échanger une de ses toiles contre une autre de Van Gogh !)
Cet endroit, qui changeait de propriétaire tous les deux ans, les annuaires de l'époque en font foi, fut d'abord un"restaurant économique". A l'époque de l'exposition c'est un nommé Legrand qui en était le propriétaire.
J'ai retrouvé un article du moment signé Georges Grison (1841-1928), une sorte d'Afred Delvau fin de siècle qui a donné , concernannt "le Châlet" l l'article suivant :
"Le Châlet : Arrêtons-nous ici ! Construit dans un terrain 43 avenue de Clichy et 2 rue Hélène, ce bal doit à sa construction spéciale des allures tout aristocratiques. On s'y bat natuerellement, un peu parcqu'on ne saurait s'amuser sans ça, mais d'ordinaire, quand on a une querelle à videron va se "cogner" dans la rue afin de ne pas effrayer les dames.
On nous a montré au Châlet, une pauvre fille qui depuis quatre ans*, y vient tous les soirs pour y chercher son amant qui a été tué dans une rixe. Elle est folle depuis ce temps là, mais sa folie est inofensive et douce. Quand on l'invite à danser, :-- Oh ! non répond-elle avec effroi...il est jaloux, très jaloux."
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C'est au dos de ce menu que Vincent a dessiné le portrait du Père Tanguy 
 
* A notre connaissance, le bal du Châlet n'a pas eu plus de eux ans d'existence.

21/02/2007

Le café La Rochefoucauld (le « La Roche » pour les intimes)

par Bernard Vassor

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"Le Larochefoucauld" était à l'angle  de la rue portant le même nom, et la rue Notre-Dame-de-Lorette

Aujourd’hui portant le nom de « La Joconde », ce café est un endroit historique.
. En ce milieu de XIXème siècle, il est surtout fréquenté surtout par les peintres dits « académiques » et reçoit tous les jours à l’heure de l’apéritif tout ce qui compte à Paris d’artistes convenables … contrairement au café « Guerbois », 7 chemin des Batignolles (avenue de Clichy) et à « La Nouvelle-Athènes » 9 place Pigalle, fréquentés eux par ceux que l’on nomma plus tard « les intransigeants », « les communards» puis par dérision « les impressionnistes ». Ecrivains et plasticiens se confrontent, se brouillent, se réconcilient devant un bock, une absinthe ou un verre de vin. Degas, intime de Gustave Moreau pendant sa jeunesse puis longtemps fâché avec lui, renouera des relations orageuses au « La Roche » avec son vieil ami. Le peintre Gervex rapporta la discussion suivante :
- « Mon cher Degas, vous avez la prétention de renouveler la peinture avec des contrebasses et des danseuses » déclare Moreau.
- « Non mon cher, pas plus que vous avec vos Christs montés en épingle de cravates ».
On peut y rencontrer Henri Dumont qui épousa Ellen André un des modèles préférés de Manet, Forain, Renoir, Alfred Stévens, et les artistes célèbres de l’époque : Henner, Anne Pièstre dit Fernand Cormon « le père La Rotule » et l’ancêtre Harpignies. Les frères Goncourt, le peintre Guillemet, Maupassant, qui a été introduit dans l’endroit par William Busnach, l’adaptateur de Nana au théâtre, figurent parmi les plus assidus.
Le soir, Adolphe Goupi
medium_Adolphe_Goupil_05_CADRE.jpgl marchand de tableaux associé de la famille Van Gogh  ( et "patron" de Vincent et Théo) en voisin de la rue Chaptal, vient prendre son dîner en compagnie de son gendre Léon Gérome . Après la fermeture du Divan Le Peletier (situé à l’angle du boulevard des Italiens et du passage de l’Opéra) selon les frères Goncourt, les représentants de « la basse bohème » vont établir leur quartier au « La Roche »  :  Manet, Baudelaire, le commandant Lejosne, émeutier de juin 48, Poulet-Malassis l’éditeur des « Fleurs du Mal », toujours flanqué d’Alfred Delvau , historiographe des bas-fonds, auteur d’un dictionnaire d’argot. Henri Murger à l’heure de l’absinthe et bien sur Aurélien Scholl medium_Aurelien_Scholl_cadre.jpgjournaliste, critique et le polémiste le plus redouté, les philosophes Fioupiou et Saisset complètent la clientèle de ce « petit mauvais lieu fort bête, qui sont aux lettres ce que sont les courtiers d’un journal au journal » (Journal des Goncourt). Bien sûr l’ambiance a changé de nos jours. L’endroit vient d’être repris,  on peut y aller boire un verre et rêver sans nostalgie. 
Le "La Roche"est  aujourd'hui "La Joconde"  57, rue Notre Dame de Lorette

Déjà publié en partie dans Terres d'Ecrivains 


     

25/07/2006

Michel-Eugène Chevreul

Notice_du_Journal_des_Savants_02.pdf
Aucun homme n’a exercé une aussi grande influence dans l’histoire de l’art que ce chimiste né à Angers en 1786. Mort en 1889 à plus de 103 ans,medium_Chevreul_phot.jpg Eugène Chevreul travaille comme chimiste dans l'usine de Nicolas Vauquelin en 1804 .

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02/06/2006

タンギー爺さん を巡って

Par Bernard Vassor


Nous connaissons tous l’importance du rôle joué par les marchands de couleurs et les liens étroits qui les unissaient à leurs clients, les peintres.
Plusieurs d’entre eux seront les plus importants dans l’histoire de l’Art dans la deuxième moitié du XIX° siècle, étaient domiciliés sur la butte Montmartre. D’Hennequin le voisin du Café Guerbois, boutique ouverte depuis 1830, il était le fournisseur de Manet avant 1870,
jusqu’à ( Guilhermo Carlos) Guillaume CharlesTasset, né à Lima au Pérou (1 février 1843) d’un père français et d’une mère sud-américaine.

medium_Marchand de couleurs GUERBOIS avenue de Clichy 08.jpg

J’ai gardé en réserve celui qui m’est le plus cher et qui a été le centre de la peinture nouvelle par l’influence qu’a exercée sa boutique sur les écoles qui vont aboutir à l’Art moderne, Cézanne. Guillaumin, Guillemet, Pissarro, Van Gogh, Gauguin, Emile Bernard, Toulouse-Lautrec, Renoir, Signac et plus tard Maurice Denis, Bonnard etc., ils étaient tous les habitués de la boutique du père Tanguy.
Si Hennequin n’a plus été le fournisseur des impressionnistes, c’est sans doute en raison du déménagement du « cénacle » des rebelles du café Guerbois en direction de la Nouvelle Athènes, qui a éloigné les rapins de cette petite boutique. Aujourd’hui 11 avenue de Clichy cette échoppe ne va pas tarder à disparaître si personne ne s’occupe de préserver le lieu.
Tasset*au 31 rue Fontaine, était peintre lui-même, (il avait été l'élève de Gérome, le plus farouche opposant aux impressionnistes) procurera pendant un temps les fournitures que Vincent réclamait à Théo depuis Arles, quand Vincent Van Gogh était en froid avec le père Tanguy, qui à bout de ressource, avait demandé le paiement d’arriérés à Théo et à Cézanne.
Guillaume Tasset a été le négociant attitré de Degas, qui faisait faire aussi ses tirages photographiques au sous-sol du 31 rue Fontaine, par Delphine TASSET la fille du marchand. Le magasin de la rue Fontaine a ouvert ses portes en 1885 quand Degas avait son atelier au 19 bis de cette rue.


.*Il a exposé au salon de 1865: Corridor au couvent San Francisco à Lima