20/12/2012
Le Pré Catelan, le bois de Boulogne, embellissements de Paris par Jean-Charles Alphand.
Par Bernard Vassor
En 1852, la ville de Paris obtint par décret la propriété du bois de Boulogne qui appartenait à l'Etat, à la condition que dans les années suivantes soient engagés 2 millions de francs pour des travaux d'embellissement, travaux qui furent achevés en 1856.
Le bois, qui s'étend de la porte Maillot à l'ouest, jusqu'aux bords de la Seine est une parcelle de ce qui fut l'immense foret de Rouvray (chênes rouvres) laissée à l'abandon jusqu'au premier empire, où Napoléon fit tracer quelques routes et la purgea des bandes de malfaiteurs qui y sévissaient.
Les invasions étrangères accompagnant le retour des émigrés et de Louis XVIII virent la plus grande partie des arbres incendiés ou détruits par les armées d’occupation anglaises et russes de 40 000 hommes en 1814 et 1815. Adolphe Thiers paracheva le massacre en amputant une grande portion du bois lors de la construction en 1841 du nouveau mur d'enceinte. Les grands chênes, amère destinée, finirent leur existence comme vulgaire terre de déblai pour la création d'îles artificielles dans la Seine.
C'est sous la direction de l'ingénieur Jean-Charles Alphand* et Jean-Pierre Barrillet prenant la suite d'un certain Varé, totalement incompétent, que 200 000 arbres furent plantés, et l'architecture aménagée de manière harmonieuse, comme tout ce qu'entreprenait l'ingénieux ingénieur visionnaire injustement méconnu à mon goût. Nous devons à Jean-Charles Alphand la plupart des plantations de ses promenades, de nombreux squares, d’arbres bordant les grandes voies le bois de Vincennes, le parc Monceau, le boulevard Richard-Lenoir, le parc des Buttes-Chaumont, du parc Montsouris, le square des Batignoles, le square du Temple, les jardins du Trocadéro pour l’exposition de 1878. Il prit part à l’organisation des expositions universelles de 1867, 1878 et surtout de 1889. J"allais oublier sa partticipation à la création du Jardin d'Acclimation et à bien d'autres travaux.
Dans le centre du bois, entre la rivière et la cascade se trouve le Pré Catelan. Sur un des chemins y conduisant, on pouvait apercevoir au XIX° siècle les traces d’un tombeau à l’emplacement de l’endroit ou un crime avait été commis. Le roi Charles VII, avait fait venir à sa cour un trouvère nommé Catelan. Celui-ci, devant se rendre à l’église Notre-Dame-de-Boulogne obtint du roi une escorte pour traverser la foret de Rouvray qui était infestée de brigands. Mais, en chemin, ce sont les hommes chargés de le protéger qui l’assassinèrent. Le nom de Pré Catelan fut donné à « la scène du crime ».
C’est un grand parc à l’intérieur d’un parc plus grand agrémenté par Jean-Charles Alphand de jardins aux arbres d’essences rares de plus de cinquante ans, transplantées grâce à des procédés nouveaux.
On y trouvait une villa italienne, une brasserie hollandaise, des pavillons, des chalets, des théâtres, des kiosques, un laboratoire de chimie, un bureau de télégraphie électrique, un atelier de photographie, de nombreux ouvriers travaillaient en permanence à l’amélioration de ces magnifiques établissements.
Certains soirs, lors de grandes fêtes, les jardins étaient éclairés par cent mille becs de gaz.
A l'heure où nous parlons, un grand groupe de luxe a obtenu l'autorisation de construire un bâtiment de plus de quarante mètres de hauteur sur l'emplacement du manège des papillons, de restaurants et surtout la suppression d'une grande partie de "L'Allée Alphand"sur un terrain en principe inconstructible. Tout cela pour satisfaire les caprices d'un homme voulant sa fondation pour concurencer un autre grand du luxe.
Ajoutons, mais n'y voyez pas malice, que ce grand capitaine d'industrie a choisi de s'installer en Belgique, non pas pour des raisons fiscales, mais peut-être pour la proximité du Manneken-Pis, ou bien celle nouvelle, d'un acteur pétomane ? L'inauguration du blockhaus culturel mégalomaniaque est prévue pour 2013 !
*Il a vu le jour à Grenoble le 26 octobre 1817, décédé à Paris le 6 décembre 1891.
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19/12/2012
PARIS DISPARU : LE PASSAGE DU PONT-NEUF, THERESE RAQUIN ET L’ÎLE DE SAINT-OUEN SAINT-DENIS
Par Bernard Vassor
A mon ami Alain.
Le passage avait une entrée 44 rue Mazarine, et aboutissait 43 rue de Seine dans le VI° arrondissement .
Construit de 1823 à 1824, il fut démoli en 1912 pour créer la place Jacques Callot. Dumas, dans le Comte de Monte-Cristo, fait traverser le passage du Pont-Neuf par Mme Danglars .
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Dans le premier chapitre de Thérèse Raquin, Zola décrit le passage du Pont-Neuf, une sorte de corridor étroit et sombre. Après avoir présenté ces lieux sinistres, il dresse un tableau de la boutique de Thérèse et des habitants du passage :
«.-Le soir, trois becs de gaz, enfermés dans des lanternes lourdes et carrées, éclairent le passage. Ces becs de gaz, pendus au vitrage sur lequel ils jettent des taches de clarté fauve, laissent tomber. Autour d'eux des ronds d'une lueur pâle qui vacillent et semblent disparaître par instants. Le passage prend l'aspect sinistre d'un véritable coupe-gorge ; de grandes ombres s'allongent sur les dalles, des souffles humides viennent de la rue ; on dirait une galerie souterraine vaguement éclairée par trois lampes funéraires. Les marchands se contentent, pour tout éclairage, des maigres rayons que les becs de gaz envoient à leurs vitrines ; ils allument seulement, dans leur boutique, une lampe munie d'un abat-jour, qu'ils posent sur un coin de leur comptoir, et les passants peuvent alors distinguer ce qu'il y a au fond de ces trous où la nuit habite pendant le jour. Sur la ligne noirâtre des devantures, les vitres d'un cartonnier flamboient : deux lampes à schiste trouent l'ombre de deux flammes jaunes. Et, de l'autre côté, une bougie, plantée au milieu d'un verre à quinquet, met des étoiles de lumière dans la boîte de bijoux faux. La marchande sommeille au fond de son armoire, les mains cachées sous son châle. Il y a quelques années, en face de cette marchande, se trouvait une boutique dont les boiseries d'un vert bouteille suaient l'humidité par toutes leurs fentes. L'enseigne, faite d'une planche étroite et longue, portait, en lettres noires, le mot Mercerie, et sur une des vitres de la porte était écrit un nom de femme : Thérèse Raquin, en caractères rouges. A droite et à gauche s'enfonçaient des vitrines profondes, tapissées de papier bleu. Pendant le jour, le regard ne pouvait distinguer que l'étalage, dans un clair-obscur adouci. D’un côté, il y avait un peu de lingerie : des bonnets de tulle tuyautés à deux et trois francs. Vers midi, en été, lorsque le soleil brûlait les places et les rues de rayons fauves, on distinguait, derrière les bonnets de l'autre vitrine, un profil pâle et grave de jeune femme. Ce profil sortait vaguement des ténèbres qui régnaient dans la boutique. Au front bas et sec s'attachait un nez long, étroit, effilé ; les lèvres étaient deux minces traits d'un rose pâle, et le menton, court et nerveux, tenait au cou par une ligne souple et grasse On ne voyait pas le corps, qui se perdait dans l'ombre ; le profil seul apparaissait, d'une blancheur mate, troué d'un œil noir largement ouvert, et comme écrasé sous une épaisse chevelure sombre. Il était là, pendant des heures, immobile et paisible, entre deux bonnets sur lesquels les tringles humides avaient laissé des bandes de rouille. Le soir, lorsque la lampe était allumée, on voyait l'intérieur de la boutique. Elle était plus longue que profonde ; à l'un des bouts, se trouvait un petit comptoir ; à l'autre bout, un escalier en forme de vis menait aux chambres du premier étage. Contre les murs étaient plaquées des vitrines, des armoires, des rangées de cartons verts ; quatre chaises et une table complétaient le mobilier. La pièce paraissait nue, glaciale ; les marchandises, empaquetées, serrées dans des coins, ne traînaient pas çà et là avec leur joyeux tapage de couleurs. D’ordinaire, il y avait deux femmes assises derrière le comptoir : la jeune femme au profil grave et une vieille dame qui souriait en sommeillant. Cette dernière avait environ soixante ans ; son visage gras et placide blanchissait sous les clartés de la lampe. Un gros chat tigré, accroupi sur un angle du comptoir, la regardait dormir. Plus bas, assis sur une chaise, un homme d'une trentaine d'années lisait ou causait à demi-voix avec la jeune femme. Il était petit, chétif, d'allure languissante ; les cheveux d'un blond fade, la barbe rare, le visage couvert de taches de rousseur, il ressemblait à un enfant malade et gâté."
"Au bout de la rue Guénégaud, lorsqu'on vient des quais, on trouve le passage du Pont-Neuf, une sorte de corridor étroit et sombre qui va de la rue Mazarine à la rue de Seine."
Ce troisième roman de Zola a été écrit en 1867.
Dix ans plus tôt, le peintre Auguste de Chatillon, ami de Gérard de Nerval et Théophile Gautier avait composé un long poème : "Promenade à l'île de Saint-Ouen-Saint-Denis (partant des Batignoles)* " décrivant un paysage bordé de maisons de "bisque-en-coin" pour visiter cette île ; "comme une île de Cytère".
-On entend des cris d'allégresses....
Voulez-vous voir une kermesse,
De gais buveurs, un gai festin ?
Ceux-là sont auprès du moulin;
Allons vers ce monde en liesse.
Dans ce poème, Chatillon s'en prend vertement aux canotiers qui viennent troubler les bouchons les des pêcheurs à la ligne !
Ce moulin situé sur l'île du Chatelier s'appelait "Le Moulin joli", il appartenait à Marie-Thérèse Compoint** la grand-mère Charlotte de Jean Baptiste Clément qui y avait passé une partie de son enfance. Près du moulin, il y avait une gargote appelée "Le Moulin de la Galette", un privilège dont bénéficiaient les meuniers depuis toujours, selon le droit coûtumier.
C'est dans cette île, près d'un moulin de cage, que les personnages de Thérèse Raquin : Laurent Camille et Thérèse se rendirent un dimanche d'automne pour une partie de campagne. C'est là que germa l'idée d'assassiner Camille, le mari de Thérèse dans le cerveau de Laurent. Après avoir loué une barque auprès de l'aubergiste, fit monter Camille et Thérèse, et Laurent, après s'être avanturé entre deux îles saisit Camille à la gorge et commença à l'étrangler. près une bagarre mouvementée, Laurent fit tomber Camille dans la Seine. Celui-ci, ne sachant pas nager se noya inexorablement.
Quelques questions me tirlipotent : Jean Baptiste (sans trait d'union) a--t-il lu Thérèse Raquin ? Emile Zola connaissait-il l'existence de Clément ? En 1867, Clément, poursuivi par la police s'était réfugié en Belgique (c'est à Bruxelles dit une légende, que Clément échangea avec le chanteur d'opéra Antoine Renard sa chanson : Le Temps des Cerises, contre un macfarlane). Revenu à Paris, il fut élu délégué de la Commune de Paris pour le dix-huitième arrondissement, Zola, chroniquer à Versailles ne pouvait pas l'ignorer.
*En ce temps là, de petites îles se trouvaient réunies par plusieurs ponts entre Saint-Ouen et Saint-Denis.
**La riche famille Compoint à qui l'on a donné pas moins de trois noms de rues à Montmartre. Elle possédait une grande partie de terres agricoles à Saint-Ouen et un tiers du versant nord de la commune de Montmartre. Vincent Compoint un oncle de Clément fut maire de Saint-Ouen.
Mise à jour le 19/12/2012.
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17/12/2012
Les cafés-concerts des Champs-Elysées en 1860, à l'origine de la création de la SACEM, par, ou grâce à Ernest Bourget
PAR BERNARD VASSOR
Le Café des Ambassadeurs près de l'avenue Gabriel doit son nom doit son nom à la fréquentation de quelques employés et à la proximité des ambassades environantes.
D'abord Café en plein air, devant le succès remporté par cette formule, le patron du café fit construire par Hittorff en 1841 une immense salle "en dur". Il engagea alors beaucoup de jeunes chanteurs et fantaisistes.
En 1847, un auteur Ernest Bourget est attablé avec des amis. Au moment de régler l'addition, Bourget refuse de la régler, arguant que les chansons qu'il avait entendues, ne lui avaient pas été rémunérées.
Procédurier, le patron des ambassadeurs fit coffrer les trois compères et engagea un procès pour grivèlerie.... Mal lui en prit, la justice donna raison à Ernest Bourget. En 1850, à l'imitation de la Société des Auteurs crée par Desnnoyer dont Balzac fut un temps président, une société de défense qui allait devenir la SACEM vit le jour.
Besselièvre, lui aussi eut à répondre pour une autre chanson à des poursuites judiciaires.
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Une chanson que l'on connait par cœur aujourd'hui nous est restée, bien que Bourget ne touche plus de droits depuis belle lurette, c'est : "Le Sire de Frammboisy"
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16/12/2012
Les concerts Besselièvre aux Champs-Elysées en 1868. En un mot, c’était le domaine de la PARISIENNE.
Par Bernard Vassor
UN ENDROIT OU UNE MERE PEUT SANS DANGER Y MENER SA FILLE.
Une des curiosités des Champs-Elysées est « le concert Besselièvre »qui prit la succession du « concert Musard » créé en 1835. Les soirées du vendredi étaient une grande curiosité. La place du Cours de la Reine devint le rendez-vous du monde élégant, un de ces endroits où la mode tient sa cour et où il fallait être vu. Les dames distinguées venaient y étrenner leurs robes nouvelles et leurs chapeaux les plus insolites. La particularités de cet établissement était, dirons-nous....: la rigidité des contrôleurs vis-à-vis du public féminin. Sous leur regard suspicieux, une dame non accompagnée ne pouvait obtenir de passeport d’entrée que si elle présentait au regard du surveillant, une figure donnant toutes les garanties de son honnêteté. La tâche du vigile était des plus délicates, car, rien ne ressemble plus à une honnête femme à une dame qui ne l’est pas, et que les dames du meilleur monde victimes de la mode, imitaient par leur tournure, sans le savoir celles qui ne l'étaient pas, elles, de leur monde.
Dès que l'on apprit que l'endroit attirait les favorites de l'empereur, les irrégulières du demi et du quart-monde s'y précipitèrent en troupeaux. C'est pour cela qu'il lança :"Plus de biches ici !" Mais rien n'y fit, on ne retient pas le courant d'un fleuve avec une petite cuillere. LLes vigiles, plantons, agents des moeurs ne purent empêcher celles qui furent nommées pour l'occasion "Les Musardines", soeurs des Lorettes ou des Lolottes du quartier latin.
Ce fut aussi le rendez-vous des princes, princesses, barons et barones célébrités littéraires artistiques et politiques se réunissant sous les marroniers pour causer sans façon. La politique restait au vestiaire.
Monsieur Charles "de" Besselièvre avait un temps collaboré au "Corsaire", le vrai, celui de 48, Baudelaire et avait dirigé en 1857 la salle Musard de la rue Basse-du-Rempart. Fils d'un marchand de draps, Il n'avait pas plus que moi, droit à une particule. Il avait fait jouer en collaboration avec D'artois, une dizaine de pièces aux Variétés et au Vaudeville dont une avec Roger de Beauvoir. Il avait moyennant 10 000 francs sortis de sa poche fait publier sous son nom des articles vantant la pièce qu'il avait fait jouer la veille. Il se fit le commanditaire de "La Chronique", une feuille royaliste dirigée par l'inéffable Villemessant.
Le coup d'Etat du 2 décembre précipita sa perte et celle du petit marquis.
Emile Goudeau qui fréquentait le concert Besselièvre entendit un jour un air cristalin intitulé "Hydropathen-valse" Goudeau serina tellement ses amis avec cette musique, qu'ils le surnomèrent "L'Hydropathe".
Besszelièvre après avoir dilapidé son héritage, fit faillite, et tomba dans un oubli total. Il est mort à Passy en 1882 dans la plus grande pauvreté semble-t-il.
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15/12/2012
Histoire de "Bouillons" de Boulanger à Chartier en passant par Duval
Par Bernard Vassor
« Le bouillant Achille a de l’œil, le bouillon Duval Jamais »
Meilhac et Halévy : La Belle Hélène.
Les premiers "Bouillons Duval" ont été sont lancés par un boucher Pierre-Louis Duval établi en plein cœur des halles au 15 rue Coquillière en 1854. C’étaient de grands restaurants bons marchés. Duval (1811-1870) reprit ainsi le nom initial du premier restaurant parisien. A sa mort il laissa à son fils un véritable empire. Sur son enseigne il avait fait inscrire :"Venez à moi vous tous qui souffrez de l'estomac, je vous restaurerai". Pierre-Louis avait été surnommé je ne sait pas trop pourquoi "Champ d'oiseau».
Alexandre Duval son successeur, sera surnommé par les parisiens "Godefroy de Bouillon" .
Compte tenu du succès remporté plus tard, (il existait trois bouillons Duval à l'exposition universelle de 1889, dont celui mitoyen de la galerie de Théo van Gogh, où Vincent avait remarqué un tournesol...), Duval subit bientôt la concurrence des frères Edouard et Camille Chartier et par un certain Boulard..
……………………..
On peut véritablement appeler un « bouillon » le premier restaurant parisien qui s'appelait Boulanger . Ouvert en 1765., il était situé rue Bailleul-Saint-Honoré, à l'angle de la rue Jean-Tison*. Ce nommé Boulanger imagina de donner à manger des bouillons de viande et de légumes. Comme il n'était pas traiteur, il n'avait pas le droit de servir de ragoûts. Il contourna les règles en présentant sur de petites tables de marbre sans nappe des œufs, des volailles au gros sel et du bouillon. Il avait noté sur son enseigne une inscription tirée de l'évangile : "Venite ad me, omite qui stomacho laboratis, et ego restaurabo vos". Tel fut l'origine du mot restaurateur.
La femme du "Boulanger" ne fut certainement pas étrangère au succès de l'établissement. Diderot vanta les qualités "de la belle restauratrice de la rue des Poulies" (actuel emplacement de la rue du Louvre)
En face, se trouvait d'après un historien du XIX° siècle (qui confond Boulanger et
boulanger !) une maison de campagne (frappée d'alignement en 1828) de la reine Blanche avec une tourelle qui ressemblait à celle de l'hôtel Hérouet rue des Francs-Bourgeois (qui existe toujours). Le restaurant Boulanger (qui avait changé de propriétaire, un nommé Duru*) disparut en 1854, lors du percement de la rue du Louvre, anciennement rue des Poulies.
*En 1271, cette rue s'appelait rue d'Averon. Elle commençait rue de l'Arbre à Sel (Arbre Sec) pourdéboucher rue des Poulies.
**Duru tenait aussi l'Auberge de la Providence au faubourg du Roule
Mise à jour le 15/12/2012
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12/12/2012
Les combats de taureaux et les paris "sportifs" ont été interdits dans Paris ! (mise à jour)
Par Bernard Vassor
Plan de Frochot 1812
C'est en septembre 1790, que les combats de taureaux furent interdits dans la capitale par le département municipal de police. Ces spectacles, qui se tenaient depuis des temps immémoriaux avaient lieu dans des amphithéâtres situés autrefois la rue de Sèvres, puis, derrière l'hôpital Saint-Louis, sur le chemin de Pantin, au bout de la rue de la Grange aux Belles, à l'angle de la rue de Meaux actuelle. L'on y faisait battre des dogues contre des animaux féroces tels que le sanglier, le loup, le léopard, le tigre, le lion l'ours etc.. et contre un taureau qui n'était mis à mort que les jours de grandes fêtes. On assistait aussi à un divertissement appelé le pécatta, qui était la lutte entre un âne et un chien, et le hourvari, où des chasseurs étaient chargés sous les cris d'une foule assoiffée de sang, de forcer des chiens à traquer des animaux et de les mettre à mort. Une ordonnance royale interdisait en 1786 la représentation de cette boucherie, mais, aussitôt, un entrepreneur de spectacle sous la direction d'un nommé Monroy, (ça ne s'invente pas) obtint une tolérance qui lui permit de rouvrir aussitôt cette arène, à la condition de modérer l'ardeur de ses animaux !
La Restauration rétablit cette coutume qui fut de nouveau abolie en 1833. On devait acquitter pour l'entrée de ce cirque la modique somme de 75 centimes pour "les 3° places" un franc pour "les secondes", et deux francs aux premières loges réservés "aux beaux messieurs et aux gentes filles".
Les dames de la cour qui y venaient en luxueux équipage, manifestaient un vif plaisir. La vedette incontestée qui figurait sur toutes les affiches était un ours surmonté d'un bonnet de grenadier baptisé Carpolin. Les garçons bouchers et "le ramassis des plus ignobles voyous des faubourgs" complétaient cette charmante clientèle. Dans cette joyeuse ambiance, des paris étaient engagés dans une cohue invraisemblable.
Ajoutons qu’un médecin célèbre qui soigna Gérard de Nerval et mis au monde les filles de Théophile Gautier (Judith et Estelle) fut le héros involontaire d’un de ces combats animaliers. Il avait engagé un de ses chiens dans une lutte à mort contre un ours. Voyant que son bull-dog allait être tué sous les griffes du plantigrade, Amédée Aussandon, un véritable hercule s’engagea dans l’arène pour protéger son chien, il fit face à l’animal l’enlaça pour l’étouffer et réussit à le faire fuir. Mais dans la lutte, l’animal lui avait déchiré le ventre avec ses griffes. Aussandon alla se laver les intestins qui étaient sortis de son abdomen à une pompe toute proche, et il se fit lui-même dans sa maison de santé du 48 rue Notre-Dame de Lorette les points de couture qui lui permirent une guérison complète.
C’est dans cette maison de Santé que Gérard fut interné une première fois en 1849 et une deuxième en 1850.
Certains disent que c'est le préfet Gabriel Delessert qui mit fin à ces pratiques. Mais, il n'était pas en poste à cette période (1833). C'est alors Henri Gisquet qui était en fonction.
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Les combats d'animaux sont signalés dans certains textes dès le XIII°siècle.
On trouve la trace de bâtiments rue de Sèvres en 1770, disparus en 1773, mais où l'on retrouve à l'emplacement de la future barrière du Combat en 1773 au bas des Buttes Chaumont le tracé d'une vaste salle (plan Deharme) et sur le plan Verniquet de 1791 est indiqué l'emplacement de la salle de combats d'animaux.
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07/12/2012
Embarquement de jeunes détenues Française à Toulon, en partance pour Cayenne.
Par Bernard Vassor
C'est sur le modèle Anglais de Botany-Bay (près de Sidney) fondée en 1777 en Nouvelle Galle du Sud* (Australie) que fut créée la colonie pénitencière de Cayenne qui deviendra le Botany-Bay Français. La différence étant qu'en Angleterre on envoyait indifféremment toutes les femmes qui voulaient s'expatrier, tandis qu'en France on ne prenait que les détenues de nos prisons. L'inconvénient du climat et des fièvres et des maladies infectieuses étaient préférables aux yeux des prisonnières devant effectuer de longues peines, aux séjour abrutissant des maisons centrales. C'était même une faveur accordée aux jeunes prisonnières ayant eu une bonne conduite. Celles qui étaient ainsi expédiées devaient plus ou moins trouver un mari afin de rendre féconde notre colonie. Une fois arrivées à la Guyane, on les employait à des travaux de leur sexe, et, si seulement elles continuaient à donner satisfaction, elles étaient admises à contracter mariage avec les condamnés plus ou moins de leur choix, qui eux-mêmes devaient s'être distingués par une conduite exemplaire. Après le mariage, on donnait aux épousés une concession de terre sur les établissement du Maroni situés sur la partie la plus saine du pays. Il n'était pas rare que les condamnés ayant purgé leur peine restèrent sur place pour devenir de parfaits colons.
*Encore une fois, les Britanniques se sont distingués en étant en avance sur leur temps pour la création des bagnes , et plus tard, sur l'invention des camps de concentration.
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Juvisiens et Juvisiennes, et, si vous perpétuiez la coutume de Juvisy-sur-Orge du fauteuil brulé ?
Par Bernard Vassor
Sur les flancs verdoyants d'un coteau vert que le couchant jaunit, se trouve un charmant hameau perché sur une colline ayant pour nom est Juvisy, dont les pieds baignent de la rivière d'Orge. C'est de plus un des plus anciens villages de France. Un voyageur au dix-neuvième siècle séduit par la beauté de l'endroit y fit une halte. Il assista par hasard à une bien curieuse cérémonie. A la sortie de l'église, une noce joyeuse sortit, ménétriers et tambourins en tête pour se diriger vers un pont sur lequel un bucher avait été dressé sur la plateforme duquel un fauteuil de la mairie avait été posé. Le cortège nuptial s'arrêta, puis, au signal donné par le père de l'épousée, les violons et timbales jouèrent un air des plus gais, et pendant que le marié était immobilisé par ses amis, d'autres juchaient la mariée entravée sur le fauteuil. Les garçons d'honneur mirent le feu au bucher sous les cris et les rires de l'assistance devant la frayeur de la jeune femme et l'impuissance du marié. Lorsque le feu lécha les pieds du fauteuil, les apprentis bourreaux mirent un terme à l'inquiétude des jeunes gens en déliant et faisant redescendre la jeune épousée qui n'avait pas du tout trouvé celà à son goût. Alors les invités, se prenant par la main tournèrent un long moment autour de ce lieu de sacrifice improvisé, laissant le fauteuil se consumer entièrement.
Le voyageur voulant satisfaire sa curiosité, se mit en quête de renseignements pour avoir le fin mot de cette étrange cérémonie. La première indication qu'il obtint, était que ce sacrifice était réservé à chaque dernière fille d'une famille qui se mariait. Restant sur sa. faim, l'étranger décida d'interroger l'instituteur du village qui le tira d'embarras. Rappelons que c'est à cet endroit que le général romain Labiénus fut arrêté dans sa course pour la conquête de Lutèce. Plus tard, un chef puissant et renommé avait trois filles, deux étaient vouées au culte druidique, mais, la dernière nommée Valla tomba amoureuse d'un des guerriers sous les ordres de son père. Ce jeune homme nommé Vintex avait été initié par un ermite chrétien dont il avait reçu l'onction de l'eau sainte. Mais, Numez, un des Druides suprèmes, véritable pontif investi parmi les plus redoutés du territoire des Carnutes avait fait à la jeune fille des propositions d'union qu'elle avait repoussé avec horreur. Le maître des Saronides décida alors de la perdre. Le jour même du mariage, Numez le disciple de Teutalès devant l'assemblée des druides réunis pour la circonstance déclara que la fiancée de Vintex avait cherché par tous les moyens cherché à le seduire pour découvrir les secrets du culte des druides. Ce crime étant le plus implacablement puni, Valla fut aussitôt remise entre les mains des Eulates avec l'approbation des Bardes et des Ovates pour être brulée vive devant la statue de Teutalès. La foret de chênes s'emplit d'une foule immense et une longue file de Druide se rendit sur le lieu de l'exécution.
Le christianisme avait déjà jeté de profondes racines dans la Gaule, et, nombreux dans l'assistance étaient partisans de cette secte nouvelle. Les Bardes ouvraient la voie en chantant des hymnes pieux en s'accompagnant de leurs rottes instruments qui avaient beaucoup de ressemblance avec la lyre des Hellènes: venaient ensuite les Saronides, puis les guerriers Vachères et enfin Valla morte d'effroi, soutenue fermement par le sacrificateur qui l'attacha sur un siège qu'il fit monter au sommet du bucher. Le fut était à peine allumé, quand un homme fendit la foule. C'était le saint ermite Hilaire. Arrêtez ! s'écria-t-il, au nom du dieu vivant ! Cette jeune fille n'est pas coupable, celui qui l'accuse est un imposteur !--Tu mensmisérable canaille, ton dieu n'existe pas. Pendant ce temps les flammes du bucher atteignaient la plante des pieds de Valla. Alors, se jetant à terre, le saint ermite levant les yeux au ciel implora le Seigneur. Aussitôt un coup de tonnerre retentit, une lame de feu traversant les nues frappa Numez qui tomba foudroyé face contre sol. Il s'ensuivit un torrent de pluie si intense que le bucher fut aussitôt eteint. Valla délivrée put se marier avec Vintex et toute la tribu se convertit à la religion nouvelle.
Voila pourquoi à Juvisy, la coutume veut que le jour du mariage de la dernière fille d'une famille, un fauteuil de la mairie soit sacrifié aux flammes de l'enfer.
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06/12/2012
Les Magasins réunis sur le boulevard du Temple et l'aménagement de la place du Château d'eau.(aujourd'hui place de la République)
Par Bernard Vassor
Dessin effectué en cours des travaux de ce qui allait devenir la place de la République.
L'agrandissement de la place du Château d'eau et l'agrandissement de la rue du Temple réalisés en 1866, ont permis l'alignement parallèle à l'axe du boulevard du Temple. En face de la caserne du Prince Eugène à l'autre angle de la rue du faubourg du Temple, fut confiée la construction par Gabriel Davioud de ce véritable palais de la consommation que sont "Les Magasins Réunis"* dont la commande avait été commanditée par le "Crédit Foncier international Belge" qui exigea de son côté qu'une partie de ce magasin soit transformée en immeuble de rapport. A ces contraintes s'ajoutèrent celle du préfet Haussmann qui obligea Davioud à copier les plans de la caserne qui lui faisait face. Pour l"aménagement de la place que le baron préfet voulait obrenir, il s'agissait ensuite de répéter cet alignement du côté du boulevard du Temple et Saint-Martin en pratiquant une large brèche dans les propriétés qui bordent les voies publiques aux abords du débouché de la rue du Temple. Le projet doit ètre complété plus tard par l'agrandissement de la place vers l'ouest, à la rencontre du boulevard Saint-Martin et du boulevard Magenta, où il est proposé la construction d'une salle monumentale destinée à accueillir des orphéons (qui ne verront jamais le jour) des écoles communales (c'est aujourd'hui la Bourse du Travail). Cette nouvelle salle ferait face au débouché du boulevard du Prince Eugène (Voltaire) et elle serait isolée des maisons voisines par une voie de douze mètres de largeur qui communiquerait de la rue du Château d'Eau à la rue de Bondy (René Boulanger)
Nous pouvons lire dans les journaux de l'époque : "C'est sans contredit après nos grands palais, un des édifices les plus remarquables"
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05/12/2012
L'embarquement de 400 femmes pour "repeupler" le territoire de Washington.
Par Bernard Vassor
Un citoyen américain après la guerre de cessession, ayant déploré que le peuplement du territoire de l'état de Washington restait stationnaire et que les arrivages de colons n'arrivaient pas en assez grand nombre, se mit à rechercher les causes de ce fait anormal. Il découvrit bientôt que le nombre de femmes était tout à fait hors de proportion avec celui des hommes, et comprenait une seule femmes pour neuf hommes, qui étant dans l'impossibilité de se marier ( le "mariage pour tous"n'existait pas encore ) obligeait les jeunes garçons à s"éloigner de cette contrée.
Ce citoyen gentleman se mit alors à parcourir les Etats du sud et réussit à convaincre 700 jeunes ou moins jeunes filles célibataires de venir s'établir dans l'Etat de Washington et d'y trouver un mari.
Le gouvernement n'était pas décidé à financer cette émigration de pondeuses, si bien que ce riche colon marieur prit à sa charge le transport de 400 de ces nouvelles recrues destinées au peuplement de sa ville, laissant sur le carreau les 300 autres qui furent invitées à retourner d'où elles venaient !
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Le Havre, UNE CORRIDA EN PLEIN COEUR DE LA VILLE EN JUILLET 1868. Alexandre Dumas père se fait le chroniqueur des festivités
Par Bernard Vassor
Dessin de Gustave Doré.
Alexandre était resté 4 mois au Havre pour assister aux festivités de l'Exposition maritime internationale. Arrivé le 23 juin 1868, il n'en repartira que 4 mois plus tard, excepté quelques brèves escapades en Normandie. Il aimait particulièrement cette ville, à tel point qu'il déclara au "Journal du Havre" :-Rien que pour les courses de taureaux et l'aquarium, non seulement je serai venu au Havre, mais j'y reviendrais. Sa santé s'étant détériorée, je crois qu'il ne revint jamais au Havre.
Dans ce même journal, une mention toute particulière pour la relation drôlatique et même désopilante (à la Dumas) de sa visite à l'aquarium, et de la descrition de ses occupants.
Les fêtes se succèdent, l'exposition est un heureux prétexte. Voici que tous les dimanches, des courses de taureaux parfaitement authentiques y ont lieu.-Que des afficionados se le disent ! Pour un peu, toute la foule qui s'y rend par le chemin de fer de l'Ouest va parler espagnol ! La Société a organisé des trains de plaisir le samedi soir, toute la foule qui s'y rend disons-nous, va parler espagnol. On entend déjà au départ proclamer avec un accent épouvantable : Abanico y à los toros ! (unéventail pour les taureaux) Ce qui, compte tenu de la chaleur cuisante des derniers jours, était parfaitement justifié.
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04/12/2012
Le Mans en 1867 : une ville chère à mon coeur
Par Bernard Vassor
Le Mans mérite une attention particulière, on remarque dans cette cité une cathédrale remarquable, et à l'époque, deux belle églises, deux séminaires, l'ancienne abbaye de la Couture où sont installés la préfecture, la bibliothèque et le muséum d'histoire naturelle. Les principales industries : les tpoiles, étamines, mouchoirs, cire, miel, bestiaux, volailles (et des rillettes bien sûr), les poulardes du Mans jouissent d'une grande renommée. C'est la patrie de "Montenard de Tressan, Evesque du Mans,Conseiller du Roy en tous ses Conseils d'Estat et Privé premier Aumonier du duc d'Orléans Frère Unique du Roy", de Germain Pilon, génie du maniérisme, un des plus grands sculpteurs de la renaissance à qui l'on a donné le nom d'une rue à Pigalle, du général Marceau. C'était jadis, sous les Romains et sous Charlemagne, la capitale gauloise des Aulerci Cenomani, appelée Civitas Cenomanorum, d’où provient le nom du Mans. Le peuple Aulerque aurait mobilisé 5000 hommes pour soutenir Vercingétorix d'après Jules César (Commentaires sur la Guerre des Gaules)
. La cité fut saccagée par les Normands au IXe et Xe siècle, puis, ravagée par la peste, les guerres et les incendies et, bien qu'elle ait perdu beaucoup de son importance, elle reste malgré tout dans un état assez prospère.
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03/12/2012
Le banquet des homéopathes au restaurant Le Véfour, à l'occasion du 114e anniversaire de Samuel Hahanemann le 12 avril 1869..
Par Bernard Vassor
Similia similibus curantur.
Les semblables sont guéris par les semblables.
Né le 12 avril 1755 (d'autres disent le 15), Samuel Hahanemann inventeur de la médecine homéopathique, mort dans le neuvième arrondissement de Paris le 2 juillet 1843 rue de Milan.
Un banquet avait été organisé pour cet anniversaire, accueillant des médecins homéopathes venus du monde entier au restaurant "Le Véfour"au Palais-Royal. Au dire de ses disciples, Hahnemann fut un génie puissant et hardi qui révolutionna la science médicale en pratiquant dès 1800 un système qui consistait à traiter des maux que l'ancienne médecine ne guérissait pas toujours. C'est devant une table abondamment garnie que les médecins portant de nombreux toasts, avaient oubliés les principes de la dose infinitésimale, réunis sous la présidence du docteur Lowe, médecin savant et homme du monde.
La réunion fut très gaie et des clients du Véfour furent très surpris d'entendre cettte vénérable et très sérieuse assemblée entonner des chansons parfois un peu leste, dont les refrains étaient joyeusement répétés en choeur.
En complément à consommer de façon non homéopathique :
http://autourduperetanguy.blogspirit.com/archive/2008/12/...
17:10 | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
Des travaux de nuit à la lumière électrique en 1868.
Par Bernard Vassor
Pour la construction de nouveaux bâtiments sur le quai Voltaire destinés à recevoir les locaux du journal "Le Moniteur". Devant l'urgence, comme dans d'autres endroit de Paris, il y a des travaux que l'on pousse activement et pour lesquels il est nécéssaire de travailler de nuit. Grâce à la lumière électrique, cela est possible.
Le journal de propagande politique fut fondé par le boulimique et formidale Charles-Joseph Pankouke (1736-1798) en 1789. Il faut savoir qu'il y eut un conflit d'opinion entre Napoléon III et la direction du quotidien, le journal fut absorbé par le ministère Rouher présidant le conseil d'Etat pour s'appeler à partir du 1 janvier 1869 "Le Journal officiel de l'Empire Français".
On comprend mieux l'impatience de l'empereur de pouvoir rentrer dans ses murs en quelque sorte. A la suite d'un procès retentissant, le Moniteur fut rétabli dans des droits.
16:28 | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
02/12/2012
Les Bohémiens de la porte de Saint-Ouen. des Batignolles, bastion 39, et de La Chapelle en des temps plus anciens.
Par Bernard Vassor
Des journaux de 1872 relatent l'installation de bohémiens aux portes de Paris..
Un article signé Jan Karl dans l’Univers Illustré de juillet 1872 relate l’installation d’un campement de gitans dans le fossé des fortifications sous le bastion 39 de la porte des Batignolles.
Une invasion pacifique mais non sans inconvénients pour le voisinage dans les quartiers où elle s’est abattue, vient de fondre inopinément sur ce quartier de Paris. Nous voulons parler de ces industriels vagabonds, diseurs de bonne aventure, magiciens, égyptiens (depuis « Notre-Dame de Paris » les gitans étaient associés aux gitans) qui viennent du nord ou du midi, caraques et gitanos communément marchands de chevaux, d’ânes et de mulets. Ceux qui ont fait leur apparition ces jours derniers exerçaient la profession de chaudronniers.
Les premiers qui se sont montrés avaient établi leur campement dans le fossé des fortifications, un lieu désert qui convient à ces bohémiens qui n’y font pas plus de mal pour cela mais qui y vivent en toute liberté selon leurs us et coutumes. Les seconds étaient entrés plus avant dans la ville et avaient établi leurs tentes en plein Montmartre, près de l’église Notre-Dame de Clignancourt.
Quel excès d’audace ! L’administration de la ville leur a depuis interdit l’enceinte de Paris, et nous ne saurions l’en blâmer. Les cours des miracles, même les plus inoffensives ne sont plus de ce temps.
Nous connaissons d’enfance ces teints bronzés, ces dents d’une blancheur éclatante qui font ressortir la peau brune de ces espèces d’enfants du soleil.
Leurs cheveux crépus les font ressembler à des nègres et leurs yeux noirs effrayaient les enfants et même les plus belles dames. »
L'article se poursuit sur une colonne avec le même ton haineux, on croirait du Copé collé rien de nouveau en quelque sorte....
Déjà, dans « Le Journal d’un bourgeois de Paris » (1405-1449) le chroniqueur relate un évènement similaire, «Le douzième jour du mois d’août 1427, l’arrivée de bohémiens à qui l’on a refusé l’entrée dans Paris, « mais par justice furent logés à la Chappelle Sainct-Denis et n’estoient plus en tout hommes femmes et enfans plus de cent ou six vingt environ. Quand ils furent à la Chapelle, on ne vit oncques plus grand allée de gens à la bénéisson du Landit, qui alloient de Paris à Saint-Denis pour les veoir. Item, les hommes étaient très noirs les cheveux crespéz, les plus laides femmes que on peust veoir ; toutes avaient le teint deplaié, cheveux noirs comme la queue d’un cheval (…) Bref ce estoient les plus povres créatures que on vit oncque venir en France de sage de homme »
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Félix Fénéon, "inventeur de Twitter", défricheur de talents, critique d'Art et critique littéraire, il fit tomber François, Coppée de son piédestal pour y faire monter Arthur Rimbaud.
Par Bernard Vassor
En outre, Fénéon donna à un peintre en vogue, le sobriquet de "brocanteur Messonier" et il fit l'éloge d'un obscur peintraillon batave nommé van Gogh !
SEM : de gauche à droite,Francis de Croisset, Emile Bergerat, Courteline, Georges Beer, Jean de Bonnefon, Catulle Mendès, Ernest Lajeunesse.
A part Courteline et peut-être Mendès, qui se souvient aujourd'hui de ce cénacle ?
Avec Paul Adam, Jean Moreas et Oscar Metenier, il publia sous le pseudonyme Plower le « Petit Bottin des lettres et des arts » en 1886.
Juste un petit extrait savoureux, la notice Coppée François "Un exemple de ce que peut l'esprit de suite dans le commerce de la lingerie à bon marché. Sert une clientèle de petites ouvrières; de moeurs pures (...) A récemment joint à sa boutique de blanc un magasin d'accessoires de théâtre et de costumes historiques pour modèles à l'enseigne des "Palmes vertes". (...) Dans la poussière qui en émane, des voix de cabots jettent : "J'ai tué le tyran ! -- c'était ton père ! ---Ah !"
Rémy de Gourmont le qualifie ainsi : "M.fénéon avait toutes les qualités d'un critique d'art, l'oeil, l'esprit analytique, le style qui fait voir ce que l'oeil vu et ce que l'esprit a compris. (...) Nous n'avons eu depuis l'ère nouvelle que deux critiques d'art, Aurier et Fénéon : l'un est mort (Aurier) l'autre se tait. Quel dommage !"
Félix Fénéon et suppose-t-on Vincent van Gogh. ?
Félix Fénéon qui selon Apollinaire "n'a jamais été très prodigue de sa prose"cessa presque d'écrire sur l'art en 1891, mais il continua jusqu'à sa mort à soutenir les peintres de l'Ecole moderne..
Le véritable inventeur de "Twitter", il innove dans le journal "Le Matin" une formule journalistique jusqu'alors inconnue :
"Les Nouvelles en trois lignes" comprenant entre 130 et 135 signes typographiques maximum en style télégraphique !
On peut lire avec intéret le livre de Daniel Grojnowski, Aux commencements du rire moderne. L'esprit fumiste, José Corti, Paris, 1997 .
Régine Detambel (éd.), Nouvelles en trois lignes, volumes 1 et 2, Mercure de France, coll. « Le petit Mercure », Paris, 1997 et 1998.
Une petite biographie par notre ami Octave Mirbeau sur internet :
http://www.homme-moderne.org/textes/classics/mirbeau/fene...
A suivre
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30/11/2012
La Mesnagerie de XENOPHON, c'est à dire : La manière de bien gouverner une famille, par Etienne de la Boétie.
Par Bernard Vassor
« Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres. »
La Boétie, Traité de la servitude volontaire
Ce recueil fut publié par Michel de Montaigne après la mort de son ami, survenue en 1563. Montaigne ajouta cinq épitres et le récit de son décès dont il ne se consola jamais.
Cet essai est présenté sous la forme d'un dialogue entre Socrate et Critobule un historien et homme politique Bysantin né vers 1400-1410 qui serait mort après 1470.
Les conseils de Socrate sont assez savoureux, quand on connait ses relations de soumission envers sa femme Xantippe.
Juste un tout petit extrait :
CITOBULE : -"Mais ceux Socrate, qui ont les bonnes femmes que tu dis, ne pourroit-on pas adviser en quelque sorte comment ils les ont enseignées ? Je te mettrai devant Aspasie qui te fera entendre toutes ces choses beaucoup plus doctement que je ne saurai le faire"
Socrate :-"Mais de ma part, je pense que la femme est loyale compagne de la maison, car le plus souvent, les biens entrent daans la maison par le fait du mari"
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Jean Veber, un peintre, dessinateur caricaturiste annonciateur en 1901 des grands crimes du vingtième siècle naissant, victime de Dame Anastasie !
Par Bernard Vassor
Cette caricature que l'on croirait tout droit sortie d'un numéro de Charlie-Hebdo, parut dans "L'Assiette au beurre" pour dénoncer le rôle de l'Angleterre dans la guerre du Transvaal contre les Boers, et la création des camps de "reconcentration", devanciers des grands crimes du vingtième siècle naissant. C'est le royal postérieur de la reine Victoria ainsi représenté, qui, soulevant ses cottes tend au spectateur un plantureux derrière sur lequel se dessine le visage monstrueux du prince de Galle, futur Edouard VII. L'ambassade d'angleterre obtint la censure du numéro incriminé, mais Dame Anastasie dans sa grande sagesse autorisa sa reparution en 1901, du fessier victorien, à la condition qu'il soit voilé.
Jean Veber né en 1864 dans le neuvième arrondissement de Paris, mort en 1928. Il fut avec Willette qui donna aussi de la plume et du crayon contre les "Englishs" , responsable d'incidents diplomatiques avec la probe Albion.
Veber récidiva dans un autre numéro avec un dessin plus sage contre la guerre conduite par les Anglais dénonçant toujours les massacres avec ce titre à la fois terrible et très sobre, simplement intitulé : "LE SILENCE".
Un quart de la population Boer et 120 000 Africains noirs furent internés dans des camps de concentration, et leurs maisons détruites. Beaucoup, dont femmes et enfants périrent victimes d'épidémies ou de malnutrition.
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29/11/2012
Un petit caboulot pas cher...Le Champeaux place de la Bourse (à l'emplacement actuel de l'Agence France Presse) Mise à jour (Zola)
Par Bernard Vassor
"Il ne faudrait ne jamais être passé par la place de la Bourse pour ne pas avoir vu le restaurant Champeaux." Alfred Delvau.
Situé au centre d'un des quartiers les plus riches de Paris, c'est une des maisons dont la réputation a été le plus longtemps soutenue. Ce que possède le restaurant Champeaux en plus de ses concurents, c'est un magnifique jardin d'été qui se transforme à l'approche de la nouvelle saison en jardin d'hiver.
On donne parfois à Paris le nom de jardin d'hiver à de modestes terrasses vitrées où s'étiolent quelques plantes rabougries au feuillage artificiel. Rien de tel chez Trap, le propriétaire, le vaste jardin est planté d'arbres véritables sous lesquels on dîne confortablement. Le jardin a été confié pour son éxécution à un architecte de goût M. Profilet qui a réussi l'exploit d'allier la simplicité à l'élégance. La cave est bonne et la cuisine aussi parait-il ?. Le prix des repas est directement proportionnel à la notoriété du lieu. C'est aussi sur cet emplacement qu'une maison attenante au couvent des Filles Saint-Thomas fut occupé par le salon célèbre de Madame Doublet.
Dans l'Argent d'Emile Zola, le roman s'ouvre sur Saccard qui vient d'entrer au restaurant Champeaux (l'action se passe en 1863) : "Onze heures venaient de sonner à la Bourse lorsque Saccard entra chez Champeaux, dans la salle blanc et or, et dont les deux hautes fenêtres donnent sur la place (...) A cette heure où tout le monde déjeunait (à 11 heures ?) la place était presque vide : sous les marroniers d'une verdure tendre et neuve, les bancs restaient inoccupés, le long de la grille, à la station des voitures, une longue file de fiacres s'allongeait d'un bout à l'autre et l'omnibus de la Bastille s'arrrêtait au busans prendre ni laisser de voyageurs."
http://autourduperetanguy.blogspirit.com/archive/2012/01/...
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Un espion versaillais fait un relevé de l’état des barricades et des canons dans Paris pendant la Commune de Paris de 1871.
Par Bernard Vassor
Le rapport adressé au général Valentin, le supérieur hiérarchique du commissaire Lombard (une vieille connaissance pour les lecteurs de ce blog), un agent infiltré de la préfecture de police dresse un tableau des barricades et des canons et fait état de renseignements recueillis auprès d'habtitants de chaque quartier de Paris.
Dans un premier temps l’agent indique que les insurgés ont concentré leurs moyens en deux points : la place Vendôme et la préfecture de police. Place Vendôme il y a de fortes barricades en pavés de bois, garnies en arrière de palissades élevées et armées d’artillerie. D’un côté rue de Castiglione entre la rue Saint-Honoré et la place, l’autre en avant de celle-là. Une autre à l’angle de la rue de la Paix et de la rue Neuve-des-Capucines. Pour la préfecture de Police, des canons aux abords des ponts et du quai. Une barricade a été dressée sur le quai des Orfèvres (amarrée au terre-plein.)
Ce que semblaient craindre les communards tout d’abord, c’était une attaque venue de l’intérieur, comme la manifestation des Amis de l’Ordre place de l’Opéra le 22 mars pouvait le laisser supposer.
Les barricades aux abords de l’Hôtel de Ville étaient armées d’une centaine de canons et de mitrailleuses.
Puis, au cours de jours suivants les intentions de l’armée de Versailles semblant avoir arrêté un plan de campagne, la taupe du général s’est particulièrement intéressé aux systèmes de défense situés dans le 9e arrondissement :
« 20 mars place Clichy trois barricades armées de canons.
22 mars, barricades de la place armée de 12 canons.
23 mars, arrivée de nouvelles pièces d’artillerie.30 mars, autour du monument Moncey, 10 à 12 pièces d’artillerie, 6 petits mortiers et 2 obusiers de montagne. Les rues aboutissant à la place Clichy sont barricadées, chaque barricade est armée de 2 canons et de mitrailleuses.
30 mars, barricades commandant la rue Fontaine désarmées.
30 mars, rue des Martyrs, une barricade armée d’un canon et d’une mitrailleuse (débouché sur le boulevard de Clichy)
Cette photographie a été réalisée par un des rares photographes restés à Paris. Eugène Fabius avait son magasin au 5 rue de Provence et sera par la suite un magasin d'antiquités.
Nous voyons au débouché de la rue des Martyrs à droite des bâtiments vétustes bordant un terrain vague sur le boulevard Rochechouart, où un fils de boucher, Ferdinand Baert viendra planter son chapiteau de toile un an plus tard pour y établir un cirque qui portera comme patronyme son prénom espagnolisé : cirque Fernando.
Faisant face, de l'autre côté du boulevard, nous reconnaissons ce qui sera après 1880 le cabaret de Maxime Lisbone "La Taverne du bagne". Nous pouvons même deviner l'emplacement de ce qui a été "Le Divan japonais" en remontant la rue des Martyrs sur la gauche.
Enfin, toujours à gauche côté 9e arrondissement un autre terrain vague boulevard de Clichy accueillait le Cirque miniature Corvin. Ce cirque fut remplacé par le "Café des Artistes" fréquenté par le clown "Géronimo" plus connu sous le nom de "Médrano". Un autre jeune client, venu d'Andalousie prénommé Pablo Ruiz sera un hôte assidu de ce café.
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28/11/2012
La "sortie" du 14 avril 1871, traversée de la Seine à Asnières sur un pont de bateaux. Le père Tanguy faisait partie des gardes nationaux qui l'on traversé à l'aller comme au retour
Par Bernard Vassor
Le pont d'Asnières qui avait été complètement anéanti par des obus prussiens, fut remplacé par un pont de bateaux pour traverser la Seine.
Dans un article précédent, nous avons de cette gravure un point de vue différent.
L'arrivée des gardes nationaux sur les berges de la Seine donnait précisément accès à la guinguette qui s'appelait alors "Cassegrain". L'autre guinguette qui y était accolée avait reçu l'obus d'une batterie versaillaise venant de la plaine de Courbevoie. faisant un trou important près d'un bec de gaz situé près du cabaret "L'Amiral" qui fut également en partie détruit (archives personnelles).
Au fait, Cassegrain a changé de propriétaire après la Commune de Paris, et il est devenu "La Sirène"
Complément de l'article :
http://autourduperetanguy.blogspirit.com/archive/2011/04/...
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Une scène, sur le boulevard Montmartre à l'occasion de la suppression de 8 journaux le 5 avril 1871.
Par Bernard Vassor
C'est devant le théâtre des Variétés que se déroule cette scène. Un décret paru au "Journal officiel de la Commune" (dirigé par Charles Longuet et Louis-Xavier de Ricard) avait annoncé la supppression dans Paris de 8 journaux versaillais dont "Le Bien-public" et plus tard, "le Journal des Débats". Ce qui provoqua une mini-émeute entre partisans de Thiers, et ceux favorables aux insurgés parisiens. Le lendemain, des éléctions complémentaires devaient se tenir pour remplacer les élus de la Commune morts au combat, ou ceux, démissionnaires pour des raisons diverses. D'autres journaux seront suspendus le 5 mai, mais...c'est une autre histoire.
Cette gravure nous donne l'occasion de situer avec précision le café de Suède, fréquenté par les bonapartistes, et le fameux café des Variétés qui perdit une grande partie de sa clientèle pour avoir refusé de s'abonner à la revue du caricaturiste photographe Carjat titrée "Le Boulevard". Etienne Carjat, partit avec armes et bagages porter ses pénates sur le trottoir d'en face au café de Madrid, le fief des gambetistes (le patron de ce café était d'ailleurs un mouchard au service du cabinet Lombard, la police politique secrète de Versailles)
Le café des Variétés avait une porte de communication avec le théâtre au premier étage. Cette porte fut murée pour éviter aux comédiens de monter sur scène l'esprit vaporeux.
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