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25/05/2015

Pour que la salle Rossini de la mairie du 9° arrondissement porte aussi le nom de "Salle Darcier".

PAR BERNARD VASSOR

JOSEPH LEMAIRE DIT DARCIER

Darcier, chansonnier photographie cadre 05.jpg

J'ignore quel est le crâne d’œuf qui eut l'idée de baptiser la "salle Rossini". Même si  Gioachino a bien habité l'endroit AU 10 BOULEVARD MONTMARTRE, établi de décembre 1824 à août 1829, pour un loyer de 900 francs par mois (une quittance de loyer existe aux archives de la bibliothèque de l'Opéra de Paris), c'est bien avant le percement du passage Jouffroy. L'immeuble fut démoli en 1835.

En revanche, Darcier fut et est bien l'âme de la salle de spectacle qui existe encore aujourd'hui.

Joseph Lemaire dit Darcier charge gallica.jpg

Le chansonnier des sublimes !

Aujourd'hui oublié, Joseph Lemaire dit Darcier né en 1819, débuta sa carrière en 1842 sur les théâtres de banlieue, dans l'emploi de jeune premier dans les drames populaires : La Dame de Saint-Tropez. 

Lemaire, cependant, n'avait pas de vocation théâtrale décidée; c'est la carrière lyrique qui lui convenait davantage,et les précieuses leçons de chant et d'harmonie, que lui donnait Delsart ne pouvaient que le confirmer dans sa détermination. 

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En 1848, les élèves manquèrent à Darcier.; il entra alors,comme chanteur,dans un petit café du faubourg Saint-Martin.Là, un acteur qui doublait Lafont aux Variétés, un certain Romand, l'entendit, se prit d'enthousiasme et fonda ,un Estaminet lyrique,à l'entrée du passage Jouffroy (actuel numéro 11). Située au premier étage, la salle du nouveau concert précédemment occupée par un club, était étroite, longue et pourvue d'une scène. Dès les premiers soirs,le succès de Darcier fut immense. Les chansons de Pierre Dupont, d'abord, défrayèrent le programme: les Louis d'or, le Pain, la Vigne,produisaient, grâce à l'interprète, un effet irrésistible; puis Darcier varia son répertoire avec les refrains nouveaux de Gustave Mathieu, de Gustave Nadaud et de Charles Vincent. Sans dédain pour les œuvres légères, il ne craignait pas de chanter, après Déjazet, le Postillon, de Bérat, et la Tirelire à Jaquot,de Clapisson, après Géraldy; ces audaces étaient justifiées par les bravos du tout Paris qu'il faisait,en outre, juge de sa valeur créatrice en lui soumettant ses musiques écrites sur le Bohémien de Mathieu, sur Mam'selle Marie de Boudin, et vingt autres compositions qu'on s'accordait à trouver remarquables. La vogue de Darcier dura deux années,accrue encore par l'ouverture des concerts populaires de La Fraternité,à la salle Martel. Deson fait, Jean Raisiny naquit pour vivre jusqu'aux derniers jours de la chanson française.L'artiste se partageait, sans fatigue et avec des chances égales,entre La Fraternité et L'Estaminet lyrique. Le théâtre des Variétés, proche voisin de ce dernier concert, finit par s'émouvoir d'une concurrence redoutable; il engagea Darcier, mais pour le soumettre au débilitant régime de 1a romance: ainsi compris,le traité n'eut et ne pouvait avoir qu'une courte durée. Affranchi, Darcier composa les airs superbes des chansons de Charles Gille, entreprit une excursion en Belgique,et chanta successivement à Lyon,à Marseille, au Havre et dans quelques autres villes; la province et l'étranger ratifièrent les favorables jugements de Paris,(...)

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DARCIER PAR NADAR CADRE TXT.jpg

Croqué ici par Nadar dans le fameux "PANTHEON"

 

L'éclatant succès remporté par sa sœur de un an son aînée, sous le nom de Mademoiselle Darcier , à l'Opéra-Comique, amena Joseph, à abandonner son nom pour adopter celui celui de sa sœur qui remportait un immense succès comme chanteuse. 

 

Célestine-Hyacinthe Darcier 1818-1870, a été une cantatrice mezzo-soprano, elle débuta à l'Opéra-comique le 21 mars 1840, allant de triomphe en triomphe. Elle quitta la scène 10 ans après pour se marier en 1850 et prendre le nom de Mamignard. Elle fit un bref retour à l'Opéra en 1852

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Les chansonniers qui alors contrebalançaient son immense popularité, étaient Gustave Leroy et Charles Gille. Ils formaient un triumvirat qui avait toutes les sympathies de la population ouvrière.Leurs noms étaient connus et appréciés à leur juste valeur dans tous les ateliers des faubourgs et de la banlieue. Colmance aimait la vie ouvrière avec ses vertus et ses défauts, ses excentricités et ses débauches. Il aimait à fréquenter l'établissement de ce cher ami Savart, vigneron de la rue Conrad à Charonne. Ah! qu'il était heureux en ce temps-là, où il avait la gaieté et la santé, de pouvoir aller avec quelques camarades se balader aux environs de Paris ! À Bagnolet, à Saint-Ouen ou à Argenteuil (lieux fréquentés aussi par Jean Baptiste Clément), manger une gibelotte de lapin Dans ces agapes fraternelles, on était quelquefois à court d'argent, mais jamais d'esprit. L'esprit servait d'assaisonnement aux plats et donnait un fumet particulier et de bon aloi au petit bleu ou à la piquette aigrelette du cru.  

 Adieu mes vingt ans darcier chanté par renard souvenirs  paroles d'Edouard Dugas.jpg

Cette oeuvre musicale de Darcier fut interprétée par Antoine Renard, le compositeur du

"Temps des cerises" 

 DARCIER La Chanson (Paris. 1878).jpg

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Pendant la seconde partie du XIX° siècle Joseph Lemaire fut l'artiste le plus choyé, on l'aimait, on l'applaudissait dans toutes les goguettes où il se produisait. Voici les noms des principales goguettes où il était devenu un  demi-Dieu : Les Templiers, rue Saint-Martin , Les infernaux, rue de la Grande-Truanderie, Le Sacrifice d'Abraham, en face du Palais de Justice, La Pipe, rue Frépillon; Les Épicuriens,rue de Vendôme les Insectes, boulevard de la Chopinette, le Lièvre et le Lapin, à Belleville; Les Enfants du Temple et Le Banquet du Jeudi ou les Lapiniers. Ce fut dans cette goguette des Lapiniers que, vers 1842, il chanta le Cochon d'Enfant, la Gueule à quinze ans, une Noce à Montreuil, ce titre de la chanson une Noce a Montreuil,nous rappelle M. Denis Poulot :   

Si nous allions à Montreuil.

Allons, viv'ment qu'on s'embarque.

«J'possède un' couple d'écus.

Tapez, tapez-moi là-d'ssus,

Tapez, tapez-moi là-d'ssus,

Savart, craignant qu'y' n' s'insurge,

Tapez, tapez-moi là-d'ssus.

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PASSAGE JOUFFROY ESTAMINET LYRIQUE cadre 03.jpg

 L'ESTAMINET LYRIQUE DU PASSAGE JOUFFROY,

Ce lieu a été une salle de spectacles dès l'ouverture du passage en 1846. 
En 1846, c'est un théâtre d'ombres chinoises qui ouvre ses portes, avec une entrée par un couloir du passage, et une autre ouverte plus tard, à l'arrière de l'hôtel Aguado, mairie du IX° arrondissement. Le théâtre d'ombre laissa rapidement place à un cabaret chantant : "L'estaminet Lyrique" . Les artistes en vogue s'y produisaient, ainsi que des saltimbanques, prestidigitateurs, acrobates et chanteurs de goguettes. Pendant la révolution de 1848,  la salle fut louée pour la tenue de réunions politiques. C'est là que se trouvait  le Club des Artistes dramatiques, fondé on avril 1848, dont voici la composition selon Alfred Lucas, l'historiographe des clubs révolutionnaires :"Président, Tisserant; membres dit bureau, Bignon, Rhozevil, Ludovic; secrétaire, Pierron. Ce club s’est fait remarquer par son excellent esprit. Le citoyen Bocage n’y obtenait pas même les succès négatifs auxquels on a donné le nom de succès d’estime; souvent lorsque la nuance de ses discours était par trop écarlate, la plupart des membres du club se permettaient de l’appeler Azor.  Le club des Artistes dramatiques avait choisi pour son candidat, lors des élections d’avril, M.Samson, artiste distingué dont on aime à louer le noble caractère, après avoir applaudi le talent dont il fait preuve chaque soir sur notre première scène. M. Samson s’exprimait ainsi lors de la dernière séance annuelle de l'association des Artistes dramatiques. « Partout à côté des douleurs réelles il y a des douleurs factices beaucoup plus bruyantes. Si des associations pareilles à la nôtre se répandaient sur une plus grande partie du sol, elles feraient bientôt connaître les unes et les autres. La paresse et l'incapacité, ces deux grands agitateurs publics, n’auraient plus la ressource de se cacher dans la foule. Est-il juste de vouloir transformer la pouvoir en une providence chargée de nous verser une manne incessante? Faut-il toujours l’accuser et le punir de nos misères? Avant de nous adresser à lui, adressons-nous d’abord à nous-mêmes, à nos propres ressources; ayons notre budget comme 1’Etat a le sien...’ Voilà, certes, de nobles paroles et qui ne seraient pas déplacées à la tribune de l'Assemblée nationale."
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Avant qu'elle ne devienne la salle Rossini :

 
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mise à jour le 25 mai 2015
 
 
a suivre.................................

22/05/2015

Gérard de Nerval, invité d'honneur des bouchers de l'abattoir de Montmartre !!!

Par Bernard Vassor

AUJOURD'HUI 22 MAI,ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE DE GERARD....

 

 

GÉRARD DE NERVAL – Une vie, une œuvre (émission France Culture 2009)

https://www.youtube.com/watch?v=mCfBa0G6YzQ

 

abattoirs MONTMARTRE NERVAL.jpg

 

Enfants voici les bœufs qui passent,

Cachez vos rouges tabliers.

Cet abattoir était situé à l'emplacement exact du lycée Jacques Decour.

Adossé au  mur de la barrière des Martyrs, l'entrée se faisant par ce qui est l'avenue Trudaine aujourd'hui pour faire payer l'entrée des animaux passés par l'octroi.

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Le doux et rêveur qu'était Gérard Labrunie reçut le 10 février 1850 une lettre saugrenue émanant de la confrérie des bouchers des abattoirs de Montmartre, l'invitant "à un petit festin entre amis où l'on devrait bien s'amuser". Ces tueurs lui disaient-ils avaient été enthousiasmé par la pièce "Les Monténégrins" jouée à l'Opéra-Comique, et qu'ils avaient décidé de prendre les costumes de ceux de cet opéra pour leur cérémonie, le jour de la fête du Bœuf-Gras. Gérard, naïvement touché par cette marque de sympathie, répondit aussitôt qu'il acceptait cette invitation. A la fin du repas il prononça un discours dans lequel, il annonçait, que bien qu'adepte du Bœuf-Gras, il était partisan des doctrines des Pythagoriciens  et par conséquent il croyait que les corps des animaux recevait les âmes des humains, et que la mort du Bœuf-Gras par conséquent ressemblait à un assassinat, et qu'il était heureux que l'occasion lui était donnée pour souhaiter qu'à l'avenir, on renonçât à abattre ces animaux, et que l'on put remplacer ces bovins par un Haricot-Gras !!! Les bouchers qui n'avaient rien compris à ce discours applaudirent à tout rompre l'orateur avec la satisfaction d'avoir un artiste à leur côté. La conclusion d'Alfred Delvau est que l'auteur avait le droit de tout dire à condition qu'il ne les forçât pas de les comprendre.  

Mise à jour le 22 mai 2015

20/05/2015

Un "gai chanoine" au XVIII° siècle porté sur LA CHOSE, un maître de la littérature galante : Gabriel-Charles de Lattaignant

Par Bernard Vassor

LATTEIGNANT ABBE LE MOT La Chanson (Paris.jpg

Gabriel-Charles de Lattaignant

Chose curieuse, les hommes d'église fournissent un quotta relativement considérable à cette troupe légère des libertins de ce siècle : François Joachim Pierre, cardinal de Bernis,  Guillaume abbé de Chaulieu, l'abbé Voisenon (Claude-Henri de Fusée) ont acquis dans le genre gaudrillard une authentique réputation   Gabriel Charles de Lattaignant naquit à Paris' en 1697. Sa famille, le destina à l'état ecclésiastique. Grâce à d'excellentes études, il fut pourvu du canonicat de Reims qui lui donna une position avantageuse dans le monde.  

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Lattaignant ne songeait guère à faire imprimer ses fantaisies quand Meunier de Querlon, son ami, qui en avait rassemblé un grand nombre, les publia à son insu, en 17S0, sous le titre de Pièces dérobées à un ami, (2 vol. in-12 ) qu'il dédia à Lattaignant ce qui était la moindre des choses. Quoique Lattaignant fût reçu dans la bonne société,  il n'y était pas toujours le bienvenu.  Il habitait le deuxième étage d'une maison de la rue de la Jussienne, aujourd'hui disparue dans un appartement où il tenait table ouverte, recevait les plus gais compères et n'excluait pas le beau sexe de ses petits soupers. Une de ses plus illustres invitées fut la comtesse Dubarry. Celle-ci vivait dans l'hôtel de son proxénète de mari situé tout à côté* et racontait volontiers au gai chanoine les scandales de Versailles et les dépits jaloux de son amant couronné.

Le Mot et la Chose 

est un poème galant du XVIII° siècle, composé par l'abbé Gabriel-Charles de Lattaignant :

Madame, quel est votre mot

Et sur le mot et sur la chose ?

On vous a dit souvent le mot,

On vous a souvent fait la chose.

Ainsi, de la chose et du mot

Pouvez-vous dire quelque chose.

Et je gagerai que le mot

Vous plaît beaucoup moins que la chose !

Pour moi, voici quel est mon mot

Et sur le mot et sur la chose.

J'avouerai que j'aime le mot,

J'avouerai que j'aime la chose.

Mais, c'est la chose avec le mot

Et c'est le mot avec la chose ;

Autrement, la chose et le mot

À mes yeux seraient peu de chose.

Je crois même, en faveur du mot,

Pouvoir ajouter quelque chose,

Une chose qui donne au mot

Tout l'avantage sur la chose :

C'est qu'on peut dire encore le mot

Alors qu'on ne peut plus la chose...

Et, si peu que vaille le mot,

Enfin, c'est toujours quelque chose !

De là, je conclus que le mot

Doit être mis avant la chose,

Que l'on doit n'ajouter au mot

Qu'autant que l'on peut quelque chose

Et que, pour le temps où le mot

Viendra seul, hélas, sans la chose,

Il faut se réserver le mot

Pour se consoler de la chose !

Pour vous, je crois qu'avec le mot

Vous voyez toujours autre chose :

Vous dites si gaiement le mot,

Vous méritez si bien la chose,

Que, pour vous, la chose et le mot

Doivent être la même chose...

Et, vous n'avez pas dit le mot,

Qu'on est déjà prêt à la chose.

Mais, quand je vous dis que le mot

Vaut pour moi bien plus que la chose

Vous devez me croire, à ce mot,

Bien peu connaisseur en la chose !

Eh bien, voici mon dernier mot

Et sur le mot et sur la chose :

Madame, passez-moi le mot...

Et je vous passerai la chose !

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Une chansonnette pleine de sous-entendus :

 LE PETIT COLLET

AIR : Vlà c'que c'est qu' d'aller au bois.

 

L'abbé triomphe du plumet,

V'là c'que c'est qu'un p'ti't collet.

On le croit prudent et discret

Et la plus sévère

Consentit à tout faire '

 Pourvu que.ce soit en' secret

Vlà c'que c'est qu'un, p'tit collet.

Pourvu que ce soit en secret,

Vlà c'que c'est qu'un p'tit collet.

De. la façon' dont il le fait

 Ni sa renommée,

Ni sa bien-aimée ~

Ne risquent point le quolibet

Vlà c'que c'est qu'un p'tit collet.

Ne risquent point le quolibet,

Vlà c'que c'est qu'un p'tit collet,

Le plumet a trop de caquet,

Et de sa victoire

N'aime que la gloire

L'abbé jouit, mais il se tait

Vlà c'que c'est qu'un p'tit collet.

L'abbé jouit, mais il se tait

Vlà c'que c'est qu'un p'tit collet.'

Il fait moins de bruit que d'effet;

Voici sa maxime

 L'amour n'est point crime,

C'est la façon dont on le fait

 Vlà c'que'c'est qu'un p'tit collet.

C'est la.'façon dont on le fait

Vlà c'queVest qu'un p'tit collet.

N'a-t-il pas raison, en effet '?

On s'aime sans crainte,

On rit sans contrainte

Lorsque personne ne le sait

 

Vlà c'que c'est qu'un p'tit collet

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La maison de Guillaume Dubarry existe toujours elle, rue de la Jussienne. 

 

19/05/2015

LE CADAVRE NUMÉRO 12 SUR UNE DALLE DE L’HÔPITAL DE LA CHARITÉ.

Par Bernard Vassor  

Hégésippe Moreau, sa mort, ses funérailles, sa tombe CADRE.jpg 

A écouter sur le site Gallica de la BnF

LA VOULZIE

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k129692v.r=H%C3%A9g%...

medium_MOREAU_HEGESIPE.jpg
 
Hégesippe Moreau (1810-1838)
Felix Pyat qui avait tenu à rencontrer 6 mois auparavant Hégésippe Moreau à l'imprimerie de la Revue du Progrès raconte dans un article de cette publication :
-"Le 20 décembre 1838, à midi, je me suis transporté, en la compagnie de MM. Altaroche et Sainte Marie Marcotte, à l'hôpital de la Charité et là, j'ai trouvé dans la salle d'amphithéâtre, sur une table de pierre un cadavre. Ce cadavre était nu, couché sur le dos, les mains croisées devant la poitrine, la tête un peu penchée vers l'épaule droite et les yeux tout grands ouverts.-Quel était ce cadavre ?-C'était le numéro 12. Il meurt tant d'hommes là qu'on ne les appelle plus, on les numérote.-Quel était ce numéro douze ?-- Un poète.- Quel poète ?-- Hégésippe Moreau"
Si j'étais arrivé une demi-heure plus tard dit-il, le travail de la dissection était opéré, et les restes du défunt auraient disparu. 
Orphelin,, élevé par charité dans un séminaire, il fut d'abord correcteur dans une imprimerie à Provins. Après quoi, il vient à Paris travailler dans les ateliers de la maison Didot en 1829. Il est pris par le démon poétique, il fait des vers,
Des vers fort bons au dire des amis auxquels il en faisait la lecture. Il présenta une série de poèmes au Journal des Demoiselles dirigé par Mme Fouqueau de Passy qui les trouva fort beaux, mais lui demanda de faire de la prose, les vers ne convenant pas aux jeunes filles. Mais sur recommandation de cette dame, il s'en fut porter "L'Enfant maudit" à Latour Mézeray qui le publia dans le "Journal des Enfants" . La poèsie n'étant pas à la mode, faisons de la prose se dit le jeune homme.. Il composa coup sur coup la Souris Blanche, les Petits Souliers, Gui de Chêne, le Neveu de la fruitère, qu'il réunit en un volume sous le titre "le Myosotis". Dans sa mansarde du quartier latin, il n'avait pas tous les jours de quoi manger, les éditeurs de l'époque n'ouvrant leur porte qu'aux auteurs connus.Le Corsaire a publié de lui une chanson : les Cloches, et le Charivari : Lacenaire poète., pas  de quoi manger pendant une semaine. Les poètes tombaient comme des mouches ces années là : Elisa Mercoeur la Sapho de la Loire
et Emile Boulland s'éteignaient dans le dénuement et la misère.
*"On raconte qu'une nuit, pendant qu'il errait dans une nuit de colère dans les rue,, le ventre creux, Hégésippe Moreau aurait composé une Ode à la faim. Des vers brûlants dans lesquels il accusait le Ciel 
et la terre. Dieu et les hommes, et tout ce qui existe puisque tout est mal (...)il aurait détruit cette noire imprécation. Toutefois, il en est resté un court fragment conservé par l'un de ses amis L. de Faulquemont qu'il a publié dans le "Tam-Tam en 1840 Ces vers les voici :
A tout prix, il faut que je mange,
Rien ne pourrait m'empêcher,
Que le bon Dieu m'envoie un ange,
Je le plume pour l'embrocher
En 1832, il est hospitalisé à l'hôpital de La Charité
Alexandre Dumas (dont l'anniversaire de la mort est le 5 décembre) dans un des premiers articles du Mousquetaire a tenu à consacrer une étude de mille lignes à l'auteur du Myosotis, événement rare chez les gens de Presse. 
Il rédigea un projet d’épitaphe pour le tombeau du poète au cimetière du Montparnasse :
ICI REPOSE
HEGESIPPE MOREAU, POÈTE, MORT DE FAIM ET DE MISÈRE,
LE 20 DÉCEMBRE 1938;
LOUIS-PHILIPPE ETANT ROI DES FRANCAIS;
M. DE MONTALIVET ETANT MINISTRE DE L’INTÉRIEUR;
ET M. DE SALVANDY MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE;
TIRE DE LA FOSSE COMMUNE ET DÉPOSE SOUS CETTE PIERRE 
...................

Une souscription ouverte dans le but d'acquérir un coin de terre où l'on pût soustraire ses restes à une complète dispersion, ne produisit aucun résultat, et le destin, poursuivant le poète jusque dans la tombe, allait éparpiller ses cendres, quand un homme de cœur, qui fut son constant ami, M. Sainte-Marie Marcotte, acheta personnellement la concession perpétuelle d'un terrain dans lequel le corps de Moreau repose encore aujourd'hui. M. Sainte-Marie Marcotte raconte ainsi, avec une discrétion qui l'honore, dans la biographie qu'il lui a consacrée, la translation des cendres de son ami: « Un matin, au mois de janvier 1840, deux jeunes gens suivaient tête nue, à travers le cimetière du Montparnasse, les fossoyeurs qui « avaient exhumé de sa fosse provisoire le corps le de Moreau et le portaient à son dernier asile. Ils y étaient seuls. » L'un de ces deux jeunes gens était M. Sainte-Marie Marcotte lui-même.

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Deux de ses amis, des poètes ouvriers comme lui tinrent à lui  rendirent un hommage posthume 

C'est d'abord le regretté Pierre Dupont, à qui Hégésippe

 Moreau est doublement cher, et comme poète,

et comme enfant de Provins par affection, qui écrit :

Passant, sur la pierre qui s'use

Aux baisers de l'air et de l'eau,

Lisez un nom cher à la muse ;

Hégésippe Moreau.

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C'est ensuite Pierre Lachambeaudie le saint-simonien,  qui s'écrie, en songeant au Myosotis, sublime héritage du poète :

Salut à vous, fleur de saphir,

De l'amour gracieux emblème!

Douce compagne du zéphir,

Plus je vous vois, plus je vous aime

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EXTRAIT DE LA NOTICE BIOGRAPHIQUE ÉCRITE PAR SON AMI

SAINTE-MARIE MARCOTTE.

Hégésippe MOREAU fut enfant naturel ; ainsi, dans son dénuement de toutes choses, le nom qu'il portait ne lui appartenait même pas. Il naquit à Paris, rue Saint Placide, n° 9, le 9 avril 1810. Ses parents l'amenèrent tout petit à Provins, où son père avait trouvé une place de professeur au collège et où sa mère entra en condition chez madame Favier. Riais bientôt le père mourut ; la mère, femme supérieure à sa position par la délicatesse de son cœur, le suivit peu d'années après, et tous deux, traçant la route à leur fils, allèrent mourir à l'hôpital. Madame Favier garda avec elle l'orphelin, et veilla sur lui tant que dura son éducation ; c'est par elle qu'il fut placé gratuitement au petit séminaire d'Avon, près Fontainebleau. Moreau y composa ses premiers vers, à l'âge de douze ans; ses

impressions au séminaire, les vagues rêveries de son enfance poétique, il les a lui-même racontées dans la première pièce du Diogène. il eut terminé ses études, ta quinze ans, il entra

en apprentissage, par les soins de madame Favier chez un imprimeur de Provins. Ici commence pour Moreau une série de jours heureux, les seuls qui lui aient été dévolus sur la terre, pendant lesquels il dormit d'un doux sommeil, ne comptant ni les mois, ni les années ;jours pleins de lumière et de soleil dont ensuite le souvenir le poursuivit à travers les froides

 

ténèbres du reste de sa vie, et qu'il revoyait encore, à ses derniers instants, du fond de l'hôpital. Auprès de lui, sous le même toit, était une femme dont la cœur l'avait compris. Cette

Morgue. NERVAL.jpg

 *Philibert Audebrand , Les derniers Bohèmes 

 MISE A JOUR LE 19 MAI 2015

18/05/2015

Jean Baptiste Clément "LE TEMPS DES CERISES" mise à jour(l'exil)

Par Bernard Vassor

CLEMENT PARTITION déchirée.jpg

 

 L’EXIL A LONDRES

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Le 3 septembre 1871 Jean Baptiste embarque à Calais sur un petit bateau pour se réfugier en Grande Bretagne. Contraint par les circonstances, l'élu du XVIII° arrondissement risquant la mort à tous moments. c'est à Londres qu'il va continuer sa lutte pour "les damnés de la terre", pour l'égalité et l'émancipation des femmes. Il avait rejoint un cercle d’exilés à Londres, qui tenait ses réunions dans le local du Duke of Yorck. Dans la capitale, les proscrits sont étroitement surveillés par des indicateurs au service de la Préfecture de police française. A Paris, c'est un commissaire de police qui dirige un service de renseignements dont il est le maître absolu, n'ayant de comptes à rendre à personne excepté au seul ministre de la Justice. Un bon nombre d'honorables correspondants sous couvert d'anonymat, transmettent des rapports au mystérieux commissaire Lombard. Ces rapports sont quand même signés, portant un numéro d'agent ou un pseudonyme sibyllin. Clément possède le privilège d'avoir deux cafards attachés à ses basques, l'agent 48, et l'agent numéro 28. Ces délateurs avaient été recrutés parmi les anciens proscrits, certains étant même des élus de la Commune de Paris. L'agent 28 avait réussi à gagner la totale confiance de Clément et se vante d'avoir participé à l'élaboration d'un texte prévu pour une conférence pour le Centre d'études du Cercle de Londres. Le climat entretenu ou pas par les espions versaillais, était très lourd,et la paranoïa (parfois fondée) conduisaient à la suspicion de traîtrise. Deux anciens membres de la Commune se sont accusés mutuellement d'être des dénonciateurs. Chalain un ami très proche de Clément avait été accusé par Bazin d'être une mouche; Chalain en retour le traite d'espion. Clément va conseiller à Chalain de le provoquer en duel. Tout au long de son séjour Londonien, le chansonnier va être un propagandiste acharné de la défense et de l'émancipation des femmes et du prolétariat. Dans l''attente de l'amnistie pleine et entière, il se rend en Belgique où il demeure à Bruxelles rue de l'Amigo. Dans cette ville il donne une conférence en septembre 1879 à tendance résolument anarchiste. Puis, il revient en France clandestinement. A Montfermeil certains témoins disent qu'il ne se cachait plus et qu'il vivait normalement.

L'agent 28 n'a jamais été formellement identifié, mais il semble évident que ce soit son compagnon de lutte le plus proche qui l'ait trompé. 

 

CLEMENT RAPPORT POLICE.jpg

Almanach Eugène Pottier IMAGE.jpg

Les idée reçues résistent à toutes les épreuves. Depuis plus d'un siècle des historiens  racontent que ces deux poèmes ont été chantés pendant la Commune de Paris, dans les rues par les insurgés, comme étant des hymnes révolutionnaires. Nous avons vu dans un article précédent, que la magnifique chanson de Clément, que c'est seulement en 1885, que Jean Baptiste a fait de sa chanson d'amour, célébrant l'arrivée du printemps et de la nature ( à la même époque, au Japon, la floraison des cerisiers étaient célébrés comme un événement majeur). Dans son recueil de chansons publiés à cette date (1885) la préface et la dédicace à une certaine "vaillante fille ambulancière bénévole", vont transformer radicalement le sens cette chanson lyrique en un symbole révolutionnaire. (Elle était à l'origine était dédié à un des frères Lionnet, Anatole (1832-1896). Une autre chanson dédiée cette fois aux deux jumeaux Hippolyte et Anatole est aussi une chanson bucolique

AU BOIS JOLY

A Hippolyte  et Anatole Lionnet.

Au bois joly,

On s'en va cueillir la noisette,

Et l'on y prend de l'amourette.

Le chemin creux est si petit,

Au bois joly!

Au bois joly,

En arrivant sous les feuillées,

Les filles sont comme endiablées.

Avec Suzon je suis ally,

Au bois joly Au bois joly,

On entend plus le bruit des lèvres

Que le carillon de nos chèvres.

Tous les buissons cachent un nid,

Au bois joly I

Au bois joly

On voit plus de cornettes blanches

Que de rossignols sur les branches.

Ça sent si bon, c'est si gentil,

Au bois joly! (...)

Comme la plupart des  chansons écrites à cette période, le Temps des cerises fait partie des odes à la nature.

Rappelons que Clément était un fervent admirateur d'Henri Murger (1822-1861) à tel point qu'il baptisera un de ses recueils "Les Murgerettes". Murger que nous retrouverons quand il sera question de Eugène Pottier.

La même année,que l'écriture du Temps des cerises Clément produit de véritables chants révolutionnaires, mettant en scène la condition des femmes sous le second empire.

.....................

JEAN BAPTISTE FÉMINISTE AVANT L'HEURE :

............

Bon voyage

Allez, vaillantes insurgées,

Réveiller les cœurs endormis

De tant de femmes outragées(...)

...........

Les femmes exploitées, soumises à la "complète obéissance" à leur patron, les filles mères et les femmes abandonnées sont abordées dans plusieurs chansons.

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LA PAUVRE G0G0

A madame Camille Bios.

Avec ton enfant sur le dos,

Sans coiffe et sans sabots,

Où t'en vas-tu, pauvre Gogo?

Bien triste et bien abandonnée,

Comme la feuille à l'automnée*

Je m'en vais tout droit devant moi.

Ne me demandez pas pourquoi

Quand un lourd chagrin vous déchire,

Ça fait trop mal à le redire.

Avec ton enfant sur le dos,

Sans coiffe et sans sabots,

Où t'en vas-tu, pauvre Gogo?

Le coeur tout froid, je suis ma route,

Et trouverai, coûte que coûte

Ce que je veux pour en finir. 

Mais laissez mon marmot dormir,

Il faut qu'il ignore la chose,

Car le pauvret n'en est pas cause. (...)

............  

Il consacre une chanson à la femme d'un ouvrier qui s'est saoulé avant de rentrer chez lui :

FOURNAISE .

Dès l'aurore il quitté son lit,

Comme l'oiseau, c'est sa coutume, r.

Et tous les jours jusqu'à la nuit,

II frappe dur sur son enclume;

Il a les bras comme du fer,

II a du feu dans son haleine

Mais ce soir tout chante dans l'air,

Fournaise a touché sa quinzaine.

Ah!

Gare à toi, Madeleine,

Tiens bien ton bonnet

Et le souper prêt;

Ton homme, Madeleine,

Ton homme a touché sa quinzaine.

Quand on est bien franc du collier,

Malheur! il fait chaud quand on forge!

Fournaise est un rude ouvrier

Et ça le brûle dans la gorge.

Au cabaret des Bons enfants (...)

.................  

 

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........ 

                   

  Réflexions sur la plaque de la place Jean Baptiste Clément.

Personne n'a été capable de m'expliquer à quoi correspondaient ces dates !   

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 Par Bernard Vassor

Article écrit pour le centenaire de la mort de Jean Baptiste Clément en 2003.

On a depuis plus de cent tente ans beaucoup écrit, fait de recherches, et célébré l’illustre montmartrois. A l’occasion du centenaire de sa mort en 1903, les manifestations autour de son nom furent nombreuses, joyeuses et fort instructives à travers des concerts de rue, aubades, conférences et mille autres animations donnant à la butte un petit air de fête.

Hélas… le clou devant être le dévoilement d’une plaque qui devrait informer le passant sur le représentant de la chanson française la plus jouée dans le monde.

Stupeur ! Pas moins de 3 erreurs en 4 lignes que comporte le texte,(malgré le signalement au service « culturel » à l'Hôtel de Ville de la mairie du XVIII°).

1) Il n’y a pas de trait d’union entre Jean et Baptiste, les parents de notre héro ayant voulu le différencier de son père, dont le nom en comportait un explique un biographe pourtant éminent de l'auteur du Temps des cerises. Pour ma part, de tous les documents consultés dans les registres d'état-civil le trait d'union ne figure ni pour le père et le fils. Sa mère Marie Thérèse est logée à la même enseigne.

2) Pendant la Commune il n’y a pas eu de maire élu ni désigné ! Ses fonctions, pendant l’insurrection furent les suivantes : après avoir été élu , délégué du XVIII° aux élections du 26 mars, il est nommé le 30 mars à la commission aux subsistances. Le 17 avril, il obtient la délégation aux ateliers de fabrication des munitions. Il donna sa démission en raison de divergences avec le Comité de Salut Public le 20 mai. Le 28 mai Clément racontera avoir été sur la dernière barricade de la rue de la Fontaine au Roi avec Eugène Varlin qui, reconnu square Montholon, appréhendé place Cadet, fut conduit 6 rue des Rosiers ou de la Fontenelle (actuelle rue du Chevalier de la Barre)  pour y être fusillé. C’est à cette occasion que la réédition du  Temps des Cerises sera dédié (en 1885) à Louise, l’ambulancière rencontrée furtivement sur le lieu du dernier combat de la Commune le dimanche 28 mai. Beaucoup d’historiens contestent ce lieu, et situent plutôt rue Ramponneau l’ultime combat.

3) Les dates : 19 mars 25 mai ne correspondent à rien de précis pour ce qui concerne l’histoire dans le XVIII° arrondissement. Si l’on considère ses fonctions à la mairie, ce serait : du 26 mars au 20 mai (date de sa démission), son action en tant que combattant : du 18 mars au 28 mai.

La reprise de Montmartre par l’armée versaillaise a eu lieu le 23 mai à midi, le 25 (date figurant sur la plaque qui ne correspond à rien) la Cour prévôtale de la mairie, place des Abbesses, fonctionnait à plein régime depuis 2 jours, les malheureux Trente sous* étant soit « collés au mur », soit conduits à Satory à ou bien à Versailles « aux Chantiers » pour y attendre un sort peu enviable. Avant et depuis cette pose de plaque officielle, j’ai cherché à joindre à la mairie de Paris et à celle du XVIII° arrondissement, les services culturels concerné sans succès.

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Voici une liste de ses domiciles montmartrois : 

En 1860, 3 rue du Télégraphe (aujourd’hui rue Chappe)

En 1861 chez son oncle Christian Poulain et sa tante "Louise" passage de l’Arcade (aujourd'hui passage des Abbesses).

1863 15 rue Véron puis au 3 rue Saint-Vincent (un petit rappel, cette rue porte le nom d'un des ses parents du côté maternel qui fut maire de Saint-Ouen, Vincent Compoint)

En 1870, puis pendant la Commune, il logeait 10 Cité du Midi.

A son retour d’exil chez son ami Eugène Delatre, après l’amnistie en 1880 7 rue Constance, puis chez sa tante Louise au 12 rue Ganneron. 1885 53 rue Lepic. 1887 7 rue Androuet. En 1890 14 rue Germain Pilon, ensuite avec une compagne 45 rue des Abbesses. Enfin en 1892 il réside avec sa femme au 110 rue Lepic. et jusqu’à son décès (à la maison de santé municipale du docteur Dubois comme Henri Murger, 52 ans plus tôt. La maison Dubois était située à  l'angle  rue de l’Aqueduc et du numéro 200 DE la rue du faubourg Saint-Denis) dans le X° arrondissement)  

Archives Bernard Vassor.

Archives de la Préfecture de police

Archives de Paris

*Terme péjoratif donné aux gardes nationaux qui recevaient 30 sous, soit 1 franc 50 par jour.

 

AUX ORIGINES DU JAZZ : DES MINSTREL'S A PARIS EN 1850, SALLE DES PORCHERONS, 29 rue Cadet

PAR BERNARD VASSOR

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C'est en 1843, qu'apparut pour la première fois le mot Minstrel's, avec la représentation à New-York d'un quatuor blanc qui s'intitule, "Virginia Minsterl's", grimé et caricaturé en homme noir. Ces spectacles étaient surtout destiné à une clientèle blanche, séparée bien sûr.
Avant le premier spectacle à N.Y.J, il existait déjà depuis 1820 des troupes itinérantes, singeant les danses et chants des esclaves. La musique n'avait qu'un très lointain rapport avec "les chants de travail"du sud de l'Amérique. Ce n'est que vers 1860, que l'on vit des troupes noires de Minstrel's.
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Spectacle en 1850, 29 rue Cadet, avant le percement de la rue La Fayette. A cet emplacement, le photographe Pierre Petit y établit plus tard son immense atelier de photographie. C'était depuis le XVIIIè siècle une guinguette située "hors les barrières" où "les gens du peuple viennent se réjouir, les dimanches et fêtes*"
C'est grâce à mon ami Gérard Comte, (historien du jazz, et du treizième arrondissement) qui m'a donné cette affiche et j'ai pu découvrir que le premier spectacle de Minstrel's eut lieu à Paris en 1850. Nous n'avons pas d'indications (pour le moment) sur la durée du spectacle, et sur le succès remporté...
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Toujours est-il qu'il fallut attendre les années 1890 pour assister dans de grandes salles parisiennes : L'Eden-Théâtre, et les Folies Bergères, à des représentations au goût douteux. Sur Cette affiche, il est fait allusion à une jeune femme sud-africaine Saartjie (Sarah) Baartman , surnommée "La Vénus Hottentote" qui fut  une des histoires les plus révoltantes, qui n'est pas à mettre au crédit des spectateurs, et des scientifiques qui exploitèrent "ce filon". Saartjie, comme beaucoup de membres de sa tribu des Bushmens, était atteinte de stéatopygie marquée, spectaculaire accumulation graisseuse sur les fesses, et une macronymphie, hypertrophie exceptionnelle des petites lèvres de la vulve, qui fut rapidement appelée « le tablier des Hottentotes » et fit couler beaucoup d’encre du 18e au 19e siècle. Elle alla travailler au Cap cher un certain Peter Cezar. Celui-ci la conduisit à Londres et commença à l'exhiber, enfermée dans une cage,, tenue en laisse. On lui ordonnait d'avancer et de reculer. Après un procès intenté par une association africaine de Londres, nous la retrouvons à Paris vers 1814 chez un montreur d'ours. A la demande de Geoffroy Saint Hilaire, elle fut l'objet d'un examen approfondi de Cuvier. Un an plus tard, elle mourut des suites d'une maladie dont nous ignorons la cause. Cuvier publia une communication intitulée : « Observations sur le cadavre d’une femme connue à Paris sous le nom de Vénus hottentote", soutenant ainsi la  thèse apportant la preuve de l'infériorité de certaines races, comparant ces tribus à des singes condamnés à "une certaine infériorité". Le squelette et un moulage en plâtre fut exposé au Musée de l'Homme à Paris. Après bien des péripéties, ce ne fut qu'en 2002 que le corps de la pauvre "Sarah" fut rendu à sa tribu en Afrique du sud.
Eden-Théâtre,casino cadet,folies-bergères,minstrel's,
 *Almanach du voyageur 1781.
MISE A JOUR LE 18/05/2015

15/05/2015

DEBOUT LES DAMNES DE LA TERRE ! Eugène Pottier, Pierre Degeyter, Jean Baptiste Clément

Par Bernard Vassor

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A la salle des fêtes de la Maison du peuple de Bruxelles en 1904. Pour les Belges, il est clair que l'auteur de la musique est bien Pierre.

Au mois de juin 1871, Paris retentit encore du bruit des fusillades versaillaises de la semaine sanglante. Dans une maison au sixième sous les toits dans le onzième arrondissement, un homme cherchant à échapper aux massacres, se cache en attendant de se réfugier en Belgique, puis ensuite en Angleterre, puis en Amérique. Cet homme, c'est Eugène Pottier, un poète-ouvrier qui avait été élu délégué du deuxième arrondissement le 26 mars 1871 par la Commune de Paris (pour faire simple). L'histoire est bien connue, dans cette mansarde, Eugène Pottier compose un poème intitulé "L’internationale". Il faudra attendre 25 ans pour que  Henri Rochefort le publie dans un recueil de chants révolutionnaires en 1887, et que un an plus tard, une section lilloise du parti de Jules Guesde, le Parti ouvrier français qui avait fondé une chorale qui avait pour nom "La lyre des Travailleurs"; Elle était dirigée par un de ses fondateurs qui se nomme Gustave Dolory (qui sera plus tard maire de Lille) possédait "Les chants révolutionnaire" édités par Rochefort. Pour aider Eugène Pottier qui vivait dans le plus grand dénuement, Delory fit demander à un musicien immigré Belge, de composer une musique sur les six couplets du poème. Le compositeur, pour échapper à des poursuites policières, la répression patronale impitoyable fit qu'il ne signa QUE de son patronyme, sans mentionner son prénom. Ce qui sera lourd de conséquences par la suite. La chanson  et la musiques sont jouées dans un café-chantant "La Liberté" rue de la Vignette à Lille lors d'une fête organisée par la Chambre syndicale des marchands de journaux. Très rapidement de délégations ouvrières en réunions, la chanson "locale" se transmet de régions en régions, traversant la frontière elle est chantée dans la ville natale de Pierre Degeyter à Gand (Belgique) .  La chanson fut publiée chez Boloduc à Lille et tirée à 6000 exemplaires. au  Congrès général des organisations socialistes française de 1899, la chanson est entonnée par un militant, et ensuite reprise par toute la salle. Elle devint par la suite l'hymne du socialisme français.  

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JEAN BAPTISTE CLÉMENT ÉDITEUR DE 

L’INTERNATIONALE !

On ne le sait pas forcément, mais, il existe beaucoup de points communs entre Pottier et Clément. Comme nous l'avons vu dans un article précédent, Jean Baptiste s'est beaucoup inspiré de Henri Murger, au point de baptiser un de ses recueils "Les Murgerette". Nous savons que Murger fut dans sa jeunesse "l'élève" d'Eugène Pottier de quatre ans son aîné. C'est lui qui le conduisit dans les goguettes de Paris et qui l'initia à la poésie. Remarquons au passage que ces trois homme sont encore lu, joué et représentés aujourd'hui dans le monde entier. 

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En mai 1901, Jean Baptiste Clément qui avait acheté les droits à la veuve de Pottier ( sous seing-privé le 5 février 1901), Pottier qui est mort le 6 novembre 1877 à l'hôpital Lariboisière, et, dans le but récupérer les droits de la chanson, parole et musique au bénéfice de la veuve et du compositeur Degeyter. Un éditeur de musique Belge du nom de Mae indiquait en première page "Reproduction interdite". Clément prit la plume pour s'adresser à Gustave Dolory qui était à l'origine de la publication de la musique pour lui demander l'adresse de Degeyter. Le compositeur n'a toujours pas de prénom. Pierre a quitté Lille pour s'installer à Saint-Denis.

Le 21 mai 1901, Clément relance Delory devenu maire de Lille avant d'être élu député. Faisant état de ses démarches et indiquant ses motivations. Sa lettre est restée sans réponse. A force d'insistance, la maire annonce que l'imprimerie de la rue de Fives conserve les droits d'éditer l'Internationale dont l'auteur est Adolphe Degeyter !!! Sa réponse est datée du 7 juin, le 6 juin, Adolphe Degeyter avait cédé les droits d'auteur à Delory et au Parti socialiste. Delory enjoindra aux imprimeurs d'ajouter le prénom d'Adophe à toutes les publications. Sur ce Jean Baptiste meurt en 1904. Pierre Degeyter qui avait eu vent de ces tractations se rendit rue Lepic chez la veuve Clément et apprend que son oeuvre a été attribuée à Adolphe son frère par les bons soins du populaire maire de Lille. L'auteur dépossédé produit alors le manuscrit à madame Clément qui le transmet à l'ancien directeur de la monnaie pendant la Commune de Paris, trésorier du Parti socialiste. Vont suivre de multiples rebondissements de procès interminables et vont se dérouler de 1904 à 1922 dans un jugement incontestable et définitif, la paternité de l'oeuvre est reconnue comme étant celle de Pierre Degeyter.

Entre-temps, Adolphe le frère de Pierre qui avait signé un papier qui lui avait été dicté par Delory, écrivit avant de se donner la mort une dernière lettre à son frère le 27 avril 1915.

Cher frère,

dans la terrible tourmente que nous traversons, ne sachant comment cela finira, je remet à ton beau-frère Dubart cette déclaration que j'aurai faite moi-même si j'étais venu à Paris au moment de ton appel.

Voici : je n'ai jamais fait de musique, encore moins l’Internationale. Si j'ai signé une feuille, c'est qu'elle avait été préparée par Delory qui est venu me trouver à l'atelier. Comme tu sais, je travaillais pour la ville, et Delory étant maire, je n'osais rien lui refuser par crainte de renvoi. Je n'ai pas cru tant mal faire en signant ce papier, et encore il ne m'a pas dit pourquoi c'était faire (...) 

 

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Pierre Degeyter d'après un journal soviétique de 1832. 

 

09/05/2015

LE TEMPS DES CERISES, deuxième partie : Histoire de la chanson, paroles et ....MUSIQUE.

Par Bernard Vassor  

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La cour de la ferme à Montfermeil

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La ferme et le moulin. 

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Aux environs de 1880 par Pierre  Fauconnet, Musée de Chelles.

Si la légende du dessin est exacte, ce serait la mère de Jean Baptiste serait représentée devant la ferme, attenante au moulin. 

UNE INFORMATION INÉDITE :  

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ANTOINE RENARD par Etienne Carjat, (1828-1906)

Venons en maintenant au chanteur qui a composé la musique du Temps des Cerises.

Antoine-Aimé  Renard est né à Lille le jour de la Saint-Valentin en 1825. il est mort à Paris le 9 mai 1872; il y a  143 ans aujourd'hui..

Dans sa jeunesse, il travaillait à Reims comme ouvrier-fondeur, et le soir il poussait la chansonnette dans les cours, dans les rues et dans les cafés. Revenant dans sa ville natale, il fut engagé sur la scène du Grand-Théâtre comme choriste. Ensuite, il parcourt la France courant de cachets en cachets avant d’être admis à l’Opéra de Paris  en tant que ténor. Il fonda une agence lyrique au pied de la Butte Montmartre. Entre temps, comme nous l’avons vu dans la première partie, il avait rencontré à Bruxelles en février 1867  Jean Baptiste Clément qui lui avait cédé les droits de son poème intitulé «  LE TEMPS DES CERISES » dans les conditions supposées faisant partie de la légende étayée par aucune confirmation. La chanson fut crée cette année  là (1867)  à Bruxelles, pour la première fois au Casino de la ville.

La partition fut édité chez l’éditeur de musique Egrot, 25 boulevard de Strasbourg

 

Contrairement à  ce qui est dit, répété, seriné, la chanson ne fut pas un hymne pendant la Commune de Paris. Elle l’est devenue  quatorze ans plus tard  lors de la parution d’un recueil de chansons auto-édité par Clément à compte d’auteur, dans lequel il décide de dédier ce poème à une mystérieuse « Louise  ouvrière ambulancière bénévole du côté des travailleurs » Le prénom de Louise est aussi celui de sa tante du côté maternel qui l’ a soutenu dans ses nombreuses périodes de vache maigre.

Antoine Renard et Jean Baptsite devaient certainement se connaître, bien que rien ne l'atteste, ils étaient tous les deux en relation avec le magnifique Joseph Lemaitre dit DARCIER., car il avait déjà composé deux chansons de Clément en 1863 : "Le chant du moulin, et Quand nos hommes sont au cabaret".  Renard fut l'interpretre de nombreuses chansons de Darcier..

Voici maintenant la partie épineuse de mon histoire : , pendant et après  la Commune de Paris, les insurgés faisaient l’objet d’une surveillance permanente. A la préfecture de police, un cabinet « noir » dirigeait le vaste réseau d’informateurs, qui fournissaient des comptes rendus des faits et gestes des communeux. Un commissaire spécial, le commissaire Lombard ne rendant de  comptes à personne, sauf au ministre de la justice, diligentait le bataillon de mouchards appointés.  Un document trouvé aux archives de la police fait état d’une correspondance entre le commissaire et Etienne Carjat? lui demandant de donner une petite somme au chanteur Antoine Renard pour lui venir en aide. Renard qui souffrait d'un cancer de la face depuis plusieurs année, était dans une phase terminale en 1872 et se trouvait dans le plus grand dénuement. Ce qui me conduit à penser que la somme prélevée sur les fonds de la préfecture devaient correspondre à un service quelconque. De même que faut-il penser des rapports d'Etienne Carjat avec le commissaire Lombard ?   

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Il est à noter que cette guinguette qui était "le Moulin de la galette" de sa grand-mère Charlotte a été dans un chapitre de Thérèse Raquin, le lieu, où Thérèse avec son amant a assassiné son mari.

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A SUIVRE, Jean Baptiste Clément en exil.

07/05/2015

LE TEMPS DES CERISES, une petite chronologie sommaire de la vie de Jean Baptiste Clément avec une révélation inédite concernant la chanson.

Par Bernard Vassor. 

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Le 31 mai 1836, le maire de Boulogne Billancourt a reçu un certain Jean Baptiste Clément qui lui a déclaré la naissance de son fils à deux heures du matin ce même jour. C'est sur le moulin-bateau amarré sur le quai de la Seine, Pont de Saint-Cloud, bordant la ville que le poète a vu le jour. Son père Jean Baptiste Clément et sa mère née Marie Thérèse Compoint (blanchisseuse) étaient tous deux issus d'une longue lignée de meuniers. Baptisé à l'église Notre-Dame de Boulogne le 8 juin 1836 il est mis en nourrice, ses parents quittant le bateau-moulin en 1840, pour s'installer à Montfermeil.

Les premières années passées chez sa grand-mère maternelle Charlotte (?) Compoiint lui laissèrent un souvenir heureux. Sur un petit îlot (l'île du Châtelier)* situé en face de la ville de Saint-Ouen Charlotte possédait un moulin guinguette. Son père avait hérité, lui, d'un moulin à Monfermeil (Le moulin de la tour)  La mère de l'enfant qui ne l'aimait pas et le trouvait fort laid le mit en pension à l'école de la rue Buffault. A l'âge de douze ans on le mit en apprentissage pour exercer plis tard le métier de repousseur sur  cuivre. D'un tempérament instable, il prit le trimard, se louant occasionnellement pour différents emplois. Nous le trouvons à Nogent-sur-Marne à travailler comme manœuvre sur le chantier de construction de l'aqueduc. Il écume successivement les villes de Bry-sur-Marne Villeneuve Saint-Georges, Chailly, Pont-sur-Yonne, Bagnolet (où un parent de la branche Compoint tenait un moulin) Tout cela entrecoupé par des aller et retour, Montfermeil, Montmartre et Saint-Ouen où il retrouve sa tante Louise qui fut longtemps sa protectrice bien aimée et qui il trouva refuge bien souvent. C'est d'ailleurs au mariage de sa tante Louise Compoint sur l'île de Marante (face à la ville de Colombes), au Moulin Joly que l'enfant composa un compliment en forme de poème intitulé "Le joueur de Vielle". A dix sept ans il publie quelques chansons, dont "Le moulin de Bagnolet" et "Dansons la capucine". A VINGT ANS IL ECRIT  "LE TEMPS DES CERISES", qui ne sera publié que l'année suivante à Bruxelles. C'est là, après avoir pris la fuite pour échapper à la police de l'empereur, qu'il rencontre le chanteur d'opéra Antoine Renard. La légende raconte, que pendant cet hiver (en février) rigoureux, Jean Baptiste qui mourait de froid échangea sa chanson pour un macfarlane avec le chanteur compositeur qui bénéficia ainsi des droits d'auteur, lui a composé la musique. Nous reviendrons sur Antoine Renard et le mystère qui l'entoure. Une fois revenu à Paris, il est condamné à 2 et 6 mois de prison. Enfermé à la prison de Sainte-Pélagie il est libéré le 4 septembre 1870 après la proclamation de la République. A Montmartre, il participe activement aux événements qui vont conduire à la proclamation de la Commune de Paris . Élu le 26 mars membre du Comité Central de la Commune délégué au XVIII° arrondissement (Montmartre), habite pendant cette période 10 cité du Midi. Contrairement à ce qui est affirmé par certains il n'a pas été maire de Montmartre, car la Commune n'a pas élu de maire, mais simplement des délégués d'arrondissement. De touts façons, il n'était qu'en deuxième position au nombre d'électeurs. 

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Présent sur la dernière barricade lors de la semaine sanglante le 28 mai. Recherché activement, il s'enfuit à Londres le 3 septembre. Le 24 octobre 1874, le 4° conseil de guerre permanent de la 20° division le condamne par contumace à l'unanimité  à la peine de MORT (La sentence a été affichée à la porte du conseil de guerre et à la mairie du XVIII°). C'est (sans preuve) pour s'être rendu complice de l'assassinat de plusieurs personnes sous le nom d'otages commis le 24 mai....

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Maison à Montfermeil de la famille de Jean BaptisteCLEMENT MAISON J B MONTFERMEIL.jpg

En 1879, on peut le rencontrer à Bruxelles. Certains témoins affirment l'avoir vu à Montfermeil entre 1876 et 1880 pendant sa période d'exil. Il se trouve à Paris le 8 janvier 1880 et il n'est amnistié que 6 mois plus tard.

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Ce rapport de police qui se trompe sur la date de naissance, donne le signalement de l'individu  recherché :

Taille moyenne, a les yeux bruns, la barbe châtain roux Il ,est d'une forte corpulence à la démarche lourde, porte tantôt la barbe, tantôt la moustache seule et il est habituellement mal vêtu.

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Cette chanson d'amour a été inspirée par les vergers de Montfermeil Elle est dédiée à Anatole Lionnet (1832-1896) chanteur célèbre pour ses interprétation avec son frère jumeau des œuvres de Pierre Dupont Victor Hugo, Jean Richepin  Alfred de Musset Gustave Nadeau etc...Contrairement à l'histoire officielle, elle n'a pas été chantée pendant la Commune ! Ce n'est qu'en 1885 que l'idée de ce rapprochement fut fait quand Clément fit dans un recueil allusion aux événements de la semaine sanglante en dédiant à une certaine "Louise l"ambulancière" cet hymne au printemps.

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Cour de la ferme attenante au moulin de Montfermeil.

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Quelques domiciles parisiens à Montmartre et à Paris :

1860, il est domicilié au 3 rue du Télégraphe, aujourd'hui rue Chappe.

1861 il habite chez son oncle par alliance Christian Poulin artiste dramatique rue des Arcades (passage des Abbesses)

1862 c'est au 15 rue Véron qu'il dépose ses valises. 

A des dates indéterminées, déménageant souvent à la cloche de bois, il partage une chambre 7 rue Constance. Ensuite, chez sa tante Louise 12 rue Ganeron, et 10 cité du Midi avant et pendant la Commune.

1863  ses pénates se trouvent dans une des trois rue de Montmartre portant le nom d'un de ses ancêtres, rue Saint-Vincent (en hommage à Vincent Compoint riche propriétaire terrien possédant un tiers de la surface de la ville de Saint-Ouen et bon nombre d'autre sur un des versants de la butte Montmartre)

* CES ÎLOTS AVAIENT ÉTÉ FORMES PAR LA TERRE DE DÉBLAIS DÉVERSES DANS LA SEINE LORS DE L'ETABLISSEMENT DES FORTIFICATIONS POUR CE QUE L'ON A NOMME  "L'ENCEINTE DE THIERS" EN 1841.

A SUIVRE ....

06/05/2015

LE TEMPS DES CERISES AU YOSHIWARA....

 Par Bernard Vassor

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Yoshiwara était le nom au temps du Shogun Jyomitsu au XVIIème siècle, donné au quartier réservé aux courtisanes. A la fin du dix-neuvième siècle, personne ne s'était encore aventuré dans cette région inconnue du monde occidental. Situé à l'extrême nord-ouest de Tokio, se trouvait une ville minuscule isolée du monde entier. On y entrait par une grille surmontée d'un saule pleureur, surnommé "le Saule de la bienvenue". Assez surprenant pour une ville interdite ! Le spectacle le plus extraordinaire du Yoshiwara est offert trois fois par an, au printemps quand les cerisiers sont en fleurs, en été avec les iris, et en automne quand les chrysanthèmes, fleurs nationales du japon s'épanouissent dans toute leur beauté. Alors la Youjo se pare de ses plus beaux habits, costumes magnifiquement brodés pailletés d'or, coiffures monumentales tenues par des épingles de nacre ou de métal précieux, sans oublier l'obi, qui est le signe obligatoire qui différencie la courtisane de la femme honnête. Chaussées de géta de 35 centimètres de hauteur, elles marchent en cortège lentement avec deux serviteurs pour guider leurs pas, invitent les passant à s'écarter pour laisser le passage de ces dames au visage d'une blancheur de neige, aux sourcils noirs, les lèvres fardées de rouge, le regard fixe. Elle ressemblent ainsi à des idoles. Il y a là comme une réminiscence des cérémonies du culte phallique, des priapées antiques.  

Des avenues étaient coupées à angle droit par des rues où les maisons de thé alternaient avec d'autres échoppes. Le milieu de la chaussée était occupé par une suite de jardinets de deux mètres de largeur environ, remplis de fleurs orné de fontaines et des lanternes de pierre aux formes élégantes. Des objets construits avec des brins de bambou, représentaient des scènes avec des animaux et des personnages faisant des bouquets et flânant au bord de ruisseaux.
Des lanternes rondes, rouge vif, en double rang courent le long des toits et des balcons.
La nuit venue, tout s'illumine, au rez-de-chaussée des maisons publiques s'exposent les dames accroupies sur des nattes, fumant, buvant du thé, causant, le tout étant très décent. D'autres maisons se contentent d'exposer sur un tableau, les photographies des hôtesses qui les habitent.
Le Yoshiwara possède aussi des maisons de briques et de pierre très luxueuses dont on peut apercevoir par les portes entrouvertes le luxe du décor. Aucun signe n'indique la destination de ces lieux, sauf peut-être quelques silhouettes gracieuses de femmes aux coiffures monumentales accoudées aux balcons, qui regardent les passant d'un air langoureux, ce qui n'est pas sans évoquer nos "fenestrières"de la rue Clauzel....Comme partout dans le monde, il, existe dans la police un bureau spécial pour la prostitution, une police secrète ayant à leur service les maîtres de ces lieux. C'est également la police qui perçoit une taxe sur chaque membre du personnel. Une douzaine de fonctionnaires sont chargés de la surveillance, aussi bien sanitaire que de maintien de l'ordre. Dans une salle au rez-de-chaussée, deux scribes tiennent des registres. Des portes coulissantes laissent le passage aux candidates qui veulent devenir "Yujo" (filles de joie) accompagnées de leurs parents ou tuteurs, ainsi que le propriétaire du Kashi Zashiki (bordel) où la fille doit exercer. Tous cela se passe de la plus grande correction. La fille interrogée doit garder les yeux baissés, le propriétaire est lui aussi interrogé et les employés consignent consciencieusement tout cela sur le cahier de police. Il y a plusieurs grades dans la profession. Les tarifs, fixés par la loi sont en rapport avec la situation de ces dames : Oïranest le grade le plus élevé dans la hiérarchie, Shogi, est le plus commun, Joro, le plus joli et Youjola fille de joie ordinaire. Les maisons du Yoshwara rapportent quatre fois plus que celles de Tokio. On peut compter mille huit cents Shogi, chaque maison paye l'équivalent de 200 francs par an d'impôt au gouvernement, et  chaque prostituée de 30 à 180 francs selon sa classe. (sommes évaluées en francs de 1870 environ)

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Chacune dispose d'une servante et d'un appartement particulier artistiquement décoré.
Ces femmes ne disposent pas de la considération des japonais qui considèrent comme infamante leur condition. Mais certaines échappent, on ne sait trop pourquoi à l'opprobre. La biographie d'une courtisane célèbre par sa beauté, la Marasaki dit que son corps fut souillé, mais non son cœur.
Le spectacle le plus extraordinaire du Yoshiwara est offert trois fois par an, au printemps quand les cerisiers sont en fleurs, en été avec les iris, et en automne quand les chrysanthèmes, fleurs nationales du japon s'épanouissent dans toute leur beauté. Alors la Youjo,se pare de ses plus beaux habits, costumes magnifiquement brodés pailletés d'or, coiffures monumentales tenues par des épingles de nacre ou de métal précieux, sans oublier l'obi, qui est le signe obligatoire qui différencie la courtisane de la femme honnête. Chaussées de géta de 35 centimètres de hauteur, elles marchent en cortège lentement avec deux serviteurs pour guider leurs pas, invitent les passant à s'écarter pour laisser le passage de ces dames au visage d'une blancheur de neige, aux sourcils noirs, les lèvres fardées de rouge, le regard fixe. Elle ressemblent ainsi à des idoles.
Il y a là comme une réminiscence des cérémonies du culte phallique, des priapées antiques.
C'est que le Japon, quoi qu'il fasse, reste le pays de l'exquis et il est impossible d'apporter des manières plus convenables dans une manifestation inconvenante étant donné la qualité des personnes. On ne peut méconnaître cependant le caractère poétique et gracieux, l'amour des fleurs et l'adoration de la nature.
D'après des éléments d'un texte traduit par FELIX REGAMEY.

 Mise à jour le 6 mai 2015  

05/05/2015

Une utopie en forme de roue de bicyclette : LES MONDES CÉLESTES, TERRESTRES ET INFERNAUX

Par Bernard Vassor

 Ce livre de 500 pages, d'Anton Francesco Doni (1513-1574) moine chassé de son ordre pour mauvaise conduite. Devient l'ami du poète licencieux et subversif Pierre Arétin.

Il décrit une utopie en forme de roue de bicyclette, avec cent rayons, cent rues terminées par cent portes, un temple au moyeu. Tout y est exemplaire, le travail est divisé, le commerce et l'artisanat très localisés rue par rue. Les femmes, communes à tous les hommes et les enfants sont élevés par la communauté. Il n'existe plus de famille ni lien de parenté. Les vêtements de couleur uniforme sont répartis selon les âges de la vie. La monnaie a disparu, chacun prenant ce qui lui convient selon ses besoins. La propriété est abolie et il n'existe plus aucun conflit ni de passion amoureuse. On y trouve en germe les conceptions et l'organisation de Charles Fourier du phalanstère avec plus de trois siècle d'avance.

(Cette édition, qui est peut-être l'originale est datée de 1578) 

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Portrait gravé par Enée Vico, né vers 1520, mort aux alentours de 1570. 

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03/05/2015

Garçon et fille hermaphrodites

Par Bernard Vassor

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Cette plaquette de 15 pages a été publiée aux alentours de 1773. Les deux gravures sont attribuées à Moreau le jeune pour le dessin.

L'auteur rapporte l'histoire de Louis Hainault, né en 1852 dans les environs de Rouen, dont on ne découvrit son hermaphrodisme que quelques jours avant sa mort au mois de mars 1773.

Marie Augé quand à elle, fut élevée comme une fille et la promenèrent de Paris à Londres pour l'exhiber comme un animal de foire aux regards des curieux. De taille moyenne, elle était douée d'une grande vivacité. Ses traits allongés ne présentaient rien de particulier. Pourvue d'une petite poitrine, elle avait une hanche plus haute que l'autre. Son clitoris qui ressemblait à un membre viril imperforé était situé au dessus des autres parties génitales qui n'avaient d'autre particularité qu'une étroitesse anormale du vagin.

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 Marie Augé 

 

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Louis Hainault

Élevé comme un garçon, il embrassa la profession de cordonnier. Il était de taille moyenne, les cheveux châtains, la figure ronde, peu de barbe d'une forte constitution, ses mamelles pareilles à celles d'un homme, il avait toutefois un visage efféminé. Ses parties "de la génération" offraient celle des deux sexes, la partie droite masculine, la gauche celle de la femme.

 

Liste de tous les prêtres trouvés en flagrant délit CHEZ LES FILLES PUBLIQUES DE PARIS;

Par Bernard Vassor

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Si les auteurs de cette dénonciation sont restés anonymes, nous apprenons tout de même qui étaient

les exécutants de cette basse police Hubert Mutel était au moment de la publication de ce petit livre,

président du tribunal du 6° arrondissement de l'époque. L'inspecteur Louis Marais était bien connu pour

son rôle joué dans la police de surveillance des moeurs. 

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Arrestation d'un prêtre dans la maison d'une "mitrone" par le commissaire du quartier du Louvre-Saint-Germain-l'Auxerrois au Châtelet Pierre Chénon . (C'est lui qui fit transférer D-A-F de Sade de la Bastille à Charenton). Il fut le second du lieutenant-général de police Antoine de Sartine , puis de son successeur depuis 1774 Jean-Charles-Pierre Lenoir (1732-1807).démissionnaire en 1790, l'année de publication de ce brûlot anticlérical.  

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 Cette liste d'ecclésiastiques libertins a été retrouvée dans les registres de police conservés aux archives de la Bastille après avoir resté un certain temps à l'hôtel du lieutenant de police. Le but de cette publication avait pour prétexte fallacieux de permettre le mariage des prêtres afin de satisfaire des besoins naturels. Quarante huit commissaires au Châtelet assistés d'inspecteurs et de mouchards étaient chargés de dresser les procès-verbaux pour chaque individu trouvés en flagrant délit portés sur le beau sexe.  L'auteur anonyme se défend de faire oeuvre de destruction de la religion et de vouloir tout renverser.

Voici un petit aperçu de catalogue obscène, sachant que l'auteur de ce recueil précise dans la préface : "lLa plupart (des personnages) étant encore vivant & habitant même la capitale, nous sommes persuadés que cette publication va leur déplaire, et que des docteurs de Sorbonne; les quistres de séminaires, et tous les pédans du quartier latin; ne vont pas manquer de s'écrier : On attaque les prêtres, on veut détruire la religion et tout renverser (....)

LISTE 

Des membres trouvés chez les filles publiques à Paris

 

.................................

FRANCOIS-GUILLAUME CHAMPION, curé de la paroisse Sainte-Croix, diocèse de Soisson, trouvé rue S.Honoré, chez la Mitrone, avec Marie-Louise Blaye (une fille d’amour)

J.JOLIBERT, prêtre desservant au château de Bicêtre, trouvé déculotté qui l’amusoit.dans une allée, rue Guénégaud, avec une femme sans domicile connu de la police.

F.LECOURT, chanoine de Champeaux, trouvé rue Tire-Boudin (aujourd’hui rue Marie-Stuart) .chez Catherine Rozoy*, avec Madeleine Roger, dite « MONDOR » dont il a joui jusqu’à la copulation.

J.B GAILLARD, chanoine vicaire de la Victoire-les-Senlis, religieux Domincain, trouvé rue Thévenot (aujourd’hui rue Réaumur), chez la femme Lebebvre, avec Marguerite Hubert, qui l’a manipulé jusqu’à la pollution.

A. MONTBRUN DE S. SAUVEUR, sous-diacre du diocèse de Lissac, trouvé rue  S ; Honoré, chez la nommée Christine Defoy, qui l’a manualisé en présence de Marie de Varenne, sans être parvenu à parfaite pollution.

C. LEGRAND DE LESCARMOUTIER, prêtre trouvé rue Basse S.Denis, chez la femme Baron avec la nommée Rose Boursier qu’il a vu charnellement, laquelle l’a fouetté pour sa plus grande satisfaction.

J. GUITHON,  prêtre, trouvé rue des Vivandières chez Marie Pare,  veuve Meton, à  qui il n’a fait que des attouchements charnels, ayant été troublé au moment où il vouloit lui mettre son membre dans la bouche.

F. M. S. TASHER DE LA PAGERIE , prêtre, chanoine de la cathédrale de Blois trouvé rue Montorgueil, chez  Chritine Barque,à la compagnie de la Rosinbergurine qu’il a vue deux fois jusqu’à copulation parfaite.

François-Marie-Stanislas Tascher de la Pagerie né en 1729, chanoine de Blois, puis, aumônier de la dauphine, enfin vicaire général de Macon

MISE A JOUR LE 3 MAI 2015

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27/04/2015

Les cocus dans l'histoire, ou bien des histoires de cocus

Par Bernard Vassor

Si tu reviens j'annule tout !

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SOURCE gallica

Seigneur, la femme que vous m'avez offert pour compagne m'a donné du bois.

Paroles tirées de La Genèse, chapitre 3 

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Cournua cum cornibus
Cornua sunt omnibus.
Charles Fourier
.............
Il n'est pas de personnage plus important dans l'histoire que le cocu (notez, qu'il n'existe pas de terme féminin pour qualifier ce personnage ) 
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Supprimez le, il ne reste plus rien du vaudeville, au théâtre de boulevard. Tous les plus grands écrivains ont traité la chose, Plutarque* Boccace, Rabelais, Montaigne, Molière, Balzac, Diderot, La Fontaine, Alexandre Dumas(père) Ninon de Lenclos etc.... De nombreux savants ont également écrit sur ce sujet, Pétigny, Richelet, j'alais oublier Voltaire, Bonaventure des Perrier, Marguerite de Navarre à Rémy de Gourmont, sans oublier le romancier le plus lu au XIX° aujourd'hui oublié Charles Paul de Kock dont la première syllabe en évoque l"état.
Vous connaissez certainement une chanson qui n'a qu'une seule strophe répétée à l'infini :"Il est cocu le chef de gare".
Des fabliaux du moyen-âge : "Le Dit de Béranger", "Les Quinze joies du mariage" traitent du cocuage de différentes façons, toutes originales, qui serviront de modèles par la suite. 
Plus près de nous, Georges Brassens nous a donné deux des textes de chansons les plus comiques. Si vous voyez Raimu, vous pensez aussitôt à "la Pomponette", je ne veux surtout pas parler de cet homme politique dont la pomponette est partie et revenue, mais pour repartir définitivement.
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Le coffre à surpises conjugales.
........
Le cornard est tantôt comique, tantôt émouvant on le ridiculise ou on le plaint. Molière qui a fait de Sganarelle un cocu imaginaire, fut à son tour  cornardé par sa femme Armande Béjart. Ernest Feydeau, porta lui-même les plus belles ramures que lui fit pousser au sommet du crâne sa traîtresse de bonne femme Léocadie, la paternité de leur fils Georges est le plus souvent attribuée au duc de Morny. Le sujet de "Fanny" roman d'Ernest Feydeau est original; ce n'est pas le mari qui est trompé par l'amant, mais c'est l'amant qui l'est par le mari (Brassens en fit une chanson) 
Balzac qui a longuement glosé sur le sujet dans "La Physiologie du mariage" et dans bon nombre de ses romans, sur les maris qui à raison de leurs fonctions lui paraissaient plus particulièrement voués que le commun des mortels à certaines mésaventures conjugales. Honoré fut lui-même si l'on en croit Octave Mirbeau, une victime, cornufié par son épouse, moins de cent jours après son mariage par le peintre Jean Gigoux
Comme le dit Diderot : L'infidélité de la femme comme l'incrédulité du prêtre est la pire des forfaitures.
Le rôle de cocu étant essentiellement masculin, il arrive que certains passent directement de l'état de cocufieur à celui de cocufié. Que dire de Georges Clemenceau qui, après avoir mené grande vie à Paris, tenant sa femme recluse en Vendée, la tête ornée d'une ramure cocualique, se vit lui-même sentir pousser des excroissance sur son front. En conséquence de quoi notre tigre à cornes fit jeter son épouse dans les basses-fosses de la prison Saint-Lazare, puis il la réexpédia dans son pays d'origine (les Etats-Unis) , avec l'interdiction de revoir ses enfants.
Le grand Victor en personne se fit planter des bois par un homme réputé très laid (Sainte-Beuve), mais qui avait la particularité d'être pourvu d'un organe anormalement biaisé.
Le chanoine de Tours Béroalde de Vierville nous livre cette justification : Souventes fois les femmes trompent leurs maris par amour, ce dont il faut les louer, voulant ménager leurs époux; de peur de les user trop vite, elles vont à d'autres.
En Italie, le cocu se nomme bécco, cuckold est le terme anglais et en Espagne, c'est le cornudo qui porte la livrée jaune, cette couleur étant l'apanage de cet état qui selon certains est une preuve de fainéantise... un autre se chargeant de la besogne délaissée par le mari.
.......
 
Chez les Romains, la femme infidèle était cousue dans un sac en compagnie d'un singe ou bien d'un serpent, puis jetée à la mer ! Cette peine était sévère surtout à  l'égard d'animaux n'ayant pris aucune part à cette vilenie. Justinien, dans sa grande bonté maintint la peine de mort contre le mari infidèle, et condamna la femme à la fustigation ou bien à l'incarcération pendant 2 ans au terme desquels elle était rasée, et enfermée pour le reste de ses jours si le mari ne la reprenait pas. Les ottomans beaucoup plus doux, enterraient les femmes peu vertueuse à mi-corps et les lapidaient tendrement jusqu'à ce que mort s'ensuive. En Angleterre, on savait s'amuser en ce temps là, on habillaient le femme à la légère après lui avoir coupé les cheveux. Ensuite, armés d'un bon fouet ils lançaient la bougresse dans les rues de la ville et lui couraient après en la fouettant la poursuivant de carrefour en carrefour. Si la bienheuse n'était pas morte à la première épreuve, on la transportait dans une autre ville. L'éducation Anglaise, il n'y a que ça de vrai.
*N'est-il pas reprochable, à un homme qui se trouvait sur l'âge et ayant une jeune femme, s'il voyait un beau jeune homme qui lui agréât et semblât de gentille nature, le mener coucher avec sa femme, pour la faire emplir de bonne semence et puis avouer le fruit qui en naissait comme s'il eut engendré lui-même" PLutarque, Vie de Lycurge.
Mise à jour le 27 avril 2015

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La  rue Quincampoix avoit été baptisée rue des Cocus après la faillite retentissante.
Le sujet étant inépuisable, je vous dis :

A suivre

26/04/2015

Un voyage au pays des hermaphrodites : "Les avantures de Jacques Sadeur dans la découverte et le voiage de la Terre Australe"

Bernard Vassor

Par un moine contemporain de Cyrano de Bergerac qui a jeté son froc aux orties.  

L'utopie des utopies.

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Cet ouvrage est considéré comme étant l'invention du premier "voyage imaginaire dans les Terres australes", ce qui est un lieu commun  de l'univers chimérique du siècle de Louis XV. Dans ce récit, l'Australie découverte en 1520, est peuplée uniquement d'hermaphrodites ce qui pose des problèmes ragoûtants car il y a quand même reproduction décrite dans des termes frisant le mauvais goût. Cette société d’hermaphrodites empreinte de douceur et de tolérance, n'hésite pas à massacrer ses ennemis non-hermaphrodites car ce sont des demi-hommes !

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 Le narrateur de cette aventure est un certain Jacques Sadeur, qui semble dévoiler certains aspects de la filiation de Foigny lui-même. Sa mère qu'il nomme Gillemette Itin est comme son père Jacques Sadeur native de Chatillon sur Bar du ressort de Rethel en Champagne. Toujours dans cette auto biographie supposée, sa mère le mit au monde en avril 1603 sur un navire venant des Amériques.... A la suite d'une tempête le vaisseau alla se fracasser contre les cotes d'Espagne et engloutit sa mère. Son père rendit le dernier soupir après l'avoir sauvé des flots tumultueux et ramené sur le sable.

A suivre....  .

Gabriel de Foigny vit le jour aux alentours de 1630 à Foigny en Picardie, petit hameau situé près de Rethel et de Reims, comptant 150 feux. Selon les critiques, cette utopie, d'un libertin du XVII° siècle est doublement abominable, bizarre et aussi scandaleuse que sa vie. Ce qui lui vaudra à Genève où il vivait, quelques mois d'emprisonnement, pour avoir de surcroît commis quelques paillardises avec sa servante Jeanne Berlie ! Expulsé de la ville, il obtint cependant d'y rester quelques temps, puis IL se retira dans un couvent de Savoie où il finit ses jours en 1692. Sa filiation, ses premières années de jeunesse et la fin de sa vie nous sont encore une énigme. Après des études de théologie, il entra dans l'ordre des Cordeliers de l'Observance. Doté d'une grande éloquence et d'une parfaite connaissance de la langue latine, il fut choisi par la hiérarchie  comme prédicateur. Foigny qui manquait singulièrement de rigueur, d'un tempérament voluptueux était complètement dépourvu de sens moral pour un religieux en vint à mener une existence scandaleuse qui lui valut des remontrances. Pour éviter les condamnations dues à sa conduite scandaleuse, il se rendit à Genève après avoir abandonné sa soutane et abjuré solennellement devant le Consistoire la foi catholique et romaine pour épouser la religion de la "vraye Eglise et religion réformée" de Calvin le 6 mars 1666.

Biographie à suivre....

Une nouvelle parution : Les Soirées de Médan, avec un dossier, des notes, une chronologie et une bibliographie

Par Bernard Vassor

Emile Zola,Alain Pagès,Jean-Michel Pottier

 Ce volume, véritable instrument pédagogique, contient, en plus d'un important texte de présentation, un ensemble de nouvelles d'amis d'Emile Zola que l'on a appelés "Le groupe des cinq".

Les six nouvelles :

L'ATTAQUE DU MOULIN, par Emile Zola

BOULE DE SUIF, par Guy de Maupassant

SAC AU DOS, par Joris-Karl Huysmans

LA SAIGNÉE, par Henri Céard

L'AFFAIRE DU GRAND 7, par Léon Hennique

APRES LA BATAILLE, par PAUL ALEXIS

Le dossier :

1 Six écrivains naturalistes : le groupe de Médan

2 La bataille du naturalisme

3 De l'esthétique naturaliste en peinture

4 Décrire la guerre au XIX° et XX° siècle

..................

Présentation, notes, dossiers, chronologie et bibliographie par 

Alain  Pagès et Jean-Michel Pottier.

 

20/04/2015

Hégésippe Moreau au cimetière du Montparnasse, le cadavre numéro 12 (suite)

Par Bernard Vassor  

Laure Coutan-Montorgueil,

ARTICLE PRECEDENT :

http://autourduperetanguy.blogspirit.com/archive/2011/07/...

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Voici la biographie communiquée par l'historienne de l'Art Mathilde Huet consacrée à Laure Coutan-Montorgueil, la statuaire qui a réalisé le monument d'Hégésippe Moreau au cimetière du Montparnasse :

 

Laure Coutan-Montorgueil, est née Laure Martin à Dun-sur-Auron dans le Cher, en 1855. Elle se forma à Paris auprès d'Alfred Boucher, fut  reconnue de son temps et reçut de nombreuses commandes publiques ou privées. Elle participa, notamment, à l'exposition Internationale de Chicago, en 1893.

 

On lui doit, entre autres, les bustes de l'astronome Le Verrier, du Prince Napoléon, du Général Boulanger ou de la comtesse de Choiseul. Citons aussi le buste en bronze, particulièrement expressif, d'André Gill (cimetière du Père Lachaise), celui du poète Hégésippe Moreau ou son autoportrait (tous deux au cimetière de Montparnasse), ou celui de Taglioni pour le foyer de l'Opéra. Elle a également réalisé des statues allégoriques comme La Fortune, conservée au château de Choisy-le Roi (94), grande réplique en marbre de 1,90 m représentant une déesse marine, assise sur une roue (symbole de  la fortune traversant les flots), ou encore Sirius, marbre commandé par l'État en 1895 pour le Palais de l'Industrie sur les Champs-Elysées, représentant une femme nue, allégorie de l'univers et de la nature. Laure Coutan a également créé de gracieuses statuettes en bronze comme La jeune fille à l'oiseau.
  Mise à jour le 20 avril 2015

06/04/2015

6 février, anniversaire de la naissance de Flora Tristan.

Par Bernard Vassor

Une mise à jour ce 6 avril 2015

Par Bernard Vassor
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Conception Bernard Vassor, réalisation infographique Pilippe Lefeuvre  © B.V. 2003.

Flora Tristan et les femmes de son temps

7 avril 1803-14 novembre 1844

L'homme le plus opprimé

 peut opprimer un être

qui est sa femme.

Elle est la prolétaire du prolétaire même.

Flora Tristan « L’Union Ouvrière » 
Comment résumer en quelques lignes la vie "ardente et trépidante" d'une femme qui a lutté jusqu'à l'épuisement pour établir une justice sociale dans la première moitié du XIX° siècle ?
Le titre de son premier ouvrage en 1836 : "Nécessité de faire un bon accueil aux femmes étrangères" suffit à démontrer la modernité du combat de celle qui fut aussi une grande voyageuse. Ses pétitions adressées aux députés pour obtenir l'abolition de la peine de mort, attendront un siècle et demi pour aboutir en France. La mesure, en revanche n'est toujours pas appliquée dans le nouveau monde.

Le code Napoléon avait réduit la femme à l'état d'infériorité et d'assujettissement. Flora s'engagea avec "ses soeurs" saint-simoniennes dans le combat pour le rétablissement du divorce et le droit des femmes à disposer d'elles-mêmes.
Véritable créatrice du syndicalisme, elle fonda "L'Union Ouvrière » avec un but très clair : organiser les travailleurs, exiger le droit au travail, veiller à l'éducation des enfants et verser une pension aux ouvriers agés.
Avec elle il faut citer et remettre en mémoire celles qui furent les pionnières du mouvement féministe et qui luttèrent parfois jusqu'à la mort pour voire la réalisation de leur combat.
A "La Tribune des femmes" premier journal féminin militant, au 27 rue Laffitte en 1832 on pouvait y rencontrer aux réunions du jeudi, Claire Demar et Marie-Reine Guindorf qui ont connu une fin tragique, Suzanne Voilquin "Fille du Peuple", Jeanne Deroin, Claire Bazard, Désirée Véret (Desirée Gay) et Eugénie Niboyet qui organisa à Lyon en 1832 la première organisation féminine "Pour la Paix dans le monde
Les principaux journaux dirigés en majorité par des ouvrières s'intitulaient :
La Femme Libre, La Femme Nouvelle, L'Apostolat des Femmes, La Tribune des Femmes, La Voix des Femmes.
Flora Tristan est morte d'épuisement à Bordeaux, seule ville en France qui l'honore chaque année le 14 novembre jour de sa mort, La maison du Pérou et L'institut d'Histoire sociale d'Aquitaine organisent une manifestation commune au cimetière de la Chartreuse.

Nadia Prete m'a aidé en 2003 à l’organisation à la mairie du neuvième, d’une magnifique célébration du bicentenaire de la pionnière de la cause des femmes avec des conférences et une exposition en liaison avec l’ambassade du Pérou avec l'Ambassadeur monsieur Javier Perez de Cuellar,  l'attachée culturelle madame Carolina Bellaunde, et la bibliothèque Marguerite Durand. avec madame la conservatrice Annie Metz.

 Dans le monde entier, des associations Flora Tristan ont été crées pour venir en aide au femmes battues.Célébrée par André Breton qui possédait une partie de sa correspondance qui fut mise en vente lors de la dispersion du « Musée Breton » au 42 rue Fontaine. 

Une série de conférences avec

Article paru dans le journal municipal du 9ième arrondissement lors de la célébration du bicentenaire de Flora Tristan que j'avais organisée à Paris et à Bordeaux pour une exposition en liaison avec l'Institut d'Histoire Sociale de la Gironde et mon amie d'enfance Annie Gleroux Ducom.

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"Refusons pour époux tout homme qui ne consentirait point à partager le pouvoir"

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Après la révolution de 1830, un éphémère vent de liberté a soufflé sur la presse en France. Depuis le code Napoléon, les femmes étaient réduites à un état d'infériorité. Des lois s'accumulant depuis, l'interdiction du divorce, l'interdiction d'ester, la soumission de la femme inscrite dans le code civil. On rapporte un propos de l'Empereur : "Les femmes sont l'âme de toutes les intrigues, on devrait les reléguer dans leur ménage, les salons du Gouvernement devrait leur être fermés" .
Des femmes comme madame Bernier n'hésitent pas à apporter leur concours aux anti-féminites les plus durs. Dans un livre intitulé "Quel est pour les femmes le genre d'éducation le plus propre à donner le bonheur des hommes" où il est dit que la destination des femmes est de faire le bonheur domestique de l'homme, il est nécessaire que dès l'enfance, elle connaisse combien elle est inférieure à l'homme !
La Bibliothèque nationale en possède un exemplaire richement relié aux armes de l'Empereur Napoléon qui dût en faire son lmivre de chevet. Cet état d'esprit était largement partagé par bon nombre d'hommes politiques ou pas.
Dans un article précédent : voir le livre de Sylvain Maréchal, le compagnon Gracchus Babeuf précurseur du communisme.
En 1832, est favorisée la création de clubs déguisés et de sociétés secrètes. En 1834, une loi mit fin, interdisant toutes les associations. Entre ces deux périodes, des femmes firent paraître des journaux et des brochures de propagande en faveur de l'émancipation des femmes. De nombreux livres plaidant aussi dans ce sens virent le jour.
En 1832, Suzanne Voilquin , Jeanne désirée, Claire Démar, Marie-Reine Guindorf, Julie Parsyen furent les premières rédactrices de cette feuille entièrement féminine, de la conception à la réalisation, impression comprise. C'était surtout un organe saint-simonien  proche du journal "Le Globe". Le mot d'ordre était : "Refusons pour époux tout homme qui ne consentirait point à partager le pouvoir" . Ce journal changea de nom pour s'appeller : "l'Apostolat des Femmes" puis :"La Tribune des Femmes". Elles formèrent ensuite "L'Association de la Femme nouvelles" qui tenait tous les mercredis ses assises au 15 rue Laffitte. La femme messie Flora Tristan, participa aux réunions de cette assemblée.
Dans un des numéros, la fondatrice de "La Femme de l'Avenir", Suzanne Voilquin annonce qu'elle vient de divorcer avec la bénédiction du Père Enfantin, et décidée de céder son mari à une de ses collaboratrices Julie Parsy...
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D'autres comme madame Herbinot de Mauchamps fondèrent une revue mensuelle : "La Gazette des Femmes", journal de législation de jurisprudence, de littérature et de théâtre. Cette revue réclama impérieusement pour les femmes payant 200 francs d'impôt le droit de vote et somma Louis-Philippe d'ajouter à ses titres, celui de roi des Françaises. Les rédactrices demandèrent à la chambre dans une pétition, le rétablissement du divorce. Ce journal lui-aussi ne vécut que deux ans. Il est curieux de noter que tous les membres du comité de rédaction étaient des "Mauchamps"
Un autre organe  de presse féminin, plutôt bas-bleu, est parfois la cible des femmes de la Tribune,c'était le "Journal des Femmes" dirigé par madame Louise Bernard et madame Fouqueau de Passy qui à son tour attaquait les saint-simoniennes.
Plus tard, en 1836, Madame Dauriat donna au Rannelagh, des cours de "Droit social des femmes"qui fut aussitôt fermé par la police. Elles déclarait au cours de ces conférences : "Malheureusement, il y a des femmes si bien "apprises" qu'elles secondent de tout leur pouvoir contre leur sexe, l'éducation et la servilité si propre à préparer toutes les douleurs de l'épouse"
Claire Démar, une des rédactrice de "La Tribune des Femmes" publia deux ouvrages : "Appel aux françaises" et "Ma loi d'avenir". Dans ce dernier, elle souhaitait qu'avant le mariage il soit fait "un essai tout physique de la chair par la chair".
Avant la parution de son livre, elle se suicida avec son compagnon Desessarts. Une autre rédactrice de ce même journal, Marie-Reine Guindorf suivit le même chemin. Les désillusions étaient grandes au sein du mouvement du Père Enfantin...
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Le premier journal pacifiste internationnaliste français créé par Eugénie Niboyet.
"Unissons nous, répétons tous : Paix et Fraternité"
........
"Femmes, il dépend de vous d'améliorer
votre condition, d'être dans l'humanité
l"égale des hommes, de régner dans la
famille, d'y exercer une influence salutaire
sur l'époux et sur le fils"
Eugénie Niboyet
Protestante, d'origine Suisse, le champ d'action d'Eugénie en faveur de l'émancipation et du droit des femmes est très vaste. Ses premières activités débutèrent au sein d'une "Société pour la Morale chrétienne" d'origine protestante. Au sein de cette association, elle décida de fonder  une "Société de la Paix", et la création d'un journal qui eut une existence très brève, de février 1844, à octobre 1845.

Eugénie Mouchon est née à Montpellier, morte à Paris le 11 septembre 1796- Paris 6 janvier 1883.  Elle épousa un riche avocat lyonnais en 1822.

Conquise par le saint-simonnisme, elle fut déçue par la scission de "l'Eglise" par Bazard et Enfantin, après le départ deJules Lechevallier, elle rejoignit les rangs des fouriéristes. Elle fit de nombreuses traductions de romans et de textes deMary Wollstonekraft, et de Marie Egworth.

Elle fonda en 1833 à Lyon « Le Conseiller des Femmes » journal auquel collabora Marceline Desbordes-Valmore et, elle fut la première française à traduire un roman de Charles Dickens. En contact étroit avec Flora Tristan à Paris , les deux femmes se séparèrent en 1833..

C'est Eugénie elle qui orienta le mouvement féministe naissant vers les thèses de Fourier. Elle créa le journal "La Paix des deux Monde"

précurseur des mouvements pacifistes.

 En 1834 elle fonda une académie artistique féminine appellée "L"Athénée des Dames" dans lequel, elle combattit le duel et la peine de mort

 Présidente du "Club des femmes" du boulevard Poissonnière en 1848, dont les principales animatrices, étaient comme elle d'anciennes saint-simoniènes converties : Désirée GayJeanne DeroinAdèle Esquiros,Pauline Roland*Anaïs Segalas et d'autres, anciennes rédactrice de "La Tribune des Femmes" et de "L'Apostolat des fmmes" de 1832-1833. Pendant la Révolution de 1848, elle désaprouva Jeanne Deroin et lesVésuviennes, Elle avait fondé "La Société de la Voix des Femmes" en mars et son club 8 rue Taranne , fut le véritable pivot de tout le mouvement féminin à cette époque. On peut noter la présence comme membre ce club le sulfureux curé schismatique l'abbé Chatel, qui participa aussi à de nombreuses réunions dans d'autres clubs féminins. Il y prôna la liberté pour les femmes de divorcer, et le mariage des prêtres.

.......

Eugénie Niboyet voulant faire exercer une influence à travers des élus, lança la candidature d'Ernest Legouvé, féministe de longue date, et celle de George Sand, qu'elle croyait acquise au mouvement d'émancipation des femmes.

Dans un article paru dans "La Voix des Femmes" elle demande d'appeler à l'Assemblée Constituante :

"Le représentant qui unit nos sympathies, c'est le type un et une, être mâle par la virilité femme par l'intuition divine, la poésie. Nous voulons hommer Sand..."(...)

La réponse de George Sand fut cinglante hautaine et méprisante : C’est par l’intermédiaire d'autres journaux qu’elle répondit, traitant l’article d’Eugénie Niboyet de "plaisanterie", et se moquant même de ce journal, rédigé par "des damesqui forment des clubs et qui dirigent des journaux, que par ailleurs, 'elle ne connaissait pas, et qui a même osé annoncer sa candidature à l’Assemblée nationale. Elle déclara ne pas permettre qu'on la prenne symbole d’un cénacle féminin avec lequel elle n’a jamais eu la moindre relation et qu'elle est complètement étrangère aux articles signés G.S. parus dans ce journal. Son amie Marie D'Agoult sous le nom de Daniel Stern se montra aussi méprisante vis à vis des clubs féminins dans son "Histoire de la Révolution de 1848".

Contrairement à ce que l'on croit, George Sand, a plusieurs reprises refusa le demander et d'envisager le vote des femmes. Ce qui fit souligner par bon nombre d'écrivains et d'historiens, "l'ambivalence" de ses idées en ce qui concerne le féminisme. Elle récidiva en 1868, dans une brochure  : "Pourquoi les femmes à l'Académie". Son attitude haineuse et pour le moins rétrograde vis à vis de la Commune de 1871, et sa fermeture d'esprit en ce qui concerne "l'art moderne"en font une bien piètre féministe éclairée !!!

Notons au passage l'article révoltant de Charles Hugo contre les clubs de femmes (La Liberté, 29 septembre 1870) :

"Je ne suis pas allé dans ces clubs et je ne veux pas y aller...Les réunions de femmes avaient eu jusqu'ici trois noms : la maison, le bal et l'église; on vient de leur en appliquer un quatrième....le club ! A la maison les femmes étaient pures, au bal belles, à l'église saintes; mais au foyer, au bal, à l'église elles étaient femmes(...) au lieu de le consoler, elles crient contre le genre humain. Elles feront de leur voix qui avait été jusque-là douce comme un chant, tendre comme un conseil, inspirée comme une prière ...° Le moment est venu où les femmes doivent se taire !"  

   * Qui fut la tutrice d'Aline Chazal, future madame Gauguin, mère de Paul, et fille de Flora  Tristan. 

 

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La notice ci-dessus, est bien sûr limitée, compte tenu de la place accordée dans un blog, les principales informations proviennent de recherches à la bibliothèque Marguerite Durand il y a quelques années, grâce à la patience et l'amabilité des documentalistes et de la
conservatrice : Annie metz.
.........................
Les femmes de 89 furent à l'avant-garde de la Révolution. Dès le début de juillet, il y eut à Paris des mouvements de révolte contre la misère et les souffrances qui s'étaient abbattues sur le petit peuple. Michelet raconte que le samedi 3, une dame, au café de Foy, dénonça "les cocardes antinationales, et le danger public". Lundi 5, aux halles, une jeune fille, prit un tambour, battit la générale et entraîna toutes les femmes du quartier. Le 4 octobre au soir, "une femme courageuse, qui au milieu d'une foule de malheureuses créatures qui n'avaient pas mangé depuis trente heures court du quartier Sant-Denis au Palais-Royal, elle se fait jour dans la foule qui pérorait, elle se fait écouter; c'était une femme de trente-six ans, bien mise. Elle veut qu'on aille à Versailles, elle marchera en tête. On plaisante, elle applique un soufflet à l'un des plaisants. Le lendemain, elle partit des premières, le sabre à la main, prit un canon à la Ville, se mit à cheval dessus, et le mena à Versailles, la mèche allumée"
Plus tard, à partir de 1790, des centaines de clubs et de sociétés feminines furent crées dans beaucoup de villes et même villages enFrance. Citons dans le désordre : Annonay, Le Puy, Auch,. Pau, Orthez, Bayonne,  Damazan, Marmande, Bordeaux qui possédait plusieurs clubs féminins, Périgeux, Cognac, Limoges (où s'illustra la fougeuse citoyenne Laferrière qui organisaun bataillon d'Amazones armées),dans le Lot et Garonne, Coutances en Normandie, Marseilles, Grenoble etc...la liste des clubs pourait constituer un volume à elle seule...
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Sylvain Maréchal un des plus acharnés anti-feministe.
Plusieurs clubs furent créés par une jeune femme de Montauban Olympe de Gouges, que l'on disait illettrée.
A partir de 1791, un peu partout, dans les grandes villes de France, des femmes s'organisèrent et se rassemblèrent dans des  "Clubs de femmes". Ce qui ne plut pas aux hommes du Conseil exécutif provisoire qui firent interdire de telles réunions.
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L'admission des femmes dans les clubs ne fut pas du goût de tout le monde.
Une feuille politique  "La mère Duchêne à Lyon" imprima la déclaration suivante :
"Il s'est formé un club jacobino-femelle qui a arrêté par son règlement un drapeau rouge que l'on ferait garder par l'évêque Damourette...-Je sommes, dit la mère Carpillondu club des Citoyennes dévouées-t"à la nation; et fourche ça ira ! je ne laisserons pas le monde s'éteindre fiaute de bons patriotes..."
Une autre fit imprimer toujours à Lyon une ridicule :
"Déclaration du Droit des femmes"
"Article premier- Les femmes naissent vivent et meurent avec le droit de parler. Elles sont égales en prétention à cet égard (...)
Article 17 -L'art deraisonner étant, chez la femme, un droit inhérent et imprescriptible, nulle femme ne peut en être privée jusqu'à ce qu'il ne plaise à la nature d'en faire d'autres différemment constituées.."
Les femmes lyonnaises peu de temps après, montrèrent qu'elles savaient se faire entendre. Le 15 septembre, au nez et à la barbe des hommes, elles s'emparèrent de la ville, et en furent maîtresses pendant trois jours. Elles taxèrent les denrées, forcèrent les épiciers à ouvrir boutique et occupèrent les places et les marchés.
Des "commissaires de police féminines" veillaient à l'application des nouveaux tarifs que les autorités s'étaient vues imposer de contresigner sans moufter !
Lyon possédait plusieurs clubs féminins qui changèrent parfois de nom. En dehors des "Citoyennes dévouées à la nation", il y eut : "Les amies de la Constitution",( dont la présidente était la citoyenne Charpine,le bureau était mixte) Elles se réunissaient au n° 736 de la rue du Pas-Etroit, au coin de la rue Commarmot)-"Les Amies de la Liberté et de l'Egalité", présidente, la citoyenne Charton, -"Les Amies de la République"
C'est ainsi que l'on peut lire dans le bulletin de la Convention nationale du 19 au 26 janvier 1793, un article consacré à un club féminin à Lyon :
Club de femmes à Lyon(1793).
"Rien ne seroit plus édifiant, plus utile même qu'un cercle de bonnes mères de famille du même quartier, se réunissanteb385780112e0c37824a71f112d7b1d1.jpgchaque jour à une certaine heure, leurs enfans sur les genoux, & de l'ouvrage à la main. Qu'elles se consultent réciproquement sur les devoirs de leur état, qu'un citoyen père de famille, vienne chaque jour leur faire part des évènements de la journée & leur lise les lois nouvelles décrétées par l'assemblée nationale, il n'y auroit rien à dire à cela, c'est tout naturel.
Mais que penser de ce club de femmes qui vient de s'ouvrir à Lyon ? Assurément nous sommes les premiers à rendre hommage à la pureté des intentions de ces bonnes citoyennes; mais pourquoi s'être donné une présidente ? Pourquoi tenir des séances en règle ?
Pourquoi un registre des procès-verbaux des séances ? Passe encore pour l'hymne à la liberté qu'elles chantent d'ordinaire avant de se séparer; mais pourquoi inviter les trois corps administratifs, département, district & municipalité, à assister à la tenue de leur assemblée ? Pourquoi la présidente Chareton & la citoyenne Charpine s'adressent-elles aux magistrats, pour inviter l'évèque l'Amourette à leur composer un nouveau cathéchisme plus à l'ordre du jour ? Est-il un décret qui oblige les mères de famille à faire apprendre à leurs enfants ? (...) Une mère de famille a-t-elle besoin de livres pour éduquer ses enfants ? Le ppère n'est-il pas là pour partager l'éducation des siens ?" écrit indigné le chroniqueur lyonnais pour conclure pus loin la main sur le coeur :
"Au nom de la patrie (...)au nom des bonnes moeurs domestiques dont les clubs de femmes sont les fléaux, nous conjurons les bonnes citoyennes de Lyon de rester chez elles, sans s'inquiéter du cathéchisme de l'évèque Lamourette.
Nous les conjurons de réfléchir au tort qu'elles causoient sans s'en douter à la République, si chaque bourgade de France alloit les iliter. Il y auroit partout des clubs & nulle part bientôt de bons ménages bien tenus."
(Avis aux femmes formant un club dans la ville de Dijon).
Les clubs une fois interdits, laissèrent place à une "Société des Femmes Révolutionnaires"dirigée par une fille courageuse et éloquente Rose Lacombe.Elle s'attira la haine de Robespierre des jacobins, et aussi des poissardes dames de la halle, qui étaient en majorité royalistes, elles faisaient porter la responsabilité de la baisse de leur commmerce aux sociétés de femmes, qui, habillées en homme et armées se promenèrent dans les halles et injurièrent les poissardes. Celles-ci se précipitèrent sur elles, et plus robustes de constitution, elles appliquèrent une "indécente correction" aux envahisseuses, à la grande joie malsaine des hommes présents ravis de ce spectacle émoustillant.
.......
On trouve dans une feuille révolutionnaire (masculine) une observation d'une femme sur "La Société des Citoyennes révolutionnaires" :
"S'il manquait quelque chose à Paris, la surveillante de la République, c'est sans contredit, une association de femmes, telle que celle qui vient de se former, où les femmes après avoir rempli leurs devoirs domestiques, vont apprendre à être républicaines de moeurs et de principe (...)" Cette société fut à peine formée qu'elle fut en butte à toutes sortes de calomnies; il est vrai qu'elle débuta bien mal, en arrêtant qu'elles porteraient toutes la cocarde nationale et invitant par une adresse aux quarante huit sections : du 12 mai toutes les citoyennes qui sentaient tout le prix de la liberté de les imiter; invitation qui fit pleuvoir sur elles tous les blasphèmes que l'on puisse imaginer de la part de ces êtres ignorans et serviles de leur sexe, qui sont abrutis dans les préjugés, elles n'ont eu, pendant longtemps que ces individus méprisables pour ennemis; mais le caractère de cette société et les principes invariables qu'elle professe, lui en ont fait bien d'autres, ce sont les hommes qui s'aperçoivent qu'à mesure que les femmes s'éclaireront, leur despotisme marital disparaîtra (...) ils ont beau faire, les femmes commencent à voir qu'elles ne
sont pas faites pour être plus avilies qu'eux(....)
La conclusion est la suivante :
"A mon avis, les femmes qui ne sont pas dans les bons principes, sont aussi dangeureuse que les hommes; c'est pourquoi j'invite la société des républicaines révolutionnaires à mettre cet objet à l'ordre du jour dans ses délibérations"
Une autre femme, dans une adresse à l'assemblée, demanda :
"La permission de nous procurer des piques, des pistolets & des sabres, même des fusils pour celles qui auroient la force de s'en servir, en nous soumettant aux règlements de police"
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Premier Comité provisoire des femmes pendant la Commune de Paris de 1871, Cour des Petites Ecuries...
Document Archives de Paris, Archives nationales Guide des Sources du mouvement Communaliste, La Documentation Française 2007, cahier iconographique B.V.
Archives de Paris.
Mise à jour le 3 juin 2010  

mise à jour le 7 mars 2009 

Mise à jour le 8 mars 2011 

Mise à jour le 6 avril 2015

 

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19/03/2015

Un incendie ravage une scierie rue Pierre Picard à Montmartre le 19 mars

Par Bernard Vassqr

A Montmartre au sommet de la butte le 19 mars 1868.

GODILLOT 05.jpg

Les habitants du sommet de la butte ont été mis en émoi par les cris d'alarme : "au feu !" qui se sont fait entendre de toutes parts. Un incendie dans la scierie de monsieur Johnson s'est déclaré à 11 heures et demi du soir. Les flammes alimentées par une grande quantité de bois  ont fait redouter que le sinistre se propage aux établissements environnants exploités par un menuisier, un grainetier et un charron. Des sauveteurs ont réussi à sauver des flammes quatre enfants en bas âge tirés de leur lit pour être conduits dans une maison voisine pendant que le feu envahissait la maison de leurs parents épouvantés. Les pompiers de permanence aux usines Godillot* toute proche, ceux de la rue Marcadet de la Villette  et de la mairie de Montmartre (alors située place des Abbesses ) accoururent aussitôt ainsi que le corps de garde de la Nouvelle France. Le commissaire de police du quartier de l'Opéra fut un des premiers à arriver sur place et déploya une intelligence remarquable dans ces circonstances. Le patron de la scierie, monsieur Johnson donna des ordres à ses ouvriers et se fit remarquer par son sang-froid. De nombreux jeunes gens venus des bals et guinguettes des alentours, avec des déguisements bariolés à l'occasion de la mi-carême sont venu prêter leur concours aux soldats du feu.  Les buttes Montmartre ont offert un spectacle rare à cette heure de la nuit, plusieurs milliers de personnes accourues contemplaient les ravages de l'incendie. A deux heures du matin, la part du feu était faite. Seul l'établissement  de monsieur Johnson fut touché et entièrement détruit. Fort heureusement, à part quelques brûlés légers, aucune victime ne fut à déplorer. La propriété de la scierie était assurée pour la presque totalité de sa valeur.  

*Une partie des usines Alexis Godillot étaient situées rue Rochechouart, une autre (les tanneries) étaient à Saint-Ouen. Cette fabrique connaîtra un sort similaire vingt sept ans plus tard la totalité des bâtiments qui  ont été ravagés par les flammes au mois de juillet 1895.

rue rochechouart,GODILLOT

Les soldats du feu sur les toits.  

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Un sapeur-pompier trouva la mort à l'hôpital militaire après une chute du haut d'un toit de la rue Rochechouart. 

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Les ruines de la fabrique le 2 juillet 1895 

Saint-Ouen,GODILLOT 

La tannerie de Saint-Ouen.

18/03/2015

18 mars 1871 à Montmartre, les premières heures de la Commune de Paris

Par Bernard Vassor   

(hommage aux 20 à 30 000 victimes et aux milliers d'hommes et de femmes emprisonnées ou déportées).elus de la Commune DE pARIS - Copie.jpg

L'Assemblée nationale nouvellement élue, majoritairement composée de monarchistes de cléricaux et du Parti de l'Ordre, veut prendre des mesures pour annuler des mesures qui avaient été prises pour soulager la souffrance des parisiens assiégés : rétablir le fonctionnement du Mont-de-Piété, abrogation du moratoire sur les loyers, la suppression de l'indemnité  des gardes nationaux (trente sous par jour), sauf pour ceux qui présenteront un certificat d'indigence. L'Assemblée décide aussi d'aller s'installer à ,Versailles. L'annonce de toutes ces décisions provoque des remous chez les ouvriers, les artisans et les petits patrons conduits à la faillite pour les uns, et à la condition d'indigents pour ceux, sans travail, et bientôt sans toit. 

Le 15 mars, les députés demandent à Thiers, alors chef du pouvoir exécutif, de désarmer la Garde nationale, et de lui enlever les 400 canons qui avaient été payés par souscription par les parisiens, pour la défense de Paris contre les prussiens. La Garde nationale avait fait mettre en lieu sûr des canons sur les Buttes de Montmartre et de Belleville aux Buttes Chaumont. 

Thiers demanda le 17 mars au général Vinoy de reprendre ces canons le lendemain simultanément dans différents quartiers.

Pendant que Paris  est endormi, sous les ordres du général Susbielle, on réveille les soldats et on distribue des armes. Les soldats se mettent en marche à 2 heures du matin.

Il est six heures, Paris s'éveille

Dans le XVIII° arrondissement, le général Susbielle qui installa son quartier général Place Blanche lança sa division forte de 4000 hommes  à l'assaut de Montmartre, à 3 heures du matin tandis que la brigade Paturel, avenue de Saint-Ouen parvint au Moulin de la Galette en passant par les rues Marcadet, des Saules et Norvins, tandis que le général Lecomte passant par la place Saint-Pierre parvint jusqu'à la tour Solférino pour faire la jonction avec les troupes de Paturel.

GLOIRE AU 88è DE LIGNE !

Qui refusa de tirer sur la foule et mit la crosse en l'air ce matin là.

montmartre,caznons,lecomte,thomas,clemenceau,turpin

Guide des sources de la Commune et du mouvement Communaliste, archives de Paris, la Documentation français Paris 2006. 

Neuvième bataillon de la dixième subdivision (Docteur Gachet aide chirurgien major)

GACHET garde Nat 9° bataillon 10 e division.jpg

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"Le Champs des polonais" à l'emplacement de la basilique.

rue des rosiers,61e bataillon,18 mars

Rue de la Fontenelle (ou rue des Rosiers, certains habitants lui donnant toujours ce nom sur les registres d'inscription de la Garde nationale, [D2R4], on trouve certains gardes inscrits aux deux adresses)

C’est le samedi 18 mars vers 3 heures du matin que le Général Claude Martin Lecomte à la tête du 88° régiment de marche, tenta de récupérer les 171 canons payés par souscriptions des parisiens, qui avaient été parqués « au champ des polonais », l’espace occupé aujourd’hui par le Sacré-Cœur. Avec pour prétexte que ces canons auraient pu être récupérés par les prussiens !

Mon ami Jean-Paul Martineau, décédé  il y a peu, ancien professeur de médecine à Lariboisière, historien des hôpitaux de Paris, raconte : « Une seule personne avait été affectée à la surveillance du parc d’artillerie, le garde national Germain Turpin, un maçon de 36 ans habitant passage Doudeauville.  Il était de garde cette nuit là, auprès de fameux canons lorsqu’il entendit arriver la troupe de ligne, courageusement, il fit les sommations d’usage, mais la seule réponse qu’il reçut fut une décharge de fusil qui l’atteignit à l’abdomen et le coucha par terre. Louise Michel qui se trouvait de garde au poste de garde du 61° bataillon en haut de la rue de la Fontenelle* toute proche, accourut avec la cantinière Jeanne Couerbe*. Les deux femmes lui firent un premier pansement en déchirant leur propre linge. Le docteur Clemenceau maire du XVIII° arrivé sur place peu après lui prodigua les premiers secours sur place car le général Lecomte** soucieux de ne pas ameuter la population, s’opposa à ce que l’on transporta le blessé à l’hôpital, au scandale de l’assistance. Louise Michel parvint  à le relever et le conduire à Lariboisière, on le coucha dans le lit n° 14 de la salle Saint-Ferdinand ( par la suite devenue Ambroise Paré) où atteint de péritonite affection que l’on ne pouvait pas opérer à l’époque, il agonisa 9 jours entouré de sa famille. Germain Turpin mourut heureux, disait-il d’avoir vu la Révolution. »(…) Deux autres blessés furent emmenés à Lariboisière, le premier Henri-Louis Blaise un tapissier du quartier agé de 21 ans survécut lui aussi neuf jours (…)la troisième victime Marguerite Boivin couturière âgée de 37 ans qui faisait parti du groupe de femmes ayant arrêté la troupe et rallié les soldats, réussit à se rétablir au terme d’un séjour de 75 jours dans le lit 24 de la salle Sainte-Jeanne, d’une blessure des vaisseaux fémoraux. La descente des canons commença, mais, manquant d’attelage pour les emporter rapidement, les militaires restent sur place pendant que les montmartrois se réveillent et sortent de chez eux. Les tambours battent le rappel, les cloches de l’église Saint-Pierre sonnent le tocsin. La troupe est entourée par la foule, les Gardes nationaux se mêlent aux soldats. Le général Lecomte donne l’ordre de tirer sur la foule par trois fois, mais il n’est pas écouté, les soldats mettent la crosse en l’air. A 9 heures, le 88° régiment de ligne et les 152° et 228° bataillon fraternisent, le général est arrêté et conduit par ses officiers au « Château Rouge » siège du comité du XVIII°. Les gendarmes qui l’accompagnaient sont amenés à la mairie et retenus prisonniers".

...............................

A cinq heures 45, l'armée est maîtresse de Montmartre. le général Paturel, dirige l'opération de reprise des canons du Champs Polonais pour les conduire aux Invalides. Par bêtise ou impréparation, très peu de traits d'attelage, d'avant-trains et de chevaux sont mis à la disposition des soldats pour la descente, plutôt à pic, d'engins pesant parfois près d'une tonne.

A partir de 6 heures, les Montmartrois sont réveillés par le bruit des soldats, le roulement des canons, tandis que Louise Michel parcourt les rues en criant à la trahison. Des tambours battent le rappel, on fait sonner le tocsin de l'église Saint-Pierre. De partout, femmes, enfants et vieillard montent au sommet de la Butte. Le général Lecomte ordonne aux soldats du 88e de ligne, de charger leurs armes et de mettre baïonnette au canon. A l'ordre qui leur est donné de tirer sur la foule les soldats du 88e mettent la crosse en l'air, certains jettent leurs munitions. Le général Lecomte est capturé par des gardes nationaux et des soldats de ligne rebelles, qui le conduisent au poste du Château Rouge où il fut rejoint par le général Clément Thomas, surpris, boulevard Ornano ( ou rue des Martyrs alors qu'il inspectait une barricade). Les deux hommes sont conduits au siège du 61e bataillon. Là, une foule ivre de colère se saisit de Clément Thomas, le pousse dans la cour, le pousse contre un mur et le tue debout, le chapeau à la main. Lecomte est à son tour tiré de sa cellule et abattu par des balles de chassepot dans le dos par des soldats ivres de colère, quelques uns même perdant tout contrôle se précipitent et tirent à bout touchant les corps sans vie.

Place Pigalle, les soldats mettent aussi la crosse en l'air quand le général Susbielle ordonne de tirer sur la foule des Montmartrois descendus par la rue Houdon. alors, le général Susbielle, s'enfuit piteusement à cheval, perdant au passage son képi (il s'en souviendra en mai, lors de la reprise de Montmartre en massacrant sans pitié ceux qui passaient à sa portée).

...................................................

Voici quelques adresses de personnes présentes, habitant Montmartre ce jour là :  

Le « brave père Tanguy »était concierge à l’Hôtel Demarne au 10 rue Cortot  

Jean Baptiste Clément 10 Cité du Midi  

Georges Clemenceau place des Abbesses, à la mairie du XVIIIe  

Nina de Callias 17 rue Chaptal, Edmond Bazire est domicilié chez elle sur les registres du 116° bataillon.  

Vavraud libraire du 1 rue Bréda (Henry Monnier)  

le capitaine Mourot  Jean-Jules, employé, habitant au 100 boulevard de la Chapelle qui sera plus tard de garde à l’hôtel Thiers.  

  Le commissaire de police Martial Louis Antoine Noguès (14 rue Clauzel,)  

Sur les registres d'enregistrement des Gardes nationaux, un grand nombre ont été domiciliés à cette adresse... 

Les Mauté de Fleurville, Charles de Sivry, 12 rue Nicolet  

*Ces deux femmes étaient membres du Comité de vigilance du XVIIIe arrondissement.

**Cette partie de la rue des Rosiers avait changé de nom en 1868 pour s’appeler la rue de la Fontenelle. Elle fut en partie déviée lors de la construction de la basilique jusqu’à la rue de la Barre.

Pour ce qui concerne l’emplacement du poste du 61° bataillon, différentes hypothèses ont été avancées.

**Lecomte a déclaré à Clemenceau : »Je ne sais ce que l’on fait dans les émeutes d’un cadavre qu’on promène sur un brancard »  

Mon ami le professeur Jean-Paul Martineau ; une histoire de l’Hôpital LariboisièreL’Harmattan 2003  

Archives de la Préfecture de police, BHVP, Archives de l’Assistance publique, Sham, Archives de Paris, personnelles, La Commune de Paris, William Serman, Fayard 1986.   

Guide des sources du mouvement communaliste ouvrage collectif Paris 2006    

Pour les chercheurs :

ELUS DE LA COMMUNE
Références BnF
Département des Manuscrits 
ALLIX (Jules).
Lettre au feuillet 57 du volume NAF 24803 (Lettres adressées à Victor Hugo).
ARNOULD (Arthur).
Lettres aux feuillets 1 et 2 du volume NAF 16264 (Lettres adressées à Henri Marras).
Lettres aux feuillets 244 à 247 du volume NAF 24260 (Collection d’autographes formée par Félix et Paul Nadar).
Lettre dans le volume NAF 1301 (Collection de lettres originales de différents personnages du XVIIIè et surtout du XIXè siècle provenant de la succession du libraire Lefèvre)  
ASSI (Adolphe-Alphonse).
Dépêche au feuillet 145 du volume NAF 24371 ( (Papiers d’Ernest Picard) 
BERGERET (Jules).
Autographe au feuillet 7 du volume NAF 14696 (Album d’autographes et de dessins de personnalités photographiées par Félix et Paul Nadar). 
CLEMENT (Jean-Baptiste).
Autographe au feuillet 64 du volume NAF 14696 (Album d’autographes et de dessins de personnalités photographiées par Félix et Paul Nadar). 
COURBET (Gustave).
Copies de lettres aux feuillets 26 à 30 du volume NAF 15816 (Papiers Eugène et Jacques Crépet).
Portraits aux feuillets 124 et 125 du volume NAF 15138 (Papiers de Robert de Montesquiou).
Note au feuillet 85 du volume NAF 24839 (Autographes d’artistes et d’écrivains provenant de la collection de Marcel Guérin).
Lettres aux feuillets 350 à 352 du volume NAF 24266 (Collection d’autographes formée par Félix et Paul Nadar) au feuillet 354 du volume NAF 24801 ( (Lettres de Victor Hugo à Auguste Vacquerie) et au feuillet 139 du volume  NAF 24803 (Lettres adressées à Victor Hugo).
Lettre reçue au feuillet 256 du volume NAF 24802 (Lettres de Victor Hugo à divers correspondants). 
COURNET (Frédéric).
Lettres aux feuillets36 et 37 du volume NAF 16264 (Lettres adressées à Henri Marras) et aux feuillets 132-133 du volume NAF 25158 (Lettres adressées à Victor Hugo).
Lettre aux feuillets 327 et 328 du volume NAF 24900 (Papiers de Joseph Reinach, lettres et documents concernant Léon Gambetta). 
DELESCLUZES (Charles)
Lettre aux feuillets82 et 83 du volume NAF 14115 (Autographes de députés de l’Assemblée nationale, 1871, et pièces diverses les concernant).
Lettres au feuillet 367 du volume NAF 24267 (Collection d’autographes formée par Félix et Paul Nadar), aux feuillets 125 à 128, 132 à 138, 142 à 148, 156 et 158-159 du volume NAF 24409 (Lettres adressées à A. Scheurer-Kestner et à sa famille) et aux feuillets 331 à 339 du volume NAF 24900 (Papiers de Joseph Reinach, lettres et documents concernant Léon Gambetta). 
GAMBON (Charles-Ferdinand).
Lettre aux feuillets 310 à 313 du volume NAF 15508 (Lettres adressées à Edgar Quinet).
Lettre reçue aux feuillets 311 et 312 du volume NAF 15852  (Album de documents concernant Béranger).
Lettres aux feuillets 76 à 84 du volume NAF 24271 (Collection d’autographes formée par Félix et Paul Nadar). 
GROUSSET (Paschal).
Lettres aux feuillets 54 à 56 du volume NAF 13542 (Correspondance de Joseph Reinach) et au feuillet 204 du volume NAF 24272 (Collection d’autographes formée par Félix et Paul Nadar). 
JOURDE (François).
Lettre au feuillet 132 du volume NAF 24274 (Collection d’autographes formée par Félix et Paul Nadar). 
LONGUET (Charles).
Lettres aux feuillets 455 à 458 du volume NAF 24276 (Collection d’autographes formée par Félix et Paul Nadar). 
Documents le concernant aux feuillets 261 à 263 du volume NAF 15397 (Papiers Anatole France).
POTTIER (Eugène).
Lettres aux feuillets 614 à 617 du volume NAF 24281 (Collection d’autographes formée par Félix et Paul Nadar).
PYAT (Félix).
Lettres au feuillet 1 du volume NAF 14695 (Album d’autographes et de dessins de personnalités photographiées par Félix et Paul Nadar) et aux feuillets 212-213 du volume NAF 16274 (Lettres adressées à Louis Viardot).
Lettres aux feuillets 826 à 844 du volume NAF 24281 (Collection d’autographes formée par Félix et Paul Nadar).
Documents le concernant aux feuillets 845 à 848 du volume NAF 24281 (Collection d’autographes formée par Félix et Paul Nadar) et aux feuillets 78-79 du volume NAF 25016 ( (Papiers de Félix et Paul Nadar).
Lettre dans le volume NAF 21536 (Recueil de lettres autographes de divers personnages du XIXè siècle).
VAILLANT (Edouard).
Lettres aux feuillets 11 à 13 du volume NAF 13560 (Correspondance de Joseph Reinach) et aux feuillets 24 à 27 du volume NAF 24287 (Collection d’autographes formée par Félix et Paul Nadar).  
VALLES (Jules).
Lettres aux feuillets 208 à 230 du volume NAF 14687 (Recueil de lettres d’écrivains des XIXè et XXè siècles).
Lettres au feuillet 38 du volume NAF 24287 (Collection d’autographes formée par Félix et Paul Nadar), au feuillet 448 du volume NAF 24328 (Recueil de lettres et documents divers, XIXè-XXè siècles) et aux feuillets 338 à 351 du volume NAF 24524 (Correspondance d’Emile Zola).
Correspondance et œuvres : en cours de classement. Responsable : Madame Michèle SACQUIN. 
VERMOREL (Auguste).
Déclaration au feuillet 410 du volume NAF 25129 ( (Papiers Rouget de Lisle).
Note le concernant au feuillet 111 du volume NAF 14201 (Correspondance d’Ernest Renan).
Lettre au feuillet 58 du volume NAF 24370 (Papiers d’Ernest Picard).   
Inventaire de la Bibliothèque nationale de France en 2006 pour la rédaction du guide des sources de la Commune et du mouvement communaliste. 

Mise à jour le 18 mars 2015.

14/03/2015

une souscription pour sauver le château d'Alexandre Dumas

Par Bernard Vassor 

Dumas Château de Monte-Cristo 06.jpg

 VERSAILLES, 4 mars 2015 (AFP) - Une souscription publique a été ouverte auprès de la Fondation du patrimoine pour financer les travaux de restauration de l'ancienne demeure de l'écrivain Alexandre Dumas au Port-Marly (Yvelines), a-t-on appris de la directrice du domaine de Monte-Cristo.
       La propriété, sortie en 1844 de l'imagination de l'auteur des "Trois Mousquetaires" et dont le château est classé Monument historique, est menacée par l'humidité et l'usure.
       D'importants travaux, d'un montant estimé à 921.000 euros, sont nécessaires, précise la directrice Frédérique Lurol.
       "Des demandes de subventions auprès des financeurs publics ont permis de réunir un peu moins de la moitié de cette somme", a-t-elle fait savoir à l'AFP.
       Si le syndicat intercommunal qui gère le domaine parvient à récolter au moins 5% du montant des travaux via cette souscription, la Fondation du patrimoine apportera des aides complémentaires, sur ses fonds propres ou grâce au mécénat.
       Le syndicat exclut par contre d'augmenter le tarif des visites pour financer les travaux.
       En 1844, considérablement enrichi par ses succès littéraires, l'auteur faisait l'acquisition de terrains laissés en friche pour y faire construire la propriété dont il rêvait et qu'il voulait une "réduction du paradis terrestre".
       170 ans plus tard, les canalisations doivent être rénovées et un système de drainage périphérique mis en place afin de réduire l'humidité dans le bâtiment principal, le château de Monte-Cristo, du nom de l'un des plus célèbres romans de Dumas. 
       La restauration des toitures, des menuiseries et des vitraux de cette demeure de trois étages d'une centaine de mètres carrés chacun, de style néo-renaissance, aux façades de pierres sculptées, est également prévue.
       Le château d'If, le castel néo-gothique qui était le cabinet de travail de l'écrivain et dont le nom est aussi celui de la prison dans laquelle est enfermé Edmond Dantès, le héros du "Comte de Monte Christo", doit être entièrement rénové.
       Enfin, dans les trois hectares de jardins à l'anglaise aménagés de bassins et cascades, le dispositif hydraulique et de fontainerie doit être réparé au plus de près de son état d'origine.
       Il est possible de faire un don directement auprès du domaine de Monte-Cristo ou auprès de la Fondation du patrimoine par chèque ou en ligne

 Annonce et Bulletin de souscription :

 BS_monte cristo 03 02 2015 02.pdf  

 

08/03/2015

Ruben Alterio, le plus argentin des peintres parisiens

 
RUBEN sépia.jpg
Ruben Alterio dans son atelier parisien.
Décidément, cet artiste a tous les talents. musicien, peintre, décorateur de théâtre, il est connu et reconnu dans le monde entier.
Des admiratrices m'ont dit de lui : "C'est fou ce que Georges Clooney peut lui ressembler !"
Son atelier est un lieu magique ! En plein cœur de Montmartre, il jouxte celui de Renoir, qui a vécu là dans un appartement contigu et qui me provoque un pincement chaque fois que je gravis les marches du "cénacle" où se retrouvent parfois d'autres artistes aux expressions diverses.
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Né à Buenos Aires, Ruben Alterio grandit au sein d’une famille d’artistes peintres et de musiciens. Dès l’âge de 13 ans, il entre à l’école nationale des Beaux-Arts. En 1969, il part pour le Brésil et rencontre à Rio de Janeiro le peintre Alfredo Martinez Howard avec lequel il travaille et expose. En 1973, il s’installe à Paris, dans un atelier du IXè arrondissement. Il se consacre alors pleinement à la peinture et fait connaître également ses œuvres sur papier. Son intérêt pour les diverses manifestations artistiques le font collaborer aux happenings du groupe Urban Sax, participer aux représentations du "Théâtre en Poudre", illustrer des livres pour les Editions Assouline, ainsi que ceux des spectacles d’Alfredo Arias. Il crée les décors et les costumes du ballet B.R.V. de Nicolas Le Riche ainsi que ceux du ballet Don Quichotte de Marie-Claude Pietragalla. Ruben Alterio expose régulièrement en Europe et en Amérique. Il est aussi présent dans de nombreuses collections publiques et privées : 
Art Chicago. Art Palm Beach Floride. ArteBa'08 Buenos Aires. Art Expo San Francisco. Galerie I. Anchorena Buenos Aires. Galerie Le Feuvre Paris. Ambassade de Belgique Buenos Aires. Maison d'Argentine Paris. Artcurial Paris. Arthus Gallery Bruxelles. Galerie Flora J. Paris. Galerie Le Monde de l’Art Paris Galerie Bartsch et Chariau Munich Allemagne. Galerie Lézard’ailleurs Saint-Remy de Provence. Gallerie Nikki Diana Marquardt Paris. Galerie Contempora Buenos Aires. Galerie Argentine Ambassade d’Argentine Paris. Mairie du 9ème Paris.Palais de Chaillot Paris. Festival d’Angoulème. Fondation Georges Pompidou Cajarc. Conservatoire de musique du IXème Paris. Espace Pierre Cardin Paris. Touring Club Buenos Aires. Palais Galliera Paris. Fondation E.M.A - Christie's MALBA Museum Buenos Aires. Musée de l’Agriculture Chartres. Centre Georges Pompidou Paris. Sénat Paris. Paris Collectivo El Sur Paris. Stadt Museum Berlin. Zahm, Allemagne. Neiman Marcus Etats-Unis. Junko Shimada Japon. Kunstbibliothek Allemagne. AGF, Monsieur Albert Frère France. Taittinger-Hennessy Champagne. Fashion Institut of Technology collection N.Y. Chateau de Fernelmont Belgique. Laurent Strouk Paris.   
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VOUS POUVEZ AUSSI LE RETROUVER SUR SON SITE  :

http://www.rubenalterio.com

Mise à jour le 8 mars 2015