25/05/2015
Pour que la salle Rossini de la mairie du 9° arrondissement porte aussi le nom de "Salle Darcier".
PAR BERNARD VASSOR
JOSEPH LEMAIRE DIT DARCIER
J'ignore quel est le crâne d’œuf qui eut l'idée de baptiser la "salle Rossini". Même si Gioachino a bien habité l'endroit AU 10 BOULEVARD MONTMARTRE, établi de décembre 1824 à août 1829, pour un loyer de 900 francs par mois (une quittance de loyer existe aux archives de la bibliothèque de l'Opéra de Paris), c'est bien avant le percement du passage Jouffroy. L'immeuble fut démoli en 1835.
En revanche, Darcier fut et est bien l'âme de la salle de spectacle qui existe encore aujourd'hui.
Le chansonnier des sublimes !
Aujourd'hui oublié, Joseph Lemaire dit Darcier né en 1819, débuta sa carrière en 1842 sur les théâtres de banlieue, dans l'emploi de jeune premier dans les drames populaires : La Dame de Saint-Tropez.
Lemaire, cependant, n'avait pas de vocation théâtrale décidée; c'est la carrière lyrique qui lui convenait davantage,et les précieuses leçons de chant et d'harmonie, que lui donnait Delsart ne pouvaient que le confirmer dans sa détermination.
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En 1848, les élèves manquèrent à Darcier.; il entra alors,comme chanteur,dans un petit café du faubourg Saint-Martin.Là, un acteur qui doublait Lafont aux Variétés, un certain Romand, l'entendit, se prit d'enthousiasme et fonda ,un Estaminet lyrique,à l'entrée du passage Jouffroy (actuel numéro 11). Située au premier étage, la salle du nouveau concert précédemment occupée par un club, était étroite, longue et pourvue d'une scène. Dès les premiers soirs,le succès de Darcier fut immense. Les chansons de Pierre Dupont, d'abord, défrayèrent le programme: les Louis d'or, le Pain, la Vigne,produisaient, grâce à l'interprète, un effet irrésistible; puis Darcier varia son répertoire avec les refrains nouveaux de Gustave Mathieu, de Gustave Nadaud et de Charles Vincent. Sans dédain pour les œuvres légères, il ne craignait pas de chanter, après Déjazet, le Postillon, de Bérat, et la Tirelire à Jaquot,de Clapisson, après Géraldy; ces audaces étaient justifiées par les bravos du tout Paris qu'il faisait,en outre, juge de sa valeur créatrice en lui soumettant ses musiques écrites sur le Bohémien de Mathieu, sur Mam'selle Marie de Boudin, et vingt autres compositions qu'on s'accordait à trouver remarquables. La vogue de Darcier dura deux années,accrue encore par l'ouverture des concerts populaires de La Fraternité,à la salle Martel. Deson fait, Jean Raisiny naquit pour vivre jusqu'aux derniers jours de la chanson française.L'artiste se partageait, sans fatigue et avec des chances égales,entre La Fraternité et L'Estaminet lyrique. Le théâtre des Variétés, proche voisin de ce dernier concert, finit par s'émouvoir d'une concurrence redoutable; il engagea Darcier, mais pour le soumettre au débilitant régime de 1a romance: ainsi compris,le traité n'eut et ne pouvait avoir qu'une courte durée. Affranchi, Darcier composa les airs superbes des chansons de Charles Gille, entreprit une excursion en Belgique,et chanta successivement à Lyon,à Marseille, au Havre et dans quelques autres villes; la province et l'étranger ratifièrent les favorables jugements de Paris,(...)
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Croqué ici par Nadar dans le fameux "PANTHEON"
L'éclatant succès remporté par sa sœur de un an son aînée, sous le nom de Mademoiselle Darcier , à l'Opéra-Comique, amena Joseph, à abandonner son nom pour adopter celui celui de sa sœur qui remportait un immense succès comme chanteuse.
Célestine-Hyacinthe Darcier 1818-1870, a été une cantatrice mezzo-soprano, elle débuta à l'Opéra-comique le 21 mars 1840, allant de triomphe en triomphe. Elle quitta la scène 10 ans après pour se marier en 1850 et prendre le nom de Mamignard. Elle fit un bref retour à l'Opéra en 1852
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Les chansonniers qui alors contrebalançaient son immense popularité, étaient Gustave Leroy et Charles Gille. Ils formaient un triumvirat qui avait toutes les sympathies de la population ouvrière.Leurs noms étaient connus et appréciés à leur juste valeur dans tous les ateliers des faubourgs et de la banlieue. Colmance aimait la vie ouvrière avec ses vertus et ses défauts, ses excentricités et ses débauches. Il aimait à fréquenter l'établissement de ce cher ami Savart, vigneron de la rue Conrad à Charonne. Ah! qu'il était heureux en ce temps-là, où il avait la gaieté et la santé, de pouvoir aller avec quelques camarades se balader aux environs de Paris ! À Bagnolet, à Saint-Ouen ou à Argenteuil (lieux fréquentés aussi par Jean Baptiste Clément), manger une gibelotte de lapin Dans ces agapes fraternelles, on était quelquefois à court d'argent, mais jamais d'esprit. L'esprit servait d'assaisonnement aux plats et donnait un fumet particulier et de bon aloi au petit bleu ou à la piquette aigrelette du cru.
Cette oeuvre musicale de Darcier fut interprétée par Antoine Renard, le compositeur du
"Temps des cerises"
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Pendant la seconde partie du XIX° siècle Joseph Lemaire fut l'artiste le plus choyé, on l'aimait, on l'applaudissait dans toutes les goguettes où il se produisait. Voici les noms des principales goguettes où il était devenu un demi-Dieu : Les Templiers, rue Saint-Martin , Les infernaux, rue de la Grande-Truanderie, Le Sacrifice d'Abraham, en face du Palais de Justice, La Pipe, rue Frépillon; Les Épicuriens,rue de Vendôme les Insectes, boulevard de la Chopinette, le Lièvre et le Lapin, à Belleville; Les Enfants du Temple et Le Banquet du Jeudi ou les Lapiniers. Ce fut dans cette goguette des Lapiniers que, vers 1842, il chanta le Cochon d'Enfant, la Gueule à quinze ans, une Noce à Montreuil, ce titre de la chanson une Noce a Montreuil,nous rappelle M. Denis Poulot :
Si nous allions à Montreuil.
Allons, viv'ment qu'on s'embarque.
«J'possède un' couple d'écus.
Tapez, tapez-moi là-d'ssus,
Tapez, tapez-moi là-d'ssus,
Savart, craignant qu'y' n' s'insurge,
Tapez, tapez-moi là-d'ssus.
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L'ESTAMINET LYRIQUE DU PASSAGE JOUFFROY,
Avant qu'elle ne devienne la salle Rossini :
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