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16/01/2009
Les premiers spectacles nus au théâtre
Par Bernard Vassor
Le Coucher d'Yvette
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D'après de nombreux historiens du spectacle, la première représentation "deshabillée" eut lieu au Divan Japonais rue des Martyrs. L'erreur est double, il existait bien avant la salle de la rue des Martyrs (75) selon des mémorialistes, dans le passage de l'Opéra, le "Théâtre naturaliste de Monsieur Chirac" où des comédiens jouaient des scénetttes dans le plus simple appareil. La deuxième erreur consiste dans le fait que la salle que Maxime Lisbonne, ancien communard, avait repris à Jehan Sarrazin, s'appelait "Les Concerts Lisbonne". Il fut donné une pièce intitulée "Le Coucher d'Yvette", qui avait été refusée par l'Eden-Théâtre. C'était une pantomime musicale, streep-tease bien innocent; en effet, la comédienne Blanche Cavelli, enlevait lentement ses vêtements derrière un paravent à contre-jour, mais conservait, ce que les spectateurs ne pouvaient pas voir, de quoi préserverson intimité. La censure interdit aussitôt le spectacle en public, mais Maxime Lisbonne contourna la difficulté en ne présentant son spectacle que sur invitation. Le spectacle fut repris ensuite à l'Alcazar d'été (aux Champs Elysées). C'est en 1900, que les choses sérieuses apparurent; deux salles : "le Little-Palace" et "les Folies-Pigalle" proposèrent des exhibitions de tableaux lascifs "purement lubriques"selon les censeurs. Bien sûr, la police et les tribunaux mirent fin à un tel scandale! En appel, les contrevenants ayant été acquittés, le ministère public obtint la condamnation sous la présidence de monsieur Landry, sous la qualification d'outrages publics à la pudeur. La chambre avait fait une distinction entre le nu artistique et le nu obscène. D'une part, le fait de faire représenter au théâtre des scènes dans lesquelles figurent des femmes nues ne constituait pas le délit d'outrage public à la pudeur, lorsqu'il résultait des diverses précautions prises, des jeux de lumière combinés, de la disposition de gaze faisant écran avec le public et de l'éloignement des actrices, de leurs poses purement plastique, immobiles, et dégagées de toute intention lascive !!!
Les Folies-Pigalle
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Le tribunal acquitta le directeur du théâtre des Folies-Pigalleet trois de ses pensionnaires, mais d'autre part considérant que le délit d'outrage à la pudeur était établi, il condamna monsieur Chatillon directeur du Little-Palaceà trois mois de prison, et deux artistes à quinze jours avec sursis à madame Bouzon, dite "Sergine Charley" et la même peine à mademoiselle Blanche Lepelley dite "Liliane". Il y eut aussi l'affaire des "Folies-Royales" dont le diecteur Gohen, dit "Dikson" écopa de trois mois de prison; Germaine Duhault, dite "Deslys" "bénéficièrent" elles, de quinze jours sans sursis.
Voilà la triste histoire des pionniers de la gaudriole....
17:18 Publié dans HISTOIRE ANECDOTIQUE | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
Un projet de numérotage des rues de Paris par Pierre Ambroise Choderlos de Laclos,
Par Bernard Vassor
Nous connaissons tous l'agitateur politique, qui eut une part de responsabilité dans la révolution française, l'écrivain pervers, qui, pour se désennuyer un peu avait rédigé quelques pièces légères, et, sous une forme épistolaire, un roman "qui brûle comme de la glace" a dit Baudelaire. Espion à ses heures, militaire de carrière, la parution de son livre en 1782, considéré par sa hiérarchie comme une attaque contre l'aristocratie et la monarchie, le conduisit dans un exil, loin de Paris. Ce que l'on connaît moins de Pierre Ambroise François Choderlos de Laclos (1741-1803) c'est qu'il envisagea un projet de numérotage des maisons des rues de Paris. Au XVIII° siècle, la difficulté de la géographie parisienne ne permettait que difficilement de se rendre dans un lieu donné, faute de repaire autre que les enseignes qui seules pouvaient renseigner surl'adresse d'une maison. En 1779, un journaliste de "l'Almanach de Paris", Martin Kreenfelt de Storks, avait demandé l'apposition à toutes les portes de toutes les rue et non pas sur les façades. Il commanda lui-même à ses frais pour en faire la démonstration d'abord rue de Gramont, puis ensuite toutes les maisons entourant l'Opéra-Comique.
Laclos lui, proposa au "Journal de Paris"un système de découpage par secteurs égaux, désignés par des lettres de l'alphabet, ensuite, à l'intérieur de ses secteurs de numéroter les rue en affectant les numéros impairs aux rue parralèles à la Seine, et les pairs, à celles qui lui sont perpendiculaires. Les adresses seraient donc ainsi libellées : Monsieur Vassaux, quartier R, rue c, numéro 21.
La Révolution et la division administrative en 48 sections mit fin à toute tentative de l'application de ce système.
Voici le texte du projet de Laclos :
"Il me semble que tout le monde dans Paris, souffre plus ou moins de la difficulté d'en connître assez les rues pour être assuré de pouvoir arriver aux lieux où l'on veut se rendre.(...) La prodigieuse quantité de rues nouvelles, qu'on a faites depuis quelques années a beaucoup empiré le mal; car on ne trouve presque plus de cochersà qui quelques unes de ces rues nouvelles ne soient totalement étrangère (...)
Le moyen que j'ai à proposer est simple et peu coûteux; il ne demanderait de la part de l'administration, que de faire ajouter à l'écriteau sur lequel est le nom de chaque rue une lettre et un numéro; et de la part des habitants que de connaître les lettres et les chiffres. (..) Soit Paris considéré comme un carré de 4 mille toises de côté, et divisé en deux parties égales par la rivière qui le traverse; cette rivière deviendrale côté commun de deux parallélogrammes égaux, situés sur ses rives droite et gauche, ayant chacun 4 mille toises de base sur 2 mille toises de hauteur (...) Chacune de ces divisions formera un quartier de Paris. On aura donc 10 quartiers sur la rive droite et dix quartiers sur la rive gauche. (...) Ce léger travail une fois fait, toute personne connaîtra facilement la situation respective de chaque quartier dans la ville, celle de chaque rue, et celle de chaque maison dans la rue. (...) Je le répète, ce projet me paraît utile et le moyen le plus simple peu coûteux, je crois qu'il sauverait d'un grand embarras aux étrangers et quelques fois même à la plus grande partie des habitants"
Signé : Choderlos de Laclos
Capitaine d'artillerie
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L'idée de Choderlos de Laclos, même si elle ressemblait à un casse-tête chinois par certains angles, n'était pas si mauvaise. On a adopté ensuite le principe de numéroter dans le sens du cours de la Seine pour point de départ et curieusement la division de Paris en 20 "quartiers".
10:01 Publié dans HISTOIRE DE PARIS | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
15/01/2009
La maison de la rue Blanche du docteur Félix Allard
Par Bernard Vassor
Un hôtel particulier, 21 rue Blanche, avec de véritables salons de remise en forme ( de tortures) à tous les étages,
pour « la robustification » des organismes fragiles
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La visite de toutes les salles d’appareillage de cet établissement de remise en forme, était une véritable curiosité au début du vingtième siècle, elle le serait aujourd’hui encore.
Pour lutter contre les effets du vieillissement, des troubles du système nerveux, de l’obésité, de l’arthritisme de la locomotion et de toutes les affections de la sédentarité, des appareils utilisant toute la gamme des procédés physique et mécaniques.
Le « docteur »Allard était un ancien préparateur de physique à la faculté, c’est à dire un professeur de gymnastique ! Ce métier, depuis que Napoléon III avait été un fervent adepte de musculation, avait connu une grande vogue, et nourrissait grassement ses prosélytes.
Certaines salles étaient adaptées aux bains locaux d’air sec et surchauffé, la douche d’air sec et chaud, douche d’air et d’eau de Vichy !
Bains locaux et généraux hydro-électriques
(on dirait aujourd'hui :baignoire Claude François, pour les amateurs d'humour noir)
Le service d’électrothérapie comprenait des appareils à courant galvanique faradique, ondulatoire et sinusoïdaux. L’électricité statique, les courants de haute fréquence de d’Arsonval.
Courants de haute fréquence d'Arsonvalisation.
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Les courants de haute fréquence disait la réclame, "augmentent la combustion organique, de plus ils augmentent l’activité de la circulation de la peau et diminuent la sensation de froid si pénible à beaucoup d’arthritiques".
les inhalations d’ozone, l’électro-aimant, les bains locaux et généraux de chaleur radiante lumineuse, appelés appareils Dowsing, enfin les rayons X , dont les effets bienfaisants sont bien connus à forte dose !.
Pour les agents mécaniques, il y avait deux salles de culture physique, française et suédoise, de la mécanothérapie avec massage vibratoire électrique.
Pour les femmes, un salon était réservé pour le traitement des affections gynécologiques par l’électrothérapie et des bains de lumière.
Bain Dowsing général à chaleur lumineuse.
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Cette adresse doit rappeler à beaucoup que depuis 1940, c"était l'École Nationale des Arts du Théâtre(fermée en 1997), fort réputée et qui vit naître bon nombre de grands talents dont vous trouverez une liste non exhaustive à la fin de cette notice.
Cet hôtel a été rachété par la Ville de Paris depuis quelques années, la municipalité n'a pas encore trouvé le temps de réparer les vitres qui sont rafistolées avec de l'adhésif d'emballage, laissant ainsi se délabrer cette magnifique maison chargée d'histoire.
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Quelques noms de comédiens "sortis" de cette école d'art dramatique : Michel Aumont, Guy Bedos, Bernadette Bernard, Dominique BesnehardBernard Blier, Evelyne Bouix, Isabelle Carré, Roger Coggio, Fanny Cottençon, Clothide Courau, Jérôme Deschamps, Georges Descrières, François Florent, Catherine Frot, Nicole Garcia, Annie Girardot, Isabelle Huppert, Francis Huster, Irène Jacob, Marlène Jobert, Jean-Pierre Marielle, François Morel, Jean Poiret, Daniel Prévost, Emmanuelle Riva, Jean Rochefort, , Michel Serrault, Jacques Weber, Mouloudji, Rufus.
Mise à jour le 15 janvier 2008
16:24 Publié dans HISTOIRE DE PARIS | Tags : michel aumont, guy bedos, bernadette bernard, dominique besnehardbernard blier, evelyne bouix, isabelle carré, roger coggio | Lien permanent | Commentaires (3) | | | | Digg
Un prince Grimaldi de Monaco, "figurant" dans un théâtre du Boulevard du Crime
Par Bernard Vassor
"Bah ! prince comme moi, prince de Vaudeville,
Comme Scribe chez nous en a couronné mille,
Je crois qu'en se couchant un peu sur le côté
Il couvre le terrain de la principauté."
Mery : L'Univers de la Maison.
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Le passage de cette comédie en vers jouée à l'Odéon le 9 septembre 1846, a beaucoup fait rire. Dans la salle, un spectateur de marque, le prince de Monaco entre 1841 et 1856,
Florestan Ier, comte Grimaldi, assistait à cette première représentation. Les lorgnettes étaient
toutes tournées vers sa loge. Florestan Ier, ....bon prince, applaudissait à tout rompre. Chacun dans l"assistance savait qu'avant son intronisation, Florestan avait été figurant au
Théophile Gautier, selon le témoignage de
Théophile Gautier. D'autres prétendirent que c"était sur les planches de
l'Ambigu-Comique,que le cadet des Grimaldi qui n'était pas destiné à
rainier,se soit produit vers 1830 dans le théâtre fondé par
Nicolet en 1769. On peut mettre tout le monde d'accord en supposant qu'il ait pu donner de sa personne dans plusieurs salles ?
12:38 Publié dans HISTOIRE DE PARIS | Tags : théophile gautier, florestan ier, grimaldi | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
14/01/2009
Le livre polisson d'un policier pervers, chef de la sûreté
Par Bernard Vassor
Ce livre, digne de figurer dans une anthologie d'ouvrages érotiques est une collection d'histoires authentiques, racontées par un ancien chef de la Sûreté Marie-François Goron, à la fin du XIX°siècle.
"L'Amour à Paris, Paris, Jules Rouff & Cie, (sans date)1900.
L'Amour criminel et les Industries de l'Amour, divisé en deux volumes :
1.... Les Parias de l'Amour
2. Le Marché aux femmes.
Illustré de nombreuses figures de J. Wely, cet ouvrage décrit avec complaisance les bas-fonds de la société : "Le monde infâme des pierreuses et des souteneurs" puis "Le souteneur et le voyou tueur de filles" et "Le bourgeois assassin" et toute une galerie de personnages le plus souvent répugnants.
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Les services de la Sûreté se trouvaient dans un appartement sombre et insalubre du quai de l'Horloge. C'est Goron qui inaugura les bureaux du quai des Orfèvres.
Après avoir quitté ses fonctions, le chef de la Sûreté Maie-François Goron ouvrit une agence de détective privé et se lança dans une carrière littéraire où il écrivit (avec des porte-plumes) une série d'ouvrages d'études policière.
22:56 Publié dans HISTORICO-LITTERAIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
La dernière compagne, et les derniers domiciles d'Henri Murger
Par Bernard Vassor
C'est au mois d'août 1848, qu'Henri Murger rencontra celle qui fut sa dernière compagne Anaïs Latrasse. Murger habitait alors 48 rue Notre-Dame de Lorette (ancienne numérotation), dans un grand appartement, riche pour une fois, après le succès des "Scènes de la Vie de Bohème" au théâtre des Variétés. Ils déménagèrent, ensuite au 80 rue de Clichy, puis 70 rue Truffaut. IL faisait de fréquents séjours en forêt de Fontainebleau à l'auberge du père Saccaut. De retour à Paris, ils s'installèrent quelques temps rue Neuve-Coquenard (rue Lamartine). Ses déménagements était entrecoupés de séjours à l'Hôpital Saint-Louis, et à la Maison de Santé Dubois que les lecteurs de mes notices doivent maintenant connaître par coeur.
Comme ils ne restaient jamais en place, ils allèrent habiter un petit pavillon qui se trouvait au 11 rue Véron.
Enfin
au début du mois de janvier 1861, le 8 précisément selon la quittance de loyer, Henri et Anaîs, vinrent loger
16 rue Neuve-des-Martyrs* au cinquième étage. Le samedi 26 janvier,Murger qui avait toute sa vie souffert d'un "purpura" compliqué d'une atteinte de la syphillis, fut victime d'une attaque, une douleur violente, une artère bouchée, il fut conduit à la Maison Dubois rue du faubourg Saint-Denis. Le tout Paris des lettres vint assister à son agonie. Il est mort le 29 janvier. Une foule considérable suivit son corbillard, du faubourg Saint-Denis jusqu'au cimetière Montmartre.
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* La rue fut ouverte sous ce nom en 1870; elle prit ensuite le nom de rue Morée ( numérotage en 1877) pour recevoir ensuite le nom de rue Manuel (en 1887), en hommage au député Antoine Manuelexpulsé de la Chambre des Députés pour avoir soutenu des opinions libérales, qui vécut au 19 rue des Martyrs. Le cortège funèbre rassembla 100 000 personnes de la rue des Martyrs au Père Lachaise.
11:34 Publié dans Histoire littéraire | Tags : 16 rue neuve-des-martyrs, manuel, murger, anaïs latrasse | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
13/01/2009
Le repos obligatoire du dimanche
Par Bernard Vassor
Le Club des Jacobins, an II.
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La séance du 25 ventôse an 2° de la République une et indivisible :
Décade, un membre a dit qu'il était fatigant de voir les ouvriers de la Commune n'étaient point à la hauteur de la Révolution, n'observaient encore par un repos d'habitude et de fénéantise le cy-devant dimanche, de sorte que la loy à cet égard était méconnue; que^pour les détourner de ce jour de fénéantise, il fallait changer l'ordre des marchés, il fallait que chaque membre observât et fit observer chez lui strictement le repos consacré à la décade et travailler les jours appelés cy-devant dimanches.
Un autre membre a dit que la douceur était le meilleur dans la circonstance, chacun étant libre de ses actions et de son culte; et que puisque plus on prendrait des précautions pour obliger les citoyens ouvriers et autres à travailler le cy-devant dimanche, moins on réussirait; que le meilleur party encore une fois était celuy de la douceur de l'instruction et de l'exemple.
En conséquence, la Société a arrêté que tous ses membres demeurent invités à observer et faire observer chez eux strictement le jour de la décadeet à donner l'exemple du travail le jour cy-devant du dimanche.
Aux Jacobins, le 2 ventôse an II
15:53 Publié dans HISTOIRE ANECDOTIQUE | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
Les petits théâtres du boulevard du Temple, cinquième partie
Par Bernard Vassor
Les principaux théâtres qui ont existé de 1791 jusquà leur démolition en 1861 sur le boulevard du Temple
et dans les environs
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Cette liste est loin d'être complète, il faudrait l'érudition de Marie-Pierre Rootering et de Jean-Claude Yon réunis pour mener à bien une étude plus sérieuse...
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En plus des théâtres cités dans les notices précédentes :
Le Théâtre patriotique, qui avait pris ce nom, pendant la révolution. Il devint ensuite le Théâtre de madame Saqui, puis de Monsieur Dorsay, pour s'appeler en dernier lieu : "Les Délassements-Comiques". Le Théâtre Nicolet était devenu sous la direction de Ribié, "Le Théâtre d'Emulation".
En 1807, un décret stupide réglementa de façon arbitraire et supprima la presque totalité des spectacles du boulevard qui bénéficiaent d'une relative liberté, même pendant les pires jours de la révolution; la comédie légère fut bannie.
Le Théâtre du café Yon, qui était juste à côté de la maison où Fieschi fit exploser sa machine infernale. On y chantait et faisait rerprésenter des vaudevilles et opéras à trois personnages.
Rue de la Culture-Sainte-Catherine, il y avait "le Petit Théâtre du Marais". A l'angle de la rue d'Angoulème et du boulevard, une minuscule salle existait dont le nom a été oublié ....
Il y avait également sur le boulevard, "Le Théâtre des Associés", "Les Folies-Dramatiques", "Le Théâtre Beaumarchais", "L'Ambigu-Comique", dont Cormon, un des "nègres" de Labiche fut directeur, "Le Théâtre du Panorama dramatique", "Le Théâtre du Boudoir des Muses", "Le Théâtre des Jeunes Artistes", "Le théâtre des Jeunes Elèves", "Le Théâtre de la Cité"construit sur les ruines d'un ancien cloître.
Le spectacle sur le boulevard commençait à midi par des "parades en plein vent" Les bâtisses éclairées au gaz, les trottoirs que l'on venait de recouvrir d'asphalte sur lesquels une foule riante, échevelée tentait de se faufiler entre les échoppes en bois des marchands, devant des cafés borgnes où étaient dressées des estrades pour bonimenteurs dans une ambiance de kermesse, ou le promeneur ne savait où donner du regard : ici, sans bourse délier on regardait une femme de huit cents livres, à côté, de blondes jeunes filles dansaient sur des barres de fr rouge, là un mini carrosse était tiré par des puces. L'homme squelette déclarait d'une voix lugubre qu'il n"jamais connu la maladie de sa vie, le Bobèche et Gallimafré se disputaient sur leurs trétaux, le chien Munito, exécutait mille et un tours savants et le père Rousseau débitait sa rengaine :
"C'est dans la rade de Bourdeaux,
Qu'est s'arrivé sur trois gros vaisseaux,
Les matelots qu'étaient dedans,
Vain Dieu, c'étaient de bons enfants".
Le père Rousseauà qui on ne rendra jamais assez hommage, avait une figure rubiconde, avec ses clignements d'yeux complices, il avait une tournure volontairement grotesque, des grimaces, une voix de rogomme, il haranguait la foule avec des quolibets d'une hardiesse qui surprenait, tout cela entremêlé de hoquets d'ivrogne feint. Il était tout à la fois le bon peuple, la fantaisie, la finesse parfois et la passion vulgaire. Il personnifiait Turlupin, Polichinelle, Paillasse et Pierrot réunis.
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Nous réservons pour la semaine prochaine le "Théâtre Historique" d'Alexandre Dumas.
A suivre donc.....
La démolition des théâtres en 1861
10:39 Publié dans HISTOIRE DE PARIS | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
12/01/2009
Les petits théâtres du boulevard du Temple, quatrième partie
Par Bernard Vassor
Les théâtres du boulevard, avant la révolution.
Les théâtres du boulevard du crime.
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.....Avant la révolution de 1789, il n'y avait sur le boulevard du Temple que peu de théâtres :
Le spectacle des Associés d'Audinot, dont le directeur était un nommé Salé, qui devint plus tard "L'Ambigu-Comique".
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Les Grands danseurs du Roi, fondé par Nicolet.
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Le Théâtre de Lazzari créé par un sieur Tessieren 1777, en face de la rue Charlot porta d'abord le nom de Théâtre des élèves de Thalie, puis Théâtre des Elèves de l'Opéra. Ce théâtre reçut la visite de l'envoyé spécial des Etats-Unis Paul Jones, héros de la guerre d'indépendance i On joua à cette occasion une pantomime où Parisot tenait le rôle "du comte d'Estaing".Lequel "d'Estaing Parisot", ne payant ni factures ni entrepreneurs, le roi lui fit fermer boutique. Relevé pendant la révolution par un italien nommé Lazzari, lui-même comédien, d'une légèreté incroyable, un des premiers grands transformistes, faisant des tours d'adresse remarquables. il composait lui-même ses pièces qu'il interprétait avec brio. A côté de vaudevilles poissards, il jouait avec courage ce que l'on appelle aujourd'hui un théâtre engagé,
par exemple : "L'ombre de Jean-Jacques Rousseau" et "La Liberté pour les nègres". Ce qui ne fit pas plaisir à tout le monde, son théâtre fut l'objet d'un incendie criminel le 30 mai 1798 à 9 heures le soir.
Ruiné par ce sinistre, Lazzari mit fin à ses jour en se brulant la cervelle.
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Le Manège Astley au faubourg du Temple, repris par Franconi, qui en fit le Cirque olympique, dans les salles du manège on y jouait des pantomimes.
Le Théâtre des Délassements comiques, construit entre l'Hôtel Foulon et le Cirque Olympique, par un pseudo Aristide Valcour, -Philippe-AristideLouis-Pierre Plancher de son nom de baptème. Il est mort à Belleville en 1815. Le théâtre fut dévoré par les flammes en 1789. Reconstruit, c'est un certain Coulon qui en prit la direction. L'anarchie la plus complète y régnait, les spectacles se succédaient sans aucune continuité, aux pantomimes succédaient des numéros de cirque, ou bien des récréations amusantes. C'est ainsi qu'un "physicien" célèbre nommé Perrin, donna un spectacle dont voici l'affiche :
Le Salon des Figures de cire de Curtius, à la place qu'occupera plus tard le Théâtre des Funambules.
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Nicolas-Médard Audinot(1732-1811) est venu très jeune à Paris, où après avoir travaillé chez son frère perruquier faubourg Saint-Honoré, il se produisit comme comédien à la foire Saint-Laurent. Refusé à la Comédie-Française, il ouvrit une baraque à la foire Saint-Germain, pour y donner un spectacle de marionnettes, caricaturant de façon grotesque les acteurs et actrices du théâtre des Italiens. Ces caricatures qui faisaient éclater de rire les spectateurs, fit venir le tout-Paris. Le succès et la fortune, lui permirent de louer boulevard du Temple un terrain sur lequel il fit bâtir le Théâtre de l'Ambigu-Comique qui fut inauguré le 9 juillet 1769. Il abandonna les marionnettes pour les remplacer par des enfants. La liberté alors était totale, et certains spectacles qui devinrent grivois furent fréquentés par les dames de la cour.
Dans les Mémoires de Bachaumont, en 1771, nous lisons ce passage :
"Les amateurs du théâtre sont enchantés de voir la foule de porter à l'Ambigu-Comique, pour y applaudir la troupe d'enfants qui y font fureur; (...) Mais les partisans des moeurs gémissent sincèrement sur cette invention, qui va les corrompre jusque dans leur source, et qui, par la licence introduite sur cette scène, en forme autant une école de libertinage que de talents dramatiques".
L'archevêque de Paris se plaignit à monsieur de Sartine, le Lieutenant général de Police, de ce que, dans une pièce donnée par Audinot, un grand-prêtre était représenté dans une robe ressemblant à une aube. Sartines ne prit aucune mesure, et la pièce continua à être jouée, et le public d'y assister de plus belle en raison de la publicité donnée par l'archevêque.
Son théâtre fut en butte à la jalousie des grands, mais une opportunité le mit à l'abri de ses détracteurs. La Du Barry, chargée de "tous" les plaisirs du roi , fit venir Audinot et sa troupe à Choisy pour distraire sa majesté et ses enfants. Les pièces jouées "d'une morale peu épurée" étaient dues à une comédie en prose du très libertin Nogaret, intitulée, ironie de la programmation : "Il n'y a plus d'enfants".
Le spectacle se termina par un "Chat Botté" ballet pantomime et une contredanse très polissonne : "La fricassée".
La Du Barry riait à gorge déployé, et le roi souriant ne parut pas offusqué....
Laissons là Audinot, nous le retrouverons après la révolution dans une autre notice !
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Venons-en maintenant à Jean-Baptiste Nicolet
Inscription sur le Théâtre de la Gaité
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Jean-Baptiste Nicolet,est né le 16 avril 1728 à Paris, rue du Coeur-Volant, mort rue des Fossés-du-Temple le 27 décembre 1796.
Son père, Guillaume Nicolet, était avec sa femme Jeanne née Marlon, montreur de marionnettes aux foires Saint-Germain et Saint-Laurent. Devenu âgé Guillaume céda sa loge à son fils aîné
Jean-Baptiste prit donc la succession de ses parents, mais adjoignit à ses poupées de chiffon, des acteurs naturels qui jouaient des petites pièces, tandis que lui-même tenait après la parade extérieure des rôles d'Arlequin. En 1759, il reprit sur le boulevard du Temple la salle de spéctacle mécanique Fauré, pour y faire jouer des pièces du répertoire de la Comédie-Italienne et des opéras-comiques. Il acheta ensuite un terrain plus grand sur le boulevard, et fit comblerr les fossés construire une salle qu'il appela "le Théâtre Nicolet" en 1867. C'est ce théâtre qui passe pour être le plus ancien du boulevard du Temple. En 1773 il demanda, et obtint l'autorisation de l'appeler le "Théâtre des Grands Danseurs du Roi" qu'il s'empressa de débaptiser au début de la révolution pour lui donner le nom plus neutre de "Théâtre de la Gaité"
Nicolet y fit jouer un acteur qui surpassait tous les autres qui devint la coqueluche des parisiens, mais surtout des parisiennes. C'était un comédien très instruit qui éxécutait avec beaucoup d'intelligence des scènes désopilantes. C'était un singe qui réussit même le tour de force de remplacer le comédien Molé de la Comédie-Française, enrubanné, affublé d'une robe de chambre avec un bonnet de nuit, il joua si bien que des chansonniers s'emparèrent de son personnage :
"Quel est ce gentil animal,
Qui dans ces jours de carnaval
Tourne à Paris toutes les têtes,
Pour qui l'on donne des fêtes ?...
Ce ne peut être que "Molet",
Ou le singe de Nicolet."
L'animal faisait de temps en temps de petits tours dans la salle pour s'asseoir sur les genoux de quelques belles aux yeux doux.
Nicolet après avoir donné des spectacles de marionnettes, d'animaux savants, de pantomimes et de danse de cordes, fit représenter des pièces grivoises et des arlequinades parfois osées....
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Nous avons déjà publié une notice pour le salon de figure de Curtius, et largement évoqué le théâtre des funambules avec Deburau.
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LE SIGNE ET LA CONSIGNE, parution fin janvier, un essai sous la direction de Philippe Hamon, professeur émérite à l'université Paris III Sorbonne Nouvelle
LE SIGNE ET LA CONSIGNE
Essai sur la genèse de l'oeuvre en régime naturaliste, Zola
Sous la direction de Philippe Hamon, professeur émérite à l'université Paris III Sorbonne Nouvelle
Un volume, illustré de 37 planches, Editions Droz, Genève
Parution : fin janvier 2009.
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Le propos de cet essai collectif est de décrire les protocoles de la création zolienne, à travers l'examen des dossiers préparatoires manuscrits des romans de Zola, déposés pour la plupart à la BNF (Paris)
Par rapport aux nombreux travaux de génétique littéraire déjà publiés, et qui portent tous sur des aspects ponctuels de la création (telle partie de tel dossier préparatoire, telle préparation de tel chapitre, tel personnage, telle figure descriptive, tel type de document, tel détail), le présent essai - c'est là son originalité- se veut général et synthétique : ce sont tous les dossiers préparatoires d'un écrivain qui sont analysés (Rougon-Macquart, Trois villes, Evangiles), et c'est l'ensemble des protocoles créatifs d'un écrivain qui sont étudiés, cela à leur stade pré-rédactionnel le plus originel, c'est à dire au stade où l'écrivain prend des notes sur le terrain ou dans des livres, interroge des informateurs, ébauche des scénarios, fait des fiches, dessine des croquis et des plans des lieux où va se dérouler l'action du livre à venir. Avec une double ambition : étudier les processus mêmes de cette création prérédactionnelle en acte chez un écrivain, et étudier le métadiscours d'un écrivain qui (c'est là une particularité des dossiers préparatoires de Zola par rapport à ceux d'autres écrivains ) rédige ses dossiers préparatoires, les accompagne d'un commentaire, et évalue à chaque instant ce qu'il est en train de faire. Le corpus étudié est donc un corpus textuellement hétérogène (des listes de noms, des listes de choses, des notes de terrain, des notes de lecture, des dessins, des lettres d'informateurs, des arbres généalogiques, des photographies, des coupures de presse) et les processus génératifs étudiés sont complexes : une consigne est souvent, chez Zola, non seulement le programme d'un possible romanesque, le résumé d'un texte virtuel, mais aussi le symptôme d'un vouloir-dire et d'un vouloir faire, mais aussi le signe différentiel par lequel l'écrivain polémique implicitement avec la critique de son temps, et se positionne donc, par des notations autobiographiques, par des repoussoirs et des modèles explicites, par des évaluations d'ordre esthétique et par des actes programmatiques qui ont aussi le statut de réponses, dans un champ littéraire contemporain de son acte d'écriture. Les contributeurs de cet essai ont choisi de réunir leurs observations en classant les groupes d'opérations de genèse à l'aide des grilles de l'ancienne rhétorique, sans faire bien sûr des actes de la création étudiée la simple application mécanique des consignes et des présupposés de la rhétorique. D'où le sommaire de l'essai :
Introduction : Les couches de l'oeuvre (Ph.Hamon)
Inventio (A.Pagès)
Dispositio (O.Lumbroso)
Elocutio (Ph.Hamon)
Memoria (Ch.Pierre-Gnassounou)
Actio (Ph.Hamon)
Conclusion : Le modèle et la liberté (Henri Mitterand)
Annexes (Lexique du métalangage de Zola, fragments retranscrits d'Ebauches et de dossiers préparatoires)
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Les petits théâtres du boulevard du Temple; troisième partie
Par Bernard Vassor
Au Théâtre du Lycée dramatique qui devint plus tard le Théâtre des Patagoniens
Mlle Rose et Mlle Malaga.
Mademoiselle Malaga et son père, le bonimenteur
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Qui se souvient aujourd'hui des reines de la danse du boulevard du Temple ? Leur gloire s'étendait bien au-delà de Paris. Dans une petite salle en bois, le Théâtre des Patagonniens, Mlle Rose, dont nous ne savons pas grand chose, elle ne figure dans aucune biographie que j'ai pu consulter, mais qui est restée dans la mémoire de certains mémorialistes, à l'égale de Malaga à laquelle la gloire était liée. Certains racontent qu'elle avait un humour et une désinvolture inimitable.Elle portait des habits de soie bariolés, de longues tresses pendantes ornées de pièces d'or et de beaux colliers de verre que l'on voit sur les femmes vénitiennes. On la voyait parfois la tête en bas, et les pieds en l'air, en équilibre sur un chandelier. Elle jouait du tambourin, dans une danse échevelée, et folle du midi, se renversant avec grâce. Mais c'était avant tout une funambule, bravant les lois de la gravité sur une corde tendue et regardant le sol avec un souverain mépris. Mademoiselle Rose fut surnommée "la belle Tourneuse". Voilà en quoi consistaient les exercices : elle s'avançait sur scène et dansait une sarabande échevelée. Puis, elle demandait des épées aux cavaliers, et s'en piquait trois dans le coin de chaque oeil. Alors, elle s'enlevait sur la corde tendue avec une vigueur inouïe et tournait pendant un quart d'heure, avec une rapidité telle que les yeux des spectateurs en étaient tout éblouis. Un témoin raconte, qu'il avait vu à la fin du spectacle la pointe des épées rougies de sang. Non seulement Mlle Rose exécutait le tour des épées, mais elle allait jusqu'à tourner sur elle-même avec des épées posées sur sa poitrine ou dans ses narines.
Un érudit raconte que cette danse tirait ses origines de la danse sacrée des "Saliens" prêtres de Mars, instituée chez les romains.
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Françoise-Catherine Bénéfand dite Mlle Malaga qui était moins brillante que Rose, mais elle avait plus de charme et de beauté. C'était une jeune fille aux cheveux abondants, blonds disaient les uns, bruns profond disaient les autres. à la bouche fraîche et souriante, aux yeux pleins d'expression. Née funambule, elle avait su introduire dans son art cette chasteté de gestes et de poses que l'on admira tant plus tard chez Marie Taglioni. De plus chose étrange pour une danseuse, elle se conduisait bien. C'était son
père qui faisait à la porte du théâtre l'énumération pompeuse des merveilles offertes au public, qu'on nomme le boniment et qui invitait le chaland à venir jouir du spectacle à l'intérieur. Le boniment était un art à part entière, il avait ses règles, son répertoire, ses provocations et ses audaces. On ne peut parler de Malaga sans évoquer le nom du "père Rousseau" qui faisait le pitre entre deux entrechats de la danseuse. Il était le plus âgé des pîtres de Paris, gros, court sur pattes, un visage souriant et spirituel, il possédait un répertoire de parades infini qu'il débitait avec bonhomie devant un autoire toujours plus nombreux. Devenu trop vieux pour continuer son métier, il habitait dans un grenier rue du faubourg du Temple, et vendait des petits gateaux avec son boniment habituel. Devenu infirme, il finit ses jours dans un hospice. Françoise-Catherine avait épousé un petit acteur de province. Econome, elle avait réussi à mettre un petit pécule de côté pour ses vieux jours. Mais hélas, son mari, joueur dissipa toutes ses économies.
Malaga épuisée par la misère est morte dans un taudis de la rue aux Ours le 22 septembre 1852, seule et oublié de tous.
Les deux danseuses tombèrent bientôt dans un oubli total, que cette petite notice va peut-être faire ressortir de l'ombre, la mémoire de celles qui donnèrent tant d'émotions et de plaisirs à nos ancètres.....
a suivre
09:29 Publié dans HISTOIRE DE PARIS | Tags : marie taglioni, mademoiselle malaga, mademoiselle rose | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
10/01/2009
Les petits théâtres du boulevard du Temple, deuxième partie
Par Bernard Vassor
Quelques célébrités du boulevard.
Jean-Antoine Mandelard dit Bobêche et Auguste Guérin, dit Galimafré : les Paillasse et Cassandre bonimenteurs.
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Sous le premier empire et la restauration, ces deux compères furent les pitres les plus célèbres du boulevard du crime. Tout jeune, Mandelard rencontra sur le boulevard, devant la parade de la Malaga, un autre gavroche de son âge, Auguste Guérin. Leur entente fut immédiate et ils décidèrent de se produire eux aussi sur les trétaux. Bobêche, revêtu d'une veste jaune, d'une culotte rouge, chassé de bas bleus, coifféd'une perruque rousse à queue rouge enturbannée qui était surmontée d'un chapeau lampion sur lequel était fixé un papillon qu'il ne quittait jamais. Il appelait les badauds à s'attrouper en faisant jouer une immense crécelle.
Par contraste, Galimafré était vêtu sobrement d'un costume de paysan normand, le visage enfariné. Leur succès fut énorme, les dialogues faisaient se tordre de rire les spectateurs aglutinés devant l'estrade qui leur servait de scène. Ils comptèrent parmi les plus grandes célébrités de l'époque. Qui s'en souvient encore aujourd'hui ?
En 1814, quand les troupes alliées attaquèrent Paris, nos deux compères étaient postés derrière une barricade rue de Meaux, le fusil à la main.
Après le deuxième retour de Louis XVIII, derrière les troupes étragères les deux paradistes, ne voulant pas se produire devant l'ennemi quittèrent le métier et se séparèrent. Galimafré se fit engagcomme machiniste au théâtre de la Gaité, puis à l'Opéra-comique où il resta pendant trente ans. Il se retira à Montmartre ensuite, et mourut loin de son ami, place du Tertre vers 1870.
Bobêche quand à lui partit s'exiler à Rouen, où il joua dans un minuscule théâtre dont il devint le directeur. Ayant fait faillite, il s'enfuit à Bordeaux. On le vit alors, mendier dans les rues, traînant de café en cabaret jouant sur crin-crin qui se voulait un violon.
Puis il disparut subitement en 1840, son ancien compagnon disant ne plus avoir de nouvelles depuis cette date.
11:04 Publié dans HISTOIRE DE PARIS | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
Quatre sous pour aller au paradis : les petits théâtres du boulevard du Temple.
Par Bernard Vassor
Première partie
Le Théâtre des Chiens Savants
M. et Mme Denis, avec leur jockey et le serin de madame.
La seul' prom'nade qu'ait du prix,
La seule dont je suis épris,
La seule où j'm'en donne, où-ce que je ris,
C'est l' boul'vard du Temple à Paris.
Desaugier
La formation du boulevard du Temple date de 1656. Louis XIV avait fait combler et planter d'arbres les fossés qui allaient de la porte Saint-Antoine jusqu'à celle du Temple. Le boulevard doit son nom à la proximité de l'enclos du Temple. Cet endroit charmant, devint un lieu de promenade, qui dit promeneurs dit marchands, bateleurs, montreurs de marionnettes, mimes, acrobates, montreurs d'ours, bref tout ce qui se produisait annuellement à la foire du Lendit, se retrouvait en permanence sur le boulevard. Pour commencer, évoquons le théâtre des chiens savants, qui précéda les Funambules, dont nous avons fait un bref historique à propos de Deburau dans une notice précédente.
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De toutes les salles du boulevard du Temple, à partir de 1791, c'était la plus originale. Ce théâtre de chiens savants, avec des barbets, des caniches, lévriers, bassets, épagneuls, dogues ,carlins, tel était le personnel de la troupe, avec des premiers rôles, jeunes premiers, roi, comique, soubrettes, corps de ballet et figurants sur le modèle de la Comédie-Française et de l'Académie Royale de musique. Les grands auteurs du temps n'hésitèrent pas à prêter leur plume, pour composer des canevas de drames joué par ces animaux costumés sous la conduite d'un dresseur habile, et d'un narrateur.
La gravure ci-dessus représente Monsieur et madame Denis (un griffon et une épagneule) lui avec son habit de velours et sa culotte en bouracan, elle mise en satin blanc passent dans une rue, suivis de Carlin, leur Jockey, qui porte le serin de madame Denis. Entre le guet,
une troupe de caniches qui arrête un déserteur (un autre caniche) A peine arrêté le caniche passe devant un conseil de guerre (une assemblée de barbets), il est condamné à mort (le narrateur indique qu'une passion coupable de l'accusé pour madame Denis a été la cause la sentence)
Dans le dernier acte, le caniche est fusillé, il tombe en murmurant un nom que personne n'entend, on laisse supposer que ses dernières paroles furent pour demander de couper une mèche de cheveux de sa bien-aimée.
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Le prix d'entrée, était de un franc, et de quatre sous pour les pauvres et les avares qui allaient occuper un balcon le plus éloigné de la scène qui n'avait pas de places assises qui s'appelait "le Paradis". On dit aujourd'hui le poulailler.
Le théâtre des chiens savants fut remplacé des années plus tard par le théâtre des Funambules, qui à ses débuts présentait des acrobates des avaleurs de sabres, l'homme géant et le joueur de harpe, des paillasses obscures et sans talent. Jusqu'à ce qu'un directeur avisé engage un Gilles obscure lui aussi, mais qui allait devenir grand; c'était tout simplement Jean-Gaspard Deburau.....
Ce théâtre était mitoyen de celui de la célèbre acrobate "Madame Saqui" et du "Petit Lazari" dont nous évoquerons l'histoire dans une autre notice.
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09/01/2009
Quai des Orfèvres et le 22 rue des Bourdonnais.
Par Bernard Vassor
Porte cloutée du XVII° siècle, avec au dessus des autorisations de démolir ces maisons qui sont pourtant inscrites aux monuments historiques, pour en faire, tenez-vous bien une surface commerciale de 4000 mètres carrés !!!!!
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En revoyant le film de Henri-Georges Clouzot, le meilleur policier d'après guerre, d'après le roman de Stanislas-André-Steeman, j'ai découvert que l'appartement de l'héroïne Jenny Lamour (Suzy Delair) et de son mari, (Bernard Blier) où se déroulent plusieurs scènes du film, était situé dans une de ces maisons qui sont en voie de destruction, dans l'indifférence générale. C'est tout un bloc de maisons historiques jusqu'à la rue Bertin Poiré qui sont concernées. mes petits articles écrits il y a un an n'ont servi à rien, mais, pouvait-il en être autrement ? Les pioches des démolisseurs ont commencé leur oeuvre. L'argent commande tout, je n'ai trouvé aucun défenseur du patrimoine, comme mon expérience dans d'autres quartiers de Paris, où d'autres lieux irremplaçables ont été vandalisés, sacrifés sur l'autel du Dieu Profit....
L'escalier que l'on voit dans certaines scènes du film à plusieurs reprises.
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http://autourduperetanguy.blogspirit.com/archive/2008/05/10/rue-thibaut-odet-suite.html
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http://autourduperetanguy.blogspirit.com/archive/2008/05/10/rue-thibaut-odet-rue-des-boudonnais-re-suite-avec-la-rue-ber.html
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http://autourduperetanguy.blogspirit.com/archive/2008/05/06/rue-thibaut-odet-partie-de-la-rue-des-bourdonnais.html
09:58 Publié dans HISTOIRE ANECDOTIQUE | Tags : jeanne fusier-gir, suzy delair, louis jouvet, bernard blier, charles dullin, pierre larquey, raymond bussières | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
07/01/2009
Le docteur Gachet, aux mains du père Tanguy, un coup de tonnerre chez les vangoghiens, un livre de Benoit Landais : "La Folie Gachet" des Van Gogh d'outre-tombe
Par Bernard Vassor
Un livre qui va encore faire grincer des dents !
L'infatiguable chercheur, qui depuis vingt ans pourchasse les faux tableaux attribués à Vincent van Gogh, ou même à Cézanne, récidive en publiant une passionnante enquête sur le fameux portrait gravé intitulé par le docteur Gachet : "
L'homme à la pipe, unique eau-forte de Vincent ?". J'avais écrit sur ce blog il y a plus d'un an une notice sur la plaque en cuivre de l'eau-forte d'Auvers offerte au musée d'Orsay par Paul Gachet. C'est à la suite de la découverte d'une lettre adressée à
son cher Rodo (Ludovic-Rodolphe Pissarro) concernant la version des Gachet sur l'attribution à Vincent de la réalisation de cette plaque.
Dans son ouvrage, Benoit Landais démonte avec précision la supercherie, et révèle la véritable personne, élève du docteur responsable de la gravure sur cuivre. C'est à la suite de nombreuses péripéties que l'enquête de Benoit Landais, a découvert le pot aux roses, où l'on découvre que sur le fameux dessin du portrait de Gachet, celui-ci avait les mains....du père Tanguy !!!!
Histoire à suivre......
Je dois ajouter que Benoit Landais a toujours témoigné dans ses écrits, une certaine affection pour Julien Tanguy, il m'a en outre ouvert des pistes et renseigné dans certaines recherches "Autour du Père Tanguy"
Benoit Landais, La Folie Gachet, des Van Gogh d'outre-tombe, Les Impressions nouvelles, Janvier 20009
ISBN 978-2-87449-062-0
IL m'en a accordé la primeur, qu'il en soit chaleureusement remercié.
17:43 Publié dans Les amis de Vincent | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
06/01/2009
Deburau, "Le Pierrot du théâtre à quatre sous" sur le boulevard du crime.
Par Bernard Vassor
Deburau 1er
Jan Kašpar Dvorák (Jean-Gaspard) 1796-1846 (Deburau, portrait Chenavard, gravé par Jules Porreau en 1846)
Oui, Deburau premier, car ill s'agit bien du fondateur d'une véritable dynastie, une école, une tradition. Le Deburau que nous connaissons par les photographies de Nadar, n'est que son fils Jean-Charles, né en 1829, mort en 1873.
Voilà quelqu'un, qui est devenu célèbre parce qu'il n'a rien dit !
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Deburau, ou Debureau est nè à Newkolin, en Bohème Moravie. Il était l'enfant d'un père Français et d'une mère Tchèque. Après un long périple en Europe, ils allèrent se produire à Constantinople au palais du Sultan, qui les fit jouer devant son harem où un rideau dissimulait les femmes du seigneur aux regards des commédiens. C'est en Allemagne que la troupe vint ensuite faire une halte, avant de revenir s'installer en France, à Amiens, vers les années 1810. Le père et la mère avaient créé un spectacle d'acrobates avec leurs enfants, et se produisaient dans les cours des immeubles. Venus à Paris, les cinq enfants, deux filles trois garçons. Les filles, Dorothée et l'autre surnommée la belle hongroise, montaient et dansaient sur un Fil d'Archal, et tenaient avec grâce? pour garder l'équilibre un lourd balancier. Les deux frères, de Jean-Gaspard, Nieumensk (le roi du tapis) et Etienne (le sauteur fini), faisaient de l'acrobatie et du main à main. Lui, chétif, boiteux, et manquant de souplesse accomplissaitavec maladresse des exercices de jonglerie. Il était souvent hué, alors que ses frères et soeurs recueillaient les applaudissements du public. Son père, en fit donc un comédienchargé de mettre en valeur ses frères et soeurs. Revêtu d'un costume de Gilles, le visage enfariné, c'était lui qui recevait les soufflets, qui subissait les quolibets et les coups de pieds au derrière pour faire rire l'assistance.
Un directeur de théâtre Michel Bertrand, les remarque dans une cour de la rue Saint-Maur, et leur donne un contrat le 10 décembre 1826 aux" Funambules" sur le boulevard du Temple.
Ce minuscule théâtre, le plus infect de tous, éclairé par quatre misérables chandelles, situé à côté d'une ménagerie où l'on entendait hurler les animaux, pendant que se produisaient les acteurs. Deburau était le seul à ne pas avoir de surnom, sa renommée fit de son patronyme un titre bien plus glorieux que tous les sobriquets du monde..
Unique autographe connu. Deburau partage avec Molière la qualité rare de ne pas encombrer de papier, les amateurs d'autographes
Deuxième signature Deburau, sur un acte d'engagement. C'est peut-être la signature tremblée, du père de Jean-Gaspard, Philippe Debureauqui figure sur le contrat d'engagement conservé au musée Carnavalet ?
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Ce contrat léonin, comme toujours pour les artistes à l'époque le liait pour trois ans et demi, avec un salaire de 35 francs par semaines quand il jouait, il fallait déduire les amendes improvisées, infligées aux acteurs (et actrices) pour des raisons plus ou moins fallacieuses. Responsable sur ses deniers d'une quantité 'accessoires dont il avait la garde, appartenant au théâtre. Nous avons également la description de sa loge située dans une cave humide, aux murs remplis de moisissures et de champignons.
Le théâtre des Funambules se trouvait situé 18 boulevard du Temple, Debureau habitait au 28. Ne cherchez pas l'endroit, le boulevard et tous ses théâtres a été entièrement chamboulé et détruit lors des aménagement d'Haussmann, mais le théâtre se trouvait aux alentours de la rue du faubourg du Temple.
18:40 Publié dans Les originaux, les excentriques, les fous litterra | Lien permanent | Commentaires (1) | | | | Digg
LE THEATRE BOBINO
Par Bernard Vassor
Bobino ou le spectacle des petites fortunes :
Le thèâtre Bobino, appelé aussi Théâtre du Luxembourg, 6 rue de Fleurus.
C'est en 1812 que le bonimenteur, clown et acrobate Saix, dit Bobino, ouvrit d'abord dans une baraque en bois et torchis de plâtre, ce qui allait devenir le Théâtre Bobino au Luxembourg. Où l’on pouvait voire et entendre des pièces immortelles comme : "V’lan ça y est", -- "Tire-toi d’là" —"Paris qui danse ! " C’était un théâtre d’étudiants fondé en 1819, qui était tenu par le surnommé Bobineau, propriétaire directeur omniprésent, ayant le don d’ubiquité, souffleur, acteur et aboyeur, faisant en même temps, caissier et des lectures de pièces de jeunes acteurs, le matin qui étaient jouées parfois le soir.
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Henri Murger étant venu lui demander un jour de faire jouer une de ses pièces, il fut reçu à l'accueil par "Bobineau" qui lui demanda de lui lire son texte pendant qu'il distribuait les contremarques et plaçait les spectateurs ! Le théâtre fut détruit en 1868. Le prix des places variait de 8 à 16 sous. Le théâtre présent sous la restauration ferma ses portes à la fin du second empire.
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Charles Monselet en donne la description suivante : EXTRAITS : "Ceux de ma génération se souviennent encore de ce petit édifice situé à deux pas d’une des portes du jardin du Luxembourg, dans la rue de Fleurus, où se balancent quelques arbres oubliés ou tolérés, gaieté des pavés.La façade, qui affectait un petit air de temple, était décorée de bas-reliefs mythologiques, et de deux bustes qui devaient bien être Racine et Lafontaine.Au devant de cette façade, un modeste parterre où fleurissait quelques lilas. Et tout cela gentil, calme et amusant. Le café à côté.(…) Ce n’était pas que Bobino fût un théâtre merveilleux. De mon temps, il était éclairé avec des quinquets. Je n’ai jamais pu définir ce qu’on y jouait : c’était peut-être des vaudevilles, c’était peut- être des drames, tout ce que je sais, c’est que plusieurs de nous-des sournois de cabinets de lecture- s’aventuraient à porter des pièces à Bobino. Théodore Barrière a commencé de la sorte. Le directeur avait une robe de chambre.(…)Une fois placé, on s’interpellait d’une loge à l’autre ; on enjambait les banquettes. La marchande (Henriette) allait et criait : »Orgat, limonade, sucre d’orge ! ».
(...) Ecoutions nous les pièces de Bobino ? Je ne m’en souviens plus guère ; nous nous contentions de répéter en cœur les refrains des couplets.(…) Les actrices avaient leurs partisans : elles étaient parfois jolies, avec le talent du diable.
Après le spectacle, on soupait souvent les commencements du mois chez Dagneauou chez Pinson, les autres jours à partir du dix, dans nos chambres, tout modestement. Un pâté pris chez le charcutier, quelques bouteilles sous le bras, on montait l’escalier en chantant.(…) Mes souvenirs de Bobino m’entraînent malgré moi. Je cède à la ronde des regrets, aussi fascinante que la ronde de Willis. Que veux-tu ! on s’attache à des choses, à des murs, à des herbes"
*Alfred Delvau, je crois ? (on ne prête qu’aux riches)
LA DEMOLITION DU THEATRE BOBINO
*Nicholas Brasier (1783-1838): Chroniques des Petits ThéatresRouveyre et Blond 1883, Bobino est cité page 433
10:06 Publié dans La bohème littéraire | Tags : alfred delvau, charles monselet, saix dit bobino, chez dagneau | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
05/01/2009
Dominique Vivant Denon précurseur de l'égyptomanie
Par Bernard Vassor
Le baron Dominique Vivant Denon(1747-1825), était ambassadeur à Naples à la date de parution de Point de Lendemain, et ne s’est sans doute pas soucié de revendiquer ce récit très… léger.
Denon était un personnage étrange, qui eut une carrière bizarre. A la fois artiste, diplomate et courtisan. Il écrivit des pièces pour les dames de la Comédie-Française (Julie ou le bon père), ami du peintre François Boucher, il cultivait l’art de la moquerie et des plaisanteries où la flagornerie cachait des piques cruelles. Il faisait preuve d’une bravoure , ou inconscience, à une époque difficile, où il fallait garder la tête sur les épaules. Il conquit d’abord les bonnes grâces du roi Louis XV en allant se poster tous les jours sur son passage, se faisant ainsi remarquer. Il fut chargé du soin de la collection de pierres gravées de la Pompadour. Il obtint une charge de gentilhomme ordinaire et fut envoyé en mission à Saint-Pétersbourg. Là, il fit une grande collection de maîtresses, menant une vie de débauche. Ensuite, il se rendit en Suisse où il rencontra Voltaire à Ferney. Il accompagna ensuite des artistes en Italie pour réaliser le texte d'un ouvrage commandé par l'abbé de Saint-Non et paru sous son nom seul, dont on peut dire qu'il fut "le nègre" : "Voyage pittoresque ou Description des Royaumes de Naples et de Sicile de l'Abbé de Saint-Non". Il resta à Naples, pour occuper les fonctions de secrétaire d'ambassade A la mort de Louis XV , il passa au service du comte de Vergennes qui l’envoya en mission en Suisse puis à Naples, ville qui lui convenait mieux sur le plan sentimental et amoureux. Revenu à Paris, il se mit à la gravure à l’eau-forte qu’il utilisa pour les dessins qu’il avait rapportés de ses voyages. A son retour, il vendit au roi une collection de vases étrusques, ce qui lui permit d'entrer à l’Académie de peinture et de sculpture comme graveur. Reparti pour Veniseà la recherche de nouvelles pièces pour sa collection, il fréquente le plus important salon littéraire d'Italie, de l'envoûtante Isabella Teotchi, une femme extraordinaire d'une très grande beauté, dont il tomba amoureux. Accusé d'espionnage et apprenant que ses biens avaient été confisqués en France, il prit peur et s’enfuit en Suisse, puis, le courage lui étant revenu, il revint à Paris, où il se montra aux côtés du peintre David, l’ami de Marat qui le prit sous sa protection. Puis, il frut un familier de la maison de Julie Carreau, la première femme de Talma, rue Chantereine (aujourd'hui rue de la Victoire) que Joséphine de Beauharnais lui avait louée, et par hasard Dominique Vivant Denon se lia avec un jeune homme plein d'avenir nommé Buonaparte.
.......
Enrôlé dans l’expédition d’Egypte, sous les ordres du général Desaix, il embarqua à Toulon en 1798. Il se trouvait toujours aux avants-postes, bravoure ou insouciance ? Il se fit admirer pour son audace et sa façon d’être toujours le premier au feu, malgré son âge. Il avait cinquante ans, il passait son temps à dessiner les scènes de batailles qu'il crayonnait au son du canon, des dessins admirables d'architecture monumentale, des portraits de personnages et des scènes de rues, permirent la publication de quelques trois cents dessins exécutés en Egypte accompagné d'un texte qu'il rédigea entièrement à son retour à Paris : « Expédition d’Egypte » qui obtint aussitôt un succès considérable. Bien sûr, l'ouvrage fut dédié au Premier Consul. Tout était de lui, textes et dessins. Bonaparte le nomma en 1802, directeur général des musées impériaux. C'est ainsi qu'il fut le premier directeur du musée du Louvre.
Il suivit l'armée de Bonaparte, et recueillit dans les pays conquis un grand nombre d'objets d'art qui enrichirent les musées nationaux. L’arrivée des Bourbons le privèrent de son poste, et le baron retourna à la vie civile et se mit à classer un nombre considérable de matériaux pour entreprendre une « Histoire de l’Art ». La mort interrompit cette oeuvre colossale. Ses deux neveux, seuls héritiers éparpillèrent sa collection, et utilisant ce que les éditeurs appellent aujourd'hui "des fonds de tiroirs", pour faire feu de tout bois, firent publier des lithographies de leur oncle dans un ouvrage intitulé : "Monuments des Arts du dessin" décrits et expliqués par Amaury-Duval, prix cinq cents francs, chez Brunet Denon(un de ses neveux) 18 rue Sainte-Anne. Firmin Didot 1829
Dans le livre Histoire d'Os et autres abattis. de Clémentine Portier Kaltenbach , nous apprenons comment Vivant Denon se constitua certaines pièces de de son "Panthéon personnel", le très étonnant et macabre reliquaire.
12:52 Publié dans LES PRECURSEURS | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
Reprise des "Jeudis du bocata", programme de Janvier
BOCATA 31, rue Milton 75009 Paris 01.40.16.82.85 Jeudi 15 Janvier 20H.45 Atanase Périfan « Pas de quartier pour l’indifférence » Chef d’entreprise, élu local et militant associatif, Atanase Périfan crée en 1990, Paris d’Amis ; puis en 2000, Immeubles en fête, la fête des voisins. En 2005, il lance : Pas de quartier pour l’indifférence, un appel à la mobilisation générale ! Jeudi 22 Janvier 20H.45 Stéphane Koechlin « La légende du Baron Rouge » Ecrivain, chroniqueur musical, Stéphane Koechlin raconte la légende de l’aviateur Prussien Manfred Von Richthofen et à travers elle, les débuts de l’aéronautique. Les soirées sont gratuites. Si vous souhaitez y participer, merci de réserver vos places afin que nous puissions nous organiser. Ceux qui le souhaitent peuvent se restaurer avant ou après les causeries, durant les interventions nous interrompons le service. Carine et Eusebio |
08:34 Publié dans Evènement | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
03/01/2009
Le Boeuf à la Mode de la rue du Lycée....
Par Bernard Vassor
L'enseigne peinte
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C'est dans l'ancien hôtel du marquis Voyer d'Argenson, que les restaurateurs Méot, fondèrent en 1792 ce cabaret situé rue du Lycée (de Valois aujourd'hui. A l'origine, comme son nom ne l'indique pas, les frères, restaurateurs marseillais avait comme spécialité... la bouillabaisse !
Voici la notice qui lui est consacrée dans le "Petit Dictionnaire critique et anecdotique des Enseignes de Paris, par un batteur de pavé" attribué à Balzac qui en fut l'imprimeur en 1826 :
"Boeuf à la Mode (Au)
Restaurateur près le Palais-Royal.
-Des schalls, un chapeau ornent un boeuf que le restaurateur calambourdiste a cru pouvoir appeler à la mode; d'aucun, trompés par le jeu de mots, ont voulmu tâter la cuisine, mais ils ont trouvé qu'il était un peu trop salé"
.....
Néanmoins, le Boeuf à la Mode fut sous le directoire surtout, le plus célèbre restaurant du Palais-Royal, qui en comptait pourtant beaucoup.
C'était, avec "Les Frères Provenceaux" où se conservaient les meilleurs traditions de la cuisine française, les lieux les plus renommés de la cuisine en Europe.
Il était fréquenté par une clientèle argentée, compte tenu des tarifs qui étaient pratiqués, qui ont certainement effrayés l'auteur du dictionnaire cité ci-dessus. Même Honoré de Balzac, avait des moyens limités....Le mémorialiste à langue de vipère Horace de Vieil-Castel y fit un repas qui lui coûta à lui seul cinq cents francs, somme colossale à l'époque.
Un salon du Boeuf à la Mode.
14:48 Publié dans HISTOIRE DE PARIS | Tags : horace de vieil-castel, boeuf à la mode, voyer d'argenson | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
Le maître de poste Brion, du boulevard des Capucines
Par Bernard Vassor
Maison Brion 16 boulevard des Capucines.
C'est à la fin de la Restauration, vers 1830, que le maître de postes Brion du boulevard des Capucines, fonda une maison pour la location de voitures de luxe. Il fut le premier à prendre ce pari, alors que naissaient les chemins de fer, dont personne ne pensait qu'ils auraient un quelconque avenir.
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Cette maison où l'aristocratie prit l'habitude de se fournir, fut très longtemps la première en ancienneté, et en importance dans la capitale. La maison était chargée par la Ville de Paris, sous le second empire de fournir et d'organiser les cortèges officiels, lors des visites de personalités de passage. L'importance prise par la maison Brion, obligea ses successeurs, les frères Foissy, à ouvrier une succursalle 83 rue de la Boétie. Il y avait alors dans la remise du boulevard, plus de trois cents chevaux achetés et dressés jeunes et deux cent cinquante voitures.
Imaginez aujourd'hui les boulevards aux heures de pointe !
10:35 Publié dans HISTOIRE DE PARIS | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
02/01/2009
Point de lendemain, Un petit conte dans le genre libertin, par un baron, gentilhomme de qualité. Une histoire bibliophilique très alambiquée !!!
Par Bernard Vassor
Le portrait de la reine dans un médaillon de fil enguirlandé de rose entouré de chérubins, reprend le frontispice de l'édition princeps.
L'éditeur Isidore Liseux eut en outre le bon goût (involontaire) d'être domicilié rue Bonaparte., autrefois rue des Petits Augustins où Alexandre Lenoir, sous les ordres de Vivant-Denon, avait fondé le Musée des monuments français. (article précédent)
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La question de savoir qui était l’auteur de ce petit livre, n’a été résolue définitivement qu’en 1876.
C’est l’éditeur des « Fleurs du Mal », Auguste Poulet-Malassis qui s’en fit l’historien. Les multiples éditions parurent dans des recueils de pièces sous le nom de Dorat* (Claude-Joseph, 1734-1780). : "Coup d’œil sur la littérature, ou Collection de différents ouvrages tant en prose qu’en vers, en deux parties, par M.Dorat ; Amsterdam et Paris 1780". Donc, c’est l’année de la mort de Dorat que parut ce recueil. Mais c’est en 1777 que l’édition pré-originale, dirons-nous, fut publié dans un journal mensuel : « Mélanges littéraires ou Journal des Dames dédié à la Reine » du mois de juin. Le récit parut en tête du numéro avec pour en guise de nom d’auteur les initiales M.D.G.O.D.R, pour : M .Denon, Gentilhomme Ordinaire Du Roi.
Ce journal appartint à Joseph Dorat jusqu’en 1778, date à laquelle, il le céda à l’éditeur Charles-Joseph Panckoucke qui réunit ce titre à celui du Mercure de France.
Après la mort de Dorat, à l’occasion de la publication d’une nouvelle édition de ses œuvres par l’éditeur Nicolas-Augustin Delalain libraire rue de la Comédie Françoise, le conte reparaît sous le titre de : « Lettres d’une chanoinesse de Lisbonne » en supprimant les initiales de Vivant-Denon. Le conte est intitulé dans ce recueil « Trois infidélités ou l’Envieuse par amour »
Une troisième édition parut en 1802 sous le titre : « Les cinq aventures, ou contes nouveaux en prose par Dorat » toujours chez Delalain, un volume in-32, avec une gravure « libre » intitulée « Quelle nuit délicieuse ! dit-elle », l’éditeur prétendant que cette publication était conforme que Dorat s’était proposé de publier peu avant sa mort (de son vivant…) Rappelons que ce Delalain avait, publié en collaboration avec Dorat huit ans plus tôt un roman libertin intitulé : "Les Malheurs de l'inconstance, ou lettres de la Marquise de Cyrcé et du comte de Mirbel ".
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L’éditeur P.Didot l’Aîné en 1812 publia Point de lendemain, toujours sans nom d’auteur. Sur l’exemplaire de la Bibliothèque nationale, les initiales V.D.(Vivant-Denon) figurent sur la page de faux-titre.
Il existe des éditions clandestines du XVIII° siècle, démarquées de ce conte avec des passages plus épicés, parues avec des gravures obscènes dont une porte en titre « L’Héroïne libertine, ou la femme voluptueuse » qui selon certains seraient la véritable édition originale. Impossible de le vérifier, ce volume sans lieu ni date est suivi par des ariettes pornographiques. Une autre imitation, intitulée "La nuit merveilleuse ou le nec plus ultra des plaisirs" avec des planches tout aussi licencieuses. La mention Partout et nulle part est imprimée sur la page de titre, les gravures obscènes sont sans rapport avec le texte., mais une mention de cet ouvrage, se retrouve dans l'édition de 1812
L’histoire se complique encore un peu, avec l’intervention de Balzac. Dans la première édition de la Physiologie du Mariage en 1829, dans la « Méditation XXIV», l’illustre écrivain, après avoir disserté au cours d’un dîner chez le prince Lebrun, sur « les ruses intarissables des femme » reproduit le texte de Denon, « en le défigurant et l’alourdissant par des corrections maladroites » (Poulet-Malassis).
Balzac disait tenir du chirurgien Dubois** les circonstances de « l’édition originale de « Point de Lendemain » en 1812 », celui-ci disait posséder un exemplaire numéroté 24 (bien que cette édition n’ai pas été numérotée). Dans la première édition de la Physiologie du Mariage, Balzac fait intervenir Denon, racontant cette histoire.
Puis ayant eu connaissance des éditions des œuvres complètes de Dorat par quelques personnes qui les lui avaient signalées, et qu’il donnait l’impression de s’attribuer une œuvre ne lui appartenant pas, Balzac dans une deuxième édition rectifia de façon sibylline son récit en faisant raconter par une tierce personne (le docteur Dubois) le texte presque complet de Point de Lendemain, qu’il avait appelé « éléments de narration ».(rappelons que Balzac fut à l’origine de la création de la Société des Gens de Lettres, dont le but principal était la protection littéraire)
Dans l’édition définitive de ses œuvres (Furne corrigé) Balzac apporta quelques changements,, et il attribua le texte à …..Dorat !
Les grands bibliographes de l'époque étaient partagés. Brunet tenait Dorat pour l'auteur du texte en question, tout comme Chéron, le conservateur de la bibliothèque impériale. Sainte-Beuve ne se trompe pas sur l'auteur, mais, bien que touvant le livre scabreux, déclare qu'il peut citer le livre sans danger, puisque le livre est introuvable.
Un bibliophile strasbourgeois, qui en a fait une réédition à tirage limité à quatre vingts exemplaires, se demande si Denon n'a pas été un plagiaire.
Le mystère reste entier pour ce qui concerne les éditions clandestines du 18° siècle.
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13:57 Publié dans Histoire littéraire | Tags : vivant denon, dorat, balzac, poulet-malassis, clémentine portier kaltenbach, jean-paul martineau | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg