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07/03/2010

8 mars 2011, 101e anniversaire de la journée internationale des femmes : Le droit des femmes et le renouveau du féminisme à la fin du XIX° siècle.

Par Bernard Vassor

"Le droit de vote aux femmes ?

Vous n'y pensez pas !"

Georges Clemenceau

 

Marywollstonecraft image 03.jpg

C'est à Mary Wollstonekraft "L'ancêtre des féministes" que l'on doit "l'invention du droit des femmes" au XVIII° siècle...

La Journée internationale des femmes fut adoptée en 1910 par les dirigeantes des Femmes Socialistes rattachée à la II° Internationale.

  Décrétée en Russie le 23 février ( correspondant au 8 mars, en raison du décalage du calendrier Julien)

La fin du XIX° a vu dans le monde, la montée de groupes de femmes revendiquer l'égalité des sexes, le droit de vote, l'émancipation, le droit de disposer de leur corps, l'abolition de la peine de mort, l'égalité des salaires hommes femmes, accès des femmes aux professions libérales, recherche de la paternité et l'opposition au mariage qui, selon Herminie Barton adepte de l'union libre :"Le mariage est une affirmation de la suprématie de l'homme sur la femme '...) si j'aime un homme, je veux l'aimer en gardant toute ma liberté"

Le droit de vote fut accordé en premier lieu dans l'Amérique du Sud, puis en Autriche en 1873, suivi par l'île de Man en 1881.  Ensuite, ce furent l'Australie,  le Wyoming en Amérique du nord, le Colorado, l'Utah et l'Idaho en 1894. Dans la petite ville de Beaty, les électeurs ont nommés 4 femmes conseillères municipales et mis à leur tête madame Totten, première maire de l'histoire.

Le parlement de Norvège compta trente trois membres féminins sur soixante dix-huit. La Nouvelle-Zélande portèrent au gouvernement plusieurs ministresses qui purent déclarer :"un mauvais mari n'a jamais pour lui la voix des femmes".

Aux Etats-Unis, Le "Womenn's  suffrage  movement" et la "Fédération féministe des Deux Mondes" présidée par miss Wilson créa des Conseils nationaux, puis internationaux à Chicago, à Anvers, à Buda-Pest, à Berlin, à Washington et à Paris.  De nombreuses ligues : "L'Union pour la réalisation des droits égaux" dûe à l'initiative de madame Alice Major, "The Women's international Progressive Union", "L'International Council of Women" (en Ecosse, présidente Lady Aberdeen)"L'Humanité intégrale", "L'Amélioration du sort de la femme" de Maria Deraisme, "L'Union Universelle des femmes" avec madame Chéliga-Loewy. A Londres la ligue "La Primevère", la ligue des "Trades-Unions féminines" écrivent et manifestent.

De nombreux journaux furent créés tant en France qu'à l'étranger. A Paris, Marguerite Durand fonde le journal "La Fronde", "dirigé, administré, rédigé,  composé par des femmes". Hubertine Auclert fit paraître rue de la Roquette "La Citoyenne" d'où elle déclara : "En protestant contre les lois existantes, faites sans les femmes contre les femmes, la Société a rejeté l'idée d'institutions futures élaborées sans le concours des femmes, parce que ces institutions seraient encore faites contre elles". Mademoiselle Barberousse présente son inscription sur les listes éléctorales et poursuit sa revendication jusque devant la Cour de Cassation. Madame Scmahl organise avec la duchesse d'Uzès le groupe "L'Avant-Courrière". Aline Valette rédige des cahiers de doléances féminines, est secrétaire de "La Fédération française des Sociétés féministes". En 1898 Hélène Martin demande au maire de Montmartre M. Wiggishoff, son inscription sur les listes de la Butte Montmartre. D'autres comme Paule Minck, Marie Clémence, madame Georges Martin, madame Vidal poursuivent la même démarche non couronnée de succès comme l'on peut s'en douter. Le grand congrès féministe de 1900 à Paris, reçut des délégations de nombreux pays. Juliete Adam se prononce en faveur des Espagnols en guerre contre l'Amérique. Des jeunes femmes de la société américaine  "Filles de la Révolution" se cotisèrent pour offrir aux française, une statue de Washington. La princesse Wiszniewska dirige "La Ligue des Femmes pour le désarmement et pour la paix universelle" qui regroupe plusieurs sociétés dans différents pays, Autriche, Italie, Suède, Allemagne, Russie. Une invitaion est envoyée au tsar, elle est restée sans réponse. Avant 1905, il n'y eut pas de mouvement féministe en Russie en raison du despotisme écrasant qui y régnait à l'époque. Il y eut toutefois de grandes grèves où les femmes prirent une part primordiale à la "révolte d'avril" 1895 à l'usine Yaroslav, grève menée par les tisserandes. Les grèves de 1896 à Saint-Petersbourg des ouviers du textile vit une très forte participation des femmes. La révolution de 1905 marqua l'essor des mouvements féministes. Dès l'origine contrairement à l'Angleterre, les femmes sont admises dans les syndicats ouvriers. Pour la première fois des réunions sur le droit des femmes on été organisées à Moscou, à Saint-Pétersbourg, à Minsk, Odessa, Yalta, Vilnius ou Saratov. "Le plus souvent, les revendications des travailleuses reflétaient les revendications de congé de maternité payé, des pauses pour l'allaitement des enfants et la mise en place de crèches dans les usines" (Alexandra Kollontaï)

Au congrès féministe de Paris en 1896, Clotilde Dissard (fondatrice de "La Revue féministe") constate :  "L'infériorité de la France au point de vue féministe tient à deux causes : aux tendances franchement révolutionnaires de certains de ses partisans et à l'indiférence, pour ne pas dire l'hostilité de la bourgeoisie catholique" Cependant, madame Bogelot, chevalier de la Légion d'Honneur à la suite de l'exposition de Chicago où elle représentait les femmes françaises de madame Schmahl et de madame Vincent qui ont agité l'opinion en faveur de la loi Goirand*  ( appelée loi Schmahl par les féministes).La communication de l'allemande Mlle Kathe Schirmacher à ce même congrès renseigne sur les tendances du féminisme allemand et Mlle Maikki Friberg sur le féminisme finlandais. L'allemande et la finlandaise semblent plus préoccupées par l'éducation des femmes, les anglaises sur leur émancipation économique, la française poursuit plutôt un rêve d'égalité des droits entre les deux sexes. Marya Chiliga (France) crée à Paris en 1896 "L'Alliance Universelle des Femmes pour la Paix par l'éducation"

En 1904, fut fondée "L'Alliance Universelle pour le vote des femmes", présidée par madame Chapmann (Etats-Unis) et Mlle  Anita Angspurg (Allemagne) dont le but est la propagande internationale pour les droits politiques des femmes etc...

Je voudrai terminer provisoirement par citer les noms de femmes admirables comme Rosa Luxemburg (née le 5 mars 1871, morte assassinée par des "corps-francs" le 15 janvier 1919), Eleonor Mury (Angleterre) Clara Zetkine et Alexandra Kolontaï (Russie) Paule Mink (France) Gatti de Gamond  (Belgique)

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*Léopold Goirand avait déposé le 8 juillet 1894 un projet de loi ayant pour objet d'assurer à la femme mariée, la libre disposition des fruits de son travail. Un an plus tard, le 4 novembre 1895, il intervient pour soutenir une proposition de Louis Jourdan pour protéger la femme contre certains abus de la puissance maritale.

Mise à jour le 28/02/2011

26/02/2010

"L'affranchissement des femmes", une étape du combat pour l'égalité

&qu

PAR BERNARD VASSOR

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Un atelier entièrement féminin en 1864*
«  En protestant contre les lois existantes,
faites sans les femmes contre les femmes,
la Société a toujours rejeté l’idée d’institutions
futures élaborées sans le concours des femmes,
parce que ces institutions seraient encore faites contre elles.»
Hubertine Auclert
"La fin du XIX° siècle aura marqué la renaissance féminine" écrivit la militante Maria Pognon, mais lorsque l'on demanda l'avis de Sarah Bernhardt sur l'impact des femmes cyclistes, elle eut cette réaction surprenante :
"Je crois que la bicyclette est en train de transformer nos moeurs plus profondément qu'on ne semble en général s"en douter (...) La considération morale doit l'emporter et j'estime que cette vie au-dehors, dont la bicyclette multiplie les occasions, peut avoir des conséquences graves et dangereuses".
Les anti-fémistes farouches ne s'y étaient d'ailleurs pas trompés, un virulent chroniqueur notait :
"La Vieillesse du siècle passé (écrit en 1902) a rajeuni deux produits tardifs, mais cocasses : le féminisme et le cyclissme_qui eux-même ont lancé quatre vents de notre nouveau monde, baptisés de noms cocasses : automobilisme, maboulisme, puffisme, décadentiste (...)"
.................................
Dans plusieurs journaux, des polémiques ont été soulevées entre journalistes et représentants du syndicat des typographes (dirigé par des hommes).
Nous sommes en 1864, ce n'était pas la première fois que des femmes prenaient le pouvoir dans des ateliers. Déjà en 1832, des journaux furent entièrement réalisés par des femmes. L'expérience dura pendant deux ans.
L'objet de la discorde portait pêle-mêle sur la liberté du travail, le maintien du niveau des salaires. Si on introduit des femmes dans les imprimeries disaient certains, c'est moins pour des motifs d'humanité et de morale, que parce que les femmes touchent un salaire inférieur.
La situation des hommes est donc menacée !!!! L'idée fonctionnait déja en Angleterre et en Amérique où il existait un grand nombre d'imprimeries avec des ateliers mixtes. L'auteur du "Roi des Montagnes" prit le parti des femmes dans des articles au "Journal Officiel", il  se prononça pour l'avantage de l'emploi des femmes et appuya leur droit de franchir les ateliers "qui pourront bénéficier de leur intelligence et de leur adresse" à la composition, à la correction et au margeage. La première expérience fut celle de la Société Paul Dupont à Clichy.
...........................
*Année du décès de Suzanne Voilquin, seule abandonnée dans un hospice. Elle avait dirigé "La Femme nouvelle" avec Désirée Gay et "L'Apostolat des femmes".
Exaltée, elle fut la fidélité même et a laissé un témoignage émouvant : "Le Journal d'une fille du peuple, ou la Saint-Simonienne en Egypte".
mise à jour le 26/02/2010

19/02/2010

Poullain de la Barre, précurseur du féminisme, mais, une véritable girouette !!!

Par Bernard Vassor

 

poullain de l'égalité 02.jpg
L'Esprit n'a pas de sexe.
Poullain de la Barre
puis....
Simone de Beauvoir dans
"Le Deuxième sexe"

François Poullain de la Barre (1647-1723) a été un prêtre catholique chassé du clergé puis converti au calvinisme en 1688. Dans un premier temps, il fut convaincu des préjugés sexistes contre les femmes et fit paraître en 1673 (pour l'édition princeps) un ouvrage où il prônait l'égalité sociale. Il pense qu'aucune différence fondée sur la nature, ne justifiait l'inégalité faite aux femmes : "Où l'on montre que l'opinion vulgaire est un préjugé,&  qu'en comparant sans interst ce que l'on peut remarquer dans la conduite des hommes & des femmes, on est obligé de reconnoistre entre les deux sexes une égalité entière. Les hommes sont persuadez d'une infinité de choses dont ils ne sçauroient rendre raison parce que leur persuasion n'esst fondée que sur de légères apparences  (...) Hors un petit nombre de sçavans, tout le monde tiens comme une chose indubitable que c'est le soleil qui se meut au tour de la terre (...)" Pour conclure, Poullain indique : "Je voudrois bien sçavoir ce que feroit un pauvre mary, si dans un état où les femmes seroient les Maîtresses, comme dans celuy des Amazones, on lui venoit rapporter, qu'il  auroit été resolu au Conseil de donner à chaque homme un compagnon (...) Indépendemment de la Coûtume qui met souvent ceux qui ont plus d'esprit & de mérite, dans la dépendance des autres. Et l'Ecriture ne dit pas un mot d'Inégalité & qu'elle n'est que pour servir de regle aux hommes de leur conduite. (...)"

Deux années plus tard, Poullain de la Barre n'hésita pas à consacrer 336 pages pour démontrer le contraire. Prenant des modèles dans "l'Ecriture", et invoquant tous les saints, il contredit sans vergogne ce qu'il avait couché noir sur blanc tout au long des 226 pages de son précédent ouvrage. Que c'était-il passé entre temps, je l'ignore...Mais voici un parfait spécimen de girouette n'est-ce pas ?

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14/02/2010

LA FEMME NOUVELLE , les pionnières du féminisme

PAR BERNARD VASSOR

"Refusons pour époux tout homme

qui ne consentirait point à partager le pouvoir"

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Après la révolution de 1830, un éphémère vent de liberté a soufflé sur la presse en France. Depuis le code Napoléon, les femmes étaient réduites à un état d'infériorité. Des lois s'accumulant depuis, l'interdiction du divorce, l'interdiction d'ester, la soumission de la femme inscrite dans le code civil. On rapporte un propos de l'Empereur : "Les femmes sont l'âme de toutes les intrigues, on devrait les reléguer dans leur ménage, les salons du Gouvernement devrait leur être fermés" .
Des femmes comme madame Bernier n'hésitent pas à apporter leur concours aux anti-féministes les plus acharnés. Dans un livre intitulé "Quel est pour les femmes le genre d'éducation le plus propre à donner le bonheur des hommes" où il est dit que la destination des femmes est de faire le bonheur domestique de l'homme, il est nécessaire que dès l'enfance, elle connaisse combien elle est inférieure à l'homme !!!!.
La Bibliothèque nationale en possède un exemplaire richement relié aux armes de l'Empereur Napoléon qui en fit son livre de chevet. Cet état d'esprit était largement partagé par bon nombre d'hommes politiques ou pas.

suzanne voilquin,jeanne désirée,claire démar,marie-reine guindorf,julie parsy

Dans un article précédent : voir le livre de Sylvain Maréchal, le compagnon Gracchus Babeuf précurseur du communisme.
En 1832, est favorisée la création de clubs déguisés et de sociétés secrètes. En 1834, une loi mit fin, interdisant toutes les associations. Entre ces deux périodes, des femmes firent paraître des journaux et des brochures de propagande en faveur de l'émancipation des femmes. De nombreux livres plaidant aussi dans ce sens virent le jour.
En 1832, Suzanne Voilquin , Jeanne désirée, Claire Démar, Marie-Reine Guindorf, Julie Parsy furent les premières rédactrices de cette feuille entièrement féminine, de la conception à la réalisation, impression comprise. C'était surtout un organe saint-simonien  proche du journal "Le Globe". Le mot d'ordre était : "Refusons pour époux tout homme qui ne consentirait point à partager le pouvoir" . Ce journal changea de nom pour s'appeller : "l'Apostolat des Femmes" puis :"La Tribune des Femmes". Elles formèrent ensuite "L'Association de la Femme nouvelles" qui tenait tous les mercredis ses assises au 15 rue Laffitte. La femme messie Flora Tristan, participa aux réunions de cette assemblée.
Dans un des numéros, la fondatrice de "La Femme de l'Avenir", Suzanne Voilquin annonce qu'elle vient de divorcer avec la bénédiction du Père Enfantin, et décidée de céder son mari à une de ses collaboratrices Julie Parsy...
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D'autres comme madame Herbinot de Mauchamps fondèrent une revue mensuelle : "La Gazette des Femmes", journal de législation de jurisprudence, de littérature et de théâtre. Cette revue réclama impérieusement pour les femmes payant 200 francs d'impôt le droit de vote et somma Louis-Philippe d'ajouter à ses titres, celui de roi des Françaises. Les rédactrices demandèrent à la chambre dans une pétition, le rétablissement du divorce. Ce journal lui-aussi ne vécut que deux ans. Il est curieux de noter que tous les membres du comité de rédaction étaient des "Mauchamps"
Un autre organe  de presse féminin, plutôt bas-bleu, est parfois la cible des femmes de la Tribune, c'était le "Journal des Femmes" dirigé par madame Louise Bernard et madame Fouqueau de Passy qui à son tour attaquait les saint-simoniennes.
Plus tard, en 1836, Madame Dauriat donna au Rannelagh, des cours de "Droit social des femmes"qui fut aussitôt fermé par la police. Elles déclarait au cours de ces conférences : "Malheureusement, il y a des femmes si bien "apprises" qu'elles secondent de tout leur pouvoir contre leur sexe, l'éducation et la servilité si propre à préparer toutes les douleurs de l'épouse"
Claire Démar, une des rédactrice de "La Tribune des Femmes" publia deux ouvrages : "Appel aux françaises" et "Ma loi d'avenir".Dans ce dernier, elle souhaitait qu'avant le mariage il soit fait "un essai tout physique de la chair par la chair".
Avant la parution de son livre, elle se suicida avec son compagnon Desessarts. Une autre rédactrice de ce même journal, Marie-Reine Guindorf suivit le même chemin. Les désillusions étaient grandes au sein du mouvement du Père Enfantin...
mise à jour le 8 mars 2011

11/02/2010

Les femmes dans la carrière des lettres : Des pionnières au moyen-âge

Par Bernard Vassor

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Depuis le huitième siècle, des femmes de condition élevées apprenaient le latin dans les couvents ou monastères et s'adonnaient à l'étude du chant, de la lyre ou bien de l'orgue. Au siècle suivant, la duchesse de Septimanie avait composé un manuel de conduite à l'usage d'une mère à son fils en latin. Au début du treizième siècle, une femme troubadour, originaire de Flandre Marie de France nous a laissé 14 lais, et plusieurs pièces, dont 103 fables et contes souvenirs populaires de la Bretagne. Des "Cours d'Amour et de Gay-Scavoir" sortes de joutes oratoires dites "Tensons" ou "Jeu-parti" venus de Provence, puis répartis dans tout le royaume "Estoient disputes d'amours qui se faisoient entre les chevaliers et les dames poètes entreparlans ensemble de  quelques belles et subtiles questions d'amour", ils les envoyoyent pour en avoir la définition aux dames illustres présidentes, qui tenoient cour d'amour ouverte et plénière, et la-dessus en faysoiyent arrets qu'on nommoit leurs Arrest d'Amour". De leur côté les abbesses professaient dans leurs cloitres la scolastique et le mysticisme. Tel fut le cas "de la très sage Héloïse".

Parmi les dames qui participaient à ces tournois, voici quelques noms :

Alys d'Anduze, la comtesse de Die, Marie de Ventadour, Béatrix de Provence, Eléonore de Provence qui passe pour avoir écrit un roman provençal "Blandin de Cornoouiller", Mariez de France, atuer du "Purgatoire de Saint-Patrice" et à la fin du quatorzième siècle, l'incomparable Christine de Pisan.

Les Dames du Temps jadis

Un document daté de 1292, nous savons qu'il existait à Paris 11 écoles de garçons avec le nom des maîtres et les noms de rues, plus une école de filles dirigée  par Tyfaine, rue où l'on cuit les oes (les oies, aujourd'hui rue aux Ours). Dans ces écoles on apprenait avant tout

le Pater, l'Avé, le Crédo, en langue vulgaire et en latin. On enseignait aussi l'horreur de l'impureté le respect des parents et les pratiques pieuses tels la confession et la communion.

Les conseils donnés étaient que "Toutes fames doivent scavoir filer et coudre, car la pauvre  en aura mestier et la riche connoistra mieux l'ovre des austres...A fame ne doit-on apprendre lettres ni escrire si ce n'est especiemment pour estre nonnain"

Il existait au treizième siècle des écoles  en dehors des monastères, (qui étaient sous l'autorité du chantre de la cathédrale du chantre du chapitre, sans la permission duquel nul ne pouvait enseigner) où les enfants moyennant rétribution étaient admis. Ces "petites écoles" ou "écoles de grammaire" donnaient un enseignement qui se bornait à l'écriture la lecture, à  quelques bribes de calcul et parfois le latin. Dans les écoles, "les enfants doivent être batuz quand ils ne savent leçons"

En 1380 il y avait 40 écoles de garçons et 20 pour les filles. Nous avons les noms des maîtresse qui dirigeaient alors les petites écoles

de filles :

Jeanne Pelletier, Jeanne de Vienete, Sersive la Bérangère, Marion de la Porte, Jeanne la Mercière, Perrette la Verrière, Jeannette du Déluge, Martine la Thomasse, Jacquette la Denise, Jeanne Morelle, Jeanne de Castillon, Jacqueline de Transvire, Jeanne la Féronne, Marie de Lingon,  Jeanne de Ballières, Denise de Nerel, Jeanne de Asmorade, Edelète la Juiote, Marie la Choquette, Jeanne la Bourgeoise,

et Maheu la Bernarde.

24/02/2009

Grisettes, Bréda et Lorettes

Par Bernard Vassor

Nestor Roqueplan 1804-1870 hauteur.jpg
Nestor Roqueplan par Nadar
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Nous savons avec certitude que le terme de grisette était déjà employé au XVIII°siècle. Sébastien Mercier les évoque dans son
 "Tableau de Paris". Les petites ouvrières étaient appelées ainsi en raison de la blouse grise qu'elles portaient en sortant de leurs ateliers. 
Le terme Lorette est apparu pour la première fois en 1841; sous la plume de Nestor Roqueplan, le dandy, qui était alors directeur de l'Opéra Lepelletier, dans un numéro de sa feuille :"Les Nouvelles à la main". C'est Gavarni qui les immortalisa dans sa série de dessins consacré aux dames de son quartier.
Gavarni lorettes de Sainte-dévotes hauteur.jpg
Paul Gavarni
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Pour ce qui me concerne (en désaccord avec certains), je crois que le terme Bréda, fut utilisé bien avant que la rue Notre-Dame-de-Lorette ne fut nommée ainsi. Bréda Street, désignait la quartier tout entier, de la rue Vatry à l'époque, jusqu'à la barrière Montmartre, où étaient venues s'installer ces dames légères, occupant des appartements à bas prix pour "essuyer les plâtres". En effet, les nouveaux immeubles qui venaient d'être construits n'étaient pas habitables, en raison de l'humidité des murs en plâtre, qui méttaient très longtemps à sécher. Les propriétaires exigeant en échange d'un bas loyer que les appartements soient chauffés, et que les fenêtres soient garnies de rideaux, pour bien montrer que les maisons étaient occupées. Le terme Bréda tomba en desuétude, les écrivains, toujours moutonniers, préférèrent lui substituer lorette qui était plus à la mode. On vit alors une production littéraire importante autour des filles de ce quartier.
Nous pouvons citer dans le désordre : George Sand, Emile de la Bédollière, Alexandre Dumas fils, les frères Goncourt, Turpin de Sansay, Hippolite Taine, qui usèrent et abusèrent de ce filon. Les Physiologies, qui étaient un genre littéraire nouveau connurent une grande vogue. On faisait des physiologies sur tout, sur l'amour, sur les bas-bleus, sur les coiffeurs, les épiciers (Balzac) et il y eut même une Physiologie de la physiologie !
Maurice Alhoy fit parître la Physiologie de la Lorette,avec des vignettes de...Gavarni.
Physiologie de la Lorette hauteur.jpg
Antonio Watripon tenta bien, au quartier latin de créer un autre type féminin avec "les lolottes" ou "les rigolettes", sans aucun succès pour lui hélas.

31/12/2008

Une cubaine reine de Paris : la comtesse Merlin( Maria de las Mercedes de Santa Cruz)

Par Bernard Vassor
Notice modifiée le 4 janvier 2008, sur les indications de Dominique Delord.
comtesse merlin cadre hauteur.jpg
Maria de las Mercedes Santa Cruz y Cardenas de Jaruco, a vu le jour à la Havane en 1788 (décédée en 1852 à Paris). Eduquée par sa grand-mère, elle intervint auprès de son père pour faire émanciper, une esclave qui lui appartenait, et qui était une ancienne reine congolaise devenue nommée Cangis*. Partie pour Madrid en 1802, elle épousa le général Christophe-Antoine Merlin en 1811.
Elle vint s'installer rue de Bondy **(René Boulanger maintenant) et tint un des salons les plus fréquentés de Paris sous la restauration et le règne de Louis-Philippe. Sa grande beauté et son charme attira chez elle les plus grands savants, artistes, littérateurs et musicien que comptait la capitale, dont La Fayette, Chateaubriand, George Sand, Mérimée, Balzac, Musset, Aguado.
Elle avait pris des leçons de musique du chanteur Garcia, le père de la Malibran (dont elle fut la première biographe) et participa à des concerts de bienfaisance*. On trouve de nombreuses notes dans la "correspondance Balzac" qui fut un habitué des soirées de la rue de Bondy.
Le compositeur Rossini fut lui aussi du nombre des participants les plus assidus de ses soirées où il accompagnait parfois au piano la comtesse à la voix de soprano unique, interprètant son opéra  Mathilde di Shabran, en compagnie de la Malibran et des chanteurs Lablache et Donzelli
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*Cangis qui vivait dans le royaume du Congo avait été couronnée reine en raison de sa grande beauté. Elle choisit son amant pour mari et le suivit lors d'une expédition contre une tribu ennemie. Elle le vit périr sous ses yeux, fut faite prisonnière et vendue à un capitaine négrier qui la transporta à la Havane où elle fut vendue au père de Mercedes.
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** Information que je dois à l'historienne d'art Dominique Delord, qui prépare une importante biographie de la comtesse créole qui devrait éclipser cette bien modeste notice.
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***Dont le fameux concert dans la salle du Wauxhall place du Château d'Eau (emplacement aujourd'hui de la rue de la Douane) le 1° mars 1831, au profit des réfugiés polonais.

 

11/12/2008

Mode : un congrès féminin Boston pour la réforme de l'habillement en Amérique.

Par Bernard Vassor

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Une réunion en juillet 1874 à Boston pour la réforme des modes*
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Un vent de folie a saisi certaines femmes aux Etats-Unis. Dans plusieurs villes se sont tenus à huis-clos de meetings où la gent masculine était exclue. Néanmoins, quelques indiscrets ont réussi à s'introduire sous des déguisements féminins, pour pouvoir rendre compte et faire des croquis de ces réunions.
Au grand désapointement de ces messieurs, la réunion de Boston, n'avait pas comme celle de San-Fransisco de modèles vivants, mais de simples poupées de son pour démontrer l'avantage de la mode nouvelle qui devrait être adoptée par toute femme convenable.
Pour celà, il fallait renoncer aux atours provocateurs, à la soie, aux jupes à voluptueux froufrous doubles ou triple, et à toute dentelle ou passementerie qui n'est pas utile à l'habillement. Au lieu de celà, de beaux lainages sobres et des cotonnades qui devraient suffir à satisfaire l'élégance des honnêtes femmes.
Les ennemies désignées en premier étaient les diablesses de modistes parisiennes dont l'imagination n'avait pas de frein.
Les females speakers furent longuement applaudie d'une partie de l'assistance, l'autre partie, plus jeune, selon les commentateurs, demandant à réfléchir.
*Même à cette époque, le mot réforme était déjà à la mode, et utilisé à toutes les sauces.

08/12/2008

Un élément de la mode féminine : la crinoline, suite....

Par Bernard Vassor

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Sous cette caricature Nadar, évoque "le nouveau style de jupons à ballons ventilés, qui l'emporte sur tous les devanciers pour la commodité, la solidité;, la souplesse et la grâce
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Dans un article précédent : http://www.paperblog.fr/1282619/un-element-de-la-mode-fem..., nous évoquions la fabrique industrielle Thomson, de crinolines qui avait obtenu le quasi-monopole de la fabrication en Europe.
Mais, c'était sans compter sur les talents de nos couturières parisienne. Mlle Bienvenue, qui avait atelier et salon au 320 rue Saint-Honoré, n'avait pas son égale pour habiller la rotondité de sa clientèle. Elle était la grande spécialiste de la jupe ballonnée par une crinoline à baleines, avec des agréments bizarres, de noeuds, tresses, passementeries, galons lamés reproduisant des étoiles, des fleurs de toutes sortes, des sequins, des dollars, galons vénitiens aux feux bleuâtres incrustés de losanges de nacre qui pesaient très lourd. Ces créations étranges avaient parfois une superficie de tissus de vingt quatre mètres carrés ! Le caricaturiste Bertall prédisait avec ironie : "Incessamment, on espère arriver à l'hectare." 
Dans une charge parue dans le journal l'Illustration, il parla de : "Les ridicules de Mme d'Esbrouffenville et de Mme de Krinolinoff"
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"Si je n'avais pas mis de jupe en crinoline, quand il était mon futur, suis-je bien certaine qu'il serait mon mari aujourd'hui ?"
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Vous pouvez aussi consulter le superbe site dédié entièrement à la crinoline : http://www.mimiegilles.fr/

01/12/2008

Les dames du temps jadis, c'était mieux hier suite...

Par Bernard Vassor

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Cette nouvelle requête, qui fait suite à la complainte sur un mode humoristique de "ces demoiselles", bénéficie du soutien de marchands, surtout du quartier du Palais Royal qui voyaient leurs recettes fondre, du fait de l'interdiction pour les filles publiques de déhambuler autour et à l'intérieur, et dans les galeries du Palais Royal, le terrain de chasse le plus en vue de la capitale. Ajoutez à cela la fermeture de maisons de jeu clandestines. Ces mesures furent prises par le dernier préfet du cabinet du prince de Polignac. Edictées en mai, les ordonnances tombèrent comme des feuilles mortes en juillet avec le renversement de Charles X. 
C'est la nommée Pauline de la chanson qui demeurait 10 rue Froidmanteau comme Laure citée dans la complainte sus-nommée, qui écrivit cette pétition qui bénéficia de deux cent soixante quinze signatures et fut "apostillée" par messieurs les épiciers, cabaretiers, limonadiers et marchands de comestible, estimant qu'il était fait un tort considérable et très conséquent à leur commerce. 'ordonnance interdisait toute circulation et même de paraître dans les jardins, les galeries et les lieux "circonvoisins". 
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La dame Laure écrit :
Monsieur le Préfet :
"D'aucuns disent qu'on vous a persuadé qu'il fallait rogner les ongles aux filles de joie; qu'elles affichaient un "lusque" insolent, vu qu'elles prospéraient trop. Ah ! monsieur le Préfet, si l'on vous a dit ça, on vous a fièrement menti. Je comprend bien que le métier a été bon; mais depuis longtemps il ne vaut plus tripette" (c'était mieux avant !) "Un si grand nombre de nobles dames, de bonnes bourgeoises, s'en sont mêlées, et livrent leur marchandise à si bas prix, sans y perdre, vu qu'elles ont sur nous l'avantage de pouvoir exercer sans payer patente, que je vous le jure sur mon honneur, il n'y a plus moyen pour nous de soutenir la concurence"
(..)"Réflechissez bien monsieur le Préfet, qu'il y aurait plus que de la barbarie de votre part à ne pas révoquer une ordonnance qui plonge dans la désolation des désolations un tas d'innocentes filles qui ne peuvent mais, des sarcasmes que les enragés d'écrivains libéraux ne cessent de lancer contre votre toute "paternelle" administration"
Le Préfet de police Claude Mangin (1786-1835)-procureur général à la cour royale de Poitier, avait été nommé le 13 août 1829. Il ne fêta pas son premier anniversaire dans ses fonctions, il tomba comme une poire blète en même temps que Polignac et le duc d"Artois. C'est lui qui ordonna la saisie des presses qui ne respectaient pas les ordonnances de Saint-Cloud, ce qui provoqua la révolution de Juillet.
Toucher à la liberté de la presse ne facilite pas le dur métier de despote !

Les dames du temps jadis, c'était mieux hier......

Par Bernard Vassor

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Travailer plus pour gagner plus !
........
Quarante ans après "Les Ambulantes à la brune", les mêmes causes produisant les mêmes effets, une "demoiselles" parisienne adresse une complainte chantée sur l'air de "la complainte de Fualdès" pour protester contre "une nouvelle ordonnance attentatoire à la liberté individuelle" tendant à limiter l'exercice de sa noble profession :
Fait au nom de Stéphanie,
De Paulin', de Pamela,
De Victoire, d'Elisa,
De Justine et de Phrasie, le quinze du moi de mai,
Que l'on nous a enfermées
......
"De qui faut-t-il que j'implore
Un appui dedans ce jour ?
Fille de joie et d'amour,
Tout le monde connaît Laure,
Demeurant rue Fromenteau*,
Au onzième numéro.
.........
Pour réduire tout un sexe
A l'état où nous voilà,
Surtout quand il sait que ça
Nous contrarie et nous vexe;
Enfin, pour fair' c'qu'il fait,
Faut-im qu'un homme soit...Préfet !
......
Depuis c'te belle équipée,
Nous n'faisons plus rien du tout :
Nous n'pouvons plus même chez nous,
Prendre l'air à la croisée.
C'est dur de se repôser
Quand on aime à travailler.
...
Pour rien pour des vétilles,
Sans motif et sans raisons,
Fermer ainsi des maisons,
Molester de pauvres filles !
Et vilà ce qu'on appelle
L'gouvernement paternel."
......
La rue Fromenteau, ou Froidmanteau, dite au treizième siècle Froid Mantel, longeait les anciens fossés du Louvre. Elle prit 9 ans après la publication de ce petit livre, le nom de rue du Musée. Il y avait là l'hôtel de Schonberg, qui fut donné par Henri IV à Gabrielle d'Estrée en 1596.
Elle donnait sur la place du Palais Royal, presque dans le prolongement de la rue de Valois, pour finir quai du Louvre. C'était le quartier le plus fréquenté par ces "demoiselles". 
"Faites donc prendr' les couturières, les marchands de mode aussi, qui chaqu'jour quand vient la nuit, exercent sans en avoir l'air", ajoute la plaignante. Nous apprenons aussi que la pratique du raccolage "à la fenêtre" existait déjà en 1830.

07/11/2008

Un élément de la mode féminine : La Crinoline

PAR BERNARD VASSOR

CRINOLINES ATELIER de fabrication largeur.jpg
La maisonThomson, fabrique de crinolines, inventeur de la jupe-cage qui porte son nom (un anthroponyme qui ne lui a pas survécu)
........
Depuis les temps les plus reculés, les femmes ont cherché à remédier à leurs petites imperfections corporelles, suivant les canons de la mode de leur temps, depuis les grecs et les latins les femmes utilisaient des moyens pour pallier leur absence de hanche. Au seizième siècle sont nés "les vertugadins", des bourrelets qui s'attachaient aux hanches pour donner une ampleur démesurée aux robes. Plus tard, au dix-huitième siècle ce sont des jupes rendues rigides par des cerceaux de bois. Puis au dix-neuvième, les crinolines, à l'origine des jupes d'étoffe de crin qui ensuite furent de véritables cages formées par des cerceaux d'acier. La gravure ci-dessus, date de 1865. La mode disparut trois ou quatre ans plus tard.
La maison Thomson fabriquait vingt sortes de cages  dont chacune avait seize tailles différentes.
Le nombre de cerceaux variait entre quatre et...quarante !
La fabrique produisait de mille à mille deux cents douzaines de cages par semaine. La maison fournissait la France, la Belgique, l'Allemagne, l'Angleterre et l'Amérique, et employait quatre cents ouvrières pour une production totale de trois cent mille douzaines de cag
.........................
Sous cette caricature Nadar, évoque "le nouveau style de jupons à ballons ventilés, qui l'emporte sur tous les devanciers pour la commodité, la solidité;, la souplesse et la grâce"
Dans l'article précédent nous évoquions la fabrique industrielle Thomson, de crinolines qui avait obtenu le quasi-monopole de la fabrication en Europe.
Mais, c'était sans compter sur les talents de nos couturières parisienne. Mlle Bienvenue, qui avait atelier et salon au 320 rue Saint-Honoré, n'avait pas son égale pour habiller la rotondité de sa clientèle. Elle était la grande spécialiste de la jupe ballonnée par une crinoline à baleines, avec des agréments bizarres, de noeuds, tresses, passementeries, galons lamés reproduisant des étoiles, des fleurs de toutes sortes, des sequins, des dollars, galons vénitiens aux feux bleuâtres incrustés de losanges de nacre qui pesaient très lourd. Ces créations étranges avaient parfois une superficie de tissus de vingt quatre mètres carrés ! Le caricaturiste Bertall prédisait malicieusement : "Incessamment, on espère arriver à l'hectare."
Dans une charge parue dans le journal l'Illustration, il parla de : "Les ridicules de Mme d'Esbrouffenville et de Mme de Krinolinoff"
crinoline 3 NADAR hauteur.jpg
"Si je n'avais pas mis de jupe en crinoline, quand il était mon futur, suis-je bien certaine qu'il serait mon mari aujourd'hui ?"
Vous pouvez aussi consulter le superbe site dédié entièrement à la crinoline : http://www.mimiegilles.fr/

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02/11/2008

Histoire du féminisme : Des ateliers de femmes typographes

PAR BERNARD VASSOR

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Un atelier entièrement féminin en 1860
Dans plusieurs journaux, des polémiques ont été soulevées entre journalistes et représentants du syndicat des typographes.
Nous sommes en 1864, ce n'était pas la première fois que des femmes prenaient le pouvoir dans des ateliers. Déjà en 1832, des journaux furent entièrement réalisés par des femmes. L'expérience avait durée deux ans.
L'objet de la discorde portait pêle-mêle sur la liberté du travail, le maintien du niveau des salaires. Si on introduit des femmes dans les imprimeries disaient certains, c'est moins pour des motifs d'humanité et de morale, que parce que les femmes touchent un salaire inférieur. La situation des hommes est donc menacée !!!! L'idée qui fonctionnait en Angleterre et en Amérique où il existait un grand nombre d'imprimeries avec des ateliers mixtes. L'auteur du "Roi des Montagnes" a pris le parti des femmes dans des articles au "Journal Officiel", il a conclu à l'avantage de l'emploi des femmes et a appuyé leur droit de franchir les ateliers qui pourront bénéficier de leur intelligence et de leur adresse.
La seule imprimerie en France où les femmes travaillent aussi bien à la composition, à la correction et au margeage, est la Société Paul Dupont à Clichy.

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29/09/2008

UN ARTICLE DE CHANTAL CHEMLA : LA KAHINA

PAR CHANTAL CHEMLA

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LA KAHINA

C’est un personnage historico-légendaire, dont on ne connaît avec certitude ni son vrai nom, ni la religion à laquelle elle appartenait, ni même le lieu et la date exacts de sa mort (sans parler de sa naissance !). On ne sait même pas si son surnom (La Kahina, ou la Kahéna ?) vient de l’hébreu koha , prêtre, descendant d’Aaron, frère de Moïse (Cohen), ou de l’arabe (prophétesse). L’Encyclopedia Universalis conclut son article sir la Kahina par ces mots :  « L’histoire de cette femme fougueuse et indomptable (la « Déborah berbère ») est en grande partie légendaire : les romanciers s’en sont emparés. » Peu de certitudes. En effet, la plupart des sources proviennent de récits traditionnels. Ibn Khaldoun (1333-1379), qui est le seul à manifester esprit critique et désir de comprendre et d’expliquer, écrit sept siècles après les événements. Voici ce qu’il en dit :

Une partie des Berbères professait le judaïsme, religion qu’ils avaient reçue de leurs puissants voisins, les Israélites de la Syrie.. (……)

Parmi leurs chefs les plus puissants, on remarqua la Kahéna, reine du Mont-Aurès, et dont le vrai nom était Dahia, fille de Tabet, fils de Nicin. Sa famille faisait partie des Djéraoua, tribu qui fournissait des rois et des chefs à tous les Berbères descendus d’El-Abter.

Le khalife Abd el-Melek fit parvenir à Hassan ibn-en-Noomane el-Ghassani, gouverneur de l’Égypte, l’ordre de porter la guerre en Ifrikia … El-Hassan se mit en marche, entra dans Kairouan puis emporta d’assaut la ville de Carthage. Après cette victoire, il demanda quel était le prince le plus redoutable parmi les Berbères, et, ayant appris que c’était la Kahéna, femme qui commandait à la puissante tribu des Djeraoua, il marcha contre elle … Mais cette dernière mena ses troupes contre les musulmans et, les attaquant avec un acharnement extrême, les força à prendre la fuite après leur avoir tué beaucoup de monde … La Kahéna rentra dans son pays et continua pendant cinq ans à régner sur l’Ifrikia. Hassan revint en Afrique à la tête de nombreux renforts. À son approche, la Kahéna fit détruire toutes les villes et fermes du pays, depuis Tripoli jusqu’à Tanger. Mais elle fut abandonnée par ses alliés qui virent avec un déplaisir extrême la destruction de leurs biens … La Kahéna fut battue et tuée dans le Mont-Aurès. L’offre d’une amnistie générale décida les vaincus à embrasser l’islam.

Ibn Khaldoun
(Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l’Afrique, traduction par De Slane,1852.)

(Texte cité par Didier Nebot, dans les sources historiques de son roman La Kahéna reine d’Ifrikia, éd. Anne Carrière, 1998)

C’est à partir de ce texte que vont naître et se développer différentes versions de la légende de la Kahina. Elle a reçu différents surnoms, plus ou moins justifiés : la « Déborah berbère » (Georges Marçais), « la Jeanne d’Arc africaine », et aussi « la Judith berbère ».

Que dit l’Histoire ?

À la fin du VIIe siècle, en Afrique du Nord :

·         Les Byzantins tiennent Carthage

·         Les Berbères, anciens habitants du pays, sont divisés par leur mode de vie (nomades ou sédentaires, agriculteurs ou citadins commerçants) et leur religion (chrétiens ou juifs, sans compter les restes de religions punique ou animiste)

·         Les Arabes arrivent de l’est et tentent, dès 647, de pénétrer en Ifriqyya. Mais ils rencontrent une résistance longue et farouche, alors qu’ils n’avaient rencontré aucun obstacle sérieux dans la conquête de l’Égypte et de la Cyrénaïque. 

Le déroulement des évènements.

En 670, ‘Oqba ibn Nafi‘ fonde Kairouan (< qairawân : place d’armes), première ville musulmane au Maghreb. Il multiplie les raids vers l’ouest. Kosaïla, berbère chrétien, prince des Awraba, est fait prisonnier.

 

C’est à peu près à cette époque que commence vraiment l’histoire de la Kahina.. Jusque là, on peut imaginer son enfance : une petite fille, pas tout à fait comme les autres. C’est une fille de chef. Est-elle fille unique ? C’est une hypothèse généralement admise, pour expliquer qu’elle soit devenue chef, même si chez les Berbères les femmes n’étaient pas asservies aux hommes, et le matriarcat n’y avait rien de scandaleux. Le prénom qu’on lui attribue le plus souvent est Dehya, ce qui signifie « la Belle » en berbère. Quelle éducation a-t-elle reçue ? Sans doute l’éducation traditionnelle des femmes (apprendre à filer, à tisser, à faire la cuisine …), mais elle a probablement aussi appris à monter à cheval et à manier les armes.

Tout ce qui précède relève des hypothèses, puisqu’on ne sait rien de la vie de la Kahina comme personne. C’est lorsqu’elle est mêlée aux événements de son époque qu’elle entre vraiment dans l’histoire.

Donc, en 675, Abou-el-Mohajir, nommé gouverneur de l’Ifrîqiya à la place d’Oqba tombé en disgrâce, fait prisonnier Koçeïla, prince des Awraba. Mais en 681 Oqba revient, et il aurait entrepris alors un grand raid dans le Maghreb. Il traînait dans sa suite Koçeïla, converti à l’islam pour sauver sa vie, et à qui il ne ménageait pas les affronts, traitant ce prince en esclave. Grâce à ses partisans, dissimulés dans la ville de Tahouda, il est libéré et Oqba est tué. Koceïla devient pour trois ans le véritable chef de l’Ifriqiya

Trois ans après, nouvelle offensive arabe, sous le commandement de Zohaïr ibn Qaïs, qui livre bataille aux troupes de Koçeïla à Mems, près de Kairouan. Les Arabes remportent la victoire et Koçeila est tué (686). Mais les Arabes se retirent en laissant une garnison à Kairouan.

À la suite de la disparition de Koçeila, les Awrâba perdent leur hégémonie sur les Berbères, et ce sont les Djerawa qui vont prendre la tête de la résistance : les Djerawa, c’est-à-dire la Kahina, qui devient alors « reine des Berbères ». Elle le restera cinq ans.

Après la prise de Carthage par Hassan ibn en No‘man el-Ghassani (695), la Kahina parvient à fédérer les Berbères et remporte une victoire sur les Arabes sur les bords de la Meskiana. Mais cette victoire va avoir des conséquences tragiques pour la Kahina. En effet elle déroge au principe des Berbères : les prisonniers doivent tous être tués. Or, parmi les captifs se trouvent un tout jeune homme, Khaled, dont la beauté et la jeunesse émeuvent la Kahéna. Pour le sauver, elle décide de l’adopter, suivant une vieille coutume berbère.

Khaled, pour autant, ne renonce pas à assurer la victoire des Arabes. Il observe, espionne. Il arrive à communiquer avec Hassan en dissimulant ses messages dans une boule de pain.

Cependant les dissensions entre Berbères, accrues par la partialité de la Kahina dans le partage du butin, les affaiblissent.

Hassan, encouragé par les messages reçus de Khaled, prépare une nouvelle offensive. Mais, cette fois, c’est contre des Berbères désunis que Hassan mène son offensive, d’autant que la Kahina, voulant prévenir le retour des Arabes, fait saccager le pays, appliquant la politique de la terre brûlée et « ne laissant debout ni arbres ni murailles »[i] (C.-A. Julien).  On comprend que citadins et cultivateurs, qu’il fussent grecs ou indigènes, lui en aient tenu rigueur. La bataille eut lieu sans doute près de Tabarka. La veille, la reine aurait ordonné à ses deux fils de passer à l’ennemi et de se convertir à l’islam. La tradition la plus répandue veut qu’elle ait été tuée près d’un puits nommé depuis Bîr el-Kahina, et que sa tête ait été envoyée en trophée au calife.   

« Sa mort peut être considérée comme la fin de la résistance armée des Berbères contre les Arabes. De fait, lorsque, en 711, Tariq traverse le détroit auquel il a laissé son nom (Gibraltar : Djebel-el-Tariq) pour conquérir l’Espagne, son armée était essentiellement composée de contingents berbères et Maures »[ii] (Gabriel Camps, Les Berbères. Mémoire et identité)   

 

Pour ceux que cette histoire intéresse, citons quelques romans écrits à propos de la Kahina :

 

·         Roger Ikor, La Kahina, éditions ENCRE, 1978

·         Pol Serge Kahon, Kahena la magnifique, éditions de l’Instant, 1990

·         Abdelaziz Ferrah, Kahina, éditions Marinoor, Algérie 1997

·         Didier Nebot, La Kahéna reine d’Ifrikia, éditions Anne Carrière, 1998

·         Gisèle Halimi, La Kahina, Plon, 2006



[i] Charles André JULIEN, Histoire de l’Afrique du Nord des origines à 1830, grande Bibliothèque Payot.

[ii] Gabriel CAMPS, Les Berbères. Mémoire et identité, éd. ERRANCE, 2002

 

05/09/2008

DES LITS dans le NEUVIEME ARRONDISSEMENT DE PARIS pour SARAH BERNHARDT

PAR BERNARD VASSOR

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65 rue de Provence.
Dans cette maison, reconstruite, Sarah Bernhardt venait habiter là quand elle avait cinq ans chez le "tireur de cordon" mari de sa bretonne de nourrice.
Rosine Bernhardt eut d'innombrables domiciles dans cet arrondissement. Pas une seule plaque commémorative n'indique son passage dans notre circonscription. Depuis le départ de Nadia Prete de la mairie du neuvième, le désert culturel est revenu s'installer !
Nous allons essayer de dresser une liste à peu près complète si possible des différentes demeures de cette femme artiste pluriforme hors du commun. La première "star mondiale" de l'histoire si l'on peut dire.
Au 6 rue de la Chaussée d'Antin, la tante Rosine tenait une petite maison de mode qui était fréquenté par des messieurs très bien. Rossini, Alexandre Dumas père et le duc de Morny étaient des familiers de ce salon.
C'est au cours d'un conseil de famille concernant l'avenir de la petite Henriette Rosine, agée de quatorze ans qu'Alexandre Dumas émit l'idée que la gamine devrait entrer au conservatoire. Le duc de Morny déclara que ce qu'il fallait à cette enfant, c'était de la mettre au conservatoire ! Il donna par écrit une recommandation pour Auber (qui habitait 24 rue Saint-Georges)qui était aussi le directeur du conservatoire. L'examen d'entrée fut une formalité, le jury ayant sous les yeux la lettre de recommandation de Morny, fut quand même interloqué quand la fillette n'ayant rien à proposer d'autre qu'une fable de La Fontaine : "Deux pigeons s'aimaient d'amour tendre". Sarah, très petite et très maigre, n'avait pas grand chose pour elle en dehors de ce mot du duc de Morny ! Sa prestation fut lamentable, sous les quolibets des autres candidats qui avaient travaillé serieusement de longues tirades. Après avoir récité sans être entendue tellement elle parlait bas, elle n'eut pas à attendre comme c'était l'usage lma réunion du jury,Auber lui annonça qu'elle était reçue....
A SUIVRE.........

24/08/2008

UNE BIEN CURIEUSE ÉNIGME : qui se cache-t-il derrière cette charge ? Par un auteur facétieux et médisant de la fin du 18ième siècle

PAR BERNARD VASSOR :
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Ou le portrait d'une femme célèbre.
......
Au physique je suis du genre féminin,
Mais au moral je suis du masculin.
Mon existence hermaphrodite
Exerce maint esprit malin.
Mais la satire et son venin
Ne sauraient ternir mon mérite.
Je possède tous les talens,
Sans execpter celui de plaire;
Voyez les fastes de Cythère
Et la liste de mes amans,
Et je pardonne aux mécontans
Qui seraient de l'avis contraire.
Je sais assez passablement
L'orthographe et l'arithmétique,
Je déchiffre un peu la musique,
Et  La Harpe est mon instrument*.
A tous les jeux je suis savante;
Au trictrac, au trente-et-quarante,Au jeu d'échec au biribi,
Au vingt-et-un au reversi
Et par les leçons que je donne
Aux enfans sur le quinola*,
J'espère bien qu'un jour viendra
Qu'ils pourront le mettre à la bonne.
C'est le plaisir et le devoir
Qui font l'emploi de ma journée;
Le matin ma tête est sensée,
Elle devient faible le soir.
Je suis monsieur dans le lycée**,
Et madame dans le boudoir.
........
* Nom du valet de coeur au jeu du reversi.
**Jeu de mots à double sens, la dame jouait bien de la harpe, et eut pour amant Jean-François de La Harpe dont l'ouvrage principal est intitulé : **Lycée ou cours de littérature en 18 volumes. Il passait pour être son teinturier, ce qui veyt dire au siècle de Voltaire, qu'il était le marchand de couleurs qui donnait de la teinture et du relief aux écrits d'un homme politique ou d'un auteur. On dit "un nègre" depuis le siècle de Victor Hugo, de Dumas ou de Zola qui pour les deux derniers n'en manquèrent pas...

21/08/2008

MARCELINE DESBORDES-VALMORE : "LA MODERNE SAPHO", D'APRES PAGANINI

PAR BERNARD VASSOR

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Pendant trente ans, Sainte-Beuve rendit un culte au talent poétique de Marceline Desbordes-Valmore dans la Revue des Deux Mondes, au Moniteur universel, au Constitutionel et au Temps. (Il eut un temps une idylle avec Ondine Valmore, la fille de Marceline) D'autres écrivains, d'autres critiques, et d'autres artistes comme Paganini s'accordèrent pour tresser des louanges à son génie poétique.
Parmi ceux-ci nous pouvons citer : Alexandre Dumas père (jamais en retard lorsqu'il s'agissait de complimenter une dame) Emile Montégut, Charles Baudelaire (Curiosités Esthétiques) Théodore de Banville, Rimbaud et Verlaine, ce dernier lui consacra une large place dans "Poètes Maudits"4063dd8c585bd26ae1e36eeac1c10008.jpg : Marceline Desbordes-Valmore est digne par son obsurité apparente mais absolue, de figurer parmi nos , Poètes Maudits;, et ce nous est, dès lors un devoir impérieux de parler d'elle le plus au long et le plus en détail possible. M.Barbey d'Aurevilly la sortait jadis du rang et signalait, avec cette compétence bizarre qu'il a, sa bizarreie à elle et la compétence vraie, bien que féminine qu'elle eut (...) quand Arthur Rimbaud nous connut et nous força presque de lire tout ce que nous pensions être un fatras avec des beautés dedans. (d'abord, Marceline Desbordes était du Nord et non du Midi (de Douai, où Rimbaud et lui avaient des attaches) Paul Verlaine conclut ainsi son portrait :
Marceline-Desbordes-Valmore est tout bonnement, avec George Sand, si différente, dure, non sans des indulgences charmantes, de haut bon sens, de fière et pour ainsi dire de mâle allure; la seule femme de génie et de talent de ce siècle et de tous les siècles en compagnie de Sapho peut-être, et de sainte Thérèse.
Marceline-Félicité-Joséphine Desbordes vit le jour en 1786 le 20 juin, à Douai, dans une maison au 32 rue Notre-Dame (aujourd'hui le 36) attenant au cimetière de la paroisse Notre-Dame, à côté d'un cabaret portant pour enseigne, L'Homme Sauvage.! Son père s'appelait Antoine-Félix Desbordes. Sa mère était née Catherine-Cécile Lucas. Ses parents originaires de Suisse, étaient tous deux nés à Douai. A la suite d'un revers de fortune, Marceline se rendit en Martinique avec sa mère en 1797 à l'invitation d'un riche cousin de sa mère. Malheureusement une révolte éclata en 1801, le riche cousin fut tué, et sa mère terrassée par la fièvre jaune qui sévissait cette année là à Pointe-à-Pitre. Elle revint en France vivre auprès de son père Félix Desbordes, peintre d'armoiries, et ses deux sœurs à Douai. En 1802, elle fit des débuts dans un théâtre de sa ville natale. L'année suivante, elle obtint un engagement au Théâtre des Arts à Rouen. Peu après, elle se produisit à l'Opéra comique*,puis à Bruxelles au Théâtre de la Monnaie. Elle fit la connaissance d'Henri de laTouche*dont elle ne révéla jamais le nom, et avec qui elle eut un fils. Ce qui n'empêcha pas celui que l'on surnommait "Le Loup de la vallée ( il s'était rendu acquéreur du domaine de la Vallée aux loups ) d'abandonner lâchement Marceline un an plus tard.
 
*Opéra comique, qui portait aussi indifféremment les noms de Théâtre Favart, Théâtre Feydeau, Théâtre italien
**Henri de Latouche.......
***Albertine Gantier......
****Caroline Branchu, (Rose-Timoléone-Caroline Chevalier de Lavit) née en 1780 au Cap. Décédée en 1850. Elle avait épousé le danseur Branchu qui mourut fou (suicidé) longtemps avant elle. Elle vécut avec Marceline dans une petite maison du 20 de la rue Coquenard, aujourd'hui rue Lamartine (la numérotation ayant plusieurs fois changé et les percements de plusieurs rue qui ont fait disparaître certaines maisons, rendent difficile la localisation) Caroline fut l'amie la plus intime de l'âge mûr de Marceline avec Pauline Duchambge. Elle fut la première cantatrice venant du conservatoire qui débuta à l'Opéra en 1793 dans le rôle d'Antigone. Élève de Garat, elle obtint de la Dugazon des cours de déclamation. Elle ne tarda pas à se présenter au premier rang des cantatrices. Elle devint la rivale de "la Saint-Huberty"et de Mlle Levasseur.
*****Pauline Duchambge........
 A SUIVRE..............

20/08/2008

DES AMAZONES SUITE : JEANNE DEROIN FONDATRICE DU CLUB DE L"EMANCIPATION DES FEMMES

PAR BERNARD VASSOR

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La politique d'égalité des deux sexes,

 c'est-à-dire l'assimilation des femmes avec les hommes

dans les fonctions publiques, est un de ces sophismes

qui sont contraires non seulement à la logique,

mais aussi à la conscience humaine et la nature des choses.

(..)La femme doit être ménagère ou courtisane

Pierre Joseph Proudhon

................

Jeanne Deroinest née en 1805, dans une famille d'ouvriers. Elle se maria à un ingénieur nommé Desroches, mais elle refusa de porter son nom. Elle fut du nombre des rédactrices du journal "La Femme Libre" . Saint-simonienne au départ, elle rejoignit comme beaucoup les fouriéristes, beaucoup plus ouverts sur la question féminine. En 1848, elle écrivit de nombreux articles pour le journal "La Voix des Femmes" crée par Eugénie Niboyet. Jeanne donna dans son action la priorité au droit des femmes dans le travail et créa le "Club de l'Emancipation des Femmes". Puis elle contribua à la création de l'"Union des Associations Ouvrières" dans le but de réclamer le droit des femmes à l'instruction, et à l'égalité des droits politiques. Nous constatons que ses préoccupations étaient concrètes. En 1851, elle est jetée en prison. Elle est exillée à Londres. Là, elle fonda une école pour enfants de réfugiés politiques. Elle vécut à Londres jusqu'à sa mort à l'age de 89 ans.

Ce fut elle qui ouvrit la voie aux mouvements féministes et suffragistes de la fin du siècle.

Elle écrivit en réponse à un article très misogyne de P.J. Proudhon dans le journal "Le Peuple" qui contestait sa candidature aux élections de 1849 (où elle n'obtint que quinze voix):

"Jeanne Deroin, sous- citoyen !:
(...) Vous êtes l'un des plus redoutables adversaires du principe de l'égalité qui n'admet pas d'exclusion injuste ni de privilège de sexe.
(...) Socialiste chrétienne, je dirai comme vous, Monsieur, plutôt ménagère que courtisane, si je n'avais la certitude qu'un grand nombre de femmes ne deviennet courtisanes que pour échapper à la nécesité d'être ménagère (...)

En mettant de suite ma candidature à l'Assemblée législative, j'ai accompli un devoir: je demandé, au nom de la moralité publique et au nom de la justice, que le dogme de l'égalité ne doit pas être un mensonge. C'est précisément parce que la femme est égale à l'homme, et encore pas identique à lui, qu'elle devrait prendre part aux travaux de réforme sociale et y incorporer des éléments de celles qui sont nécessaires qui font défaut chez l'homme, de sorte que le travail peut être complété. Liberté pour les femmes, comme pour l'homme, est le droit d'utiliser et de développer ses facultés librement. (...). Ainsi, c'est au nom du socialisme, qui est désormais la religion de l'humanité, que j'ai lancé un appel à tous les Socialistes démocrates et ont exhortés à accepter la solidarité, même avec une qualification à son opportunité, avec le fait qu'il s'agit d'une sainte et légitime de protestation contre les erreurs de l'ancienne société et contre une violation flagrante de nos principes sacrés de liberté, d'égalité et de fraternité. (..)C'est le nom de ces principes, qui sont la base du socialisme, que je leur demande si elles ne sont pas jugé opportun de protestation par l'intermédiaire de leurs voix, de déclarer hardiment qu'ils ne sont pas en retraite derrière un privilège de sexe, mais plutôt que de graves les circonstances l'exigent, les capacités et les éminentes qualités d'être appelé à l'honneur de défendre notre cause sacrée. Quant à moi, je déclare devant Dieu et au nom de l'humanité qu'il n'est jamais trop tôt pour s'arrêter sur une fausse route, pour réparer une erreur, et de proclamer une grande vérité"

Ensuite, elle répondit à Jules Micheletqui trouvait (comme George Sand) toutes sortes de raisons de ne pas donner le droit de vote aux femmes.

Marie d'Agoult, encore elle, se montra aussi hostile à la candidature de Jeanne Deroin.

« DES AMAZONES SUITE : LES FEMMES DE 1832

PAR BERNARD VASSOR

"Refusons pour époux tout homme qui ne consentirait point à partager le pouvoir"

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Après la révolution de 1830, un éphémère vent de liberté a soufflé sur la presse en France. Depuis le code Napoléon, les femmes étaient réduites à un état d'infériorité. Des lois s'accumulant depuis, l'interdiction du divorce, l'interdiction d'ester, la soumission de la femme inscrite dans le code civil. On rapporte un propos de l'Empereur : "Les femmes sont l'âme de toutes les intrigues, on devrait les reléguer dans leur ménage, les salons du Gouvernement devrait leur être fermés" .
Des femmes comme madame Bernier n'hésitent pas à apporter leur concours aux anti-féminites les plus durs. Dans un livre intitulé "Quel est pour les femmes le genre d'éducation le plus propre à donner le bonheur des hommes" où il est dit que la destination des femmes est de faire le bonheur domestique de l'homme, il est nécessaire que dès l'enfance, elle connaisse combien elle est inférieure à l'homme !!!!.
La Bibliothèque nationale en possède un exemplaire richement relié aux armes de l'Empereur Napoléon qui dut en faire son lmivre de chevet. Cet état d'esprit était largement partagé par bon nombre d'hommes politiques ou pas.
Dans un article précédent : voir le livre de Sylvain Maréchal, le compagnon Gracchus Babeuf précurseur du communisme.
En 1832, est favorisée la création de clubs déguisés et de sociétés secrètes. En 1834, une loi mit fin, interdisant toutes les associations. Entre ces deux périodes, des femmes firent paraître des journaux et des brochures de propagande en faveur de l'émancipation des femmes. De nombreux livres plaidant aussi dans ce sens virent le jour.
En 1832, Suzanne Voilquin , Jeanne désirée, Claire Démar, Marie-Reine Guindorf, Julie Parsyen furent les premières rédactrices de cette feuille entièrement féminine, de la conception à la réalisation, impression comprise. C'était surtout un organe saint-simonien  proche du journal "Le Globe". Le mot d'ordre était : "Refusons pour époux tout homme qui ne consentirait point à partager le pouvoir" . Ce journal changea de nom pour s'appeller : "l'Apostolat des Femmes" puis :"La Tribune des Femmes". Elles formèrent ensuite "L'Association de la Femme nouvelles" qui tenait tous les mercredis ses assises au 15 rue Laffitte. La femme messie Flora Tristan, participa aux réunions de cette assemblée.
Dans un des numéros, la fondatrice de "La Femme de l'Avenir", Suzanne Voilquin annonce qu'elle vient de divorcer avec la bénédiction du Père Enfantin, et décidée de céder son mari à une de ses collaboratrices Julie Parsy...
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D'autres comme madame Herbinot de Mauchamps fondèrent une revue mensuelle : "La Gazette des Femmes", journal de législation de jurisprudence, de littérature et de théâtre. Cette revue réclama impérieusement pour les femmes payant 200 francs d'impôt le droit de vote et somma Louis-Philippe d'ajouter à ses titres, celui de roi des Françaises. Les rédactrices demandèrent à la chambre dans une pétition, le rétablissement du divorce. Ce journal lui-aussi ne vécut que deux ans. Il est curieux de noter que tous les membres du comité de rédaction étaient des "Mauchamps"
Un autre organe  de presse féminin, plutôt bas-bleu, est parfois la cible des femmes de la Tribune, c'était le "Journal des Femmes" dirigé par madame Louise Bernard et madame Fouqueau de Passy qui à son tour attaquait les saint-simoniennes.
Plus tard, en 1836, Madame Dauriat donna au Rannelagh, des cours de "Droit social des femmes"qui fut aussitôt fermé par la police. Elles déclarait au cours de ces conférences : "Malheureusement, il y a des femmes si bien "apprises" qu'elles secondent de tout leur pouvoir contre leur sexe, l'éducation et la servilité si propre à préparer toutes les douleurs de l'épouse"
Claire Démar, une des rédactrice de "La Tribune des Femmes" publia deux ouvrages : "Appel aux françaises" et "Ma loi d'avenir". Dans ce dernier, elle souhaitait qu'avant le mariage il soit fait "un essai tout physique de la chair par la chair".
Avant la parution de son livre, elle se suicida avec son compagnon Desessarts. Une autre rédactrice de ce même journal, Marie-Reine Guindorf suivit le même chemin. Les désillusions étaient grandes au sein du mouvement du Père Enfantin...

19/08/2008

DES AMAZONES : FLORA TRISTAN ET LES FEMMES DE SON TEMPS

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Conception Bernard Vassor, réalisation infographique Pilippe Lefeuvre  © B.V. 2003.

PAR BERNARD VASSOR

 

Flora Tristan et les femmes de son temps

7 avril 1803-14 novembre 1844

L'homme le plus opprimé

 peut opprimer un être

qui est sa femme.

Elle est la prolétaire du prolétaire même.

Flora Tristan « L’Union Ouvrière »
Comment résumer en quelques lignes la vie "ardente et trépidante" d'une femme qui a lutté jusqu'à l'épuisement pour établir une justice sociale dans la première moitié du XIX° siècle ?
Le titre de son premier ouvrage en 1836 : "Nécessité de faire un bon accueil aux femmes étrangères" suffit à démontrer la modernité du combat de celle qui fut aussi une grande voyageuse. Ses pétitions adressées aux députés pour obtenir l'abolition de la peine de mort, attendront un siècle et demi pour aboutir en France. La mesure, en revanche n'est toujours pas appliquée dans le nouveau monde.

Le code Napoléon avait réduit la femme à l'état d'infériorité et d'assujettissement. Flora s'engagea avec "ses soeurs" saint-simoniennes dans le combat pour le rétablissement du divorce et le droit des femmes à disposer d'elles-mêmes.
Véritable créatrice du syndicalisme, elle fonda "L'Union Ouvrière » avec un but très clair : organiser les travailleurs, exiger le droit au travail, veiller à l'éducation des enfants et verser une pension aux ouvriers agés.
Avec elle il faut citer et remettre en mémoire celles qui furent les pionnières du mouvement féministe et qui luttèrent parfois jusqu'à la mort pour voire la réalisation de leur combat.
A "La Tribune des femmes" premier journal féminin militant, au 27 rue Laffitte en 1832 on pouvait rencontrer aux réunions du jeudi, Claire Demar et Marie-Reine Guindorf qui ont connu une fin tragique, Suzanne Voilquin "Fille du Peuple", Jeanne Deroin, Claire Bazard, Désirée Véret (Desirée Gay) et Eugénie Niboyet qui organisa à Lyon en 1832 la première organisation féminine "Pour la Paix dans le monde"  (l’ancêtre de Simone Landry).
Les principaux journaux dirigés en majorité par des ouvrières s'intitulaient :
La Femme Libre, La Femme Nouvelle, L'Apostolat des Femmes, La Tribune des Femmes, La Voix des Femmes.
Flora Tristan est morte d'épuisement à Bordeaux, seule ville en France qui l'honore chaque année le 14 novembre jour de sa mort, La maison du Pérou et L'institut d'Histoire sociale d'Aquitaine organisent une manifestation commune au cimetière de la Chartreuse.
Aux sources de cet article :
Dominique Desanti, qui fut la première à avoir fait une biographie de Flora et Evelyne Bloch-Dano la dernière en date avec "La femme messie. Evelyne à également produit une superbe biographie de « Madame Zola ».

Nadia Prete a aidé à l’organisation à la mairie du neuvième, d’une magnifique célébration du bicentenaire de la pionnière de la cause des femmes avec des conférences et une exposition en liaison avec l’ambassade du Pérou avec l'Ambassadeur monsieur Javier Perez de Cuellar et l'attachée culturelle madame Carolina Bellaunde, et la bibliothèque Marguerite Durand. avec madame la conservatrice Annie Metz.

 Dans le monde entier, des associations Flora Tristan ont été crées pour venir en aide au femmes battues. Célébrée par André Breton qui possédait une partie de sa correspondance qui fut mise en vente lors de la dispersion du « Musée Breton » au 42 rue Fontaine. 

Une série de conférences avec

Article paru dans le journal municipal du 9ième arrondissement lors de la célébration du bicentenaire de Flora Tristan que j'avais organisée à Paris et à Bordeaux pour une exposition en liaison avec l'Institut d'Histoire Sociale de la Gironde et mon amie d'enfance Annie Gleroux Ducom.

DES LEGIONS D'AMAZONES SUITE : Pendant le siege de 1870 et la Commune de Paris 1871

PAR BERNARD VASSOR

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"Des Communeuses" au canal Saint-Martin
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Communeuses à la prison Saint-Lazare
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Les sources disponibles pour l'histoire des clubs pendant la Commune, émanent pour la plupart d'anti-communalistes acharnés. Pendant la Commune de Paris, les clubs étaient essentiellement féminins.
L'entrée était parfois gratuite, mais pouvait aller de un à cinq sous. C'est surtout dans les églises et les salles de spectacle qu'avaient lieu ces réunions. Dresser la liste complète serait difficile. Mais de nombreux récits ou Mémoires d'anciens insurgés, nous donnent une idée du climat qu'il y régnait.
A la fin de l'empire d'ardentes adeptes de l'émancipation des femmes menèrent de grandes campagnes de conférences. Maria Deraismese montrait le plus souvent à la salle des Capucines. Paule Munck fréquentait surtout les quartiers ouvriers des faubourgs. La "Société fraternelle de l'Ouvrière" qu'elle avait fondé publia une feuille intitulée "Les Mouches et les Araignées" en 1868 où elle annonça de façon prophétique le soulèvement de la Commune de Paris en 1871. parmi les oratrices, il y avait Olympe Audouard qui avait créé le journal "Le Papillon", Fanny Maréchal, Mme Demars, André Léo, Noémie Reclus, Louise Michel.
Un ingénieur qui avait étudié des projets de canaux interocéaniques de Panama et du Nicaragua, voulut à l'exemple de demi-fou Borme de 1848 (article précédent), organiser des bataillons d'Amazones armées et organisée comme au Paragay*, composées de huit compagnies de cent cinquante citoyennes chacune. Il prévoyait que trente mille femmes s'enrôleraient car disait-il "elles ont l'instinct de la guerre d'embuscade. Ce seront des soldats modèles puisqu'elles boivent peu et surtout ne fument pas" .
Son obsession rendait le tabac responsable de tous les maux. Son bureau d'enrôlement fut ouvert 36 rue de Turbigo.
L'affiche présentée plus haut fut placardée le 10 octobre. D'après lui 1500 femmes volontaires vinrent s'engager en deux jours ! Une perquisition et son arrestation à la préfecture mirent à bas son beau projet. Il déclara que : "Le projet des Amazones avait été mis à bas par la voyoucratie"
Un autre déboussolé qui venait de sortir de l'asile de Charenton, avait inventé un système de communication télégraphique sans fil au moyen d'escargots, qui élevés ensemble obtenaient un synchronisme de mouvement si parfait qu'il suffisait de placer un de ces gastéropodes dans un damier alphabétique pour qu'aussitôt son congénère situés même à des centaines de lieues allait se poser sur la case correspondante. Ainsi était né l'escargot sympathique.
Emile de Girardin qui ignorait les antécédents de ce farfelu nommé Jules Allix fut parmi d'autres amené à le prendre au sérieux. Féministe comme Borme, il fonda "Le Club de Femmes" où les hommes n'étaient admis que comme spectateurs.
Il se fit néanmoins nommer secrétaire du Comité. En tant que tel, il fit deux propositions, la première, c'est que les femmes seraient armées. La seconde...c'est qu'elles étaient en mesure de protéger leur honneur contre les ennemis.....
Comment ? Au moyen de l'acide prussique ! Parce que l'acide prussique pouvait servir à tuer les prussiens !!!
Il avait inventé un appareil pour tuer tous les prussiens qui oseraient entrer dans Paris. Cet appareil il l’appelait "Le Doigt de Dieu"! Un dé de caoutchouc que les femmes se mettent au doigt, et un petit tube contenant le précieux acide prussique, et une aiguille creuse pour faciliter l'écoulement de l'acide. Dès que le prussien s'approche, vous le piquez, et hop ! il est mort. La femme qui possède le doigt prussique reste donc tranquille et pure au milieu d'une couronne de morts. Jules Allix participa à l'émeute du 22 janvier, fut arrêté et conduit à la préfecture. Ce haut fait d'arme le propulsa lors des élections du 26 mars 1871 à la mairie du huitième arrondissement, avec une majorité écrasante. Le délégué à la Commune transforma le lendemain de son élection la mairie en gymnase de femmes et se proclama chez de légion de femmes. Dans ses fonctions, il prit des arrêtés fantaisistes, qui le firent remarquer par les membres de la Commune qui jugèrent plus prudent de le faire incarcérer le 10 mai. Après la Commune le Conseil de Guerre le jugea fou et le fit interner à Charenton.
Voici une liste incomplète des clubs (mixtes) pendant la Commune de Paris de 1871 :
Le Club des Folies-Bergères.
Club de la Cour des miracles (dans la salle des Folies-Bergères également)
Club Robert, salle Robert, 54 boulevard Rochechouart.
Le Club ambulant de Blanqui.
Club des Montagnards, boulevard de Strasbourg
Club de la Reine-Blanche, à l'emplacement actuel du Moulin-Rouge.
Club Favié à Belleville, salle Favbié.
Club du Collège de France rue d'Arras.
Club de la salle des mille et un jeux, faubourg Saint-Antoine.
Club de la Salle du Pré-au-Clercs, rue du Bac.
Club de la Vengeance boulevard Rochechouart (salle Robert)
Club de la Délivrance, salle Valentino.
Club de l'Ecole de Médecine.
Club démocratique du Casino de la rue Cadet, 18 rue Cadet.
Club démocratique des Batignolles.
Club de la Révolution (à l'Elysée-Montmartre)
Club fermé de la rue de Charonne.
Club de la Salle Valentino 255 rue du faubourg Saint-Honoré.
Clubs en plein vent
Boulevard Montmartre, à l'angle de la rue Drouot.
Dans la cour arrière de l'Opéra Le Pelletier, face à la mairie du neuvième.
Boulevard des Italiens, entre le Café Riche et la Maison dorée.
 
*Par le dictateur Francia, disciple de Charles Fourier, il avait institué un système phalanstérien avec entre autres, le droit à la licence pour les veuves pendant une période de six mois après le décès de son conjoint....
A SUIVRE........

DES LEGIONS D'AMAZONES SUITE : CLAIRE LACOMBE, UNE ENRAGEE DISCIPLE DE JACQUES ROUX "UNE FEMME LIBRE...."

PAR BERNARD VASSOR

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Entrée du Club des Jacobins
C'est le 23 février 1793 que quelques femmes révolutionnaires, demandèrent aux Jacobins, d'obtenir le salle des Quatre-Nations pour tenir une réunion de protestation contre les accapareurs et les agioteurs. Les Jacobins refusèrent cette salle, mais leur allouèrent la salle de la "Société fraternelle des deux sexes". Ces amazones se réclamaient indirectement du parti des "Enragés", (nom donné par Marat à un parti d'agitateurs de sections, parmi lesquels Jacques Roux,ancien prêtre de la paroisse Saint-Nicolas avant la révolution, surnommé le "curé rouge", lui-même se disait l"Le Prédicateur des sans-culottes"  ) dont elles épousaient le programme de la tendance Jacques Roux
Claire Lacombe,lorsqu'elle arriva à Paris était une petite actrice de province. Elle s'était produite à Marseille et à Toulon.
Après avoir obtenu son paseport pour Paris, elle alla s"installer 43 rue Neuve-des-Petits-Champs (numérotation ancienne)avec une amie Justine Thibaud. le 25 juillet 1793, elle alla à l'Assemblée législative pour demander un 37eebfe7031f6c604b23dc3d5d1f76b2.jpgengagement dans l'armée. Le Président la remercia pour son courage, mais n'a pas donné suite à sa demande. Le "Moniteur de la République" nota brièvement :
"Une jeune citoyenne vient d'offrir de combattre de sa personne les ennemis de la patrie".
Claire Lacombe naquit à Pamier en 1765, certain historiens la prénomment Rose. Arrivée à Paris, déguisée en amazone, elle vint à l'Assemblée législative où elle demandait la destruction de tous les tyrans. Après sa diatribe, le président de séance Viénot de Vaublanc, sous le charme (Claire était très belle*) lui répondit : "Madame, plus faite pour adoucir les tyrans que pour les combattre, vous offrez de porter les armes de la liberté. L'Assemblée nationale applaudit à votre patriotisme et vous accorde les honneurs de la séance"
Elle était à l'époque la maîtresse d'un certain Jean-Théophile Leclerc, "enragé lui- même" qui peu après la remplaça (et l'épousa,) par une ancienne charcutière Pauline Léon qui fut introduite au club des Cordeliers. En accord avec Claire Lacombe, elles fondèrent le "Club des Citoyennes républicaines".Claire avait alors 28 ans. Pauline Léon fut la première présidente de ce club, lui succédèrent les citoyennes: Rousseau, Champion, Lecointre. Claire Lacombe fut la dernière.
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Le club des "Citoyennes révolutionnaires" réclamèrent aux Jacobins l'enfermement des femmes de mauvaise vie ou bien suspectes d'aristocratie. Blessée au poignet pendant la journée du 10 aût; elle reçut un couronne civique. Elle réclama dans une séance aux Jacobins l'arrestation immédiate de tous les aristocrates et de leurs familles, et prit une part active à la destruction des Girondins en demandant la création de tribunaux révolutionnaires dans toutes les sections. Elle demanda également d'armer toutes les femmes patriotes et de les organiser pour combattre "les brigands de la Vendée". Au sein de la "Société des femmes Révolutionnaires" un parti influent de femmes prit le parti d'attaquer les présidentes Léon et Lacombe. La Socité démanagea, et alla s'installer dans une salle de l'ancien charnier Saint-Eustache (entre l'église et la rue du Jour).
Après l'assassint de Marat, Roux et Leclerc prirent la succéssion du journal "L'Ami du Peuple". Cherchant à accaparer la mémoire de leur ancien adversaire, le "Club" décida d'élever à ses frais un obélisque à la mémoire de l'homme à la baignoire historique qui fut transportée dans une processioon, les femmes eurent l'honneur de porter sur un brancard, la table, l'écritoire, la plume et le papier dont Marat se servait..
Attaquée de toutes parts Roux et Claire Lacombe qui avait oser attaquer Robespierre en l'appelant "Monsieur Robespierre", crime qui pouvait conduire au "rasoir national". Le 25 octobre, les plus enragées des révolutionnaires du club, avec à leur tête Claire Lacombe, en pantalons et coiffées de bonnets rouges patirent en expédition pour "sans-culotter" les marchandes de la halle du marché des Innocents. Elles furent accuilies par des quolibets et des injures. Six mille personnes vinrent prêter main-forte aux poissardes qui s'emparèrent des meneuses, Marie Lacombe en particulier, et leur firent subir un traitement humiliant. Le fouet, on ne dit pas sur  quelle partie du corps de ces femmes, mais les historiens le laissent entendre, puis on les recouvrit de boue. On peut lire dans "Le Moniteur" :
"Les citoyennes du marché Saint-Innocent déclarent que toutes les violences et les menaces ne les forçaient pas de prendre un costume qu'elles honoraient mais qu'elles croyaient devoir ètre réservé aux hommes (...) On s'est livré envers quelques unes de ces femmes oisives et suspectes soi-disant jacobines, d'une société soi-disant , prétendue révolutionnaire,, à des voie de fait que la décence devrait proscrire (...) PLusieurs de ces femmes ont pu être égarées par excès de patriotisme, mais d'autres, n'ont été conduites que par la malveillance".
Jacques Roux fut mis une première fois en accustation, Claire prit courageusement sa défense. Elle s'attira les foudres de jacobins, des hébertites, de toutes les ligues anti-féminines, du farouche Prudhomme du journal "La Révolution de Paris" pourfendeur de tout ce qui portait jupon, des clubs de femmes concurentes. Le 29 octobre, le club était à l'agonie. Fabre d'Eglantine dans une séance à la Convention, fit dans un dicours la critique de ces sociétés "de ces grenadiers femelles"
Louise Lacombe disparut de la scène politique jusqu"au 2 avril 1794 où elle fut arrêtée à la suite de dénonciations en compagnie de Pauline Léon. Elle avait repris son métier d'actrice et devait se produire au théâtre de Dune-Libre (Dunkerque) et demeurait toujours à la même adresse rue Neuve-des-Petits-Champs. On lui fit grief d'avoir donné des propos contre Robespierre, motif sufisant pour l'envoyer sur la bacule républicaine !
Une ancienne compagne du Club des Femmes Révolutionnaires, la citoyenne Capitaine mit en vain tout en oeuvre pour obtenir sa libération. Pendant sa longue détention, elle adressa de nombreuses demandes de libération qu'elle signait ironiquement "Lacombe, femme libre
Libérée le 3 fructidore an III, oubliée de tous, elle disparut de la circulation, et tout le monde ignore ce qu'elle est devenue.
* D'après son  signalement, elle mesurait cinq pieds deux pouces (comme Balzac) et possédait des yeux et des cheveux bruns et une grande bouche.
Sa beauté est signalée même par ses adversaires les plus féroces, tantôt on la disait imposante, tantôt gracieuse, suivant les penchants de chacun.