07/03/2010
8 mars 2011, 101e anniversaire de la journée internationale des femmes : Le droit des femmes et le renouveau du féminisme à la fin du XIX° siècle.
Par Bernard Vassor
"Le droit de vote aux femmes ?
Vous n'y pensez pas !"
Georges Clemenceau
C'est à Mary Wollstonekraft "L'ancêtre des féministes" que l'on doit "l'invention du droit des femmes" au XVIII° siècle...
La Journée internationale des femmes fut adoptée en 1910 par les dirigeantes des Femmes Socialistes rattachée à la II° Internationale.
Décrétée en Russie le 23 février ( correspondant au 8 mars, en raison du décalage du calendrier Julien)
La fin du XIX° a vu dans le monde, la montée de groupes de femmes revendiquer l'égalité des sexes, le droit de vote, l'émancipation, le droit de disposer de leur corps, l'abolition de la peine de mort, l'égalité des salaires hommes femmes, accès des femmes aux professions libérales, recherche de la paternité et l'opposition au mariage qui, selon Herminie Barton adepte de l'union libre :"Le mariage est une affirmation de la suprématie de l'homme sur la femme '...) si j'aime un homme, je veux l'aimer en gardant toute ma liberté"
Le droit de vote fut accordé en premier lieu dans l'Amérique du Sud, puis en Autriche en 1873, suivi par l'île de Man en 1881. Ensuite, ce furent l'Australie, le Wyoming en Amérique du nord, le Colorado, l'Utah et l'Idaho en 1894. Dans la petite ville de Beaty, les électeurs ont nommés 4 femmes conseillères municipales et mis à leur tête madame Totten, première maire de l'histoire.
Le parlement de Norvège compta trente trois membres féminins sur soixante dix-huit. La Nouvelle-Zélande portèrent au gouvernement plusieurs ministresses qui purent déclarer :"un mauvais mari n'a jamais pour lui la voix des femmes".
Aux Etats-Unis, Le "Womenn's suffrage movement" et la "Fédération féministe des Deux Mondes" présidée par miss Wilson créa des Conseils nationaux, puis internationaux à Chicago, à Anvers, à Buda-Pest, à Berlin, à Washington et à Paris. De nombreuses ligues : "L'Union pour la réalisation des droits égaux" dûe à l'initiative de madame Alice Major, "The Women's international Progressive Union", "L'International Council of Women" (en Ecosse, présidente Lady Aberdeen)"L'Humanité intégrale", "L'Amélioration du sort de la femme" de Maria Deraisme, "L'Union Universelle des femmes" avec madame Chéliga-Loewy. A Londres la ligue "La Primevère", la ligue des "Trades-Unions féminines" écrivent et manifestent.
De nombreux journaux furent créés tant en France qu'à l'étranger. A Paris, Marguerite Durand fonde le journal "La Fronde", "dirigé, administré, rédigé, composé par des femmes". Hubertine Auclert fit paraître rue de la Roquette "La Citoyenne" d'où elle déclara : "En protestant contre les lois existantes, faites sans les femmes contre les femmes, la Société a rejeté l'idée d'institutions futures élaborées sans le concours des femmes, parce que ces institutions seraient encore faites contre elles". Mademoiselle Barberousse présente son inscription sur les listes éléctorales et poursuit sa revendication jusque devant la Cour de Cassation. Madame Scmahl organise avec la duchesse d'Uzès le groupe "L'Avant-Courrière". Aline Valette rédige des cahiers de doléances féminines, est secrétaire de "La Fédération française des Sociétés féministes". En 1898 Hélène Martin demande au maire de Montmartre M. Wiggishoff, son inscription sur les listes de la Butte Montmartre. D'autres comme Paule Minck, Marie Clémence, madame Georges Martin, madame Vidal poursuivent la même démarche non couronnée de succès comme l'on peut s'en douter. Le grand congrès féministe de 1900 à Paris, reçut des délégations de nombreux pays. Juliete Adam se prononce en faveur des Espagnols en guerre contre l'Amérique. Des jeunes femmes de la société américaine "Filles de la Révolution" se cotisèrent pour offrir aux française, une statue de Washington. La princesse Wiszniewska dirige "La Ligue des Femmes pour le désarmement et pour la paix universelle" qui regroupe plusieurs sociétés dans différents pays, Autriche, Italie, Suède, Allemagne, Russie. Une invitaion est envoyée au tsar, elle est restée sans réponse. Avant 1905, il n'y eut pas de mouvement féministe en Russie en raison du despotisme écrasant qui y régnait à l'époque. Il y eut toutefois de grandes grèves où les femmes prirent une part primordiale à la "révolte d'avril" 1895 à l'usine Yaroslav, grève menée par les tisserandes. Les grèves de 1896 à Saint-Petersbourg des ouviers du textile vit une très forte participation des femmes. La révolution de 1905 marqua l'essor des mouvements féministes. Dès l'origine contrairement à l'Angleterre, les femmes sont admises dans les syndicats ouvriers. Pour la première fois des réunions sur le droit des femmes on été organisées à Moscou, à Saint-Pétersbourg, à Minsk, Odessa, Yalta, Vilnius ou Saratov. "Le plus souvent, les revendications des travailleuses reflétaient les revendications de congé de maternité payé, des pauses pour l'allaitement des enfants et la mise en place de crèches dans les usines" (Alexandra Kollontaï)
Au congrès féministe de Paris en 1896, Clotilde Dissard (fondatrice de "La Revue féministe") constate : "L'infériorité de la France au point de vue féministe tient à deux causes : aux tendances franchement révolutionnaires de certains de ses partisans et à l'indiférence, pour ne pas dire l'hostilité de la bourgeoisie catholique" Cependant, madame Bogelot, chevalier de la Légion d'Honneur à la suite de l'exposition de Chicago où elle représentait les femmes françaises de madame Schmahl et de madame Vincent qui ont agité l'opinion en faveur de la loi Goirand* ( appelée loi Schmahl par les féministes).La communication de l'allemande Mlle Kathe Schirmacher à ce même congrès renseigne sur les tendances du féminisme allemand et Mlle Maikki Friberg sur le féminisme finlandais. L'allemande et la finlandaise semblent plus préoccupées par l'éducation des femmes, les anglaises sur leur émancipation économique, la française poursuit plutôt un rêve d'égalité des droits entre les deux sexes. Marya Chiliga (France) crée à Paris en 1896 "L'Alliance Universelle des Femmes pour la Paix par l'éducation"
En 1904, fut fondée "L'Alliance Universelle pour le vote des femmes", présidée par madame Chapmann (Etats-Unis) et Mlle Anita Angspurg (Allemagne) dont le but est la propagande internationale pour les droits politiques des femmes etc...
Je voudrai terminer provisoirement par citer les noms de femmes admirables comme Rosa Luxemburg (née le 5 mars 1871, morte assassinée par des "corps-francs" le 15 janvier 1919), Eleonor Mury (Angleterre) Clara Zetkine et Alexandra Kolontaï (Russie) Paule Mink (France) Gatti de Gamond (Belgique)
...................................................................
*Léopold Goirand avait déposé le 8 juillet 1894 un projet de loi ayant pour objet d'assurer à la femme mariée, la libre disposition des fruits de son travail. Un an plus tard, le 4 novembre 1895, il intervient pour soutenir une proposition de Louis Jourdan pour protéger la femme contre certains abus de la puissance maritale.
Mise à jour le 28/02/2011
10:08 Publié dans HISTOIRE DES FEMMES | Tags : hubertine auclert, marguerite durand, clotilde dissard, maria deraisme | Lien permanent | Commentaires (1) | | | | Digg
26/02/2010
"L'affranchissement des femmes", une étape du combat pour l'égalité
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PAR BERNARD VASSOR
17:07 Publié dans HISTOIRE DES FEMMES | Lien permanent | Commentaires (1) | | | | Digg
19/02/2010
Poullain de la Barre, précurseur du féminisme, mais, une véritable girouette !!!
Par Bernard Vassor
François Poullain de la Barre (1647-1723) a été un prêtre catholique chassé du clergé puis converti au calvinisme en 1688. Dans un premier temps, il fut convaincu des préjugés sexistes contre les femmes et fit paraître en 1673 (pour l'édition princeps) un ouvrage où il prônait l'égalité sociale. Il pense qu'aucune différence fondée sur la nature, ne justifiait l'inégalité faite aux femmes : "Où l'on montre que l'opinion vulgaire est un préjugé,& qu'en comparant sans interst ce que l'on peut remarquer dans la conduite des hommes & des femmes, on est obligé de reconnoistre entre les deux sexes une égalité entière. Les hommes sont persuadez d'une infinité de choses dont ils ne sçauroient rendre raison parce que leur persuasion n'esst fondée que sur de légères apparences (...) Hors un petit nombre de sçavans, tout le monde tiens comme une chose indubitable que c'est le soleil qui se meut au tour de la terre (...)" Pour conclure, Poullain indique : "Je voudrois bien sçavoir ce que feroit un pauvre mary, si dans un état où les femmes seroient les Maîtresses, comme dans celuy des Amazones, on lui venoit rapporter, qu'il auroit été resolu au Conseil de donner à chaque homme un compagnon (...) Indépendemment de la Coûtume qui met souvent ceux qui ont plus d'esprit & de mérite, dans la dépendance des autres. Et l'Ecriture ne dit pas un mot d'Inégalité & qu'elle n'est que pour servir de regle aux hommes de leur conduite. (...)"
Deux années plus tard, Poullain de la Barre n'hésita pas à consacrer 336 pages pour démontrer le contraire. Prenant des modèles dans "l'Ecriture", et invoquant tous les saints, il contredit sans vergogne ce qu'il avait couché noir sur blanc tout au long des 226 pages de son précédent ouvrage. Que c'était-il passé entre temps, je l'ignore...Mais voici un parfait spécimen de girouette n'est-ce pas ?
17:57 Publié dans HISTOIRE DES FEMMES | Tags : poulain de la barre, femmes, histoire | Lien permanent | Commentaires (17) | | | | Digg
14/02/2010
LA FEMME NOUVELLE , les pionnières du féminisme
PAR BERNARD VASSOR
"Refusons pour époux tout homme
qui ne consentirait point à partager le pouvoir"
12:54 Publié dans HISTOIRE DES FEMMES | Tags : suzanne voilquin, jeanne désirée, claire démar, marie-reine guindorf, julie parsy | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
11/02/2010
Les femmes dans la carrière des lettres : Des pionnières au moyen-âge
Par Bernard Vassor
Depuis le huitième siècle, des femmes de condition élevées apprenaient le latin dans les couvents ou monastères et s'adonnaient à l'étude du chant, de la lyre ou bien de l'orgue. Au siècle suivant, la duchesse de Septimanie avait composé un manuel de conduite à l'usage d'une mère à son fils en latin. Au début du treizième siècle, une femme troubadour, originaire de Flandre Marie de France nous a laissé 14 lais, et plusieurs pièces, dont 103 fables et contes souvenirs populaires de la Bretagne. Des "Cours d'Amour et de Gay-Scavoir" sortes de joutes oratoires dites "Tensons" ou "Jeu-parti" venus de Provence, puis répartis dans tout le royaume "Estoient disputes d'amours qui se faisoient entre les chevaliers et les dames poètes entreparlans ensemble de quelques belles et subtiles questions d'amour", ils les envoyoyent pour en avoir la définition aux dames illustres présidentes, qui tenoient cour d'amour ouverte et plénière, et la-dessus en faysoiyent arrets qu'on nommoit leurs Arrest d'Amour". De leur côté les abbesses professaient dans leurs cloitres la scolastique et le mysticisme. Tel fut le cas "de la très sage Héloïse".
Parmi les dames qui participaient à ces tournois, voici quelques noms :
Alys d'Anduze, la comtesse de Die, Marie de Ventadour, Béatrix de Provence, Eléonore de Provence qui passe pour avoir écrit un roman provençal "Blandin de Cornoouiller", Mariez de France, atuer du "Purgatoire de Saint-Patrice" et à la fin du quatorzième siècle, l'incomparable Christine de Pisan.
Les Dames du Temps jadis
Un document daté de 1292, nous savons qu'il existait à Paris 11 écoles de garçons avec le nom des maîtres et les noms de rues, plus une école de filles dirigée par Tyfaine, rue où l'on cuit les oes (les oies, aujourd'hui rue aux Ours). Dans ces écoles on apprenait avant tout
le Pater, l'Avé, le Crédo, en langue vulgaire et en latin. On enseignait aussi l'horreur de l'impureté le respect des parents et les pratiques pieuses tels la confession et la communion.
Les conseils donnés étaient que "Toutes fames doivent scavoir filer et coudre, car la pauvre en aura mestier et la riche connoistra mieux l'ovre des austres...A fame ne doit-on apprendre lettres ni escrire si ce n'est especiemment pour estre nonnain"
Il existait au treizième siècle des écoles en dehors des monastères, (qui étaient sous l'autorité du chantre de la cathédrale du chantre du chapitre, sans la permission duquel nul ne pouvait enseigner) où les enfants moyennant rétribution étaient admis. Ces "petites écoles" ou "écoles de grammaire" donnaient un enseignement qui se bornait à l'écriture la lecture, à quelques bribes de calcul et parfois le latin. Dans les écoles, "les enfants doivent être batuz quand ils ne savent leçons"
En 1380 il y avait 40 écoles de garçons et 20 pour les filles. Nous avons les noms des maîtresse qui dirigeaient alors les petites écoles
de filles :
Jeanne Pelletier, Jeanne de Vienete, Sersive la Bérangère, Marion de la Porte, Jeanne la Mercière, Perrette la Verrière, Jeannette du Déluge, Martine la Thomasse, Jacquette la Denise, Jeanne Morelle, Jeanne de Castillon, Jacqueline de Transvire, Jeanne la Féronne, Marie de Lingon, Jeanne de Ballières, Denise de Nerel, Jeanne de Asmorade, Edelète la Juiote, Marie la Choquette, Jeanne la Bourgeoise,
et Maheu la Bernarde.
18:41 Publié dans HISTOIRE DES FEMMES | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
24/02/2009
Grisettes, Bréda et Lorettes
Par Bernard Vassor
18:15 Publié dans HISTOIRE DES FEMMES | Tags : george sand, emile de la bédollière, alexandre dumas fils, les frères goncourt, turpin de sansay, hippolite taine, maurice alhoy | Lien permanent | Commentaires (4) | | | | Digg
31/12/2008
Une cubaine reine de Paris : la comtesse Merlin( Maria de las Mercedes de Santa Cruz)
13:12 Publié dans HISTOIRE DES FEMMES | Tags : rossini, balzac, malibran, garcia, maria de las mercedes de jaruco | Lien permanent | Commentaires (24) | | | | Digg
11/12/2008
Mode : un congrès féminin Boston pour la réforme de l'habillement en Amérique.
Par Bernard Vassor
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08/12/2008
Un élément de la mode féminine : la crinoline, suite....
Par Bernard Vassor
Vous pouvez aussi consulter le superbe site dédié entièrement à la crinoline : http://www.mimiegilles.fr/
18:43 Publié dans HISTOIRE DES FEMMES | Tags : bertall, nadar, crinoline, mlle bienvenue | Lien permanent | Commentaires (1) | | | | Digg
01/12/2008
Les dames du temps jadis, c'était mieux hier suite...
Par Bernard Vassor
20:25 Publié dans HISTOIRE DES FEMMES | Tags : prince de polignac, claude mangin | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
Les dames du temps jadis, c'était mieux hier......
Par Bernard Vassor
11:05 Publié dans HISTOIRE DES FEMMES | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
07/11/2008
Un élément de la mode féminine : La Crinoline
PAR BERNARD VASSOR
13:09 Publié dans HISTOIRE DES FEMMES | Tags : thomson | Lien permanent | Commentaires (2) | | | | Digg
02/11/2008
Histoire du féminisme : Des ateliers de femmes typographes
PAR BERNARD VASSOR
17:45 Publié dans HISTOIRE DES FEMMES | Tags : paul dupont | Lien permanent | Commentaires (1) | | | | Digg
29/09/2008
UN ARTICLE DE CHANTAL CHEMLA : LA KAHINA
PAR CHANTAL CHEMLA
LA KAHINA
C’est un personnage historico-légendaire, dont on ne connaît avec certitude ni son vrai nom, ni la religion à laquelle elle appartenait, ni même le lieu et la date exacts de sa mort (sans parler de sa naissance !). On ne sait même pas si son surnom (La Kahina, ou la Kahéna ?) vient de l’hébreu koha , prêtre, descendant d’Aaron, frère de Moïse (Cohen), ou de l’arabe (prophétesse). L’Encyclopedia Universalis conclut son article sir la Kahina par ces mots : « L’histoire de cette femme fougueuse et indomptable (la « Déborah berbère ») est en grande partie légendaire : les romanciers s’en sont emparés. » Peu de certitudes. En effet, la plupart des sources proviennent de récits traditionnels. Ibn Khaldoun (1333-1379), qui est le seul à manifester esprit critique et désir de comprendre et d’expliquer, écrit sept siècles après les événements. Voici ce qu’il en dit :
Une partie des Berbères professait le judaïsme, religion qu’ils avaient reçue de leurs puissants voisins, les Israélites de la Syrie.. (……)
Parmi leurs chefs les plus puissants, on remarqua la Kahéna, reine du Mont-Aurès, et dont le vrai nom était Dahia, fille de Tabet, fils de Nicin. Sa famille faisait partie des Djéraoua, tribu qui fournissait des rois et des chefs à tous les Berbères descendus d’El-Abter.
Le khalife Abd el-Melek fit parvenir à Hassan ibn-en-Noomane el-Ghassani, gouverneur de l’Égypte, l’ordre de porter la guerre en Ifrikia … El-Hassan se mit en marche, entra dans Kairouan puis emporta d’assaut la ville de Carthage. Après cette victoire, il demanda quel était le prince le plus redoutable parmi les Berbères, et, ayant appris que c’était la Kahéna, femme qui commandait à la puissante tribu des Djeraoua, il marcha contre elle … Mais cette dernière mena ses troupes contre les musulmans et, les attaquant avec un acharnement extrême, les força à prendre la fuite après leur avoir tué beaucoup de monde … La Kahéna rentra dans son pays et continua pendant cinq ans à régner sur l’Ifrikia. Hassan revint en Afrique à la tête de nombreux renforts. À son approche, la Kahéna fit détruire toutes les villes et fermes du pays, depuis Tripoli jusqu’à Tanger. Mais elle fut abandonnée par ses alliés qui virent avec un déplaisir extrême la destruction de leurs biens … La Kahéna fut battue et tuée dans le Mont-Aurès. L’offre d’une amnistie générale décida les vaincus à embrasser l’islam.
Ibn Khaldoun
(Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l’Afrique, traduction par De Slane,1852.)
(Texte cité par Didier Nebot, dans les sources historiques de son roman La Kahéna reine d’Ifrikia, éd. Anne Carrière, 1998)
C’est à partir de ce texte que vont naître et se développer différentes versions de la légende de la Kahina. Elle a reçu différents surnoms, plus ou moins justifiés : la « Déborah berbère » (Georges Marçais), « la Jeanne d’Arc africaine », et aussi « la Judith berbère ».
Que dit l’Histoire ?
À la fin du VIIe siècle, en Afrique du Nord :
· Les Byzantins tiennent Carthage
· Les Berbères, anciens habitants du pays, sont divisés par leur mode de vie (nomades ou sédentaires, agriculteurs ou citadins commerçants) et leur religion (chrétiens ou juifs, sans compter les restes de religions punique ou animiste)
· Les Arabes arrivent de l’est et tentent, dès 647, de pénétrer en Ifriqyya. Mais ils rencontrent une résistance longue et farouche, alors qu’ils n’avaient rencontré aucun obstacle sérieux dans la conquête de l’Égypte et de la Cyrénaïque.
Le déroulement des évènements.
En 670, ‘Oqba ibn Nafi‘ fonde Kairouan (< qairawân : place d’armes), première ville musulmane au Maghreb. Il multiplie les raids vers l’ouest. Kosaïla, berbère chrétien, prince des Awraba, est fait prisonnier.
C’est à peu près à cette époque que commence vraiment l’histoire de la Kahina.. Jusque là, on peut imaginer son enfance : une petite fille, pas tout à fait comme les autres. C’est une fille de chef. Est-elle fille unique ? C’est une hypothèse généralement admise, pour expliquer qu’elle soit devenue chef, même si chez les Berbères les femmes n’étaient pas asservies aux hommes, et le matriarcat n’y avait rien de scandaleux. Le prénom qu’on lui attribue le plus souvent est Dehya, ce qui signifie « la Belle » en berbère. Quelle éducation a-t-elle reçue ? Sans doute l’éducation traditionnelle des femmes (apprendre à filer, à tisser, à faire la cuisine …), mais elle a probablement aussi appris à monter à cheval et à manier les armes.
Tout ce qui précède relève des hypothèses, puisqu’on ne sait rien de la vie de la Kahina comme personne. C’est lorsqu’elle est mêlée aux événements de son époque qu’elle entre vraiment dans l’histoire.
Donc, en 675, Abou-el-Mohajir, nommé gouverneur de l’Ifrîqiya à la place d’Oqba tombé en disgrâce, fait prisonnier Koçeïla, prince des Awraba. Mais en 681 Oqba revient, et il aurait entrepris alors un grand raid dans le Maghreb. Il traînait dans sa suite Koçeïla, converti à l’islam pour sauver sa vie, et à qui il ne ménageait pas les affronts, traitant ce prince en esclave. Grâce à ses partisans, dissimulés dans la ville de Tahouda, il est libéré et Oqba est tué. Koceïla devient pour trois ans le véritable chef de l’Ifriqiya
Trois ans après, nouvelle offensive arabe, sous le commandement de Zohaïr ibn Qaïs, qui livre bataille aux troupes de Koçeïla à Mems, près de Kairouan. Les Arabes remportent la victoire et Koçeila est tué (686). Mais les Arabes se retirent en laissant une garnison à Kairouan.
À la suite de la disparition de Koçeila, les Awrâba perdent leur hégémonie sur les Berbères, et ce sont les Djerawa qui vont prendre la tête de la résistance : les Djerawa, c’est-à-dire la Kahina, qui devient alors « reine des Berbères ». Elle le restera cinq ans.
Après la prise de Carthage par Hassan ibn en No‘man el-Ghassani (695), la Kahina parvient à fédérer les Berbères et remporte une victoire sur les Arabes sur les bords de la Meskiana. Mais cette victoire va avoir des conséquences tragiques pour la Kahina. En effet elle déroge au principe des Berbères : les prisonniers doivent tous être tués. Or, parmi les captifs se trouvent un tout jeune homme, Khaled, dont la beauté et la jeunesse émeuvent la Kahéna. Pour le sauver, elle décide de l’adopter, suivant une vieille coutume berbère.
Khaled, pour autant, ne renonce pas à assurer la victoire des Arabes. Il observe, espionne. Il arrive à communiquer avec Hassan en dissimulant ses messages dans une boule de pain.
Cependant les dissensions entre Berbères, accrues par la partialité de la Kahina dans le partage du butin, les affaiblissent.
Hassan, encouragé par les messages reçus de Khaled, prépare une nouvelle offensive. Mais, cette fois, c’est contre des Berbères désunis que Hassan mène son offensive, d’autant que la Kahina, voulant prévenir le retour des Arabes, fait saccager le pays, appliquant la politique de la terre brûlée et « ne laissant debout ni arbres ni murailles »[i] (C.-A. Julien). On comprend que citadins et cultivateurs, qu’il fussent grecs ou indigènes, lui en aient tenu rigueur. La bataille eut lieu sans doute près de Tabarka. La veille, la reine aurait ordonné à ses deux fils de passer à l’ennemi et de se convertir à l’islam. La tradition la plus répandue veut qu’elle ait été tuée près d’un puits nommé depuis Bîr el-Kahina, et que sa tête ait été envoyée en trophée au calife.
« Sa mort peut être considérée comme la fin de la résistance armée des Berbères contre les Arabes. De fait, lorsque, en 711, Tariq traverse le détroit auquel il a laissé son nom (Gibraltar : Djebel-el-Tariq) pour conquérir l’Espagne, son armée était essentiellement composée de contingents berbères et Maures »[ii] (Gabriel Camps, Les Berbères. Mémoire et identité)
Pour ceux que cette histoire intéresse, citons quelques romans écrits à propos de la Kahina :
· Roger Ikor, La Kahina, éditions ENCRE, 1978
· Pol Serge Kahon, Kahena la magnifique, éditions de l’Instant, 1990
· Abdelaziz Ferrah, Kahina, éditions Marinoor, Algérie 1997
· Didier Nebot, La Kahéna reine d’Ifrikia, éditions Anne Carrière, 1998
· Gisèle Halimi, La Kahina, Plon, 2006
14:35 Publié dans HISTOIRE DES FEMMES | Tags : roger ikor, gisèle halimi, didier nebot, pol serge kahon | Lien permanent | Commentaires (2) | | | | Digg
05/09/2008
DES LITS dans le NEUVIEME ARRONDISSEMENT DE PARIS pour SARAH BERNHARDT
PAR BERNARD VASSOR
15:30 Publié dans HISTOIRE DES FEMMES | Tags : Sarah Bernhardt, duc de Morny | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
24/08/2008
UNE BIEN CURIEUSE ÉNIGME : qui se cache-t-il derrière cette charge ? Par un auteur facétieux et médisant de la fin du 18ième siècle
16:25 Publié dans HISTOIRE DES FEMMES | Tags : Jean-François de La Harpe | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
21/08/2008
MARCELINE DESBORDES-VALMORE : "LA MODERNE SAPHO", D'APRES PAGANINI
PAR BERNARD VASSOR
10:15 Publié dans HISTOIRE DES FEMMES | Tags : paganini, marceline desbordes-valmore, henri de latouche, sainte-beuve, sapho? sainte thérèse | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
20/08/2008
DES AMAZONES SUITE : JEANNE DEROIN FONDATRICE DU CLUB DE L"EMANCIPATION DES FEMMES
PAR BERNARD VASSOR
La politique d'égalité des deux sexes,
c'est-à-dire l'assimilation des femmes avec les hommes
dans les fonctions publiques, est un de ces sophismes
qui sont contraires non seulement à la logique,
mais aussi à la conscience humaine et la nature des choses.
(..)La femme doit être ménagère ou courtisane
Pierre Joseph Proudhon
................
Jeanne Deroinest née en 1805, dans une famille d'ouvriers. Elle se maria à un ingénieur nommé Desroches, mais elle refusa de porter son nom. Elle fut du nombre des rédactrices du journal "La Femme Libre" . Saint-simonienne au départ, elle rejoignit comme beaucoup les fouriéristes, beaucoup plus ouverts sur la question féminine. En 1848, elle écrivit de nombreux articles pour le journal "La Voix des Femmes" crée par Eugénie Niboyet. Jeanne donna dans son action la priorité au droit des femmes dans le travail et créa le "Club de l'Emancipation des Femmes". Puis elle contribua à la création de l'"Union des Associations Ouvrières" dans le but de réclamer le droit des femmes à l'instruction, et à l'égalité des droits politiques. Nous constatons que ses préoccupations étaient concrètes. En 1851, elle est jetée en prison. Elle est exillée à Londres. Là, elle fonda une école pour enfants de réfugiés politiques. Elle vécut à Londres jusqu'à sa mort à l'age de 89 ans.
Ce fut elle qui ouvrit la voie aux mouvements féministes et suffragistes de la fin du siècle.
Elle écrivit en réponse à un article très misogyne de P.J. Proudhon dans le journal "Le Peuple" qui contestait sa candidature aux élections de 1849 (où elle n'obtint que quinze voix):
En mettant de suite ma candidature à l'Assemblée législative, j'ai accompli un devoir: je demandé, au nom de la moralité publique et au nom de la justice, que le dogme de l'égalité ne doit pas être un mensonge. C'est précisément parce que la femme est égale à l'homme, et encore pas identique à lui, qu'elle devrait prendre part aux travaux de réforme sociale et y incorporer des éléments de celles qui sont nécessaires qui font défaut chez l'homme, de sorte que le travail peut être complété. Liberté pour les femmes, comme pour l'homme, est le droit d'utiliser et de développer ses facultés librement. (...). Ainsi, c'est au nom du socialisme, qui est désormais la religion de l'humanité, que j'ai lancé un appel à tous les Socialistes démocrates et ont exhortés à accepter la solidarité, même avec une qualification à son opportunité, avec le fait qu'il s'agit d'une sainte et légitime de protestation contre les erreurs de l'ancienne société et contre une violation flagrante de nos principes sacrés de liberté, d'égalité et de fraternité. (..)C'est le nom de ces principes, qui sont la base du socialisme, que je leur demande si elles ne sont pas jugé opportun de protestation par l'intermédiaire de leurs voix, de déclarer hardiment qu'ils ne sont pas en retraite derrière un privilège de sexe, mais plutôt que de graves les circonstances l'exigent, les capacités et les éminentes qualités d'être appelé à l'honneur de défendre notre cause sacrée. Quant à moi, je déclare devant Dieu et au nom de l'humanité qu'il n'est jamais trop tôt pour s'arrêter sur une fausse route, pour réparer une erreur, et de proclamer une grande vérité"
Ensuite, elle répondit à Jules Micheletqui trouvait (comme George Sand) toutes sortes de raisons de ne pas donner le droit de vote aux femmes.
Marie d'Agoult, encore elle, se montra aussi hostile à la candidature de Jeanne Deroin.
15:45 Publié dans HISTOIRE DES FEMMES | Tags : Désirée Gay, Jeanne Deroin, Eugénie Niboyet, Michelet, Proudhon | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
« DES AMAZONES SUITE : LES FEMMES DE 1832
PAR BERNARD VASSOR
"Refusons pour époux tout homme qui ne consentirait point à partager le pouvoir"
09:49 Publié dans HISTOIRE DES FEMMES | Tags : suzanne voilquin, jeanne désirée, claire démar, marie-reine guindorf | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
19/08/2008
DES AMAZONES : FLORA TRISTAN ET LES FEMMES DE SON TEMPS
PAR BERNARD VASSOR
Flora Tristan et les femmes de son temps
7 avril 1803-14 novembre 1844
L'homme le plus opprimé
peut opprimer un être
qui est sa femme.
Elle est la prolétaire du prolétaire même.
Flora Tristan « L’Union Ouvrière »
Comment résumer en quelques lignes la vie "ardente et trépidante" d'une femme qui a lutté jusqu'à l'épuisement pour établir une justice sociale dans la première moitié du XIX° siècle ?
Le titre de son premier ouvrage en 1836 : "Nécessité de faire un bon accueil aux femmes étrangères" suffit à démontrer la modernité du combat de celle qui fut aussi une grande voyageuse. Ses pétitions adressées aux députés pour obtenir l'abolition de la peine de mort, attendront un siècle et demi pour aboutir en France. La mesure, en revanche n'est toujours pas appliquée dans le nouveau monde.
Le code Napoléon avait réduit la femme à l'état d'infériorité et d'assujettissement. Flora s'engagea avec "ses soeurs" saint-simoniennes dans le combat pour le rétablissement du divorce et le droit des femmes à disposer d'elles-mêmes.
Véritable créatrice du syndicalisme, elle fonda "L'Union Ouvrière » avec un but très clair : organiser les travailleurs, exiger le droit au travail, veiller à l'éducation des enfants et verser une pension aux ouvriers agés.
Avec elle il faut citer et remettre en mémoire celles qui furent les pionnières du mouvement féministe et qui luttèrent parfois jusqu'à la mort pour voire la réalisation de leur combat.
A "La Tribune des femmes" premier journal féminin militant, au 27 rue Laffitte en 1832 on pouvait rencontrer aux réunions du jeudi, Claire Demar et Marie-Reine Guindorf qui ont connu une fin tragique, Suzanne Voilquin "Fille du Peuple", Jeanne Deroin, Claire Bazard, Désirée Véret (Desirée Gay) et Eugénie Niboyet qui organisa à Lyon en 1832 la première organisation féminine "Pour la Paix dans le monde" (l’ancêtre de Simone Landry).
Les principaux journaux dirigés en majorité par des ouvrières s'intitulaient :
La Femme Libre, La Femme Nouvelle, L'Apostolat des Femmes, La Tribune des Femmes, La Voix des Femmes.
Flora Tristan est morte d'épuisement à Bordeaux, seule ville en France qui l'honore chaque année le 14 novembre jour de sa mort, La maison du Pérou et L'institut d'Histoire sociale d'Aquitaine organisent une manifestation commune au cimetière de la Chartreuse.
Aux sources de cet article :
Dominique Desanti, qui fut la première à avoir fait une biographie de Flora et Evelyne Bloch-Dano la dernière en date avec "La femme messie. Evelyne à également produit une superbe biographie de « Madame Zola ».
Nadia Prete a aidé à l’organisation à la mairie du neuvième, d’une magnifique célébration du bicentenaire de la pionnière de la cause des femmes avec des conférences et une exposition en liaison avec l’ambassade du Pérou avec l'Ambassadeur monsieur Javier Perez de Cuellar et l'attachée culturelle madame Carolina Bellaunde, et la bibliothèque Marguerite Durand. avec madame la conservatrice Annie Metz.
Dans le monde entier, des associations Flora Tristan ont été crées pour venir en aide au femmes battues. Célébrée par André Breton qui possédait une partie de sa correspondance qui fut mise en vente lors de la dispersion du « Musée Breton » au 42 rue Fontaine.
Une série de conférences avec
Article paru dans le journal municipal du 9ième arrondissement lors de la célébration du bicentenaire de Flora Tristan que j'avais organisée à Paris et à Bordeaux pour une exposition en liaison avec l'Institut d'Histoire Sociale de la Gironde et mon amie d'enfance Annie Gleroux Ducom.
20:50 Publié dans HISTOIRE DES FEMMES | Tags : Michelle Perrot, Stéphane Michaud, Michelle Riot-Sarcey, Dominique Desanti, Evelyne Bloch-Dano, Annie Gleroux Ducom | Lien permanent | Commentaires (1) | | | | Digg
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PAR BERNARD VASSOR
16:10 Publié dans HISTOIRE DES FEMMES | Tags : fanny maréchal, mmme demars, andré léo, noémie reclus, louise michel. | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
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10:10 Publié dans HISTOIRE DES FEMMES | Tags : Claire Lacombe, Jacques Roux, Théophile Leclerc, Marat, Fabre d'Eglantine, Pauline Léon | Lien permanent | Commentaires (1) | | | | Digg