19/08/2008
DES LEGIONS D'AMAZONES SUITE : Pendant le siege de 1870 et la Commune de Paris 1871
PAR BERNARD VASSOR
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"Des Communeuses" au canal Saint-Martin
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Communeuses à la prison Saint-Lazare
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Les sources disponibles pour l'histoire des clubs pendant la Commune, émanent pour la plupart d'anti-communalistes acharnés. Pendant la Commune de Paris, les clubs étaient essentiellement féminins.
L'entrée était parfois gratuite, mais pouvait aller de un à cinq sous. C'est surtout dans les églises et les salles de spectacle qu'avaient lieu ces réunions. Dresser la liste complète serait difficile. Mais de nombreux récits ou Mémoires d'anciens insurgés, nous donnent une idée du climat qu'il y régnait.
A la fin de l'empire d'ardentes adeptes de l'émancipation des femmes menèrent de grandes campagnes de conférences. Maria Deraismese montrait le plus souvent à la salle des Capucines. Paule Munck fréquentait surtout les quartiers ouvriers des faubourgs. La "Société fraternelle de l'Ouvrière" qu'elle avait fondé publia une feuille intitulée "Les Mouches et les Araignées" en 1868 où elle annonça de façon prophétique le soulèvement de la Commune de Paris en 1871. parmi les oratrices, il y avait Olympe Audouard qui avait créé le journal "Le Papillon", Fanny Maréchal, Mme Demars, André Léo, Noémie Reclus, Louise Michel.
Un ingénieur qui avait étudié des projets de canaux interocéaniques de Panama et du Nicaragua, voulut à l'exemple de demi-fou Borme de 1848 (article précédent), organiser des bataillons d'Amazones armées et organisée comme au Paragay*, composées de huit compagnies de cent cinquante citoyennes chacune. Il prévoyait que trente mille femmes s'enrôleraient car disait-il "elles ont l'instinct de la guerre d'embuscade. Ce seront des soldats modèles puisqu'elles boivent peu et surtout ne fument pas" .
Son obsession rendait le tabac responsable de tous les maux. Son bureau d'enrôlement fut ouvert 36 rue de Turbigo.
L'affiche présentée plus haut fut placardée le 10 octobre. D'après lui 1500 femmes volontaires vinrent s'engager en deux jours ! Une perquisition et son arrestation à la préfecture mirent à bas son beau projet. Il déclara que : "Le projet des Amazones avait été mis à bas par la voyoucratie"
Un autre déboussolé qui venait de sortir de l'asile de Charenton, avait inventé un système de communication télégraphique sans fil au moyen d'escargots, qui élevés ensemble obtenaient un synchronisme de mouvement si parfait qu'il suffisait de placer un de ces gastéropodes dans un damier alphabétique pour qu'aussitôt son congénère situés même à des centaines de lieues allait se poser sur la case correspondante. Ainsi était né l'escargot sympathique.
Emile de Girardin qui ignorait les antécédents de ce farfelu nommé Jules Allix fut parmi d'autres amené à le prendre au sérieux. Féministe comme Borme, il fonda "Le Club de Femmes" où les hommes n'étaient admis que comme spectateurs.
Il se fit néanmoins nommer secrétaire du Comité. En tant que tel, il fit deux propositions, la première, c'est que les femmes seraient armées. La seconde...c'est qu'elles étaient en mesure de protéger leur honneur contre les ennemis.....
Comment ? Au moyen de l'acide prussique ! Parce que l'acide prussique pouvait servir à tuer les prussiens !!!
Il avait inventé un appareil pour tuer tous les prussiens qui oseraient entrer dans Paris. Cet appareil il l’appelait "Le Doigt de Dieu"! Un dé de caoutchouc que les femmes se mettent au doigt, et un petit tube contenant le précieux acide prussique, et une aiguille creuse pour faciliter l'écoulement de l'acide. Dès que le prussien s'approche, vous le piquez, et hop ! il est mort. La femme qui possède le doigt prussique reste donc tranquille et pure au milieu d'une couronne de morts. Jules Allix participa à l'émeute du 22 janvier, fut arrêté et conduit à la préfecture. Ce haut fait d'arme le propulsa lors des élections du 26 mars 1871 à la mairie du huitième arrondissement, avec une majorité écrasante. Le délégué à la Commune transforma le lendemain de son élection la mairie en gymnase de femmes et se proclama chez de légion de femmes. Dans ses fonctions, il prit des arrêtés fantaisistes, qui le firent remarquer par les membres de la Commune qui jugèrent plus prudent de le faire incarcérer le 10 mai. Après la Commune le Conseil de Guerre le jugea fou et le fit interner à Charenton.
Voici une liste incomplète des clubs (mixtes) pendant la Commune de Paris de 1871 :
Le Club des Folies-Bergères.
Club de la Cour des miracles (dans la salle des Folies-Bergères également)
Club Robert, salle Robert, 54 boulevard Rochechouart.
Le Club ambulant de Blanqui.
Club des Montagnards, boulevard de Strasbourg
Club de la Reine-Blanche, à l'emplacement actuel du Moulin-Rouge.
Club Favié à Belleville, salle Favbié.
Club du Collège de France rue d'Arras.
Club de la salle des mille et un jeux, faubourg Saint-Antoine.
Club de la Salle du Pré-au-Clercs, rue du Bac.
Club de la Vengeance boulevard Rochechouart (salle Robert)
Club de la Délivrance, salle Valentino.
Club de l'Ecole de Médecine.
Club démocratique du Casino de la rue Cadet, 18 rue Cadet.
Club démocratique des Batignolles.
Club de la Révolution (à l'Elysée-Montmartre)
Club fermé de la rue de Charonne.
Club de la Salle Valentino 255 rue du faubourg Saint-Honoré.
Clubs en plein vent
Boulevard Montmartre, à l'angle de la rue Drouot.
Dans la cour arrière de l'Opéra Le Pelletier, face à la mairie du neuvième.
Boulevard des Italiens, entre le Café Riche et la Maison dorée.
*Par le dictateur Francia, disciple de Charles Fourier, il avait institué un système phalanstérien avec entre autres, le droit à la licence pour les veuves pendant une période de six mois après le décès de son conjoint....
A SUIVRE........
16:10 Publié dans HISTOIRE DES FEMMES | Tags : fanny maréchal, mmme demars, andré léo, noémie reclus, louise michel. | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
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