Référencement gratuit

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

14/01/2009

La dernière compagne, et les derniers domiciles d'Henri Murger

Par Bernard Vassor

Murger scènes de la vie de bohème largeur.jpg
C'est au mois d'août 1848, qu'Henri Murger rencontra celle qui fut sa dernière compagne Anaïs Latrasse. Murger habitait alors 48 rue Notre-Dame de Lorette (ancienne numérotation), dans un grand appartement, riche pour une fois, après le succès des "Scènes de la Vie de Bohème" au théâtre des Variétés. Ils déménagèrent, ensuite au 80 rue de Clichy, puis 70 rue Truffaut. IL faisait de fréquents séjours en forêt de Fontainebleau à l'auberge du père Saccaut. De retour à Paris, ils s'installèrent quelques temps rue Neuve-Coquenard  (rue Lamartine). Ses déménagements était entrecoupés de séjours à l'Hôpital Saint-Louis, et à la Maison de Santé Dubois que les lecteurs de mes notices doivent maintenant connaître par coeur.
Comme ils ne restaient jamais en place, ils allèrent habiter un petit pavillon qui se trouvait au 11 rue Véron.
Enfin au début du mois de janvier 1861, le 8 précisément selon la quittance de loyer, Henri et Anaîs, vinrent loger 16 rue Neuve-des-Martyrs* au cinquième étage.
Le samedi 26 janvier,Murger qui avait toute sa vie souffert d'un "purpura" compliqué d'une atteinte de la syphillis, fut victime d'une attaque, une douleur violente, une artère bouchée, il fut conduit à la Maison Dubois rue du faubourg Saint-Denis. Le tout Paris des lettres vint assister à son agonie. Il est mort le 29 janvier. Une foule considérable suivit son corbillard, du faubourg Saint-Denis jusqu'au cimetière Montmartre.
..........
* La rue fut ouverte sous ce nom en 1870; elle prit ensuite le nom de rue Morée ( numérotage en 1877) pour recevoir ensuite le nom de rue Manuel (en 1887), en hommage au député Antoine Manuelexpulsé de la Chambre des Députés pour avoir soutenu des opinions libérales, qui vécut au 19 rue des Martyrs. Le cortège funèbre rassembla 100 000 personnes de la rue des Martyrs au Père Lachaise.

27/11/2008

La Brasserie des Martyrs et l'auberge de "La Belle Poule"

Par Bernard Vassor
BRASSERIE DES MARTYRS hauteur.jpg
Alfred Delvau affirmait : que si par un caprice quelconque de la providence, Paris venait à disparaître et qu'il ne restât debout que la Brasserie de la rue des Martyrs, cette grande hôtellerie de l'intelligence,; il serait facile de refaire une cité nouvelle et intéressante, où certainement, ce serait l'esprit qui manquerait le moins"
De nouvelles recherches me conduisent à modifier cet article commencé il y a quatre ans
La date d'ouverture de la brasserie daterait bien de 1848....Au 7 ue des Martyrs et 8 rue Notre-Dame-de-Lorette
........
La Brasserie des Martyrs fut ouverte par un certain Schoen, qui fit rapidement faillite. Un sieur Bourgeoisqui lui a succédé, lui donna une certaine notoriété en modifiant la décoration de l’établissement (criardes aux yeux de certains) et qui devint bientôt le lieu de rendez-vous de tous les artistes, les peintres les plus divers, comme Alfred Stévens, Yan d’Argent, les "ingristes"et les coloristes s’opposaient avec violence à celui qui allait vite devenir le maître des lieux, l’élève de l’école de Bougival, Gustave Courbet.

En ce temps là Montmartre était considéré comme un pays à part, encore boisé, on y voyait des tonnelles recouvertes de chèvrefeuille, et on y cultivait des radis roses. Trois acacias et un noyer plusieurs fois centenaire peuplaient le lieu. Certains  historiographes, situent le "Cabaret de La Belle Poule" au bas de cette rue. C'est un nommé Alexandre Guérin, qui était le patron supposé de ce cabaret artistique et littéraire, une superbe femme y trônait au comptoir.Elle était courtisée par le critique tant redouté, Gustave Planche, accompagné souvent de Théodore de Banville, de Catulle Mendès de Baudelaire, Glatigny. Emile de la Bédolière l'a célébrée ainsi : 

"Notre frégate de son rang

N'appréhende plus de descendre

Le patron est un conquérant ,

Il porte le nom d'Alexandre;

Mais tant de mets sont engLoutis,

Tant de vin dans nos gosiers coule,

Qu'on va ressentir du roulis

A bord de notre Belle Poule."

Les artistes étaient à l'abri des recors (chasseurs de primes) de l'abbaye de Clichy (prison pour dettes) qui n'aimaient pas s'aventurer dans ce lieu de "non droit" . La rue était très bruyante avec  ces dizaines d'ateliers de forges, à marteaux, à roues tournantes qui mélaient leurs bruits aux marchands ambulants. Beaucoup de petites maisons, de garçonnières de crèmeries peuplaient la rue des Martyrs. 

.......

L'entrée  de la brasserie des Martyrs paraissait très étroite, (la moitié de la largeur actuelle du magasin qui est aujourd'hui au 7 rue des Martyrs)

Lisez la description dun chroniqueur de l'époque : "Une grande porte vitrée  qui s'ouvre à deux battants. Entrez.Vous voilà sur le seuil d'un immense boyeau si long qu'il n'en finit plus (...) en réalité, c'est une salle  de deux cents mètres  (l'auteur, même si il n'est pas marseillais exagère beaucoup, la distance de la rue des Martyrs et la rue Notre Dame de Lorette est d'une trentaine de mètres au grand maximum)  Par un bout, elle touche à la rue des Martyrs et par l'autre bout, elle touche à la rue Notre Dame de Lorette. (...) Aux murs on ne voyait ni fresques emblématiques, ni dorures,  ni ornements de toutes sortes. Prèsdu comptoir où s'asseyaient deux dames d'Alsace, blondes et rieuses, l'oeil s'arrêtait sur une naïve peinture représentant "le roi Gambrinus" soulevant un énorme verre débordant de bière écumante, qu'il se disposait à approcher de ses lèvres. C'était l'enseigne de l'établissement." medium_Gustave_Courbet_NADAR_02.jpg

..........

Manet venait souvent avec son cousin le commandant Lejosne, militaire républicain voisin de l’avenue Trudaine, en disponibilité depuis le coup d’état du 2 décembre et de son ami Charles Baudelaire. Un personnage un peu bizarre, ancien élève de l'École Normale, Eugène Potrel, se vantait d'être collectionneur de gifles !!! qu'il provoquait, et auquelles il ripostait par cette phrase : "Et surtout monsieur, , ne vous vantez jamais de m'avoir souffleté !"

Des écrivains, Champfleury, Philibert Audebrand, Louis Desnoyers,  le président de la Société des Gens de Lettres, des musiciens, des hommes politiques, et Jules Andrieux le futur communard responsable de la commission administrative firent de cet endroit le plus tumultueux établissement du quartier. Pierre Larousse, Pierre Dupont le chansonnier poète auteur de l’immortelle chanson « Les Bœufs » y venait avec le chef d’orchestre de l’Elysée Montmartre Olivier Métra. Le docteur Gachet y côtoyait Renoir, Boudin, Monet et bien sur Henri Mürger Aurélien Scholl, Alphonse Daudet, Jules Vallès et Charles Monselet.

........

 ( au  numéro 11, un restaurateur, Alexandre Malingue figure dans les annuaires des archives de Paris,de 1845 à 1865.)

29/08/2008

LE BUSTE DE SCHAUNARD

PAR BERNARD VASSOR

ARTICLE PRECEDENT

9ccdeb59ca44dfe35e165aec086f5847.jpg
Le musée Carnavalet abrite ce buste en terre cuite très étonnant. C'est la seule représentation d'Alexandre Schanne, né en 1823 à Paris (vraisemblablement 24 rue aux Ours) mort à Paris le 13 mai 1887. 
Champfleury avait décrit le visage de son ami. La moustache tombante, les cheveux longs, Il était en dessous de la vérité lorsqu'il parlait de son nez que Cyrano de Bergerac aurait pu envier. Ce compagnon de Murger qui ne fut jamais du cercle des "buveurs d'eau" en raison de l'aide apportée par ses parents (les membres de la secte ne devaient avoir aucune autre activité qu'artistique, et ne vivre que de leur art)
Pilier du café Momus,il avait un réel talent , pianiste compositeur, attesté par Champfleury. Malheureusement nous n'avons aucune trace de son oeuvre musicale. En revanche, y a quelques tableaux dans des collections privées, et à la Bibliothèque nationale, une estampe et un dessin.
Il a sur la fin de sa vie laissé un livre de "Mémoires" : "Les souvenirs de Schaunard".

12/06/2007

L'ENIGME DE LA SEPULTURE DE PRIVAT D'ANGLEMONT AU CIMETIERE MONTMARTRE ENFIN RESOLUE, OU PRESQUE !!!

PAR BERNARD VASSOR

medium_PRIVAT_PORTRAIT_05_SEPIA.jpg
LE DANDY BOHÉMIEN TANTÔT NABAB, TANTÔT CLOCHARD
AMI DE BAUDELAIRE, DE MURGER, D'ALFRED DELVAU BALZAC POULET MALASSIS
Il y a plus d'un an, que faisant des recherches sur Privat, j'avais interrogé la conservation du cimetière Montmartre, selon qui, notre ami historien des petits métiers de Paris et de tous les lieux insolites, n'avait pas pu être inhumé dans ce lieu, puisqu'il ne figurait pas sur les registres....Les autres cimetières de Montmartre questionnés nous ont fourni la même réponse. Me souvenant que le cimetière de Saint-Ouen était une annexe , même questions, mêmes réponses me furent données. Lisant et relisant les récits et les dates de ses amis qui l'avaient accompagné de la maison de santé Dubois, rue du faubourg Saint-Denis, tous disaient ( Delvau en tête) que c'était bien au mois de juillet 1859 qu'ils avaient conduit en terre leur ami.
Hier (le 11 juin 2007) j'ai fait une ultime requête (supplique)à une sympathique responsable de la conservation du cimetière Montmartre. Toujours pas de trace d'une quelconque concession. Mais....après un éclair de génie notre conservatrice a découvert que le corps de Privat d'Anglemont avait été déposé dans une sépulture provisoire, et que le corps fut exhumé à une date impossible à déterminer. C'est sans doute sa riche famille qui aurait certainement fait rapatrier le corps dans son île natale à Sainte Rose en Guadeloupe. Une dernière question : quelqu'un pourrait-il à Sainte Rose questionner et retrouver la dernière demeure du plus sympathique des historiographes parisiens ?

24/02/2007

LE CAFE RICHE

Par Bernard Vassor

medium_CAFE_RICHE_cuisine_05_sepia.jpg

Boulevard des Italiens à l'angle de la rue Le Peletier, numéros impairs

Fondé en 1785, par madame Riche, le restaurant fut agrandi en 1865. En consultant les archives, nous nous somes aperçu que cet établissement était devenu après le rachat par Bignon aîné,  la propriété du patron des frères Verdier la Maison dorée....Le restaurant comptain quatre salons particuliers et quare cabinets. Balzac qui fréquentait l'endroitfait mention à plusieurs reprises de ce lieu. Dans l'édition "Furne" de "La Muse du département" Etienne Lousteau y conduit Dinah de la Baudraye :BALZAC_La_Muse_du_departement.pdf A deux pas du café Hardy (devenu Maison dorée en 1843), le café Riche était l'un des plus anciens du boulevard de Italiens. Vers la fin du XIX° siècle, Jean-Louis Forain réalisera  des cartons pour servir  au mosaïste Jeann-Dominique Facchina qui en fit des décors extérieurs, qutre panneaux sont conservés au musée Carnavalet. Le restaurant fut fermé dénitivement en 1916. La maison fut construite en  1773 pour Auguste-Hippolyte Salmon. Alfred Delvau, toujours lui nous dit : "Le Café Riche est une sorte de Café de Bade, panaché de cocotterie et de littérature. Il )plait et ne désemplit pas, dès quatre heures de l'après-midi, toute la rangée est au complet. Une heure plus tard, vous ne trouverez même pas un guérridon. Après dîner, des premiers beaux soirs du printemps, aux derniers de l'automne, on trouve la même foule pressée." .Aurélien Scholl, selon les frères Goncourt règnera sans partage sur le Café "Iche" comme on le nommait à l'époque. Dans "le Journal", (l'année de Madame Bovary et des Fleurs du Mal, c'est le 20 aoûtde cette année là qu'eut lieu le "procès des Fleurs du Mal" qui vit la condamnation à 300 francs d'amende et de la suppression de six pièces) : 

 octobre 1857

"Le Café Riche semble dans ce moment vouloir devenir le camp des littérateurs qui ont des gants (...) sous ce velours rouge, nul des voyous n'ose s'avanturer. Murger avec qui nous dinons, nous fait sa profession de foi, il renie la bohème et passe avec armes et bagages, aux hommes de lettres du monde. C'est le Mirabeau de la chose. C'est au fond du Café Riche, dans le salon qui donne sur la rue Le Peletier, que se tiennent de onze heures à minuit et demi, sortant du spectacle ou de leurs affaires,  Saint-Victor, Huchard,  About avec son masque simièsque de sourire faux, le nerveux Aubryet, dessinant sur les tables ou insultant les garçons, ou Scribe, Albéric Second, Fiorentino, Villemot, l'éditeur Lévy, Beauvoir, le dernier des ivrognes de la Régence, etc. (...) Baudelaire soupe à côté, sans cravate, le col nu, la tête rasée, en vraie toilette de guillotiné. Une seule recherche : de petites mains lavées, écurée, mégissées. La tête d'un fou, la voix nette comme une lamae. Une élocution pédantesque, vise au Saint-Just et l'attrape. Se défend assez obstinément et avec une certaine passion, d'avoir outragé les moeurs dans ses vers. (..)

Maupassant, dans Bel Ami, au chapitre V, madame de Marelle invite Georges Duroi au Café Riche. Maupassant nous donne une description détaillée de l'établissement : Bel_Ami_chapitre_V_.Cafe_Riche.pdf 

Georges Courteline dans "Messieurs les ronds de cuir" :

(...)"son repas, et devant cette considération il avait imposé silence à ses scrupules. Le ministère pouvait attendre. Aussi bien
était-ce l' affaire d' une minute.Et il s' était attablé à la terrasse du café riche.Le malheur est qu' une fois là, le chapeau
ramené sur les yeux, le guéridon entre les genoux, Lahrier s' était trouvé bien. Il s' était senti envahi d' une grande lâcheté de tout
l' être, d' un besoin de se laisser vivre, tranquillement, sans une pensée, tombé à une
mollesse alanguie et bienheureuse de convalescent. Dans sa tasse emplie à ras-bords
un prisme s' était allumé, tandis que le flacon d' eau-de-vie projetait sur le glacis de la tôle
une tache imprécise et dansante, aux tons roux de topaze brûlée. Et vite, à sa jouissance
intime de lézard haletant au soleil dans l' angle échauffé d' un vieux mur, quelque
chose s' était venu mêler : une vague velléité de demeurer là jusqu' au soir à se
rafraîchir de bière claire en regardant passer les printanières ombrelles, la vision entr' aperçue