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30/11/2008

Un anthroponyme grand ou petit : Larousse

Par Bernard Vassor

Larousse monument hauteur.jpg
Monument de Pierre Larousse à Toucy (Yonne)
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Pierre-Athanase Larousse est né à Toucyen 1817, mort à Paris en 1875. Après des études primaires dans sa ville natale, après l'obtention d'une bourse, il fit de courtes mais brillantes études à l'Université de Versailles. Il revint en 1837 (il avait vingt ans)prendre chez lui, la direction de l'école primaire de Toucy que venait de fonder Guizot. C'est là qu'il conçut de briser la routine, considérant l'enseignement pédagogique suranné. Venu à Paris, en 1849, il commença avec un compatriote Augustin Boyer*, la publication d'ouvrages classiques de grammaire, de lexicologie, de méthode de lecture etc..Il publia son premier dictionnaire en 1856, et d'innombrables livres de Gymnastique intellectuelle, et autres Flore latine des dames et des gens du monde, un dictionnaire lyrique en collaboration avec Félix Clément.**Parallèlement il fonda un journal d'enseignement, "L'École normale" dans lequel il prônait l'obligation et la gratuité de l'enseignement primaire.
Se voulant l'héritier des encyclopédistes, il entreprit en 1863 la publication du premier fascicule du Grand Dictionnaire Universel (G.L.U en langage universitaire). Cette oeuvre gigantesque, à vocation républicaine et laïque, parfois amusante, ironique et partiale provocatrice dans ses formulations sera réunie après la mort de son auteur en 17 volumes par son neveu Jules Hollier (1842-1909)qui dirigeait l'imprimerie de la rue Notre-Dame-des-Champs.  Après une attaque cérébrale survenue en 1871, Larousse, n'ayant pas d'enfant, c'est Hollier qui continua l'oeuvre du maitre. Jules Hollier s'assura le concours de Jean-Baptiste Boissière (1806-1885) et Alfred-Joseph Deberle(1835-1877) pour venir à bout de cette entreprise. Après la mort du fondateur (1875), c'est sa veuve qui reprit la publication en association avec son neveu Jules Hollier-Larousse.
Jules hollier-Larousse Hauteur.jpg
Pour la petite histoire, Pierre Larousse fréquentait les cafés littéraires, dont la Brasserie des Martyrs, où il rencontrait des littérateurs qu'il engageait pour la rédaction de notices qu'il payait à la ligne. En dehors des personnes déjà citées, Hollier, Deberle, Boissière, nous pouvons ajouter Jules Andrieux, un des personnages clés de la Commune de Paris, qui rédigea l'article Pédagogie en plus d'une vingtaine d'autres. Il n'écrivit donc pas seul, commme le prétendent certaines notices biographiques cet ouvrage dont on peut contester par ailleurs la valeur de certains articles.... 
*Avec qui il fonda la librairie Larousse et Boyer en 1852
**Musicien, compositeur, musicologue, maitre de chapelle des églises Saint-Augustin, Saint-André d'Antin, organiste de l'église de la Sorbonne auteur de nombreux ouvrages historiques relatifs à la musique religieuse, et  de recueils de motets, de compositions musicales, de poésies du quatrième au quinzième siècle.

27/11/2008

La Brasserie des Martyrs et l'auberge de "La Belle Poule"

Par Bernard Vassor
BRASSERIE DES MARTYRS hauteur.jpg
Alfred Delvau affirmait : que si par un caprice quelconque de la providence, Paris venait à disparaître et qu'il ne restât debout que la Brasserie de la rue des Martyrs, cette grande hôtellerie de l'intelligence,; il serait facile de refaire une cité nouvelle et intéressante, où certainement, ce serait l'esprit qui manquerait le moins"
De nouvelles recherches me conduisent à modifier cet article commencé il y a quatre ans
La date d'ouverture de la brasserie daterait bien de 1848....Au 7 ue des Martyrs et 8 rue Notre-Dame-de-Lorette
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La Brasserie des Martyrs fut ouverte par un certain Schoen, qui fit rapidement faillite. Un sieur Bourgeoisqui lui a succédé, lui donna une certaine notoriété en modifiant la décoration de l’établissement (criardes aux yeux de certains) et qui devint bientôt le lieu de rendez-vous de tous les artistes, les peintres les plus divers, comme Alfred Stévens, Yan d’Argent, les "ingristes"et les coloristes s’opposaient avec violence à celui qui allait vite devenir le maître des lieux, l’élève de l’école de Bougival, Gustave Courbet.

En ce temps là Montmartre était considéré comme un pays à part, encore boisé, on y voyait des tonnelles recouvertes de chèvrefeuille, et on y cultivait des radis roses. Trois acacias et un noyer plusieurs fois centenaire peuplaient le lieu. Certains  historiographes, situent le "Cabaret de La Belle Poule" au bas de cette rue. C'est un nommé Alexandre Guérin, qui était le patron supposé de ce cabaret artistique et littéraire, une superbe femme y trônait au comptoir.Elle était courtisée par le critique tant redouté, Gustave Planche, accompagné souvent de Théodore de Banville, de Catulle Mendès de Baudelaire, Glatigny. Emile de la Bédolière l'a célébrée ainsi : 

"Notre frégate de son rang

N'appréhende plus de descendre

Le patron est un conquérant ,

Il porte le nom d'Alexandre;

Mais tant de mets sont engLoutis,

Tant de vin dans nos gosiers coule,

Qu'on va ressentir du roulis

A bord de notre Belle Poule."

Les artistes étaient à l'abri des recors (chasseurs de primes) de l'abbaye de Clichy (prison pour dettes) qui n'aimaient pas s'aventurer dans ce lieu de "non droit" . La rue était très bruyante avec  ces dizaines d'ateliers de forges, à marteaux, à roues tournantes qui mélaient leurs bruits aux marchands ambulants. Beaucoup de petites maisons, de garçonnières de crèmeries peuplaient la rue des Martyrs. 

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L'entrée  de la brasserie des Martyrs paraissait très étroite, (la moitié de la largeur actuelle du magasin qui est aujourd'hui au 7 rue des Martyrs)

Lisez la description dun chroniqueur de l'époque : "Une grande porte vitrée  qui s'ouvre à deux battants. Entrez.Vous voilà sur le seuil d'un immense boyeau si long qu'il n'en finit plus (...) en réalité, c'est une salle  de deux cents mètres  (l'auteur, même si il n'est pas marseillais exagère beaucoup, la distance de la rue des Martyrs et la rue Notre Dame de Lorette est d'une trentaine de mètres au grand maximum)  Par un bout, elle touche à la rue des Martyrs et par l'autre bout, elle touche à la rue Notre Dame de Lorette. (...) Aux murs on ne voyait ni fresques emblématiques, ni dorures,  ni ornements de toutes sortes. Prèsdu comptoir où s'asseyaient deux dames d'Alsace, blondes et rieuses, l'oeil s'arrêtait sur une naïve peinture représentant "le roi Gambrinus" soulevant un énorme verre débordant de bière écumante, qu'il se disposait à approcher de ses lèvres. C'était l'enseigne de l'établissement." medium_Gustave_Courbet_NADAR_02.jpg

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Manet venait souvent avec son cousin le commandant Lejosne, militaire républicain voisin de l’avenue Trudaine, en disponibilité depuis le coup d’état du 2 décembre et de son ami Charles Baudelaire. Un personnage un peu bizarre, ancien élève de l'École Normale, Eugène Potrel, se vantait d'être collectionneur de gifles !!! qu'il provoquait, et auquelles il ripostait par cette phrase : "Et surtout monsieur, , ne vous vantez jamais de m'avoir souffleté !"

Des écrivains, Champfleury, Philibert Audebrand, Louis Desnoyers,  le président de la Société des Gens de Lettres, des musiciens, des hommes politiques, et Jules Andrieux le futur communard responsable de la commission administrative firent de cet endroit le plus tumultueux établissement du quartier. Pierre Larousse, Pierre Dupont le chansonnier poète auteur de l’immortelle chanson « Les Bœufs » y venait avec le chef d’orchestre de l’Elysée Montmartre Olivier Métra. Le docteur Gachet y côtoyait Renoir, Boudin, Monet et bien sur Henri Mürger Aurélien Scholl, Alphonse Daudet, Jules Vallès et Charles Monselet.

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 ( au  numéro 11, un restaurateur, Alexandre Malingue figure dans les annuaires des archives de Paris,de 1845 à 1865.)