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16/07/2007

CHEZ "LA BRISSAULT", A L'ANGLE DE LA RUE SAINT-MARC

PAR BERNARD VASSOR

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La maison triangulaire, faisant l'angle des rues Feydeau et Saint-Marc était tenue par Brissault, tailleur, et sa femme,  Elle exerçait la même industrie sous le règne du bon roi Louis XV, que la Gourdan de la rue des Deux-Portes, que la Fillon et la Pâris, pour compléter la géographie galante de l'époque. Puis, pendant la révolution, c'est la Vincent, surnommée "La Rouge", en raison de la couleur de ses cheveux qui avait ouvert une taverne au rez-de-chaussée, et si le chaland avait assez de force après avoir bu, pouvait monter les étages pour d'autres activités. La rue vit aussi s'installer "la Saint-Aubin" et "la Mayencourt" un petit peu plus loin. Certaines "maisons" (dont celle du 16 et du 28) survécurent dans leurs fonctions jusqu'à la fermeture en 1946 pour cause de loi dite "Marthe Richard", en fait vote du Conseil municipal.......
Depuis le siècle de Louis XV, la rue fourmillait de marchands d'art, de galeries et de marchands de curiosités, de cabinets d'histoire naturelle la galerie de tableaux de la veuve Sorin du cabinet d'ornithologie du duc de Montmorency. La chronique scandaleuse signale une dame Magon de la Ballue, femme d'un fermier général, qui recevait des galants chez elle au numéro 24 (ou 16 et 18)

15/07/2007

LA RUE DU TEMPS-PERDU ; PARIS DISPARU, ACTUELLEMENT RUE SAINT-JOSEPH

PAR BERNARD VASSOR

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Vers 1860, de la rue du Sentier en direction de la rue Montmartre.
Comme vous avez déjà pu le remarquer dans l'article sur les enceintes de Paris, pendant l'établissement de la troisième porte Montmartre, la rue Saint-Joseph s'appelait rue du Temps-Perdu, du nom d'une enseigne qui fut retirée au moment de la construction d'une chapelle dépendant de Saint-Eustache à l'angle de la rue Montmartre avait une entrée sur un cimetière Saint-Joseph qui occupait cette rue du 140 au 144 était une anexe du cimetière des Innocents.
La rue du Temps-Perdu eut  comme occupante, madame de Montespan au numéro 11.
Zola est né au 10 de cette rue 
A suivre............ 
Alexandre Dumas : Le Chevalier d'Armental 

Extrait :        Chapitre VIII
Un pacha de notre connaissance.

Toutes ces choses étaient entre les mains d'un jeune homme de vingt-six ans ; il n'était donc point étonnant qu'il se fût quelque peu effrayé d'abord de la responsabilité qui pesait sur lui. Comme il était au plus fort de ses réflexions, l'abbé Brigaud entra. Il s'était déjà occupé du futur logement du chevalier, et lui avait trouvé, n° 5 rue du Temps-Perdu, entre la rue du Gros- Chenet* et la rue Montmartre, une petite chambre garnie, telle qu'il convenait à un pauvre jeune homme de province qui venait chercher fortune à Paris. Il lui apportait en outre...

*La rue du Gros-Chenêt était la rue du Sentiier 

RUE DU JOUR, L'HOTEL ROYAUMONT

Par BERNARD VASSOR

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4 RUE DU JOUR HOTEL ROYAUMONT
Au XIIIémé siècle, elle était nommée rue Raoul-Roisselle, rue du Séjour, au XIVéme, rue Philippe-le-Mire, ensuite  au XVIIéme rue du Séjour reprise et abrégée ensuite en rue du Jour par corruption. La muraille de Philippe-Auguste lui était parrallèle et passait entre elle et la rue Jean-Jacques Rousseau. Elle est mitoyenne de l'église Saint-Eustache commencée en 1532, qui remplaçait une chapelle Sainte-Agnès fondée vers 1200.   
C'est en 1612 que Philippe Hurault de Cheverny, évêque de Chartres, abbé de Royaumont fit construire cet hôtel dont il reste la porte d'entrée ornée de chiens de faïence. François de Montmorency, comte Montmorency-Boutteville (son fils était le maréchal de Luxembourg) y établit une salle d'armes qui réunisssait les plus fines lames du royaume. Louis XIII ayant publié un édit interdisant les duels, Boutteville brava cette loi pour se battre place Royale. Il fut arrêté et eut la tête tranchée en place de Grève. Sa veuve, passa dit-on galamment son veuvage ? On signale la présence d'un pâtissier nommé Coring sous Louis XIII, et Pierre de Caen sous Henri III.A l'arrière de la maison, un cul-de-sac abritait un tailleur du nom de Bucy. Pendant la révolution, c'est un grand cabinet littéraire tenu par Jean Mariette et sa femme née Coignard qui occupa les lieux, et c'est l'archevêque de Cambrai, en tant qu'abbé de Royaumont qui percevait les loyers.
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On aperçoit encore en place en 1900, les deux chiens de faïence qui veillent sur la maison de chaque côté du portail d'entrée, . A droite au premier étage, une inscription indique la présence dans cet hôtel d'une verrerie-faïencerie !
 

RUE MONTMARTRE : LE JOURNAL L'AURORE DE CLEMENCEAU

Par Bernard vassor

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C'est dans ces locaux du journal l'Aurore que Clémenceau reçut d'Emile Zola son célèbre article : J'ACCUSE....

14/07/2007

Les environs des portes montmartre, la rue du Mail PARIS DISPARU

PAR BERNARD VASSOR

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Vers 1860, en direction de la rue des Petits Pères 
Cette rue a été ouverte en 1634 sur l'emplacement d'un mail* qui longeait les remparts à partir de la deuxième Porte Montmartre. 
Les heureux habitants de cette rue avaient pour nom au milieu du XVIIIéme siècle les propriétaires suivants :
Côté impairs : De Villarceau, la marquise d'Assy (ou d'Arcy)les pères de la doctrine-chretienne, Langlois, un nommé...Vassor, de la Chesnay, De la Motte. Du côté pairs : De Broué, Ferrand, Trudaine, Vassé, Mlle Beauvoisin, les religieuses ursulines, la marquise d'Osne, De Vaux, Mme de Franne, Quatremer. La maison de la marquise d'Assy avait été la propriété decolbert, puis d'Alexandre Aguado aux n° 3 et 5. Les pères de la doctrine-chrétienne avient pour locateire le facteur de piano et de harpe Erard voisin d'un parc à cochons, y installa une salle de concert, la musique faisant sans doute oublier l'odeur du purin ! Dans la maison de Trudaine, Olympe de Gouge, femme Aubry avant de monter sur la bascule-à-Charlot y avait ses pénates. Le 27 recevait en 1791 des voyageurs dans l'hôtel de Mars. Un précédent propriétaire l'avait nommé l'Hôtel Deschiens du nom de son riche propriétaire Lacour-Deschiens.
*Ce mot désignait un maillet qui servait dans un jeu homonyme à repoussere une boule de mail, l'allée qui était destinée  à recevoir ce jeu s'appelait également "le mail". Madame Récamier tenait salon chez Erard avant de s'installer à laChaussée d'Antin. Une jolie demoiselle Testart, entretenue par le duc de Duras, bonne fille, partage ses faveurs avec  un procureur maître Clos. Dans une maison au numéro 12 un architecte Bertaut  a coun hôtel où a séjourné Talma.Les Quatremer avaient une immense maison qui faisant angle avec la rue du Bouloi. 
* Un mail était à la fois le maillet qui frappait une "boule de mail", le nom du jeu qui consistai à frapper dans une boule sur une cible placée en tere. C'était aussi le nom de l'allée où avit lieu ce jeu. 

12/07/2007

LA RUE SOLY, AVEC BALZAC, "L'histoire des treize" PARIS DISPARU

PAR BERNARD VASSOR

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Dans la rue de la Jussiène, elle a disparue lors de l'ouverture de la rue Etienne Marcel 
Nous trouvons dans la Comédie Humaine, dans plusieurs romans des références à cette rue :
Cette venelle traversant la rue de la Jussiène, allant vers la rue d'Argout. Une comtesse d'Herselles au XVIIIéme siècle, avait une propriété au numéro 8. L'église de la Sainte-Chapelle possédait le numéro 10. Monsieur Dionis habitait le 6 et le comte de Luges au 4. La plupart des numéros impairs appartenaient à monsieur de la Poterie. Le nom de Soly lui vient d'un Antoine Soly, échevin du temps de Henri II.
Un descendant, marchand établi près du marché des Saints-Innocents fut envoyé rue des Prouvaires en mars 1589 avec le conseiller Machault chez un trésorier de l'épargne pour y saisr 360 000 écus d'or. Un des derniers de la famille Soly au XIXéme, était libraire à Paris et avait pour ex-libris un Phénix.
Extrait :

Histoire des Treize - Ferragus, chef des Dévorants

A huit heures et demie du soir, rue Pagevin, dans un temps où la rue Pagevin n'avait pas un mur qui ne répétât un mot infâme, et dans la direction de la rue Soly, la plus étroite et la moins praticable de toutes les rues de Paris, sans en excepter le coin le plus fréquenté de la rue la plus déserte  

 

18:50 Publié dans Histoire des rues de Paris | Tags : BALZAC | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

30 RUE MONTMARTRE, HOTEL LE BOSSU, PARIS PAS DISPARU !!!

PAR BERNARD  VASSOR

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Datant du début du XVIIéme siècle, cet immeuble a échappé (pour le moment) aux pioches des sociétés civiles immobilières, marchands de biens ou promoteurs de tout poils. Cela peut  s'expliquer en partie par la proximité de la caserne des pompiers sortant à toute heure du jour et de la nuit en actionnant leur sirènes deux tons.  A moins qu4 une de ces institutions philantropiques n'ait l'idée de restructurer la caserne en maison de retraite pour sourds-muets ?
C'est la fille d' Eugène le Bossu qui apporta en dot  lors de son mariage avec le Marquis Louis de Saint-Simon de Sandricourt né en 1608. En 1758, l'hôtel fut vendu à la communauté des marchands fripiers

CARREFOUR DU "PUITS D'AMOUR" Paris disparu.

PAR BERNARD VASSOR

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Vue de la rue de la Grande Truanderie 
Ce carrefour doit son nom à une histoire qui date du règne de Philippe-Auguste : Une jeune femme, trahie par son amant se jeta dans un puits situé à cet emplacement. Cette histoire fit grand bruit, les amoureux s'y donnaient rendez-vous en se jurant fidélité, des musiciens, des chanteurs venaient y célébrer cette histoire d'amour. Ce qui ne fut pas du goût des bigots et des dévotes qui allèrent porter plainte auprès d'un moine d'une des nombreuses églises proches. Une manifestation plus violente que les autres avec l'autorisation des autorités ecclesiastiques conduisirent à boucher le puits. Seul le nom de l'endroit resta gravé dans la mémoire populaire. 

 

La démolition des immeubles de la rue Montmartre des immeuble du 68, 72, 86 et 88. PARIS DISPARU

PAR BERNARD VASSOR

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Rue Montmartre vers 1868, en direction des grands boulevards

Le travail de démolition de cette partie du vieux-Paris s'était déjà mis à l'ouvrage en 1912 avec "l'alignement des immeubles du côté pair, y compris une maison de la rue Saint-Sauveur contigue qui n'était nulolement soumise à ce fameux pretexte. Cette maison était occupée par un des plus anciens cabarets de Paris : "Le Soleil d'Or"  

 La Commission du Vieus-Paris s'était inquiétée de cet état de fait. Aune question posée à la municipalité, il a été répondu que l'on ne toucherait pas à cette maison, tout au plus, on procéderait à un échange de terrain concernant le sol du 86 avec un autre terrain appartenant audit propriétaire. Malgré un voeu déposé par la Commission, le cabaret du Soleil d'Or fut bele et bien rasé !!!

11/07/2007

L'IMPASSE SAINT-SAUVEUR, PARIS DISPARU

PAR BERNARD VASSOR

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Cet impasse, en 1913, faisant pariie des opération décrites dans les précédents articles.
IMPASSE SAINT-SAUVEUR EN 1868
(la boulangerie Saint-Claude encore toujours l'heure, la superbe enseigne qui la surplombe doit dater de l'époque où un célèbre magasin d'horloges s'appelait "le Cadran, et avaitdonné son nom pendant une courte période à l'extrémité de la rue Saint-Sauveur, aujourd'hui rue Léopold Bellan)
Elle s'est appelée successivement ;
au XVIéme siècle, rue du Rempart, et successivement rue du Puits, cette partie transformée en impasse fut nommée Cul-de-sac du Bout-du-Monde, impasse Saint-Claude et enfin impasse Saint-Sauveur.
Disparue aussi en 1913. 
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PLAN DE 1839 

16 RUE D'ABOUKIR

PAR BERNARD VASSOR

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Cette maison au 16 rue d'Aboukir, faisait partie de l'opeération d'ouverture de la rue du Louvre. La maison du numéro 14 disparue aussi, était l'issue du passage Vigan qui faisait communiquer la rue d'Argout avec la rue d'Aboukir. Ce passage avait été ouvert en 1815. La rue d'Argout ne reçut ce nom qu'en 1867. C'était auparavant la rue des Vieux-Augustins du nom d'un couvent installé là de façon provisoire de 1259 à 1293.Le corps de l'hôtel montrait des traces de sa splendeur passées. Pour le numéro 16 sur la photo présentée plus haut, c'était un ancien hôtel. Au deuxième étages, on admirait une quantité d'anciennes boiseries de très beaux parquets anciens, une curieuse porte à judas, et l'on apercevait deux très anciennes lucarnes couvertes de tuiles plates formant un aspect très pittoresque. 

 

RUE MONTMARTRE A L'ANGLE DE LA RUE D'ABOUKIR EN 1913. PARIS DISPARU

PAR BERNARD VASSOR

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Durant ces années d'avant la guerre de 1914, la Ville de Paris s'est livrée dans ce quartier à une série de destructions qui conduisirent à la transformation complète de ce coinn du vieux Paris. beaucoup de vieilles et curieuses maisons ont dispazrues et des passages comme vous aller le voire par la suite.. La topopgraphie historique indique que l'on se trouve à l'endroit précis de l'emplacement de la porte Montmartre de l'enceinte dite de Charles V.
L'opération d'ouverture de la rue du Louvre entraîna, outre les passages dont nous parlerons plus tard, la démolition de maisons de la rue d'Aboukir : les numéros 14, 16, 18, 20, 22, et 24.
Pour la rue Montmartre, pour cette seule opération cette année, les 67, 69, et 71 vont être anéantis. Rappelons que le sol de la rue d'Aboukir, autrefois la rue des Fossées Montmartre fit partie du fossé qui l'a recouvert, autrement dit, les maisons recouvraient l'emplacement le parapet du mur complétait la porte. Au numéro 67de la rue Montmartre, une grande boucherie occupait cet emplacement à la fin du XVIéme, début du XVIIéme siècle. Cette boucherie s'étandait jusqu'à la rue d'Argout. Les articles suivants concernent ce que l'on appelait la "deuxième porte Montmartre".
  

10/07/2007

A LA PORTE MONTMARTRE PARIS DISPARU

Par bernard VASSOR

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A l'angle de la rue Montmartre et du boulevard Poissonnière 
Ce magasin de vêtements a été remplacé par un café qui porte le même nom. Cet établissement avait lui-même remplacé un café depuis le XVIIIéme siècle.

Maisons du 89 boulevard Saint-Germain et 2 rue Dupuytren. PARIS DISPARU

PAR BERNARD  VASSOR

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Maisons démolies en 1912 87-89 Saint-Germain, 2 rue Duyptren, carrefour de l'Odéon
La rue Dupuytren était jadis la rue de Tourraine en 1674, en raison d'un hôtel de ce nom, propriété de Rancé en face de son débouché, au coin de l'ancienne rue du Paon (aujourd'hui rue Larrey). Le numéro 4 fut habité par Armande Bejard ( née Elisabeth-Armande-Clérinde-Claire Béjard) après son remariage avec le comédien Guérin d'Estriché. Situé près du collège des Cordeliers refait au XVIéme siècle.
Bâties sur l'ancien cimetière des Cordeliers. Le plan de Turgot l'appelle rue de Turenne. La rue avait sept maisons et deux lanternes Une des maisons de cette rue avait été l'objet au XIXéme siècle d'une donnation à l'Assistance publique qui y avait établi une école de dessin gratuite pour femmes sous la direction de Rosa Bonheur.

 

07/07/2007

UNE RUE AVEC VUE : LA RUE LAFFITTE

 Un article de Jan-Wilem Noldus, professeur à l'école du Louvre © 2007

Mise à jour le 7/07/2007 

 

L'hôtel de la "Reine Hortense"  
 

Une rue avec vue :

la rue Laffitte

  Qu’est-ce que Victor Hugo, Claude Monet, Napoléon III, les frères de Goncourt, Charles Baudelaire, Frédéric Chopin, Franz Liszt, Georges Sand, James de Rothschild, sir Richard Wallace (celui des fontaines et d’une célèbre collection à Londres) ont en commun ? C’est qu’ils ont tous vécu à un moment dans la rue Laffitte…

Et Stéphane Mallarmé, Marcel Proust et Sarah Bernhardt étaient des visiteurs réguliers, tandis que les peintres impressionnistes, ainsi que Cézanne, Whistler, Picasso, Kandinsky, y avaient leurs galeristes. Certes, cette rue ne s’appelait pas encore « Laffitte » avant 1830. A l’origine un simple sentier menant à Montmartre et bordé par des vergers et des jardins de propriétés privées qui avaient succédé à l’abbaye de Montmartre, elle fut « rue » à partir de 1770, et baptisée alors « d’Artois ».Ce nom fut changé en « Cerutti » (d’après un prêtre membre de la Constituante qui habitait au n°1 de la rue) en 1792, mais redevenait en 1814 « d’Artois » - ce qui n’était que naturel puisque c’était le nom du futur Charles X, frère du roi Louis XVIII qui avait « sa » propre rue de  Provence à coté. C’est à Louis XVIII qu’on doit les ordonnances de 1823 et 1824 permettant la percée de la rue au-delà de la rue La Fayette. Ainsi une perspective fut ouverte, qui après la construction du Sacré Cœur sur la Butte Montmartre, allait devenir une des plus célèbres vues de Paris, attirant encore aujourd’hui des milliers de touristes. A l’origine du projet fut le financier Laborde qui - autour de 1770 - faisait construire son grand hôtel particulier sur la nouvelle rue. Dans les années suivantes d’autres hôtels étaient rapidement érigés sur les deux cotés de cette rue qui s’arrêtait à la hauteur du croisement de la rue de Provence et l’actuelle rue La Fayette. Au-delà il y avait l’hôtel Thélusson (construit par Ledoux en 1780 dans un style très néo-classique) voué à disparaître quand le deuxième tronçon fut percé en 1823 sous Louis XVIII. L’histoire des hôtels particuliers de la rue Laffitte – dont le dernier a disparu vers 1970 - est des plus problématiques. Les sources divergent considérablement quant à leur emplacement, leurs habitants et même leur nombre. Un facteur compliquant est le changement de numération au cours du 19e et au début du 20e siècle. Le plus probable est toutefois que du coté impair il y avait trois importantes constructions avec cours, corps de logis et ailes ainsi que des jardins allant presque jusque à l’actuelle rue Taitbout. Un de ces trois hôtels était celui de Laborde (actuels n°s 21-25), ensuite habité par le banquier et homme politique Jacques Laffitte.
 

Puisque il a joué un rôle déterminant dans l’avènement de Louis-Philippe en 1830, qui a en grande partie été organisé, en présence de La Fayette, dans cet hôtel particulier, et puisque après juillet1830 la rue devait de toute façon être rebaptisée, on lui a donné le droit - ainsi qu’à Victor Hugo beaucoup plus tard - de se vanter de vivre dans sa propre rue. Il ne s’en est pas privé.

Louis-Philippe et la démolition de l'hôtel Laffitte 

Quand des heures difficiles sont venues pour lui, Laffitte a vendu sa maison à James de Rothschild qui s’y est installé utilisant - comme son prédécesseur - les ailes sur la cour comme bureaux pour sa banque. C’était la maison-mère des Rothschild à Paris, lieu d’affaires capitales, mais aussi demeure opulente où de fastueuses réceptions avaient lieu au milieu de très beaux tableaux. C’est cet hôtel qui a disparu en dernier, laissant malheureusement la place à un immeuble dans le goût pompidolien qui quoiqu’on puisse en dire, n’a pas respecté la relative unité de style du reste de la rue. Le frère viennois de James, Salomon, a acheté l’hôtel à coté (actuels n°s 15-19) pour avoir un pied à terre à Paris. Avant lui il y avait déjà eu des habitants célèbres : la famille de Beauharnais et notamment Hortense, reine de Hollande. Cela explique pourquoi le futur Napoléon III, son fils, y est né. Jusqu’à sa disparition peu avant 1905 – pour la percée de la rue Pillet-Will – l’hôtel portait toujours le nom de la reine Hortense. Il a été photographié par Atget. Le troisième hôtel mitoyen avait sans doute déjà disparu au moment de l’aménagement du boulevard Haussmann. Pour l’instant rien n’est connu sur son aspect, ses propriétaires ou son histoire. D’autres maisons de la rue, notamment du coté pair, sans doute de moindre importance, ont dès la fin des années 1820 laissé la place à des immeubles de rapport.

 
La Maison dorée au centre,
à droite le magnifique hôtel du marquis d'Hertford, tout à fait à gauche, le glacier Tortoni 

Une maison capitale se trouvait cependant au n° 2 ; c’était la résidence du Marquis de Hertford et ensuite de son demi-frère Sir Richard Wallace. Jusqu’à la liquidation de l’héritage de celui-ci (propriétaire aussi du domaine de Bagatelle), l’on pouvait y voir une grande partie des très belles collections de ce fin connaisseur. Pour les admirer aujourd’hui, il faut aller à Londres  

 
Collection Wallace 

Un peu plus loin dans la rue, autour du n° 40 actuel, se trouvait l’Hôtel de France qui mettait à la disposition de ses clients des appartements assez spacieux. Cela a permis l’installation d’une colonie romantique dont Franz Liszt et Marie d’Agoult, Georges Sand et Frédéric Chopin étaient les protagonistes. Georges Sand y recevait aussi des célébrités comme Lamennais, Mickiewicz ou Victor Schoelcher. Lola Montès, aventurière, artiste de cirque et ancienne maîtresse de Ludwig Ier roi de Bavière, y aurait passé la fin de ses jours. Même à la fin du XIXe siècle l’Hôtel de France avait encore une telle réputation internationale que Sir Arthur Conan Doyle y situe une de ses nouvelles sans Sherlock Holmes : L’Anneau de Thot. Parlant de littérature, il est intéressant de remarquer qu’Alexandre Dumas Fils fait commencer son célèbre Dame aux Camélias dans la rue Laffitte, et que Jean Cocteau la nomme plusieurs fois dans ses Enfants terribles. Ponson du Terrail considère que le 41 rue Laffitte est une bonne adresse pour  un aristocrate célibataire, victime de Rocambole, tandis que Victor Hugo y aurait trouvé le sujet de ses Misérables, une nuit après une fête donnée en son honneur (à l’occasion de son élection à l’Académie Française) par Mme de Girardin qui à ce moment  résidait dans la rue Laffitte: il y a vu une pauvre femme, souffrant du froid et de la neige, arrêtée par un agent de police et qui l’a certainement inspiré pour la figure de Fantine. Hugo devait revenir à la rue Laffitte pendant l’automne de 1871 quand il vit à l’Hôtel Byron (N°20/22) en attendant que son appartement du 66 rue de la Rochefoucauld soit prêt. Baudelaire y avait vécu 26 ans auparavant en 1845, au n°32 : l’Hôtel de Dunkerque et Folkestone, plus tard Hôtel des Pays-Bas. Comme si cela ne suffisait pas, les frères de Goncourt ont passé leur jeunesse dans la rue Laffitte, à l’angle de la rue Rossini. Même plus tard, quand ils habitent la rue Saint-Georges à coté, les deux frères fréquentent encore la rue Laffitte et notamment le n°1, la célèbre Maison dorée, construite en 1839 à l’endroit de la maison de Cerutti. La Maison dorée, véritable carte de visite de la rue Laffitte a été le siège de plusieurs revues : Le Mousquetaire (d’Alexandre Dumas Père), Paris (les Goncourt) et peut-être la plus célèbre de toutes - la Revue Blanche de Natanson qui connaissait parmi ses collaborateurs Mallarmé, Zola, Anatole France, Gide et Proust (qui fait venir Odette Swann à cette adresse). Mais les éditeurs Charpentier et Fasquelle y avaient aussi leurs bureaux pendant un temps, tandis que des restaurants – avec cabinets particuliers pour soirées galantes avec demi-mondaines -, assureurs et banquiers, bijoutiers, un professeur d’escrime…, s’y étaient installés aussi. 

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Cette plaque, sur l'emplacement de la Maison dorée
fut posée à la demande de l'association Autour du¨Père Tanguy
et des Amis d'Alexandre Dumas le 15/15/2005 

Et n’oublions pas que la Maison dorée a surtout connu son heure de gloire artistique avec des expositions de peinture impressionniste. En fait les salles étaient louées à des galeristes de la rue Laffitte qui y présentaient ce qu’ils avaient de mieux dans leurs fonds. Et des galeristes, des marchands de tableaux comme on disait, il y en avait une quantité vraiment incroyable. Une maison sur deux dans cette rue a hébergé une galerie pendant au moins quelques années. Il est trop tentant d’en faire un petit inventaire, même si nous ne pouvons pas faire ici l’histoire souvent très riche de chacune de ces maisons. Nous suivrons la rue.

 

 

-N°2 : Antoine BAER, qui vend ses tableaux au rez-de-chaussée de la maison de Sir Richard Wallace.

-N°3 : Galerie BRAME, spécialiste de Corot et plus tard de Degas aussi. Hector Brame s’était d’abord associé avec Durand-Ruel.

-N°5 : Galerie MOUREAUX, dont nous ne connaissons pas l’orientation artistique faute d’archives.

-N°6 : Ambroise VOLLARD s’était d’abord installé ici, avant d’ouvrir une galerie plus grande au N°39/41.

-N°8 : Alexandre BERNHEIM dit Bernheim-Jeune, de 1863 à 1906 ; il fut un des grands défenseurs des impressionnistes Monet et Renoir. Une des plus importantes expositions Van Gogh a eu lieu dans ses murs. Bernheim vend aussi Seurat, Bonnard et Matisse.

-N°10 : Adolphe BEUGNIET qui présente depuis 1848 des tableaux et aquarelles d’artistes importants comme Delacroix et plus tard - dans les années 1880 - Degas.

-N°12 : Alexis FEBURE, le premier marchand de tableaux de Manet.

-N°15 – dans les bâtiments sur rue de l’hôtel S.Rothschild : Galerie WEYLE qui malgré l’emplacement prestigieux est restée dans l’ombre de ses voisins.

-N°16 : DURAND-RUEL, sans doute avec Bernheim le marchand le plus important, mais qui reste à cette adresse où il s’était installé en 1870 jusqu’en 1920. Durand-Ruel a organisé la plupart des grandes expositions des impressionnistes, avec notamment Monet, Renoir, Pissarro, Sisley, et avait une renommée mondiale. Après 1920 il n’y avait que le siège new-yorkais qui a survécu jusqu’en 1950.

-N°20 : Simon CAHEN, spécialistes de tableaux « modernes » des années 1880.

-N°22 : Alphonse LEGRAND qui a – sans beaucoup de succès – essayé de vendre des tableaux de Caillebotte.

-N°27 : Alexis-Eugène DETRIMONT qui vend aussi des cadres, comme beaucoup de ses collègues. Detrimont siégeait d’abord au N°33 où il s’était fait une réputation comme marchand de tableaux de paysage, en particulier de Daubigny. Il présentait aussi Courbet. En 1886 il s’installe à la place de la galerie Louis LATOUCHE qui avait vendu des Monet et des Pissarro.

-N°28 : Galerie Gustave TEMPELAERE, une galerie mineure.

-N°38 : Galerie BOURDEL, galerie du second plan.

-N°39/41 : La galerie de VOLLARD où Cézanne était à l’honneur. Ambroise Vollard a sans aucun doute créé la célébrité de cet artiste, comme il l’a fait pour d’autres comme Picasso qui a peint un portrait cubiste du marchand qui était aussi écrivain à ses heures.

-N°43 : Galerie CARMENTRON qui a présenté des œuvres de Whistler. A la même adresse il y a eu aussi la galerie DIOT (vente d’aquarelles).

-N°46 : Clovis SAGOT, au début du XXe siècle un des principaux marchands (et grand ami) de Picasso, mais aussi de Gris, Léger, Lhote, Laurencin, Gleizes, Metzinger,…

-N°47 : Galerie GUERIN, comme son collègue Cahen (N°20) spécialiste de tableaux « modernes »

-N°52 : Pierre Firmin Ferdinand MARTIN dit le père Martin, le marchand des peintres de Barbizon et ensuite de plusieurs impressionnistes autour de 1874. Pissarro a été inscrit un temps à son adresse. Un des rares marchands de tableaux (avec Vollard, un peu plus tard) à avoir une nette position politique à gauche, voire anarchisante.

Pour l’instant nous ne connaissons pas l’adresse exacte de quelques autres galeries importantes qui avaient leur siège dans la rue Laffitte à un moment ou un autre. Par exemple Berthe WEILL qui y était de 1919 à 1926 et présentait Picasso, Picabia, Dufy, mais aussi Rouault et Van Dongen … Ou la galerie TENDANCES NOUVELLES, dont Kandinsky était l’artiste le plus célèbre. Maurice GOBIN vendait jusqu’au début des années 1950 des estampes d’artistes modernes, dont Derain. Mais un siècle plus tôt, il y avait déjà la galerie PEYRELONGUE qui était un lieu de retrouvailles pour la bohème artistique dont les Goncourt, Nadar et Murger. 

La plupart des résidents de la rue Laffitte qui ne faisaient qu’y vivre appartenaient à la grande bourgeoisie. Ils étaient avocats, chirurgiens, banquiers ou carrément rentiers (comme beaucoup d’habitants du 9e arrondissement au XIXe siècle). Mais y exerçaient beaucoup d’antiquaires, diamantaires et surtout de représentants de métiers d’art, comme des dessinateurs, d’architectes, de couturiers et même un vitrier d’art (au N°28).

Il y avait aussi plusieurs photographes, dont le plus connu est sans doute Etienne Carjat, l’ami de Léon Gambetta, qui pendant sa longue carrière a portraituré Baudelaire, Courbet, Louise Michel et… Apollinaire. Il officiait au N°56. Au N°51 (disparu après 1870) et au N°45 – qui par ailleurs est la maison où est né Claude Monet et où il a vécu quelques années avant que sa famille s’installe au Havre – travaillaient d’autres photographes dont (dans les années 1920) le mondain Sartony.

Signalons au passage le chocolatier renommé Fouquet qui a ouvert sa boutique du N°36 en 1852 et qui est toujours là…

Du N°1, Proust s’est souvent rendu au N°43 où habitait la famille de Céleste Albaret. Il a continué vers le N°47 qui était avant 1930 un simple immeuble de rapport. Au 5ème étage, il aurait - s’il avait été un peu plus âgé - pu rencontrer Stéphane Mallarmé qui au début des années 1890 était un visiteur assidu (car admirateur) de Louise Abbéma.

 

Cette femme-peintre assez connue à son époque y vivait et y réalisait ses tableaux : quelques œuvres dans le genre symboliste, mais surtout des natures mortes de fleurs et des portraits de célébrités artistiques et mondaines comme Gounod, Delibes, Mme Lucien Guitry, et avant tout Sarah Bernhardt qui fut aussi son amie intime.

 
Vers 1920 

Pendant cinquante ans, jusqu’à sa mort en 1927, Louise Abbéma a été le cœur artistique de cette rue, puisqu’elle y vivait. Les autres artistes, peintres surtout, ne faisaient qu’y passer pour aller chez leurs marchands de tableaux. Mais déjà cela a fait que la rue Laffitte ait sa place dans l’histoire de l’art français. Et rappelons qu’à cause des autres résidents ou passants célèbres, cette rue parisienne a joué son rôle dans la littérature, la musique, la politique et l’économie, la vie mondaine, dans l’histoire tout court. Le regretté hôtel Rothschild à lui seul résumait tous ces aspects grâce à ses salons, ses collections, ses réceptions, ses activités bancaires, sans oublier la personne du baron James, un des modèles du baron Nucingen de Balzac…

 

n’avons pas pu nous attarder ici sur le patrimoine architectural de la rue Laffitte ni sur un grand nombre d’éléments qui ne demandent qu’à être approfondis, même si cela nous conduit inexorablement vers un livre. L’auteur se propose à revenir à la charge et pense qu’il sera d’autant mieux armé si les bienveillants lecteurs veulent bien lui faire parvenir leurs suggestions et éventuelles recommandations. Pour l’instant, son grand espoir est que le lecteur, lors de son prochain passage à la rue Laffitte, regarde d’un autre œil cette rue avec vue.

Jan Willem Noldus    © 2007

 

 

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 Note de Bernard Vassor : je trouve cet article du professeur Jan-Wilem Noldus absolument remarquable. J'aurai cependant une petite divergence de vue avec lui au sujet de la vue qui est offerte  au dessus de l'église Notre-Dame-de -Lorette. Je suis certain que le père Tanguy aurait détesté ces cinq cloches à fromages. C'est à cet endroit même qu'il fut arrêté, puis conduit à pieds à  Satory pour y être jugé pour appartenance à la Commune de Paris, après un procès sommaire dans une cour prévôtale établie la place du Sacré-cœur où selon l'humeur des militaires, les captifs étaient soit alignés contre un mur, fusillés et ensevelis dans des tranchées ouvertes et refermées à la hâte. Par une température de plus de trente cinq degrés "un temps à mettre en nage des cigales" a dit Théophile Gautier qui a assisté à l'arrivée des premiers prisonniers (parmi lesquels se trouvait notre marchand de couleurs préféré)les hommes nus-tête, les femmes les cheveux dénoués pour mieux les reconnaître au cas où ils tenteraient de s'enfuir, les traînards étaient abattus et laissés sur place pour l'exemple. Voilà le début du calvaire de celui qui allait devenir "le Socrate de la rue Clauzel »…………………………..

J'ajouterai pour la forme, que c'est surtout le père Tanguy qui a fait découvrir Cézanne, Vollard, n'a fait que, sur les conseil de Renoir "découvrir"au 9 rue Clauzel, chez celui qui avait depuis 1877, mis en avant et proposé aux collectioneurs avertis les toiles du maître d'Aix. Deux toiles su'il a fait achetezr par Maurice Denis, et les autres Cézanne dans la vente après décès du père Tanguy, acquis pour une bouchée de pain. Le père Tanguy étant inhumé dans la "tranchée des pauvres" numéro 12, du cimetière de Saint-Ouen. 

05/07/2007

23-25 RUE BEAUREGARD, emplacement de la maison de "La VOISIN"

PAR BERNARD VASSOR

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 C'est à ces emplacements qu'une certaine Catherine Deshayes épouse du bonnetier Monvoisin, dite "La Voisin". Elle tenait là un cabinet de consultationdans son jardin qui était bordé par l'église Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle. C'était le quartier appelé La Ville-Neuve-sur-Gravois, entre les remparts et le faubourg Saint-Denis.

Biographie de Jean-Christian Petitfils

Grand spécialiste de laFrance classique, est l'auteur d'une quinzaine d'ouvrages dont certains sont consacrés à l'histoire des idées politiques et d'autres à l'histoire des XVIIe et XVIIIe siècles. (Editions Perrin)795589c246f7469198facd623930faff.jpg

L'historien Jean-Christian Petifils raconte :

"on y vendait aussi bien des onguents que d'actifs poisons, herbes vénéneuses, ciguë, morelle, grains d'opium, venin de crapaud ou de vipère, sublimé, arsenic ou ses dérivés, le réalgar ou l'orpiment ; des devineresses, comme la Bosse, la Vigoureux ou la Voisin, font commerce de philtres aphrodisiaques, où se mêlent urine, sperme, sang menstruel, rognures d'ongle, bave de crapaud et mouches cantharides ; des sages-femmes, comme la Lepère, pratiquent les avortements en série ; des prêtres apostats et sacrilèges, comme l'abbé Cotton, maître des petites écoles de la Charité, l'abbé Deshayes, prêtre de Notre-Dame de Paris, Gilles Davot, chapelain de Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, l'abbé Mariette, vicaire à Saint-Séverin, et surtout le plus hideux d'entre tous, Etienne Guibourg, dit le Prieur, adepte du démon, fournissent des hosties consacrées, rédigent des conjurations, glissent sous le calice des poudres et des poisons pour les « activer » et obtenir la bénédiction des esprits, signent des pactes avec le diable."

Elle fut brulée vive en place de Grève le 22 février 1680.

C'est dans cette rue que les Sanson, exécuteurs des hautes-oeuvre avaient leur résidence secondaire. Il y entreposaient cordes, gibet, hache, billot et couperets finement acérés, bref tout le necessaire pour un pareil artisanat. En 1714, il y avait dans la rue 5 boites transparentes pour éclairer les 44 maisons de la rue. André Chénier a vécu à l'angle de la rue Beauregard et la rue de Cléry avant d'être emprisonné à Saint-Lazare. Vous connaissez la suite.

    

VIEILLES MAISONS DE PARIS :HOTEL BIGOT DE MOROGNE 34 RUE BARBETTE.

PAR BERNARD VASSOR

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LA MAISON AUJOURD'HUI 
Située à l'angle de la rue Barbette et de la rue Vieille du Temple numéro 74.
Les premières traces de cette maison aux Archives nationales notent au titre du cens la mention de la donation de Jehan Guehennis et sa femme Héloïse firent du revenu de leurs poulies à la maison du Temple en 1271.
Le 7 avril 1567, c'est un certain Guy Février contrôleur des aides et tailles qui fit la déclaration en ce lieu d'une maison de 8 toises*et demie en largeur, et de 22 toises et demie en profondeur, tenant au jeu de paume de "La Sphère" qui dépendait de l'hôtel des Fusées En 1595, c'est un trésorier général de l'artillerie qui en fit la déclaration pour laisser place ensuite à Jean Pallot secrétaire du roi le 14 févriier 1632. Le 13 juillet 1676, c'est Pierre Bigot, ecuyer, conseiller du roi, contrôleur des gardes-suisses qui en fit l'acquisition. Puis le fils en ayant hérité, il la vendit à Marie Bernard veuve de François Bailly, ancien marchand de vin. Laquelle la revendit à Claude Menant conseiller du roi le 28 juin 1783.
*Avant l'invention du système métrique, la toise représentait 1,949 m 
Charles Sellier, Le quartier Barbette, Albert Fontemoing éditeur Paris 1899  
 

 

04/07/2007

AU CHAPEAU FORT PARIS DISPARU

PAR BERNARD VASSOR

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C'était l'enseigne d'un chapelier. La maison du XVIéme siècle s'étaitd'abord appelée "des Trois visages"
Puis en 1628 "Au Chapeau Fort"(jeu de mot courant à l'époque dont le sens nous échappe souvent !). Avant le percement du boulevard Saint Germain elle était située à l'angle de la rue des Cordeliers* et de la rue des Fossés Saint-Germain**. On a suggéré à l'époque que le bastion qui protégeait la coiffure, pouvait suggérer au passant que le chapeau pouvait dissimuler des cornes, le malheureux chapelier avait eu la malchance d'avoir une épouse volage. C'est un épicier marchand de couleurs qui occupa au XVIIIéme siècle cette demeure qui portait alors le nom de "A la Ville de Caudebec" du nom d'une coiffure du pays de Cau.
Boileau parla de cette enseigne :
"Chez un chapelier du coin de notre place,
Autour d'un Caudebec, j'en ai lu la préface....." 
*Aujourd'hui rue de l'Ecole-de-Médecine
**Rue de l'ancienne Comédie. 

02/07/2007

LA HURE D'OR PARIS DISPARU 4 RUE DE LA HUCHETTE

PAR BERNARD VASSOR

 
Au moyen-age, on l'appelait la maison de la Heuse, à la fin du XVIéme siècle, La Petite cuiller ,  puis La Hure de Sanglier. Sa voisine la plus proche était "Le Petit More" à l'emplacement du numéro 1 actuel. L'auberge "Au Panier fleuri" recevait de nombreux artistes et les chansons et les éclats de voix retentissaient dans tout le quartier.
La rue de la Huchette était dejà pleine de cabarets, et de rotisseries. Elle abritait depuis 1714 (ce qui nous concerne beaucoup) le bureau des apothicaires à l'enseigne de "La Lamproie" qui se partageait le recrutement de commis de magasins,  rue de l'Aiguillerie avec le bureau des épiciers. Les deux professions se confondaient, les épiciers étant souvent apothicaires et vice-versa. Leur particularité étant qu'ils étaient aussi marchands de couleurs. 
Les nombreuses enseignes qui ornaient cette rue témoignent de l'intense activité qui y régnait. Le nom de cette rue vient peut-être de la "Huchette d'Or" une enseigne qui fut remplacée par "Les Trois-Maillets-Courronés" que l'on voit encore à l'angle de la rue Galande. L'hôtel de Pontigny sous Charles VI, du côté de la Seine, était un lieu de baignade pour les femmes,  dans les étuves de l'hôtellerie des boeufs qui était mitoyenne. Les rôtisseries au nom évocateur ;La Lamproie-sur-le gril, La Hure, les pigeons et la Huchette embaumaient déjà cette rue étroite (et qui l'est restée)
 

30/06/2007

HOTEL BARBETTE, PARIS DISPARU, PARIS OUTRAGE

PAR BERNARD VASSOR

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LA PORTE BARBETTE, AU TEMPS DE PHILIPPE AUGUSTE 
La Curtille Barbette doit avir emprunté son n,omà un bourgeois fortuné Etienne Barbette (vers 1218) qui s'y fit construire une maison de plaisance vers le début du XIIIéme siècle qui occupait approximativement un quadrilatère formé par les rues Vieille-du-Temple, des Francs-Bourgeois, de Payenne et du Parc-Royal. Au XVéme siècle, un grand corps de logis appelé l'hôtel d'Ardoise adossé à un moulin qui portait le même nom, s'étendait de la porte Barbette jusqu'à l'égout appelé Courtille-Barbette . La maison d'Etienne Barbette est devenue par la suite le couvent du Calvaire-du-Marais 
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LA POTERNE BARBETTE SE TROUVAIT RUE VIEILLE-DU-TEMPLE,
AUX ENVIRONS DU 48 ACTUEL RUE DES FRANC-BOURGEOIS
La Courtille Barbette faisait partie des marais et des prairies qui entourait cette partie de Paris.
C'est disent les historiens du XIXéme siècle, près de la porte Barbette que fut aasassiné le duc d'Orléans par Jean-sansPeur, duc de Bougogne. Les spadassins étaient embuqués dans une hôtellerie à "l'Image Notre-Dame".
D'autres historiens prétendent que c'est devant l'hôtel de Hollande que le Duc fut occis. 
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Cette maison détruite (vandalisée) en 1907 était le pendant en creux de l'hôtel Hérouet juste en face. Elle devait dater des années 1640. L'office HLM DE LA Ville de Paris eut le mauvais goût de construire en 1987 un immeuble en béton "agrémenté" de bow-windows métalliques peints en vert face à la tourelle d'Hérouet !!!
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HOTEL HEROUET 
 
 

28/06/2007

L'HOTEL DE SAVOYE 72 RUE DU TEMPLE

PAR BERNARD VASSOR

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Les filles de Saint-Avoye. Un couvent fut fondé fut fondée en 1622. Cet hôtel se trouvait en 1860 au numéro 76.
La plaque d'époque sur une poutre vermoulue porte le nom d''HOTEL DE SAVOYE" 
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Une rue avec vue : la rue Laffitte

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Hôtel de la reine Hortense 

Un article de Jan-Wilem Noldus, professeur à l'école du Louvre ©2007  

Une rue avec vue : la rue Laffitte

    Qu’est-ce que Victor Hugo, Claude Monet, Napoléon III, les frères de Goncourt, Charles Baudelaire, Frédéric Chopin, Franz Liszt, Georges Sand, James de Rothschild, sir Richard Wallace (celui des fontaines et d’une célèbre collection à Londres) ont en commun ? C’est qu’ils ont tous vécu à un moment dans la rue Laffitte… Et Stéphane Mallarmé, Marcel Proust et Sarah Bernhardt étaient des visiteurs réguliers, tandis que les peintres impressionnistes, ainsi que Cézanne, Whistler, Picasso, Kandinsky, y avaient leurs galeristes. Certes, cette rue ne s’appelait pas encore « Laffitte » avant 1830. A l’origine un simple sentier menant à Montmartre et bordé par des vergers et des jardins de propriétés privées qui avaient succédé à l’abbaye de Montmartre, elle fut « rue » à partir de 1770, et baptisée alors « d’Artois ».Ce nom fut changé en « Cerutti » (d’après un prêtre membre de la Constituante qui habitait au n°1 de la rue) en 1792, mais redevenait en 1814 « d’Artois » - ce qui n’était que naturel puisque c’était le nom du futur Charles X, frère du roi Louis XVIII qui avait « sa » propre rue de  Provence à coté. C’est à Louis XVIII qu’on doit les ordonnances de 1823 et 1824 permettant la percée de la rue au-delà de la rue La Fayette.

f5d233b5c7a4d79d55d4fe075388b748.jpg Ainsi une perspective fut ouverte, qui après la construction du Sacré Cœur sur la Butte Montmartre, allait devenir une des plus célèbres vues de Paris, attirant encore aujourd’hui des milliers de touristes. A l’origine du projet fut le financier Laborde qui - autour de 1770 - faisait construire son grand hôtel particulier sur la nouvelle rue. Dans les années suivantes d’autres hôtels étaient rapidement érigés sur les deux cotés de cette rue qui s’arrêtait à la hauteur du croisement de la rue de Provence et l’actuelle rue La Fayette. Au-delà il y avait l’hôtel Thélusson (construit par Ledoux en 1780 dans un style très néo-classique) voué à disparaître quand le deuxième tronçon fut percé en 1823 sous Louis XVIII. L’histoire des hôtels particuliers de la rue Laffitte – dont le dernier a disparu vers 1970 - est des plus problématiques. Les sources divergent considérablement quant à leur emplacement, leurs habitants et même leur nombre. Un facteur compliquant est le changement de numération au cours du 19e et au début du 20e siècle.9ad45b5b55ed567fb81aeaeccc884a8f.jpgLe plus probable est toutefois que du coté impair il y avait trois importantes constructions avec cours, corps de logis et ailes ainsi que des jardins allant presque jusque à l’actuelle rue Taitbout. Un de ces trois hôtels était celui de Laborde (actuels n°s 21-25), ensuite habité par le banquier et homme politique Jacques Laffitte. Puisque il a joué un rôle déterminant dans l’avènement de Louis-Philippe en 1830, qui a en grande partie été organisé, en présence de La Fayette, dans cet hôtel particulier, et puisque après juillet1830 la rue devait de toute façon être rebaptisée, on lui a donné le droit - ainsi qu’à Victor Hugo beaucoup plus tard - de se vanter de vivre dans sa propre rue. Il ne s’en est pas privé. Quand des heures difficiles sont venues pour lui, Laffitte a vendu sa maison à James de Rothschild qui s’y est installé utilisant - comme son prédécesseur - les ailes sur la cour comme bureaux pour sa banque. C’était la maison-mère des Rothschild à Paris, lieu d’affaires capitales, mais aussi demeure opulente où de fastueuses réceptions avaient lieu au milieu de très beaux tableaux. C’est cet hôtel qui a disparu en dernier, laissant malheureusement la place à un immeuble dans le goût pompidolien qui quoiqu’on puisse en dire, n’a pas respecté la relative unité de style du reste de la rue. Le frère viennois de James, Salomon, a acheté l’hôtel à coté (actuels n°s 15-19) pour avoir un pied à terre à Paris. Avant lui il y avait déjà eu des habitants célèbres : la famille de Beauharnais et notamment Hortense, reine de Hollande. Cela explique pourquoi le futur Napoléon III, son fils, y est né. Jusqu’à sa disparition peu avant 1905 – pour la percée de la rue Pillet-Will – l’hôtel portait toujours le nom de la reine Hortense. Il a été photographié par Atget. Le troisième hôtel mitoyen avait sans doute déjà disparu au moment de l’aménagement du boulevard Haussmann. Pour l’instant rien n’est connu sur son aspect, ses propriétaires ou son histoire.

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D’autres maisons de la rue, notamment du coté pair, sans doute de moindre importance, ont dès la fin des années 1820 laissé la place à des immeubles de rapport. Une maison capitale se trouvait cependant au n° 2 ; c’était la résidence du Marquis de Hertford et ensuite de son demi-frère Sir Richard Wallace. Jusqu’à la liquidation de l’héritage de celui-ci (propriétaire aussi du domaine de Bagatelle), l’on pouvait y voir une grande partie des très belles collections de ce fin connaisseur. Pour les admirer aujourd’hui, il faut aller à Londres. Un peu plus loin dans la rue, autour du n° 40 actuel, se trouvait l’Hôtel de France qui mettait à la disposition de ses clients des appartements assez spacieux. Cela a permis l’installation d’une colonie romantique dont Franz Liszt et Marie d’Agoult, Georges Sand et Frédéric Chopin étaient les protagonistes. Georges Sand y recevait aussi des célébrités comme Lamennais, Mickiewicz ou Victor Schoelcher. Lola Montès, aventurière, artiste de cirque et ancienne maîtresse de Ludwig Ier roi de Bavière, y aurait passé la fin de ses jours.  Même à la fin du XIXe siècle l’Hôtel de France avait encore une telle réputation internationale que Sir Arthur Conan Doyle y situe une de ses nouvelles sans Sherlock Holmes : L’Anneau de Thot. Parlant de littérature, il est intéressant de remarquer qu’Alexandre Dumas Fils fait commencer son célèbre Dame aux Camélias dans la rue Laffitte, et que Jean Cocteau la nomme plusieurs fois dans ses Enfants terribles. Ponson du Terrail considère que le 41 rue Laffitte est une bonne adresse pour  un aristocrate célibataire, victime de Rocambole, tandis que Victor Hugo y aurait trouvé le sujet de ses Misérables, une nuit après une fête donnée en son honneur (à l’occasion de son élection à l’Académie Française) par Mme de Girardin qui à ce moment  résidait dans la rue Laffitte: il y a vu une pauvre femme, souffrant du froid et de la neige, arrêtée par un agent de police et qui l’a certainement inspiré pour la figure de Fantine. Hugo devait revenir à la rue Laffitte pendant l’automne de 1871 quand il vit à l’Hôtel Byron (N°20/22) en attendant que son appartement du 66 rue de la Rochefoucauld soit prêt. Baudelaire y avait vécu 26 ans auparavant en 1845, au n°32 : l’Hôtel de Dunkerque et Folkestone, plus tard Hôtel des Pays-Bas. Comme si cela ne suffisait pas, les frères de Goncourt ont passé leur jeunesse au n°14, à l’angle de la rue Rossini. Même plus tard, quand ils habitent la rue Saint-Georges à coté, les deux frères fréquentent encore la rue Laffitte et notamment le n°1, la célèbre Maison dorée, construite en 1839 à l’endroit de la maison de Cerutti. La Maison dorée, véritable carte de visite de la rue Laffitte a été le siège de plusieurs revues : Le Mousquetaire (d’Alexandre Dumas Père), Paris (les Goncourt) et peut-être la plus célèbre de toutes - la Revue Blanche de Natanson qui connaissait parmi ses collaborateurs Mallarmé, Zola, Anatole France, Gide et Proust (qui fait venir Odette Swann à cette adresse). Mais les éditeurs Charpentier et Fasquelle y avaient aussi leurs bureaux pendant un temps, tandis que des restaurants – avec cabinets particuliers pour soirées galantes avec demi-mondaines -, assureurs et banquiers, bijoutiers, un professeur d’escrime…, s’y étaient installés aussi.  Et n’oublions pas que la Maison dorée a surtout connu son heure de gloire artistique avec des expositions de peinture impressionniste. En fait les salles étaient louées à des galeristes de la rue Laffitte qui y présentaient ce qu’ils avaient de mieux dans leurs fonds. Et des galeristes, des marchands de tableaux comme on disait, il y en avait une quantité vraiment incroyable. Une maison sur deux dans cette rue a hébergé une galerie pendant au moins quelques années. Il est trop tentant d’en faire un petit inventaire, même si nous ne pouvons pas faire ici l’histoire souvent très riche de chacune de ces maisons.

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Nous suivrons la rue.

-N°2 : Antoine BAER, qui vend ses tableaux au rez-de-chaussée de la maison de Sir Richard Wallace.

-N°3 : Galerie BRAME, spécialiste de Corot et plus tard de Degas aussi. Hector Brame s’était d’abord associé avec Durand-Ruel.

-N°5 : Galerie MOUREAUX, dont nous ne connaissons pas l’orientation artistique faute d’archives.

-N°6 : Ambroise VOLLARD s’était d’abord installé ici, avant d’ouvrir une galerie plus grande au N°39/41.

-N°8 : Alexandre BERNHEIM dit Bernheim-Jeune, de 1863 à 1906 ; il fut un des grands défenseurs des impressionnistes Monet et Renoir. Une des plus importantes expositions Van Gogh a eu lieu dans ses murs. Bernheim vend aussi Seurat, Bonnard et Matisse.

-N°10 : Adolphe BEUGNIET qui présente depuis 1848 des tableaux et aquarelles d’artistes importants comme Delacroix et plus tard - dans les années 1880 - Degas.

-N°12 : Alexis FEBURE, le premier marchand de tableaux de Manet.

-N°15 – dans les bâtiments sur rue de l’hôtel S.Rothschild : Galerie WEYLE qui malgré l’emplacement prestigieux est restée dans l’ombre de ses voisins.

-N°16 : DURAND-RUEL, sans doute avec Bernheim le marchand le plus important, mais qui reste à cette adresse où il s’était installé en 1870 jusqu’en 1920. Durand-Ruel a organisé la plupart des grandes expositions des impressionnistes, avec notamment Monet, Renoir, Pissarro, Sisley, et avait une renommée mondiale. Après 1920 il n’y avait que le siège new-yorkais qui a survécu jusqu’en 1950.

-N°20 : Simon CAHEN, spécialistes de tableaux « modernes » des années 1880.

-N°22 : Alphonse LEGRAND qui a – sans beaucoup de succès – essayé de vendre des tableaux de Caillebotte.

-N°27 : Alexis-Eugène DETRIMONT qui vend aussi des cadres, comme beaucoup de ses collègues. Detrimont siégeait d’abord au N°33 où il s’était fait une réputation comme marchand de tableaux de paysage, en particulier de Daubigny. Il présentait aussi Courbet. En 1886 il s’installe à la place de la galerie Louis LATOUCHE qui avait vendu des Monet et des Pissarro.

-N°28 : Galerie Gustave TEMPELAERE, une galerie mineure.

-N°38 : Galerie BOURDEL, galerie du second plan.

-N°39/41 : La galerie de VOLLARD où Cézanne était à l’honneur. Ambroise Vollard a sans aucun doute créé la célébrité de cet artiste, comme il l’a fait pour d’autres comme Picasso qui a peint un portrait cubiste du marchand qui était aussi écrivain à ses heures.

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-N°43 : Galerie CARMENTRON qui a présenté des œuvres de Whistler. A la même adresse il y a eu aussi la galerie DIOT (vente d’aquarelles).

-N°46 : Clovis SAGOT, au début du XXe siècle un des principaux marchands (et grand ami) de Picasso, mais aussi de Gris, Léger, Lhote, Laurencin, Gleizes, Metzinger,…

-N°47 : Galerie GUERIN, comme son collègue Cahen (N°20) spécialiste de tableaux « modernes »

-N°52 : Pierre Firmin Ferdinand MARTIN dit le père Martin, le marchand des peintres de Barbizon et ensuite de plusieurs impressionnistes autour de 1874. Pissarro a été inscrit un temps à son adresse. Un des rares marchands de tableaux (avec Vollard, un peu plus tard) à avoir une nette position politique à gauche, voire anarchisante. Pour l’instant nous ne connaissons pas l’adresse exacte de quelques autres galeries importantes qui avaient leur siège dans la rue Laffitte à un moment ou un autre. Par exemple Berthe WEILL qui y était de 1919 à 1926 et présentait Picasso, Picabia, Dufy, mais aussi Rouault et Van Dongen … Ou la galerie TENDANCES NOUVELLES, dont Kandinsky était l’artiste le plus célèbre. Maurice GOBIN vendait jusqu’au début des années 1950 des estampes d’artistes modernes, dont Derain. Mais un siècle plus tôt, il y avait déjà la galerie PEYRELONGUE qui était un lieu de retrouvailles pour la bohème artistique dont les Goncourt, Nadar et Murger. La plupart des résidents de la rue Laffitte qui ne faisaient qu’y vivre appartenaient à la grande bourgeoisie. Ils étaient avocats, chirurgiens, banquiers ou carrément rentiers (comme beaucoup d’habitants du 9e arrondissement au XIXe siècle). Mais y exerçaient beaucoup d’antiquaires, diamantaires et surtout de représentants de métiers d’art, comme des dessinateurs, d’architectes, de couturiers et même un vitrier d’art (au N°28).  Il y avait aussi plusieurs photographes, dont le plus connu est sans doute Etienne Carjat, l’ami de Léon Gambetta, qui pendant sa longue carrière a portraituré Baudelaire, Courbet, Louise Michel et… Apollinaire. Il officiait au N°56. Au N°51 (disparu après 1870) et au N°45 – qui par ailleurs est la maison où est né Claude Monet et où il a vécu quelques années avant que sa famille s’installe au Havre – travaillaient d’autres photographes dont (dans les années 1920) le mondain Sartony.   Signalons au passage le chocolatier renommé Fouquet qui a ouvert sa boutique du N°36 en 1852 et qui est toujours là…Du N°1, Proust s’est souvent rendu au N°43 où habitait la famille de Céleste Albaret. Il a continué vers le N°47 qui était avant 1930 un simple immeuble de rapport. Au 5ème étage, il aurait - s’il avait été un peu plus âgé - pu rencontrer Stéphane Mallarmé qui au début des années 1890 était un visiteur assidu (car admirateur) de Louise Abbéma. Cette femme-peintre assez connue à son époque y vivait et y réalisait ses tableaux : quelques œuvres dans le genre symboliste, mais surtout des natures mortes de fleurs et des portraits de célébrités artistiques et mondaines comme Gounod, Delibes, Mme Lucien Guitry, et avant tout Sarah Bernhardt qui fut aussi son amie intime. cinquante ans, jusqu’à sa mort en 1927,

 

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Louise Abbéma a été le cœur artistique de cette rue, puisqu’elle y vivait. Les autres artistes, peintres surtout, ne faisaient qu’y passer pour aller chez leurs marchands de tableaux. Mais déjà cela a fait que la rue Laffitte ait sa place dans l’histoire de l’art français. Et rappelons qu’à cause des autres résidents ou passants célèbres, cette rue parisienne a joué son rôle dans la littérature, la musique, la politique et l’économie, la vie mondaine, dans l’histoire tout court. Le regretté hôtel Rothschild à lui seul résumait tous ces aspects grâce à ses salons, ses collections, ses réceptions, ses activités bancaires, sans oublier la personne du baron James, un des modèles du baron Nucingen de Balzac… Nous n’avons pas pu nous attarder ici sur le patrimoine architectural de la rue Laffitte ni sur un grand nombre d’éléments qui ne demandent qu’à être approfondis, même si cela nous conduit inexorablement vers un livre. L’auteur se propose à revenir à la charge et pense qu’il sera d’autant mieux armé si les bienveillants lecteurs veulent bien lui faire parvenir leurs suggestions et éventuelles recommandations. Pour l’instant, son grand espoir est que le lecteur, lors de son prochain passage à la rue Laffitte, regarde d’un autre œil cette rue avec vue.  

 Jan Willem Noldus    © 17 juin 2007
  Note de Bernard Vassor : je trouve cet article du professeur Jan-Wilem Noldus absolument remarquable. J'aurai cependant une petite divergence de vue avec lui au sujet de la vue qui est offerte  au dessus de l'église Notre-Dame-de -Lorette. Je suis certain que le père Tanguy aurait détesté ces cinq cloches à fromages. C'est à cet endroit même qu'il fut arrêté, puis conduit à pieds à  Satory pour y être jugé pour appartenance à la Commune de Paris, après un procès sommaire dans une cour prévôtale établieà la place du Sacré-Coeur où selon l'humeur des militaires, les captifs étaient soit alignés contre un mur, fusillés et ensevelis dans des tranchées ouvertes et refermées à la hâte. Par une température de plus de trente cinq degrés "un temps à mettre en nage des cigales" a dit Théophile Gautier qui a assisté à l'arrivée des premiers prisonniers (parmi lesquels se trouvait notre marchand de couleurs préféré)les hommes nus-tête, les femmes les cheveux dénoués pour mieux les reconnaitre au cas où ils tenteraient de s'enfuir, les trainards étaient abattus et laissés sur place pour l'exemple. Voilà le début du calvaire de celui qui allait devenir "le Socrate de la rue Clauzel".........................................................................