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07/07/2010

Amusements et curiosités littéraires : De la supposition d'auteurs, des plagiats canulars et supercheries


Michel Chasles (1793-1880), mathématicien, membre de l'Académie des Sciences et de la Royal Society.

Depuis la renaissance, l'histoire fourmille de petites mystifications et de grandes escroqueries littéraires.

Déja, au seizième siècle, le savant de Modène, Sigonio (1520-1584) avait découvert quelques fragments d'un traité de Cicéron au moyen duquel il recomposa un ouvrage entier. Ce n'est qu'à la fin du dix-huitième siècle que l'on découvrit la supercherie dans une lettre où Sigonio avouait être l'auteur de "de Consolation" supposé être de la main de Cicéron. Pourtant, un de ses élèves Ricoboni, avait découvert la fraude et s'était empressé de la signaler, mais personne ne lui accorda aucun crédit.

Joseph Scaliger, un des plus grands érudits du seizième, fut la victime d'un de ses amis qui lui avait donné à publié de supposées pièces de comiques anciens "Attius et Trabéas" qui n'existaient que dans l'imagination de Marc-Antoine Muret.

L'histoire de la peinture en Italie, Stendhal plagiaire !!!

"Tout ce que disait Lanzi, ne se trouve pas

dans Stendhal, mais tout ce qu'écrivait

Stendhal, se trouve dans Lanzi"

C'est la deuxième publication donnée par Henri Beyle qui est le plagiat d'un ouvrage de l'abbé Luigi Lanzi (1732-1810), directeur du Musée de Florence : "Storia picturia dell'italia" paru en 1795-1796. Dans l'introduction Stendhal utilise de larges extraits de Richardson du "Trattato della pittura". Il envoie son manuscrit à son éditeur le 30 mai 1817. "A l'époque où il commence à écrire, il ne connait pas grand chose à la peinture. Il emprunte aux auteurs qu'il consulte, et s'approprie des pages entières, auxquelles il ne fait subire que de minimes changements. Il coupe, condense ou allonge, mêlant à plaisir le bien d'autrui et ses réflexions personnelles"(Henri Martineau). Dans sa première étude sur Haydn, en 1815, Henri Beyle avait "oublié" de mentionner que le livre était traduit de l'italien; car Carpiani son véritable auteur protesta. Mais Beyle qui s'était caché sous le pseudonyme de Bombet, échappa de peu à la disgrâce de voir son nom éclaboussé.

......

L'affaire Vrain-Lucas

"Billet d'Alexandre le Grand à Aristote : A son très aimé Aristote : Mon amé, ne suys pas satisfait de ce qu'avez rendu public aucun de vos livres, que deviez garder sous le scel du mystère ; car c'est en profaner la valeur... Quant à ce que m'avez mandé d'aller faire un voyage au pays des Gaules, afin d'y apprendre la science des druides, non seulement vous le permets, mais vous y engage pour le bien de mon peuple, car vous n'ignorez pas lestime que je fais d'icelle nation que je considère comme étant ce qui porte la lumière dans le monde. Je vous salue. Ce XX des kalendes de mai, an de CV Olympiade."

Signé - ALEXANDRE

Coup de tonnerre à l'académie des Sciences, le grand savant Michel Chasle, dans une communication en 1867, révèle que ce n'est pas le chétif et maladif Newton qui a découvert les lois de la gravitation. En effet, c'est le Français Blaise Pascal qui ,en est à l'origine !

"Je détiens les preuves  de cette abominable escroquerie" déclare l'éminent académicien. Il a pour preuves, une dizaine de lettres de Pascal, adressées à un jeune étudiant nommé Newton, en lui indiquant  l'avancement de ses travaux sur le sujet. L'auteur des Pensées évoquait, dans ces lettres, en 1648, du système des lois d'attraction dont Newton ne devait avoir la révélation que vingt ans plus tard ! Donc, Newton ne fit que recopier ces éléments qui vont bouleverser l'histoire de la physique et des sciences.

Cocorico !!! La France entière, le gouvernement impérial qui a le privilège de détenir la garde de ces saintes relique, la presse souligne l'évènement, des chansonniers composent des hymnes à la gloire à la fois de Pascal et de Chasles, en n'oubliant pas de démontrer "la superiorité des Français, face à ces stupides Anglais.

Trois années plus tard, un procès s'ouvrit devant le tribunal correctionnelle de la Seine.  Le faussaire, fournisseur des documents vendus à l'académicien comparait pour avoir fabriqué des faux. Au lieu de nier, un certain Denis Vrain-Lucas, se prête complaisamment aux questions des accusateurs.

Il décrit les difficultés de son métier...comment se procurer du papier ancien, comment pour donner un aspect ancien, roussir les feuilles une à une à la flamme de chandelles.

Le  nombre de faux documents, plus de 27 000, est examiné par la cour. On y trouve pêle-mêle dans les travaux du stakanoviste Vrain-Lucas des lettres de Socrate à Euclide, d'Héloïse à Abélar, de Saint-Eloi à Dagobert, de Jules César à Vercingétorix, de Charles Quint à Rabelais.

Le prévenu fut condamné à deux ans de prison et une amende. Le savant Michel Chasles qui avait fini par saisir la justice fut déconsidéré à jamais.

La Chasse spirituelle :

Stupéfaction dans le landerneau rimbaldien !

Le journal "Combat", en 1949, annoncait avoir retrouvé le manuscrit légendaire d'un texte de Rimbaud de 34 pages intitulé :"La Chasse spirituelle" et l'avoir fait publier dans le "Mercure de France". Branle-bas de combat, les rimbaldolâtres, comme toujours ne tarissaient pas d'éloge sur cette pièce digne du génie d'Arthur. Ce manuscrit, "miraculeusement retrouvé chez un collectionneur" fut authentifié par nombre de "spécialistes" de Rimbaud.

Cela n'empêche pas aujourd'hui encore, de retrouver "miraculeusement" chaque année photographies, texte inédits, révolver de Verlaine avec la caution de rimbaldophiles patentés.

Ce texte fantôme, qui avait été oublié par Rimbaud, rue Nicolet chez les Mauté, Matilde, la femme de Verlaine disait l'avoir donné à Philippe Burty. Depuis, 1872, personne n'avait retrouvé la trace de ce texte mythique.

Mais, quelques semaines plus tard, deux comédiens, Nicolas Bataille et Mme Akakia Viala,  qui avaient monté "Une Saison en enfer" furent éreintés par ces mêmes "spécialistes rimbaldiens", ils levèrent le voile, en reconnaissant être les auteurs de cette supercherie, pour confondre et démontrer l'incompétence des prétendus spécialistes.

Seul André Breton s'était indigné : " «Combat" présente aujourd’hui un document littéraire exceptionnel que l’on croyait perdu depuis 1872.»

Aujourd'hui encore, chaque année voit des photos retrouvées miraculeusement, le révolver de Rimbaud, des poèmes ou des textes inédits retrouvés tout aussi miraculeusement, avec la caution de rimbaldophiles patentés. Cela fait beaucoup de miracles pour un homme qui

avait dit :"Merde à Dieu"

18:41 Publié dans Histoire littéraire | Tags : henri beyle, stendhal, lanzi, vrain-lucas, rimbaud, andré breton, jean dutourd | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

05/07/2010

Orllie Antoine I° roi d'Auricanie, un illuminé, un rêveur ou un charlatan ?

Par Bernard Vassor
Nina de callias éventail largeur.jpg
Une soirée chez Nina par Franc-Lamy, où le roi de Patagonie égayait parfois les soirées où les frères Cros (Charles, amant de Nina, Henri et Antoine) étaient les princes.
(Antoine Cros, sera d'ailleurs le deuxième roi de Patagonie, Achile Laviarde étant le troisième en date)
.......
Avertissement: L'histoire rocambolesque, "ithyphalique pioupiouesque et abracadabrantesque"de ce sympathique arriviste illuminé mégalomane ambitieux, qui est encore aujourd'hui l'objet d'un culte quasi sectaire. L'intérêt pour nous, est également la présence d'Antoine Tounens dans"l'atelier de décervelage" de la rue Chaptal (17 au premier étage et non pas au deuxième comme le dit J.J.Lefrère), chez Nina de Callias, "La Dame aux éventails" d' Edouard Manet.
.......
Antoine Orllie Tounens, huitième enfant d'une famille de fermiers, est né le 12 mai 1825 à Tourtoirac. Après avoir suivi des études de droit, il fit l'acquisition d'une charge d'avoué à Périgueux en 1851. Très tôt il nourrit l'illusion de son appartenance à la classe nobiliaire; qu'à cela ne tienne ! Il obtiendra de la Cour Impériale de Bordeaux le droit de faire précéder son patronyme d'une particule. et se fit appeler Antoine de Tounens...Dévoré par l'ambition, Tounens quitta sa robe de notaire et s'en alla à la conquête d'un royaume au delà de l'Atlantique. Il avait lu un poème épique traduit par Voltaire d'un conquistador Alonzo de Ercilla, qui lui bouleversa la têye au point de tout laisser en plan, il vend sa charge et s'embarque en 1858 sur un bateau en partance pour le Chili. L'histoire d'un peuple insoumis les Araucans, qui avait combattu avec succès les espagnols, qui vivait en clans séparés. Son intention était de les réunir sous son autorité, et de se faire élire roi de Patagonie. Il avait étudié l'espagnol et le chili duya,la langue des Mapuches ( les araucans). Il rédigea la constitution de son futur royaume pour "son peuple" constitué de six tribus : Les Moluches, les Pinches, les Puelches, les Huitiches, les Puenches et les Aucas, ou Araucans. Il voulait être le Toqui (chef) qui prend le titre avec une couronne, et un manteau d'hermine !
En 1860 les Mapuches entrés en résistance, étaient sur le point d'être vaincus, quand il se présenta comme leur sauveur, présenté ainsi par un chef de clan, il se fait introniser roi de Patagonie et d'Araucanie. Il nomme des ministres et annexe des territoires qui coupent le Chili en deux.
En "communicateur" habile, il annonce son avènement aux journaux du Chili, de l'Argentine et de France à qui il demande un soutien pour financer la riche exploitation minière de ce pays, et fait la demande d'ouvrir une ligne maritime entre Bordeaux et l'Auricanie.
En 1862, Tounens est kidnapé et incarcéré dans une prison de la ville de Los-Angelès en pays Mapuche. Il fut condamné à mort, puis vit sa peine commuée en emprisonnement à perpétuité.
Il sortit de prison en 1862 sur intervention des autorités françaises, et revint à Paris tout penaud. Le tout-Paris, fit des gorges chaudes de l'équipée sauvage de Sa Majesté redevenue Tounens tout court.
En 1864, un hôteleir le traîna devant les tribunaux pour grivèlerie, ce qui fit dire à un humoriste, que le seul palais que possédait ce monarque, était celui par lequel était passé la nourriture qu'il ne voulait pas payer.
.........
Il ne renonça pas pour autant, en 1871, après avoir lancé une souscription, il repartit pour "son" royaume.
Il fut arrêté et torturé par quelques uns de ses "sujets" qui lui reprochaient de ne pas avoir tenu ses engagements, c'est à  dire de leur fournir des arme, puis libéré par des indiens Mapuches à qui il avait fait croire qu'un bateau chargé d'armes les attend sur la côte pacifique. Obligé de s'enfuir précipitament, il essaya de retourner sous une fausse identité. Reconnu à Buenos-Aires par un militaire argentin, il est de nouveau rééxpédié en France. Sa tentative en 1876 sera la dernière. On l'a retrouvé un peu plus tard sur un trottoir de Buenos Aires quasi-mourant. Il a été soigné et opéré sur place, puis renvoyé une nouvelle fois en France. Il se retira définitivement dans son village natal à Tourtoirac où il mourut en 1877.
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..............
Cet ouvrage a été édité 52 passage Jouffroy. Cet endroit est encore aujourd'hui l'emplacement d'une librairie "aux quatre vents".
C'est entre des boites à livres situées dans le passage qu'un escalier branlant menaçant ruine, conduit dans un minuscule bureau au premier (demi) étage, siège du libraire éditeur Thévelin, dans ce temps là.
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"Le premier qui fut roi fut un avoué malheureux"
Publié 52 passage Jouffroy, cette  plaidoirie du Prince auto-proclamé par une tribu indienne du Chili, fait prisonnier par le gouvernement Chilien pour avoir tenté de soulever ces tribus d'Auricanie contre le Chili en faisant passer les indiens d'une rive du Bio-Bio sur l'autre
rive  (?).
Il assure que les Indiens de Patagonie et d'Auricanie l'ont librement proclame roi et adopté son drapeau bleu blanc et vert !
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Condamné à mort, triste destinée à laquelle il a échappé. Cet ancien notaire se déclare résolu à exploiter ses connaissances en généalogie, biographie etc.. comme ancien liquidateur en comptes, conseils dans les affaires litigieuses. Il fut libéré sur intervention du gouvernement Français, mais n'abandonna pas pour autant son combat pour trôner sur le territoire de Patagonie et d'Auricanie.
Il organisa une vaste publicité pour obtenir des fonds dans le but d'influencer le gouvernement pour parvenir à ses fins. Il tenait des séances chez lui à Paris, et il indiquait :
"Les personnes qui voudront bien m'honorer de leur confiance, me trouveront tous les jours sauf le dimanche.
Prince O.A.Tounens
ancien avoué, roi d'Auricanie et de Patagonie
généalogiste et biographe
5 rue de Grenelle Saint-Germain
Et une circulaire qu'il adressait à d'éventuels bienfaiteurs :
"Sire,
voici une créance véreuse que je dépose entre vos augustes mains. Je supplie humblement Votre Majesté de faire vendre s'il le faut, la paillasse de mon débiteur qui est la dernière des canailles, et j'ai l'honneur de remettre à Votre Majesté 12 f 50 c pour ses premières courses"
Cette auguste personnalité fréquentait le salon de Nina de Villar.
Les successeurs du roi de Patagonie, furent Antoine Cros (dont l'académicien Maurice Druon est un descendant), le frère de Charles Cros, Achile Laviarde, et il s'en trouvent encore d'autres jusqu'à encore aujourd'hui......
Mise à jour le 5/07/2010.

15:31 Publié dans Les originaux, les excentriques, les fous litterra | Tags : antoine tounens, orllie premier, nina de callias, antoine cros, franc-lamy | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

EVA & JEANNE GONZALES : artistes injustement méconnues.

PAR BERNARD VASSOR

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Inhumée au cimetière Montmartre dans le caveau de son père,  son nom ne figure même pas sur la stèle. Eva Gonzalès (1849-1883) vit le jour à Paris. Elle était la fille de l'écrivain Emmanuel Gonzalès, président de la Société des Gens de Lettres. Puis elle rencontra Edouard Manet dont elle devint un de ses modèles préférés. En 1865, elle prit des cours de dessin chez le peintre de salon Charles Chaplin, avant de devenir l'élève et le modèle d'Edouard Manet en 1869 qui en fit son modèle préféré, ce qui provoqua  la jalousie de Berthe Morizot. Elle exposa au Salon en 1870 pour la première fois et y présenta ses tableaux tous les ans. Elle fit des séjours à "la ferme Saint-Siméon"

Elle reçut des éloges de Zola et de Castagnary. Mariée en 1878 au peintre et graveur Henri-Charles Guérard (1846-1897). Celui-ci, après ma mort de sa femme, épousa Jeanne Gonzalès, la soeur cadette d'Eva, peintre aquarelliste elle aussi.
Eva se distingua par d'originales recherches picturales : "des variations sur les différents tons de blanc"
Endeuillée par la mort d'Edouard Manet en 1883, elle devait succomber à une embolie 5 jours après le décès de son maître, à l'age de 34 ans au moment de la naissance de son premier enfant. Jusqu'à nos jours, Eva Gonzalès n'a pas connu le même succès auprès des amateurs et historiens d'art.
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Jeanne Gonzales :

Étrange destinée, à l'ombre de sa sœur, elle fut aussi son modèle quotidien. Née en 1852 au 18 rue de Laval(Victor Massé) elle est de trois ans la cadette d'Eva. Elle fut baptisée à Notre-Dame-de-Lorette en 1857, elle eut Eva pour marraine. Comme nous avons pu le constater, la famille Gonzales-Guerard a beaucoup déménagé, mais dans un périmètre très restreint, allant de la rue de Laval, avenue Frochot, puis rue Bréda(Henry Monnier ) à plusieurs adresses, au 5, au 15, et au 11. En 1875, Eva et Jeanne donnèrent des œuvres au profit de l'Ecole libre et gratuite du 54 rue Blanche (curieusement, ce sera aussi une des adresses à Paris d'Andries Bonger, le beau-frère de Théo van Gogh, qui sera chargé par sa sœur Johanna de gérer les toiles de Vincent dans la boutique du père Tanguy au 9 rue Clauzel). Le mariage d'Eva et de Henri Guerard a eu lieu à la mairie du neuvième arrondissement, avec pour témoins, entre autres, l'éditeur Dentu, le docteur Gachet et Edouard Manet. Après le décès d'Eva, Jeanne épouse Henri Guerard toujours à la mairie du neuvième. Ils sont domiciliés dans un bel hôtel particulier au 4 avenue Frochot.

Elle exposa aux salons de 1878 à1889 et en 1882 à l'exposition spéciale des oeuvres des artistes femmes, 7 rue Volney..
Le 31 octobre 1924, Jeanne meurt au château de Coubloup à Vic-sur-Nahon
Sources essentielles : Marie-Caroline Sainsolieu et Jacques de MonsEva Gonzalès, La bibliothèque des Arts Paris 1990
Sophie MonneretL'Impressionnisme et son époque, Denoël Paris 1980

 

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Mise à jour le 5 juillet 2010.

15:20 Publié dans Les peintres | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

Amusements et récréations littéraires : "Des vers figurés"

Par Bernard Vassor

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Prière de Panurge à la dive bouteille, plagiée plus tard par les chansonniers Charles-François Panard dit Pannard (1674-1765) et Pierre Capelle libraire éditeur de surcroit.
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Les vers figurés, c'est-à dire  offrant la représentation d'objets matériels , dont Guillaume Apollinaire s'inspira pour la composition de ses "Calligrammes".
Mais, c'est au poète lyrique Simmias de Rhodes vivant selon  Vossius, vers 324 avant J-C. sous le règne de Ptolémé Lagide, à qui nous devons ce procédé littéraire.
L'hélléniste Jean-Fraçois Boissonnade, dans le "Journal de l'Empire" du 18 novembre 1807, nous donne la description du poème de Simmias "Les Ailes"« Les Ailes sont composées chacune de six plumes ou de six vers chorïambiques, qui diminuent graduellement de mesure, et par conséquent de longueur, selon leur position dans l'aile, jusqu'au dernier qui n'a que trois syllabes. Simmias a voulu que le sujet de son poème eût quelque rapport avec sa forme : il y fait parler le dieu qui porte des ailes, l'Amour ; non pas la vulgaire divinité qui naquit de Vénus , mais cet antique Amour que chantent les vieilles cosmogonies, le principe créateur et contemporain du destin.Il doit y avoir plus de mérite dans l'Oeuf, car il y a plus de difficulté. Chaque bout est formé de très petits vers qui s'allongent progressivement jusqu'au milieu. Mais ce n'est pas tout : le poème, lu de suite, est absurde, inintelligible, c'est une énigme sans mot. Il faut, pour trouver une espèce de sens, aller du premier vers au dernier, du second à l'avant-dernier, du troisième à l'antépénultième, et ainsi de suite jusqu'aux deux vers du milieu»
En usage pendant le moyen-âge, les vers figurés grecs ou latins furent fort prisés au seizième et dix-septième siècle.
Nous en trouvons la trace dans deux ouvrages, l'un, "Urania" de Balthasar Bonifacio, l'autre dans la "Métametrica"de Caramuel, un in-folio avec mention d'édition : Rome, 1663.

10:54 Publié dans Histoire littéraire | Tags : rabelais, simmias de rodhes, panard, capelle | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

03/07/2010

Amusements et récréations littéraires : De la contrepetterie* et des anagrammes

Par Bernard Vassor

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"Car il disoit qu'il n'y avoit qu'une antistrophe
entre femme folle à la messe, et femme molle, à la fesse»
« Mais, équivocquez sur À Beaumont le viconte.
François Rabelais
La gymnastique de l'esprit :

La contrepèterie est une "antistrophe" burlesque qui consiste à échanger les initiales de mots d'une phrase, de manière à lui donner un nouveau sens amusant et curieux. Nous devons certainement ce procédé comique et généralement indécent au "gentil sçavant et gracieux Maître François" qui l'inventa vers 1532 :  livre II, chap. XVI : Les horribles et épouvantables faits et prouesses du très renommé Pantagruel Roi des Dipsodes, fils du Grand Géant Gargantua. L'effet comique est parfois amené par le changement de l'ordre des mots, dans le prologue du Tiers  Livre : ""Le coq d'Euclion pour en grattant avoir descouvert le thesor, eut la couppe gorgée"

Le terme antistrophe, ou équivoque fut utilisé par Rabelais et ses imitateurs, mais nous devons à Etienne Tabourot (1547-1590) le mot contrepetterie, provenant du verbe contrepetter. Le contrepet est lui-même une contrepèterie !!!

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La langue française doit beaucoup à Tabourot. Nous trouvons dans la table des chapitres  des "Bigarrures" la liste des sujets  traités :
"Des Equivoques François**.
Des equivoques doubles
Des Amphibiologies.
Des Antistrophes, rencontres ou contrepeteries.
Des Ananagrammatissimes ou Anagrammes.
(..)
Des  Acrostiches.
Des vers léonins.
Des vers couppez.
.......
Des anagrammes

On appelle anagramme, la transposition et combinaison entre elles des lettres d'un nom ou d'un mot quelconque de manière à en tirer un sens. Il faut que toutes les lettres soient utilisées pour en tier un sens.
Rabelais (encore lui !) fut un grand utilisateur de ce genre.
Les plus anciennes anagrammes connues sont attribuées au poète de Lycophon, vers 280 avant J-C. Il avait fait de la violette de junon "ion eras", le nom d'"Arsinoé", et de Ptolemotios "apo melitos" c'est à dire le miel.
Roger Bacon (1214-1294) :« Ce moine, méconnu et horriblement persécuté pendant sa vie, est la plus grande figure scientifique du Moyen Âge. C’est le génie le plus vaste et le plus complet qui, dans cette longue période, se soit produit en Europe» donna de cette façon, la composition de la poudre à canon.
La troisième partie de la "cabale" chez les juifs n'est que l'art de faire des anagrammes et a pour but de trouver le sens caché et mystérieux au moyen de la transposition de lettres et de mots. Les alchimistes du moyen-âge employèrent des anagrammes pour communiquer avec leurs adeptes.
Le poète limousin à la mémoire phénoménale, Jean Daurat ou Dorat (1508-1588) mit les anagrammes en vogue, si bien que chacun voulait s'en mêler. Des personnages illustres lui donnèrent leur nom à anagrammiser, si bien que cette manie gagna non seulement la France, mais l'Europe entière. Tallement des Réaux raconte l'histoire suivante dans l'historiette qu'il a consacrée à Henri IV :
"Un monsieur de Vienne qui s'appelait Jean, était bien embarrassé pour anagrammiser son propre nom. Le roi le trouva par hasard dans cette préoccupation : "Et bien ! lui dit-il, il n'y a rien de plus aisé, que : Jean de Vienne, devienne Jean".
Le poète Guillaume Colletet (1598-1659) mit fin à cette mode qui tomba en désuétude jusqu'au XIX° siècle, dans des vers adressés au grammairien Gilles Ménage, qu'il tourna en ridicule :
"Cet exercice monacal
Ne trouve son point vertical
Que dans une tête blessée,
Et sur le Parnasse, nous tenons
Que tous les renverseurs de noms,
Ont la cervelle renversée"
Le vingtième siècle vit le renouveau de cette fantaisie.
Quelques personnages célèbres :
Pierre de Ronsard, rose de Pindare.
Frère Jean-Jacque-Clément, c'est l'enfer qui m'a créé.
Napoléon, empereur des Français, un pope serf a sacré le noir démon.
Albert Einstein, rien n'est établi.
Et le mot de la fin :
Police= picole.
....................
*Orthographe la plus usitée jusqu'au XIX° siècle.
**SIC...

09:40 Publié dans Histoire littéraire | Tags : rabelais, colletet, tabourot, daurat, dorat | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

01/07/2010

Amusements littéraires : LES VERS LIPOGRAMMATIQUES

Par Bernard Vassor

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On désigne sous le nom de lipogrammatiques, des textes où l'on a omis volontairement une lettre de l'alphabet. C'est le poète grec Lasus* (fils de Charbin d'Hermione) dans le Péloponèse, qui vivait vers 550 avant J-C** qui a le premier (à ma connaissance) avait composé des odes, où manquaient la lettre S. Plus tard, Pindare composa une ode avec la suppression de même lettre. Nestor, lui avait composé une Illiade, dont les 24 lettres de l'alphabet manquaient tour à tour.

Dans le premier chant manquait l'alpha, le deuxième le béta, et ainsi de suite. Tryphiodore, grammairien et poète égyptien écrivant en grec, qui vivait au cinquième siècle écrivit en 24 chants une Odyssée lipogrammatique.

Au moyen âge, un moine : Fabius Claudius Giordanus Fulgentius mort vers l'an 530 de notre ère, donna un ouvrage en prose suivant l'ordre des 23 lettres latines, en 23 chapitres dont il nous est parvenu 13 chapitres entiers qui furent publiés sous le titre de "Liber absque litteris, de aetatibus mundi et hominis absque,  Poitiers 1696. Le premier chapitre est sans le A, le deuxième sans le B et ainsi de suite.

Le chanoine de Saint-Denis Pierre de Biga mort en 1209, a inclus dans un poème de nombreuses tirades sans A, B etc...

Le poète Salomon Certon (mort en 1610) et l'abbé de Court (Les Variétés ingénieuses) se sont livré à cet exercice en n'utilisant que 4 voyelles.

En Espagne, Lope de Vega a publié des nouvelles en prose où manquent tour à tour l'une des voyelles.

 

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LIPOGRAMME (sans "e")

GEORGES PEREC, "Vocalisations"
(La Disparition
-1969)

A noir, (Un blanc), I roux, U safran, O azur:

Nous saurons au jour dit ta vocalisation:

A, noir carcan poilu d'un scintillant morpion

Qui bombinait autour d'un nidoral impur,

Caps obscurs; qui, cristal du brouillard ou du Khan,

Harpons du fjord hautain, Rois Blancs, frissons d'anis?

I, carmins, sang vomi, riant ainsi qu'un lis

Dans un courroux ou dans un alcool mortifiant;

U, scintillations, rond divins du flot marin,

Paix du pâtis tissu d'animaux, paix du fin

Sillon qu'un fol savoir aux grands fronts imprima;

O, finitif clairon aux accords d'aiguisoir,

Soupirs ahurissant Nadir ou Nirvâna:

O l'omicron, rayon violin dans son Voir!

*Lasus fut aussi le premier à composer de la musique. s'était spécialisé dans des poésies que l'on nommait Dythirambes dédiés à Bachus

**Olympiade 106 de Rome il vivait au temps de Darius (1°) Hystapes (-550 -486)

A SUIVRE : La contrepetterie (orthographe usité jusqu'au milieu ,du XIX° siècle)

09:43 Publié dans Histoire littéraire | Tags : georges perec, lasus, tryphiodore, fabius claudius giordanus fulgentius lope de vega | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg