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16/11/2008

Un autre anthroponyme : Barnum, Célèbre mystificateur, Erostrate américain, grand précurseur de la publicité et du charlatanisme moderne.

Par Bernard Vassor

BARNUM les éléphants.jpg
Quel "Barnum" avec les éléphants !!!
Ces animaux ont toujours tenu une grande place dans ses entreprises.
BARNUM cadre hauteur.jpg
Phinéas-Taylor est né en 1810, dans un petit village agreste du Connecticut. Il existe beaucoup de versions sur son enfance, et ses débuts dans les affaires. Il écrivit une autobiographie, mais, compte tenu de sa personnalité,il est permis de douter de la véracité de ses mémoires.
Sa version indique qu'il commença comme valet de ferme, mais, ayant peu de goût pour le travail, il abandonna la charrue, et s'adonna au commerce encore enfant en qualité de colporteur. D'autres historiographes racontent que son père tavernier du village eut l'idée d'ouvrir une autre taverne dont il confia la gérance à son fils aîné â de treize ans. Phinéas-Taylor se sépara de son père, et ouvrit une épicerie-mercerie à laquelle il adjoignit plus tard un cabaret. Son génie instinctif dans la spéculation le conduisit à ouvrir plusieurs loteries dont les lots gagnants annoncés comme étant de grande valeur, étaient en réalité des verroteries, de la vaisselle cassée et des vieux objets au rebut.
Les profits lui permirent de s'agrandir et de prendre un associé avec lequel il resta pendant près de vingt ans. Des querelles religieuses furent soulevées dans les années 1830 de nouvelles sectes virent le jour, demandant que le droit électoral ne fut réservé qu'aux religieux. La peur de l'inquisition n'étant pas loin, Barnum acheta une presse, des caractères de plomb, pour fonder un journal qu'il intitula : "Le Hérault de la Liberté". Malgré  quelques procès, le journal prospéra. Mais Phinéas avait des vues plus hautes, sa ville était trop petite pour ses ambitions.JOICE HETH HAUTEUR.jpg
Rastignac Barnum partit à la conquête de New-York où il monta plusieurs petits commerces. De passage à Philadelphie, il connut par un certain Coley Batram, une vieille esclave édentée, aveugle aux membres rabougris qui chantait des hymnes du temps de la guerre d'indépendance en battant la mesure avec son seul bras valide. Batram la disait âgée de 161 ans, prétendait qu'elle avait été la nourrice de Georges Washington en Virginie. JoIce Heth c'était son nom, possédait des papiers parfaitement authentiques, à cela près qu'ils s'appliquaient à une autre personne dont elle jouait le rôle!
Barnum acheta la pauvre femme à son propriétaire, et la produisit à New-York pour1000 dollars. Coup de génie, il écrivit une lettre anonyme à un journal de Boston, dans laquelle il disait que c'était une supercherie, que la femme n'était pas vivante , que c'était un automate composé d'os de baleine et de vieux morceaux de cuir. (Cette année, 1835 là, fut celle où vit le jour la première association anti-esclavagiste américaine.)
Ce qui provoqua bien sûr la curiosité des spectateurs qui vinrent en foule pour vérifier l'information.
Après la mort de Joice, il s'associa avec un promoteur de spectacle nommé Turner, et un saltimbanque italien et une troupe d'écuyers. Il se produisit dans plusieurs villes de l'Union. De retour à New-York, il s'associa avec un parfumeur allemand du nom de Proler plus filou que lui, qui s'enfuit en emportant la caisse, provoquant la ruine du charlatan.
C'est de là que date son ascension formidable. Il apprit que la collection de curiosité d'un collectionneur était à vendre. Sans un sou vaillant, il trouva un bailleur de fonds et se fit guide d'un musée qu'il baptisa "Américan Muséum".
En moins d'un an il amassa une fortune considérable avec ce bric à brac métarmorphosé en conservatoire scientifique, unique en son genre, à grand renfort de réclame d'affiches et prospectus de toutes sortes. On pouvait y contempler : des femmes poisson, des hommes chien, des nègres blancs, la célèbre femme à barbe, les chutes du Niagara en miniature,

des géants, des nains, une jeune fille Jane Cambell qui à dix huit ans qui pèse 180 kilos, l’homme squelette, des siamois, la Sirène des îles Fidji (fabriquée avec un singe  et un poisson. Plus tard, il engagea Anna Swann, une joile géante aux traits fins de dix sept ans mesurant 2 mètres 47

Il lança une jeune chanteuse suédoise dont il tomba amoureux Mlle Jenny Lind, qu’il présenta comme : « L’ange de la jeune Amérique, la Vierge du Nouveau Monde, qui abandonne aux pauvres le bénéfice de son premier concert ».  Son amour ne fut pas payé de retour.

...........

BARNUM MEDAILLE ETOILE CARRE.jpg

Faisant feu de tout bois, il profita en 1864 de la réunion que Lincoln avait organisée avec douze chefs indiens, pour les présenter aux visiteurs de son musée.

Il se lança alors dans un discours en présentant l'un d'eux, le chef Yelow Bear comme un être vil, cruel et stupide. Heureusement pour Barnum, celui-ci ne comprenait rien aux paroles et aux gestes de Phinéas qui ponctuait son discours de sourires et de tapes dans le dos. Il fallut arracher des mains de Yelow Bear, le directeur du musée qui aurait bien pu avoir son crâne privé de sa chevelure !

En 1865, pas à une contradiction près, il se fait élire dans la ville de Fairfield à force de propagande démagogique, mais cette fois anti-esclavagiste, le vent avait tourné

BARNUM affiche couleur largeur.jpg

En 1842,  il apprend par son frère qui héberge dans son hôtel à Bridgeport un enfant de cinq ans très très petit, qui pèse huit kilos et qui a la taille d’un enfant de six mois. Il se nomme Charles Stratton, son médecin affirme que sa croissance est terminée.

Il engagea alors l’enfant dans son musée pour trois dollars par semaine plus l’entretien de la mère qui l’accompagne.

Le succès fut immédiat, après le changement de son état-civil, il se vit affubler du nom de « Général Tom Pouce » on lui donna l’âge de onze ans et on prétendit qu’il venait d’Angleterre. Son éducation fut assurée par un professeur français, monsieur Guillaudou. Barnum organisa une tournée qui le conduisit à Londres puis à Paris. A paris, il fut présenté à la reine qui l’invita plusieurs jours au palais de Buckingam.

A paris, c’est à la salle Musard rue Vivienne que Barnum donna avec Tom Pouce des représentations. C’est là qu’il rencontra Robert Houdin. Le roi Louis-Philippe à l’occasion de son anniversaire, fit donner un feu d’artifice aux tuileries, et l’on peut observer que sur les épaules de la princesse Adélaïde, est perché Tom Pouce, en grande conversation avec la famille royale.

Le succès en France est colossal, on trouve du Tom Pouce à toutes les sauces, les épiciers les pâtissiers les marchands de colifichets vendent des Tom Pouce en sucre, en chocolat, en plâtre. C’est la folie complète, les murs sont couverts d’affiches, de prospectus, la salle Musard est trop petite,  le Théâtre du Vaudeville est lui aussi pris d’assaut. Une tournée dans les grandes villes de France, puis, c’est en Belgique que le roi Léoplold accueille à Bruxelles l’enfant prodige. Après un nouveau passage en Angleterre il est émerveillé par la pavillon du roi George IV surmonté de cinq coupoles. Il fit prendre un relevé par un architecte, pour le reproduire à l’identique à NewYork. Il baptisa sa maison « Iranistan »

Il figura alors dans le Beach’s, sorte de répertoire faisant figurer les plus grosses fortunes américaines.

……….

Après l’incendie de son « musée » 1871, il fonda, en association avec Castello et Coup « the Barnum’s Muséum, Ménagerie and Circus » un gigantesque ensemble forain pouvant accueillir 10 000 personnes. Puis en 1874 à New York, il établit un immense hippodrome au Madisson Square Garden. Le jour de noël 1872, un de ses associés l’informe : « Le feu a pris dans la chaufferie,, tout a été détruit, sauf deux éléphants et une chameau »

Toutes ses entreprises connurent des accidents graves. Après le cinquième incendie, Barnum reçut le télégramme suivant :

« Grand bâtiment des animaux entièrement détruit par le feu. Six chevaux du manège ainsi que toute la ménagerie brûlés, sauf trente éléphants et un lion ».  A chaque fois, le montant de remboursement des assurances, ne couvrait pas le montant des pertes.

Son association avec son principal concurrent James Bailey augmenta encore le gigantisme de l’entreprise.

Après 1880, le cirque traversa l’Atlantique pour se produire en Europe.

Il meurt le 21 avril 1891, laissant en héritage à ses associés dans son coffre,  son autobiographie écrite en 1851 :

"La vie de Phinéas Taylor Barnum, écrite par lui-même"

 

12:32 Publié dans HISTOIRE ANECDOTIQUE | Tags : tom pouce, barnum, érostrate | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

14/11/2008

La presse au 19° siècle : un précurseur, Charles Louis Havas

PAR BERNARD VASSOR

Hôtel des postes rue jean-jacques rousseau largeur.jpg
Hôtel des postes rue Jean-Jacques Rousseau
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 Charles Louis Havas est né en 1783 à Rouen, mort à Bougival en 1858. Il était sous le premier empire à la tête d'une maison de commerce importante. Il fit une immense fortune grâce au le blocus continental, qu'il perdit lors de la défaite de Waterloo. Pendant la Monarchie de Juillet, il fonda à Paris, rue Jean-Jacques Rousseau, face à l'Hôtel des Postes Royales(à cet emplacement où mourut La Fontaine), une "Agence des feuilles politiques Correspondance générale" en 1832, avec l'aide de subventions ministérielles. Balzac fit une critique violente à plusieurs reprises de Charles Havas et de cette agence :

"Le public peut croire qu'il existe plusieurs journaux,mais il n'y a en définitif, qu'un seul journal. Il existe à Paris, rue Jean-Jacques Rousseau, un bureau dirigé par M.Havas, ex-banquier, ex-copropriétaire de la Gazette de France,ex-coassocié d'une entreprise pour des licences accordées par Napoléon pendant le blocus continental. M.Havas a vu beaucoup de gouvernements, il vénère le Fait, et professe peu d'admiration pour le Principe; aussi a-t-il servi toutes les administrations avec une égale fidélité.(...) M.Havas a des correspondants dans le monde entier, il reçoit tous le journaux de tous les pays (...) il donne à son lever au président du Conseil un petit bulletin universel parfaitement rédigé. (...)les journaux à leur insu, n'ont que ce que le premier ministre leur laisse publier. Puis M.Havas les traite selon la quotité de abonnement. Il reçoit du ministère quatre mille francs pour un singulier service (..) M.Havas est le prête-nom du ministère (...) -Nous expliquerons plus tard quels sont les cuisiniers chargés d'épicer les plats, et vous verrez que le peuple que l'on dit le plus spirituel du monde est celui qu'on dupe avec le plus de grossièreté"

-Revue Parisienne, 14 août 1840.

En 1842, Balzac en remet une couche dans "La monographie de la Presse Parisienne", une satyre féroce des Tartuffe de la presse qu'il décrit et qui pourraient tout aussi bien être nos contemporains.

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L'agence Havas prit un essor considérable après la création du réseau télégraphique électriques, et la pose du cable sous-marin transatlantique.

Après la mort de Charles Louis, c'est son fils Auguste qui prit sa succession et l'agence Havas devint le centre des nouvelles politiques et commerciales de tous les pays du monde.  

Ce n'est qu'en 1848, sur le modèle de Havas, que 6 journaux New-Yorkais fondèrent "La New-Oork Associated Press".

Paul Julius Reuter ( qui avait travaillé pour Charles et  Auguste Havas)  allemand réfugié à Londres en 1848 fonda la "Reuter's Télégram Company " en 1865 après la pose du premier cable transatlantique.

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La S.F.P. fut crée en 1855, mais, ne pas confondre, c'était la Société Française de Photographie dont le bulletin avait pour rédacteur en chef Ernest Lacan.

16:14 Publié dans Panorama de la Presse Parisienne au XIX° siècle | Tags : ernest lacan, honoré de balzac, havas charles, paul-julius reuter | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

13/11/2008

Quelques éléments pour servir à l'histoire de la presse parisienne au 19° siècle suite : sous la monarchie de Juillet

PAR BERNARD VASSOR

"Si la presse n'existait pas,

 il ne faudrait pas l'inventer"

Balzac

presse montage largeur.jpg
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A l'avènement de Louis Philippe, la presse avec les lois d'octobre 1830, va se voir octroyer une grande liberté, jusqu'à ce que la censure soit rétablie en 1835. On assiste à la naissance de nombreux journaux d'opposition. Emile de Giradin poursuit sa route en créant "la Silhouette", "la Mode", et "la Presse" en 1836, premier journal moderne utilisant la publicité permettant de faire baisser le prix des abonnements. C'est ainsi que le titre atteindra rapidement le nombre de 200 000 abonnés.
Thiers, ancien journaliste d'opposition a créé une presse gouvernementale moralisatrice et malgré les promesses de la charte a restreint les libertés. De nombreux procès ruinent les journaux qui ne sont pas inféodés au pouvoir et aux puissances financières. Le journal "Le Constitutionnel", que Thiers a fait racheter en sous-main par le fameux docteur Véron, est stigmatisé par Balzac dans "Illusions perdues" :
"le journal (le Constitutionnel) dit Claude Vignon est devenu un moyen pour les partis; de moyen il s'est fait commerce; et comme tous les commerces il est sans foi ni loi".
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Balzac Monographie de la presse parisienne.
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Paris la Grande Ville
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La docilité de la presse n'a jamais été aussi grande, la surabondance des informations, la publicité excessive gavent si bien le public qu'il ne réagit plus. La presse de (notre aussi) l'époque est une grande revue comique qui fait rire comme une tartuferie.
Léon Gozlan rapporte un propos de Balzac : "C'est une force (le journalisme) sourde méchante aveugle, elle est comme les garçons bouchers, elle tue la nuit, et se nourrit le jour de ses méfaits de la veille"
Il fallut attendre la révolution de février pour la renaissance (provisoire) de la liberté de la presse......

12:20 Publié dans Panorama de la Presse Parisienne au XIX° siècle | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

12/11/2008

La presse parisienne au 19° siècle : Le journal "Le Voleur"

Par Bernard Vassor

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Emile de Girardin par Nadar
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Il est né en 1804, au 4 rue Chabanais à Paris.En 1828, ( premier numéro le 5 avril 1828) Emile Delamothequi ne s'appelle pas encore Girardin, fonde avec son condisciple au collège d'Argentan Saint Charles Latour Mézeray, de deux ans son aîné, le journal "Le Voleur".
Sébastien Peytel en est le directeur de publication.
La presse qui avait connu une relative liberté au début de la Restauration, Charles X au début de son avènement avait proclamé la liberté de la presse, mais le ministre Villèle, "amortit les journaux", c'est à dire qu'il les rachète un par un, puis il impose le cautionnement.
Cela provoque un scandale, c'est alors que le gouvernement fait voter par la chambre "la loi de justice et d'amour", puis, il la retire car la Chambre des Pairs s'y oppose. Les fameuses ordonnances de 1830 provoquent la révolution qui mit à bas le régime de Charles X.
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Le titre définit parfaitement et cyniquement sa fonction, voler les articles des autres journaux concernant la littérature, les sciences et les chroniques sans l'accord de ceux-ci. D'ailleurs le journal annonce à ses abonnés :
"Deux phases bien distinctes se rencontrent dans l'exiostence de ce journal. D'abord il parait avec la tolérance de puiser dans tous les recueils ce qui est à sa convenance; il vit au jour le lour des bienfaits de la presse, il prend ses opinions toutes faites, ses jugements tout arrêtés; il est purement et simplement ce qu'il voulait être,  : le Voleur, content d'apporter dans ses vols tout ce qu'il a de goût, de jugement pour ses lecteurs"
"Bientôt ce qui devait arriver arriva. Le succès du Voleur inquiété toute la presse; sa facile supériorité fit ombrage; on l'appela en justice; la justice le condamna. Mais, bonheur étrange ! Elle le condamna à une amélioration qu'il révait depuis longtemps"
Le journal parut à ses débuts jusqu'en 1830 dans le format in-folio°, puis à partir de cette date il fut mis dans le commerce en in-quarto° carré.
En 1832, il y eut un changement de commanditaires, et une nouvelle direction, et en même temps plus d'articles à caractère politique. Louis-Philippe avait lui aussi donné une grande liberté à la presse au début de son règne. Mais bien vite les journaux furent une fois de plus mis sous tutelle. Si on en juge par certains articles, la tendance était plutôt assez bourgeoise et même réactionnaire, esclavagistes et anti-abolitionnistes violents. Balzac après la faillite de son imprimerie, a donné quelques articles à cette feuille dans les années 1830.

00:03 Publié dans Panorama de la Presse Parisienne au XIX° siècle | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

10/11/2008

"La tuerie du Pont d'Andert", le notaire Sébastien-Benoît Peytel et Balzac en avocat de la défense.....

Par Bernard Vassor

PEYTEL Félicité Alcazar hauteur.jpg
Félicité Alcazar Peytel
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Sur la route de Belly (en Savoie ), dans la nuit du 1 septembre 1838, deux cadavres sont trouvés étendus sur le sol. Une femme enceinte, Félicité Alcazar Peytel*, et son jeune domestique Louis Rey dont on suppose qu'il était l'amant de sa patronne. Elle le connaissait avant son mariage pendant son séjour chez son beau-frère M. de Montrichard.
Le 28 octobre 1839, le mari de la défunte Sébastien-Benoît Peytel est guillotiné sur le champ de foire de Bourg.
PEYTEL hauteur.jpg
Peytel jeune, par Gavarni
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Entre temps, le notaire de Belley a été arrêté sous la prévention de deux meurtres, celui de sa femme et de son domestique. Pour sa défense Peytel prétend que son domestique qui conduisait un char dans lequel il se trouvait avec sa femme, descendit du véhicule dans un endroit désert. Voulant le dépouiller d'une somme de 7400 francs dont il était porteur. Le domestique (d'après Peytel ) tira deux balles dans sa direction, qui atteignirent son épouse à la tête. Avant de mourir elle lui demande de prendre ses pistolets...Peytel tire une fois, manque sa cible, continue sa poursuite tire une seconde fois, encore manqué ! Arrivé derrière lui il lui assène un coup de marteau dans les reins, Louis Rey se retourne lève sa main armée du pistolet déchargé, mais le notaire le frappe de nouveau à la tête et le tue. Voilà sa version donnée au procureur général de Lyon.
Le notaire parti chercher des secours à Belley est interrogé par des gendarmes, qui doutant de ses dires le conduisent à la prison de la ville. Le lieutenant Wolff commandant de la gendarmerie lui indique : "vous êtes partis à trois... vous revenez seul, je vous arrête
Les expertises des médecins contredisent la version de Sébastien Peytel. Son avocat, maître Margerand lui délègue un collègue maître Guillon qui le visitera sur place dans la prison où il a été transféré à Bourg.
Ensuite les maladresses s'accumulèrent dans les choix de sa défense. Il ne vit pas une seule fois son avocat pendant toute la durée de sa détention. L'accusation évoque les relations intimes entre le domestique et l'épouse du notaire, Le crime aurait donc été provoqué par la jalousie. Peytel est formel, pour sa défense, il ne veut pas mettre en cause la moralité de sa femme. Gavarni arrive trop tard pour témoigner au procès qui a commencé le 27 août aux assises de l'Ain.
Peytel condamné à mort le vendredi 30 août à minuit, après une délibération d'une heure.
Il  formule alors un recours en cassation. Mis au secret, son courrier est surveillé.
L'émoi est grand dans le Landernau journalistique et littéraire parisien; Lamartine qui avait été le témoin de son mariage l'assure de "sa sympathie et de la lumière immanquable (?) dans cette situation douloureuse"*, Toussenel et Louis Desnoyeret d'autres hommes de lettre peinent à croire à la culpabilité de SébastienPeytel qu'ils connaissaient bien: "ce grand garçon barbu et expansif, fastueux, batailleur et bon camarade, de nombreux fournisseurs parisiens attestent de l'honnêteté du malheureux homme"
 C'est alors qu'Honoré de Balzac, voulant prendre la défense de Peytel qu'il connaissait de longue date. (Il avait publié des articles dans le journal "Le Voleur" fondé en 1827, que Peytel avait co-dirigé LE VOLEUR LARGEUR.jpgavec Emile de Girardin et Latour-Mezeray en 1830-1831) fit un article brillant, mais déplacé, donnant une nouvelle interprêtation de l'affaire,qu'il donna à Dutacq, fondateur du journal "Le Siècle", article qui fut repris dans "La Presse" de Girardin juste avant la décision du pourvoi en cassation, article qui parut le 3 octobre,braquant ainsi les magistrats chargés de la requête en cassation. Le 10 octobre la cour rendit son verdict et rejeta le pourvoi.
BALZAC dessin représantant Gavarni bourreau.jpg
Dessin de Balzac représantant Gavarni faisant la nique au bourreau
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Balzac qui voit là "son affaire Callas" avec l'aide de Gavarni, politise l'affaire, une nouvelle maladresse ! Gavarni est connu pour ses sympathie anti-gouvernementales, on sait les opinions  légitimistes de Balzac, et pour couronner le tout, Honoré fait appel à la duchesse d'Abrantès "jouant les soeurs de charité". Toutes ces démarches et la publicité faite autour de cette affaire desserviront Peytel aussi bien auprès des magistrats que de la population de Belley. Sans parler du malaise éprouvé lors de la dénonciation de "certains vices moraux de la défunte", même si ils étaient réels ,les termes pouvaient incommoder le public. Dans une lettre du 9 septembre à Dutacq, Balzac annonce fièrement :
"Mon cher Dutacq, ce pauvre garçon n'est pas coupable, et il y a "mal jugé", nous triompherons---
Gavarni après notre entrevue avec Peytel était fou de joie, et notre tâche ne sera pas aussi difficile que je le croyais"
Puis, on découvrit que Gavarni avait signé une reconnaissance de dettes de 10 000 francs à l'accusé et l'on apprit que Balzac et lui, avaient été défrayés du voyage et de leur séjour à Bourg pour le procès.***
Comme quoi, on peut être un immense écrivain et un mauvais avocat....
Pour couronner le tout l'accusation rappela fort opportunément un petit livre écrit par Peytel des années auparavant :
 "La Physiologie de la poire", ouvrage dans lequel est ridiculisé le roi Louis-Philippe, le qualifiant de "poire Sainte-lésine", "fruit bouffi et disgracieux", "entouré de maires de préfets de ministres poiricoles".
Il restait une dernière opportunité : le recours en grâce auprès du roi......Le petit ouvrage écrit quelques années plus tôt, ne fut sans doute pas étranger à la décision du roi de "laisser la justice suivre son cours
....
* Lamartine, sollicité comme témoin de moralité, se félicitera, dans une lettre à Balzac, de ne pas se prononcer au procès sur la personnalité de Peytel, qu'il "ne connaisait qu'à peine", rappeloons qu'il avait été son témoin lors de son mariage. En outre, Peytel reçut 90 lettres de soutien de fournisseurs parisiens de journalistes et de littérateurs (beaucoup de gens à qui il avait rendu des services).
**Félicité-Thérèse Alcazar était une créole originaire de La Trinité, le mariage eut mieu le 7 mai 1838, 4 mois avant le drame. Elle avait trois soeurs, dont le mari de l'une, d'elles M.de Montrichard la décrivit en des termes peu flatteurs. (Balzac correspondance,  Garnier Frères 1964, tome 3, et article P.A. Perrot, Année Balzacienne1982 éditions Garnier Frères)" comme une fille perdue dénuèe de toute espèce de bons sentiments, fausse au delà de toute expression, menteuse hypocrite, d'une vanité qui ne peut que la perdre un jour, d'une malhonnêteté et d'une grossièreté sans nom dans la classe où elle a été élevée (...)". Les différents témoignages la décrivent comme "sotte et volage"
*** Dans une facture de relance de la maison Panhard rue Richer, en 1844, cinq ans plus tard, Balzac n'avait toujours pas payé la location de la calèche pour le voyage aller et retour Paris Bourg, Bourg Paris.
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L'année suivante, éclate "l'Affaire Marie Capelle Lafarge". Balzac propriétaire du journal dont est presque l'unique rédacteur, "La Revue Parisienne"  entreprit la rédaction d'un article en faveur de madame Lafarge, qu'il renonça finalement à publier.....
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Contrairement à ce que pourrait faire croire cet article, Balzac est l'écrivain pour qui j'ai la plus grande admiration.

09:11 Publié dans HISTOIRE ANECDOTIQUE | Tags : félicité alcazar peytel, sébastien-benoît peytel, balzac | Lien permanent | Commentaires (1) | | | | Digg! Digg

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