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14/10/2006
Orllie-Antoine Ier de Tounens roi d'Araucanie et de Patagonie
Un récit d'Alfred Delvau :
DELVAU_Tounens_les_Lions_du_jour_1867.pdf
C'est la lecture du poème épique La Araucana du conquistador Alonso de Ercilla (traduit par Voltaire) qui révèlera à Tounens son royal destin. Ce poème fut écrit à la gloire des Mapuches (rebaptisés araucans par les espagnols), peuple fier et insoumis qui a repoussé les incas au XV° siècle, réussi à contenir les assauts des envahisseurs espagnols du XVI° au XIX° siècle, avant de s'incliner face à l'armée de la nouvelle République du Chili. Les Mapuches vivaient en clans épars, ne se réunissant sous l'autorité d'un chef, le Toqui, qu'en période de conflit. Dans l'esprit de Tounens, il ne manque à ce peuple qu'un souverain; seul contre tous, il se fera donc fort d'aller se faire élire Roi de Patagonie et d'Araucanie par ses futurs sujets. En 1857, Tounens vend sa charge d'avoué. L'année suivante, il s'embarque pour le Chili avec un pécule de 25000 francs et débarque à Coquimbo (port de La Serena à 400 km au nord de Santiago) le 28 août 1858. Là il entreprend la rédaction de la Constitution de son futur Royaume. Ce n'est qu'en 1860 qu'il foulera la terre araucane, au moment même où l'armée chilienne est sur le point de réduire la résistance mapuche. C'est probablement à ce moment qu'Orélie-Antoine de Tounens entre dans l'Histoire, favorisé par un concours de circonstances où le mythe vient au secours de la réalité. Ce mythe que l'on retrouve du Mexique au sud du Chili, c'est celui du retour du "sauveur", qui se présente sous les traits d'un homme blanc barbu. Au Mexique, le conquistador Hernán Cortés utilisera habilement la prophétie pour soumettre l'empire aztèque de Moctezuma. Au Chili, Tounens s'enfoncera dans la brèche que lui ouvre le cacique (chef de clan) Quillapán, qui le présente à ses frères comme le sauveur qui marchera à leur tête pour repousser l'envahisseur. Après un discours enflammé sur les bienfaits de la monarchie, Tounens s'intronise Roi de Patagonie et d'Araucanie, avec l'assentiment du parterre mapuche. Il signe dans la foulée le décret d'application de la Constitution, nomme des ministres (fantoches pour la plupart), annexe les territoires compris entre le 42° sud et le Cap Horn et assome ses sujets de promesses sur la grandeur future de leur nouveau royaume. En fait de promesses, les mapuches attendaient surtout des armes et un chef capable de les mener à la victoire. Fort de ce premier succès, Orélie-Antoine 1er endosse alors les vestes de chef de la diplomatie, ministre de l'économie et chargé des relations publiques. De Valparaíso, il annonce son récent avènement aux organes de presse du Chili, de l'Argentine et de sa région natale. Il sollicite même le soutien de la France pour financer le développement de l'exploitation minière et agricole, ainsi que pour ouvrir une ligne de vapeurs entre Bordeaux et l'Araucanie. Ses démarches ne susciteront que des commentaires sarcastiques. Quelques mois plus tard, Tounens regagne ses terres. Les finances royales sont exsangues, les manoeuvres diplomatiques n'ont abouti à rien, mais Tounens trouve toutefois l'énergie pour rassembler ses troupes. Manifestement, il sait trouver les mots pour galvaniser ses guerriers, à tel point que les autorités chiliennes commencent à prendre ombrage des gesticulations du trublion français. Le 5 janvier 1862, Orélie-Anotine 1er est enlevé puis incarcéré à Los Angeles, capitale de la dernière province enlevée aux mapuches. Dans un premier temps il est condamné à mort comme un simple criminel; sa peine sera commuée en emprisonnement à perpétuité pour folie. Enfermé plus de neuf mois dans son cachot, il tombera gravement malade et perdra sa chevelure de "sauveur";, mais il trouvera le temps de rédiger l'ordre de succession au trône. Sur l'intervention de
L'Histoire du Royaume de Patagonie et d'Araucanie, c'est l'histoire peu ordinaire d'un homme dont les exégètes ont encore bien du mal à cerner la personnalité; illuminé, rêveur, mégalomane ou ambitieux arriviste ? Orélie-Antoine de Tounens, huitième enfant d'une famille de fermiers, est né le 12 mai 1825 à Tourtoirac. Après avoir suivi des études de droit, il fait l'acquisition d'une charge d'avoué à Périgueux en 1851. Très tôt il nourrit l'illusion de son appartenance à la classe nobiliaire; qu'à cela ne tienne, il obtiendra de la Cour Impériale de Bordeaux le droit de faire précéder son patronyme d'une particule. Il nourrit également des ambitions que sa profession ne suffit plus à contenter. C'est la lecture du poème épique La Araucana du conquistador Alonso de Ercilla (traduit par Voltaire) qui révèlera à Tounens son royal destin. Ce poème fut écrit à la gloire des Mapuches (rebaptisés araucans par les espagnols), peuple fier et insoumis qui a repoussé les incas au XV° siècle, réussi à contenir les assauts des envahisseurs espagnols du XVI° au XIX° siècle, avant de s'incliner face à l'armée de la nouvelle République du Chili. Les mapuches vivaient en clans éparses, ne se réunissant sous l'autorité d'un chef, le Toqui, qu'en période de conflit. Dans l'esprit de Tounens, il ne manque à ce peuple qu'un souverain; seul contre tous, il se fera donc fort d'aller se faire élire Roi de Patagonie et d'Araucanie par ses futurs sujets. En 1857, Tounens vend sa charge d'avoué. L'année suivante, il s'embarque pour le Chili avec un pécule de 25000 francs et débarque à Coquimbo (port de La Serena à 400 km au nord de Santiago) le 28 août 1858. Là il entreprend la rédaction de la Constitution de son futur Royaume. Ce n'est qu'en 1860 qu'il foulera la terre araucane, au moment même où l'armée chilienne est sur le point de réduire la résistance Mapuche. C'est probablement à ce moment qu'Orélie-Antoine de Tounens entre dans l'Histoire, favorisé par un concours de circonstances où le mythe vient au secours de la réalité. Ce mythe que l'on retrouve du Mexique au sud du Chili, c'est celui du retour du "sauveur", qui se présente sous les traits d'un homme blanc barbu. Au Mexique, le conquistador Hernán Cortés utilisera habilement la prophétie pour soumettre l'empire aztèque de Moctezuma. Au Chili, Tounens s'enfoncera dans la brèche que lui ouvre le cacique (chef de clan) Quillapán, qui le présente à ses frères comme le sauveur qui marchera à leur tête pour repousser l'envahisseur. Après un discours enflammé sur les bienfaits de la monarchie, Tounens s'intronise Roi de Patagonie et d'Araucanie, avec l'assentiment du parterre mapuche. Il signe dans la foulée le décret d'application de la Constitution, nomme des ministres (fantoches pour la plupart), annexe les territoires compris entre le 42° sud et le Cap Horn et assome ses sujets de promesses sur la grandeur future de leur nouveau royaume. En fait de promesses, les mapuches attendaient surtout des armes et un chef capable de les mener à la victoire. Fort de ce premier succès, Orélie-Antoine 1er endosse alors les vestes de chef de la diplomatie, ministre de l'économie et chargé des relations publiques. De Valparaíso, il annonce son récent avènement aux organes de presse du Chili, de l'Argentine et de sa région natale. Il sollicite même le soutien de la France pour financer le développement de l'exploitation minière et agricole, ainsi que pour ouvrir une ligne de vapeurs entre Bordeaux et l'Araucanie. Ses démarches ne susciteront que des commentaires sarcastiques. Quelques mois plus tard, Tounens regagne ses terres. Les finances royales sont exsangues, les manoeuvres diplomatiques n'ont abouti à rien, mais Tounens trouve toutefois l'énergie pour rassembler ses troupes. Manifestement, il sait trouver les mots pour galvaniser ses guerriers, à tel point que les autorités chiliennes commencent à prendre ombrage des gesticulations du trublion français. Le 5 janvier 1862, Orélie-Anotine 1er est enlevé puis incarcéré à Los Angeles, capitale de la dernière province enlevée aux mapuches. Dans un premier temps il est condamné à mort comme un simple criminel; sa peine sera commuée en emprisonnement à perpétuité pour folie. Enfermé plus de neuf mois dans son cachot, il tombera gravement malade et perdra sa chevelure de "sauveur";, mais il trouvera le temps de rédiger l'ordre de succession au trône. Sur l'intervention de Cazotte, Consul Général de France au Chili, Tounens est libéré (non sans avoir été contraint de renoncer au trône) puis rapatrié en France en octobre 1862. En exil à Paris, le roi déchu lance une souscription nationale afin de restaurer la monarchie arauco-patagone et "d'apporter la prépondérance de la France dans cette partie de l'Amérique du sud"; l'appel restera sans écho. Une fois encore, c'est une famille de fermiers Périgourdins, sa famille, qui sera un peu malgré elle le bailleur de fonds exclusif du Royaume de Patagonie et d'Araucanie. Orélie-Antoine 1er retrouve son territoire en 1871. Après avoir traversé la steppe patagonique, été torturé et retenu prisonnier par les Tehuelches (ses sujets), il est reconnu par les araucans. Mais il n'est pas sauf pour autant; les Mapuches lui rappellent qu'ils n'ont toujours pas les armes qui les aideront à lutter efficacement contre l'ennemi chilien et le menacent de mort s'il ne tient pas ses engagements. Tounens leur annonce qu'un navire de guerre français chargé d'armes et de munitions, le d'Entrecastaux, les attend sur la côte Pacifique. Cette petite "pirouette" lui donne quelques jours de répit, au bout desquels il doit précipitamment quitter son royaume; il rentre en France via Buenos Aires en 1871. Le d'Entrecastaux croisait bien dans les eaux araucanes, mais pour un tout autre motif que celui d'alimenter la guérilla mapuche! Le Roi essaiera de regagner son royaume à plusieurs reprises. En 1874, il débarque à Buenos Aires sous une fausse identité. Il est malgré tout reconnu par un colonel argentin qui l'avait rencontré en 1871. Après un courte période d'emprisonnement, il est renvoyé en France sur l'intervention de l'Ambassade de France à Buenos Aires. En 1876, sa dernière tentative de retour faillit lui coûter la vie. Rongé par la pauvreté et de graves problèmes de santé, il est laissé pour mort sur un trottoir de Buenos Aires; il sera recueilli puis opéré sur place avant d'être rapatrié en France, pour la dernière fois. Affaibli physiquement, meurtri dans l'âme, il se retire à Tourtoirac chez son neveu Jean, seul parent qui ne lui en veuille pas d'avoir ruiné la famille. Le roi s'éteint le 17 septembre 1877 (sic). Lui succèderont au trône Gustave Achille Laviarde (Achille 1er), le docteur Antoine Cros (Antoine II), sa fille et son petit fils, pétainiste emprisonné après la seconde guerre mondiale. L'actuel souverain est un certain Philippe Boiry, Prince de Patagonie et d'Araucanie... |
,*Le petit cimetière du village de Tourtoirac reçoit régulièrement la visite d'étranges pèlerins ... Des fleurs bleues, blanches et vertes sont souvent déposées sur une tombe qu'il faut savoir "dénicher", ornée d'une couronne royale et dont l'épitaphe, de plus en plus difficile à lire, est seule à rappeler qu'Antoine de Tounens, décédé à Tourtoirac le 17 septembre 1878 portait le nom d'Orllie ou d'Orélie-Antoine 1er et le titre de Roi d'Araucanie et de Patagonie, (les deux orthographes sont attestées)
Dans le roman de Catulle Mendès, La Maison de la Vieille, Antoine de Tounens apparaît sous le nom d'Anastase Ier
Voici ce qu'écrit Bruce Chatwin dans En Patagonie :
L'histoire récente du royaume d'Araucanie et de Patagonie appartient plus aux obsessions de la France bourgeoise qu'à la politique sud-américaine. À défaut d'un successeur dans la famille Tounens [Orélie-Antoine a fini comme allumeur de réverbères], c'est un certain Achille Laviarde qui régna sous le nom d'Achille Ier. Il était natif de Reims où sa mère tenait une laverie appelée localement « Le Château des Grenouilles Vertes ». Il était bonapartiste, franc-maçon, actionnaire de Moët et Chandon, expert en ballons de protection contre les raids aériens (dont il avait un peu l'apparence) et connaissait Verlaine. Il finançait ses réceptions avec les bénéfices de son entreprise commerciale, la Société Royale de la Constellation du Sud. Il laissa toujours sa cour à Paris, mais il ouvrit des consulats dans l'île Maurice, à Haïti, au Nicaragua et à Port-Vendres. Lorsqu'il fit des ouvertures au Vatican, un prélat chilien lança : «Ce royaume n'existe que dans l'esprit d'imbéciles avinés. »
Ce roi de Patagonie a croisé d'autres poètes. C'est le frère, puis la nièce et le petit-neveu de Charles Cros qui succéderont à Achille Ier. Il est fort probable aussi que Rimbaud a visé ce personnage dans sa lettre à Izambard lorsqu'il évoque les bourgeois qui font du patrouillotisme aux portes de Mézières car le bonhomme s'était précipité pour apporter son aide aux malheureux qui n'étaient pas même assiégés.
- Orllie-Antoine I [1825-1878], fondateur du Royaume d'Araucanie et de Patagonie.
- Achille I (Laviarde) [1841-1902], deuxième souverain d'Araucanie et de Patagonie.
- Antoine II (Cros, frère de Charles et Henry)[1833-1903], troisième souverain d'Araucanie et de Patagonie.
- Laure-Therese I (nièce d'Antoine Cros )[1856-1916], quatrième souveraine d'Araucanie et de Patagonie.
- Antoine III [1880-1952], cinquième souverain d'Araucanie et de Patagonie.
- Prince Philippe d'Araucanie et de Patagonie. [b.1927], sixième souverain et actuellement à tête de la Maison Royale d'Araucanie et de Patagonie.
- Prince Philippe and Princesse Elisabeth à La Chèze.
Princesse Dominique d'Araucanie et de Patagonie [1927-1978], première épouse du Prince Philippe
Sources :
*Catulle Mendès La Maison de la Vieille préface et notes de J.J.Lefrère, Michaël Pakenham, Jean-Dider Wagneur, éditions Champvallon, 2000
Léo Magne, L'extraordinaire aventure d'Antoine Tounens, gentilhomme périgourdin, avoué, conquistador, roi d'Araucanie-Patagonie, éditions Latino-américaines, 1950
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13/10/2006
CAMILLE RENAULT
Marie de Mazan, la secrétaire de cette association nous indique quelles sont les raisons de sa passion pour un personnage, qui me dit-elle, a beaucoup de points communs avec le Père Tanguy :"Dans le milieu de l'art, si, on se souvient encore de lui. Son nom n'est pas effacé. C'était un personnage étonnant qui a toujours évolué au contact des autres. Camille Renault a commencé comme apprenti-pâtissier. Pendant la première guerre, il habitait chez son oncle maternel dans la fameuse rue Clauzel où déjà de nombreux artistes célèbres venaient hanter les marchands de couleur. Ne dit-on pas que l'école de Pont-Aven est née rue Clauzel ? Pendant ses heures de liberté quand il était en apprentissage, Camille se rendait dans les galeries d'art dans les environs de Saint Lazare et s'inspirait de Gauguin et des fauves pour décorer ses gâteaux. Puis, il deviendra le cuisinier du Maréchal Lyautey à Rabat, lors de son service militaire. De retour en France, il ouvre un restaurant à Puteaux en 1925. Là, il fait la connaissance de Jacques Villon et son frère ainsi que le tchèque Franz Kupka. Le groupe de Puteaux va se former, composé d'artistes intéressés par le cubisme comme Villon, Kupka, Gleizes, Metzinger, Picabia, Léger...
Imaginez, que Le Corbusier, Matisse, Léger, Villon, Picasso avaient leur chambre ici au bateau. Camille avait douze chambres avec le nom des artistes et une œuvre scellée dans chacune de ces pièces... Une chapelle a même été construite à la demande d'un artiste pour se ressourcer, exposer ou travailler avec comme fond de musique la symphonie du nouveau monde de Dvorak".
D'autres liens unissent notre association à celle "du plus grand mécène du XX° siècle". :Dans "Bel-Ami", Maupassant situe le repas dans le petit village Normand, dans le café "A la Belle vue". Cette auberge ainsi décrite, faisait la grande fièrté du grand-père de Camille Renault qui était le propriétaire de cette auberge.
Autre sujet de satisfaction Camille Renault raconte: "Chez nous, à Pont de l’Arche vers 1890, ma mère âgée de 15 ou 16 ans, était employée dans une boucherie. Elle allait livrer chez Orctave Mirbeau où il y avait de nombreux tableaux et des peintres comme Monet ou Raffaelli… Chez nous il y a toujours eu de la peinture plus ou moins bonne, sur les murs. J’ai passé mon enfance à Trie Château dont la châtelaine était la comédienne Simone, alors mariée au fils Casimir Perier qui avait pour secretaire Alain Fournier...”
Voilà douze millecinq cents raisons d'approfondir nos relations avec cette association, qu'en pensez-vous ?
Le Bateau de Pierre
C’est une ferme dans le village de Broué entre Dreux et Houdan, que Camille Renault avait achetée pour exposer une partie des nombreuses oeuvres qu'il a accumulées. Il y a fait construire un nouveau bâtiment qui épousera la forme d'un navire, ce sera "Le Bateau de pierre". Tout y est : à chacun des deux étages, les ponts avec leur bastingage, la cabine du capitaine qui sort du toit, une haute cheminée cylindrique et à quelques mètres du bâtiment la proue du navire qui émerge de la terre comme elle émergerait des flots. Dans la cour, les anciennes étables avaient été transformées en chambres pour les peintres. il reste quelques fresques sur les murs et dans la chapelle que Camille Renault avait fait construire.
Ce bâtiment à l'architecture exceptionnelle, ne doit pas être la victime de vandales immobiliers (que nous connaissons bien dans le neuvième arrondissement qui a vu disparaître un à un, tous les lieux les plus prestigieux quand il s’agit de détruire notre patrimoine culturel.
11:00 Publié dans Un cénacle à bord du Bateau de pierre | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
11/10/2006
LES FIGARO
Les « Figaro »
Pour les amateurs de clichés : Sans liberté de blamer...
(qui peut s'appliquer à cet article !)
Par Bernard Vassor (mise à jour de l'article de Terres d'écrivains) Le premier Figaro fut fondé par Le poitevin de Saint Alme avec Maurice Allhoy et Etienne Arago. Le numéro 1 est daté du 15 février 1826. Journal non politique, au départ il proposait les thèmes suivants : « Théâtres, critique, sciences, arts, morale, scandales(déjà), économie domestique, bibliographies, modes etc. » Abonnements pour Paris: 1 mois 7 francs 3 mois 15 francs Rédacteurs sous les pseudos suivant : le comte Almaviva, Figaro, Bartholo, Rosine etc. Le journal était alors 17 quai des Augustins, puis 12 cité Bergère (chez Victor Bohain), l'imprimerie de David, 6 boulevart (sic) Poissonnière par la presse mécanique de Selingue.
Six mois plus tard, le Figaro fut vendu 40 000 francs à Victor Bohain , qui s’était entouré de l’élite des gens d’esprit qui vont donner à cet organe une orientation politique d’opposition,qui participera à la chûte de Charles X.
Parmi ceux-ci, Léon Gozlan (Gazonal dans la Comédie Humaine) Alphonse Karr, Paul Lacroix (le bibliophile Jacob) Auguste Blanqui, qui faisait le compte rendu des chambres. Ajoutons Roqueplan, Romieu, Véron, qui avaient rédigé au café le Vaudeville, un numéro bordé de noir demandant au docteur Roux, médecin chef de l’Hôpital de la Charité, d’opérer d’urgence un auguste personnage atteint de cécité.
Après 1830, Bohain nommé préfet de la Charente (pendant un mois !), les principaux rédacteurs vont être Félix Pyat, Jules Sandeau, Alphonse Karr, Henri de Latouche (l’initiateur de Balzac au martinisme, au swedenborghisme, et dit-on sans preuve à la Franc-maçonnerie).
En 1832, il y eut une scission, les éléments républicains étant neutralisé et écartés par les monarchistes. Le journal était augmenté d’une feuille d’annonce à 15 centimes la ligne, sous le titre de Petites Affiches du Figaro.
La mort du premier Figaro, « le grand, le vrai », semble d’après Eugène Hatin, dater de 1833.
Ressuscité par Eugène Biffaut et Alphonse Karr en 1836, racheté en 1838 par Léon Halévy, et Charles de Boigne en 38, puis par Dutacq en 39 qui vit apparaître un bi-hebdomadaire avec pour rédacteur en chef Albéric second.
Lepoitevin va tenter de reprendre un « Nouveau Figaro » en 1841-42 puis sans succès. En 1852, son enfant de 1826 mourra brutalement. En 1837, sous la direction de Victor Bohain, le Figaro annonce la publication de César Biroteau (l'édition originale !) en ces termes : "On reçoit gratuitement à titre de prime César Biroteau, nouvel ouvrage entièrement inédit de M.de Balzac en s'abonnant pour six mois au journal L'Estafette ou pour trois mois au journal Le Figaro". 1847-1848, Léon Bernis publie le Figaro, journal de l’après-midi, mort-né.
Alexandre Dumas y fit entrer son secrétaire Victor Cochinat qui publiera dans le FFigaro "Lacenaire, ses crimes, son procès et sa mort" première biographie du célèbre criminel des Enfants du Paradis. (ci-contre)
Enfin le 2 avril 1854,
1854 Numéro 1
parait le "nouveau" Figaro (installé 48 rue Vivienne, puis au 55 enfin au 3 rue Rossini, endroit où habitait à l’époque une certaine (Thérèse Lachmann plus connue sous le surnom de la Païva") bi-hebdomadaire puis quotidien. Dès le premier jour dit le Grand Larousse du XIX° siècle : ce fut un journal de scandales, publiant à tort et à travers, avec une méchanceté sans pareil, souvent avec esprit, toujours de parti pris, les célébrités du moment. Une dénonciation du journal signale la publication d'un livre à scandale : Les mémoires de Céleste Mogador, pour en réclamer l'interdiction, ce qui ne gêne pas le Figaro d'en publier quelques feuilles....
Condamné à cesser de paraître en 1856, Villemessant ne reculant devant aucune bassesse[3] adressait une pétition au prince impérial âgé de quatre jours, l’empereur ayant souri à cette supplique, accorda une grâce qui autorisait la reparution du titre. Le journal se fit une spécialité d’attaques et de sarcasmes prolongés contre Lamartine, puis engageant sur le terrain de la morale et des bonnes moeurs, des ouvrages qualifiés de lestes ou de pornographiques, vont conduire aux procès de « Madame Bovary » et des "Fleurs du Mal ».. En 1857 le rédacteur en chef Gustave Bourdin (1820-1870) un des gendres de Villemessant, dénonce dans un article du 5 juillet la parution des Fleurs du Mal :"il y a des moments où l'on doute de l'état mental de M.Baudelaire, il y a des moments où l'on ne doute plus; c'est la plupart du temps, la répétition monotone et préméditée des mêmes choses, des mêmes pensées. L'odieux y coudoie l'ignoble, le repoussant s'y allie à l'infect...Ce livre est un hôpital ouvert à toutes les démences de l'esprit".
Ensuite, ce sont les peintres impressionnistes qui seront la cible des campagnes haineuses des rédacteurs du Figaro et du Charivari, vous connaissez la suite.
Le journal ne devient quotidien qu’en 1866, et s’octroit les services d’un autre petit marquis, un polémiste de talent : Henri de Rochefort, grace à qui le tirage augmente considérablement, transformant cette feuille à scandale en organe politique.
Le pouvoir s’émut de cet orientation, et obligea Villemessant à se séparer de Rochefort, mais il lui ménagea dans des locaux attenants du 3 rue Rossini un bureau où le petit marquis de la cité Malesherbes (numéro 5) confectionna un minuscule journal in 18, intitulé « La Lanterne », qui dès le départ connaîtra un foudroyant succès, mais, c’est une autre histoire... Pendant le siège de Paris et la Commune, ce journal royaliste prendra la défense du Parti de l’Ordre. A la fin de la Commune, il va rivaliser avec lesautres journaux versaillais dans la dénonciation la plus abjecte des femmes et des enfants qu’il faut fusiller sans procès avec la vermine des communeux. Le Figaro 1 juin 1871 annonce : "Le délégué de la Commune à la direction des Domaines, Auguste Fontaine, arrêté dans une maison de la rue Bonaparte, après un interrogatoire sommaire, au deuxième corps d'armée, a été fusillé" Un autre pauvre bougre a eu beau démentir s'appeler Fontaine, il est tombé sous les balles de soldats versaillais. Auguste Fontaine quand à lui, était encore vivant en 1880. Nous devons encore au Figaro l’invention des « pétroleuses », que beaucoup d’historiens répètent encore sérieusement aujourd'hui. Rappelons que grâce au quotidien bien pensant, toute femme ou enfant porteur d’un pot à lait en fer blanc, était collé au mur et fusillé sans autre forme de procès. Après son installation 26 rue Drouot, ce journal va se lancer à la suite du Charivari dans de nouvelles campagnes contre les impressionnistes. Le soutien au comte de Chambord pour le rétablissement de la royauté, ses attaques contre la République le cantonneront à une ligne, comment dire...très réactionnaire.
Notice Villemessant dans "Histoire de la Presse Parisienne" Paris 1867 :
"Villemessant : (H.de) L'homme est grand et massif, il tient au sol par de fortes attaches, et l'on devine qu'il ne céderait pas aisément sa portion d'existence. Le regard est prompt et inquiétant; ceux sur lesquels ils tombent ne se sentent pas à l'aise; les dents ont tous lesappétits, la lèvre à toutes les soifs. De tout cela résulte un ensemble guoailleur et robuste. Ce n'est pas à proprement parler un écrivain, mais c'est un faiseur d'écrivains. Il avise dans la rue le premier venu, un savoyard, il le fait monter dans sa chambre, le débarbouille, il lui met une plume entre les mains et lui dit : soit prodigieux ! Quelques fois le savoyard est prodigieux, dans le cas contraire, Villemessant désapointé, le renvoie avec une brutalité sans égale. M.H.de Villemessant estr le formica leo d'un journal qui est la terreur et l'amusement des Athéniens du boulevard. On ne s'occupe guère dans ce journal que des littérateurs, des boursiers et des comédiennes. Les articles sur les boursiers y sont fait par les littérateurs; les articles sur les littérateurs y sont faits par les comédiennes. Au milieu de ce pêle-mêle, de ce bruit, de cet esprit, deces passions, de ces haines et de cetteincohérence, la tête de ce Villemessant se dresse, joyeuse, comme une méduse ennivrée ?
A ce journal ainsi conçu, et ainsi exécuté,, à cet homme si absorbant, on conçoit quu'il faille une foule de rédacteurs incessament renouvelés. Pour lui, les meilleurs, ce sont les plus hérissés, les plus macabres, les plus hargneux, les plus inatendus, les moins acceptés; il les reçoit ceux-là avec des tressauts de bonheur, avec des tendresses étoufffantes. (...) Il y a des ré&dacteurs qui durent trois numéros, il y en a qui durent trois mois, il y en a qui durent toujours. Après avoir fourni leur contingent d'anecdotes, ils s'en retournent, et on ne les revoit jamais. M.de Villemessant les a taris. Ils avaient vingt ans en entrant, ils en ont soixante en sortant. On en rencontre quelques uns à la Petite-Provence; ils sourient à ceux qui les regardent et ils tracent des figures sur le sable avec leur canne."
*Le poitevin de Saint Alme, né à Paris rue Neuve-de-l'Egalité, section de Bonne-Nouvelle en 1791 le 27 octobre, il est mort dans la misère et oublié en banlieue à Belleville le 31 août 1854, il publia avec Arago et un certain Horace de Saint Aubin plus connu aujourd’hui sous le nom de Balzac, des romans (de jeunesse) intitulé L’Héritière de Birague et Jean-Louis. Il a également fait paraître la feuille satyrique "Le Corsaire-Satan" : où des jeunes gens comme Murger, Champleury, Baudelaire, Banville, y firent leurs premières armes et fut inséré le feuilleton d'Henry Murger "Scènes de la vie de Bohème".
Il a publié aussi sous les pseudos suivants : Poitevin de l’Egreville, Auguste Villerglé, Aurore Cloteau...
** Alexandre Victor-Philippe Bohain, 1805-1856 à Paris rue de Cléry le 1 mars 1804, habitait 23 rue Richer, absent lui aussi des dictionnaires. Il avait azcheté en 1826 le Figaro à Lepoitevin pour 30 000F dit-on. Directeur de théâtre, il monte une pièce écrite en collaboration avec des rédacteurs de ce journal, une pièce : "Les Immortels". Auteur dramatique, dont une pièce, Mirabeau, fut jouée par Frédéric Lemaître... et supprimée aussitôt par la censure royale. La révolution de juillet le fait préfet de la Charente. Il est relevé de ses fonctions en 1831.Organisateur de génie, il fondra de nombreuses entreprises, dont Le Courrier de l’Europe et L’Europe littéraire. En 1840 il est exilé à Londres. De retour en France, il créé "l'Epoque" en 1845 et" la Semaine" en 1846. Il est "en deshérité, presque en Lazare" (tout comme Lepoitevin)dans une obscure maison aux Batignolles le 19 juillet 1856. Sa veuve refusa une succession trop obérée.(Nicole Felkay,L'Année balzacienne 1975)
*** Villemessant, Jean-Hypollyte-Auguste Cartier de, 1812-1879. "Mais voilà le coeur humain ! Cet homme-un misérable peut-être, un homme qui à nos yeux, a nui à l'honneur des lettres, un faiseur" Edmond et Jules de Goncourt, Journal, à la date du 1 septembre 1858. La soeur et la mère de Villemessant se seraient suicidées aux Batignolles, après que Villemessant aurait dilapidé les biens de sa mère, les laissant sans revenu et dans la plus grande misère.
Sources :
Remerciements T.Jordan.
15:25 Publié dans Panorama de la Presse Parisienne au XIX° siècle | Lien permanent | Commentaires (1) | | | | Digg
10/10/2006
Maupassant et la politique
( un site Maupassant en japonais : http://adachi1850.free.fr/ )
モーパッサン を巡って
Une information de Noëlle Benhamou sur le site Maupassantiana :
Maupassantiana, Maupassant et son oeuvre
Colloque Maupassant et la Politique
Samedi 14 octobre 2006, 9h-18h : colloque Maupassant et la politique à Rouen
9h : accueil des participants
9h15 : propos d’ouverture
9h30 : Conférences
- Thierry Poyet, « L'intellectuel, la République et l'ego »
- Francis Lacoste, « Maupassant et la République »
- Gérard Delaisement, « Maupassant, chroniqueur politique »
11h30 : dialogue entre le public et les conférenciers
12h : Déjeuner libre ou en compagnie des conférenciers au restaurant La Toque d’or, place du vieux marché à Rouen
15h : Conférences
- Michel Lambart, « Maupassant et la politique coloniale »
- Noëlle Benhamou, « Nihilisme et anarchisme vus par Maupassant »
- Marie-Anne Zouaghi, « Maupassant et le peuple »
17h : dialogue entre le public et les conférenciers
17h30 : clôture du colloque
Entrée libre.
Pour tout renseignement :
Association des amis de Flaubert et de Maupassant
Hôtel des Sociétés savantes
190 rue Beauvoisine
76000 ROUEN (France)
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09/10/2006
Symphonie sur l'influence du bleu dans les Arts
C'est Alexandre Schanne, le peintre musicien marchand de jouets, qui servit de modèle à Henry Murger pour le personnage de Shaunard dans le Corsaire-Satan un canard satyrique pour un feuilleton qui s'intitulera "Scènes de la Bohème". "Le Corsaire" était une de ces petites feuilles boulevardières qui parlaient des moeurs, du théâtre,
du mouvement des arts et de la littérature. Son propriétaire était Lepoitevin de Saint-Alme (fondateur du premier "Figaro" que nous retrouverons dans le prochain article) il eut comme co-auteur le jeune Balzac !
Schaunard qui avait plus de dispositions pour la musique que la peinture, accompagnait les chanteurs, quand la musique ne les gênait pas pour chanter faux. Mlle Louisette qui disait la romance, était ravie lorsque après l'exécution de quelques compositions de son cru,comme la Symphonie sur l'influence du bleu dans les Arts, Schaunard consentait à l'accompagner.
Louisette que Murger nommera Phémie, travaillait dans un atelelier de fleurs et de feuillage, peut-être avec Lucile ouvrière et fleuriste comme elle, que Murger appelera Mimi . Celle-ci qui a un très bon coeur, ne peut supporter quand elle a un lit chez elle, de voir un poète sans domicile s'en aller loger à la belle étoile. Schanne ne fit pas partie du cénacle des Buveurs d'eau, les statuts de cette association interdisant d'être membre à tout individu qui ne vivrait pas uniquement de son art. Or Schannne recevait des subsides de son père qui fabriquait des jouets rue Aux Ours. Néanmoins il était un des plus assidus aux réunions dans les cafés ou les goguettes que fréquentaient les "vrais bohèmes".
La, si do, ré, maintenant pour bien comprendre le lac bleu, il faudrait quelque chose d'humide, d'azuré, de clair de lune.(...) Voyons le mineur ...il doit dépeindre adroitement le chagrin d'une jeune fille qui effeuille une marguerite blanche dans un lac bleu (...) Schaunard musicien peintre, compose sa musique pour illustrer des histoires où les couleurs devaient correspondre à des notes ou des accords.
Nous retrouvons parmi les artistes qui ont fréquenté Murger à Marlotte, une vieille connaissance, Ernest Cabaner, qui a peut-être connu Alexandre Schanne ?
Quelques membres de la Société des Buveurs d'Eau : les frères Desbrosses, Lelioux, Léon Noël, Tabar Chintreuil, Villain, Cabot, Vastine, Guilbert, Chamfleury, Christ (le peintre J.Desbrosses), Gothique, Nadar, Eugène Pottier (celui de "l'Internationale") Karol Cabot Montaudon, tous trois morts de misère.....
Ci-dessus, le café Momus 17 rue des prêtres Saint Germain l'Auxerrois :
"En ce temps là, Gustave Colline, Marcel, le grand peintre, Schaunard le grand musicien et Rodolphe le grand poète, comme ils s'appelaient entre eux, fréquentaient régulièrement le café Momus où on les avaient surnommés"les Quatre Mousquetaires" , à cause qu'on les voyaient toujours ensemble. (...) Monsieur Schaunard n'a pas craint d'y faire chanter en coeur un motif de sa symphonie : "L'influence du bleu dans les arts"
On peut lire dans "Le Nouveau Parnasse satyrique" un poème pornographique intitulé "Un mac intempestif " signe Schanne
(p 196)
Couleur bleue : 495 à 455 nm
moyenne : 475 nm
Fréquence : 6,3 10 puissance 14 Hz
Le bleu est la couleur la plus rare de la nature
Constitue l'un des onze champs chromatiques. Appartiennent à ce champ:
bleu acier, aigue-marine, bleu ardoise, azur, azur, azuré, azurin, bleu barbeau, bleu de Berlin, bleuâtre, bleu bleuet, bleui, bleuté, cæruleum, bleu canard, bleu céleste, cérulé, céruléen, céruleum, bleu charrette, bleu charron, bleu ciel, bleu cobalt, cyan, bleu dragée, bleu électrique, bleu France, bleu givré, bleu guède, bleu Klein, lapis-lazuli, lapis, lavande, livide, bleu Majorelle, marine, bleu des mers du sud, bleu nuit, bleu outremer, bleu paon, pastel, pers, bleu pétrole, plombé, bleu de Prusse, bleu roi, bleu roy, safre, saphir, sarcelle, bleu turquin, turquoise.
A consulter:
"Dictionnaire des mots et expressions de couleur. Le bleu" - Annie Mollard-Desfour (alapage.com).
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