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29/12/2006

BERBIGUIER DE TERRE-NEUVE DU THYM

 Par Bernard Vassor 
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ALEXIS-VINCENT-CHARLES BERBIGUIER 
Est né en 1764 à Carpentras dans le Comtat Venaissin. Il reçut dès sa naissance un mauvais coup de soleil .
Toute sa vie, il se croira possédé de Satan, persécuté par ses représentants "Les Farfadets" 
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 Bravant le danger, il monte à Paris, poursuivi par le cortège grossissant des représentants du Démon

qui le martyrisent. "Un jour, en me plaçant dans mon lit où je cherchais à dormir en paix, j'entendis jargonner un commandant des Farfadets qui ordonna les évolutions diaboliques. Je ne pourrais pas dire combien j'en fis succomber sous mes coups. Leurs criis étaient effroyables tant le carnage dût être considérable". Installé 24 rue Mazarine, il consulta des prêtres, des medium_BERBIGUIER_BUSTE_05.2.jpg physiciens, des cartomanciennes, et même le fameux docteur Pinel aliéniste à la Salpetrière. Toujours en vain. C'est alors que persécuté, il se fit persécuteur et utilisa les procédés de la magie pour venir à bout de ses ennemis. Il piquait à coups d'épingle le coeur d'un boeuf, puis le lardait à coups de couteau. Ensuite, il jetait du sel et du soufre dans sa cheminée. Enfin il inventa une arme redoutable, un piège radical : "les bouteilles-prisons" dont il nous livre le secret :  "Lorsque je les sens, pendant la nuit marcher et sauter sur mes couvertures, je les désoriente en leur jetant du tabac dans les yeux; ils ne savent plus où ils sont. Ils tombent comme des mouches sur ma couvrture. Le lendemain matin, je ramasse bien soigneusement le tabac avec une carte et je les vide dans une bouteille, où je mets du vinaigre et du poivre. Je cachète la bouteille avec de la cire d'Espagne. Je veux faire présent d'une de mes bouteilles au cabinet d'Histoire naturelle"

Voici la notice de Champfleury qui lui est consacrée :Champfleury_BERBIGUIER.pdf

Il a publié une oeuvre en trois volumes que je n'ai pas vu passer en ventes publiques depuis plus de vingt ans :

Les Farfadets, ou tous les Démons ne sont pas de l'autre monde à Paris chez l'auteur, rue Guengaud, n°24; P.Gueffier, imprimeur même rue, n°31, et chez tous les marchands de nouveautés des quatre parties du monde, 1821;  3 volumes de 1500 pages

12:50 Publié dans Les originaux, les excentriques, les fous litterra | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

L'HOPITAL LARIBOISIERE

L'Hôpital Lariboisière, son passé et son présent
DE MEMOIRE DE MEDECIN
Un ouvrage de Jean-Paul Martineaud :
Profeseur Physiologie-Explorations fonctionnelles  
Hôpital Lariboisière
Paris Xème 
Editions l'Harmattan Paris 2004 
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 Extrait de la Revue du Praticien :
"Depuis le début du siècle, le besoin était criant d'un établissement de soins dans les quartiers nord-est de Paris. Il fallut plusieurs épidémies catastrophiques de choléra pour obliger les autorités à réagir. Les travaux de construction de l'hôpital du nord commencèrent en 1847, mais furent interrompues par les échauffourées de la révolution de 1848, dont les derniers combats et les dernières exécutions sommaires, se déroulèrent dans le chantier de construction. La reprise sera lente, et l'inauguration du nouvel établissement n'eut lieu qu'en mars 1854. Entre temps, était intervenu un leg très important, celui d'Elisa Roy, comtesse de Lariboisière, morte en 1851.
A suivre..... 

09:24 Publié dans L'amour des livres | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

JEAN BUGUET, le photographe spirite du boulevard Montmartre

Un client retrouve sur un cliché fluidique le spectre de son frère noyé un an auparavant

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Par Bernard Vassor

LES FANTÔMES PHOTOGRAPHIQUES DU BOULEVARD MONTMARTRE

Vers 1874, la boutique du numéro 5 boulevard Montmartre, juste à côté du théâtre des Variétés, un photographe Jean Buguet avait trouvé un filon en vendant à tout un chacun une image fluidique d'un proche disparu. La célèbre librairie spirite Leymarie avait commandé à Buguet tout un lot de clichés fluidiques au prix de cinquante centimes, revendues soixante quinze par la libairie qui faisait tourner les tables dans son arrière boutique. Buguet perfectionna le système, quand une personne désirait être représentée en compagnie d'un cher disparu, elle se rendait chez Bugnet. Celui-ci s'enquérait des caractéristiques de l'esprit qui devait apparaitre sur la photo puis se rendait dans une pièce voisine. Il demandait au visiteur de revenir le lendemain où le client se voyait photographié à côté d'un spectre ressemblant à la personne évoquée. La somme demandée était cette fois de vingt francs or !

Victime de son succés, débordé de travail, il commit quelques erreurs. Un jeune homme désireux de revoir sa fiancée auprès de lui, se retrouva flanqué du portrait d'un sapeur barbu lui tenant la main...

 

La justice s'empara de l'affaire, et un procès eut lieu le 16 juin 1875 Buguet fut condamné pour escroquerie à un an de prison et 500 francs d'amende.

09:00 Publié dans Les originaux, les excentriques, les fous litterra | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

ANTOINE CHINTREUIL

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Par Bernard Vassor 
Il fit partie dans sa jeunesse de "La Société desBuveurs d'Eau" le groupe d'Henry Murger
A suivre.... 
 
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02:25 Publié dans Un buveur d'Eau qui a mal tourné | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

LE RESTAURANT VACHETTE

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Par Bernard Vassor
AU XIXème siècle 

A l’angle du Boulevard Poissonnière et de la rue du faubourg Montmartre.

Restaurant Vachette puis le Brébant, au rendez-vous de la bohème galante 

On y dégustait une excellente cuisine, on y déjeunait, on y dînait et l'on y soupait autant qu'à la Maison Dorée. La clientèle de minuit était tapageuse, surtout composée de littérateurs et de "Bousingots" L'établissement était ouvert très tard, bien après que les brasseries du faubourg Montmartre, des boulevards et du quartier des Martyrs aient posées leurs volets.medium_BREBANT_09.jpg

Le public masculin qui n'avait pas envie de dormir, et le personnel féminin qui n'en avaient pas le droit, se retrouvaient dans les salons et cabinets particulier du premier étage. Les cocottes y étaient nombreuses au café Vachette. Notre ami Delvau confesse qu"'il y en avaient de jolies, , de jeunes et d'appétissantes, mais beaucoup aussi étaient des vétérans de la galanterie, des Vésuviennes qui ont vu le feu depuis longtemps, et qui ont grande peine à réparer les ans. Et cependant, ce ne sont pas ces soupeuses là qui ont le moins de succès auprès des apprentis-viveurs. Leur expérience du coeur masculin, leur longue pratique de la vie parisienne leur ouvrent la porte de cabinets qui devraient rester fermé : elles savent s'imposer"

 

02:10 Publié dans CAFES ET RESTAURANTS | Lien permanent | Commentaires (1) | | | | Digg! Digg

28/12/2006

La société du Caveau

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                                                            Le Rocher de Cancale

         Par Bernard Vassor  

C’est en 1729 qu’un épicier nommé Gallet invitait le premier dimanche de chaque mois des chansonniers à des dîners chantants. Les premiers convives étaient Panard, Piron, Collé et les Crébillon père et fils. Les réunions avaient lieu dans le Cabaret Landel, au carrefour de Buci. Active pendant dix ans, cette société « du Caveau » fut dissoute en 1739. L'ancien Caveau 1743 ne dura que deux ans. Reconstituée par le fermier général Pelletier en 1759, tous les mercredi, il recevait à sa table Marmontel, Helvetius et Gentil-Bernard.La révolution va interrompre ses activités, qui reprennent en 1796 aux « Dîners du Vaudeville ». Barré, Radet, Desfontaines et Pils seront les fondateurs de la nouvelle société qui sévira jusqu’en 1802. En décembre 1802, le « Caveau moderne » renaît, dirigé par le comédien Armand Gouffé et le libraire Capelle. Brazier, Desaugier, Philippon de la Madelaine animent avec Grimod de la Reynière au Rocher de Cancale, rue Montorgueil ( le premier « Rocher », à l’angle de la rue Mandar), le 20 de chaque mois, des dîners musicaux et publient un "des mensuel sous le titre de « Journal des gourmands et des belles ». En 1807 paraît la première édition des "Clés du Caveau, où les Dîners du Rocher de Cancale" medium_LA_CLE_DU_CAVEAU_09.jpgLe représentant le plus célèbre est à l’époque le Grand Béranger. Les divergences politiques vont une nouvelle fois conduire le Caveau à une dissolution.
Il fut reconstitué rue du faubourg Saint Denis à "La Lice Chansonnière"puis éclata dix fois, vingt fois, les lieux de réunions étant chaque fois différents. C’est le café Coroza au Palais-Royal qui accueille les chansonniers en 1865.Un petit livre chez Dentu en 1883 explique le fonctionnement des réunions. Pendant les séances, le public écrivait chacun un mot que l’on mettait dans un chapeau. Le poète devait tirer plusieurs de ces mots pour en fabriquer de façon improvisée une chanson. Nous avons grâce à ces sociétés, des recueils de partitions qui ont servi pendant tout le XIX° siècle à tous les auteurs de chansons, pouvant ainsi interpréter sur l’air de ... leurs œuvres, sans avoir besoin de composer de musique. (Paris et ses quartiers, Chansons par les membres du caveau, Paris Dentu 1883)

·     Le vieux caveau fut fondé,

Fondé vers mil sept cent trente,

Par Piron, Collé, Vadé,

Et leur cohorte chantante.

A Vadé, Collé, Piron,

Succèdent au rang suprème

Desaugier, Brazier, Laujon,

Enfin Béranger lui-même.

Louis-François Nicolais dit "Clairville",

auteur dramatique 1811-1879       

10:25 Publié dans Les Cénacles | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

LE CAVEAU

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Par Bernard Vassor 

La première société du Caveau (1729-1739) PUBLIE EN PARTIE SUR 

 La société fut fondée en  à l'initiative du chansonnier et épicier Pierre Gallet (1698-1757) qui, le premier dimanche de chaque mois, invitait ses amis chansonniers à des dîners chantants.

Les premiers convives étaient Charles-François Panard, Jean-Philippe Rameau, François Boucher, Alexis Piron, Charles Collé, Charles Pinot Duclos, Louis Fuzelier, Bernard-Joseph Saurin, Prosper Jolyot de Crébillon (Crébillon père) et Claude Prosper Jolyot de Crébillon (Crébillon fils).

Les réunions avaient lieu au cabaret du traiteur Landelle, situé carrefour de Buci, et connu sous le nom de Caveau, qui donna son nom à la société.

L'auteur d'une bonne épigramme avait droit à un verre de vin et sa victime à un verre d'eau. Mais si l'épigramme était mauvaise, c'était l'inverse.

Active pendant une dizaine d'année, cette société fut dissoute en 1739.

La deuxième société du caveau (1759-1789)

La société du Caveau fut reconstituée  en  1759 par le fermier général Pelletier. Celui-ci organisait, tous les mercredi, de joyeuses agapes rassemblant Jean-François Marmontel, Claude-Adrien Helvétius, Jean Baptiste Antoine Suard ou le poète Pierre Joseph Bernard dit Gentil-Bernard.

Les activités de la société sont interrompues en 1789 du fait de la Révolution française.

Les dîners du Vaudeville (1796-1802)

La société renaît en 1796 sous la forme des « Dîners du Vaudeville », sous l'impulsion d'Yves Barré, Jean-Baptiste Radet, Desfontaines-Lavallée et Pierre Antoine Auguste de Piis.

Le Caveau moderne

En 1805, le « Caveau moderne » réapparaît, dirigé par le comédien Gouffé  Armand et le libraire Capelle. Le 20 de chaque mois, des dîners musicaux sont organisés au Rocher de Cancale, rue Montorgueil (à l’angle de la rue Mandar). La société publie également un mensuel sous le titre Journal des gourmands et des belles.

Présidés par Pierre Laujon puis par Désaugiers, ces dîners rassemblent Béranger (reçu membre en 1813), Brazier, Philippon de la Madeleine, Emmanuel Dupaty, Grimod de La Reynière... À partir de 1815, la société a pour secrétaire général le chansonnier Jacques André Jacquelin.

La société est dissoute en 1817 en raison de divergences politiques, puis reconstituée à plusieurs reprises, mais avec moins de succès, dans des lieux à chaque fois différents, notamment au café Coroza au Palais-Royal en 1865.

Pendant les séances, chaque spectateur était invité à écrire un mot sur un morceau de papier. Les morceaux de papier étaient mis dans un chapeau. Le chansonnier en tirait plusieurs et devait improviser une chanson avec ces mots.

Références

Bibliographie

Paris et ses quartiers, Chansons par les membres du caveau, Paris, Dentu, 1883

Récupérée de 

10:15 Publié dans Les cercles "cénaculaires" | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

Le café Cyrano

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 Par Bernard Vassor

4 septembre 2005 

A l’origine au 82 boulevard de Clichy la brasserie s’appelait "Les Porcherons".Mitoyenne du "Café de la Reine Blanche"qui laissa place au "Moulin Rouge",elle changea elle aussi de nom pour s’appeller au début du XX° siècle "La Grande Brasserie Cyrano".Dans les années 1920, le propriétaire Léon Martelière recevait la chanteuse Damia qui se produisait à "l’Européen"Les séances du groupe surréaliste se tenaient chaque jour sous la présidence d’André Breton où se rencontraient : Aragon, Philippe Soupault, Tristan Tzara, Man Ray, René Crevel, Max Ernst, Dali etc...ref :

Dictionnaire des lieux à Montmartre éditions André Roussard copyright Paris 2001.

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Archives de Paris. Archives B.V

 

09:15 Publié dans AUBERGES ET CABARETS. | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

26/12/2006

LE CAFE DES VARIETES

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Par Bernard Vassor
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 Boulevard Montmartre où à partir de minuit, on peut y manger de la soupe aux choux

LE CAFE DES VARIETES

Quelques historiens donnent pour date de l’ouverture du Café des Variétés dès 1807 ?. C’est après 1830 qu’un certain Hamelin fonde à côté  du Théâtre du même nom, le Café des Variétés avec l’idée saugrenue de transformer le premier étage en salle de correspondance avec pupitres et encriers. C’est tout de suite un succès, l’après-midi, le premier étage est complet, on se bouscule, on attend son tour. C’était aussi bien fréquenté par des hommes de plumes que par des dames avec chapeaux à plumes sans vraiment avoir d’intentions épistolaires…. 

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16:15 Publié dans La bohème littéraire | Lien permanent | Commentaires (2) | | | | Digg! Digg

23/12/2006

LE PETIT DUNKERQUE

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Par Bernard Vassor 
Sur le quai Conti, au numéro 3, c'était la boutique la plus séduisante de Paris au XVIII° siècle. Elle était tenue par un certain Granchez. Les princes étrangers ne manquaient pas d'aller la visiter; Voltaire lui consacrait ses loisirs. Avec son étalage de bijoux de luxe, ses breloques, ses tabatières et toute la bimbloterie artistique dont on paie dix fois plus cher qu'ailleurs. Il fut le bijoutier de Marie-Antoinette. Au début de l'Empire, la boutique fut remplacée par un horloger et un marchand de vin. Ses mascarons et ses sculptures prouvaient que la façade datait du XVII° siècle. Le cabaretier fit installer contre la boutique de cet maison une grille en fer, dîte "marchand de vin" dont l'encadrement se composait d'une frise également en fer, représentant des raisins et des têtes de Bacchus. Sur le tympan de la porte d'entrée était fixé un petit navire toutes voiles déployées, avec l'inscription : LE PETIT NAVIRE, le marchand de vin voulant conserver ce nom prestigieux. Ce cabaret était éclipsé par le Café Conti de l'autre côté de la voute rue de Nevers. Il ne reste rien aujourd'hui de tous ces ornements. Seul le plafond de la voute d'entrée de la rue de Nesle, peint avec une légende rappelant le passé, avec un texte de Claude Le Petit....
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La maison a été démolie en 1913....
Louis-Sébastien Mercier consacre un article au Petit Dunkerque dans Le Tableau de Paris : Le_petit_Dunkerque.pdf
Un historiographe de la fin du XIX° affirme : "Au XVIIIe siècle, le plus célèbre des magasins de mercerie à Paris était le Petit Dunkerque, qui se trouvait au bord de l'eau, à l'angle du quai Conti et de la rue Dauphine."

Marcel Proust , dans le temps retouvé raconte :

« Voyons, vous Goncourt, vous savez bien et Gautier le savait aussi que mes salons étaient autre chose que ces piteux Maîtres d’autrefois crus un chef-d’oeuvre dans la famille de ma femme. « Puis, par un crépuscule où il y a près des tours du Trocadéro comme le dernier allumement d’une lueur qui en fait des tours absolument pareilles aux tours enduites de gelée de groseille des anciens pâtissiers, la causerie continue dans la voiture qui doit nous conduire quai Conti où est leur hôtel que son possesseur prétend être l’ancien hôtel des Ambassadeurs de Venise et où il y aurait un fumoir dont Verdurin me parle comme d’une salle transportée telle qu’elle, à la façon des Mille et une Nuits, d’un célèbre palazzo, dont j’oublie le nom, palazzo à la margelle du puits représentant un couronnement de la Vierge que Verdurin soutient être absolument du plus beau Sansovino et qui servirait pour leurs invités, à jeter la cendre de leurs cigares. Et ma foi, quand nous arrivons, dans le glauque et le diffus d’un clair de lune vraiment semblable à ceux dont le peinture classique abrite Venise, et sur lequel la coupole silhouettée de l’Institut fait penser à la Salute dans les tableaux de Guardi, j’ai un peu l’illusion d’être au bord du Grand Canal. L’illusion est entretenue par la construction de l’hôtel où du premier étage on ne voit pas le quai et par le dire évocateur du maître de maison affirmant que le nom de la rue du Bac - du diable si j’y avais jamais pensé - viendrait du bac sur lequel des religieuses d’autrefois, les Miramiones, se rendaient aux offices de Notre-Dame. Tout un quartier où a flâné mon enfance quand ma tante de Courmont l’habitait et que je me prends à «  raimer » en retrouvant, presque contigu à l’hôtel des Verdurin, l’enseigne du Petit Dunkerque, une des rares boutiques survivant ailleurs que vignettées dans le crayonnage et les frottis de Gabriel de Saint-Aubin où le XVIIIe siècle curieux venait asseoir ses moments d’oisiveté pour le marchandage des jolités françaises et étrangères et « tout ce que les arts produisent de plus nouveau », comme dit une facture de ce Petit Dunkerque, facture dont nous sommes seuls je crois, Verdurin et moi, à posséder une épreuve et qui est bien un des volants chefs-d’oeuvre de papier ornementé sur lequel le règne de Louis XV faisait ses comptes, avec son en-tête représentant une mer toute vagueuse, chargée de vaisseaux, une mer aux vagues ayant l’air d’une illustration de l’Édition des Fermiers Généraux de l’Huître et des Plaideurs.

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