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14/07/2010

La Présidente Fillon, procureuse en l'hôtel de madame de Matignon

Par Bernard Vassor

 

COUURTISANE CADRE.jpg
A la loupe....

 

La Fillon cardinal dubois.cadre.jpg

L'Abbé Dubois

Notice sur la vie de Voyer d'Argenson : VOYER_D_ARGENSON_notice_sur_la_vie_du_marquis_premiere_pa...
Née à Paris, nous ignorons en quelle année, morte en Auvergne en 1727. Dans l'histoire de France, elle est à moitié Mata-Hari, à moitié Jeanne d'Arc ! C'est certainement l'entremetteuse la plus romanesque et la plus influente du XVIII°siècle. Fille d'un honnête porteur de chaise, elle eut un enfant dès l'age de quinze ans. Son père qui l'avait placée chez une blanchisseuse l'en retira pour la  conduire à l'hôpital pour ses couches. Puis, il voulut la marier à un porteur d'eau, mais la petite (dont on ignore le prénom) refusa l'homme qui lui était imposé. Elle débaucha un clerc de procureur de Bretagne et s'enfuit avec lui à Rennes. Cet amant l'abandonna, alors elle jeta son dévolu sur un commis, qui abandonna femme et enfants pour venir avec elle à Paris. Manquant d'argent, elle commença à fréquenter le Palais-Royal, où elle se livra à la prostitution occasionnelle. Puis encouragée par ses succès, elle devint "marcheuse".
Elle débaucha des filles comme elle, pour les procurer à de jeunes seigneurs de la cour et se fit très vite une solide réputation. Le Lieutenant général de Police, Voyer d'Argenson informé de ses exploits de la fit venir près de lui. Lui trouvant de l'esprit, et du caractère, il lui accorda sa protection en échange de renseignements*. La Fillon commença donc une carrière qui allait être fulgurante. Elle laissa tomber son commis pour épouser le "Suisse" de l'hôtel Mazarin. Celui-ci honteux de la conduite de sa femme, et poussé par ses camarades, la corrigea sévèrement. C'était sans compter sur les relations de la donzelle. Philippe d'Orléans qui était Régent la recevait parfois à souper (il l'appelait "sa bonne amie") sermonna le mari, et lui demanda de se contenter de l'argent qu'elle rapportait. Le mari mourut mystérieusement, alors la Fillon épousa le cocher de l'hôtel de Saxe. Celui-ci, montrant aussi des velléités et commença à faire le récalcitrant, elle le fit incorporer dans un régiment où elle lui envoyait de temps en temps de l'argent pour le consoler. A l'époque, les courtisanes avaient des privilèges de séquestration arbitraire quand leur position était menacée. On avait vu plus d'une bourgeoise faire embarquer pour les Indes un mari encombrant.
Elle avait également ses entrées libres chez l"Abbé Dubois" (qui était en réalité cardinal à qui elle procurait souvent des filles. Son crédit fut fort grand quand elle  mit au jour un complot qui aurait pu changer le cours de l'Histoire de France........
Alexandre Dumas, fait du Chevaler d'Armental, un client de sa maison :
"Le chevalier sans être une pratique, était une connaissance de la Fillon. C'était du bon ton, à cette époque, d'aller quelquefois au moins se griser chez cette femme quand on n'y allait pas pour autre chose. Aussi, d'Harmental n'était-il pour elle ni son fils, nom qu'elle donnait familièrement aux habitués, ni son compère, nom qu'elle réservait à l'abbé Dubois ; c'était tout simplement monsieur le chevalier, marque de considération qui aurait fort humilié la plupart des jeunes gens de l'époque. La Fillon fut donc assez étonnée lorsque d'Harmental après l'avoir fait appeler, lui demanda s'il ne pourrait point parler à celle de ses pensionnaires qui était connue sous le nom de la Normande.
- O mon Dieu ! monsieur le chevalier, lui dit-elle, je suis vraiment désolée qu'une chose comme cela arrive à vous, que j'aurais voulu attacher à la maison, mais la Normande est justement retenue jusqu'à demain soir.
- Peste ! dit le chevalier, quelle rage !
- Oh ! ce n'est pas une rage, reprit la Fillon, c'est un caprice d'un vieil ami à qui je suis toute dévouée. "
Selon une des histoires qui circulèrent :
Le roi d'Espagne Philippe V, voulant faire main basse sur le royaume de France avait ourdi un complot avec la complicité du duc et de la duchesse du Maine. Leur but était de faire arrêter le Régent, et de nommer le roi d'Espagne à sa place. C'était Cellamare (Antoine del Guidice, duc de Giovenazzo),ambassadeur de Philippe V  auprès de la cour de France, qui était chargé de régler les détails. Le secrétaire de Cellamare, un certain Porto-Carrero, profitant de la vie parisienne, avait pris rendez-vous chez la Fillon. Arrivé en retard, il s'excusa et sur l'oreiller, donna les raisons de son impolitesse et des tractations avec les conspirateurs, d'où l'urgence d'envoi de courriers pour son pays.
La Fillon prévenue par une de ses filles, courrut chez le Cardinal Dubois chez qui elle avait ses entrées à toute heure du jour et de la nuit pour l'avertir de ce que l'on appela la conjuration de Cellamare. La police intercepta les courriers, où l'on trouva les plans complets de la conjuration.
Les coupables furent écartés et punis. La Fillon reçut en récompense 12000 livres de rente et 20 000 francs d'argent.
Cellamare fut renvoyé dans ses pénates. Mais le bruit autour de cette affaire fut si grand que le régent fut obligé de sacrifier la Fillon. Il lui demanda de faire croie qu'elle était morte. Elle se retira en Auvergne et épousa un comte. On entendit plus parler d'elle...
Pour terminer, il faut raconter cette aventure du temps de sa splendeur :
Sa réputation était très grande, et tout le monde avait l'habitude de l'appeler la Présidente Fillon, même le lieutenant de police d'Argenson qui y voyait là un sujet de plaisanterie. Il se trouve qu'un sieur Fillon président de l'élection d'Alençon vint à Paris avec son épouse pour y entrer dans une sous-ferme. Comme il ne s'était pas encore défait de sa charge, on l'appelait toujours Président Fillon. En 1716, quelques officiers en permission à Paris, firent le pari d'aller souper chez la Fillon qu'ils ne connaissaient que de nom. Ils s'informèrent de la demeure de la présidente, et comme vous pouvez le deviner on leur donna l'adresse du brave alençonnais. Ils y allèrent donc. Le suisse qui gardait la porte voulut les retenir, mais recula devant le nombre, ils entrèrent pour voir la Présidente Fillon, traversant plusieurs pièces pour se rendre dans les appartements  où la femme était à sa toilette. Ils l'enlacèrent, l'embrassèrent jusqu'à ce que tous les domestiques accourus, forcèrent les soldats à se retirer. Le mari arrivé sur les lieux, leur donna la bonne adresse. C'est ainsi que le président changea de nom et de domicile. Il prit le nom de Villemure et fut nommé par le Régent en dédomagement Fermier général.
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Un recensement sans date, donne pour propriétaires des maisons de cette rue qui comptait en 1714, selon Lefeuve, en 1714, 25 maisons et 11 lanternes :

Chanoines de Saint-Honoré (Dubois était chanoine de cette institution)

Mme de la Planche.
Mlse de Nonant.
Mme de Matignon.
Mis de Nomon.
Mme de Seignelay.
M. Desfossez.
M. Desfourneaux.
Idem.
Chanoines de Saint-Honoré. 
Église Sainte-Claire. 
Collège des Bons-Enfants. 
Mme Ratabon.
M, de Montelon, premier président à Rouen.
M Valdor.
M. Renault.
Les chanoines de Saint-Honoré.

D'Argenson.

Mme de Saincou. 
Bellet.
Mme de Matignon.
Le Vasseur.
Mme de Matignon.
Le Boulier, prieur. 
De Courville.

 

"Mme de Matignon avait pour père, le baron de Breteuil et pour fille la duchesse de Montmorency. Elle se faisait remarquer par ses toilettes recherchées et avait pris un abonnement chez M. Bertin, marchande de modes, pour changer de pouf tous les soirs. Aussi bien, dans la petite guerre des amours, fit-elle plus d'un prisonnier et força-t-elle jusque dans les retranchements du camp épiscopal Mgr de Pamiers".

L’ancienne "route conduisant à Clichy" au moyen-âge, était devenue « passage du Palais-Royal rendant de la rues-des Bons-Enfants au travers des basses-cours »(aujourd'hui rue des Bons-Enfants)

C'est dans une de ces maisons, qu'officiait la Présidente Fillon, qui devint un bordel patriotique pendant la révolution.

21/02/2007

Les procureuses, les matrones, les maquerelles au XVIII°siècle.

Par Bernard Vassor

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A PARIS 
De  l'Imprimerie de la Société Philatropine (sic), rue Tiron
1790 
Cette pétition adressée à l'Assemblée nationale, demande l'abolition dans la langue française de termes "qui porte atteinte à la bienséance et au maintien de l'honneur, ces termes impropres qui compromettent à la fo_is la délicatesse des deus sexes". Les courtisanes s'étaient réunies aux Grand Cordeliers pour se concerter sur la manière  d'obtenir satisfaction.
Certaines "professionnelles" avaient été élues pour les représenter.
La première était Mlle Testard, marchande à l'entrée de l'Assemblée Nationale, familiarisée depuis longtemps avec les membres du corps législatif ! C'est elle qui obtint le plus de suffrages et qui obtint le titre de Présidente. Madame Sciard a raté plusieurs fois la place de secrétaire dans différents districts.
Discours de Mlle Testard  :
"Les abus innombrables que détruit dans sa course le torrent législatif, nous avons la douleur de voire subsister des termes injurieux, ces propos indécents, dont l'éjaculation incendiaire expose à tout moment le nom, l'asile et la fortune des Courtisanes parisiennes.(...)ces propos injurieux, ces propos indécens, dont l'éjaculation incendiaire expose à tout moment le nom, l'asile et la fortune des Courtisanes parisiennes....
Discours de la secrétaire Mme ANDRE 
"Conasse est le premier mot que j'offre à votre indignation. Ce mot terrible, fait lui seul révolter toutes les Courtisanes, qui nous est adapté sans cesse par des petits-maîtres impuissans qui ne doivent trouver dans notre grandeur que le reproche de leur petitesse. J'en appelle à Mesdames de Guéménée, Le Jay, de Monaco,de Lamballe, Dugazon etc.etc.etc. Combien de fois cette épithète n'-t-elle pas terni leur réputation ?" (...)
 Alexandre Dumas, a mis en scène à plusieurs reprises des courtisanes, et des maquerelles célèbres du XVIII° siècle. Une des plus célèbres "procureuse", La Fillon est repréentée dans son roman "Le Chevalier d'Harmental" DUMAS_LA_FILLON_Chevalier_d_Harmental.pdf,
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Cet Almanach anonyme publié de façon clandestine, donne comme le Guide rose du XX° siècle les adresses  des maisons de plaisir parisiens." Ce petit livre répond à tout, et prévient tout !... C'est un sérail portatif. Pour 24 sols, un simple citoyen devient un véritable sultan, sans avoir les embarras du mariage "
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LE CELEBRE 113 DE LA GALERIE DU PALAIS-ROYAL
Les premiers jours de la Révolution, les filles publiques, les tenancières et leurs clients se regroupèrent au Palais-Royal où la débauche, on vendait de tout, des jeux clandestins s'étaient établies dans le voisinage, on trichait, on volait, les filles publiques, de fausses veuves, de fausses mères qui promenaient des enfants d location pour apitoyer les citoyens. Les entremetteuses les plus connues étaient :
La Carlier qui habitait 5 rue Blanche, qui se vantait d'être la procureuse de "ces messieurs du clergé
C'est chez Justine Pâris que Casanova passa ses nuits dans un hôtel du quartier du Roule."La Brissent" (Brisseau?), la" Dehongrais et "la Varenne" qui habitait au 9 rue Saint Lazare avait loué au marquis de Personnat une fillette de quatorze ans, Mlle Boujart  qu'elle avait déjà loué au marquis de Bandole. La Brissent avait pour client le duc de Chartres qui exigeait des filles saines et d'air décent. Mademoiselle Brion qui avait été la protégée du lieuenannt de Police M.de Sartine, avait adressé une requête à Bailly maire de Paris pour le prier de poursuivre les clandestines qui lui faisaient une concurrence déloyale en ne payant ni taxe ni contribution !!!
Comme au moyen-age les dames de petite vertu avaient des noms plus ou moins poétiques :
Armide, Aglaé,  Victoire, Balzamines, Athémise, d'autres moins  fortunées avaient hérité de moins nobles épithètes Poil-Ras, La Bancale, Grosse tête, Belles cuisses, la Banban,
L’inspecteur VAUGIEN, était chargé de la police des filles publiques*
A suivre............

Maurice Lever Anthologie  érotique, Robert Laffont 2003