14/11/2008
La presse au 19° siècle : un précurseur, Charles Louis Havas
PAR BERNARD VASSOR
"Le public peut croire qu'il existe plusieurs journaux,mais il n'y a en définitif, qu'un seul journal. Il existe à Paris, rue Jean-Jacques Rousseau, un bureau dirigé par M.Havas, ex-banquier, ex-copropriétaire de la Gazette de France,ex-coassocié d'une entreprise pour des licences accordées par Napoléon pendant le blocus continental. M.Havas a vu beaucoup de gouvernements, il vénère le Fait, et professe peu d'admiration pour le Principe; aussi a-t-il servi toutes les administrations avec une égale fidélité.(...) M.Havas a des correspondants dans le monde entier, il reçoit tous le journaux de tous les pays (...) il donne à son lever au président du Conseil un petit bulletin universel parfaitement rédigé. (...)les journaux à leur insu, n'ont que ce que le premier ministre leur laisse publier. Puis M.Havas les traite selon la quotité de abonnement. Il reçoit du ministère quatre mille francs pour un singulier service (..) M.Havas est le prête-nom du ministère (...) -Nous expliquerons plus tard quels sont les cuisiniers chargés d'épicer les plats, et vous verrez que le peuple que l'on dit le plus spirituel du monde est celui qu'on dupe avec le plus de grossièreté"
-Revue Parisienne, 14 août 1840.
En 1842, Balzac en remet une couche dans "La monographie de la Presse Parisienne", une satyre féroce des Tartuffe de la presse qu'il décrit et qui pourraient tout aussi bien être nos contemporains.
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L'agence Havas prit un essor considérable après la création du réseau télégraphique électriques, et la pose du cable sous-marin transatlantique.
Après la mort de Charles Louis, c'est son fils Auguste qui prit sa succession et l'agence Havas devint le centre des nouvelles politiques et commerciales de tous les pays du monde.
Ce n'est qu'en 1848, sur le modèle de Havas, que 6 journaux New-Yorkais fondèrent "La New-Oork Associated Press".
Paul Julius Reuter ( qui avait travaillé pour Charles et Auguste Havas) allemand réfugié à Londres en 1848 fonda la "Reuter's Télégram Company " en 1865 après la pose du premier cable transatlantique.
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La S.F.P. fut crée en 1855, mais, ne pas confondre, c'était la Société Française de Photographie dont le bulletin avait pour rédacteur en chef Ernest Lacan.
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13/11/2008
Quelques éléments pour servir à l'histoire de la presse parisienne au 19° siècle suite : sous la monarchie de Juillet
PAR BERNARD VASSOR
"Si la presse n'existait pas,
il ne faudrait pas l'inventer"
Balzac
12:20 Publié dans Panorama de la Presse Parisienne au XIX° siècle | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
12/11/2008
La presse parisienne au 19° siècle : Le journal "Le Voleur"
Par Bernard Vassor
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09/05/2008
ADOLPHE JOANNE, CO-FONDATEUR DU JOURNAL L'ILLUSTRATION
PAR BERNARD VASSOR
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11/10/2006
LES FIGARO
Les « Figaro »
Pour les amateurs de clichés : Sans liberté de blamer...
(qui peut s'appliquer à cet article !)
Par Bernard Vassor (mise à jour de l'article de Terres d'écrivains) Le premier Figaro fut fondé par Le poitevin de Saint Alme avec Maurice Allhoy et Etienne Arago. Le numéro 1 est daté du 15 février 1826. Journal non politique, au départ il proposait les thèmes suivants : « Théâtres, critique, sciences, arts, morale, scandales(déjà), économie domestique, bibliographies, modes etc. » Abonnements pour Paris: 1 mois 7 francs 3 mois 15 francs Rédacteurs sous les pseudos suivant : le comte Almaviva, Figaro, Bartholo, Rosine etc. Le journal était alors 17 quai des Augustins, puis 12 cité Bergère (chez Victor Bohain), l'imprimerie de David, 6 boulevart (sic) Poissonnière par la presse mécanique de Selingue.
Six mois plus tard, le Figaro fut vendu 40 000 francs à Victor Bohain , qui s’était entouré de l’élite des gens d’esprit qui vont donner à cet organe une orientation politique d’opposition,qui participera à la chûte de Charles X.
Parmi ceux-ci, Léon Gozlan (Gazonal dans la Comédie Humaine) Alphonse Karr, Paul Lacroix (le bibliophile Jacob) Auguste Blanqui, qui faisait le compte rendu des chambres. Ajoutons Roqueplan, Romieu, Véron, qui avaient rédigé au café le Vaudeville, un numéro bordé de noir demandant au docteur Roux, médecin chef de l’Hôpital de la Charité, d’opérer d’urgence un auguste personnage atteint de cécité.
Après 1830, Bohain nommé préfet de la Charente (pendant un mois !), les principaux rédacteurs vont être Félix Pyat, Jules Sandeau, Alphonse Karr, Henri de Latouche (l’initiateur de Balzac au martinisme, au swedenborghisme, et dit-on sans preuve à la Franc-maçonnerie).
En 1832, il y eut une scission, les éléments républicains étant neutralisé et écartés par les monarchistes. Le journal était augmenté d’une feuille d’annonce à 15 centimes la ligne, sous le titre de Petites Affiches du Figaro.
La mort du premier Figaro, « le grand, le vrai », semble d’après Eugène Hatin, dater de 1833.
Ressuscité par Eugène Biffaut et Alphonse Karr en 1836, racheté en 1838 par Léon Halévy, et Charles de Boigne en 38, puis par Dutacq en 39 qui vit apparaître un bi-hebdomadaire avec pour rédacteur en chef Albéric second.
Lepoitevin va tenter de reprendre un « Nouveau Figaro » en 1841-42 puis sans succès. En 1852, son enfant de 1826 mourra brutalement. En 1837, sous la direction de Victor Bohain, le Figaro annonce la publication de César Biroteau (l'édition originale !) en ces termes : "On reçoit gratuitement à titre de prime César Biroteau, nouvel ouvrage entièrement inédit de M.de Balzac en s'abonnant pour six mois au journal L'Estafette ou pour trois mois au journal Le Figaro". 1847-1848, Léon Bernis publie le Figaro, journal de l’après-midi, mort-né.
Alexandre Dumas y fit entrer son secrétaire Victor Cochinat qui publiera dans le FFigaro "Lacenaire, ses crimes, son procès et sa mort" première biographie du célèbre criminel des Enfants du Paradis. (ci-contre)
Enfin le 2 avril 1854,
1854 Numéro 1
parait le "nouveau" Figaro (installé 48 rue Vivienne, puis au 55 enfin au 3 rue Rossini, endroit où habitait à l’époque une certaine (Thérèse Lachmann plus connue sous le surnom de la Païva") bi-hebdomadaire puis quotidien. Dès le premier jour dit le Grand Larousse du XIX° siècle : ce fut un journal de scandales, publiant à tort et à travers, avec une méchanceté sans pareil, souvent avec esprit, toujours de parti pris, les célébrités du moment. Une dénonciation du journal signale la publication d'un livre à scandale : Les mémoires de Céleste Mogador, pour en réclamer l'interdiction, ce qui ne gêne pas le Figaro d'en publier quelques feuilles....
Condamné à cesser de paraître en 1856, Villemessant ne reculant devant aucune bassesse[3] adressait une pétition au prince impérial âgé de quatre jours, l’empereur ayant souri à cette supplique, accorda une grâce qui autorisait la reparution du titre. Le journal se fit une spécialité d’attaques et de sarcasmes prolongés contre Lamartine, puis engageant sur le terrain de la morale et des bonnes moeurs, des ouvrages qualifiés de lestes ou de pornographiques, vont conduire aux procès de « Madame Bovary » et des "Fleurs du Mal ».. En 1857 le rédacteur en chef Gustave Bourdin (1820-1870) un des gendres de Villemessant, dénonce dans un article du 5 juillet la parution des Fleurs du Mal :"il y a des moments où l'on doute de l'état mental de M.Baudelaire, il y a des moments où l'on ne doute plus; c'est la plupart du temps, la répétition monotone et préméditée des mêmes choses, des mêmes pensées. L'odieux y coudoie l'ignoble, le repoussant s'y allie à l'infect...Ce livre est un hôpital ouvert à toutes les démences de l'esprit".
Ensuite, ce sont les peintres impressionnistes qui seront la cible des campagnes haineuses des rédacteurs du Figaro et du Charivari, vous connaissez la suite.
Le journal ne devient quotidien qu’en 1866, et s’octroit les services d’un autre petit marquis, un polémiste de talent : Henri de Rochefort, grace à qui le tirage augmente considérablement, transformant cette feuille à scandale en organe politique.
Le pouvoir s’émut de cet orientation, et obligea Villemessant à se séparer de Rochefort, mais il lui ménagea dans des locaux attenants du 3 rue Rossini un bureau où le petit marquis de la cité Malesherbes (numéro 5) confectionna un minuscule journal in 18, intitulé « La Lanterne », qui dès le départ connaîtra un foudroyant succès, mais, c’est une autre histoire... Pendant le siège de Paris et la Commune, ce journal royaliste prendra la défense du Parti de l’Ordre. A la fin de la Commune, il va rivaliser avec lesautres journaux versaillais dans la dénonciation la plus abjecte des femmes et des enfants qu’il faut fusiller sans procès avec la vermine des communeux. Le Figaro 1 juin 1871 annonce : "Le délégué de la Commune à la direction des Domaines, Auguste Fontaine, arrêté dans une maison de la rue Bonaparte, après un interrogatoire sommaire, au deuxième corps d'armée, a été fusillé" Un autre pauvre bougre a eu beau démentir s'appeler Fontaine, il est tombé sous les balles de soldats versaillais. Auguste Fontaine quand à lui, était encore vivant en 1880. Nous devons encore au Figaro l’invention des « pétroleuses », que beaucoup d’historiens répètent encore sérieusement aujourd'hui. Rappelons que grâce au quotidien bien pensant, toute femme ou enfant porteur d’un pot à lait en fer blanc, était collé au mur et fusillé sans autre forme de procès. Après son installation 26 rue Drouot, ce journal va se lancer à la suite du Charivari dans de nouvelles campagnes contre les impressionnistes. Le soutien au comte de Chambord pour le rétablissement de la royauté, ses attaques contre la République le cantonneront à une ligne, comment dire...très réactionnaire.
Notice Villemessant dans "Histoire de la Presse Parisienne" Paris 1867 :
"Villemessant : (H.de) L'homme est grand et massif, il tient au sol par de fortes attaches, et l'on devine qu'il ne céderait pas aisément sa portion d'existence. Le regard est prompt et inquiétant; ceux sur lesquels ils tombent ne se sentent pas à l'aise; les dents ont tous lesappétits, la lèvre à toutes les soifs. De tout cela résulte un ensemble guoailleur et robuste. Ce n'est pas à proprement parler un écrivain, mais c'est un faiseur d'écrivains. Il avise dans la rue le premier venu, un savoyard, il le fait monter dans sa chambre, le débarbouille, il lui met une plume entre les mains et lui dit : soit prodigieux ! Quelques fois le savoyard est prodigieux, dans le cas contraire, Villemessant désapointé, le renvoie avec une brutalité sans égale. M.H.de Villemessant estr le formica leo d'un journal qui est la terreur et l'amusement des Athéniens du boulevard. On ne s'occupe guère dans ce journal que des littérateurs, des boursiers et des comédiennes. Les articles sur les boursiers y sont fait par les littérateurs; les articles sur les littérateurs y sont faits par les comédiennes. Au milieu de ce pêle-mêle, de ce bruit, de cet esprit, deces passions, de ces haines et de cetteincohérence, la tête de ce Villemessant se dresse, joyeuse, comme une méduse ennivrée ?
A ce journal ainsi conçu, et ainsi exécuté,, à cet homme si absorbant, on conçoit quu'il faille une foule de rédacteurs incessament renouvelés. Pour lui, les meilleurs, ce sont les plus hérissés, les plus macabres, les plus hargneux, les plus inatendus, les moins acceptés; il les reçoit ceux-là avec des tressauts de bonheur, avec des tendresses étoufffantes. (...) Il y a des ré&dacteurs qui durent trois numéros, il y en a qui durent trois mois, il y en a qui durent toujours. Après avoir fourni leur contingent d'anecdotes, ils s'en retournent, et on ne les revoit jamais. M.de Villemessant les a taris. Ils avaient vingt ans en entrant, ils en ont soixante en sortant. On en rencontre quelques uns à la Petite-Provence; ils sourient à ceux qui les regardent et ils tracent des figures sur le sable avec leur canne."
*Le poitevin de Saint Alme, né à Paris rue Neuve-de-l'Egalité, section de Bonne-Nouvelle en 1791 le 27 octobre, il est mort dans la misère et oublié en banlieue à Belleville le 31 août 1854, il publia avec Arago et un certain Horace de Saint Aubin plus connu aujourd’hui sous le nom de Balzac, des romans (de jeunesse) intitulé L’Héritière de Birague et Jean-Louis. Il a également fait paraître la feuille satyrique "Le Corsaire-Satan" : où des jeunes gens comme Murger, Champleury, Baudelaire, Banville, y firent leurs premières armes et fut inséré le feuilleton d'Henry Murger "Scènes de la vie de Bohème".
Il a publié aussi sous les pseudos suivants : Poitevin de l’Egreville, Auguste Villerglé, Aurore Cloteau...
** Alexandre Victor-Philippe Bohain, 1805-1856 à Paris rue de Cléry le 1 mars 1804, habitait 23 rue Richer, absent lui aussi des dictionnaires. Il avait azcheté en 1826 le Figaro à Lepoitevin pour 30 000F dit-on. Directeur de théâtre, il monte une pièce écrite en collaboration avec des rédacteurs de ce journal, une pièce : "Les Immortels". Auteur dramatique, dont une pièce, Mirabeau, fut jouée par Frédéric Lemaître... et supprimée aussitôt par la censure royale. La révolution de juillet le fait préfet de la Charente. Il est relevé de ses fonctions en 1831.Organisateur de génie, il fondra de nombreuses entreprises, dont Le Courrier de l’Europe et L’Europe littéraire. En 1840 il est exilé à Londres. De retour en France, il créé "l'Epoque" en 1845 et" la Semaine" en 1846. Il est "en deshérité, presque en Lazare" (tout comme Lepoitevin)dans une obscure maison aux Batignolles le 19 juillet 1856. Sa veuve refusa une succession trop obérée.(Nicole Felkay,L'Année balzacienne 1975)
*** Villemessant, Jean-Hypollyte-Auguste Cartier de, 1812-1879. "Mais voilà le coeur humain ! Cet homme-un misérable peut-être, un homme qui à nos yeux, a nui à l'honneur des lettres, un faiseur" Edmond et Jules de Goncourt, Journal, à la date du 1 septembre 1858. La soeur et la mère de Villemessant se seraient suicidées aux Batignolles, après que Villemessant aurait dilapidé les biens de sa mère, les laissant sans revenu et dans la plus grande misère.
Sources :
Remerciements T.Jordan.
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