Référencement gratuit

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/03/2007

PIERRE CAPELLE ET "LA DIVE BOUTEILLE DU XIX° SIECLE

Par Bernard Vassor

medium_CAPELLE_la_dive_bouteille.jpg
Pierre Capelle était originaire de Montauban en  1775, mort à Paris en 1851. Dans ce Calligramme Pierre Capelle cite ses devanciers, Piron, Collé Panard, Vadé, fondateurs du Caveau moderne première société de chansonniers rendant hommage à la dive bouteille chère à Rabelais.
La Dive Bouteille du XIX° siècle a été publié chez Mme Vve Perronneau Paris 1818.
Il participa à la création des Dîners du Vaudeville. Auteur d'une Vie de Marie-Antoinette qui lui couta deux mois de prison au Temple.
 

 

11:25 Publié dans Les écrivains | Tags : Piron, Collé, Panard, Vadé | Lien permanent | Commentaires (1) | | | | Digg! Digg

LEON BLOY, ATRABILAIRE, "L'EXASPERANT"

Par Bernard Vassor

medium_BLOY_LEON_lettre_pour_exasperer_les_imbéciles.jpgCorrespondance avec le Poète Belge Edouard Bernaert de Louvain 

Édouard Bernaert (1874-1945), poète, journaliste et publiciste belge, entra en relations avec Bloy en 1898. Leurs rapports furent assez particuliers. Du 9 septembre 1900 au 15 février 1901, Bloy hébergea, non sans problèmes, Bernaert chez lui. Le Journal de Bloy est rempli de détails sur cette curieuse relation. Quelques-unes des plus belles lettres de Bloy sont adressées à Bernaert.

Léon Bloy est né à Périgueux en 1846, mort en 1917. Arrivé à Paris en 1867, il fit la rencontre de Barbey d'Aurévilly qui allait orienter toute sa vie. Sous son influence, il se convertit au catholicisme. C'est dans le salon du maître, qu’il fit la connaissance d'écrivains aussi divers que Huysmans, Paul Bourget et Jean Richepin. A la fin de l'année 1870, il s'engage dans un bataillon de Francs-tireurs*

Il s'essait au dessin, à la peinture, mais, c'est vers l'écriture qu'il se tournera. Il publie un premier roman : "Le Révélateur du Globe". Il écrit dans différents journaux, se fâche avec tout le monde, éternel persécuté, il publie un deuxième roman à clés qui passera tout d'abord inaperçu "Le Désespéré".**   (Dans cet ouvrage, Maupassant est caricaturé sous le nom de Gilles de Vaudoré ) C'est un écrit autobiographique : pamphlet flamboyant, violent, haineux, antisémite, prompt à l'excommunication. Son fanatisme religieux va le conduire aux extrêmes avec des femmes. Il se marie avec la fille d'un poète danois Johana Molbech dont il eut trois enfants. Il fut un temps du cercle des Hydropathes et participait aux réunions 19 rue Clauzel chez Achile Mélandry au cinquième étage***

*Je dois cette information qui ne figure à ma connaissance dans aucune biographie à mon ami Pierre-Henri Zaidman, historien de la Commune de Paris. 

**Revue Histoire Littéraire, article d'Eric Walbecq

***Archives B.V 

 

07/03/2007

LA MAISON DE BALZAC A VILLE D'AVRAY

Par Bernard Vassor

medium_BALZAC_LES_Jardies_Edmond_Petitjean_1844-1925.jpg
Cette maison acquise en 1837 par Balzac, fut plus tard rachetée par Gambetta 
Huile sur toile Edmond Petitjean 
Jules Claretie se souvient de la maison, avec le buste du maître en haut de la porte, dans une niche. Gambetta habitait les communs de la maison qu'il avait rachetée. "Il mit la pioche dans le logis du romancier,. Mais à peine les murailles où Balzac imaginait des tentures hypothétiques furent-elles tombées, avec des pierres du bâtiment mises en tas dans le jardin, que la mort entra et prit Gambetta, comme elle avait pris Balzac autrefois en pleine force. Aujourd'hui, les Jardies sont mises en vente ppar lots et les sentiers où l'auteur où passa l'auteur des "Parents Pauvres" n'existent plus"
Léon Gozlan nous offre un portrait saisissant de Balzac, et quelques anecdotes savoureuses dans : Balzac Intime, Balzac en pantoufles librairie illustrée, sans date. :

 

10:41 Publié dans Les écrivains | Lien permanent | Commentaires (1) | | | | Digg! Digg

02/03/2007

Théophile Gautier

Par Bernard Vassor

medium_route_de_satory_05_sepia.jpg

 

Un article du grand écrivain dans le Journal Officiel de Versailles. Le 23 mai 1871, les troupes du premier corps du général Ladmirault,  s'engagent dans les rues du Mont-Cenis et des Poissonniers. A une heure de l'après-midi, le drapeau tricolore flotte sur la Tour Solférino, et les canons sont aux mains de l'armée. Les communards sont parfois fusillés, parfois conduits dans une cour prévôtale improvisée de la rue des Rosiers, medium_rue_des_rosiers_09_sepia.jpgsiège du 61° bataillon de la Garde nationale. Certains insurgés après un procès sommaire,sont conduits un peu plus haut et fusillés. D'autres sont rassemblés et conduits à Satory sous escorte de la cavalerie. Parmi les prisonniers, le père Tanguy, est arrêté rue du Mont-Cenis. La température était ce jour là de trente degrés. Gautier, sur la route de Versailles assiste avec délectation au passage de ceux qu'il appelle le troupeau des Barbares modernes :

"Il faisait une chaleur à mettre les cigales en nage... le soleil versait sur la terre des cuillérées de plomb fondu. Ces malheureux, amenés des portes de Paris par des hommes à cheval qui les forçaient involontairement de presser le pas, fatigués du combaten proie à d'affreuses transes, haletants, ruisselants de sueur, n'avaient pu aller plus loin, et il avait fallu leur accorder un instant de repos. Leur nombre pouvaits'élever à 150 ou 200. Ils avaient du s'accroupir ou se coucher par terre comme un troupeau de boeufs que leur conducteur arrêtent à l'entrée d'une ville. Autour d'eux, les gardiens formaient le cercle, accablés comme eux de chaleur, se soutenant à peine sur leurs montures immobiles, et s'appuyant la poitrine au pommeau de leur selle....Ces captifs étaient devenus des prisonniers barbaares, Daces, G^tes, Hérules, Abares, comme on en voit dans les bas-relifs des arcs de triomphe et les spirales des colonnes trjanes. Ils n'avaient plus de costume spécial désignant une nationalité ou une époque. Un pantalon, une blouse ou une chemise,, tout cela collé au corps par la sueur ne les habillait pas, mais les empêchaient d'être nus ... Plusieurs s'étaient roulés du linge sur la tête pour se préserver du soleil, car on enlève leur coiffure aux prisonniers, afin de les rendre reconnaissable parmi la foule, s'ils essayaient de s'enfuir. D'autres avaient garni leurs pieds meurtris, de chiffons retenus par des cordelettes, qui leur donnait un aspect de Philoctète dans son lit.... Parmi ces prisonniers, il y avait quelques femmes assises sur leurs articulations ployées à la manière des figures égyptiennes dans les jugement funèbres et vêtues de haillons terreux, mais donnant des plis superbes...Une soif ardente, inextinguible, brûlait ces misérables, altérés par l'alcool, le combat, la route, la chaleur intense, la fièvre des situations extrèmes et les affres de la mort prochaine...

Il s haletaient et pantelaient comme des chiens de chasse, criant d'une vois enrouée et rauque, que ne lubrifiat plus la salive :-"De l'eau ! de l'eau ! de l'eau !" Ils passaient leur langue sèche sur leurs lèvres gercées, machaient de la poussière entre leurs dents et forçaient leurs gosiers arides à de violents et inutiles exercices de déglutition. Certes, c'étaient d'atroces scélérats, des assassins, des incendiaires, peu interesssants à coup sûr; mais, dans cet état, des bêtes même eussent inspiré la pitié. Des âmes compatissantes apportèrent quelques sceaux d'eau. Alors, toute la bande se rua pêle--mêle, se heurtant, se culbutant, se trînanant à quatre pattes, buvant à longues gorgées, sans faire attention aux horions qui pleuvaient sur eux. (...)

Le journal le Siècle  du 30 mai mentionne :

"Des femmes, non pas des filles publiques, mais des femmes du monde,, insultant les prisonniers sur leur passage, et même les frappant avec leur ombrelle"

 

10:40 Publié dans Les écrivains | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

28/02/2007

RETIF DE LA BRETONNE

Par Bernard Vassor

medium_RETIF_09.jpg
LE SPECTATEUR NOCTURNE

Une notice sur la vie de Rétif : RETIF_LES_CONTEMPORAINES_VIE_DE_RETIF_extrait_02.pdf

LA VERiTABLE HISTOIRE DE "INGENUE SAXANCOURT"

Les évènement décrits dans le roman "Ingénue Saxancourt" sont authentiques. Monsieur Saxancourt est Rétif lui-même, et Ingénue, est sa fille Agnès. Elle était née à Auxerre en 1761 et passa  sa jeunesse à Sacy, le village natal de son père.

A SUIVRE ....

..........................

15:15 Publié dans Les écrivains | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

04/12/2006

JEAN-JOSEPH VADE


L’inventeur du langage poissard

medium_VADE_front.jpg

Par Bernard Vassor 

Note de l’auteur (Vadé):

Il faut pour l’agrément de ce genre de langage,

avoir l’attention de parler d’un ton enroué,

lorsque l’on contrefait la voix des acteurs :

celle des actrices doit être imitée par une inflexion

poissarde et traînant à la fin de chaque phrase.

Jean-Joseph est né non pas en 1720 comme le prétendent toujours les historiographes, mais, comme en témoigne Le registre des actes de baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse Saint-Pierre de Ham :

-- Le 19 janvier 1719 est né de légitime mariage et le lendemain baptisé Jean-Joseph fils de Jacques Vadé et d’Anne La Carrière. Le parrain fut Joseph Gomard, la marreine Jeanne La Carrière, tante de l’enfant, lesquels ont signé et mis leurs marques les mesmes jours et  an….

Le père, Jacques Vadé était originaire d’un petit village, Villiers-Saint-Christophe, où il s’était marié. Il était venu à Ham s’établir cabaretier. Le milieu dans lequel vécu le petit Jean-Joseph, ne fut pas sans influence sur l’esprit du futur chansonnier… La famille vint s'établir à Paris vers 1725. Après de brèves études il fut pourvu d'un emploi "dans les finances" à Sois, à Laon, puis à Rouen.  Rappelé à Paris,il obtint une sinécure qui lui permit de consacrer tout son temps à l'écriture. Sa littérature grivoise , fit de lui un auteur recherché dans la bonne société parisienne, mais aussi de solides inimitiés. Voltaire qui ne lui pardonna pas son intimité avec son ennemi Fréron saisit toutes les occasions d'accabler Vadé qui fut l'inventeur du qualificatif un peu courtisan pour Louis XV de Bien-aimé.  --"Un polisson nommé Vadé, imagina ce titre (de  Bien-aimé)  que les almanachs prodiguèrent" Voltaire dans ses Mémoires
A la suite d'une maladie que l'on dit pudiquement de la vessie, un chirurgien tenta une opératin qui provoqua une hémorragie à laquelle il succomba en 1757  

LA PIPE CASSEE 

CHANT II 

Voir Paris, sans voir la Courtille,

Où le peuple joyeux fourmille,

Sans fréquenter les Porcherons,

Le rendez-vous des bons lurons,

Cest voir Rome sans voir le Pape.

Ainsi ceux à qui rien n'échappe,

Quittent souvent le Luxembourg,

Pour jouir dans quelque faubourg,

Du spectacle de la guinguette.

 

 

Courtille, Porcherons Vill,

C'est chez vous que puisant ces vers,

Je trouve des tableaux divers., 

SOIREES DE HALLES 

(petit extrait) 

Margot,-- Parle donc , hai, beau morceau, si tu nous accoste pour nous dire des sottises en magnière d'injures, ça s'gâtera Coco.

Coco-- Pernez donc garde ! Faut-y pas prendre des mitaines pampine, figure à chien, cul pourri, tête de singe, matelas d'invalide, tu voudrois m' faire aller, mais ta colle, ça prend pas.

Margot -- Ah ! hai ! r'gardez-l'donc c'tariau, comme il est bien biau l'monsieu coupe-jarret, echappé d'Bicètre, morciau d'viande mal accroché, cadavrepestiféré, coeur de citrouille, fricassé dans la neige, recureur d'puits où lon met la fricassée, t'as la gueule morte, avec ta mine de p'lure d'oignon, ton nez resemble à un cul d'jument.

Coco -- A qui r'ssembl'tu, toi, charogne échappée d'la bouch'rie d'l'écaryeux chassieux, pucelle de la rue Maubuée, magnieuse de tuyaux d'pipes, voieirie ambulante, pourriture pestiférée(..)paillasse de corps-de-garde, chiffon ramassé dans les latrines (...)

11:15 Publié dans Les écrivains | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

12/06/2006

Oscar Méténier, la bohème à Montmartre et le Grand Guignol

Un épisode cocasse au théâtre de la rue Chaptalmedium_Oscar_Metenier_Grand-Guignol.jpg

Dans les locaux de l’ancien Théâtre-Salon, 20 bis rue Chaptal, on pouvait noter à l’affiche, les noms de Georges Courteline, Jean Lorrain et Oscar Méténier.
La censure s’abattit sur le théâtre, interdisant la programmation de certaines pièces.
Georges Courteline avait porté plainte contre le ministre, Méténier lui, avait utilisé un subterfuge : il faisait sortir le public à la fin des pièces autorisées, puis il l’invitait à rentrer de nouveau à guichets fermés sur invitation personnelle, pour assister à l’adaptation d’une pièce de Maupassant qui était le principal grief retenu par Anastasie. Malgré cela, le Grand-Guignol fut rouvert avec autorisation de jouer Mam’z’elle Fifi.

Oscar etait le fils d'un commissaire de police, lui même secrétaire du commissariat de la Roquette, ses amis l'avaient surnommé « le chien de commissaire. »
Chassé de son poste, Méténier fut remplacé par une autre personnalité montmartroise : Emile Reynaud.

........


Il allait écumer Montmartre en compagnie de ses compagnons de beuveries d’orgies, et de consommation de stupéfiants de toutes sortes, de l'ether à l'opium. Chaque plaisir avait son lieu d’élection : les brasseries de femmes pour femmes, les brasseries de femmes pour les deux sexes.
Parmi les membres de ce cénacle, Liane de Pougy, medium_Liane_de_Pougy.jpgRachilde et Sarah Bernard figuraient en bonne place.

............

 medium_Rachilde_Marguerite_Eymery_dite.jpgDans « La vache enragée » Jean Lorrain l’historiographe des bas-fonds raconte :

-« C’était dans Montmartre de longues flâneries, du matin au soir, cigarette aux lèvres, des halles au Rat Mort, en compagnie de petites femmes à cheveux courts, des stations et des beuveries dans le cafés de la rue des Martyrs, pour aller s’échouer dans l’atelier d’un peintre ami. Le soir on montait la rue des Abbesses ou des Trois Frères, et c’étaient d’interminables errances dans les inextricables ruelles qu’occupent aujourd’hui les assises du Sacré-Cœur »

Thibaut d'Antonay, Jean Lorrain, Miroir de la Belle Epoque, Fayard 2005
Photo : à gauche, Liane de¨Pougy
à droite Marguerite Emery dite Rachilde


PORTRAITS DE METENIER PAR LAURENT TAILHADE ET LEON DAUDET :

http://freresgoncourt.free.fr/portef2001/PortfOct/metenie...

Laurent Tailhade, G. Crès et Cie, 1921 Extrait de Petits Mémoires de la vie Extrait de Petits Mémoires de la vie :
En ce temps, l'auteur de Monsieur Betsy, de Madame la Boule, des Frères Zemgano et autres œuvres exemptes d'idées générales, discernait à peine l'orient de son étoile, dans les brumes du futur. Il sortait du régiment. Sa belle écriture, sa faconde opiniâtre, sa vulgarité, son outrecuidance naïve et couronnant le tout, un incassable respect de l'ordre établi, en avaient fait le parangon des sergents-majors. Dans le civil, encore que vêtu comme n'importe quel rond-de-cuir, il n'avait pas abdiqué toute allure militaire. Sanglé dans son harnais, il gardait je ne sais quoi de fringant et d'avantageux qui décelait en sa personne l'irrésistible sous-off. Secrétaire du commissaire de police pour le quartier Saint-Jacques, il préludait à sa carrière intellectuelle par l'exercice d'une fonction, héréditaire chez les siens. En effet, M. Méténier le père avait pris 0scar dans ses bureaux de la rue Jean-de-Beauvais. Ainsi l'instruisait-il dans les arcanes de son art. En dépit du prénom ossianesque dont il était affublé, Méténier junior n'avait en lui rien de gaélique ou de pensif. Petit, remuant, agité d'un tracassin perpétuel qui ne le laissait pas dix minutes en place et le faisait rebondir, de droite à gauche, comme un escarbot effaré, c'était un jeune homme sans jeunesse, le poil brun, les yeux du même, inexpressifs et ronds, la peau huileuse, avec le teint noir jaune des hépatiques, des dents superbes qu'il ne soignait guère, une moustache soldatesque et pommadée, un chef en boule, au menton fuyant, sans reliefs ni méplats. Tel apparaissait Oscar Méténier dans la fleur de son avril. C'était, en outre, un bavard effroyable. Ni l'heure, ni l'intervention d'étrangers, ni le désir avoué de rompre l'entretien ne parvenaient à lui imposer silence ; dès qu'il avait pris la parole et mis la main sur sa victime, c'en était fait. D'une voix de crécelle, enrouée et criarde tout ensemble, d'une voix étrange qui ne sortait des lèvres ni de la gorge et semblait tamisée à travers une pratique de polichinelle, sinon par le rauque gosier d'une effraie en chasse, il verbigérait, sans ponctuer ses phrases ni prendre haleine, pendant une longue suite d'heures, toujours dispos, toujours en forme. Il parlait comme le chien aboie à la lune. Il parlait comme la mer monte ou comme il pleut.
Vers 1885, on le rencontrait chez un manœuvre de lettres, Charles Buet, lequel, chaque semaine, groupait autour de lui, dans son appartement de la rue de Breteuil, un monde paradoxal et bigarré. Méténier, heureux de se produire à des confrères hors de page ou renommés pour avoir d'utiles accointances, bourdonnait, caracolait, coinçait les gens entre deux portes et les submergeait sous le flot de ses discours. MM. Félix Fénéon, Victor Margueritte, moi-même, et, parmi les morts, Jean Moréas, formions un auditoire qu'il aimait. Son esthétique, bientôt, n'eut plus de secrets pour nous. Les rapports de police l'avaient illuminé. À déguster cette prose forte qui sent le cuir, l'aramon, le tafia, la pipe et le sergot, il avait compris, d'un seul coup, l'essentiel du Naturalisme, la beauté du langage primaire ; il avait aspiré à l'Art simple et véritablement plébéien, en un mot, à l'Art sans art et mis au niveau du premier venu. Ces palabres, fort avant dans la nuit, se prolongeaient sur l'Esplanade, le long des quais, jusqu'à nos logis respectifs. Quelque intimité en fut bientôt le résultat, au point que Méténier, un beau soir, invita Moréas, M. Fénéon, peut-être aussi M. Victor Margueritte et moi, à passer l'après-midi ainsi qu'à dîner avec sa famille, le dimanche suivant. Il nous promettait la lecture d'une ou deux pièces, écrites pour le Théâtre Libre, suivant les canons du réalisme le plus intransigeant. En outre, il devait nous communiquer les rares éditions, les livres curieux, légués avec sa bibliothèque de travail, par un sien parrain ouvert aux choses de l'esprit.
La jeunesse est imprudente. Nous acceptâmes. Vers deux heures, donc, au jour dit, nous frappions à la porte d'Oscar. Il vint, nous introduisit dans son cabinet de travail. C'était la pièce d'apparat ; on sentait que le grand homme de la famille, gloire de la gent Méténier, se prénommait Oscar et que, désormais, tout cédait au bien-être du grand homme, concourait à la mécanique de ses élucubrations. La journée était froide. Un admirable feu de bûches rayonnait dans l'âtre et disposait aux vagues somnolences d'une causerie à bâtons rompus. Mais notre hôte ne l'entendait pas ainsi. La lecture ne fit point défaut. Pendant trois heures d'horloge, sans même que le lecteur eût pris un verre d'eau, nous entendîmes, outre les deux actes du programme, de copieuses nouvelles ; en même temps, le scénario d'un roman-feuilleton. Déjà, cependant, l'auteur aspirait à de plus hautes aventures. Ne sachant pas le russe, mais déjà certain de parler aussi bien que le français la langue tolstoïenne, il projetait de traduire, pour M. Antoine, la Puissance des ténèbres dans le verbe imagé de «la Zone», item de mettre à la scène un roman des Goncourt. L'un de nous, alors, gravement lui suggéra de ne pas s'attarder en si beau chemin, d'étendre, sur Athalie et Mithridate ses bontés, qui ne pouvaient que gagner à être mis dans un français tellement nouveau. À cinq heures et demie, Mme Méténier, la mère, vint installer, devant le feu entretenu diligemment, une vaste coquille, ainsi qu'un tournebroche à mouvement d'horlogerie où s'ajustait une dinde (elle disait «un» dinde) pantagruélique de la plus belle apparence. En peu de temps, la peau du volatile se boursoufla, tandis que ruisselait le beurre et qu'une forte odeur de rôti pénétrait nos vêtements et nos cheveux. Cela n'arrêta pas Oscar de poursuivre sa lecture, jusqu'au temps que, la dinde cuite à point, il nous fallut gagner la table et nous mettre à dîner. Pendant le repas, la lecture ne fut pas tout à fait interrompue. Oscar, à chaque instant, négligeait sa volaille pour aller chercher un livre, un cahier, nous demander notre avis sur quelque point de «gay-sçavoir». Et je songeais à l'épigramme de Martial, plus aisée à citer qu'à traduire, contre Ligurinus : Et stanti legis et legis sedenti, - Currenti legis et legis cacanti. - Ad cænam venio fugas sedentem. - Lassus dormio :: suscitas jacentem !*

.........

Les années d'apprentissage furent courtes pour Méténier. Comme Pierre Loti, mais cependant moins artiste que l'auteur d'Azyadé, il se glorifiait, à bon droit, de ne savoir aucune chose. En récompense de quoi le succès ne se fit pas attendre. On était alors en pleine ferveur naturaliste. À peine si, dans quelques feuilles d'avant-garde, la réaction de l'École décadente se faisait pressentir. Les lis du Symbolisme étaient encore à l'état de caïeux. Le Théâtre Libre, un peu plus tard les Variétés, où Réjane, comédienne sans égale, José Dupuis, d'autres encore, dignes de ces protagonistes, défendirent l'œuvre d'Oscar, n'enregistrèrent pour lui que des triomphes. Il avait, en effet, vu juste : «Pas d'idée et pas de style ! Cela suffit pour atteindre à la notoriété comme à l'argent.»
Le succès n'avait pas ennobli, - ce qui parfois arrive, - le caractère du garçon. Peu de temps après Monsieur Betsy, nous somnolions, quelques amis et moi, le nez dans notre bière, pendant un entracte du Chat-Noir. Entre Oscar, escortant avec force courbettes Camille Lemonnier. Son déplaisir ne fut pas petit de nous rencontrer en cet endroit. Après nous être divertis quelques moments de son embarras, de ses efforts pour cacher le grand homme et se cacher lui-même, nous abordâmes Camille Lemonnier que nous connaissions depuis dix ans pour l'avoir, à Bruxelles, rencontré souventes fois chez notre maître et glorieux ami Edmond Picard. Une poussée intense de bile rendit encore plus jaune le sourire d'Oscar !
Puis ce fut le Grand-Guignol, avec les représentations où l'«inouïsme» d'antan était remplacé par le scandale et par l'horreur : Dupont l'Anguille et tout ce qui s'ensuit ; ce fut encore la liaison tapageuse avec Lantelme, où la délicieuse enfant échangeait, avec son premier amour, des coups de poing, même des coups de chaise ; Méténier, directeur de théâtre et notable commerçant, le «quart d'œil» de 1884 devenu «physionomie parisienne» et boulevardier notable, comme on disait alors.
Puis ce fut le dénouement, lugubre, attristant et malpropre, l'infortuné mourant du mal qui emporta Maupassant, Baudelaire, pour ne citer que des noms immortels. Mais ce n'est pas la hideuse maladie, hélas ! qui confère l'immortalité.
Peu de temps avant sa mort, je le rencontrai dans le train de Passy. Il habitait Courcelles-Levallois. Sans trop d'efforts, il me reconnut et de meilleure grâce qu'au Chat-Noir. Déjà, car sa maladie était fort avancée, il cherchait ses mots, balbutiait les fins de phrases. Mais il bavardait comme autrefois, ne permettant pas qu'on plaçât un mot. Il rapportait un sac plein de bananes qu'avec l'incoordination des mouvements, caractéristique de son état, il répandit sur les banquettes, le tapis du wagon, entre les pieds des voyageurs. Or ce fut un lamentable spectacle de le voir, chancelant et mal d'aplomb, courir après ses fruits que les lacets du train faisaient rouler de côté et d'autres. Il se désolait comme un enfant. Tout le wagon, - ainsi que les fourmis d'Apulée, pour les perles de Psyché, - se mit en devoir de recueillir ses bananes. Quand le convoi stoppa gare de Courcelles, Oscar était enfin consolé.
Je ne l'ai pas revu depuis. Peu de temps après cette rencontre, je reçus, de sa main, une lettre où ne subsistaient plus que des vestiges graphiques. Sous le même pli, quelques lignes de Mme Méténier - la mère - me priant d'aller voir son fils. Puis, le lendemain, contre-ordre. Elle craignait l'émotion, - disait-elle, - d'une visite, la surprise et tout ce qui s'ensuit. La bonne dame redoutait - possible - une captation de testament in extremis. En tout cas, les lauriers étaient coupés et les beaux jours du dinde révolus.
Léon Daudet, devant la douleur , (deuxième série des Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux). Cité selon Léon Daudet, Souvenirs et Polémiques, R. Laffont, coll. «Bouquins», 1992, p. 210.
Oscar Méténier, camarade et collaborateur du précédent [Paul Alexis] était petit, noiraud et pétulant. Chien de commissaire de police, il se servait de sa fonction pour tirer d'ennui à l'occasion les copains aventurés comme Jean Lorrain et aussi pour documenter ses romans-feuilletons et ses pièces réalistes. Fureteur, cancanier, inventif, il nourrissait Edmond de Goncourt d'anecdotes plus ou moins authentiques, qui sont demeurées consignées dans le Journal. Même quand leur auteur n'est pas nommé, je le reconnaîtrais entre mille. Dès qu'il est question des bas-fonds de Paris, des mœurs des apaches et de leurs compagnes, ou de quelques vices «estranges et espouvantables», c'est que Méténier a passé par là. Il appartenait au genre dit «tournée des grands-ducs». Il aurait fait un chef d'informations incomparable pour la rubrique des faits divers ; il en aurait certainement rajouté.

14:15 Publié dans Les écrivains | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

11/06/2006

Les domiciles Parisiens de Maupassant

*1869-1876 : appartement loué 2 rue Moncey (Paris 9e) rez-de-chaussée du logement de son père

*octobre 1876-1880 : appartement loué 19 rue Clauzel (Paris 9e)medium_19_rue_Clauzel_hall_entree.jpg

*fin 1880-avril 1884 : appartement loué 83 rue Dulong (Paris 17e)

*fin mai 1884-1889 : appartement loué 10 rue Montchanin (Paris 17e) aujourd'hui rue Jacques Bingen

*novembre 1889-début 1890 : appartement loué 2 rue Victor Hugo (Paris 16e)

*30 avril 1890-janvier 1892 : appartement loué 24 rue Boccador (Paris 8e)

Il avait une garçonnière avenue Mac-Mahon (Paris 17e)

Sources: Photo 10 rue Jacques Bingen et document Noëlle Benhamou

10:35 Publié dans Les écrivains | Lien permanent | Commentaires (1) | | | | Digg! Digg

09/06/2006

Une information de Noëlle Benhamou sur Maupassantiana

Evénements

Colloque Maupassant de NaplesActualité de l’œuvre de Maupassant au début du XXIe siècle, Naples (Italie)
Colloque International avec le soutien del Rettirato dell’Università, degli Studi di Napoli “L’Orientale”, Dipartimento di studi comparati, facoltà di lettere e filosofia, facoltà di studi arabo-islamici e del mediterraneo, BCLA de l’ambassade de France en Italie, l’Institut français de Naples, l’Université de la Sorbonne nouvelle-Paris III, le Centre Zola-CNRS-ITEM de Paris.

LUNDI 12 JUIN
Salle des Conférences – Palazzo Du Mesnil
9h30 : Ouverture par Pasquale Ciriello, Rettore dell’Università degli Studi di Napoli L’Orientale, Danièle Rousselier, Directrice de l’Institut Français de Naples, Vittorio Marmo, Direttore del Dipartimento di Studi Comparati dell’Università degli Studi di Napoli L’Orientale, Simonetta De Filippis, Direttrice del Dipartimento degli Studi Letterari e Linguistici dell’Europa dell’Università degli Studi di Napoli L’Orientale.

Président de séance : Philippe Hamon (Paris)

10h00 : Henri Mitterand (Paris-New York), Variation sur les mœurs du jour : Maupassant et la chronique.

10h20 : Jacques Noiray (Paris), Maupassant juge de son temps dans les Chroniques.

10h40 : Colette Becker (Paris), Maupassant et la chronique.

11h00 : Silvia Disegni (Naples), Deux idées de chronique : Vallès et Maupassant.

Pause

11h30 : Lea Caminiti (Naples), L’histoire policière dans la Petite Roque.

11h50 : Peter Wetherill (Manchester), Maupassant, ironie de l’histoire.

12h10 : Rita Stajano (Salerne), La chevelure : la “mise en récit”, une réflexion sur le fantastique.

12h30 : discussion.

Déjeuner

Président de séance : Mario Petrone (Naples)

15h30 : Philippe Hamon (Paris), La vibration chez Maupassant.

15h50 : Noëlle Benhamou (Amiens), Boule de Suif au théâtre Antoine : de Maupassant à Méténier.

16h10 : Anne-Simone Dufief (Angers), Maupassant et la bataille du théâtre libre.

16h30 : Kelly Basilio (Lisbonne), Une partie de campagne et son adaptation cinématographique par Renoir.
Pause

17h00 : Anna Maria Pedullà (Naples), La lettura greimasiana di Deux amis di Maupassant.

17h20 : Fernando Schirosi (Bari), Letteratura e giornalismo : il caso di Bel-Ami di Maupassant.

17h40 : Maria Cerullo (Naples), États d’âme, sentiments et émotions dans Une vie de Maupassant.
18h00 : discussion.


MARDI 13 JUIN

Institut Français de Naples, via Crispi, 86

9h30 : Ouverture par Mme Danièle Rousselier, Directrice de l’Institut Français de Naples.

Président de séance : Henri Mitterand (Paris-New York)

10h00 : Mario Petrone (Naples), La femme entretenue dans les Contes de Maupassant : l’exemple du Pain maudit.

10h20 : Giuseppe Grilli (Pisa), Brevità/Velocità del racconto : un confronto Maupassant/Clarín.

10h40 : Jean-Pierre Leduc-Adine (Paris), Fort comme la mort, problème de l’art.

Pause

11h10 : Antonia Fonyi (Paris), Maupassant sous regard pluriel. Petit parcours méthodologique.

11h30 : Joëlle Ponnier (Paris), Rituels mondains et protocoles narratifs dans l’œuvre romanesque de Maupassant.

11h50 : Alexandra Dulau (Cluj-Napoca–Roumanie), La peur dans les Contes de Maupassant.

12h10 : Pierre Dufief (Brest), Maupassant épistolier.

12h30 : discussion.

Déjeuner

Président de séance : Jacques Noiray (Paris)

15h30 : Agnès Fraysse (Paris), Maupassant vu par les médecins contemporains.

15h50 : Roman Reisinger (Salzbourg), Maupassant et les naturalistes à l’aube de la psychanalyse.

16h10 : Miruna Opris (Cluj-Napoca–Roumanie), Eléments fantastiques chez Hoffmann et Maupassant.

Pause

16h40 : Danielle Coussot (Paris), Portraits et caricatures. Le monde de Maupassant dans l’iconothèque Zola.

17h00 : Yannick Preumont (Cosenza), De En famille à Une famille: introduction à la rhétorique du “piège” selon G. de Maupassant.

17h20 : Domenica De Falco (Paris), S’émietter : Maupassant et le spectre du vieillissement.

17h40 : discussion.

Conclusions du colloque par Philippe Hamon – Henri Mitterand – Jacques Noiray – Mario Petrone.

_____________________________________________________________________________________________

Articles et contribution à des actes de colloque-

Noëlle Benhamou, « Le Moyen Age dans l'oeuvre de Maupassant. Histoire, Légende, Poétique », Études littéraires (Laval, Canada), « Les bibliothèques médiévales du XIXe siècle », n° coordonné par Luc Bonenfant, XXXVII, n°2, décembre 2005, p.133-149.

- Jean-Claude Jørgensen, « Des vengeances détournées de leur fin dans les nouvelles de Maupassant », dans La Vengeance et ses discours, actes du 26e colloque d'Albi Langage et significations de juillet 2005,, dir. par Pierre Marillaud et Robert Gauthier, juin 2006, p.272-282.
Pour tout renseignement, consulter la page Web : http://www.univ-tlse2.fr/gril/Albi06.htm

- Floriane Place-Verghnes, « « La vente de ma figure » : Maupassant face à l’icônisation photographique », Les Cahiers du XIXe siècle, n°1, 2006, p.175-197.



« J’ai des nouvelles de Maupassant »
Samedi 10 juin à 20h30, la compagnie de la Presqu’île jouera sa pièce « J'ai des nouvelles de Maupassant » à la Godinette à Romazy (35).
Pour tout renseignement :
Théâtre de la Presqu’île
51 rue de Notre Dame
50400 GRANVILLE (France)

Réservations : 02.33.91.92.92

e-mail : theatre-presquile@wanadoo.fr

http://theatre-presquile.over-blog.com/article-1633863.html

19:10 Publié dans Les écrivains | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg