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24/08/2014

A Montmartre, quelques rues cafés, bals et guinguettes aujourd'hui disparus

Par Bernard Vassor

quelques images du temps de Gervaise, Nana et Germinie Lacerteux.

Tour Solférino,Montmartre,second empire

 Cette tour, construite en 1859, sur l'emplacement du moulin de la Lancette. Un restaurant très cher,permettait en mangeant d'admirer le plus beau panorama parisien. Une passerelle conduisait à l'entrée de la Tour Solférino, où moyennant un droit de passage, le chaland pouvait gravir les escaliers conduisant au sommet. Pendant la guerre de 1870, une partie du bâtiment fut rétréci, quand on s'apercut que le point de mire que représentait cet édifice, servait de réglage aux batteries prussiènnes pour atteindre la Butte Montmartre.  L'ouvrage fut détruit en 1874.

C'est peut-être là que Zola, dans "La Curée" situe la scène du restaurant de Montmartre :

 Deux mois avant la mort d'Angèle, il l'avait menée, un dimanche, aux buttes Montmartre. La pauvre femme adorait manger au restaurant ; elle était heureuse, lorsque, après une longue promenade, il l'attablait dans quelque cabaret de la banlieue. Ce jour-là, ils dînèrent au sommet des buttes, dans un restaurant dont les fenêtres s'ouvraient sur Paris, sur cet océan de maisons aux toits bleuâtres, pareils à des flots pressés emplissant l'immense horizon. Leur table était placée devant une des fenêtres. Ce spectacle des toits de Paris égaya Saccard. Au dessert, il fit apporter une bouteille de bourgogne.     Il souriait à l'espace, il était d'une galanterie inusitée. Et ses regards, amoureusement, redescendaient toujours sur cette mer vivante et pullulante, d'où sortait la voix profonde des foules. On était à l'automne ; la ville, sous le grand ciel pâle, s'alanguissait, d'un gris doux et tendre, piqué çà et là de verdures sombres, qui ressemblaient à de larges feuilles de nénuphars nageant sur un lac ; le soleil se couchait dans un nuage rouge, et, tandis que les fonds s'emplissaient d'une brume légère, une poussière d'or, une rosée d'or tombait sur la rive droite de la ville, du côté de la Madeleine et des Tuileries. C'était comme le coin enchanté d'une cité des Mille et une Nuits, aux arbres d'émeraude, aux toits de saphir, aux girouettes de rubis. Il vint un moment où le rayon qui glissait entre deux nuages fut si resplendissant, que les maisons semblèrent flamber et se fondre comme un lingot d'or dans un creuset.
    - Oh ! vois, dit Saccard, avec un rire d'enfant, il pleut des pièces de vingt francs dans Paris !
    Angèle se mit à rire à son tour, en accusant ces pièces-là de n'être pas faciles à ramasser. Mais son mari s'était levé, et, s'accoudant sur la rampe de la fenêtre :
    - C'est la colonne Vendôme, n'est-ce pas, qui brille là-bas ?... Ici, plus à droite, voilà la Madeleine... Un beau quartier, où il y a beaucoup à faire... Ah ! cette fois, tout va brûler ! Vois-tu ?... On dirait que le quartier bout dans l'alambic de quelque chimiste.
boxeurs

 Cette photographie, supposée avoir été prise à Montmartre sous le second empire, nous montre un entraînement de boxe (ou un duel) dans un espace limité par les couvre-chef des combattants et ce qui semble être deux arbitres.

rue de Lévisse

 Montmartre en 1860, rue Lévisse.

gervaise, Assommoir

Gervaise de sa fenêtre de l'hôtel Boncoeur, situé boulevard Poissonnière pouvait apercevoir « la salle du père Colombe » dans la rue qui n'était pas encore la rue de Lévissse, mais la rue des Poissonniers : 

L'assommoir du père Colombe se trouvait au coin de la rue des Poissonniers et du boulevard de Rochechouart, L’enseigne portait, en longues lettres bleues, le seul mot : Distillation, d’un bout à l’autre il y avait à la porte deux moitiés de futaille, des lauriers roses poussiéreux, Le comptoir énorme, avec ses files de verres, sa fontaine et ses mesures d’étain, s’allongeait à gauche en entrant ; et la vaste salle, tout autour, était ornée de gros tonneaux peints en jaune clair, miroitants de vernis, dont les cercles et les cannelles de cuivre luisaient. Plus haut, sur des étagères, de bouteilles de liqueur, des bocaux de fruits, toutes sortes de fioles en bon ordre, cachaient les murs, reflétaient dans la glace, derrière le comptoir, leurs taches vives, vert pomme, or pâle, laque tendre. Mais la curiosité de la maison était, au fond, de l’autre côté d’une barrière de chêne, dans une cour vitrée, l’appareil à distiller que les consommateurs  voyaient fonctionner, des alambics aux longs cols, des serpentins descendant sous terre, une cuisine du diable devant laquelle venaient rêver les ouvriers soûlards »2.

 Château-Rouge,montmartre

 Carte postale, d'après une gravure de 1870-1871 représente le fameux bal du Château-Rouge occupé par les gardes nationaux de la 18° légion. Cet espace était borné à l'est par la rue de Lévisse :  A la suite d'une demande formulée par les sieurs Lévisse, Poulet, Dubray et Duseigneur, d'ouvrir sur des terrains situés à Montmartre (Seine) leur appartenant, 5 rues et une place* en se conformant aux conditions d'un acte sous seing privé du 10 décembre 1844. Les délibérations du Conseil municipal dont la dernière en date sont du 12 juin 1846, après consultation du Conseil d'Etat, autorise les sieurs Poulet, Lévisse, Dubray et Duseigneur d'ouvrir cinq rues et une place, à la charge pour eux d'abandonner gratuitement à cette commune la propriété du sol des voies nouvelles et de se conformer aux clauses de l 'acte conclu le 10 décembre 1844 entre eux et l'administration municipale, Les alignements de ces voies assignent une largeur de 14 mètres à la rue Lévisse, et 12 mètres aux autres voies, Autorisation du 14 mars 1847, Ces rues nouvelles auront une existence éphémère, La rue Lévisse, par exemple sera amputée lors des travaux d'Hausmann conduisant au percement en 1863 d'un boulevard dénommé d'abord boulevard Ornano, puis Barbès en 1882 dans la partie sud,, Au numéro 10 de la rue Lévisse se trouvait le Bal du Grand Turc évoqué par Emile Zola dans l'Assommoir. 

 -*La place en question était ce qui reste de l'actuelle place Belhomme dont une partie fut emportée par l'élargissement du boulevard et La construction d'immeubles nouveaux.

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