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19/08/2014

Un anarchiste converti : Pierre Dufour dit Paterne Berrichon

Par Bernard Vassor

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Arthur et Frédéric Rimbaud

"L'HOMME A LA BARBE NOIRE DE MISSIONNAIRE"

Pierre dufour et son jumeau Alexandre ont vu le jour à Issoudun en 1855. Les enfants furent placés au Collège de Chezal-Benoit, puis au lycée de Châteauroux. Leur mère mourut en 1868 et le père en 1872. Alexandre s'embarqua pour l'Amérique du sud. Pierre vint à Paris pour suivre les cours de l'Ecole des Beaux-Arts. A l'appel de la classe 1875, il est conduit à partir militaire. Pendant son service, il est condamné à 2 ans de prison pour refus d'obéissance. Gracié au bout de seize mois, il est envoyé à Tours pour finir son temps. Revenu à Paris, il fréquenta Le Soleil d'Or place Saint-Michel. C'est là qu'il changea son nom de Dufour en Paterne Berrichon, Paterne pour rappeler l'église Sainte-Paterne d'Issoudun, et Berrichon, parce qu'il était originaire du Berry tout simplement. Menant une vie de bohème, il voulut être écrivain, puis artiste peintre, il tenta en vain de vendre ses tableaux. Son frère et ses sœurs l'aidèrent un peu. Sans domicile fixe, il fréquentait les cénacles de Montmartre et du Quartier Latin, collabora à la revue Lutèce, au Décadent, au Mercure de France, au Chat Noir et à la Revue Blanche. Il participa à toutes les manifestations du Quartier latin, frondeur, antimilitariste, membre d'une "ligue des anti-propriétaires» provoquant des bagarres, il fut arrêté à deux reprises pour résistance à agent de la force publique. Ses excès, la misère financière qui le conduisait à ne pas manger tous les jours l'on conduit à faire de fréquents séjours dans les hôpitaux. Poursuivi plusieurs fois en correctionnelle et en Conseil de Guerre, lui font alterner séjour hospitalier et incarcérations. On peut aussi entre temps le rencontrer dans les cabarets et les bouges de Montmartre où il eut la révélation de quelques poèmes d'Arthur Rimbaud. A cette époque, il eut une maîtresse qui l'entretenait, ils habitaient 50 rue Lhomond. On assure que François Copée lui fit un don de deux louis d'or, que la comtesse de Martel (Gyp) venait lui rendre visite dans "une horrible rue de la rive gauche, dans une maison à l'entrée de laquelle coulait un ruisseau infect." Anarchiste, il avait été compromis dans l'affaire du pillage des boulangeries avec Louise Michel. C'est dans ce contexte qu'il fit la connaissance d'Isabelle Rimbaud quelques années après la mort de celui-ci. Il était toujours en ménage avec la femme qui l'avait entretenu. Le choix ne lui fut pas difficile, la situation financière d'Isabelle et la perspective de gérer les droits d'auteur emportèrent sa décision. A ce régime, sa barbe devint grise, puis blanche, on trouvait qu'il ressemblait à Rodin. Ainsi donc, notre Berrichon commença sa conquête d'Isabelle dans le but d'enlever à Frédric Rimbaud et à ses filles les droits de succession littéraire, amenant la sœur du poète à attacher de l'importance à l'oeuvre qu'elle avait peu de temps auparavant dénigrée. Après leur mariage, l'exploitation non seulement des œuvres d'Arthur*  "il fallait cacher certains épisodes de sa vie", le charcutage  des textes, "parce que le public ne comprendrait pas" mais aussi des papiers de son père le capitaine, prit de l'ampleur, ainsi que l'achat de terres jusqu'à la mort d'Isabelle d'un cancer de l'estomac en 1917. L'immense chagrin du très pieux Paterne fut de courte durée; il avait écrit à un ami "qu'avec sa femme était partie son âme et qu'il lui tardait de la rejoindre dans le ciel" (il s'était entre temps converti, passant de Bakounine et Ravachol à la plus grande piété). Sur ce, sans tarder, il convola en justes noces très peu de temps après avec  une nommée Marie Saulnier  avec qui il vécut jusqu'à sa mort ab intestat le 30 juillet 1922

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es falsificateurs :

A la mort de madame Rimbaud en 1907, l'état de succession ne fit pas mention des droits d'auteur dus à la mère de l'auteur, dont Frédéric aurait dû recevoir sa part si ils avaient été révélés.... spoliant donc le frère d'Arthur. Ce n'est que plus tard, lorsque les filles de Frédéric mesdames Emilie Tessier-Rimbaud  et Nelly Lecour, averties par Ernest Delahaye en 1925 comprirent qu'elles avaient été dépouillées deux fois, la première en 1907, la seconde à la mort de leur tante Isabelle en 1917. Une petite fille d'Emilie m'a confié ce soir les turpitudes qu'avait fait subir à sa grand-mère, aussi bien Paterne que sa femme Isabelle (la sœur d'Arthur et de Frédéric donc), qui avaient conscience de les avoir grugé mais trouvaient des justifications à leur spoliation. A l'enterrement de la mère de Rimbaud, Frédéric ne fut pas invité, et son nom même pas mentionné. Nous savons le désintéressement du modeste Frédéric, il avait donné à ses enfants les immeubles qu'il avait reçus à la mort de sa mère. C'est alors que Paterne Berrichon inventa une convention verbale avec Rachilde (ou Vallette ?) pour s'approprier les droits d'auteur (madame Vallette, propriétaire du Mercure de France) dont les clauses n'ont pas été révélées, fait unique dans l'histoire de l'édition !!!

*Avec l'assentiment et la complicité d'Isabelle, la correspondance fut caviardée, ses cahiers d'écolier mis au jour, une "biographie" de Jean-Nicolas-Arthur mensongère et assez fantaisiste, ainsi que l'ajout de vers inédits ou supposés, et une nouvelle  histoire de Rimbaud "le Voyageur".

Si l"on ajoute les mensonges des époux indignes concernant les papiers concernant Arthur avaient été brûlés à Roche lors de l'invasion allemande dans les Ardennes dans le but de dissimuler à Frédéric et à ses sœurs l'existence de droits d'auteurs.

Les biographes de Rimbaud (je ne comprend pas la complaisance de Jean-Jacques Lefrère à son égard) continuent de passer sous silence cet épisode peu reluisant des époux pervers : Pierre et Isabelle la catholique ....caviardeuse !!!!

Le 25 juillet 1901, un buste de Rimbaud dont la maquette était l'oeuvre de Paterne Berrichon fut inauguré sur une place de Charleville au square de la gare Frédéric ne fut pas convié.

J t-r 

 mise à jour le 19 août 2014

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