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20/12/2012

LA FOIRE AU PAIN D'EPICE (en 1869) ET AU JAMBON

Par Bernard Vassor

1869,paris

Pendant deux ou trois jours, Paris avait une physionomie bizarre. On ne voyait partout le lundi de Pâques que des gens portant de grands "bonhomme" de toutes les tailles. Les grandes personnes les plus sérieuses devenaient des enfants, jouant à des jeux de gamins, comme si elles étaient des gamins elles-mêmes. S'apostrophant, faisant des remarques parfois désobligeantes mais avec humour sur les accoutrements des uns et des  autres. Une gaité populaire s'en donnait à cœur joie pour célébrer, oubliant la République, le Roi du Pain d'Epice. Des baraques de bois peint étaient pleine de jouets, de mirlitons, de sifflets et de crécelles le long des boulevards, où se dressaient de grands mats enrubannés de longues oriflammes de toutes les couleurs. Comme au bon temps du Boulevard du Crime, des saltimbanques forment des parades, incitant les gens à grand renfort de plaisanteries plus ou moins salace, à « venir admirer, la grrrrande représentation, le spectacle le plus extraordinaire qu’on va donner à l’intérieur! ». Le pain d’épice, roi de la fête s’étale par dizaines de kilos, peu importe qu’il soit bon ou mauvais pourvu que l’on ait eu le plaisir de le gagner à une loterie, un tourniquet ou à un jeu de quilles. On mange le pain d’épice en écoutant monsieur Bambochinet vous prédire d’heureuses nouvelles à partager avec vos connaissances et amis. Sa dernière révélation est la découverte aux environs de Montrouge d’une mine de fromage de…Hollande, et d’une source de café à la crème.

Le jour de la rupture du carème était consacré à la Foire au Jambon.   

La tradition était plus ancienne, Olivier de Serres (1539-1619)  raconte que de son tems, on accourait des provinces, & surtout de Normandie & de basse Bretagne, apporter à cette foire du porc salé. Le meilleur venant de Châlons-sur-Saône » A paris, au chapitre de Notre-Dame, des cérémonies solennelles « baconiques » où l’on ne servait que du porc étaient organisées le jeudi suivant la Semaine Sainte sur le parvis de la cathédrale, telle est croit-on que provient l’origine de cette ancienne Foire au Jambon appelée le décarèmage. Le jambon et le lard étaient bénis à l’intérieur de la cathédrale. Par la suite, le jour du décarèmage a été déplacé du jeudi au mardi pour faire suite à la Foire au Pain d’Epice.

 

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Le Pré Catelan, le bois de Boulogne, embellissements de Paris par Jean-Charles Alphand.

Par Bernard Vassor

Pré Catelan,

En 1852, la ville de Paris obtint par décret la propriété du bois de Boulogne qui appartenait à l'Etat, à la condition que dans les années suivantes soient engagés 2 millions de francs pour des travaux d'embellissement, travaux qui furent achevés en 1856.

Le bois, qui s'étend de la porte Maillot à l'ouest, jusqu'aux bords de la Seine est une parcelle de ce qui fut l'immense foret de Rouvray (chênes rouvres) laissée à l'abandon jusqu'au premier empire, où Napoléon fit tracer quelques routes et la purgea des bandes de malfaiteurs qui y sévissaient.

Les invasions étrangères accompagnant le retour des émigrés et de Louis XVIII virent la plus grande partie des arbres incendiés ou détruits par les armées d’occupation anglaises et russes de 40 000 hommes en 1814 et 1815. Adolphe Thiers paracheva le massacre en amputant une grande portion du bois lors de la construction en 1841 du nouveau mur d'enceinte. Les grands chênes, amère destinée, finirent leur existence comme vulgaire terre de déblai pour la création d'îles artificielles dans la Seine.

C'est sous la direction de l'ingénieur Jean-Charles Alphand* et Jean-Pierre Barrillet prenant la suite d'un certain Varé, totalement incompétent, que 200 000 arbres furent plantés, et l'architecture aménagée de manière harmonieuse, comme tout ce qu'entreprenait l'ingénieux ingénieur visionnaire injustement  méconnu à mon goût. Nous devons à Jean-Charles Alphand la plupart des plantations de ses promenades, de nombreux squares, d’arbres bordant les grandes voies le bois de Vincennes, le parc Monceau, le boulevard Richard-Lenoir, le parc des Buttes-Chaumont, du parc Montsouris, le square des Batignoles, le square du Temple, les jardins du Trocadéro pour l’exposition de 1878. Il prit part à l’organisation des expositions universelles de 1867, 1878 et surtout de 1889. J"allais oublier sa partticipation à la création du Jardin d'Acclimation et à bien d'autres travaux.

boulogne,pré catelan

Dans le centre du bois, entre la rivière et la cascade se trouve le Pré Catelan. Sur un des chemins y conduisant, on pouvait apercevoir au XIX° siècle les traces d’un tombeau à l’emplacement de l’endroit ou un crime avait été commis. Le roi Charles VII, avait fait venir à sa cour un trouvère nommé Catelan. Celui-ci, devant se rendre à l’église Notre-Dame-de-Boulogne obtint du roi une escorte pour traverser la foret de Rouvray qui était infestée de brigands. Mais, en chemin, ce sont les hommes chargés de le protéger qui l’assassinèrent. Le nom de Pré Catelan fut donné à « la scène du crime ».

C’est un grand parc à l’intérieur d’un parc plus grand agrémenté par Jean-Charles Alphand de jardins aux arbres d’essences rares de  plus de cinquante ans, transplantées grâce à des procédés nouveaux.

On y trouvait une villa italienne, une brasserie hollandaise, des pavillons, des chalets, des théâtres, des kiosques, un laboratoire de chimie, un bureau de télégraphie électrique, un atelier de photographie, de nombreux ouvriers travaillaient en permanence à l’amélioration de ces magnifiques établissements.

Certains soirs, lors de grandes fêtes, les jardins étaient éclairés par cent mille becs de gaz.

A l'heure où nous parlons, un grand groupe de luxe a obtenu l'autorisation de construire un bâtiment de plus de quarante mètres de hauteur sur l'emplacement du manège des papillons, de restaurants  et surtout la suppression d'une grande partie de "L'Allée Alphand"sur un  terrain en principe inconstructible. Tout cela pour satisfaire les caprices d'un homme voulant sa fondation pour concurencer un autre grand du luxe.

Ajoutons, mais n'y voyez pas malice, que ce grand capitaine d'industrie a choisi de s'installer en Belgique, non pas pour des raisons fiscales, mais peut-être pour la proximité du Manneken-Pis, ou bien celle nouvelle, d'un acteur pétomane ? L'inauguration du blockhaus culturel mégalomaniaque est prévue pour 2013 !

*Il a vu le jour à Grenoble le 26 octobre 1817, décédé à Paris le 6 décembre 1891.    

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19/12/2012

PARIS DISPARU : LE PASSAGE DU PONT-NEUF, THERESE RAQUIN ET L’ÎLE DE SAINT-OUEN SAINT-DENIS

Par Bernard Vassor

A mon ami Alain.

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Le passage avait une entrée 44 rue Mazarine, et aboutissait 43 rue de Seine dans le VI° arrondissement .

Construit de 1823 à 1824, il fut démoli en 1912 pour créer la place Jacques Callot. Dumas, dans le Comte de Monte-Cristo, fait traverser le passage du Pont-Neuf par Mme Danglars .

........................... 

Dans le premier chapitre de Thérèse Raquin, Zola décrit  le passage du  Pont-Neuf, une sorte de corridor étroit et sombre. Après avoir présenté ces lieux sinistres, il dresse un tableau de la boutique de Thérèse et des habitants du passage :

«.-Le soir, trois becs de gaz, enfermés dans des lanternes lourdes et carrées, éclairent le passage. Ces becs de gaz, pendus au vitrage sur lequel ils jettent des taches de clarté  fauve, laissent tomber. Autour d'eux des ronds d'une lueur pâle qui vacillent et semblent disparaître par instants. Le passage prend l'aspect sinistre d'un véritable coupe-gorge ; de grandes ombres s'allongent sur les dalles, des souffles humides viennent de la rue ; on dirait une galerie souterraine vaguement éclairée par trois lampes funéraires. Les marchands se contentent, pour tout éclairage, des maigres rayons que les becs de gaz envoient à leurs vitrines ; ils allument seulement, dans leur boutique, une lampe munie d'un abat-jour, qu'ils posent sur un coin de leur comptoir, et les passants peuvent alors distinguer ce qu'il y a au fond de ces trous où la nuit habite pendant le jour. Sur la ligne noirâtre des devantures, les vitres d'un cartonnier flamboient : deux lampes à schiste trouent l'ombre de deux flammes jaunes. Et, de l'autre côté, une bougie, plantée au milieu d'un verre à quinquet, met des étoiles de lumière dans la boîte de bijoux faux. La marchande sommeille au fond de son armoire, les mains cachées sous son châle. Il y a quelques années, en face de cette marchande, se trouvait une boutique dont les boiseries d'un vert bouteille suaient l'humidité par toutes leurs fentes. L'enseigne, faite d'une planche étroite et longue, portait, en lettres noires, le mot Mercerie, et sur une des vitres de la porte était écrit un nom de femme : Thérèse Raquin, en caractères rouges. A droite et à gauche s'enfonçaient des vitrines profondes, tapissées de papier bleu. Pendant le jour, le regard ne pouvait distinguer que l'étalage, dans un clair-obscur adouci. D’un côté, il y avait un peu de lingerie : des bonnets de tulle tuyautés à deux et trois francs. Vers midi, en été, lorsque le soleil brûlait les places et les rues de rayons fauves, on distinguait, derrière les bonnets de l'autre vitrine, un profil pâle et grave de jeune femme. Ce profil sortait vaguement des ténèbres qui régnaient dans la boutique. Au front bas et sec s'attachait un nez long, étroit, effilé ; les lèvres étaient deux minces traits d'un rose pâle, et le menton, court et nerveux, tenait au cou par une ligne souple et grasse On ne voyait pas le corps, qui se perdait dans l'ombre ; le profil seul apparaissait, d'une blancheur mate, troué d'un œil noir largement ouvert, et comme écrasé sous une épaisse chevelure sombre. Il était là, pendant des heures, immobile et paisible, entre deux bonnets sur lesquels les tringles humides avaient laissé des bandes de rouille. Le soir, lorsque la lampe était allumée, on voyait l'intérieur de la boutique. Elle était plus longue que profonde ; à l'un des bouts, se trouvait un petit comptoir ; à l'autre bout, un escalier en forme de vis menait aux chambres du premier étage. Contre les murs étaient plaquées des vitrines, des armoires, des rangées de cartons verts ; quatre chaises et une table complétaient le mobilier. La pièce paraissait nue, glaciale ; les marchandises, empaquetées, serrées dans des coins, ne traînaient pas çà et là avec leur joyeux tapage de couleurs. D’ordinaire, il y avait deux femmes assises derrière le comptoir : la jeune femme au profil grave et une vieille dame qui souriait en sommeillant. Cette dernière avait environ soixante ans ; son visage gras et placide blanchissait sous les clartés de la lampe. Un gros chat tigré, accroupi sur un angle du comptoir, la regardait dormir. Plus bas, assis sur une chaise, un homme d'une trentaine d'années lisait ou causait à demi-voix avec la jeune femme. Il était petit, chétif, d'allure languissante ; les cheveux d'un blond fade, la barbe rare, le visage couvert de taches de rousseur, il ressemblait à un enfant malade et gâté."  

Thérèse RaquinAuguste de Chatillon,ZOLA,dumas,jean baptiste Clément,

"Au bout de la rue Guénégaud, lorsqu'on vient des quais, on trouve le passage du Pont-Neuf, une sorte de corridor étroit et sombre qui va de la rue Mazarine à la rue de Seine."

Ce troisième roman de Zola a été écrit en 1867.

 Dix ans plus tôt, le peintre Auguste de  Chatillon, ami de Gérard de Nerval et Théophile Gautier avait composé un long poème : "Promenade à l'île de Saint-Ouen-Saint-Denis (partant des Batignoles)* " décrivant un paysage bordé de maisons de "bisque-en-coin" pour visiter cette île ; "comme une île de Cytère".  

-On entend des cris d'allégresses....

Voulez-vous voir une kermesse,

De gais buveurs, un gai festin ?

Ceux-là sont auprès du moulin;

Allons vers ce monde en liesse.

Dans ce poème, Chatillon s'en prend vertement aux canotiers qui viennent troubler les bouchons les des pêcheurs à la ligne !

Ce moulin situé sur l'île du Chatelier s'appelait "Le Moulin joli", il appartenait à Marie-Thérèse Compoint** la grand-mère Charlotte de Jean Baptiste Clément qui y avait passé une partie de son enfance. Près du moulin, il y avait une gargote appelée "Le Moulin de la Galette", un privilège dont bénéficiaient les meuniers depuis toujours, selon le droit coûtumier.

C'est dans cette île, près d'un moulin de cage, que les personnages de Thérèse Raquin : Laurent Camille et Thérèse se rendirent un dimanche d'automne pour une partie de campagne. C'est là que germa l'idée d'assassiner Camille, le mari de Thérèse dans le cerveau de Laurent. Après avoir loué une barque auprès de l'aubergiste, fit monter Camille et Thérèse, et Laurent, après s'être avanturé entre deux îles saisit Camille à la gorge et commença à l'étrangler. près une bagarre mouvementée, Laurent fit tomber Camille dans la Seine. Celui-ci, ne sachant pas nager se noya inexorablement. 

Quelques questions me tirlipotent : Jean Baptiste (sans trait d'union) a--t-il lu Thérèse Raquin ? Emile Zola connaissait-il l'existence de Clément ? En 1867, Clément, poursuivi par la police s'était réfugié en Belgique (c'est à Bruxelles dit une légende, que Clément échangea avec le chanteur d'opéra Antoine Renard sa chanson : Le Temps des Cerises, contre un macfarlane). Revenu à Paris, il fut élu délégué de la Commune de Paris pour le dix-huitième arrondissement, Zola, chroniquer à Versailles ne pouvait pas l'ignorer.

*En ce temps là, de petites îles se trouvaient réunies par plusieurs ponts entre Saint-Ouen et Saint-Denis.

**La riche famille Compoint à qui l'on a donné pas moins de trois noms de rues à Montmartre. Elle possédait une grande partie de terres agricoles à Saint-Ouen et un tiers du versant nord de la commune de Montmartre. Vincent Compoint un oncle de Clément  fut maire de Saint-Ouen.

Mise à jour le 19/12/2012.

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17/12/2012

Les cafés-concerts des Champs-Elysées en 1860, à l'origine de la création de la SACEM, par, ou grâce à Ernest Bourget

PAR BERNARD VASSOR

Café chantant 05 couleur hauteur.jpg
Avant les café-concerts, il y eut des cafés chantants en plein air, devant des kiosques à musique tenus par des cabaretiers. L'entrée était gratuite, mais un verre d'eau sucrée coûtait deux francs pour une place sur un fauteuil aux Champs-Elysées, un franc cinquante sur une chaise, et il fallait renouveler les consommations à l'Alcazar d'été ou aux Ambassadeurs.
 
Il y en avait pour tout le monde, vous pouviez entendre un ténor bossu ( avec une vrai bosse qu'il pouvait dévoiler à la demande), une chanteuse mauresque, ainsi bizarement surnommée parce qu'elle était née à la Martinique, et vêtue d'habits chinois !!! On pouvait entendre un comique normand patoisant, voir et écouter le quadrille des clodoches, des clowns en caleçons rouges sur un maillot blanc, des ballerines comme à l'Opéra, et surtout les
Tyroliennes en véritables habits folkloriques. Les scies populaires du moment (en 1860) sont : "Les pompiers de Nanterrele Sire de FramboisyOhé ! les p'tits agneaux, la chanson du Sapeur, j'ai le nez qui r'mue et le doigt de pied qui m'chatouille. Un public élégant ne craint pas d'assister à ces spectacles où Thérésa obtient un véritable triomphe avec des chansons stupides ! Depuis quelques temps, grâce à un procès retentissant intenté par un auteur Ernest Bourget, les cafés chantants paient des droits d'auteur à une Association des auteurs et compositeurs créée pour l'occasion.

Le Café des Ambassadeurs près de l'avenue Gabriel doit son nom doit son nom à la fréquentation de quelques employés et à la proximité des ambassades environantes. 

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D'abord Café en plein air, devant le succès remporté par cette formule, le patron du café fit construire par Hittorff en 1841 une immense salle "en dur". Il engagea alors beaucoup de jeunes chanteurs et fantaisistes.

En 1847, un auteur Ernest Bourget est attablé avec des amis. Au moment de régler l'addition, Bourget refuse de la régler, arguant que les chansons qu'il avait entendues, ne lui avaient pas été rémunérées.

Procédurier, le patron des ambassadeurs fit coffrer les trois compères et engagea un procès pour grivèlerie.... Mal lui en prit, la justice donna raison à Ernest Bourget. En 1850, à l'imitation de la Société des Auteurs crée par Desnnoyer dont Balzac fut un temps président,  une société de défense qui allait devenir la SACEM vit le jour.

Besselièvre, lui aussi eut à répondre pour une autre chanson à des poursuites judiciaires.

.....................

Une chanson que l'on connait par cœur aujourd'hui nous est restée, bien que Bourget ne touche plus de droits depuis belle lurette, c'est : "Le Sire de Frammboisy"  

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16/12/2012

Les concerts Besselièvre aux Champs-Elysées en 1868. En un mot, c’était le domaine de la PARISIENNE.

Par Bernard Vassor

besselièvre,musard,champs-elysées

UN ENDROIT OU UNE MERE PEUT SANS DANGER Y MENER SA FILLE.

Une des curiosités des Champs-Elysées est « le concert Besselièvre »qui prit la succession du « concert Musard » créé en 1835. Les soirées du vendredi étaient une grande curiosité. La place du Cours de la Reine devint le rendez-vous du monde élégant, un de ces endroits où la mode tient sa cour et où il fallait être vu. Les dames distinguées venaient y étrenner leurs robes nouvelles et leurs chapeaux les plus insolites.  La particularités de cet établissement était, dirons-nous....: la rigidité des contrôleurs vis-à-vis du public féminin. Sous leur regard suspicieux, une dame non accompagnée ne pouvait obtenir de passeport d’entrée que si elle présentait au regard du surveillant, une figure donnant toutes les garanties de son honnêteté. La tâche du vigile était des plus délicates, car, rien ne ressemble plus à une honnête femme à une dame qui ne l’est pas, et que les dames du meilleur monde victimes de la mode, imitaient par leur tournure, sans le savoir celles qui ne l'étaient pas, elles, de leur monde.

Dès que l'on apprit que l'endroit attirait les favorites de l'empereur, les irrégulières du demi et du quart-monde s'y précipitèrent en troupeaux. C'est pour cela qu'il lança :"Plus de biches ici !" Mais rien n'y fit, on ne retient pas le courant d'un fleuve avec une petite cuillere. LLes vigiles, plantons, agents des moeurs ne purent empêcher celles qui furent nommées pour l'occasion "Les Musardines", soeurs des Lorettes ou des Lolottes du quartier latin.

Ce fut aussi le rendez-vous des princes, princesses, barons et barones célébrités littéraires artistiques et politiques se réunissant sous les marroniers pour causer sans façon. La politique restait au vestiaire.

Monsieur Charles "de" Besselièvre avait un temps collaboré au "Corsaire", le vrai, celui de 48, Baudelaire et avait dirigé en 1857 la salle Musard de la rue Basse-du-Rempart. Fils d'un marchand de draps, Il n'avait pas plus que moi, droit à une particule. Il avait fait jouer en collaboration avec D'artois, une dizaine de pièces aux Variétés et au Vaudeville dont une avec Roger de Beauvoir. Il avait moyennant 10 000 francs sortis de sa poche fait publier sous son nom des articles vantant la pièce qu'il avait fait jouer la veille. Il se fit le commanditaire de "La Chronique", une feuille royaliste dirigée par l'inéffable Villemessant.

 Le coup d'Etat du 2 décembre précipita sa perte et celle du petit marquis.

Emile Goudeau qui fréquentait le concert Besselièvre entendit un jour un air cristalin intitulé "Hydropathen-valse" Goudeau serina tellement ses amis avec cette musique, qu'ils le surnomèrent "L'Hydropathe".

Besszelièvre après avoir dilapidé son héritage, fit faillite, et tomba dans un oubli total. Il est mort à Passy en 1882 dans la plus grande pauvreté semble-t-il.

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15/12/2012

Histoire de "Bouillons" de Boulanger à Chartier en passant par Duval

Par Bernard Vassor   

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« Le bouillant Achille a de l’œil, le bouillon Duval Jamais » 

Meilhac et Halévy : La Belle Hélène

Les premiers "Bouillons Duval" ont été sont lancés par  un boucher Pierre-Louis Duval établi en plein cœur des halles au 15 rue Coquillière en 1854. C’étaient de grands restaurants bons marchés. Duval (1811-1870) reprit ainsi le nom initial du premier restaurant parisien. A sa mort il laissa à son fils un véritable empire. Sur son enseigne il avait fait inscrire :"Venez à moi vous tous qui souffrez de l'estomac, je vous restaurerai". Pierre-Louis avait été surnommé je ne sait pas trop pourquoi "Champ d'oiseau».

Alexandre Duval son successeur, sera surnommé par les parisiens "Godefroy de Bouillon" .

Compte tenu du succès remporté plus tard, (il existait trois bouillons Duval à l'exposition universelle de 1889, dont celui mitoyen de la galerie de Théo van Gogh, où Vincent avait remarqué un tournesol...), Duval subit bientôt la concurrence des frères Edouard et Camille Chartier et par un certain Boulard..

……………………..

On peut véritablement appeler un « bouillon » le premier restaurant parisien qui s'appelait Boulanger . Ouvert en 1765., il était situé rue Bailleul-Saint-Honoré, à l'angle de la rue Jean-Tison*. Ce nommé Boulanger imagina de donner à manger des bouillons de viande et de légumes. Comme il n'était pas traiteur, il n'avait pas le droit de servir de ragoûts. Il contourna les règles en présentant sur de petites tables de marbre sans nappe des œufs, des volailles au gros sel et du bouillon. Il avait noté sur son enseigne une inscription tirée de l'évangile : "Venite ad me, omite qui stomacho laboratis, et ego restaurabo vos". Tel fut l'origine du mot restaurateur.

La femme du "Boulanger" ne fut certainement pas étrangère au succès de l'établissement. Diderot vanta les qualités "de la belle restauratrice de la rue des Poulies" (actuel emplacement de la rue du Louvre)

En face, se trouvait d'après un historien du XIX° siècle (qui confond Boulanger et

 boulanger !) une maison de campagne (frappée d'alignement en 1828) de la reine Blanche avec une tourelle qui ressemblait à celle de l'hôtel Hérouet rue des Francs-Bourgeois (qui existe toujours). Le restaurant  Boulanger (qui avait changé de propriétaire, un nommé Duru*) disparut en 1854, lors du percement de la rue du Louvre, anciennement rue des Poulies.

*En 1271, cette rue s'appelait rue d'Averon. Elle commençait rue de l'Arbre à Sel (Arbre Sec) pourdéboucher rue des Poulies.

**Duru tenait aussi l'Auberge de la Providence au faubourg du Roule

Mise à jour le 15/12/2012

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12/12/2012

Les combats de taureaux et les paris "sportifs" ont été interdits dans Paris ! (mise à jour)

Par Bernard Vassor

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Plan de Frochot 1812

C'est en septembre 1790, que les combats de taureaux furent interdits dans la capitale par le département municipal de police. Ces spectacles, qui se tenaient depuis des temps immémoriaux avaient lieu dans des amphithéâtres situés autrefois la rue de Sèvres, puis, derrière l'hôpital Saint-Louis, sur le chemin de Pantin, au bout de la rue de la Grange aux Belles, à l'angle de la rue de Meaux actuelle. L'on y faisait battre des dogues contre des animaux féroces tels que le sanglier, le loup, le léopard, le tigre, le lion l'ours etc.. et contre un taureau qui n'était mis à mort que les jours de grandes fêtes. On assistait aussi à un divertissement appelé le pécatta, qui était la lutte entre un âne et un chien, et le hourvari, où des chasseurs étaient chargés  sous les cris d'une foule assoiffée de sang, de forcer des chiens à traquer des animaux et de les mettre à mort. Une ordonnance royale interdisait en 1786 la représentation de cette boucherie, mais, aussitôt, un entrepreneur de spectacle sous la direction d'un nommé Monroy, (ça ne s'invente pas) obtint une tolérance qui lui permit de rouvrir aussitôt cette arène, à la condition de modérer l'ardeur de ses animaux !

La Restauration rétablit cette coutume qui fut de nouveau abolie en 1833. On devait acquitter pour l'entrée de ce cirque la modique somme de 75 centimes pour "les 3° places" un franc pour "les secondes", et deux francs aux premières loges réservés "aux beaux messieurs et aux gentes filles".

Les dames de la cour qui y venaient en luxueux équipage, manifestaient un vif plaisir. La vedette incontestée qui figurait sur toutes les affiches était un ours surmonté d'un bonnet de grenadier baptisé Carpolin. Les garçons bouchers et "le ramassis des plus ignobles voyous des faubourgs" complétaient cette charmante clientèle. Dans cette joyeuse ambiance, des paris étaient engagés dans une cohue invraisemblable.

Ajoutons qu’un médecin célèbre qui soigna Gérard de Nerval et mis au monde les filles de Théophile Gautier (Judith et Estelle) fut le héros involontaire d’un de ces combats animaliers. Il avait engagé un de ses chiens dans une lutte à mort contre un ours. Voyant que son bull-dog allait être tué sous les griffes du plantigrade, Amédée Aussandon, un véritable hercule s’engagea dans l’arène pour protéger son chien, il fit face à l’animal l’enlaça pour l’étouffer et réussit à le faire fuir. Mais dans la lutte, l’animal lui avait déchiré le ventre avec ses griffes. Aussandon alla se laver les intestins qui étaient sortis de son abdomen à une pompe toute proche, et il se fit lui-même dans sa maison de santé du 48 rue Notre-Dame de Lorette les points de couture qui lui permirent une guérison complète.

C’est dans cette maison de Santé que Gérard fut interné une première fois en 1849 et une deuxième en 1850.

Certains disent que c'est le préfet Gabriel Delessert qui mit fin à ces pratiques. Mais, il n'était pas en poste à cette période (1833). C'est alors Henri Gisquet qui était en fonction.

.......................

Les combats d'animaux sont signalés dans certains textes dès le XIII°siècle.

On trouve la trace de bâtiments rue de Sèvres en 1770, disparus en 1773, mais où l'on retrouve à l'emplacement de la future barrière du Combat en 1773 au bas des Buttes Chaumont le tracé d'une vaste salle (plan Deharme) et sur le plan Verniquet de 1791 est indiqué l'emplacement de la salle de combats d'animaux.

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07/12/2012

Embarquement de jeunes détenues Française à Toulon, en partance pour Cayenne.

Par Bernard Vassor

cayenne,botany-bay,,1777,guyanne

C'est sur le modèle Anglais de Botany-Bay (près de Sidney) fondée en 1777 en Nouvelle Galle du Sud* (Australie) que fut créée la colonie pénitencière de Cayenne qui deviendra le Botany-Bay Français. La différence étant qu'en Angleterre on envoyait indifféremment toutes les femmes qui voulaient s'expatrier, tandis qu'en France on ne prenait que les détenues de nos prisons. L'inconvénient du climat et des fièvres et des maladies infectieuses étaient préférables aux yeux des prisonnières devant effectuer de longues peines, aux séjour abrutissant des maisons centrales. C'était même une faveur accordée aux jeunes prisonnières ayant eu une bonne conduite. Celles qui étaient ainsi expédiées devaient plus ou moins trouver un mari afin de rendre féconde notre colonie. Une fois arrivées à la Guyane, on les employait à des travaux de leur sexe, et, si seulement elles continuaient à donner satisfaction, elles étaient admises à contracter  mariage avec les condamnés plus ou moins de leur choix, qui eux-mêmes devaient s'être distingués par une conduite exemplaire. Après le mariage, on donnait aux épousés une concession de terre sur les établissement du Maroni situés sur la partie la plus saine du pays. Il n'était pas rare que les condamnés ayant purgé leur peine restèrent sur place pour devenir de parfaits colons.

*Encore une fois, les Britanniques se sont distingués en étant en avance sur leur temps pour la création des bagnes , et plus tard, sur l'invention des camps de concentration.

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Juvisiens et Juvisiennes, et, si vous perpétuiez la coutume de Juvisy-sur-Orge du fauteuil brulé ?

Par Bernard Vassor

Juvisy sur Orge,mairie,,fauteuil

Sur les flancs verdoyants d'un coteau vert que le couchant jaunit, se trouve un charmant hameau perché sur une colline ayant pour nom est Juvisy, dont les pieds baignent de la rivière d'Orge. C'est de plus un des plus anciens villages de France. Un voyageur au dix-neuvième siècle séduit par la beauté de l'endroit y fit une halte. Il assista par hasard à une bien curieuse cérémonie. A la sortie de l'église, une noce joyeuse sortit, ménétriers et tambourins en tête pour se diriger vers un pont sur lequel un bucher avait été dressé sur la plateforme duquel un fauteuil de la mairie avait été posé. Le cortège nuptial s'arrêta, puis, au signal donné par le père de l'épousée, les violons et timbales jouèrent un air des plus gais, et pendant que le marié était immobilisé par ses amis, d'autres juchaient la mariée entravée sur le fauteuil. Les garçons d'honneur mirent le feu au bucher sous les cris et les rires de l'assistance devant la frayeur de la jeune femme et l'impuissance du marié. Lorsque le feu lécha les pieds du fauteuil, les apprentis bourreaux mirent un terme à l'inquiétude des jeunes gens en déliant et faisant redescendre la jeune épousée qui n'avait pas du tout trouvé celà à son goût. Alors les invités, se prenant par la main tournèrent un long moment autour de ce lieu de sacrifice improvisé, laissant le fauteuil se consumer entièrement.

Le voyageur voulant satisfaire sa curiosité, se mit en quête de renseignements  pour avoir le fin mot de cette étrange cérémonie. La première indication qu'il obtint, était que ce sacrifice était réservé à chaque dernière fille d'une famille qui se mariait. Restant sur sa. faim, l'étranger décida d'interroger l'instituteur du village qui le tira d'embarras. Rappelons que c'est à cet endroit que le général romain Labiénus fut arrêté dans sa course pour la conquête de Lutèce. Plus tard, un chef puissant et renommé avait trois filles, deux étaient vouées au culte druidique, mais, la dernière nommée Valla tomba amoureuse d'un des guerriers sous les ordres de son père. Ce jeune homme nommé Vintex avait été initié par un ermite chrétien dont il avait reçu l'onction de l'eau sainte. Mais, Numez, un des Druides suprèmes, véritable pontif investi parmi les plus redoutés du territoire des Carnutes avait fait à la jeune fille des propositions d'union qu'elle avait repoussé avec horreur. Le maître des Saronides décida alors de la perdre. Le jour même du  mariage, Numez le disciple de Teutalès devant l'assemblée des druides réunis pour la circonstance déclara que la fiancée de Vintex avait cherché par tous les moyens cherché à le seduire pour découvrir les secrets du culte des druides. Ce crime étant le  plus implacablement puni, Valla fut aussitôt remise entre les mains des Eulates avec l'approbation des Bardes et des Ovates pour être brulée vive devant la statue de Teutalès. La foret de chênes s'emplit d'une foule immense et une longue file de Druide se rendit sur le lieu de l'exécution.

Le christianisme avait déjà jeté de profondes racines dans la Gaule, et, nombreux dans l'assistance étaient partisans de cette secte nouvelle. Les Bardes ouvraient la voie en chantant des hymnes pieux en s'accompagnant de leurs rottes instruments qui avaient beaucoup de ressemblance avec la lyre des Hellènes: venaient ensuite les Saronides, puis les guerriers Vachères et enfin Valla morte d'effroi, soutenue fermement par le sacrificateur qui l'attacha sur un siège qu'il fit monter au sommet du bucher. Le fut était à peine allumé, quand un homme fendit la foule. C'était le saint ermite Hilaire. Arrêtez ! s'écria-t-il, au nom du dieu vivant ! Cette jeune fille n'est pas coupable, celui qui l'accuse est un imposteur !--Tu mensmisérable canaille, ton dieu n'existe pas. Pendant ce temps les flammes du bucher atteignaient la plante des pieds de Valla. Alors, se jetant à terre, le saint ermite levant les yeux au ciel implora le Seigneur. Aussitôt un coup de tonnerre retentit, une lame de feu traversant les nues frappa Numez  qui tomba foudroyé face contre sol. Il s'ensuivit un torrent de pluie si intense que le bucher fut aussitôt eteint. Valla délivrée put se marier avec Vintex et toute la tribu se convertit à la religion nouvelle.

Voila pourquoi à Juvisy, la coutume veut que le jour du mariage de la dernière fille d'une famille, un fauteuil de la mairie soit sacrifié aux flammes de l'enfer. 

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06/12/2012

Les Magasins réunis sur le boulevard du Temple et l'aménagement de la place du Château d'eau.(aujourd'hui place de la République)

Par Bernard Vassor

Davioud,rue du Temple,prince Eugène,

Dessin effectué en cours des travaux de ce qui allait devenir la place de la République.

L'agrandissement de la place du Château d'eau et l'agrandissement de la rue du Temple réalisés en 1866, ont permis l'alignement parallèle à l'axe du boulevard du Temple. En face de la caserne du Prince Eugène à l'autre angle de la rue du faubourg du Temple, fut confiée la construction par Gabriel Davioud de ce véritable palais de la consommation que sont "Les Magasins Réunis"* dont la commande avait été commanditée par le "Crédit Foncier international Belge" qui exigea de son côté qu'une partie de ce magasin soit transformée en immeuble de rapport. A ces contraintes s'ajoutèrent celle du préfet Haussmann qui obligea Davioud à copier les plans de la caserne qui lui faisait face. Pour l"aménagement de la place que le baron préfet voulait obrenir, il s'agissait ensuite de répéter cet alignement  du côté du boulevard du Temple et Saint-Martin en pratiquant une large brèche dans les propriétés qui bordent les voies publiques aux abords du débouché de la rue du Temple. Le projet doit ètre complété plus tard par l'agrandissement de la place vers l'ouest, à la rencontre du boulevard Saint-Martin et du boulevard Magenta, où il est proposé la construction d'une salle monumentale destinée à accueillir des orphéons (qui ne verront jamais le jour) des écoles communales (c'est aujourd'hui la Bourse du Travail). Cette nouvelle salle ferait face au débouché du boulevard du Prince Eugène (Voltaire) et elle serait isolée des maisons voisines par une voie de douze mètres de largeur qui communiquerait de la rue du Château d'Eau à la rue de Bondy (René Boulanger) 

Nous pouvons lire dans les journaux de l'époque : "C'est sans contredit après nos grands palais, un des édifices les plus remarquables

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