29/12/2008
Paris disparu : Le restaurant Peter's du passage Mirès
Par Bernard Vassor
Le restaurant Peter's, lors de son inauguration
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Le passage Mirès qui s'appelle aujourd'hui passage des Princes, portait le nom du financier qui en avait conçu et fait réaliser le projet. Son nom hélas, fut retiré, après la banqueroute frauduleuse de l'homme d'affaire bordelais Jules Mirès,après d'habiles spéculations en bourse, avec le soutien d'hommes politiques influents sous l'Empire, comme le duc de Morny, qui couvrit une opération, offrant ainsi un "cadeau princier" au financier véreux.
Le luxueux restaurant Péter's, connut une vogue immense, lors de l'exposition universelle de 1867. Tout Paris se précipitait chez Peter's qui avait fait construire un bassin qui contenait des crocodiles vivants, et des tortues gigantesques. Mais, l'imagination du restaurateur était sans borne. Pour satisfaire la curiosité de ses clients, il avait acheté un jeune ours de Sibérie, qui se promenait librement dans le restaurant, mangeant ça et là, au gré de son apétit, dans les assiettes de ses clients. Le directeur du théâtre Dejazet, venu déjeuner au restaurant, s'écria en apercevant l'animal : -"Je le reçois à mon théâtre". L'histoire ne dit pas ce qu'est devenu cet ours devenu plus agé, plus agressif et plus encombrant ?
La "Peter's taverne" comme l'appelle Alfred Devau, l'historiographe des plaisirs parisiens, avait pour spécialité "l'ale" et du "porter".
On y va plus pour y déjeuner que pour y dîner. La clientèle est composée de boursiers de gens de lettres de journalistes, et d'une clientèle bourgeoise, venue regarder manger tout ce petit monde. On y déjeune à l'anglaise ou à la française. Le patron, Pierre Fraysse, qui a anglicisé son prénom, ce qui n'est pas au goût de notre anglophobe ami Honoré de Balzac, a inauguré une double tarification. Une pour sa clientèle aisée, l'autre pour "les simples paysans". Le choix étant vite fait pour les dîneurs en galante compagnie ne voulant pas sembler être pingre. La "Turtle-sup" (soupe à la tortue) coûtait un franc cinquante au tarif paysan, et quatre francs pour les gens de bien.
L'autre spécialité était le Fleury,le plus exquis, venu directement de chez le vigneron, à un franc cinquante la bouteille (le salaire journalier d'une petite ouvrière, ou d'un manoeuvre)i
11:35 Publié dans HISTOIRE DE PARIS | Tags : jules mirès | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
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