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02/09/2011
Egorgée dans la nuit, en écossant des petits pois !
Par Bernard Vassor
La lecture des journaux des anées 1930, nous révèle bien des surprises.
Il était onze heures du soir, quand le patron du bureau de tabac de la rue Pierre Demours baissait son rideau de fer. Il lui sembla entendre des cris stridents. Ces cris provenaient d'une chambre au cinquième occupée par une certaine Angèle Brousse agée de 24 ans surnommée on ne sait pas pourquoi "Bidoche"de profession inavouable. Le marchand, et les voisins ameutés par les appels de la malheureuse, n'écoutèrent que leur courage et enfoncèrent la porte de la chambre.
Un spectacle horrible les fit reculer d'effroi. Bidoche poussait des râles sous les coups d'un homme en casquette, à la mine patibulaire qui la frappait avec une violence incroyable. Voyant qu'il allait être interrompu dans sa besogne, il tira de son manteau un grand couteau de boucher, et lui trancha la gorge d'un seul coup.
Appréhendé des sergents de ville avertis par la concierge, le criminel fit preuve d'un cynisme déroutant. "Ca lui apprendra" dit-il en guise d'explication. Le commissaire du quartier a établi que le meutrier se nommait Isidore Pomponeau. Le malfaiteur avait surpris sa victime en train d'écosser des petits pois pour son repas du lendemain ainsi qu'en témoignent les cosses de légumes répandus sur le sol. Il lui avait d'abord tié les cheveux en arrière avant de lui asséner sur le crane des coups du vase de nuit qui se trouvait près de la table, ensuite il s'empara d'un bougeoir et c'est à cet instant, que contrarié par l'intrusion des voisins il sortit son couteau de sa poche et mit fin à son horrible forfait.
Le meutrier a pris le chemin du dépot sans jamais fournir la moindre explication.
Lorsque l'on souleva le corps d'Angèle, la tête se détacha du tronc et roula par terre.....
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Digg
01/09/2011
Un cabaret sordide rue des Anglais : "Le Père Lunette"
Un logis de nuit « à la corde ».
Malgré l'épaisse fumée, on pouvait distinguer plusieurs tableaux et fresques humoristiques dont certains ne manquaient pas de qualité.
Comme au Château Rouge, il fallait payer ses consommations à l’avance, et comme chez celui-ci, il fut fermé par décision préfectorale en juillet 1886. Cet établissement avait été fondé à la révolution par un certain Lefèvre. Il avait une énorme paire de lunettes cerclées de cuivre qu’il portait sur le front. C’est en raison de cette manie qu’il avait été surnommé le Père Lunette, fort de ce sobriquet, il a fait peindre sur sa boutique une énorme paire de bésicles, puis, il en avait fait faire une enseigne. En 1856, c'est le père Martin qui en prit la succession.
La complainte du Père Lunette était traditionnelement chantée en coeur :
"A gauche en entrant est un banc
Où le beau sexe en titubant
Souvent s'allonge
Car le beau sexe en cet endroit
Adore la chopine et boit
Comme une éponge.
La salle est au fond. Sur les murs
Attendant les salons...futurs
Plus d'une esquisse
Plus d'un tableau riche en couleurs
Se détache plein de chaleur
Et de malice.
Les pieds posés sur ce dos vert
Une Vénus de la Maubert
Mise en sauvage
Reçoit des mains d'un maquereau
Une cuvette pleine d'eau
« Oui quelques joyeux garnements
battent la dèche par moment
Chose bien faite !
On ne servait que très peu de vin, à peine six ou sept barriques par mois. La consommation principale, était une méchante eau-de-vie « maison » qui méritait bien le surnom de tord-boyaux à 3 pétards le verre (15 centimes).
Au début du siècle, on venait écouter les tours de chant de Dédé l'Oiseau, Gaston trois pattes,Armand le Geulard et Joseph le maigriot. La salle de bal était au fond, et rien ne la séparait de la salle de consommation à l'entrée, avec un comptoir en zinc, de longues tables, et des bancs....Vers 1930, c'était devenu "le bal des Anglais", dans un décor de coupe-gorge, des couples dansaient la chaloupée devant des fournées de touristes américains.
Sources* : La rue ne figure pas dans Abbé Lebeuf : Histoire du diocèse de la Ville de Paris.
Un des articles du statut des religieuses, ordonnait de prier pour le rétablissement de la religion catholique en Angleterre, la propriété ayant une superficie de 1790 mètres carrés fut vendue au profit de l’Etat en l’an VII.
*Les mêmes que pour « le Château Rouge »
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Digg
Un bouge de la rue Galande : Le Château rouge.
57 rue Galande*
Certains historiographes prétendent que ce fut la demeure de Gabrielle d'Estrée, la favorite
d'Henri IV ??? Notons aussi, que le Château rouge à Montmartre bénéficie de la même fausse promotion !
Sur les gravures du XIX° siècle, nous voyons que le prédécesseur de Pierre Trolliet, était un nommé Cadiou. Une fois fortune faite, son successeur fut un nommé Martin.
Le Château-Rouge était le tapis-franc le plus infâme du quartier de la place Maubert. entre l'allée d'un hôtel louche et la porte d'un "assommoir" s'ouvrait sur un long couloir étroit. L'entrée du cabaret, était une vaste et close chambrée, de sordides buveurs attablés, hommes en blouses et filles crottées, abrutis par l'alcool. L'arrière -boutique était réservée aux riches souteneurs en vestes de velours et casquettes à pont. Le raide, la verte et le gros-rouge étaient les seules boissons consommées dans ce lieu. C’était un asile de nuit pour vagabonds qui moyennant quelques centimes, étaient admis à « dormir à la corde», c’est-à-dire assis sur un banc, la tête appuyée contre une corde qu’on lâchait à deux heures du matin. Les pauvres bougres étaient alors jetés à la rue par le patron armé d’un nerf de bœuf, aidé dans sa triste besogne par des garçons qu’il avait recruté parmi des lutteurs de foire.
"Rue Galande
--"L’on peut se demander vraiment pourquoi les galvaudeux, qui savent très bien que la maison Alexandre et que le Château-Rouge sont des traquenards les fréquentent ; la vérité est qu’ils ne savent où aller ; partout on les épie et on les vend ; les mastroquets et les logeurs dépendent de la^police et la secondent ; puis dans ce quartier Saint-Séverin, la plupart des marchands de vin les rebutent par crainte des ennuis ; ils sont donc bien forcés de se rabattre sur les tapis-francs qui leur concède, seul d’ailleurs, pendant une partie de la nuit un gîte, car l’hiver, il peuvent y dormir au chaud sous une table, jusqu’à deux heures du matin. A ce point de vue, le Château-Rouge, connu aussi sous le nom de Guillotine et situé 57 rue Galande* est le lieu le plus clément aux escarpes et surtout aux purotins. Son rez-de-chaussée se compose de trois pièces. La première, celle qui donne sur la cour, est immense ; elle est à peine éclairée, la seconde est grande et le gaz y brûle furieusement ; la troisième est minuscule et toute noire, des vagabonds somnolent dans la première ; des marlous et des scélerats jouent et boivent dans la seconde ; des gens ivres morts dorment dans la troisième. (…)Une odeur fade à faire vomir, une odeur qui est un mélange d’une sorte de panade, d’eau de javelle et d’ipéca s’évade de ces corps serrés sous leurs guenilles dans des collants de crasse. (…) Le tenancier Pierre Trolliet, un géant habillé d’un tricot de laine, coiffé d’une calotte plantée de travers sur des cheveux qui frisent ; il mâche un cigare d’un sou, crache sec, hérisse une dure moustache sur une bouche piquée de bleu par des points de poudre...........(…)Trolliet marié à une géante au teint couperosé et aux cheveux couleur d’acajou, un type d’ogresse alsacienne. Certains soirs, des crises de joie soulèvent toujours sans que l’on sache pourquoi, ces miséreux ; alors le repaire se mue en un cabanon de fous ; on se range en cortège, l’on s’empare d’un seau vide et joue du tambour dessus ; un autre arbore au bout d’un balai un torchon en guise de drapeau, tout l’établissement défile en poussant des cris d’animaux, et cela finit par un chahut".........
Extrait de La Bièvre à Saint-Séverin.
Atget qui a photographié la maison avant sa démolition la situe au numéro 61
http://autourduperetanguy.blogspirit.com/archive/20...
En 1885, l'assassin Gamahut :
qui fut arrêté au Château rouge, Jules Jouy lui avait dédié cette chanson au goût douteux : au Chat Noir après son exécution à "L'Abbbaye du-monte-à-regret" :
Gamahut, ecoutez-moi donc,
Est-ce qu'on souffre encor quand on a plus d'tête ?
Gamahut, écoutez moi donc,
Est-ce qu'on souffre encor quand on a plus d'tronc ?
......................
Auguste Vitu raconte que c'est dans ce cabaret qu'en 1887 :
"Trois hommes ont proposé, accepté et réalisé le pari de jeter une femme à la seine. La victime était une chiffonnière ivre. L'enjeu était de deux sous, prix d'un petit verre d'eau de vie"
Le propriétaire à la fin du XIX°, s'associa avec une agence de voyage, un contrat lui faisait obligation d'accueillir une clientèle désireuse de découvrir les bas-fonds parisiens. Il avait engagé des comédiens qu'il avait déguisé en truands, en gigolettes, en bagnards et chiffonnniers, avec des habitués, des ivrognes qu'il abreuvait gratuitement. L'illusion était parfaite. La maison disparue lors du prrolongement de la rue Dante (qui véécut un certain temps dans le quartier) en 1897. L'immeuble qui le remplace aujourd'hui est en briques....rouges !
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Digg
31/08/2011
Alfred Sirven, un journaliste libre, d'une indépendance farouche.(suite)
Par Bernard Vassor
"Je remercie la nature qui ne m'a pas créé ambitieux
Ce qui me donne le droit de mépriser ceux qui le sont"
Né en 1838, il attendit l'année 1900 pour fermer les yeux pour la dernière fois.
Ne cherchez pas sa biographie sur les "encyclopédies en ligne", le seul Alfred Sirven qui vaille est celui de l'affaire Elf !
Notre Sirven fut en son temps un historiographe et journaliste courageux comme il y en avait beaucoup à l'époque, et comme il en existe encore aujourd'hui.
Le nombre de feuilles et journaux fondés par Sirven est impressionnant, parmi ceux-ci :
La Petite Presse, Le Gaulois, le Pamphlet, L'Encensoir et le Sifflet. Ajoutons ceux cités dans l'article précédent. Citons quelques pamplets qui lui valurent l'estime des juges serviles de la dix-septième chambre qui l'envoyèrent goûter le menu de la prison Sainte-Pélagie au moins sept fois :
"Revenons à l'Evangile, la Première à Dupanloup, l'Homme noir, les Infâmes de la Bourse, les Vieux polissons", un ouvrage qui fut saisi et poursuivi à la demande d'un sénateur qui avait cru se reconnaître....(le baron de Heckeren) Ajoutons pour faire bonne mesure : "Les Imbéciles, les Crétins de Province, les Abrutis, les tripots d'Allemagne, les Mauvaises langues, les première étapes d'un prisonnier" etc..
A propos de Sainte-Pélagie, il écrivit la première histoire de cette illustre prison dont les bâtiments furent fondés par une putain reconvertie dans la bigoterie au temps de Louis XIV. Ce lieu de réclusion pour les jeunes filles de bonne famille en danger de vie licencieuse, devint une prison pour dettes et délits politiques en 1820. La liste des "invités" dépasse le cadre de cet articulet, mais le nombre de 1820 jusqu'à sa fermeture nous donne le vertige.
Libéré de prison le 4 septembre 1870, il fut choisi par Gambetta pour organiser la défense de Dreux contre les prussiens en qualité de sous-préfet.
Toute sa vie, il fit preuve d'une indépendance farouche et ne fit partie d'aucune Société ni d'aucune coterie. Il a fuit comme la peste toutes les églises, les chapelles politiques, littéraires ou autres.
Il a eu la fieté de ne pas avoir la Légion d'honneur, il ne l'a pas refusée, on ne lui a pas proposée.
A suivre : une petite histoire de Sainte-Pélagie.
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Digg
29/08/2011
Quand Montmartre était dans le treizième arrondissement....
Par Bernard Vassor
Après la révolution de février, alors que Thiers proposait à Louis-Philippe de se retirer de Paris, de former une puissante armée, pour écraser définitivement la canaille socialiste (projet qu'il mènera à bien en 1871); Plus de 250, et bientôt 400 clubs démocratiques furent créés à Paris.
Parmi ceux-ci :
Le Club démocratique du 13° arrondissement.
Ce club, rue Marcadet avait pour président un montmartrois, Casimir Vermusse (dit Mitraille) le vice-président était un nommé Bourdon.
Ces clubistes de barrière avaient décidé que Montmartre serait le treizième arrondissement de Paris qui n'en comptait à l"epoque que douze.
En juin, les membres de ce club firent la tournée des cabarets, guinguettes et bals des boulevards extérieurs afin de recruter des partisans de l'insurection des 23, 24, 26, 26 juin qui se termina, sous les ordres du général Cavaignac par une véritable boucherie qui ne fut surpassée en sauvagerie que par "la semaine sanglante"
Vernasse fit paraître une feuille : "La Mère Duchesne", certains prétendent qu'il écrivit "La Sorcière républicaine"
Il est mort du choléra l'année suivante à l'hôpital de la Charité.
Toujours à Montmartre, au Château des Brouillards, fondé au mois de mars par le rédacteur du journal "La Réforme" un certain Chautard avec pour secrétaire le citoyen Lebours. Ce club était étiqueté rouge, mais, considéré comme insignifiant.
Notons aussi, au 21 rue Bréda "L'Association fraternelle des INSTITUTEURS, INSTITUTRICES ET PROFESSEURS SOCIALISTES.
Les présidents étant Lefrançois et Pauline Roland et le secrétaire Pérot.
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Cette affiche date de 1871, comme en 1848, le bal de la Reine Blanche fut investi après la révolution de février par des citoyens voulant exercer une liberté retrouvée.
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Au temps de Balzac, Paris comptait douze arrondissements. En langage populaire, habiter dans le treizième, signifiait vivre en concubinage. Ainsi, peut-on lire dans Béatrix :
(..)venu là pour voir le fameux galop! Elle fanatisa par son esprit ce gentilhomme qui ne savait plus à quelle passion se vouer; et, alors, deux ans après avoir été quitté par Béatrix dont l'esprit l'humiliait assez souvent, le marquis ne fut blâmé par personne de se marier au treizième arrondissement de Paris avec une Béatrix d'occasion. Esquissons ici les quatre saisons de ce bonheur. Il est néces- saire de montrer que la théorie du mariage au treizième arrondissement en enveloppe également tous les administrés. Soyez marquis et quadragénaire, (…) chiffre des sommes qui sont restées improductives, verrouillées au fond des coeurs généreux et des caisses par cette ignoble phrase: -- Tirer une carotte!... Ce mot est devenu si populaire qu'il faut bien lui permettre de salir cette page. D'ailleurs, en pénétrant dans le treizième arrondissement, il faut bien en accepter le patois pittoresque. Monsieur de Rochefide, comme tous les petits esprits, avait toujours peur d'être carotté. Le substantif s'est fait verbe. (…) vertus dans cette nouvelle phase. Elle se dessina dans un rôle de ménagère dont elle tira le plus grand parti. Elle nouait, disait-elle, les deux bouts du mois sans dettes avec deux mille cinq cents francs, ce qui ne s'était jamais vu dans le faubourg Saint-Germain du treizième arrondissement, et elle servait des dîners supérieurs à ceux de Rothschild, on y buvait des vins exquis à dix et douze francs la bouteille.(…) Aussi ces annonces vivantes, ces articles ambulants firent-ils passer madame Schontz pour la femme la plus agréable que l'on connût sur la lisière qui sépare le treizième arrondissement des douze autres. Ses rivales, Suzanne Gaillard qui, depuis 1838, avait sur elle l'avantage d'être devenue femme mariée en légitime mariage, pléonasme nécessaire pour expliquer un mariage solide, Fanny-Beaupré, Mariette, Antonia répandaient des calomnies plus que drolatiques (…)
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