01/09/2011
Un cabaret sordide rue des Anglais : "Le Père Lunette"
Un logis de nuit « à la corde ».
Malgré l'épaisse fumée, on pouvait distinguer plusieurs tableaux et fresques humoristiques dont certains ne manquaient pas de qualité.
Comme au Château Rouge, il fallait payer ses consommations à l’avance, et comme chez celui-ci, il fut fermé par décision préfectorale en juillet 1886. Cet établissement avait été fondé à la révolution par un certain Lefèvre. Il avait une énorme paire de lunettes cerclées de cuivre qu’il portait sur le front. C’est en raison de cette manie qu’il avait été surnommé le Père Lunette, fort de ce sobriquet, il a fait peindre sur sa boutique une énorme paire de bésicles, puis, il en avait fait faire une enseigne. En 1856, c'est le père Martin qui en prit la succession.
La complainte du Père Lunette était traditionnelement chantée en coeur :
"A gauche en entrant est un banc
Où le beau sexe en titubant
Souvent s'allonge
Car le beau sexe en cet endroit
Adore la chopine et boit
Comme une éponge.
La salle est au fond. Sur les murs
Attendant les salons...futurs
Plus d'une esquisse
Plus d'un tableau riche en couleurs
Se détache plein de chaleur
Et de malice.
Les pieds posés sur ce dos vert
Une Vénus de la Maubert
Mise en sauvage
Reçoit des mains d'un maquereau
Une cuvette pleine d'eau
« Oui quelques joyeux garnements
battent la dèche par moment
Chose bien faite !
On ne servait que très peu de vin, à peine six ou sept barriques par mois. La consommation principale, était une méchante eau-de-vie « maison » qui méritait bien le surnom de tord-boyaux à 3 pétards le verre (15 centimes).
Au début du siècle, on venait écouter les tours de chant de Dédé l'Oiseau, Gaston trois pattes,Armand le Geulard et Joseph le maigriot. La salle de bal était au fond, et rien ne la séparait de la salle de consommation à l'entrée, avec un comptoir en zinc, de longues tables, et des bancs....Vers 1930, c'était devenu "le bal des Anglais", dans un décor de coupe-gorge, des couples dansaient la chaloupée devant des fournées de touristes américains.
Sources* : La rue ne figure pas dans Abbé Lebeuf : Histoire du diocèse de la Ville de Paris.
Un des articles du statut des religieuses, ordonnait de prier pour le rétablissement de la religion catholique en Angleterre, la propriété ayant une superficie de 1790 mètres carrés fut vendue au profit de l’Etat en l’an VII.
*Les mêmes que pour « le Château Rouge »
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Commentaires
Salut les amis!
Dans les années 6O je passais au Bal des Anglais.En tant qu'auteur-compositeur je chantais généralement mes propres chansons.
Mais le Bal des Anglais étant alors devenu un haut lieu pour touristes visitant la capitale, j'étais tenu, comme les autres artistes, de présenter des "tubes"bien français au lieu de mes "oeuvres" alors inconnues,
La vie en rose, les feuilles mortes, la Seine (elle coule, coule, coule...) ,Pigalle, etc. Excellente école d'ailleurs
pour la suite de nos carrières .
Tous un peu las de cette contrainte nous avons décidé de louer la salle, après le passage des touristes, pour présenter nos tours de chant habituels. Des personnalités passaient nous encourager, comme Francis Blanche(mon parrain de showbiz),Armand LANOUX (Prix Goncourt I963), etc.
Nous chantions assis sur un escabeau de bois, avec nos guitares, et ,grande originalité, notre formule cabaret s'appela donc...L'ESCABEAU .
C'était génial! Nous avions l'impression de jouer dans la cour des grands! ...
Le programme se composait de Christian DENTE, le gitan MALCHICAN, Jacques SERIZIER, Philippe NAHON le
comédien qui disait des poèmes, une illustre inconnue, frêle jeune-fille BCBG qui s'appelait déjà Brigitte FONTAINE, la Chanteuse de Paname MELO qui fit plus tard une carrière pour les disques Vogue, et moi-même qui alors enregistrais chez Barclay.
Ah! C'était l'bon temps ma bonne Dame ! On n'était pas riche, mais on se marrait bien.
Gérard DOULSSANE.
Écrit par : Gérard DOULSSANE | 26/02/2015
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