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09/01/2011
Gérard de Nerval : sur les pas de August Friedrich Ferdinand von Kotzebue
Par Bernard Vassor
(Gérard de Nerval qui fit un voyage sur les pas de Kotzebue en Allemagne, donna une traduction de "Mensonge, Misanthropie et repentir").
Il en tira un drame en cinq actes intitulé "Léo Burkart, ou une conspiration d'étudiants" joué au théâtre de la Porte Saint-Martin en octobre 1839.

August Friedrich Ferdinand von Kotzebue est né à Weimar le 3 mai 1761, assassiné à Mannheim le 23 mars 1819.
Cet écrivain Allemand séjourna à deux reprises à Paris. D'abord en 1790, puis en 1804. Il a laissé des notes de voyage fort intéressantes sur les époques mouvementée de la révolution et du consulat.. Ensuite, attaché aux services de la Sainte Alliance, il fut tué d'un coup de couteau par un révolutionnaire nommé Sand. " Le 23 mars 1819, à dix heures du matin, un étudiant de l'université d'Iéna, Karl-Ludwig Sand, se présenta, avec une demande d'audience, dans la demeure de Kotzebue, qui lui donna rendez-vous pour l'après-midi. Il revint à l'heure indiquée, et, après avoir échangé quelques paroles avec Kotzebue, il le frappa au coeur d'un coup de poignard en s'écriant : "Traître à la patrie !". Il essaya ensuite de se tuer, et ne put que se blesser. Le procès dura jusqu'au mois de septembre; la sentence de mort ne fut prononcée que le 5 mai 1820, et l'exécution eut lieu le 20 mai. Un compte rendu du procès fut donné par Hohehorst (Stuttgart, 1820), mais la vente n'en fut autorisée que trois ans après. Dans le public, on plaignait non pas la victime, mais le meurtrier. Au reste, le crime de Sand, comme tous les crimes politiques, alla contre son but et ne fit que hâter la réaction. Quant à la réputation littéraire de Kotzebue, elle ne fut ni grandie ni diminuée par sa mort violente"
Sur son passage à Paris ( Meine Flucht nach Paris im Winter 1790.)
Souvenirs de Paris en 1804 :
TEMPS NOUVEAUX :
"L'habillement que l'on nomme aujourd'hui décent n'aurait pas été permis il y a deux cents ans aux femmes publique. Si cela continue, nos descendants habilleront leurs filles pour rien. On rit aujourd'hui, en songeant que dans un siècle peut-être on ne sera vêtu que d'une feuille de figuier; et cependant il y a moins de distance entre cette feuille et la chemise transparente d'aujourd'hui, qu'il n'y avait que les paniers que l'on portait il y a vingt cinq ans et le costume actuel. (..)On ne met plus de rouge, la pâleur est plus interessante. On appelle cela "une figure à la Psychée"(d'après le tableau du baron Gérard). Les dames ne se servent plus que de blanc, et laissent le rouge aux hommes. Il y a quelques femmes d'un certain genre qui portent des schalls de casimir et des voiles de dentelle, le reste est abandonné aux espèces. La grande parure est très simple, point de fard, point de poudre, les cheveux en désordre, un diadème en brillants, une tunique en dentelle, point de corps, point de paniers, et beaucoup de fleurs.(..)
La mère et la fille sont mises à présent de la même manière, se tutoient; et quand elles se disputent, aucune ne cède. Toutes deux dansent la gavotte, chantent, jouent aux cartes, rentrent séparément chez elles font des folies et se boudent (...) Le nombre de filles publiques paraît s'être considérablement accru depuis la Révolution; à la vérité elles n'osent plus faire leur commerce que la nuit; celles qui habitent le Palais-Royal ne quittent pas leur demeure avant le coucher du soleil, pour folâtrer sous les arcades; mais en revanche on en rencontre partout qui étalent leurs appas nus, avec une profusion extraordinaire, et par tous les temps possibles. Il est inconcevable que ces pauvres filles puissent demeurer huit jours en bonne santé; elles n'ont absolument rien sur le corps qu'une robe blanche très fine et parfaitement collante ;vraisemblablement, elles n'ont ,pas de chemise, car elle se ferait au moins deviner par un pli, attendu qu'ells tiennent toutes leur robe par derrière, et qu'elles lla serrent contre les cuisses, de manière à ne rien laisser perdre de leur forme. (..) A la vérité, elles ont sous les arcades du Palais-Royal, la facilité de se promener à pieds sec, et à l'abri du mauvais temps; mais dans les rues, elles bravent avec intrépidité la pluie et la grêle, quand elles pensent qu'il est de interêt d'y rester, et qu'elles présument le temps favorable à la recette.Il faut que le coin de la rue Vivienne et de celle des Petits-Champs** soit un bon poste pour le gibier, car je ne suis jamais sorti le soir du Palais-Royal sans ne trouver là un troupeau : un jour j'en ai compter jusqu'à quatorze à cette place. Il pleuvait à verse, la rue était sale et crottée; mais elles n'y faisaient aucune attention. Cependant j'ai cru remarquer qu'elles sont moins importunes, moins hardies qu'il y a treize ans*; elles n'attaquent les passants que dans les endroits obscurs; partout où brille la clarté de la clarté des réverbère , elles se contentent de se présenter.(...)
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« C’était le 24 mai 1820, on exécutait Sand, le pauvre Sand ! Il avait vu
Kotzebue plus grand qu’il n’était, et il l’avait tué… »
Ainsi commence "Le Comte Hermann" de Dumas.
*Lors de son premier séjour à Paris en 1790. Il avait publié: Paris en 1790, puis :
Souvenirs de Paris en 1804 , 2 volumes, Chez Barba, palais du tribunal,galerie derrière le Théâtre Français numéro 51, An XIII
**Cet endroit est situé à vingt mètres de
mise à jour le 09/01/2011
08:04 | Lien permanent | Commentaires (0) | | |
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Digg
08/01/2011
Le cabaret de la mère Saguet, de Gérard de Nerval à Alexandre Schanne
Par Bernard Vassor

"La bohême n'a rien et vit de ce qu'elle a.
L'Espérance est sa religion,
la Foi en soi-même est son code,
la Charité passe pour être son budget.
Tous ces jeunes gens sont plus grands
que leur malheur, au-dessous de la fortune
mais au-dessus du destin."
Balzac : Un prince de Bohème
Les moulins dans la plaine de Vaugirard.
Situé dans la plaine de Vaugirard, après la barrière du Maine, au pied du Moulin de Beurre, le Cabaret de la mère Saguet était fréquenté par des écrivains, des peintres, et des chansonniers du Caveau. Ils chantaient à tue-tête et vidaient des litres et des bouteilles de champagne frelaté. Le cabaret était situé aujourd'hui à l'emplacement approximatif aujourd'hui de la rue du Moulin Vert.
Le peintreCharlet avait conduit là son élève Poterlet, qui ne supporta pas longtemps ce régime. Raffet, y crayonna ses premiers dessins et Davignon (qui s'est suicidé en se jetant d'un échafaudage de la statue de la place du Châtelet) le plus fameux peintre en lettres et attributs que l'on ai connu depuis l'invention des enseignes. le minuscule Adolphe Thiers et Mignet son compère, du temps de leur jeunesse parisienne figurèrent parmi les plus assidus. L'été, se réunissait la Société des Joyeux qui se transportait en hiver à Paris chez le marchand de vin traiteur Guignet, 59 rue de Sèvres, au coin de la rue Saint-Placide et prenait le nom de Société des Frileux dont un extrait des statuts (dont le président était Jean-Victor Billioux) stipule : "Pour entretenir leur douce et franche confraternité, les Frileux ont leurs petites soirées les mardi, vendredi et samedi. A sept heures, le vin sur la table et le piquet à quatre.- Un sou la marque.- Qui touche mouille.- Les non-joueurs payent autant que ceux qui ont pris le plus de marques (...) A dix heures un quart, on arrête les frais des opérations de la Société, toutes expressément au comptant"
Bien sûr, nous donnerons la vision de Gérard de Nerval sur le Cabaret de la Mère Saguet
RECTIFICATION
Grâce aux informations fournies par un lecteur de cet article (voire les commentaires)
voici, ci-dessous la localisation de la rue du Moulin de Beurre sur un plan de Paris de 1860
Perpendiculaire à la rue de Constantine (aujourd'hui Vercingétorix)
la rue du Moulin de Beurre commençait rue de la Gaité, et se terminait rue Saint Médard.
Un chapitre des "Soirées chez la mère Saguet" devait être publié sous le titre : La Vieille Bohême.
mise à jour le 08/01/2011
10:34 Publié dans La bohème littéraire | Tags : nerval, raffet, moulin de beurre, davignon, charlet, poterlet | Lien permanent | Commentaires (0) | | |
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Digg
05/01/2011
ORLLIE-ANTOINE PREMIER, ROI D'AURICANIE ET DE PATAGONIE
Par Bernard Vassor
"Le premier qui fut roi fut un avoué malheureux"
Une soirée chez Nina par Franc-Lamy, où le roi de Patagonie égayait parfois les soirées où les frères Cros (Charles, amant de Nina, Henri et Antoine) étaient les princes.
(Antoine Cros, sera d'ailleurs le deuxième roi de Patagonie, Achile Laviarde étant le troisième en date)
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Avertissement: L'histoire rocambolesque, "ithyphalique pioupiouesque et abracadabrantesque"de ce sympathique arriviste illuminé mégalomane ambitieux, qui est encore aujourd'hui l'objet d'un culte quasi sectaire. L'intérêt pour nous, est également la présence d'Antoine Tounens dans"l'atelier de décervelage" de la rue Chaptal (17 au premier étage et non pas au deuxième comme le dit J.J.Lefrère), chez Nina de Callias, "La Dame aux éventails" d' Edouard Manet.
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Antoine Orllie Tounens, huitième enfant d'une famille de fermiers, est né le 12 mai 1825 à Tourtoirac. Après avoir suivi des études de droit, il fit l'acquisition d'une charge d'avoué à Périgueux en 1851. Très tôt il nourrit l'illusion de son appartenance à la classe nobiliaire; qu'à cela ne tienne ! Il obtiendra de la Cour Impériale de Bordeaux le droit de faire précéder son patronyme d'une particule. et se fit appeler Antoine de Tounens...Dévoré par l'ambition, Tounens quitta sa robe de notaire et s'en alla à la conquête d'un royaume au delà de l'Atlantique. Il avait lu un poème épique traduit par Voltaire d'un conquistador Alonzo de Ercilla, qui lui bouleversa la tête au point de tout laisser en plan, il vendit sa charge et s'embarqua en 1858 sur un bateau en partance pour le Chili.
Il avait organisé auparavant, une vaste publicité pour obtenir des fonds dans le but d'influencer le gouvernement Français pour parvenir à ses fins. Il tenait des séances chez lui à Paris, et il indiquait :
"Les personnes qui voudront bien m'honorer de leur confiance, me trouveront tous les jours sauf le dimanche.
Prince O.A.Tounens
ancien avoué, roi d'Auricanie et de Patagonie
généalogiste et biographe
5 rue de Grenelle Saint-Germain
Et une circulaire qu'il adressait à d'éventuels bienfaiteurs et à l'empereur :
"Sire,
voici une créance véreuse que je dépose entre vos augustes mains. Je supplie humblement Votre Majesté de faire vendre s'il le faut, la paillasse de mon débiteur qui est la dernière des canailles, et j'ai l'honneur de remettre à Votre Majesté 12 f 50 c pour ses premières courses".
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Les Mapuches qui avaient lutté avec succès contre les espagnols, vivaient en clans séparés. L'intention de Tounens était de les réunir sous son autorité, et de se faire élire roi de Patagonie. Il avait étudié l'espagnol et le chili duya, la langue des Mapuches ( les araucans). Il rédigea la constitution de son futur royaume pour "son peuple" constitué de six tribus : Les Moluches, les Pinches, les Puelches, les Huitiches, les Puenches et les Aucas, ou Araucans. Il voulait être le Toqui (chef) qui prend le titre avec une couronne, et un manteau d'hermine !!!
En 1860 les Mapuches entrés en résistance, étaient sur le point d'être vaincus, quand il se présenta comme leur sauveur, présenté ainsi par un chef de clan, il se fit introniser roi de Patagonie et d'Araucanie. Il nomma des ministres et annexa des territoires qui coupaient le Chili en deux.
En "communicateur" habile, il annonca son avènement aux journaux du Chili, de l'Argentine et de France à qui il demanda un soutien pour financer la riche exploitation minière de ce pays, et fit la demande d'ouvrir une ligne maritime entre Bordeaux et l'Auricanie.
Il est fait prisonnier par le gouvernement Chilien pour avoir tente de soulever ces tribus d'Auricanie contre le Chili en faisant passer les indiens d'une rive du Bio-Bio sur l'autre rive (?).
Il assure que les Indiens de Patagonie et d'Auricanie l'ont librement proclamé roi et adopté son drapeau bleu blanc et vert !
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En 1862, Tounens est kidnapé et incarcéré dans une prison de la ville de Los-Angelès en pays Mapuche. Il fut condamné à mort, puis vit sa peine commuée en emprisonnement à perpétuité.
Il sortit de prison en 1862 sur intervention des autorités françaises, et revint à Paris tout penaud. Le tout-Paris, fit des gorges chaudes de l'équipée sauvage de Sa Majesté redevenue Tounens tout court.
En 1864, un hôteleir le traîna devant les tribunaux pour grivèlerie, ce qui fit dire à un humoriste, que le seul palais que possédait ce monarque, était celui par lequel était passé la nourriture qu'il ne voulait pas payer.
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Il ne renonça pas pour autant, en 1871, après avoir lancé une souscription, il repartit pour "son"royaume.
Il fut arrêté et torturé par quelques uns de ses "sujets" qui lui reprochaient de ne pas avoir tenu ses engagements, c'est à dire de leur fournir des arme, puis libéré par des indiens Mapuches à qui il avait fait croire qu'un bateau chargé d'armes les attend sur la côte pacifique. Obligé de s'enfuir précipitament, il essaya de retourner sous une fausse identité. Reconnu à Buenos-Aires par un militaire argentin, il est de nouveau rééxpédié en France. Sa tentative en 1876 sera la dernière. On l'a retrouvé un peu plus tard sur un trottoir de Buenos Aires quasi-mourant. Il a été soigné et opéré sur place, puis renvoyé une nouvelle fois en France. Il se retira définitivement dans son village natal à Tourtoirac où il mourut en 1877.
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Cet ouvrage a été édité 52 passage Jouffroy. Cet endroit est encore aujourd'hui l'emplacement d'une librairie "aux quatre vents".
C'est entre des boites à livres situées dans le passage qu'un escalier branlant menaçant ruine, conduit dans un minuscule bureau au premier (demi) étage, siège du libraire éditeur Thévelin, dans ce temps là.
"Le premier qui fut roi fut un avoué malheureux"
Publié 52 passage Jouffroy, cette plaidoirie du Prince auto-proclamé par une tribu indienne du Chili, fait prisonnier par le gouvernement Chilien pour avoir tenté de soulever ces tribus d'Auricanie contre le Chili en faisant passer les indiens d'une rive du Bio-Bio sur l'autre
rive (?).
Il assure que les Indiens de Patagonie et d'Auricanie l'ont librement proclame roi et adopté son drapeau bleu blanc et vert !
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Condamné à mort, triste destinée à laquelle il a échappé. Cet ancien notaire se déclare résolu à exploiter ses connaissances en généalogie, biographie etc.. comme ancien liquidateur en comptes, conseils dans les affaires litigieuses. Il fut libéré sur intervention du gouvernement Français, mais n'abandonna pas pour autant son combat pour trôner sur le territoire de Patagonie et d'Auricanie.
Il organisa une vaste publicité pour obtenir des fonds dans le but d'influencer le gouvernement pour parvenir à ses fins. Il tenait des séances chez lui à Paris, et il indiquait :
"Les personnes qui voudront bien m'honorer de leur confiance, me trouveront tous les jours sauf le dimanche.
Prince O.A.Tounens
ancien avoué, roi d'Auricanie et de Patagonie
généalogiste et biographe
5 rue de Grenelle Saint-Germain
Et une circulaire qu'il adressait à d'éventuels bienfaiteurs :
"Sire,
voici une créance véreuse que je dépose entre vos augustes mains. Je supplie humblement Votre Majesté de faire vendre s'il le faut, la paillasse de mon débiteur qui est la dernière des canailles, et j'ai l'honneur de remettre à Votre Majesté 12 f 50 c pour ses premières courses"
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Les successeurs du roi de Patagonie, furent Antoine Cros (dont l'académicien Maurice Druon est un descendant), le frère de Charles Cros, Achile Laviarde, et il s'en trouvent encore d'autres jusqu'à aujourd'hui......
Mise à jour le 26/06/2012
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Digg
Les précurseurs : le peintre Apelles de Cos, le plus grand des maîtres de l'école attique et les peintres de l'antiquité, d'après Pline l'ancien.
Par Bernard Vassor
La Vénus Anadyomène, fresque reconstituée de Pompéï attribuée à Apelles.
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Dans un volume de "Histoire Naturelle", Pline l'ancien retrace l'histoire de la peinture dans l'antiquité :
Pline livre XXXVI. Dans la quatre-vingt-dixième olympiade vécurent Aglaophon, Phryllus, Evnor,père et précepteur de Parrhasius, ce grand maître dont nous parlerons en son temps. Tous furent célèbres, mais pas assez, toutefois, pour que, dans notre marche rapide vers les rois de la peinture, nous devions nous y arrêter. Apollodore d'Athènes brilla, le premier, dans la quatre-vingt-treizième olympiade. C'est lui qui inventa l’art de la perspective, et qui, par là, fonda vraiment l'art de la peinture. On a de lui un Prêtre au pied des autels, et un Ajax foudroyé, qu'on voit encore à Pergame. Avant Apollodore, on ne présente aucun tableau qui captive l'attention. La carrière avait été ouverte par Apollodore. Zeuxis acquit une gloire nouvelle dans la peinture au pinceau, qui osait déjà tenter des choses difficiles (car c'est du pinceau que nous parlons seulement). C'est à tort que quelques-uns le placent dans la quatre-vingt-neuvime olympiade, puisqu'avant lui il faut donner place à Démophile d'Himère et Nésas de Thasos, qu'il eut l'un ou l'autre, pour maître. Apollodore, ci–dessus nommé, fit des vers sur Zeuxis, qui, dit-il, garde pour lui seul l'art qu'il nous a ravi. Ses richesses devinrent si grandes, que, dans son faste, il faisait broder son nom en or sur ses manteaux Plus tard, il donna ses tableaux, prétendant qu'ils étaient impayables : c'est ainsi qu'Agrigente eut de lui une Alcmène, et Archlas un Pan. Il fit aussi une Pénélope (ce tableau respire la chasteté de la princesse) et un Athlète. Sous ce dernier, tout enthousiasma de son ouvrage, il écrivit ce vers libre : "Vous pourrez en médire, et non pas l'imiter". Son Jupiter sur le trône, en présence des autres dieux, est magnifique, ainsi que l'Hercule enfant, qui étouffe des dragons en présence d'Alcmène effrayée et d'Amphitryon ; néanmoins, on reproche Zeuxis des têtes trop grandes, des articulations trop fortes : au reste, son exactitude était extrêmes. Devant faire pour les Agrigentins un tableau destiné à être dédié dans le temple de Junon Lacinienne, il obtint d'examiner leurs filles nues et d'en choisir cinq, dont chacune fournirait son tableau des beautés particulières. Zeuxis a fait aussi des monochromes en blanc. Ses contemporains et ses rivaux furent Androcyde, Eupompe, Parrhasius. Ce dernier, dit-on,concourut avec Zeuxis, qui mit sous les yeux des juges des grappes de raisin si bien rendues , que les oiseaux venaient les becqueter. Le tableau de Parrhasius repr- sentait un rideau, mais avec tant de vrit, que Zeuxis,tout fier de la sentence des oiseaux , disait : Otez, ôtez donc la draperie , qu'on voie le tableau ! Bientôt ilreconnut son erreur, et céda franchement la palme à son rival, disant qu'il n'avait tromp que les oiseaux, et que Parrhasius avait trompé le peintre. On dit aussi que Zeuxis peignit un enfant portant des grappes de raisin : un oiseau s'en approcha aussi; mais Zeuxis, avec la même ingnuité, fit le procès son ouvrage , en disant : L'enfant ne vaut donc pas les raisins? si je l'avais peint avec la même perfection, l'oiseau aurait eu peur. Zeuxis travailla aussi sur terre cuite: ce sont les seuls de ses ouvrages dont on retrouve des traces]
Parrhasius d'Ephèse fut aussi l'auteur de plusieurs découvertes. Le premier, il donna des proportions exactes tous les éléments du tableau, soigna la chevelure, para de grâce les figures, et, de l'aveu de tous les artistes, termina d'une manière exquise tous les contours, ce qui est le grand art en peinture. En effet, quoiqu'il soit difficile, en peignant les corps, d'en bien rendre les parties comprises entre les extrémités, beaucoup d'artistes y ont réussi ; mais rien de plus rare que la perfection dans les lignes extrêmes et dans les traits qui arrêtent les figures. Le contour doit s'arrondir et se terminer de telle sorte, qu'il promette plus que lui-même et indique ce qu'il cache. Tel est le mérite que reconnaissent ou plutôt préconisent dans Parrhasius Antigone et Xénocrate, qui ont écrit sur cet art. On voit encore aujourd'hui bien des dessins au trait dans ses tablettes et son portefeuille, et l'on prétend que plus d'un artiste en a profité.
A suivre...
10:03 Publié dans LES PRECURSEURS | Lien permanent | Commentaires (0) | | |
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