14/11/2011
Gaston Couté à Montmartre, suite...
Par Bernard Vassor
Source : Gallica
LES COPAINS D'ABORD.
"Couté gardait farouchement
la pudeur de ses émotions"
Pierre Mac Orlan
Les lieux fréquentés et domiciles à Montmartre :
Citons d'abord son adresse la plus insolite ; un gros tuyeau en ciment de la compagnie du gaz ! (article précédent) Le bougnat de la rue Norvin, l'Hôtel Bouscarat place du Tertre, (endroit où il retrouva son ami du lycée d'Orléans Pierre Mac Orlan) quand il avait de l'argent, et quand il n'en avait pas, c'était à "l'hôtel des courants d'air" couché sur une botte de foin entre deux rangées de pieds de vigne. Il coucha une journée ou deux rue Caulaincourt rue Lamarck, et parfois plus longtemps rue Marcadet chez des amis ou clients rencontrés dans des cabarets et parfois chez des marchands de vin. La vaste prairie de la place Saint-Pierre qui sentait bon l'odeur du foin coupé, servait parfois d'asile aux geux et aux désherités. Il y avait aussi des hôtels à dix centimes la nuit, ou bien des fond de cabarets infâmes ou l'on pouvait dormir "à la corde" mais pour cela, il fallait descendre jusqu'aux halles et au quartier latin..
Les Cabarets en ce temps là était l'endroit où les chansonniers se produisaient, allant de l'un à l'autre, parfois même plusieurs dans la même soirée. Pierre Mac Orlan se souvient :"Quand j'essaye de me rappeler les paysages montmartrois tels qu'ils étaient en 1900, je ne vois que foins, jardins et de petites maisons déjà anciennes ( des chaumières perdues dans d'immenses jardins un peu sauvages, des ruelles de sous-préfecture bourguignones et des prairies où l'on pouvait flaner. On pouvait aussi se coucher dans les herbes hautes (..) les foins mis en meules embaumaient le SacréCoeur (alors en construction) que ses échafaudages rendaient populaires"
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Puis une liste de cabarets où il se produisit. Al Tartaine (la tartine) 88 boulevard de Rochechouart, l'Ane rouge, avenue Trudaine à côté de l'Auberge du Clou. Les Quat'z-arts, 62 boulevard de Clichy (où il remplaça Jehan Rictus qui lui vint parfois en aide et lui laissa sa place pour faire entendre des textes jugés par lui splendide), au sous-sol des Funambules (aux côtés de Xavier Privas qui fit son éloge funèbre, Théodore Botrel, Marcel Legay, Gabriel Montoya etc..) 25 rue Fontaine puis au rez-de-chaussée quand Jules Mévisto repris l'affaire et porta à 5 francs le cachet de Gaston. Notons aussi le Lapin Agile, le Conservatoire de Montmartre, au Carillon de la rue de la Tour d'Auvergne "à l'angle de la rue des Martyrs" dit la publicité, en réalité à l'emplacement de ce qui devint l'Ecole dentaire, aujourd'hui une école maternelle. Il se produisit aussi au Pa-cha-noir, à l'Alouette, au Grillon, à la Maison du Peuple de Paris, impasse Pers donnant rue Ramey. On le vit aussi rue Notre-Dame-de-Lorette le cabaret dont le nom évoque bien sûr François Villon : La Truie-qui-file..
A propos de l'affaire Liabeuf, Gaston Couté écrivit une chanson prenant sa défense dans le journal anarchiste de Gustave Hervé La Guerre sociale.
Un procès fut engagé contre le journal et le chansonnier. Il se déroula le 6 juillet 1911.
Après un réquisitoire très virulent de l'avocat général contre Gaston Couté, se tourna vers son avocat commis d'office et lui posa la question rituelle :
"- Maître, avez-vous quelque chose à ajouter ?
-Oh, peu de chose en vérité....Et, se tournant vers le président :Toutefois, voulez-vous me permettre de vous dire que vous poursuivez un mort"
Gaston Couté s'était éteint une semaine plus tôt le 28 juin à l'hôpital Lariboisière, rongé par la tuberculose, aggravé par l'abus de Pernod (de l'absinthe à l'époque) la misère et l'abus d'alcools frelatés ou non.
http://autourduperetanguy.blogspirit.com/archive/2007/03/...
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http://autourduperetanguy.blogspirit.com/archive/2007/03/...
Gaston mesurait environ 1, 54 m, d'après une anecdote à son sujet : Pour ne pas faire son service militaire il s'obligea à porter de lourdes charges sur son dos et de monter et descendre le sommet de la Butte.afin de perdre le petit centimètre qui le ferait réformer et semble-t-il il y parvint. L'armée, ce n'était pas pour lui !
LES COPAINS D'ABORD :
Jules Depaquit, le fondateur de la Commune libre de Montmartre, Pierre Mac Orlan et lui-même formèrent un trio d'inséparables. Citer le nombre de ses amis d'enfance restés fidèle, ou bien des montmartrois avec qui il eut des liens d'amitié véritable, dépasserait largement les limites de ce blog.
Je ne peux que vous recommander de trouver sur d'autres blogs ou sites internet des textes et des chansons de Gaston Couté, vous ne le regretterez pas.....
Merci au Musée de Montmartre, à Daniel Rolland et Raphaëlle Martin-Pigalle pour l'aide qu'ils m'ont apportée dans la facilitation de mes recherches.
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