04/05/2007
JEAN-JACQUES LIABEUF suite....
Par Bernard Vassor
" Vive l'anarchie ! Mort aux va...."
Article mis à jour le 3 mai 2007
Dans l'article précédent, basé sur des articles de journaux et la légende attachée à ce fait-divers sanglant.
Voici maintenant, la version policière :
31 juillet 1909
Condamnation : 3mois, 5 ans d'interdiction
AFFAIRE CONTRE LIABEUF :
Jean-Jacques 23 ans, né le 11 janvier 1886 à Saint-Etienne, de André Louis et de Vignal Marie - Célibataire - Cordonnier,
demeurant 132 rue Saint-Martin
Entendus : Pigeon Marcelle, 29 ans, camelot, 83 rue Saint Martin
Maugras et Vors gardiens de la paix attachés au 4 ème.
RÉSUME DE L'AFFAIRE :
Souteneur
Arrêté à onze heures du soir rue Saint-Martin le 30 juillet par Maugras et Vors pour exercice du métier de souteneur, en compagnie de sa maîtresse la fille Pigeon, qui déclarent l'avoir surveillé les 21-24 et 28 juillet et vu recevoir de l'argent des mains de sa maîtresse. Liabeu affirme qu'il ne connaît pas la fille Pigeon, qu'elle n'est pas sa maîtresse, qu'il travaille régulièrement. Pigeon ne connait Liabeuf que de vue, il n'a jamais été son amant.
Confrontés : Chacun persiste.
..............................................
REGISTRE DU COMMISARIAT DE SAINT-MERRI ANNEE 1910
Date :9-10 janvier 1910
Condamnation : condamné à mort par la cour d'assises de la Seine le 4 mai 1910.
Défenseur Pierre Leduc, éxécuté le 1 juillet 1910 (boulevard Arago)
L'apologiste de Liabeuf, Helbé, cour de la Seine 4 ans de prison, 1000 francs d'amande, 23 février 1910.
AFFAIRE CONTRE LIABEUF /
Jean-Jacques 24 ans, né le 24 janvier 1886 à (..)Célibataire cordonnier à domicile.
Entendus :
suit une liste de témoins gardiens de la paix qui ont procédé à son arrestation, puis, des particuliers :
Toch,
Gustave, 40 ans, porteur aux halles demeurant 32 rue Quincampoix.
Blas
Amand, 32 ans, gérant de tonneau, 12 rue Aubry le Boucher, demeurant 27 Faubourg du Temple
Fache
Henri, fruitier demeurant 5 rue Aubry le Boucher
Me Decourtioux
Zélia, Maria, employée chez M.Baillon, demeurant 7 rue Aubry le Boucher
Andrieu
née Ferrieu Maria, 24 ans fruitière demeurant 54 boulevard de l'hôpital
RESUME DE L'AFFAIRE
TENTATIVE DE MEURTRE ET ASSASSINAT........................................
Liabeuf a été arrêté le 8 janvier à 7h30 du soir rue Aubry le Boucher N°4 pour
AFFAIRE CONTRE LIABEUF /
LIRE LA SUITE :Document2.pdf
Dès la condamnation connue, des affiches, des articles, des réunions furent organisées. Les opinions étaient tranchées, Jaurès s'en mêla, Gaston Couté lui consacra une chanson dans le journal de Gustave Hervé qui fit campagne dans le journal anachiste : "La Guerre sociale" et publia une édition spéciale portant en titre, en caractères d'affiche :
"On va tuer Liabeuf ! Demain, tous à la guillotine"
On s'arracha les numéros et bientôt dans tout Paris, des réunions, des conciliabules, des comploteurs envisagent d'"enlever" la guillotine. L'officier de Paix Gaston Faralicq fut chargé de l'escorter. L'exécution devait avoir lieu à la prison de la Santé, les "bois de justice" étaient remisés rue de la Folie Regnault face à la prison de la Roquette Avec un escadron de la Garde et un bataillon de cyclistes, l'équipage une carriole de déménagement traînée par un cheval au "poil blanc et pisseux, surnommé Fend l'air !".
Une fois les bois appareillés, la lame placée, Anatole Deibler "de taille moyenne, les traits fins, un visage pâle une barbe soyeuse et blonde" décrit ainsi l'officier de paix qui ne peut s'empêcher de lui trouver "un ensemble plutôt sympathique, rien du bourreau de Bethune, un vrai gentleman !!!!"
Du côté de la rue Saint-Jacques, la foule grossit les manifestants sont refoulés du côté du Lion de Belfort.
Dans la cour de la prison, on installe un escalier au pied de l'échafaud. Liabeuf arrive, encadré par un aumônier qui l'accompagne malgré le refus du condamné sa chemise est largement échancrée, deux hommes en noir l'encadrent il est entravé comme une bête à l'abattoir, ce qui rend sa marche vacillante, les mains liées dans le dos, ce qui l'oblige à porter sa tête en avant. Les aides l'entrainent pour d'une poussée, le faire basculer sur la planche. Alors pendant l'ultime seconde qui précède la chute de la lourde lame on entend d'une voix rauque : " Vive l'anarchie ! Mort aux va....!" le cri fut interrompu par la lame d'acier du couperet de la Veuve. La tête tomba dans le panier. C'est fini ! Les aides qui ont passé des bleus de travail jettent des seaux d'eau préparés à l'avance sur les montants éclaboussés de sang, et sur les flaques pourpres qui s'étalent au sol. Le couteau soigneusement nettoyé, essuyé soigneusement est replacé dans son étui, prêt à servir pour la prochaine fois. On rassemble la tête et le corps pour transporter le tout au cimetière d'Ivry.
Gaston Faralicq Trente ans dans les rues de Paris. Perrin 1934
Archives de la préfecture de Police
00:10 Publié dans HISTOIRE DE PARIS | Tags : liabeuf, pigeon marcelle, gustave herve, gaston faralicq | Lien permanent | Commentaires (5) | | | | Digg
Commentaires
Mais il n'était peut être coupable que de chercher une fille dont le policier voulait se réserver l'exclusivité ! Il en mourut, paix à son âme, peut on croire à la force de l'esprit ?
Écrit par : yannickou coucou ! | 02/04/2007
Bonjour. Ce témoignage du commissaire Faralicq est sujet à caution. En effet, d'autres témoins, notamment un journaliste du Figaro qui couvrait l'exécution pour son journal, affirme que les dernières paroles de liabeuf furent « Je ne suis pas un ......», sous-entendu un souteneur, ce qu'il a toujours affirmé depuis le début de cette affaire. D'ailleurs, Liabeuf n'a jamais adhéré àu mouvement anarchiste ou à sa mouvance. Sa défense a été assurée par ce mouvement et par des groupes de gauche extrème, mais c'est tout.
Liabeuf était certes un assassin mais je pense qu'il n'a jamais été un souteneur et il est« assez bas » de l'avoir enfoncé jusqu'au bout avec cette accusation. Mais je pourrai écrire longuement sur cette affaire, l'ayant étudié de très près.
Écrit par : piednoir | 02/12/2007
Bonjour. je relève une légère inexcatitude
sur le passage suivant : « Dans la COUR de la prison on installe un escalier au pied de l'échafaud ». En effet, à cette époque, les exécutions capitales se faisaient publiquement, en dehors des prisons, et cette situation perdura jusqu'à 1939 ( exécution de Weidmann à Versailles ). À ma connaissance, les exécutions à Paris se faisaient en général Bd ARAGO, devant le mur de la prison de la Santé, à proximité de l'angle Bd Arago / rue de la Santé. Je dis en général, car pour l'excécution de Liabeuf il semble que l'exécution ait eu lieu rue de la Santé, ce qui reste à confirmer car je n'ai qu'une source pour cette information. Bd Arago furent exécutés trois protagonistes de la bande à Bonnot, le 21-4- 1913 : Raymond Callemin, dit « Raymond la science » - André Soudy et Élie Monnier. Le bourreau était le fameux Anatole Deibler.
Ne pas oublier une petite chose que l'on confond souvent : l'échafaud n'est pas la guillotine, mais une plate-forme, une estrade supportant celle-ci.
Écrit par : piednoir | 03/12/2007
Antérieurement au bd Arago les exécutions à la guillotine se déroulèrent : Place de la Roquette, XIème ( jusqu'en 1899 ) - Place Saint-Jacques, XIVème ( jusqu'en 1851 ) - Place de Grève, Ier (actuelle Place de l'hôtel de Ville ) jusqu'en 1832. La première exécution se déroula en 1792, en place de Grève, puis la période révolutionnaire fit que divers endroits furent choisis altenativement : Place de la Concorde - Place du Trône, XIème ( actuelle place de la nation ) etc.
Écrit par : piednoir | 03/12/2007
PS : Il faut lire : Élie MONIER ( un seul N ).
Écrit par : piednoir | 03/12/2007
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