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29/09/2008

UN ARTICLE DE CHANTAL CHEMLA : LA KAHINA

PAR CHANTAL CHEMLA

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LA KAHINA

C’est un personnage historico-légendaire, dont on ne connaît avec certitude ni son vrai nom, ni la religion à laquelle elle appartenait, ni même le lieu et la date exacts de sa mort (sans parler de sa naissance !). On ne sait même pas si son surnom (La Kahina, ou la Kahéna ?) vient de l’hébreu koha , prêtre, descendant d’Aaron, frère de Moïse (Cohen), ou de l’arabe (prophétesse). L’Encyclopedia Universalis conclut son article sir la Kahina par ces mots :  « L’histoire de cette femme fougueuse et indomptable (la « Déborah berbère ») est en grande partie légendaire : les romanciers s’en sont emparés. » Peu de certitudes. En effet, la plupart des sources proviennent de récits traditionnels. Ibn Khaldoun (1333-1379), qui est le seul à manifester esprit critique et désir de comprendre et d’expliquer, écrit sept siècles après les événements. Voici ce qu’il en dit :

Une partie des Berbères professait le judaïsme, religion qu’ils avaient reçue de leurs puissants voisins, les Israélites de la Syrie.. (……)

Parmi leurs chefs les plus puissants, on remarqua la Kahéna, reine du Mont-Aurès, et dont le vrai nom était Dahia, fille de Tabet, fils de Nicin. Sa famille faisait partie des Djéraoua, tribu qui fournissait des rois et des chefs à tous les Berbères descendus d’El-Abter.

Le khalife Abd el-Melek fit parvenir à Hassan ibn-en-Noomane el-Ghassani, gouverneur de l’Égypte, l’ordre de porter la guerre en Ifrikia … El-Hassan se mit en marche, entra dans Kairouan puis emporta d’assaut la ville de Carthage. Après cette victoire, il demanda quel était le prince le plus redoutable parmi les Berbères, et, ayant appris que c’était la Kahéna, femme qui commandait à la puissante tribu des Djeraoua, il marcha contre elle … Mais cette dernière mena ses troupes contre les musulmans et, les attaquant avec un acharnement extrême, les força à prendre la fuite après leur avoir tué beaucoup de monde … La Kahéna rentra dans son pays et continua pendant cinq ans à régner sur l’Ifrikia. Hassan revint en Afrique à la tête de nombreux renforts. À son approche, la Kahéna fit détruire toutes les villes et fermes du pays, depuis Tripoli jusqu’à Tanger. Mais elle fut abandonnée par ses alliés qui virent avec un déplaisir extrême la destruction de leurs biens … La Kahéna fut battue et tuée dans le Mont-Aurès. L’offre d’une amnistie générale décida les vaincus à embrasser l’islam.

Ibn Khaldoun
(Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l’Afrique, traduction par De Slane,1852.)

(Texte cité par Didier Nebot, dans les sources historiques de son roman La Kahéna reine d’Ifrikia, éd. Anne Carrière, 1998)

C’est à partir de ce texte que vont naître et se développer différentes versions de la légende de la Kahina. Elle a reçu différents surnoms, plus ou moins justifiés : la « Déborah berbère » (Georges Marçais), « la Jeanne d’Arc africaine », et aussi « la Judith berbère ».

Que dit l’Histoire ?

À la fin du VIIe siècle, en Afrique du Nord :

·         Les Byzantins tiennent Carthage

·         Les Berbères, anciens habitants du pays, sont divisés par leur mode de vie (nomades ou sédentaires, agriculteurs ou citadins commerçants) et leur religion (chrétiens ou juifs, sans compter les restes de religions punique ou animiste)

·         Les Arabes arrivent de l’est et tentent, dès 647, de pénétrer en Ifriqyya. Mais ils rencontrent une résistance longue et farouche, alors qu’ils n’avaient rencontré aucun obstacle sérieux dans la conquête de l’Égypte et de la Cyrénaïque. 

Le déroulement des évènements.

En 670, ‘Oqba ibn Nafi‘ fonde Kairouan (< qairawân : place d’armes), première ville musulmane au Maghreb. Il multiplie les raids vers l’ouest. Kosaïla, berbère chrétien, prince des Awraba, est fait prisonnier.

 

C’est à peu près à cette époque que commence vraiment l’histoire de la Kahina.. Jusque là, on peut imaginer son enfance : une petite fille, pas tout à fait comme les autres. C’est une fille de chef. Est-elle fille unique ? C’est une hypothèse généralement admise, pour expliquer qu’elle soit devenue chef, même si chez les Berbères les femmes n’étaient pas asservies aux hommes, et le matriarcat n’y avait rien de scandaleux. Le prénom qu’on lui attribue le plus souvent est Dehya, ce qui signifie « la Belle » en berbère. Quelle éducation a-t-elle reçue ? Sans doute l’éducation traditionnelle des femmes (apprendre à filer, à tisser, à faire la cuisine …), mais elle a probablement aussi appris à monter à cheval et à manier les armes.

Tout ce qui précède relève des hypothèses, puisqu’on ne sait rien de la vie de la Kahina comme personne. C’est lorsqu’elle est mêlée aux événements de son époque qu’elle entre vraiment dans l’histoire.

Donc, en 675, Abou-el-Mohajir, nommé gouverneur de l’Ifrîqiya à la place d’Oqba tombé en disgrâce, fait prisonnier Koçeïla, prince des Awraba. Mais en 681 Oqba revient, et il aurait entrepris alors un grand raid dans le Maghreb. Il traînait dans sa suite Koçeïla, converti à l’islam pour sauver sa vie, et à qui il ne ménageait pas les affronts, traitant ce prince en esclave. Grâce à ses partisans, dissimulés dans la ville de Tahouda, il est libéré et Oqba est tué. Koceïla devient pour trois ans le véritable chef de l’Ifriqiya

Trois ans après, nouvelle offensive arabe, sous le commandement de Zohaïr ibn Qaïs, qui livre bataille aux troupes de Koçeïla à Mems, près de Kairouan. Les Arabes remportent la victoire et Koçeila est tué (686). Mais les Arabes se retirent en laissant une garnison à Kairouan.

À la suite de la disparition de Koçeila, les Awrâba perdent leur hégémonie sur les Berbères, et ce sont les Djerawa qui vont prendre la tête de la résistance : les Djerawa, c’est-à-dire la Kahina, qui devient alors « reine des Berbères ». Elle le restera cinq ans.

Après la prise de Carthage par Hassan ibn en No‘man el-Ghassani (695), la Kahina parvient à fédérer les Berbères et remporte une victoire sur les Arabes sur les bords de la Meskiana. Mais cette victoire va avoir des conséquences tragiques pour la Kahina. En effet elle déroge au principe des Berbères : les prisonniers doivent tous être tués. Or, parmi les captifs se trouvent un tout jeune homme, Khaled, dont la beauté et la jeunesse émeuvent la Kahéna. Pour le sauver, elle décide de l’adopter, suivant une vieille coutume berbère.

Khaled, pour autant, ne renonce pas à assurer la victoire des Arabes. Il observe, espionne. Il arrive à communiquer avec Hassan en dissimulant ses messages dans une boule de pain.

Cependant les dissensions entre Berbères, accrues par la partialité de la Kahina dans le partage du butin, les affaiblissent.

Hassan, encouragé par les messages reçus de Khaled, prépare une nouvelle offensive. Mais, cette fois, c’est contre des Berbères désunis que Hassan mène son offensive, d’autant que la Kahina, voulant prévenir le retour des Arabes, fait saccager le pays, appliquant la politique de la terre brûlée et « ne laissant debout ni arbres ni murailles »[i] (C.-A. Julien).  On comprend que citadins et cultivateurs, qu’il fussent grecs ou indigènes, lui en aient tenu rigueur. La bataille eut lieu sans doute près de Tabarka. La veille, la reine aurait ordonné à ses deux fils de passer à l’ennemi et de se convertir à l’islam. La tradition la plus répandue veut qu’elle ait été tuée près d’un puits nommé depuis Bîr el-Kahina, et que sa tête ait été envoyée en trophée au calife.   

« Sa mort peut être considérée comme la fin de la résistance armée des Berbères contre les Arabes. De fait, lorsque, en 711, Tariq traverse le détroit auquel il a laissé son nom (Gibraltar : Djebel-el-Tariq) pour conquérir l’Espagne, son armée était essentiellement composée de contingents berbères et Maures »[ii] (Gabriel Camps, Les Berbères. Mémoire et identité)   

 

Pour ceux que cette histoire intéresse, citons quelques romans écrits à propos de la Kahina :

 

·         Roger Ikor, La Kahina, éditions ENCRE, 1978

·         Pol Serge Kahon, Kahena la magnifique, éditions de l’Instant, 1990

·         Abdelaziz Ferrah, Kahina, éditions Marinoor, Algérie 1997

·         Didier Nebot, La Kahéna reine d’Ifrikia, éditions Anne Carrière, 1998

·         Gisèle Halimi, La Kahina, Plon, 2006



[i] Charles André JULIEN, Histoire de l’Afrique du Nord des origines à 1830, grande Bibliothèque Payot.

[ii] Gabriel CAMPS, Les Berbères. Mémoire et identité, éd. ERRANCE, 2002

 

14:35 Publié dans HISTOIRE DES FEMMES | Tags : roger ikor, gisèle halimi, didier nebot, pol serge kahon | Lien permanent | Commentaires (2) | | | | Digg! Digg

Les Ambulantes à la Brune, Contre la Dureté du Tems :....C'était mieux hier !!!!

PAR BERNARD VASSOR

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C'était le bon temps avant : l'argent coulait à flot, leur petit commerce était florissant, les prostituées parisiennes se plaignent des conditions de plus en plus difficiles d'exercer leur art. Une nouvelle inventionva boulverser leurs conditions de travail : Le Révèrbère !!!!
"Le très vertueux" roi Louis XV va faire se développer , sous les ordres du lieutenant général de police Antoine de Sartine la police des moeurs.
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Ce petit livre satirique en vers de 26 pages, complainte des prostituées subissant la dure loi des maquerelles, des "appareilleuses" des proxénètes et de la police obligeant d'exercer par l'intermédiare des "mouches" l'espionnage systématique de la vie parisienne.

10:07 Publié dans HISTOIRE DE PARIS | Tags : reverbères | Lien permanent | Commentaires (3) | | | | Digg! Digg

28/09/2008

HISTOIRE DE PARIS : RUE BERGERE

PAR BERNARD VASSOR

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Plan de 1782
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Les noms qui figurent ci-dessus ne sont pas toujours bien orthographiés...
Le quartier, situé au sud des égouts recevait tous les détritus et immondices de la ville. La rue dès 1652 s'appelait rue Bèrgère, ou ruelle Berger bien que ce ne soit qu'un chemin au milieu d'un marécage pestilentiel. Avant cette date on l'appelait rue du Clos du Hallier.
L'origine du nom, viendrait d'un Jean Bergier marchand taincturier de toiles de son état qui avait reçu de l'Hôtel Dieu à bail, une terre de labour sur le chemin de Montmartre, moyennant 20 livres tournoi de rente.
Les premières maisons furent bâties à partir de 1738. De somptueux hôtels habités par des personnages prestigieux, comme Le Normand de Mézière "commissaire des guerresLe Normand d'Etiolles, le scandaleux fermier général, (grand amateur de "filles de l'Opéra", dont "la Vestris" et "la Raime"*) le mari de la Pompadour, Antoine Lévêque "garde général des Menus Plaisirs du Roi Louis XV". Mlle Georges la maitresse de Napoléon premier,avait occupé cet hôtel sous l'empire. A l'angle du faubourg Poissonnière on construisit "l'Ecole de Chant" en 1784, devenue plus tard le Conservatoire de Musique.
La maison numéro 4 sur le renvoi, passa de Douet au baron Hottinger régent de la Banque de France.
Au numéro six du plan, ce Dubois était un juge avant la révolution. Il y eut l'Hôtel Rougemont de Lovemberg avec son immense jardin qui disparut lors du percement en 1844, de la rue qui le nom de Rougemont.
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*Louis Petit de Bachaumont, du cénacle de madame Doublet, écrivit à ce propos, rappelant le mariage de Le Normand d'Etiolles avec la Pompadour :
Pour réparer Miseriam
Que Pompadour causa à la France,
Son mari plein de confiance,
Vient d'épouser Rem publicam.

12:51 Publié dans Histoire des rues de Paris | Tags : le normand de mezieres, mademoiselle georges, le normand d'etiolles, pompadour, baron hottinger | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

PARIS DISPARU : RUE DROUOT, L'HOTEL DE RUSSIE

PAR BERNARD VASSOR

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C'était jusqu'au dix-huitième siècle un potager appartenant à de riches financiers. Pierre Crozat, écuyer du Roi en était le propriétaire. Il avait obtenu moyennant 500 livres plus une rente, le droit de traverser le rempart du boulevard de ceinture, par un passage souterrain reliant ce jardin jusqu'à son hôtel situé rue de Richelieu. Le jardin s'étendait jusqu'à la rue Taitbout. Quand Crozat vendit son terrain, il y avait fait construire un petit pavillon. Un hôtel fut bâti, qui passa de mains en mains de financiers à riches financiers, de la Reynière, au fermier général Laborde puis à Choiseul-Stainville. Ce fut ensuite sur cet emplacement en 1821, que l'on construisit en douze mois, le Théâtre de l'Académie Royale de Musique(l'Opéra Lapelletier). Au début du dix-neuvième siècle, le père de Victor Schoelcher était locataire au rez-de-chaussée, d'un magasin de porcelaine. Les étages supérieurs furent occupés par les salons du Jockey-Club, dont le but principal n'était pas l'amélioration de la race chevaline, mais, la proximité des petites danseuses de l'Opéra ! Ces membres avaient d'ailleurs imposé à la direction, pour leur satisfaction personnelle, de donner un ballet au troisième acte de chaque pièce jouée.... 
Appelée rue Neuve-Grange-Batelière, elle commençait  là où commence notre actuelle rue Drouot qui prit ce nom en 1847. Après l'incendie de l'Opéra dans la nuit du 28 au 29 octobre 1873, le terrain fut vendu en 14 lots. Les immeubles reconstruits restèrent en place jusqu'au percement du dernier tronçon du boulevard Haussmann en 1923, qui fit disparître cet hôtel de luxe. La rue Drouot, désormais n'est plus à l'angle du boulevard des Italiens.
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11:56 Publié dans HISTOIRE DE PARIS | Tags : rue drouot, hôtel de russie, jockey-club, choiseul-stainville, crozat | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

27/09/2008

LES FAILLITES S'AMONCELLENT DANS LE NEUVIEME ARRONDISSEMENT DE PARIS

PAR BERNARD VASSOR

FAILLITES DANS LE NEUVIEME 05 SEPIA.jpg

Au début de l'année 1884, une crise économique et industrielle provoque le chômages massif d'ouvriers de l'industrie et du bâtiment, ainsi que la crise du monde agricole et viticole (crise sucrière en Martinique). Cete crise a été précédée deux ans plus tôt par la faillite de "la Banque de l'Union Générale" présidée par Eugène Bontoux qui fait de sa banque une arme idéologique contre les banquiers protestants et juifs. Ceux-ci pour se défendre vendent leurs actions dans une société qui dépendait de la banque de l'Union Générale. Les cours s'effondrent, la bulle éclate. Bontoux est ruiné pour la deuxième fois, et avec lui des milliers de petits porteurs.

Juste un petit rappel : la grève des mineurs d'Anzun se termina le 16 avril 1884 (Germinal de Zola)
Dans cet article du 27 juin 1884, le tribunal de commerce annonce une série de faillites, 141 en tout rien que pour une semaine !!!
Ce sont des sociétés financières,une Compagnie d'assurances, des entrepreneurs de bâtiments et des commerçants de tous métiers.
Le magasin de deuil "Au Sablier" à l'angle du boulevard Montmartre et du faubourg est en liquidation judiciaire. A l'autre angle du boulevard et de la rue Drouot, c'est la "Société du Métropolitain électrique" qui doit céder la place à "La Compagnie fermière des Eaux de Vichy".
Cette dernière fut remplacée par le fameux "Café d'Angleterre". C'est aujourd'hui un fast-food.... 

14:58 Publié dans HISTOIRE DE PARIS | Tags : metropolitain electrique, eaux de vichy | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

26/09/2008

La plaine ses nénuphars, autrement dit : LE YOSHIWARA

PAR BERNARD VASSOR

Mise à jour le 26 septembre 2008

 
 

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a la valeur de mille pièces d'or"
L'atmosphère qui se dégage  des arbres en fleurs
et de la lune  qui    boit dans ce Yoshiwara
crépusculaire n'a pas de prix"
 
C'était le nom au temps du Shogun Jyomitsu au XVIIème siècle, donné au quartier réservé aux courtisanes
A la fin du dix-neuvième siècle, personne ne s'était aventuré dans cette région inconnue du monde occidental.
Situé à l'extrême nord-ouest de Tokio, se trouvait une ville minuscule isolée du monde entier. On y entrait par une grille surmontée d'un saule pleureur, surnommé "le Saule de la bienvenue". Assez surprenant pour une ville interdite !
Des avenues étaient coupées à angle droit par des rues où les maisons de thé alternaient avec d'autres échoppes. Le milieu de la chaussée était occupé par une suite de jardinets de deux mètres de largeur environ, remplis de fleurs orné de fontaines et des lanternes de pierre aux formes élégantes. Des objets construits avec des brins de bambou, représentaient des scènes avec des animaux et des personnages faisant des bouquets et flânant au bord de ruisseaux.
Des lanternes rondes, rouge vif, en double rang courent le long des toits et des balcons.
La nuit venue, tout s'illumine, au rez-de-chaussée des maisons publiques s'exposent les dames accroupies sur des nattes, fumant, buvant du thé, causant, le tout étant très décent. D'autres maisons se contentent d'exposer sur un tableau, les photographies des hôtesses qui les habitent.
Le Yoshiwara possède aussi des maisons de briques et de pierre très luxueuses dont on peut apercevoir par les portes entrouvertes le luxe du décor. Aucun signe n'indique la destination de ces lieux, sauf peut-être quelques silhouettes gracieuses de femmes aux coiffures monumentales accoudées aux balcons, qui regardent les passant d'un air langoureux, ce qui n'est pas sans évoquer nos "fenestrières"de la rue Clauzel....
Comme partout dans le monde, il, existe dans la police un bureau spécial pour la prostitution, une police secrète ayant à leur service les maîtres de ces lieux. C'est également la police qui perçoit une taxe sur chaque membre du personnel.
Une douzaine de fonctionnaires sont chargés de la surveillance, aussi bien sanitaire que de maintien de l'ordre.
Dans une salle au rez-de-chaussée, deux scribes tiennent des registres. Des portes coulissantes laissent le passage aux candidates qui veulent devenir "Yujo" (filles de joie) accompagnées de leurs parents ou tuteurs, ainsi que le propriétaire du Kashi Zashiki(bordel) où la fille doit exercer. Tous cela se passe de la plus grande correction. La fille interrogée doit garder les yeux baissés, le propriétaire est lui aussi interrogé et les employés consignent consciencieusement tout cela sur le cahier de police. Il y a plusieurs grades dans la profession. Les tarifs, fixés par la loi sont en rapport avec la situation de ces dames : Oïranest le grade le plus élevé dans la hiérarchie, Shogi, est le plus commun, Joro, le plus joli et Youjola fille de joie ordinaire. Les maisons du Yoshwara rapportent quatre fois plus que celles de Tokio. On peut compter mille huit cents Shogi, chaque maison paye l'équivalent de 200 francs par an d'impôt au gouvernement, et chaque prostituée de 30 à 180 francs selon sa classe. Chacune dispose d'une servante et d'un appartement particulier artistiquement décoré.
Ces femmes ne disposent pas de la considération des japonais qui considèrent comme infamante leur condition. Mais certaines échappent, on ne sait trop pourquoi à l'opprobre. Une biographie d'une courtisane célèbre par sa beauté, la Marasaki dit que "son corps fut souillé, mais non son coeur".
Le spectacle le plus extraordinaire du Yoshiwara est offert trois fois par an, au printemps quand les cerisiers sont en fleurs, en été avec les iris, et en automne quand les chrysanthèmes, fleurs nationales du japon s'épanouissent dans toute leur beauté. Alors la Youjo,se pare de ses plus beaux habits, costumes magnifiquement brodés pailletés d'or, coifuures monumentales tenues par des épingles de nacre ou de métal précieux, sans oublier l'obi, qui est le signe obligatoire qui différencie la courtisane de la femme honnête. Chaussées de géta de 35 centimètres de hauteur, elles marchent en cortège lentement avec deux serviteurs pour guider leurs pas, invitent les passant à s'écarter pour laisser le passage de ces dames au visage d'une blancheur de neige, aux sourcils noirs, les lèvres fardées de rouge, le regard fixe. Elle ressemblent ainsi à des idoles.
Il y a là comme une réminiscence des cérémonies du culte phallique, des priapées antiques. C'est que le Japon, quoi qu'il fasse, reste le pays de l'exquis et il est impossible d'apporter des manières plus convenables dans une manifestation inconvenante étant donné la qualité des personnes. On ne peut méconnaître cependant le caractère poétique et gracieux, l'amour des fleurs et l'adoration de la nature.
D'après un texte traduit par FELIX REGAMEY.
 
Utagawa Kunishida, l'entrée par l'immense porte, seule issue du quartier des plaisirs de Yoshiwara, entre 1830 et 1844.
Les cerisiers en fleurs au clair de lune dans la quartier Nord.
Yoshiwara était situé autrefois au coeur de la capitale Edo, mais pour des raisons de morale publique, le "Nouveau Yoshiwara" fut transféré à Asukusa la deuxième année de l'ère manji en 1659. La rue principale appelée Nakanomachi,
était au printemps sur cette estampe plantée de cerisiers en fleurs éclairée la nuit par des lampions accrochés aux maisons "du monde flottant".

17:26 Publié dans Le Japon | Tags : yoshiwara, utagawa kunishida, edo, asukusa, nakanomachi | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

ANTOINE EMILE BLANCHE, EPHEMERE ELU DU XVI° ARRONDISSEMENT, MAIS DESTITUE POUR RAISONS FAMILIALES !!!

PAR BERNARD VASSOR

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Antoine Emile Blanche a vu le jour le 1 octobre 1820, il est mort en 1893 le 15 août rue Berton à Passy.

Fils du docteur Esprit Blanchemort à Paris en 1852 (sur Wikipedia, on n'a pas peur d'annoncer qu'il soigna Maupassant!!!! qui je vous le rappelle était né..... en 1850).

 C'est à cette date qu'Antoine Emile succéda à son père qui avait transféré sa clinique du vieux Montmartre rue Traînée, à Passy dans l'hôtel de la princesse de Lamballe.  Sa thèse de médecine en 1848 portait sur : "Le Cathétérisme oesophagien chez les aliénés". Il avait inventé un mandrin spécialement destiné à ses malades.

.............

Après la Commune de Paris, aux élctions de juillet 1871, les habitants du seizième arrondissement avaient porté le docteur Emile Blanche au Conseil  municipal de Paris. Mais....son beau-fère Léon Ohnet ayant lui aussi été élu au second tour de scrutin dans le neuvième arrondissement, un article stipulant qu'il ne pouvait y avoir deux personnes de même famille pour siéger au Conseil, un tirage au sort du Conseil de la préfecture désigna Léon Ohnet élu questeur du Conseil. Antoine Emile fut obligé de se retirer.

C'est ainsi que Léon Ohnet devint le seul maire bonapartiste parisien dans le neuvième arrondissement.

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La rue Traisnée ou Traînée à Montmartre devint la rue Norvin le 10 août 1868. Elle avait aussi porté le nom de rue Trenette, et figure sur des plans du XVII° siècle.

TABLEAU DU CONSEIL DE PARIS EN AOUT 1871 /

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ALFRED SIRVEN, JOURNALISTE DE LA RUE DU FAUBOURG MONTMARTRE. SATYRISTE ET PAMPLETAIRE: LES ABRUTIS, LES IMBECILES,LES VIEUX POLISSONS.....

PAR BERNARD VASSOR

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Né en 1838, mort en 1900, Alfred Sirven, journaliste est l'auteur de quelques livres évoquant les moeurs de ses contemporains.
Pendant la Commune de Paris, il fut rédacteur en chef du journal "Le Châtiment". (Directeur, Anatole de Montferrier) Les 17 premiers numéros parurent à Bordeaux. Les 22 numéros parus à Paris 17 rue du faubourg Montmartre, du jeudi 23 mars 1871 au jeudi 13 avril (par interdiction du Comité central de la Commune)la même année.
Le titre fut choisi en raison de l'admiration d'Alfred Sirven pour Victor Hugo, le titre était d'ailleurs souligné par deux strophes des .Châtiments du poète alors en résidence à Bruxelles.
Le dernier numéro annonçait la publication le lendemain d'un feuilleton intitulé :"Les Polissons de l'Empire".
Quelques ouvrages du même auteur :
Les Imbéciles
Les Crétins de Province,
Les vieux Polissons,
Les infâmes de la Bourse
Les Tripots d'Allemagne,
Les Mauvaises Langues,
Première à Dupanloup,
Journaux et journalistes
Les première étapes d'un Prisonnier,
(souvenirs de Sainte-Pélagie)

10:54 Publié dans HISTOIRE ANECDOTIQUE | Tags : alfred sirven, le châtiment, 17 rue du faubourg montmartre | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

24/09/2008

HISTOIRE DE PARIS : UNE MAISON D'EPILATION EN 1850, CHEZ Mme MARIANA

PAR BERNARD VASSOR

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En principe, les maisons à double entrées étaient des lieux de rendez-vous assez discrets.
La rue à l'origine (sous Louis XIII) était désignée sous le nom de : rue des Gravois, et chemin le long des fossés conduisant à Saint-Denis. La rue doit son nom à l' hôtel de Cléry qui y était construit longeant les fossés de la troisième ancienne porte Montmartre.
Le numéro 1 appartenait au fief de l'Arche-Saint-Mandé depuis le 26 novembre 1656. La rue fut ouverte officiellement en 1736. La partie qui va de la rue Poissonnière pour mener au boulevard Bonne Nouvelle portait le nom de rue Mouffetard en 1726.
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Comme vous pouvez le constater, Mme Mariana était aussi experte en teinture et faisait disparaître les cheveux blancs, aussi bien pour les femmes que pour les hommes.

21:10 Publié dans Histoire des rues de Paris | Tags : Mme Mariana, rue des Gravois, chemin le long des fossés conduisant à Saint-Denis, rue de Clery | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

23/09/2008

SERAPHINE DE SENLIS, LA FEMME QUI PARLE AUX ARBRES, AUX ANGES, ET A LA SAINTE VIERGE

PAR BERNARD VASSOR

Suite de l'article du 27 février 2007

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L'ARBRE DE VIE
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La maison de Séraphine Louis à Senlis
Le film qui lui est consacré, interprété par Yolande Moreau sort en salle le 1 octobre 2008 .....Bande annonce
Le film a été projeté en avant-première au cinéma Jeanne d'Arc de Senlis hier, le 22 septembre 2008.
Séraphine a vu le jour la même année que Camille Claudel. Tout comme elle, ses dernières années furent vécues dans un asile psychiatrique, où elle décéda en 1942, assommée par des doses massives de tranquillisants. Camille ne lui survécut que d'un an. Les privations de nourriture pendant la seconde guerre mondiale et les conditions de vie furent fatales à des milliers d'hommes et de femmes aliénés.
Sa technique toute particulière, consistait en l'utilisation de peinture Ripolin qu'elle mélangeait avec de l'huile d'éclairage volée dans les églises, de la terre de cimetière, et de son sang provenant de blessures qu'elle se faisait pour donner plus de vie à ses tableaux. Mais la sainte vierge lui ordonna d'arrêter de peindre et de reprendre ses ménages.
Son comportement étrange fut la cause de son internement à l'asile de Clermont d'Oise où elle mourut d'épuisement.
Elle fut inhumée dans la fosse commune .
La valeur de ses toiles, dépasse aujourd'hui bien souvent celle du Douanier Rousseau.
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Une section du musée est consacrée à Thomas Couture, le peintre académique (professeur de Manet) de la rue Victor Massé.
Le musée de Senlis est fermé pour travaux, mais, une exposition au musée Mayol lui est consacrée jusqu'en janvier 2009 :
Musée Maillol - Fondation Dina Vierny
59-61, rue de Grenelle
75007 Paris
Tel 01 42 22 59 58  

21:30 Publié dans LES PEINTRES INCLASSABLES | Tags : SERAPHINE DE SENLIS, Seraphine Louis, YOLANDE MOREAU | Lien permanent | Commentaires (2) | | | | Digg! Digg

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