20/02/2008
PETITE HISTOIRE DES RUES DE PARIS, SUITE, l'éclairage
PAR BERNARD VASSOR
L'ECLAIRAGE DES RUES DE PARIS
Jusqu'à la fin du Moyen âge, l'éclairage des villes a été totalement ignoré. A Paris, le mode de vie était calé sur sur la clarté du jour. Dès le lever du soleil, les rues se remplissaient, les tribunaux et les administrations fonctionnaient parfois à partir de quatre heures du matin. Le déjeuner avait lieu à dix heures, et le souper à quatre heures. Le couvre-feu était à 8 heures ou neuf heures selon les saisons. Dès la tombée de la nuit, des hordes de brigands se répandaient dans la ville et il ne faisait pas bon se retrouver face aux bandes de rodeurs que ce soit ceux que l'on appelait "la bande des mauvais garçons", ou "la bande des coquillards*".
Louis IX, avait autorisé une milice bourgeoise, le droit de faire le guet "pour la sûreté de leurs biens et pour remédier aux périls qui surviennent toutes les nuits dans Paris par feu, vols, larcins, rapts (..)". Les "chevaliers du guet" étaient tenu de faire des rondes à l'aide de falots ou pots de poix placés à l'angle de chaque rue.
Il fallut attendre deux siècles pour qu'un arrêt royal ordonne qu'une chandelle devrait être placée en permanence à la porte du palais. Deux siècles plus tard en 1524 le parlemnt ordonne aux habitants de Paris de mettre devant leurs fenêtres donnant sur la rue à neuf heures du soir une chandelle allumée. Ordre qui ne fut pas suivi car la dépense incombait aux habitants.
Les premières lanternes datent du Moyen âge, elles étaient fabriquées chez les peigniers-tabletiers qui étaient les seul autorisé à travailler la corne. La lanterne était une enveloppe de métal avec une lame transparente renfermant une chandelle, avec pour écran une lame translucide de corne, elle se portait à la main, et quelques unes étaient placées la nuit sous des statuettes de la vierge devant certaines maisons religieuses. Les chandelles étaient fabriquées par des bouchers qui fondaient les graisses des animaux, et trempaient une mèche de coton dans le suif fondu. L'odeur dégagée était plutôt âcre !
Il fallut attendre le règne de Louis XIV pour que le ville concéda à un napolitain Laudati Caraffa le privilège d'établir lettres patentes de 1862 dans les rues de Paris un éclairage volant "il serait nécessaire d'établir en nostre ville et faubourg de Paris et autres villes de nostre royaume, des porte-flambeaux et porte-lanternes pour conduire et éclairer ceux qui voudront aller et venie par les rues" L'éclairage était fixé à quatre mois par hiver et il devait y avoir tous les huit cents pas des porte-flambeaux. C'est le lieutenant de police La Reynie qui imposa avec fermeté aux bourgeois d'entretenir dans les rues des lanternes. Le signal de l'allumage était donné par des sonneurs qui faisaient résonner dans les rues une petite cloche. Les chandelles devaient brûler jusqu'à deux heures du matin. Puis, c'est monsieur de Sartine le lieutenant de police de Louis XV qui prit fit prendre en charge par la municipalité l'entretien et le matériel d'éclairage. Un nouvel appareil fut mis en service après un concours dont l'académie des sciences approuva le système d'un certain Bourgeois de Chateaublanc inventeur d'un réverbère à huile. Ces appareils étaient suspendus au milieu des rues à vingt pieds en l'air, fixé de chaque côté au moyen d'une corde qui le soutenait, passant dans un tube de fer noyé dans les murs. Ceux qui étaient surpris à les briser étaient passibles de condamnation aux galères.
Retif de la Bretonne, Les Nuits de Paris
En 1787 un inventeur suisse nommé Argand mit au point en 1787 une lampe à double circulation d'air avec cheminée de verre, mais sa découverte lui fut dérobée par un pharmacien du quartier des Halles et un marchand épicier nommés Quinquet et Lange qui s'enrichirent considérablement, et seul le nom de Quinquet fut associé à l'invention dunouvel appareil d'éclairage. Profitant d'un voyage à Londres d'Argand, parti faire fabriquer sa lampe par un ferblantier, le couple d'escrocs fit éclairer la rue des Capucines un soir d'hiver.
"Voyez-vous cette lampe, où muni d'un cristal,
Brille un cercle de feu qu'anime l'air vital ?
Tranquile avec éclat, ardente sans fumée,
Argand la mit au jour, et Quinquet l'a nommée"
L'huile des réverbères était une huile de tripes bouillies, fabriquée dans l'île des Cygnes selon Sébastien Mercier.
Les plus grands progès furent apportés grâce aux découvertes de l'ingénieur Philippe Lebon en 1791. Son premier brevet datant de 1799 est " la manière de trouver les nouveaux systèmes d'éclairage produits par des combustibles minéraux chauffés en vase clos produisant des vapeurs suceptibles de brûler au contact de l'air".
Un "Moravien" au nom de Winsorqui était venu à Paris étudier la découverte de Lebon, fonda une société à Londres pour créer une compagnie qui prit le nom de London and Wesminster Charteres gas light coke Company. Revenu à Paris en 1817, il obtint par contrat, l'éclairage du passage des
Panoramas. Des candélabres furent installés rue de la Paix en 1829. Le préfet de la Seine, le comte de Chabrol fit installer sur un terrain appartenant à l'hôpital Saint-Louis une usine destinée à éclairer l'hôpital tout entier. Puis, c'est la palais du Luxembourg et le théâtre de l'Odéon en 1820 qui sont éclairés par une usine construite aux frais du royaume. Bientôt, six compagnies se sont partagées la capitale. On ouvrit partout des tranchées. Louis- Philippe décida plus tard que les compagnies devraient payer un loyer pour l'occupation du sous-sol.
Une grande révolution eut lieu avec l'arrivée à Paris de Jablochkoff,un physicien russe en 1875. Il inventa l'ancètre de l'ampoule électrique, qui fut nommée "la bougie Jablochkoff"qui eut l'idée d'accoler des charbons en les séparant par une matière isolante le passage d'un courant éléctrique alternatif produisait un éclairage satisfaisant. L'usure des charbons interdisait cependant un usage prolongé. Une machine inventée à cet effet permit l'association de nombreuses "bougies". Pendant l'Exposition universelle de 1878 après la construction d'une petite usine, on éclaira la place de l'Opéra, l'avenue, et la place du Théâtre-Français. Un pavillon des Halles et la place de la Bastille, le parc Monceau et le parc des Buttes-Chaumont furent à leur tour illuminées par ce procédé. L'exploitation de la société créée pour l'exploitation à cette occasion disparut en 1882, faute de rentabilité.
En 1881, un certain Thomas Edison présenta une innovation : un filament de bambou carbonisé à l'interieur d'une ampoule en verre dans laquelle on a fait le vide et qui ne nécessite aucune manoeuvre. Il suffit d'actionner un interrupteur. Le succès va être foudroyant, les installations vont se développer à la vitesse de la lumière. L'Hôtel de Ville fut éclairé ainsi dès 1883.Mais, l'éclairage public électrique ne fut pas mis en oeuvre tout de suite. La complication venait du fait qu'il fallait creuser d'innombrables tranchées...Enfin l'exploitation fut confiée à 6 compagnies dans Paris. La Compagnie Continentale Edison, obtint la concession de Montmartre à la place Clichy.J'ai eu le plaisir de pouvoir faire conserver, lors de la démolition d'un café de la place Pigalle, un compteur électrique en fonte "Edison" qui se trouve aujourd'hui au Musée de Montmartre. Deux bec de gaz datant de l'époque du remplacement et qui avaient été conservés, glissés sous les banquettes du café, ont malheureusement disparus.
22:50 Publié dans Histoire des rues de Paris | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
Les commentaires sont fermés.