Par Bernard Vassor
AUTOPORTRAIT MUSEE D'ETAMPES
Les Cupidons qu’elle essaima
Ailés, allez! mine confite
Chez Mademoiselle Abbéma
Rue et quarante-sept Laffitte
Missive en sourires confite,
Pars du doux coin vert qu’elle aima,
Quarante-sept, rue oui Laffitte
Chez Mademoiselle Abbéma.
A Louise Abbéma,
Stéphane Mallarmé
Est née le 30 octobre 1853 à Etampes, fille du vicomte Abbéma, chef de gare de cette ville. Elle fut l'élève de Charles Chaplin, Henner et Carolus Duran. Paris, elle a eu son atelier au 47 rue Laffitte (aujourd'hui disparu).
Louise Abbéma obtint son premier succès à 18 ans avec un portrait de Sarah Bernhart en 1878. Plusieurs de ses oeuvres furent commandées par l'Hôtel de Ville de Paris, et les mairie des septième, dixième et vingtième arrondissements.
Marie-Jo Bonnet, écrit dans son très bel essai : Les Deux Amies Essai sur le couple de femmes dans l'art Éditions Blanche, Paris 2000, Marie Tellier [personnage du roman Notre Dame de Lesbos (1919) de Charles Etienne] ressemble beaucoup à Louise Abbéma, la grande amie de Sarah Bernhardt qu'elle rencontra en 1875, à vingt-deux ans, pour faire son portrait, et qu'elle ne quittera plus jusqu'à sa mort en 1923, partageant une "amitié" de quelque cinquante ans. Je dis "amitié" parce que ni Sarah Bernhardt, ni Louise Abbéma n'en diront plus, bien que Louise Abbéma ait investi une image publique de masculinité triomphante. Elle porte les cheveux courts, bien avant la garçonne, des jaquettes, des cravates, fume et adopte fièrement la devise "je veux". Elle se construit un personnage de femme artiste heureuse, volontaire, épanouie, dont l'indéniable réussite se constate encore aujourd'hui avec les panneaux décoratifs exécutés pour l'Hôtel de Ville de Paris. En revanche, elle n'a peint aucun couple de femmes. Craignait-elle de se dévoiler ou, trop occupée par sa carrière, préféra-t-elle exploiter sa facilité sans se créer de complications sociales ou esthétiques ? Ainsi, ses tentations impressionnistes sont vite abandonnées alors qu'elles lui ont inspiré ses meilleurs morceaux, comme on peut le voir au musée d'Étampes. D'où le masque agressif de la masculinité qu'elle porte dans le monde dans l'intention probable de se protéger de toute incursion indiscrète dans sa vie privée." (...)
Robert de Montesquiou,* qui l'a bien connue du fait qu'il faisait partie des proches de Sarah Bernhardt, n'hésita pas à faire allusion à sa relation avec Augusta Holmès en parlant à son sujet de "l'Abbémania de gougnotte ! "Une forme de variation de l'Ave Maria de Gounod dont Baudelaire aurait dit : “Frères, est-il besoin de vous en donner les raisons”.
Biblographie :
Bonnet Marie-Jo : Les Deux Amies, Essai sur le couple de femmes dans l'art, édtions Blanche, 2000
Olivia Droin, Louise Abbéma, mémoire de D.E.A. soutenu à l'université de Paris-I en octobre 1993, p. 36
Jullian, Philippe : Sarah Bernhardt, éd. Balland, 1977, p. 112
Simon Bacchi, Catherine : Sarah Bernhardt, mythe et réalité, éd. C. Simon Bacchi, 1984.
Robert de Montesquiou : Abîmes, satire 1919
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