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06/06/2006

Sur Cézanne, autour du Père Tanguy

D’après des témoins de son temps.

Dans un article du journal L’Occident de juillet 1904, Emile Bernard raconte :

« Il y aura bientôt vingt années que de jeunes peintres, dont aujourd’hui Paris se préoccupe, se rendaient en pieux pèlerinage en une petite et sombre boutique de la rue Clauzel. Arrivés là, ils demandaient à un vieillard armoricain* au socratique visage**des tableaux de Paul Cézanne. Malgré les murs de l’endroit tapissés de rutilantes toiles, ils ne se trouvaient satisfaits que lorsque, sur une chaise disposant son dos en chevalet, les études requises par leur désir d’art leur enseignaient la voie à suivre. Religieusement, ils consultaient ces pages d’un livre écrivant la nature et une esthétique contemporaine (…) Puis, de là, ils retournaient en maints discours admiratifs, à leurs propres toiles et pinceaux. Ainsi naquit, d’œuvres quasiment ravies à leur auteur, qui certes, les jugeant non conforme à sa vision, ne les eut jamais laissé aller hors de son logis, une école picturale que d’autres, ambitieux trop ou pas artistes assez, les étiquetèrent de noms faux, dévoyèrent vers la fantaisie et la surface. medium_TANGUYemile bernard 02.2.jpg
Portrait du père Tanguy par E.Bernard

Le père Tanguy est mort en 1894 dans sa petite boutique du 9 rue Clauzel.
Il avait quitté deux ans auparavant celle un petit peu plus grande du 14 de la même rue.
Dans un long article au Mercure de France des 1er et 16 octobre, Emile Bernard continue :

« Celui qui écrit ces lignes a été pendant vingt ans de sa vie un admirateur fervent de Paul Cézanne. (..) il a déchiffré avec passion les toiles (rares alors) que l’on pouvait voir de ce peintre dans une petite boutique de la rue Clauzel à Paris. »Dans sa notice des « Hommes d’aujourd’hui » en 1889, Bernard rend hommage à son maître d’alors :
« Tout ce que l’on en savait était raconté par le père Tanguy, le bon, le généreux Breton dont la boutique était l’unique repaire, en ces temps si vite passés, de la peinture. »
Un peu plus loin, Emile Bernard questionne Cézanne sur son compatriote Achille Empéraire (1829-1898), très petit, difforme, il avait un esprit brillant et savait admirablement commenter les œuvres d’art du Louvre devant lesquels il accompagnait Cézanne. En 1877, Cézanne écrit à Zola :

« Hier soir, en allant rue Clauzel chez mon marchand de couleurs, j’y ai trouvé Empéreire(sic). Celui-ci, venait souvent quand il était à court d’argent demander des avances au brave Père Tanguy qui dira à Emile Bernard : « Empéraire avait résolu de vivre à Paris à raison de cinquante centimes par jour » medium_ACHILLE EMPERAIRE02.jpg

Francis Jourdain (1876-1958), ami de plusieurs peintres du XIX° siècle a laissé des souvenirs, dans lesquels nous pouvons lire dans un portrait de Cézanne :

« Si l’on était fort peu et mal renseigné sur les « idées » de Cézanne, on ignorait généralement la peinture qu’elles avaient engendrée. Léon-Paul Fargue et moi étions très fiers d’avoir en retournant les toiles entassées chez le père Tanguy, découvert un paysage à la gravité duquel, il faut en convenir nous étions beaucoup moins sensible qu’à l’éloquence frénétique et exaltante» du cher Van Gogh, le fol dont les « Lichens de soleil et les morves d’azur » embrassaient la minuscule échoppe de la rue Clauzel.
Nous avions été conduits là par Emile Bernard ; qui fâché avec Gauguin, et un peu jaloux de l’importance accordée aux recherches de celui qui disait avoir initié***"


A SUIVRE….

*Julien Tanguy était né en 1825
**Le nom de Socrate revient à plusieurs reprises chez les habitués du lieu pour qualifier sa sagesse, ou bien évoquer le caractère acariâtre de sa femme comparée par Vincent à Xanthippe la femme du philosophe Grec.
***Dont un portrait par Cézanne est exposé au musée d’Orsay.
***La querelle entre Bernard et Gauguin, portait sur la création du synthétisme. Emile Bernard n’avait peut-être pas tout à fait tort. Il a d’ailleurs déclaré : « L’école de Pont-Aven est née 14 rue Clauzel dans la boutique du père Tanguy."

15:40 Publié dans Les peintres | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

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