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13/12/2008

Les précurseurs : la céroplastique ou l'art de modeler des figurines de cire.

Par Bernard Vassor

Marie Tussaud hauteur.jpg
Une pionnière strasbourgeoise Marie Tussaud qui partit à la conquête de l'Angleterre.
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Dans l'Histoire natuelle, del'historien Pline, nous apprenons que Lysistrate de Sycione, frère de Lysippe, au temps d'Alexandre le Grand ( environ 420 avant J.C.) fut le premier qui ait moulé en plâtre des figures humaines, et ensuite coulé de la cire dans le plâtre.
 C'est lui aussi qui s'attacha le premier à la ressemblance. Il enseigna l'art de faire un moule à l'aide d'une statue. Cette idée eut un tel succès, que depuis lors on ne fit nulle autre statue soit en marbre, soit en bronze, sans en prendre l'empreinte en argile.
Ses successeurs les plus célèbres furent Domophile et Gorgase. Citons Chalosthène qui fit des ouvrages à Athènes dans le lieu dit Céramique, du nom de la fabrique qu'il y avait établie.
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L'usage de la cire chez nous, ne fut longtemps utilsé que dans la confections de grossières images votives. Au moyen-age, des sortes de sorciers fabriquaient des figures de cire à l'effigie des personnes à qui l'on voulait nuire. Après des incantations et l'énonciation de paroles cabalistiques l'officiant damandait à son client de percer à l'endroit du coeur la poupée censée représenter son ennemi. Celui-ci, se devait de mourir dans l'année suivante !
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Au "siècle de Louis XIV, Mme de Thianges, soeur de la Montespan, donna au duc du Maine, fils du roi et de Mme de Montespan, "une chambre dorée de la grandeur d'une table" dit un auteur qui ne donne pas la dimension de cette table, il ajoute : "au dessus de la porte il y avait une inscription en grosses lettres "Chambre du sublime", au dessus du lit un balustre, un grand fauteuil dans lequel était assis le duc du Maine (alors agé de cinq ans) fort ressemblant. Et tout autour, les plus grands personnages de ce temps, devisaient, lisaient des vers(...).." 
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Puis la renaissance de cet art vint avec le théâtre de cire d'un anatomiste bernois nommé Curtz ou Kurtz qui émigra à Paris vers 1760. Il avait obtenu du prince de Conti, de s'établir au Palais Royal pour présenter un "cabinet de cire". Le succès fut tel qu'i ouvrit une succursalle sur le boulevard du Temple. Il avait transformé son nom en "Curtius", faisant plus savant.
figures de cire curtius boulevars du temple largeur.jpg
Sur le boulevard du crime.
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En 1765,le docteur Curtzfit venir de Berne son ancienne gouvernante, une strasbourgeoise du nom de Grosholtz, qui vint le rejoindre à Paris, accompagnée de sa fille Marie. Il leur enseigna l'art du modelage. Les deux femmes furent très vite expertes en la matière, et Marie exécuta le modelage des portraits de Voltaire et de Rousseau. Puis en 1780, Marie devint le professeur attitré à Versailles de Madame Elisabeth, soeur du roi. En 1789, revenue à Paris en raison des évènements, elle revint chez celui qu'elle appelait son oncle, pour aider à la réalisation des portraits des Jacobins, des Girondins, de Danton, Marat, Robespierre, et de beaucoup de ceux dont la tête tomba dans le panier de sciure de l'exécutteur des hautes oeuvre Charles Sanson. Elle fut chargée avec sa mère de prendre le moulage des têtes ainsi raccourcies pour enrichir le cabinet de cire de Curtius. Celui-ci mourut en 1794, lui léguant sa sinistre collection de figures,en pied, en buste et en masques mortuaires que Marie continua à exposer. En 1795 Marie Grosholtz épousa un ingénieur François Tussaud qui lui donna deux fils, Joseph et Francis.
En 1802, elle se rend à Londres avec son fils Joseph où elle organise des expositions itinérantes à travers l'Angleterre, l'Ecosse, et l'Irlande, tout en continuant à faire modeler de nouveaux personnages. Elle se sépara de son mari pour s'établir définitivement en Angleterre. Elle installa alors sa collection à Baker Street au "Bazard", "un musée richement décoré embelli de mirroirs, dont la propriétaire pourrait elle-même passer pour une figure de cire dans la Chambre des horreurs"( Magazine Punch). Une salle était réservée aux reliques de la révolution française, l'autre est dédié aux criminels les plus redoutables. Marie Tussaud meurt en 1850, et c'est son fils Joseph qui prit sa suite.
Boulevard du Temple à Paris, le "Salon de figures" de Curtius resta ouvert, jusqu'à la fin du règne de Louis-Philippe.
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Nous savons que l'art de la cire se propagea sur tous les continents. La secte Vaudou, en Afrique, puis en Amérique, utilisaient les même procédés que les sorciers français du moyent-âge, pour procéder à l'envoûtement et à jeter des sorts mortels sur les malheureux qui étaient l'objet des poursuites de femmes ou de maris jaloux bien souvent.
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Frabricant de figurines de cire 94 rue de Bondy largeur.jpg
94 rue de Bondy, aujourd'hui rue René Boulanger
cette fabrique de figurines de cire  se trouvait à l'emplacement d'une des plus vieilles guinguettes de Paris. Cette maison a été restaurée dernièrement avec bonheur pour une fois......
Seuls les parties intérieures ont été renforcées par des poutrelles métallique, et les murs recouverts d'un marbre rose du plus mauvais effet.
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Il fallut attendre 1882, pour qu'un nouveau musée de cire ouvre ses portes à Paris.
MUSEE GREVIN largeur.jpg
C'est un directeur de journal, Arthur Meyer  (Le Gaulois, 2 rue Drouot) qui fut à l'origine de cette entreprise, en 1882 il fit appel à un dessinateur, sculpteur et créateur de costumes de théâtre pour en prendre la direction et lui donner son nom, c'était Alfred Grévin.
Le musée Tussaud existe toujours, ainsi que le musée Grévin, tous deux ont plusieurs succursalles à travers le monde.
Pour la petite histoire, le musée Tussaud fut bombardé par les Allemands en 1940, le moulage de cire d'Adolphe Hitler fut parmi les rares pièces épargnées.