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24/01/2010

Nicolas-Félix Desporte, le premier éphémère maire de Montmartre : une girouette surnommée "Le Caméléon politique"

Par Bernard Vassor

fELIX DESPORTES.jpg
D'après une copie manuscrite de la bibliothèque de Colmar offerte à la "Société d'Histoire et d'Archéologie du Vieux Montmartre" une "notice biographique" (moi je dirai plutôt hagiographique) a été publiée dans le bulletin de cette association en 1906.
Il a vu  le jour en 1803 à Rouen et il mourut à Paris 6 rue Laffitte en 1849.
Il était installé sur la place publique du Tertre cédée par l'abbaye, quand la révolution éclata après avoir épousé en 1788 une riche héritière Victoire Berryer. De cette union naquirent une fille et deux garçons. L'aînée fut prénommée "Flore de Montmartre" dont la commune avait été la "marraine civique", née le 3 mai 1791. Auparavant, Desportes avait été élu maire de Montmartre le 22 mai 1790. La première mairie était sise place du Tertre à ,l'actuel numéro 3. Le train de vie dispendieux du maire et ses allures aristocratiques lui valurent de nombreuses inimitiés: tant et si bien qu'en 1792 il fut éloigné de son village et fut chargé en tant que ministre-résident à Deux-Ponts  de régler les indemnisations des "Princes posséssionnés" dont les biens avaient été séquestrés. Son frère Benjamin demeura membre du Comité révolutionnaire de Montmartre. Félix fut "suspecté et incarcéré en 1794. Il échappa de peu à la guillotine grâce à l'intervention d'un gardien. Libéré après Thermidor, il reprit ses missions secrètes au service des pouvoirs en place. Il fut nommé préfet du Haut-Rhin en 1802. Chevalier de la légion d'honneur puis baron d'empire en 1809. Il fut destitué en 1813 pour avoir été en relation avec le général Moreau. En plus de sa propension à chercher d'où vient le vent, Desportes n'hésita pas à "manger à tous les râteliers". Rallié aux Bourbons en 1814, mais après l'annonce du débarquement de Napoléon il se range aux côtés de l'empereur. Après Waterloo, il fut proscrit et contraint à l'exil en Autriche puis en Allemagne. Il ne fut autorisé à rentrer en France qu'en 1819. Rallié à la monarchie de Juillet en 1830, puis membre de l'opposition radicale qui avait le vent en poupe, mais ayant toujours deux fers au feu, il rendit visite au prince Louis Napoléon à Arenenberg en 1835, soutint la tentative strasbourgeoise de coup d'Etat de 1836. En 1839, il sert d'intermédiaire entre le prince réfugié à Londres et le maréchal Clauzel pour une tentative de putsch à Boulogne le 6 août 1840 qui tourna au désastre et fit de Louis Napoléon un prisonnier au fort de Ham. Suspecté, Desportes ne fut pas inquiété. Il n'eut pas l'occasion de se voire remercier par le Prince président arrivé au pouvoir en 1848, Nicolas-Félix Desportes mourut à l'âge de 86 ans quelques mois après l'intronisation.
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La filleule de la commune de Montmartre (morte en 1822) Flore Pierrette Montmartre épousa un maréchal, baron de Bouchporn à la cour du roi de Westphalie.

10/10/2008

NOTE POUR SERVIR A L'HISTOIRE DES EVENEMENTS DU 18 MARS 1871 A MONTMARTRE

PAR BERNARD VASSOR

chateau rouge 09 sepia.jpg
Le Château-Rouge à Montmartre le 18 mars 1871
RUE DES ROSIERS RUE DE LA FONTENELLE Commune 09 sepia.jpg
Le siège du soixante-et-unième bataillon de la Garde nationale le 18 mars 1871,
rue de la Fontenelle, anciennement rue des Rosiers, aujourd'hui rue du Chevalier de la Barre, au sommet de la Butte.
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Dans un entretien à le feuille de Sébastien Faure "Le Journal du Peuple", un ancien membre du Comité Central de la Commune, le citoyen Bonnefoy, revenu de "La Nouvelle" après l'amnistie, donne sa version des faits survenus 28 ans plus tôt.

A la question du journaliste : Voulez-vous évoquer vos souvenirs du 18 mars ? :

Le 18 mars à Montmarte 

--"Jusqu'à ce jour le parc de Montmartre avait été gardé par un bataillon de la Garde nationale*. Sur les assurances qui nous avaient été donnéepar le maire**au nom du gouvernement, la garde fut diminuée et réduite à une centaine d'hommes, Notre simplicité était tellement grande que nous croyions encore à la sincérité de ces gens là.

Le 18 à quatre heures du matin***, une colonne se présente au sommet des buttes. La sentinelle crie : -"qui vive ?", il lui est répondu  par une charge de mousquetterie. C'était le général Lecomte qui à la tête d'une brigade, venait tenir la parole donnée par le gouvernement.

Les quatres hommes qui étaient de garde au parc s'esquivèrent comme ils purent, quoique quelques uns furent fait prisonniers. Les buttes étaient prises****.

Toutes les précautions avaient été prises depuis quelques jours, les tambours et les clairons avaient été séquestrés par ordre supérieur.

Le bruit de la prise des buttes se répand dans le quartier. L'agitation est à son comble ! A toutes les rues des soldats et de l'artillerie formant cordon et interdisant la circulation.

Les gardes nationaux se groupent et se consultent; quelques uns veulent monter, ils en sont empêchés par la troupe. Le tocsin sonne de tous les côtés; des gardes parcournt les rues en tirant des coups de fusil en l'air, en criant : --"Aux armes !" Tous les gardes sont bientôt en tenue le fusil en bandoulière. Alors les rangs se forment et de tous les côtés on monte à l'assaut des buttes aux cris de "Vive la ligne ! vive la République !" La tête de la colonne s'engage dans la rue de la Fontenelle, l'élan est indescriptible, à mesure que l'on avance, les les rangs se serrent de plus en plus. La montée s'effectua sans accident jusqu'à la montée du "Rocher Suisse",. Là, un moment d'hésitation, à cinquante pas de nous, en haut de l'escalier, un obusier chargé, prêt à faire feu; des deux côtés de la pièce, un peloton d'infanterie, le fusil en joue....et la colonne monte toujours.

Le Rocher Suisse 05 sepia.jpg
Le Rocher Suisse, était un cabaret que l'on voit à droite, en bas des escaliers

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Ce qui se passa alors est connu, le général Lecomte ordonnant par trois fois de tirer sur la foule, les soldats levant la crosse en l'air, la capture du général Lecomte et l'arrestation près de la place Pigalle du général Clément Thomas qui avait commandé le feu en juin 1848 sur le peuple, les deux hommes sont d'abord conduit au "Chateau-Rouge" puis remonté rue des Rosiers devant une foule déchaînée, un coup de fusil part, le général Lecomte est tué, puis Clément Thomas, appuyé contre un mur du 61° est fusillé à son tour.

 

* Le 61 ième basé au 6 rue des Rosiers

**Georges Clémenceau  

***De nombreux autres témoigages disent 3 heures.

****Bonnefoy oublie qu'un des gardes fut blessé au ventre, et qu'il mourut huit jours plus tard à l'hôpital Lariboisière.