20/08/2008
DES AMAZONES SUITE : JEANNE DEROIN FONDATRICE DU CLUB DE L"EMANCIPATION DES FEMMES
PAR BERNARD VASSOR
La politique d'égalité des deux sexes,
c'est-à-dire l'assimilation des femmes avec les hommes
dans les fonctions publiques, est un de ces sophismes
qui sont contraires non seulement à la logique,
mais aussi à la conscience humaine et la nature des choses.
(..)La femme doit être ménagère ou courtisane
Pierre Joseph Proudhon
................
Jeanne Deroinest née en 1805, dans une famille d'ouvriers. Elle se maria à un ingénieur nommé Desroches, mais elle refusa de porter son nom. Elle fut du nombre des rédactrices du journal "La Femme Libre" . Saint-simonienne au départ, elle rejoignit comme beaucoup les fouriéristes, beaucoup plus ouverts sur la question féminine. En 1848, elle écrivit de nombreux articles pour le journal "La Voix des Femmes" crée par Eugénie Niboyet. Jeanne donna dans son action la priorité au droit des femmes dans le travail et créa le "Club de l'Emancipation des Femmes". Puis elle contribua à la création de l'"Union des Associations Ouvrières" dans le but de réclamer le droit des femmes à l'instruction, et à l'égalité des droits politiques. Nous constatons que ses préoccupations étaient concrètes. En 1851, elle est jetée en prison. Elle est exillée à Londres. Là, elle fonda une école pour enfants de réfugiés politiques. Elle vécut à Londres jusqu'à sa mort à l'age de 89 ans.
Ce fut elle qui ouvrit la voie aux mouvements féministes et suffragistes de la fin du siècle.
Elle écrivit en réponse à un article très misogyne de P.J. Proudhon dans le journal "Le Peuple" qui contestait sa candidature aux élections de 1849 (où elle n'obtint que quinze voix):
En mettant de suite ma candidature à l'Assemblée législative, j'ai accompli un devoir: je demandé, au nom de la moralité publique et au nom de la justice, que le dogme de l'égalité ne doit pas être un mensonge. C'est précisément parce que la femme est égale à l'homme, et encore pas identique à lui, qu'elle devrait prendre part aux travaux de réforme sociale et y incorporer des éléments de celles qui sont nécessaires qui font défaut chez l'homme, de sorte que le travail peut être complété. Liberté pour les femmes, comme pour l'homme, est le droit d'utiliser et de développer ses facultés librement. (...). Ainsi, c'est au nom du socialisme, qui est désormais la religion de l'humanité, que j'ai lancé un appel à tous les Socialistes démocrates et ont exhortés à accepter la solidarité, même avec une qualification à son opportunité, avec le fait qu'il s'agit d'une sainte et légitime de protestation contre les erreurs de l'ancienne société et contre une violation flagrante de nos principes sacrés de liberté, d'égalité et de fraternité. (..)C'est le nom de ces principes, qui sont la base du socialisme, que je leur demande si elles ne sont pas jugé opportun de protestation par l'intermédiaire de leurs voix, de déclarer hardiment qu'ils ne sont pas en retraite derrière un privilège de sexe, mais plutôt que de graves les circonstances l'exigent, les capacités et les éminentes qualités d'être appelé à l'honneur de défendre notre cause sacrée. Quant à moi, je déclare devant Dieu et au nom de l'humanité qu'il n'est jamais trop tôt pour s'arrêter sur une fausse route, pour réparer une erreur, et de proclamer une grande vérité"
Ensuite, elle répondit à Jules Micheletqui trouvait (comme George Sand) toutes sortes de raisons de ne pas donner le droit de vote aux femmes.
Marie d'Agoult, encore elle, se montra aussi hostile à la candidature de Jeanne Deroin.
15:45 Publié dans HISTOIRE DES FEMMES | Tags : Désirée Gay, Jeanne Deroin, Eugénie Niboyet, Michelet, Proudhon | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
15/08/2008
DES LEGIONS D'AMAZONES SUITE : EUGENIE NiBOYET, NEE MOUCHON
PAR BERNARD VASSOR
"Nous n’écrivons pas pour les esprits étroits
qui veulent borner la femme aux soins du ménage.
Les femmes n’ont plus à acquérir leur liberté,
mais à l’exercer"
.............
Eugénie Mouchon vit le jour à Montpellier (11 septembre 1796- Paris 6 janvier 1883 ). Elle épousa un riche avocat lyonnais en 1822.
Conquise par le saint-simonisme, elle fut déçue par la scission de "l'Eglise" par Bazard et Enfantin, après le départ de Jules Lechevallier, elle rejoignit les rangs des fouriéristes. Elle fit de nombreuses traductions de romans et de textes de Mary Wollstonekraft, et de Marie Egworth.
..........Elle fonda à Lyon « Le Conseiller des Femmes » en 1833 journal auquel collabora Marceline Desbordes-Valmore.Elle fut la première à traduire un roman de Charles Dickens. En contact étroit avec Flora Tristan à Paris , les deux femmes se séparèrent en 1833..C'est elle qui orienta le mouvement féministe naissant vers les thèses de Fourier. Elle créa le journal "La Paix dans le Monde"
précurseur des mouvements pacifistes.
En 1834 elle créa une académie artistique féminine appellée "L"Athénée des Dames" elle combattit le duel et la peine de mort
Présidente du "Club des femmes" du boulevard Poissonnière en 1848, dont les principales animatrices, étaient comme elle d'anciennes saint-simoniènes converties : Désirée Gay, Jeanne Deroin, Adèle Esquiros, Pauline Roland*, Anaïs Segalas et d'autres, anciennes rédactrice de "La Tribune des Femmes" et de "L'Apostolat des fmmes" de 1832-1833. Pendant la Révolution de 1848, elle désaprouva Jeanne Deroin et les Vésuviennes,Elle avait fondé "La Société de la Voix des Femmes" en mars et son club rue Taranne 8, fut le véritable pivot de tout le mouvement féminin. On peut noter la présence comme membre ce club le sulfureux abbé Chatel, qui participa aussi à de nombreuses réunions dans d'autres clubs féminins.Il y prôna la liberté pour les femmes de divorcer, et le mariage des prêtres.
Les autres sociétés féministes :
Le Comité des Droits de la Femme, réunions rue Saint-Meri, président Mme Bourgeois-Allix (professeur d'histoire naturelle)
L'Association fraternelle des Instituteurs et Institutrices, Pauline Rolland, rue Bréda 21
L'Association des Femmes à gage, 11 faubourg Saint-Honoré Mme Chenard.
Le Club-Association des Lingères, 66 rue de Richelieu
L'Union des Travailleuses, 10 rue de Chabrol
Le Club de l'Emancipation des Femmes, 61 rue de Provence, Jeanne Deroin, Désirée Gay et le docteur Malatier
La Société de l'Union des Travailleues, fondée par Elisa Lemmonier, où s'ouvrit 115 rue du faubourg Saint-martin, un atelier de couture, une crèche, une école populaire et une école maternelle.
Eugénie Niboyet voulant faire exercer une influence à travers des élus, lança la candidature d'Ernest Legouvé, féministe de longue date, et celle de George Sand, qu'elle croyait acquise au mouvement d'émancipation des femmes.
Dans un article paru dans "La Voix des Femmes" elle demande d'appeler à l'Assemblée Constituante :
"Le représentant qui unit nos sympathies, c'est le type un et une, être mâle par la virilité femme par l'intuition divine, la poésie. Nous voulons nommer Sand..."(...)
La réponse de George Sand fut cinglante hautaine et méprisante : C’est par l’intermédiaire d'autres journaux qu’elle répondit, traitant l’article d’Eugénie Niboyet de "plaisanterie", et se moquant même de ce journal, rédigé par "des dames" qui forment des clubs et qui dirigent des journaux, qu'elle ne connaissait pas, et qui a même osé annoncer sa candidature à l’Assemblée nationale. Elle déclare ne pas permettre qu'on la prenne symbole d’un cénacle féminin avec lequel elle n’a jamais eu la moindre relation et qu'elle est complètement étrangère aux articles signés G.S. parus dans ce journal. Son amie Marie D'Agoult sous le nom de Daniel Stern se montra aussi méprisante vis à vis des clubs féminins dans son "Histoire de la Révolution de 1848". Sand, a plusieurs reprises refusa le demander et d'envisager le vote des femmes. Ce qui fit souligner par bon nombre d'écrivains et d'historiens, "l'ambivalence" de ses idées en ce qui concerne le féminisme. Elle récidiva en 1868, dans une brochure : "Pourquoi les femmes à l'Académie". Son attitude pour le moins rétrograde vis à vis de la Commune de 1871, et sa fermeture d'esprit en ce qui concerne "l'art moderne", en font une bien piètre féministe éclairée !!!
Notons au passage l'article révoltant de Charles Hugo contre les clubs de femmes (La Liberté, 29 septembre 1870) :
"Je ne suis pas allé dans ces clubs et je ne veux pas y aller...Les réunions de femmes avaient eu jusqu'ici trois noms : la maison, le bal et l'église; on vient de leur en appliquer un quatrième....le club ! A la maison les femmes étaient pures, au bal belles, à l'église saintes; mais au foyer, au bal, à l'église elles étaient femmes(...) au lieu de le consoler, elles crient contre le genre humain. Elles feront de leur voix qui avait été jusque-là douce comme un chant, tendre comme un conseil, inspirée comme une prière (...° Le moment est venu où les femmes doivent se taire !"
* Qui fut la tutrice d'Aline Chazal, future madame Gauguin, mère de Paul, et fille de Flora Tristan après le décès de celle-ci à Bordeaux.
15:10 Publié dans HISTOIRE DES FEMMES | Tags : jules lechevallier, jeanne deroin, désirée gay, eugénie mouchon, niboyet, bazard, enfantin | Lien permanent | Commentaires (1) | | | | Digg
14/08/2008
DES LEGIONS D'AMAZONES: LES CLUBS DE FEMMES PENDANT LES REVOLUTIONS DE 1793, 1848 et 1871
PAR BERNARD VASSOR
09:50 Publié dans HISTOIRE DES FEMMES | Tags : Jeanne Deroin, Désirée Gay, Pauline Roland | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg