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23/08/2010

L'enterrement de Vincent van Gogh à Auvers-sur-Oise

Dominique-Charles Janssens, président fondateur de l'Institut van Gogh, qu'il en soit chaleureusement, remercié, m'a fait l'honneur de la communication (de l'Institut van Gogh) suivante :

Auberge Ravoux – Auvers-sur-Oise

29 Juillet 1890 – 29 Juillet 2010

120ème anniversaire de la mort de Vincent van Gogh à l’Auberge Ravoux

Comme l’indique le faire-part du décès de Vincent van Gogh ci-après, un service religieux était programmé le mercredi 30 juillet, lendemain de sa mort,  à 14h30 à l’Eglise Notre Dame d’Auvers-sur-Oise.

Ce service religieux fut annulé lorsque le curé de l’Eglise Notre Dame d’Auvers sur Oise apprit que Vincent van Gogh s’était suicidé, ce qui explique la rayure du lieu de recueillement sur le faire-part.

De ce fait, le cercueil fut exposé dans l’arrière salle du Café de la Mairie, plus connu sous le nom de « Chez Ravoux », où le peintre logeait.

http://www.maisondevangogh.fr/

faire part van gogh 02.jpg

La description de ce jour de deuil est bien détaillée dans une lettre ci-après qu’Emile Bernard a adressée quelques jours après l’enterrement de Van Gogh au critique d’art Albert Aurier .

Lettre du 2 août 1890

Le peintre Emile Bernard décrit au critique d’art, Albert Aurier, l’enterrement de Van Gogh

(transcription intégrale)

Mon cher Aurier

Votre absence de Paris a dû vous priver d'une affreuse nouvelle que je ne puis différer pourtant de vous apprendre.

Notre cher ami Vincent est mort depuis quatre jours.

Je pense que vous avez deviné déjà qu'il s'est tué lui-même.

En effet dimanche soir il est parti dans la campagne d'Auvers il a déposé son chevalet contre une meule et il est allé se tirer un coup de revolver derrière le château. Sous la violence du choc (la balle avait passé sous le cœur) il est tombé, mais il s'est relevé, et consécutivement trois fois, pour rentrer à l'auberge où il habitait (Ravoux, place de la Mairie) sans rien dire à qui que ce soit de son mal. Enfin lundi soir il expirait en fumant sa pipe qu'il n'avait pas voulu quitter et en expliquant que son suicide était absolument calculé et voulu en toute lucidité. Un fait assez caractéristique que l'on m'a rapporté touchant sa volonté de disparaître est: "C'est à refaire alors" quand le docteur Gachet lui disait qu'il espérait encore le sauver, mais ce n'était hélas plus possible...

Hier, mercredi 30 juillet j'arrivais à Auvers vers 10 heures Théodore van Gogh son frère était là avec le docteur Gachet Tanguy aussi (il était là depuis 9 heures). Laval Charles m'accompagnait. Déjà la bière était close j'arrivais trop tard pour le revoir lui qui m'avait quitté il y a quatre ans si plein d'espoirs de toutes sortes... L'aubergiste nous raconte tous les détails de l'accident, la visite impudente des gendarmes qui sont venus jusqu'à son lit lui faire des reproches d'un acte dont il était le seul responsable.. etc ...

Sur les murs de la salle où le corps était exposé toutes ses toiles dernières étaient clouées lui faisant comme une auréole et rendant par l'éclat du génie qui s'en dégageait, cette mort plus pénible encore aux artistes. Sur la bière un simple drap blanc puis des fleurs en quantité, des soleils qu'il aimait tant, des dahlias jaunes, des fleurs jaunes partout. C'était sa couleur favorite s'il vous en souvient, symbole de la lumière qu'il rêvait dans les cœurs comme dans les œuvres.

Près de là aussi son chevalet son pliant, et ses pinceaux avaient été posés devant le cercueil à terre.

Beaucoup de personnes arrivaient des artistes surtout parmi lesquels je reconnais Lucien Pissarro et Lauzert les autres me sont inconnus, viennent aussi des personnes du pays qui l'avaient un peu connu -vu- une ou deux fois et qui l'aimaient - car il était si bon, si humain.

Nous voilà réunis autour de cette bière qui cache un ami dans le plus grand silence. Je regarde les études: une très belle page souffrante interprétée d'après Delacroix La vierge et Jésus. Des galériens qui tournent dans une haute prison - toile d'après Doré d'une férocité terrible de symbole pour sa fin. Pour lui la vie n'était-elle pas cette prison haute de murs si hauts, si hauts...et ces gens tournant sans cesse dans cette cuve n'étaient-ils pas les pauvres artistes, les pauvres maudits marchands sous le fouet du Destin...

A trois heures on lève le corps. Ce sont des amis qui le porte jusqu'au corbillard. Quelques personnes pleurent dans l'assemblée. Théodore van Gogh qui adorait son frère, qui l'avait toujours soutenu dans sa lutte pour l'art et l'indépendance ne cesse de sangloter douloureusement ....

Dehors il faisait un soleil atroce nous montons les côtes d'Auvers en parlant de lui, de la poussée hardie qu'il a donné à l'art, des grands projets qu'il avait toujours en tête, du bien qu'il a fait à chacun de nous.

Nous arrivons au cimetière, un petit cimetière neuf émaillé de pierres neuves. C'est sur la butte dominant les moissons sous le grand ciel bleu qu'il aurait encore aimé..peut-être.

Puis on le descend dans la fosse....

Qui n'aurait pu pleurer en ce moment..cette journée était trop faite pour lui pour qu'on ne songea qu'il y aurait vécu heureux encore..

Le Docteur Gachet (lequel est grand amateur d'art et possède une des belles collections impressionnistes d'aujourd'hui, artiste lui même) veut dire quelques paroles qui consacreront la vie de Vincent mais il pleure lui aussi tellement qu'il ne peut que lui faire un adieu fort embrouillé... (le plus beau, n'est ce pas)

Il retrace brièvement les efforts de Vincent, en indique le but sublime et la sympathie immense qu'il avait pour lui (qu'il connaissait depuis peu). Ce fut, dit-il un honnête homme et un grand artiste, il n'avait que deux buts, l'humanité et l'art. C'est l'art qu'il chérissait au dessus de tout qui le fera vivre encore.

Puis nous rentrons. Théodore van Gogh est brisé de chagrin, chacun des assistants très émus se retire dans la campagne, d'autres regagnent la gare.

Laval et moi revenons chez Ravoux et l'on cause de lui...

Mais en voilà bien assez mon cher Aurier, bien assez n'est ce pas de cette triste journée. Vous savez combien je l'aimais et vous vous doutez de ce que j'ai pu pleurer. Ne l'oubliez donc pas et tachez, vous son critique, d'en dire encore quelques mots pour que tous sachent que son enterrement fut une apothéose vraiment digne de son grand cœur et de son grand talent.

Tout à vous de cœur

Bernard

26/07/2010

Une nouvelle exposition au Musée Fournaise : La peinture en tube au XIX° siècle.

Par Bernard Vassor

Cette superbe exposition retrace l'histoire de la peinture dans la seconde moitié du XIX° siècle, qui prit un essor particulier grâce à l'invention de la peinture en tube, favorisant ainsi la "peinture sur le vif", c'est à dire en plein air. Bien sûr des artistes peignaient dans la nature bien avant cette invention, mais cela nécessitait un attirail lourd et volumineux. Les couleurs préparées à l'atelier étaient enfermées dans des vessies de porc, ce qui rendait difficile les manipulations de broyage des pigments et la préparation des liants.

Présentée dans le cadre superbe de l'annexe de l'auberge Fournaise, l'exposition très didactique explore tous les thèmes pouvant servir aux explications à la fois de la technique et de la vie des artistes "de la Seine". Ouverte le 5 mai 2010, elle est prolongée jusqu'au 31 octobre.

Un petit regret égoïste toutefois, l'oubli du rôle éminent de Julien Tanguy  dit le  père Tanguy auprès des peintres de cette période, qui entre 1868 et 1870* fréquentaient tous les lieux où se trouvaient ceux qui étaient susceptibles de lui acheter ses fournitures qu'il transportait dans sa "pacotille" (caisse en bois de colporteur) Renoir entre autres figurait parmi ses clients, bien que Mulard fût son marchand attitré.

Plan de l'exposition

- La fabrication des couleurs anciennes.

- Un nouveau métier : le marchand de couleurs.

- Histoire de la maison Lefranc

Les peintres utilisant la peinture en tubes.

.........

Pendant cette période, Tanguy qui était concierge au 10  rue Cortot, broyait et préparait ses tubes dans sa minuscule loge (de 2,60 X 3,50 mètres) qui lui servait d'appartement, et d'atelier. Puis il allait sur les bords de Seine, là où se trouvaient les impressionnistes, La guerre de 1870, puis la Commune de Paris interrompirent ses activités de marchand ambulant.

Article du mois de novembre 2007 :

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LA BELLE ALPHONSINE FOURNAISE (après épousailles est devenue "madame Papillon")

Ce lieu est devenu célèbre depuis que Maupassant* et Renoir l'ont immortalisé dans des romans et des tableaux. Alphonse Fournaise (1823-1905) était un charpentier de bateaux installé sur l'île de Chatou. Parallèlement, il avait ouvert un restaurant tenu par sa femme et son fils Alphonse. Inutile de préciser que leur fille Alphonsine n'était pas étrangère au succès de l'auberge. Et, par sa beauté était l'objet de l'attention des peintres attirés autant par elle que par la cuisine, le bal, le paysage et le confort de l'hôtel. C'est le fils Alphonse qui veillait à la location des bateaux.
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L'homme à la pipe (Alphonse Fournaise)
Degas a également fréquenté comme beaucoup d'autres artistes "la maison Fournaise" qui ferma ses portes en 1910 apprès la grande crue de la Seine. La ville de Chatou acheta la ruine en 1979, restaura l'endroit et en fit avec une association des amis de Fournaise, un musée** dans un ancien garage à bateaux attenant à l'auberge.

10:54 Publié dans Evènement | Tags : julien tanguy, renoir, alphonsine | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

05/02/2010

Anniversaire de la mort du père Tanguy

Par Bernard Vassor

 Père Tanguy Emile Bernard.jpg

L'ancien concièrge  du 10 rue Cortot (annexe du musée de Montmartre) par Emile Bernard

C'est le 6 février 1894 à "une heure du soir" que Julien François Tanguy fabricant de couleurs âgé de 68 ans (et non pas 78, comme le mentionne l'acte de décès) s'est éteint dans sa boutique-domicile du 9 rue Clauzel. La déclaration dressée par Henri Chain, adjoint au maire du 9° arrondissement, sur les indications du mari de sa fille Mathilde, Onésime Chenu, sellier au 9 rue Norvin, et de Emile Degaut, fabricant de semelles 9 rue Clauzel.

Dès 1893, après son déménagement, Julien Tanguy, était asmathique et souffrait d'un cancer de l'estomac qui ne fut diagnostiqué que plus tard. On croyait alors qu'il n'avait qu'une hernie et que tout allait s'arranger. En janvier 1894, il fut transporté à l'hôpital Lariboisière où son cas fut jugé désespéré. Le père Tanguy préféra rentrer chez lui pour y mourir entouré de sa famille.

Bien qu'étant dépositaire de collections de toiles de Vincent van Gogh, de Cézanne (dont le portrait d'Achile Emperaire qu'il avait sauvé de la folie destructrice du peintre d'Aix en Provence) de Guillaumin, son voisin au 6 rue Clauzel, Gauguin, d'Emile Bernard et de bien d'autres, la famille Tanguy vivait dans la plus grande précarité.

Le 8 février 1894, il fut inhumé dans la 14° tranchée (des pauvres) gratuite du cimetière de Saint-Ouen. Il ne reste rien de sa sépulture, des pelleteuses faisant place nette pour d'autres pauvres gens comme lui.

06/10/2008

UN AMI DES IMPRESSIONNISTES : LE DOCTEUR GEORGES DE BELLIO

PAR BERNAR VASSOR

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Né en 1828 à Bucaresst, mort à Paris en 1894.

Tous les historiens de l'art s'accordent pour dire que les débuts à Paris avec son frère Constantin (qui se suicida dans une chambre d'hôtel en 1875) dans les années 1850 sont un mystère. On signale toutefois sa présence à la vente à l'Hôtel Drouot de l'atelier Delacroix en 1864. Les frères vivent tout d'abord rue de la Grange Batelière, non loin des galeries de la rue Lepelletier, de la rue Laffitte et des restaurants des boulevards.On le dit parent du prince Bibesco. Nous savons, par des anecdotes rapportées, qu'il connut Renoir dès 1871. Celui-ci, avait pendant la Commune de Paris demandé à Raoul Rigault (qu'il connaissait du salon de Nina de Callias) de lui obtenir un laisser passer pour se rendre à Versailles pour affaire de famille disait-il. A Versailles, il obtint du prince Bibesco, par l'intermédiare de de Bellio un autre laisser passer pour franchir le pont-levis pour revenirr à Paris. Ses amis racontent que lorsque Renoir avait des besoins pressants d'argent, il prenait une toile sous son bras, et allait rôder sur les boulevards où il était certain de rencontrer "le docteur" au café Riche ou à la Maison Dorée. De Bellio lui achetait toujours sa toile sans sourciller. Docteur sans diplôme, de Bellio homéopathe *comme le docteur Gachet(qui lui avait obtenu sa thèse de médecine à Montpellier) il soignait gratuitement ses amis, et il fut appelé au chevet de bon nombres de peintres ou de leur famille. Il assista Manet au cours de sa dernière maladie, mais l'homéopathie ne lui fut d'aucun secours comme vous le savez... Il fut comme Gachet, le médecin de Renoir, de Pissarro et de sa mère. C'est à la première vente Hoschédéque de Bellio marqua son goût pour les toiels de Monet qu'il encouragea. Il fréquentait les marchands Durand-Ruel, Latouche à l'angle de la rue Laffitte et de la rue de Provence, une boutique d'un petit marchand de couleurs de la rue Clauzel, un certain Julien Tanguy, Alphonse Portier qui fut à la fois marchand de couleurs puis courtier en peinture et gérant d'une exposition impressionniste. Il est également client d'une galerie anciennement Goupil19 boulevard Montmartre, tenue par un nommé van Gogh Théo. Habitué du café "La Nouvelle Athènes" dont il devint le voisin en s'installant 66 rue des Martyrs, puis au 2 rue Alfred Stevens où il rendit son dernier soupir.

Je rappelle aux "neuvièmistes de Paris" que Christian Friedrich Samuel Hahnemann habitait et donnait des consultations 4 rue de Parme.C'est là, qu'appelé en consultation par Victor Schoelcher pour soigner la fille mourante de son ami Ernest Legouvé, il accomplit "le miracle" qui lui donna la célébrité....

10/09/2008

UNE INFORMATION A SENTATION EN EXCLUSIVITE : UNE PHOTOGRAPHIE INEDITE DU PERE TANGUY ET DE SA FAMILLE

PAR BERNARD VASSOR

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Cela faisait plus de vingt ans que l'on me demandait si il existait une photographie de Julien Tanguy, ma réponse était toujours la même : Hélas ! non !....
Mais, depuis quelques jours, par l'intermédiaire de ce blog, une jeune femme (artiste elle même) m'a contacté dans le but d'écrire un ouvrage concernant ses ancêtres dont le père Tanguy figurait en bonne place...
L'histoire pourrait s'arrêter là, mais elle m'a communiqué une photo que détient sa mère qui représente non seulement Julien Tanguy, mais, sa femme Renée, sa fille Mathilde et son gendre. Cette prise de vue a dû être réalisée lors du mariage de Mathilde à Montmartre.
Cette image recadrée et fortement pixélisée volontairement, l'est en attente d'un dépot préservant les droits de la famille concernée.